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Dynamique de la faune culicidienne sur le campus de l'université de Yaoundé I (Cameroun)

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par David Basile KAMGANG MBOUHOM
Université de Yaoundé I - DEA 2006
  

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3.2. Discussion

Notre étude a permis d'identifier douze espèces culicidiennes dont la présence avait été déjà signalée au Cameroun dans la région de Yaoundé par Rageau et Adam (1952), Rickenbach et al. (1976b), Fondjo et al. (1992), Manga et al. (1992), Nimpaye et al. (2001), Fontenille et Toto (2001), Nchoutpouen (2003), Toto et Beyene (non publié). Les espèces culicidiennes obtenues des récoltes larvaires montrent qu'elles colonisent une large gamme de gîtes. Cx. quinquefasciatus a été retrouvée dans 12 des 13 gîtes prospectés. Ces gîtes sont constitués pour la plupart par des collections d'eau stagnante chargée de débris organiques. La présence de nombreux gîtes favorables au développement des Culex se justifierait par le niveau de pollution organique du milieu. Ces observations sont corroborées par les travaux de Darriet et al. (1986) qui ont montré que la forte présence de Cx. quinquefasciatus peut être considérée comme un marqueur biologique de l'urbanisation.

La présence d'An. gambiae s.l témoigne de la bonne adaptation de cette espèce au milieu urbain. Les mêmes observations ont été faites par Robert et al., 1986 ; Trape et Zoulani, 1987 ; Fondjo et al, 1992 ; Manga et al, 1992 ; Robert et al., 2003 ; Antonio-Nkonjio et al., 2005.

L'espèce Ae. albopictus a été retrouvée dans les creux d'arbres et les vieux pneus. Ces observations confirment celles de Fontenille et Toto, 2001, Nchoutpouen, 2003, Simard et al., 2005 qui ont montré que ceux-ci constituaient les gîtes de prédilection d'Ae. albopictus au Cameroun. Ae. aegypti vecteur urbain de la fièvre jaune au Cameroun (Vicens et al., 1993) n'a pas été retrouvé dans nos échantillons. Cette situation pourrait refléter le fait que depuis l'introduction d'Ae. albopictus au Cameroun, cette espèce tend à coloniser peu à peu les gîtes larvaires jusqu'ici occupés par Ae. aegypti et à entrer en compétition avec ce dernier. Une telle situation a été observée aux Etats Unis en 1985 où l'invasion d'Ae. albopictus a remplacé totalement Ae. aegypti (Hawley, 1988). Il est important de noter qu'Ae. albopictus est le principal vecteur de la dengue qui est une maladie en expansion dans le monde (Gubler, 1998) et constitue de ce fait un risque potentiel pour le Cameroun. Ae. aegypti est actuellement présent dans la partie septentrionale du pays, où Ae. albopictus est absent (Nchoutpouen, 2003 ; Simard et al., 2005).

La richesse spécifique de la faune culicidienne récoltée au stade adulte est peu différente de celle que Manga et al. (1992) ont observé à Obili, un quartier très proche de notre zone d'étude. Les quelques divergences observées entre notre étude et celle de Manga et al. (1992) tiennent essentiellement au fait qu'un certain nombre de spécimens n'ont pas été identifiés à

Obili, aux différentes méthodes de collecte utilisées et au fait qu'Ae. albopictus n'était pas encore présente au Cameroun en 1992.

La faune imaginale est composée à 96,9% de Cx. quinquefasciatus. La forte dominance de cette espèce est liée au niveau de pollution du milieu et à l'absence de système de drainage des eaux usées qui contribuent à sa pullulation. Des observations similaires ont été faites également par Fondjo et al. (1992) à Nkolbikock un quartier de Yaoundé, Diallo et al. (1998) et Diallo et al. (2000) à Dakar au Sénégal, Robert et al. (1986) à Diaradougou au Burkina Faso qui sont tous des milieux urbanisés. Ceci concorde avec les observations faites aux stades préimaginaux.

La présence des espèces Ma. africana et Ma. uniformis s'explique par la présence de l'étang naturel renfermant des végétaux dont les parties immergées sont favorables au développement de cette espèce. La faible proportion de ces espèces dans nos échantillons par rapport à celle de Manga et al. (1992) serait liée au focardage permanent de l'étang et aux techniques de capture utilisées. L'absence de cette espèce dans les récoltes larvaires est en effet liée à son écologie, car les stades préimaginaux vivent fixés sur les parties immergées des plantes aquatiques et la méthode de récolte que nous avons employée ne permet pas de les atteindre. Aedes albopictus a une activité essentiellement diurne et exophage (Hawley, 1988) et est donc forcément sous représenté dans la capture des adultes dans cette étude axée sur la collecte de moustique actifs la nuit (capture par piège lumineux) et endophiles (spray).

En accord avec les recommandations des différents comités d'éthique nationaux et institutionnels, nous avons choisi, dans ce travail, de ne pas utiliser la technique de collecte des arthropodes hématophages anthropophiles par capture directe sur sujet humain. Nous l'avons remplacée ici par la technique de capture au piège lumineux. Sur le plan qualitatif, les résultats obtenus au cours de notre étude avec cette technique sont comparables à ceux obtenus par la technique de spray, les mêmes espèces ayant été échantillonnées avec les deux techniques. Sur le plan quantitatif, les effectifs collectés restent faibles et il nous a été en particulier impossible de détecter une transmission palustre sur le campus en dépit d'un total de 40 équivalents homme nuit de capture (4 chambres fois 10 nuits). En effet, un seul anophèle a été collecté par cette technique équivalent à 0,03 piqûre par homme par nuit (pi/h/n). En mettant ce résultat en rapport avec nos efforts de capture et celui obtenu par la technique de capture direct sur sujet humain au quartier Dakar (Yaoundé) par Nimpaye et al., 2001 malgré le fait que les conditions environnementales ne soient pas exactement les mêmes, nous remarquons qu'avec un total de 192 équivalents homme nuit de capture (8 hommes fois 24 nuits), 728 anophèles avaient été récoltés, soit 4 piqûres par homme par nuit.

An. gambiae s.l ne représente que 0,5% de la faune culicidienne adulte alors que de nombreux gîtes larvaires productifs ont été observés. L'éloignement des gîtes des chambres destinées aux captures pourrait expliquer ce faible pourcentage. Les études sur la dispersion des anophèles ont en effet montré qu'ils se dispersent très peu en zone de forte densité de population humaine (Sebatineli et al., 1986 ; Trape et Zoulani, 1987 ; Manga et al., 1992 ; Robert et al., 2003).

L'absence des espèces Cx. poicilipes, Cx. guiarti, Cx. chorleyi, Cx. tigripes et Cx. decens dans les chambres découle également de leur biologie, car ces espèces sont exclusivement zoophiles et exophiles (Jupp, 1996).

La densité culicidienne (Cx. quinquefasciatus) a été maximale au mois de juillet quand la pluviométrie a été minimale. Ceci pourrait être dû au fait qu'en période de faibles précipitations, les gîtes qui sont pour la plupart des collections d'eaux stagnantes provenant de la cité universitaire, des restaurants universitaires et de divers laboratoires sont peu perturbés et propices au développement des larves de Culicidae. La densité culicidienne faible observée en octobre résulte de l'abondance des pluies qui ont contribué au lessivage des gîtes. L'interprétation des fluctuations d'abondance des Culicidae en fonction des régimes des précipitations doit aussi tenir compte de l'intervalle de temps qui existe entre les jours de pluie et les jours de capture, car les phases de développement larvaire du moustique peuvent durer de 8 à 12 jours (Rhodain et Perez, 1985).

L'étude taxonomique des anophèles du complexe An. gambiae par la technique de la biologie moléculaire a révélé la présence d'une seule espèce, An. gambiae s.s., en accord avec les observations de Wondji et al. (2005) quant à la distribution des espèces du complexe au Cameroun. La détermination des formes moléculaires M et S d'An. gambiae s.s montre que cette zone est colonisée uniquement par la forme moléculaire M, ce qui est similaire aux observations de Wondji et al. (2005) dans la région de Yaoundé. Plusieurs hypothèses pourraient être énoncées pour expliquer la présence exclusive de la forme moléculaire M dans notre population. Il peut s'agir de l'urbanisation du milieu (car les travaux de Wondji et al. (2005) ont montré que la forme M était prédominante en milieu urbain et périurbain), l'exclusion compétitive entre les deux formes (car ces mêmes travaux ont montré que même en zone de sympatrie une forme était toujours prédominante sur l'autre), l'isolement écologique (deux formes M et S colonisent les gîtes différents pour leur développement larvaire). Il serait intéressant d'étudier l'écologie larvaire de chacune des formes dans plusieurs localités afin de clarifier cette dernière hypothèse.

La détermination du taux d'infection des anophèles a été faite par la technique ELISA. La présence de la protéine CSP n'a pas été révélée sur les moustiques testés. Le très faible effectif de moustiques adultes collectés (6 individus) ne permet aucune extrapolation et nous pouvons seulement dire que la transmission du paludisme sur le campus est en dessous du niveau de sensibilité des méthodes que nous avons employées. Cependant, le vecteur majeur, An. gambiae est bien présent et les résidents sont donc exposés a un risque potentiel de transmission du paludisme. L'importation des parasites sur le campus est très probable car la population d'étudiants est très mobile et la durée de la phase infectante d'un porteur de gamétocytes pour les moustiques est compatible avec des déplacements sur de longues distances ou de longues périodes (Bousema et al., 2004 ; Boudin et al., 2004). De plus, l'origine géographique variée de la population estudiantine et des souches géographiques de Plasmodium falciparum qu'elle est susceptible de véhiculer pourrait favoriser localement la diffusion des chimiorésistances (Shanks et al., 2005). Les travaux antérieurs menés dans certains quartiers de la ville de Yaoundé ont montré que le taux d'infestation des anophèles varie de 1,2 à 5,2% (Manga et al., 1992 ; Fondjo et al., 1992 ; Nimpaye et al., 2001). La non infection des anophèles récoltés pourrait également être liée à la parturité de ceux-ci, car seuls les anophèles pares sont susceptibles d'être infectant ; nous n'avons pas en effet étudié ce paramètre au cours de notre étude. Les études parasitologiques et sociologiques nous permettraient très certainement de préciser l'épidémiologie du paludisme sur le campus. Il est important de rappeler que des observations entomologiques similaires à celle que nous avons observées ont été faites dans d'autres villes en Afrique subsaharienne par Robert et al. (1986) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso); Thompson et al. (1997) à Maputo au Mozambique; Diallo et al. (1998), Diallo et al. (2000) à Dakar au Sénégal et l'étude de la parasitémie a bien révélé la présence de sujets humains infectés. Il faut retenir qu'en Afrique subsaharienne des variations importantes du niveau de transmission existent entre les villes et entre différents quartiers au sein d'une même ville (Robert et al., 2003).

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld