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Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à  Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels

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par Maurice Mondengo Iyoka B
Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO

    FACULTE DE THEOLOGIE

    B.P. 4745

    KINSHASA II

    CHANTS DE RECUEILS ET CULTE PROTESTANT AUJOURD'HUI A KINSHASA

    Effort pour la revalorisation des chants traditionnels

    Par

    Maurice MONDENGO Iyoka B

    Mémoire présenté en vue de

    l'obtention du Diplôme d'Etudes

    Approfondies en Théologie

    Directeur : Prof. Robert N'KWIM

    Bibi- Bikan

    Janvier 2008

    DEDICACE

    A la mémoire de Samuel Mosau Akongo Apa, mon père

    rappelé auprès du Seigneur le mardi 18 août 1981,

    A la mémoire du Pasteur Maurice Mondengo, mon grand-père

    rappelé auprès de son Maître et arraché à notre amour

    le samedi 8 décembre 2001,

    A la mémoire du Pasteur Jean Masamba ma Mpolo

    notre éclaireur en théologie pastorale,

    rappelé auprès de son Maître et arraché à cette étude

    le lundi 4 décembre 2006,

    A la mémoire de mon aimable Charles Mombaya Masani,

    Icône de la bonne musique chrétienne au Congo,

    rappelé auprès du Seigneur le dimanche 20 mai 2007,

    A la mémoire de tous les missionnaires, les pasteurs et les laïcs

    protestants qui ont soulevé cette question et frayé cette voie pour la beauté

    du culte protestant au Congo,

    Je dédie ce travail.

    AVANT-PROPOS

    Ce travail vient répondre à une préoccupation particulière qui nous accompagne depuis près d'une décennie : chercher à provoquer une synergie d'efforts en vue de la sauvegarde et de la revalorisation des chants traditionnels dans le culte protestant des milieux urbains en général et à Kinshasa en particulier. Mais avant d'aborder la sève de cette étude, qu'il nous soit permis d'exprimer quelques mots de gratitude à l'endroit de celles et ceux qui ont été favorables de manière spéciale à notre formation et à la réalisation de cette modeste réflexion théologique autour du culte protestant en touchant le double domaine liturgico-hymnologique.

    Comme au commencement de toute chose était Dieu, il convient de Lui laisser la première place dans la grille de nos remerciements. C'est Lui qui a fait que tout nous soit possible. Il a assuré notre santé et notre protection. Nous Lui devons tout, alors tout de notre vie, tout de notre être et tout de notre mouvement. Il n'y a que Lui que nous devons louer de notre vivant.

    Nous adressons également nos sincères remerciements au Professeur N'Kwim Bibi-Bikan qui, après la disparition brusque du feu Révérend Professeur Emérite Masamba ma Mpolo notre éclaireur dans la théologie pastorale et ancien directeur de cette étude, s'est presque jeté dans l'eau pour sauver cette étude. A travers lui, nous exprimons notre profonde reconnaissance à tous nos Professeurs au programme de DEA de la Faculté de Théologie de l'U.P.C. pour le savoir et l'encadrement scientifique que nous avons reçus d'eux.

    Les Professeurs James Lyon de la Faculté Libre de Théologie Protestante de Paris et Jean Marc Warszawski, créateur et éditeur du site Références/ musicologie.org mais aussi chercheur associé à l'équipe de Recherches Patrimoines musicaux  de Paris IV-Sorbonne, méritent toute notre gratitude. Le premier, pour son compagnonnage scientifique et théologique sur les questions hymnologiques et le second, pour avoir bien voulu, et sans condition, lire et corriger cette étude avec un sens critique aux fins de lui donner son originalité. A eux, nous associons les Professeurs Vibila Vuadi et John D. Witvliet de Calvin Institute of Christian Worship Liturgical Studies de Grand Rapids, Michigan/USA, pour leurs incessants encouragements et surtout le don des ouvrages pour cette étude.

    Notre profonde gratitude est adressée à la Communauté Baptiste du Fleuve Congo et particulièrement à son Secrétaire Général-Représentant Légal, le Rév Dr. Bokundoa-bo-Likabe pour nous avoir recommandé et soutenu aux études de théologie à l'Université Protestante au Congo. Que le Révérend Liolo Olo-O-Bia trouve ici notre profonde reconnaissance pour sa contribution dans la lecture, les critiques et les suggestions constructives dans cette étude.

    Nous remercions Monsieur Ngaie Mavwula qui s'est donné corps et âme à la lecture et à la correction de nos manuscrits tout en en améliorant la forme selon les exigences de l'Université.

    Enfin, que toi dont le nom n'est pas repris ici saches que c'est surtout ton soutien multidimensionnel qui a le plus rendu possible la finalisation de ce travail. Sans te nommer, nous te disons grand merci.

    Maurice Mondengo I.B

    LISTE DES ABREVIATIONS

    1. Bible

    Nos citations sont tirées de la Bible de Jérusalem, à laquelle nous avons emprunté les abréviations des livres bibliques. Nous avons aussi utilisé des abréviations d'usage pour certains noms.

    2. Généralités

    ABA : Académie des Beaux Arts

    ABFMS : American Baptist Foreign Mission Society (Anciennement A.B.M.U.)

    A.F : Sur les Ailes de la Foi

    AJC : Association de Jésus-Christ

    A.P.C.M : American Presbyterian Congo Mission

    AT : Ancien Testament

    B&FBS : British and Foreign Bible Society

    BCH : Baptist Church Hymnal

    BCHR : Baptist Church Hymnal Revised

    BMS : Baptist Missionary Society

    CAP : Centre d'Accueil Protestant

    CBCO : Communauté Baptiste du Congo (anciennement Communauté Baptiste

    du Congo Ouest)

    CBFC : Communauté Baptiste du Fleuve Congo

    CBM : Congo Balolo Mission

    CDCC : Communauté des Disciples du Christ au Congo

    CEAC : Communauté Évangélique de l'Alliance au Congo

    CEC : Communauté Évangélique au Congo

    CEDI : Centre Protestant d'Editions et de Diffusion

    C.E.F.M.Z. : Communauté des Églises des Frères Mennonites au Zaïre

    CEUM : Communauté Évangélique de l'Ubangi - Mongala

    C.E.Z. : Communauté Évangélique au Zaïre

    CMA : Christian and Missionary Alliance

    CMN : Congo Mission News

    COE : Conseil OEcuménique des Églises

    CPK : Communauté Presbytérienne de Kinshasa

    CSL : Constitution sur la Sainte Liturgie

    C.V. : Chants de Victoire

    DCCM : Disciples of Christ Congo Mission (Anciennement F.C.M.S.)

    DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies

    E.C.C : Église du Christ au Congo

    ECODIM : Ecole de Dimanche

    ECZ : Église du Christ au Zaïre (Actuelle E.C.C)

    E.N.D.A. : Ecole National de Droit et Administration

    E.N.M : Ecole Normale Moyenne

    FATEB : Faculté de Théologie Évangélique de Boma

    FEPACO : Fraternité Evangélique Pentecôte en Afrique et au Congo

    FOCOF : Foyers de Communion Fraternelle

    FOCOFE : Foyer de la Communion Fraternelle et Évangélisation

    FTPZ : Faculté de Théologie Protestante au Zaïre

    HWC : Hymnal for Worship and Celebration

    I.B.T.P. : Institut National du Bâtiment et des Travaux Publics

    I.P.N. : Institut Pédagogique National

    I.PO.C. : Institut Polytechnique du Congo

    IME : Institut Médical Évangélique

    ISAM : Institut Supérieur des Arts et Métiers

    ISC : Institut Supérieur du Commerce

    ISP : Institut Supérieur Pédagogique

    ISPT : Institut Supérieur Pédagogique et Technique

    LECO : Librairie Évangélique du Congo

    LIM : Livingstone Inland Mission

    LME : Librairie des Missions Évangéliques

    MILAPRO : Ministère de Laïcs Protestants

    M.P.L. : Mission Presbytérienne de Léopoldville

    NCH : New Church Hymnal

    N.N : Njembo na Njambe

    NODASA : Église Catholique Notre Dame de la Sagesse

    NT : Nouveau Testament

    PGMR : Présentation générale du Missel romain

    PPCKIN : Paroisse Protestante du Campus de Kinshasa

    PPISC : Paroisse Protestante de l'Institut Supérieur du Commerce

    PPISG : Paroisse Protestante des Instituts Supérieurs de la Gombe

    PPUKIN : Paroisse Protestante de l'Université de Kinshasa

    PSM : Paroisse Satellite de Matete

    PSY : Paroisse Satellite de Yolo

    RDC : République Démocratique du Congo

    SMF : Svenska Missions Förbundet

    SSS : Sacred Songs and Solos

    U.E.C.CO.L. : Union des Etudiants Chrétiens du Congo Section Lovanium

    ULC : Université Libre du Congo

    UMH : Union Missionnaire Hospitalière

    UNIKIN : Université de Kinshasa

    UPC : Université Protestante au Congo

    INTRODUCTION GENERALE

    0.1 Problématique et objectifs

    Comme le dit Madeleine Grawitz, « Le point de départ de la science réside dans la volonté de l'homme de se servir de sa raison pour comprendre et contrôler la nature »1(*), et nous pouvons dire, à sa suite, que la prise de conscience des problèmes, des phénomènes et de nos crises socioculturelles doit toujours être le point de départ de notre questionnement en vue de recherche. Or il semblerait qu'il passe un problème, mieux un phénomène inquiétant dans l'âme du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa. Et, ce fait semble remonter d'un peu plus loin. C'est pourquoi nous pouvons nous interroger si l'Église du Christ au Congo, toute l'attention voulue à ce problème, ne serait-elle pas tiraillée entre d'une part ce qui semblerait être d'inattention, d'autre part d'immobilisme ?

    De quoi s'agit-il ? Il est question de la problématique, celle de la place réservée aux chants de recueils dans le culte protestant en ce début du 3e millénaire à Kinshasa qui suscite des interrogations sur l'identité historique du protestantisme. Le culte protestant qui s'organise au Congo en général, mieux celui qui se fait à Kinshasa en particulier, est, si pas dominé mais marqué par son intérêt pour la chanson populaire. Aussi, à la faveur de l'expansion du mouvement de Réveil et de la « Kinoiserie1(*) religieuse » qui influence son hymnologie, les chants traditionnels de recueils protestants se voient menacés d'effacement dans le culte de leur propre maison, où ils sont presque rejetés au profit de la chanson de la musique commerciale de variétés. Ce fait qui se pose aujourd'hui, avec acuité, pointait déjà à l'horizon, il y a près de deux décennies, alors que le culte protestant était toujours facilement reconnu, dans sa liturgie ou ses liturgies, par ses chants de recueils et cela, dans toutes les communautés protestantes au Congo.

    Mais, aujourd'hui, quand les communautés protestantes organisent le culte qui, comme le dit Jean Jacques von Allmen, "est une manifestation de l'Église, c'est-à-dire qu'il extériorise ce qu'est l'Église"1(*), les chants de recueils sont les - moins - chantés - possible dans le déroulement de leur liturgie. Il faut aussi indiquer que cette liturgie elle-même semble ne plus se retrouver. Car, aujourd'hui à Kinshasa, lorsqu'on entre dans certains temples protestants, on a l'impression qu'on y célèbre un culte sans aucune liturgie préalablement établie, mais on se laisse plutôt conduire par la mouvance de « l'Esprit de Dieu ». Il se pose là un double problème fondamental. C'est, d'une part, le problème de la non identité de ce qu'est l'Église protestante au Congo aujourd'hui dans l'un de ses traits caractéristiques qu'est l'explosion en chants des recueils par le peuple de Dieu en prière; et d'autre part, le problème de la peine qu'on a à dire ce qu'est réellement devenu le culte protestant à Kinshasa sans chants de recueils.

    Il est à propos d'indiquer le sens que revêt le mot culte dans le monde francophone. Nous entendons par le mot « culte » écrit Bruno Bürki une « appellation protestante-en particulier réformée-pour le service comportant prières et chants, lectures bibliques et prédication, puis la sainte cène1(*) ».

    Laurent Gagnebin dans son ouvrage Le culte à choeur ouvert, pense que tout culte devrait être placé sous la responsabilité de toute la communauté, sa préparation, son animation étant le fait de la plus large participation des uns et des autres, pour que ni la séparation ni la hiérarchie ne puissent diviser les membres de l'Église1(*). Cette indication de Gagnebin suscite en nous quelques interrogations dont en voici les trois principales :

    1. Le culte protestant d'aujourd'hui se place-t-il réellement sous la volonté d'une responsabilité identitaire de soi dans l'ensemble de la communauté protestante ?

    2. Sa préparation, son organisation et son animation hymnologiques conjuguent-elles ensemble des efforts pour provoquer la plus large participation des tous les fidèles dans le milieu Kinois, venant de divers horizons dénominationnels, socioculturels et ethniques réunis en prière ?

    3. N'est-ce pas que le conformisme pervers et /ou le narcissisme divisent encore et souvent les protestants dans leur culte sur l'usage des chants des recueils dans nos célébrations cultuelles ?

    Ainsi, aujourd'hui, notre souci dans ce travail, est de chercher à mieux appréhender ce problème aux fins de nous aligner dans l'effort - en vue - de la sauvegarde et la revalorisation de ce que nous appelons le double héritage du protestantisme, qui est, à la fois, hymnologique et liturgique, mais qui, malheureusement, serait en voie de l'effacement. Par cette réflexion théorique, nous manifestons la volonté que cette étude ait une influence très concrète sur la pratique liturgique. Face à l'effondrement de ce symbole d'identité protestante, nous présentons cette étude que nous nous proposons de l'intituler: « Chants de recueils et culte protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels ».

    Une question fondamentale par rapport à la recherche que nous menons peut se formuler de la manière suivante : Qu'est-ce qui a été fait avant nous dans ce domaine important à la théologie pratique ? Pour y répondre, nous allons jeter un coup d'oeil éclairé sur les études antérieures dans les lignes qui suivent. L'ouverture à la recherche hymnologique ou encore sur la quiddité du protestantisme dans l'âme de nombreux chercheurs, sous d'autres cieux, est très significative par rapport à ce qui se fait chez nous. Les travaux d'Edith Weber publiés dans son ouvrage La recherche hymnologique, avec ses éléments bibliographiques orientent les chercheurs dans leurs investigations et contribuent ainsi à un approfondissement sur des points

    méthodologiques précis1(*). Aussi, l'apport de James Lyon1(*) dans ce domaine de l'hymnologie, spécialement ses travaux remarquables publiés sous le titre de Johann Sebastian Bach : les chorals, en plus de son cours d'Introduction à l'hymnologie1(*), nous offre-il des sources hymnologiques des mélodies, des textes et des théologies qui traduisent sans ambages que les questions hymnologiques ont déjà acquis ses titres de noblesse ailleurs.

    Indiquons que, d'un autre point de vue, et pour des questions rationnelles, nous avons estimé que l'ouvrage de Joseph Ratzinger1(*) sur la foi dans le Christ et la liturgie aujourd'hui est très important pour la qualité à donner à cette étude. Car de manière générale, Ratzinger, dans le monde catholique, soulève lui aussi nombre des questions et préalables liturgiques importants pour ce que devrait être le chant d'Église aujourd'hui. Quant à la quiddité du protestantisme, l'ouvrage commun de Jean Baubérot et Hubert Bost1(*), d'une part et celui de Laurent Gagnebin1(*), d'autre part, nous seront d'un très grand avantage sur les questions ayant trait aux caractéristiques du culte protestant.

    Au Congo, dans le milieu du protestantisme, en général, les travaux sur les questions hymnologiques ont un long chemin à parcourir, nous espérons que nos travaux participeront à en éclairer une partie. Retenons quelques -uns :

    (1) MASAMBA ma Mpolo (1977) 1(*)

    (2) LUSAKWENO Vangu (1979)1(*)

    (3) NSUMBU Pezo Nsakala (1987, 1995) 1(*)

    (4) KIBONGE Kawaya (1998)1(*)

    (5) MONDENGO Iyoka Bodiabibami (2000) 1(*)

    (6) KUA NZAMBI Toko (2001)1(*)

    (7) NKULU Kankote Kisula (2001)1(*)

    (8) MONDENGO Iyoka Bodiabibami (2002)1(*)

    (9) ZABUSU Diakumbi Mbunzu (2002)1(*)

    (10) MUSHIKANGONDO Lenkoy (2005)1(*)

    (11) TSHUNZA Mpiana (2005)1(*)

    De cet échantillon des travaux repris ci-dessus, nous pouvons affirmer, sans peur d'être contredit, que les préoccupations autour du chant voire du culte protestant, à chaque époque, sont toujours soulevées. Si Masamba ma Mpolo, en son temps, lançait déjà un appel pour l'élaboration d'un recueil des chants du culte, lequel devrait être inspiré de chants religieux africains1(*), Lusakweno, lui, emboîtant les pas, se préoccupait de l'analyse théologique des chants qui explosaient dans le culte protestant zaïrois. Son travail, à notre sens, consistait en l'analyse du contenu des chants et hymnes en vue de se rendre compte des préoccupations profondes exprimées par le peuple de Dieu à travers ses chants  et d'y dégager des tendances théologiques qui pourraient contribuer à la spécificité africaine. Il le faisait dans le souci de proposer à l'Église la collection, dans un recueil, de l'immense richesse des chants de culte et des chorales qu'elle possède à travers les communautés qui la forme1(*).

    Nsumbu, abordant la problématique de la place de la chanson dans le culte protestant - laquelle problématique se trouvera examinée sous un autre angle dans la présente étude - se donnait comme but l'étude de l'utilisation de la chanson liturgique dans le déroulement du culte protestant en vue d'une rationalité dans la préparation même du service par l'officiant.1(*) Cet auteur trouve en culte chrétien le lieu le mieux indiqué pour faire la réflexion critique d'une société moderne africaine1(*). Kibonge, lui, par ailleurs, trouve que l'Église devrait se saisir de l'hymne comme un outil de la libération dans la mission qu'elle remplit dans le monde. Il faut, ici, relever la particularité de l'étude de Nkulu par rapport au chant dans l'Église du Christ au Congo. Dans son étude sur l'impact de la communication traditionnelle africaine, cet auteur, à notre sens, soulève, entre autres, le danger de la musique populaire, calquée sur le folklore africain des temps mobutistes, qui, en ces jours, a conduit au mariage entre le sacré et le profane1(*). Abordant les chants religieux, Nkulu, avertit l'Église du Christ au Congo, que ce domaine cher à l'Église, serait sous la pesanteur de trois grands types de chants religieux. Il cite :

    1. Les chants missionnaires ou « chants traditionnels protestants » qui sont généralement les cantiques de recueils. Ces chants sont souvent les traductions, en langues vernaculaires congolaises, des (vieux) cantiques anglo-saxons importés par les évangélisateurs sur le sol congolais. Ils sont faits de la musique savante occidentale. Ils sont l'oeuvre de la Mission pour les assemblées en prière (individuelles ou collectives). Ils font l'objet de la notation.

    2. Les chants populaires sont ceux qui sont puisés dans le folklore congolais ou africain. Ils sont des expressions anonymes de la culture et produit de la transmission orale, comme cela est pratiquée dans toutes les cultures de l'humanité. Ces chants ne sont pas faits de la musique savante occidentale. De ce fait, ils ne font généralement pas l'objet de la notation. Ils mettent souvent en musique un texte narratif ou lyrique comme cela peut être le cas dans toutes les civilisations.

    3. Les chants chorals qui sont une forme particulière importée de tradition occidentale. Ce sont les chorales qui les pratiquent. On y trouve de monodie et de polyphonie. Ils peuvent être liturgiques ou non. Ils ont une structure très précise tant sur le plan formel que technique. Ils sont pratiqués avec un accompagnement musical ou non. La notation a une très grande importance dans sa pratique où les tempos stricts sont imposés pour une interprétation rigoureuse. Au Congo, ils sont aussi une importation de l'occident par les évangélisateurs du XIXe siècle.

    Il est remarquable que l'auteur montre aussi les qualités comme les faiblesses des uns et des autres dans la typologie relevée. On doit se rappeler que dans la quête d'une définition caractéristique de ce type de musique, Nkulu nous propose sa compréhension. Selon lui, la musique populaire est l'ensemble « des chants très rythmés, courts et simples accompagnés par quelques instruments traditionnels et des cris de triomphes poussés autrefois par les femmes comme à l'occasion d'un événement heureux : naissance, sacre du roi ou triomphe de guerres »1(*). Ce sont ces chants qui ont, aujourd'hui, un succès très considérable dans le culte protestant.

    Par ailleurs, Kua Nzambi dans son étude sur le mouvement choral en République Démocratique du Congo, trouve, par rapport au chant, que l'Église protestante qui, pourtant demeure le véritable carrefour de différentes tendances chorales, a incontestablement été le théâtre des clivages et métamorphoses dont les influences ethniques, tribales, sectaires, doctrinales, idéologiques, charismatiques, prophétiques et rationalistes. Pour cet auteur les cantiques et les chants liturgiques malgré leurs variétés et leurs sources d'influence sont restés présents dans la vie même du protestantisme congolais, mais c'est seulement par quelques rares chorales qui tiennent à promouvoir le chant choral.

    Pour ce qui nous concerne, deux études ont été antérieurement menées. La première tentait d'examiner la problématique du chant à l'Ecole de dimanche (pour enfants) en vue d'une culture de compétences psychosociales qui doit, d'après notre entendement, aller de paire avec l'éducation chrétienne des enfants1(*). On déplorait le fait que l'on faisait chanter les enfants tout ce qui était en vogue, dans la musique chrétienne -et cela loin des recueils protestants- sans tenir compte ni de la psychologie de l'enfant, en face de moniteur ou monitrice, moins encore de la pédagogie appropriée dans la communication du chant qui devra semer la foi dans les coeurs des enfants. C'est le principe du Proverbe 22, 6 que nous tenons à proposer dans cette étude.1(*)

    La seconde, à son tour, appelait à l'érection d'une hymnologie protestante congolaise efficiente. Nous pensons que l'efficience de notre hymnologie protestante passait, entre autres, par le sérieux dans le travail de l'hymnographie. C'est la question de textes des hymnes que soulevait notre étude où il s'agissait de se lancer à l'initiation aux hymnes de l'Église. Examiner, comprendre et ressortir, partant de texte poétiquement forgé allant de la parole et de l'expression chrétiennes personnelles au poème, il y a lieu de relever les fondements théologiques qui s'y cachent et reflètent aussi la vie chrétienne même de leurs auteurs. Partant de cette compréhension, notre souci portait aussi sur l'hymnographie de Noé Diawaku. Nous tenions à proposer sa contribution hymnographique dans le sens à donner au chant liturgique aujourd'hui dans une Église en crise1(*). Il nous avait paru que l'hymnologie protestante congolaise était en danger sous les yeux de l'Église du Christ au Congo. Peut être, manquait-elle une vision claire dans le travail de la conception de recueils revus et augmentés pour les Églises post-missionnaires une couverture qui couvre la multitude des réalités d'un moment de crise profonde de son histoire depuis les temps de Missions. Et de ce fait, une inflation flagrante de l'identité protestante vivait et vit toujours avec nous1(*).

    Après nos deux études, il faut signaler que Zabusu, Mushikangondo et Tshunza ont, eux aussi, abordé chacun quelques problématiques pertinentes dans ce domaine de l'hymnologie. Si le premier examinait et décriait l'hégémonie ou la pesanteur de la musique profane sur celle d'Église ; le deuxième évoquait la nécessité impérieuse de la codification des cantiques post-missionnaires en vue de la sauvegarde de mélodies congolaises. Pour le dernier de ce groupe, réfléchissant sur les chants liturgiques dans les Églises dites de Réveil, il fait dans son étude, l'apologie de la musique comme partenaire de la liturgie. C'est de la question de savoir « à quel moment chanter quoi ? » et « comment le faire ? » que Tshunza tente de soulever dans son étude.

    Pour cette étude, nous voulons pousser un peu plus loin ces questions hymnologiques en nous focalisant sur la problématique du quasi absence des chants des recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa.

    Aujourd'hui, l'hymnologie, d'après Edith Weber, a pour objectif, au sens large, l'étude systématique et comparative des hymnes et des chants religieux en général1(*). Cela étant, avec cette étude, nous nous sommes fixé un nombre d'objectifs principaux, à savoir :

    1. faire l'état de lieu de l'utilisation de chants des recueils protestants dans le culte - dit - protestant d'aujourd'hui dans quelques paroisses choisies de Kinshasa en vue de déterminer la distance qu'a prise la marche vers cet effacement identitaire ;

    2. présenter quelques chants historiques des recueils protestants qui ont traversé les barrières du temps et situer leurs paroles dans leurs contextes historique, théologique, psychologique, sociologique en les rebondissant dans l'histoire de sensibilités, des mentalités du peuple de Dieu, en prière, à Kinshasa. Le souci, ici, est celui de voir si les paroles de ces cantiques protestants, vieux de quelques siècles - car conservés grâce à la codification- ne peuvent rien apporter aujourd'hui, par rapport aux chansonnettes éphémères qui envahissent nos Églises1(*)en prière car caractérisées par un manque de profondeur théologique ;

    3. provoquer si possible l'éveil de la conscience protestante dans le chef des leaders et des communautés de l'Église du Christ au Congo aux fins de militer pour l'arrêt de la marche vers l'effacement des chants des recueils dans le culte protestant, d'une part, et la libération de l'héritage hymnologique de la Réforme et de temps de Missions sous le conformisme pervers de l'heure, d'autre part.

    0.2 Hypothèses du travail

    De l'objet et de cet état de la question, mais aussi considérant la problématique qui se dégage de ces faits qui ont provoqué notre recherche, une hypothèse principale peut, provisoirement, s'articuler en ces termes : la marche silencieuse vers le conformisme pervers pour l'effacement de l'identité et de la différence hymnologiques protestantes dans nos cultes aujourd'hui n'est pas une utopie. Elle est une réalité. Par elle, l'Église du Christ au Congo, par ses communautés établies à Kinshasa, perd « une autre d'elle-même » et devient « une autre qu'elle-même » dans son hymnologie liturgique. Aucune autre hymnologie ne peut retracer mieux l'histoire du protestantisme au Congo comme le ferait les chants de recueils. Des thèses que voici peuvent découler de cette hypothèse principale :

    1. Il existe depuis toujours un lien entre le protestantisme et la musique. Par cette relation, on peut suivre comment les Églises issues de la Réforme se sont développées sur le plan ecclésial, théologique et sociologique.

    2. C'est pour cela, dans le déroulement d'un culte- dit - protestant, l'explosion des chants de recueils demeure un langage constitutif d'appartenance à la grande famille protestante du monde. Car, dans la plupart de cas observés, les protestants chantent les mêmes airs qui se diffèrent peut être dans le texte, et la langue.

    3. Les chants de recueils sont porteurs de l'histoire du protestantisme. Au Congo, ils sont présents au côté de la Bible depuis les temps de Missions. Ils se chantent même en des langues vernaculaires si pas en dialectes des peuples en prière. D'un point de vue qualitatif, ces chants couvrent mieux le calendrier liturgique de l'Église.

    4. Dans la mesure où, selon la réalité du moment, l'effacement de l'identité et de la différence protestantes qu'incarnent les chants historiques protestants, dans le déroulement du culte, ne sembleraient pas inquiéter trop le protestantisme au Congo, ceci indiquerait-t-elle pas que la crise de conscience hymnologique protestante est devenue très profonde ?

    5. Or il faut justement que la conscience qui puisse protéger l'identité1(*) protestante renaisse et se conserve à la faveur de l'identité hymnologique protestante au Congo d'aujourd'hui et de demain. Car, face à la dictature des temps et du conformisme pervers de l'heure, ces chants des recueils protestants seraient entrain de courir certainement vers l'effondrement. Mais cet effort pour sa sauvegarde et sa revalorisation ne devra pas exclure le besoin exigeant de l'ouverture à la spontanéité créative qui vit dans ce domaine.

    0.3 Intérêt et justification du choix du sujet

    Rappelons que la problématique que nous soulevons, dans la présente étude, par rapport à la place réservée aux chants des recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui, nous la fondons sur les études antérieures de Josef Nsumbu Pezo Nsakala et Nkulu Kakonte Kisula. Mais en ce qui concerne la compréhension du protestantisme par rapport au culte, les apports de Jean Baubérot, Hubert Bost et Laurent Gagnebin en cette matière sont une source référentielle de grande valeur pour cette étude.

    Si les deux premiers ont clairement posé non seulement des questions autour du chant et sa place dans le culte, pour le premier, mais aussi qu'ils ont pu voir à temps ce que nous appelons par « l'entrée  triomphale des chants populaires » 1(*) dans les cultes des Communautés de l'Église du Christ au Congo, pour le second, les trois derniers ont essayé de nous retracer les grands traits caractéristiques du protestantisme dans leurs différents ouvrages. Leurs observations, dans l'ensemble, constituent la matière première à notre étude.

    On remarque aujourd'hui une manière subtile de se construire une spiritualité profane en vue de se faire accepter par la grande société. Est- ce la quête d'être populaire ? On croit que chanter et danser la foi en termes populistes, dans nos cultes, c'est ouvrir la grande porte vers un peuple pauvre affamé et politiquement meurtri d'une façon subtile pour son salut dans l'Église qui se confond avec le profane. Est-ce une nouvelle foi chrétienne ? On ne sait. Mais, eu égard à cette problématique, nous nous sommes proposé deux démarches. La première consiste à chercher à nous expliquer ces phénomènes qui s'observent comme les signes avant-coureurs vers l'effacement de notre identité hymnologique de protestant. La seconde, qui la complète, nous conduira à proposer les voies qui puissent nous aider à conserver l'héritage hymnologique de Missions, tout en l'adaptant aux réalités de l'Église contemporaine de notre époque. Car, il faut se rappeler que l'héritage hymnologique protestant - que sont les chants de recueils- est toujours au rendez-vous du calendrier liturgique pour servir l'Église dans les temps et dans les circonstances. Quelle autre hymnologie le ferait mieux ?

    En soulevant cette question de notre recherche hymnologique, il faut avouer que son intérêt tire sa motivation dans notre propre arrière plan. Depuis notre jeune enfance, nous avons toujours fait preuve d'une grande passion pour le chant liturgique. A une certaine époque, on savait suivre la liturgie du culte protestant, de loin, par le chant qu'on entonnait et dire si c'est quel moment liturgique ou quelle période liturgique. Mais, aujourd'hui, si ce n'est pas le conformisme spirituel pervers alors c'est la distraction culturo-théologique qui semble l'emporter par manque de connaissance des éléments de la foi protestante.

    Le domaine hymnologique dans la pastorale nous a toujours fasciné. Nous avons chanté à l'Église pour la toute première fois en Noël 1971, dans un choeur d'enfants et jusqu'à ces jours nous chantons. Pendant plusieurs années, depuis 1984, nous avons toujours conduit des chorales liturgiques, comme Chef de choeur amateur ; nous avons conduit les cantiques dans les assemblées en prière et pendant les différents cultes comme Conducteur de chants et officié plusieurs cultes dominicaux ; nous avons été, pendant près de 6 ans, le pasteur en charge de la liturgie, musique et chorales à l'Église Locale CBFC/Gombe, Kinshasa en RDC. Aussi, nous avons eu à écrire quelques chants liturgiques pour chorales ;  nous avons vu et soulevé, depuis quelques temps déjà, des questions dans ce domaine très cher à la théologie pratique, et cela, par rapport à la pratique théologique de l'hymnologie liturgique.

    Eu égard à ce qui se passe en touchant à l'identité protestante dans ses marques déposés que sont les chants historiques de recueils, nous avons pensé essayer de réveiller la conscience des protestants à Kinshasa qui semble s'endormir aux fins de les rendre attentifs sur la menace de l'effacement de chants de recueils dans les cultes d'aujourd'hui.

    L'originalité même de cette étude réside en ce qu'elle ne dénonce pas seulement la dictature du conformisme qui efface l'identité et la différence hymnologiques de l'être protestant, mais encore elle appelle à la libération et à la sauvegarde de l'hymnologie protestante. Car le protestantisme, c'est aussi une culture, une façon d'être, de voir, de vivre, de prier et de chercher dans sa spiritualité, le sens de vie.

    En ce moment où l'on se demande peut-être : « où sont passés les chants historiques protestants qui faisaient la particularité même du culte protestant à Kinshasa ? », cette étude, différemment aux précédentes, peut s'offrir à l'Église du Christ au Congo comme l'une des voies qui provoquerait l'avènement de la prise de conscience par rapport à la question de son identité hymnologique. L'Église pourrait trouver par cette étude, d'une part un déclic pour s'armer dans la réinvention de la conscience hymnologique qui faisait la beauté de ses cultes. D'autre part, elle pourrait, après réinvention de sa conscience, par sa pastorale, s'engager pour la conservation de l'héritage hymnologique qui, à la fois, incarne l'historique, la spiritualité et la théologie du protestantisme au Congo. Mais notre étude laisse aussi ouverte la porte à la création hymnologique tenant compte des réalités de l'Église de notre époque aux fins de ne pas nous laisser nous enliser dans un certain narcissisme sans nom.

    C'est pour ces raisons, estimons-nous, que la revalorisation de ces chants, d'une part et sa réconciliation avec le culte réellement protestant, de l'autre, constituent l'intérêt majeur et l'originalité que porte cette étude.

    0.4 Méthodes et techniques du travail

    Si toute recherche scientifique doit se réaliser sur une méthodologie appropriée aux fins de son aboutissement, il n'existe, cependant, pas de méthode qui s'impose au chercheur. Car comme l'écrit Merton : «La liberté de méthode en est la règle selon le but et l'objet de la recherche".1(*) Pour cette étude, nous avions opté pour la méthode analytico-descriptive. Méthodiquement, nous avons posé, analysé les problèmes et réfléchi, de manière critique, sur les thèmes de base de la recherche en les décrivant dans la problématique soulevée avant d'envisager les principales recommandations, en accord avec l'éveil de la conscience sur l'identité hymnologique protestante qui s'efface.

    En outre, la réalisation de ce travail nous a imposé le recours à des techniques vivantes qui passent, entre autres, par l'utilisation de rapports individuels où les interviews de personnalités dirigeantes ont été à la base de la démarche en vue de la récolte des données indispensables à thème. Aussi, les techniques d'études de documents, en l'occurrence, le programme liturgique des cultes, la fréquence de chants programmés par culte et une enquête au moyen de notre participation aux différents cultes de paroisses choisies, nous ont aidé à réaliser cette étude.

    0.5 Délimitation spatiale et temporelle de la recherche

    Cette étude se situe dans le cadre de recherche hymnologique au sein de l'Église du Christ au Congo, institution qui regroupe et représente soixante-deux communautés ecclésiastiques du protestantisme congolais. Nous examinerons, dans la praxis, la place réservée aux chants des recueils dans le culte protestant. Notre choix a porté sur les paroisses protestantes qui suivent : 1. CBCO/Kintambo ; 2. CBFC/Lisala ; 3. CEUM/Kasavubu ; 4 CPK/Yolo ; 5. Deux Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN).

    Cette étude couvre la période allant de 1987 à 2007. Les motivations, avons-nous dit à l'introduction générale du travail, militent pour cette période pour des raisons suivantes : 1. La première limite nous aide à observer la période d'avant 1990 où il semble avoir eu le début de l'influence d'un grand mouvement charismatico-pentecôtiste conduit par l'Église de la FEPACO « Nzambe malamu » qui serait considérée comme catalyseur dans la multiplication spontanée des églises dans les quartiers après les pillages de septembre 1991 et 1993 à Kinshasa. Le peuple se trouvant au coeur de la désolation de la crise politique, économique et sociale à Kinshasa après les pillages de triste mémoire, cherchait refuge dans la prière et les prophéties dans les églises. C'est la première raison.  La deuxième limite, c'est celle qui nous met en face de cette étude après avoir suivi cette situation durant ces dernières années. Il faut mettre en valeur le fait que si 1987 était la période de contraction de ce « virus » qui attaque les chants de recueils dans la liturgie des Églises urbaines membres de l'ECC à Kinshasa, 2007 est la période où la gravité de la maladie est plus que déclarée. C'est la deuxième raison.

    0.6 Subdivision du travail

    Notre étude sur les chants de recueils et le culte protestant à Kinshasa s'articule autour de quatre chapitres présentés en deux sections. La première section est intitulée « Regard sur la quiddité et les caractéristiques de l'hymnologie protestante et du culte protestant ». Son premier chapitre traite de l'essence et des caractéristiques de l'hymnologie protestante. Le deuxième chapitre étudie le culte protestant dans toute sa substance.

    Intitulée « Regard sur les chants de recueils aujourd'hui dans l'Église », la deuxième section traite, dans son premier chapitre, du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa et de la place réservée aux chants de recueils. Son deuxième chapitre établit une appréciation critique de l'héritage hymnologique missionnaire et sa complicité au temps liturgique. A la fin de cette étude, nous concluons et présentons les suggestions pour une retrouvaille de l'identité protestante dans la liturgie et la riche différence de son hymnologie aux fins d'oeuvrer pour la revalorisation des chants traditionnels et provoquer ainsi l'arrêt de cette marche en avant vers l'effondrement de notre identité de protestant.

    NOTES DE L'INTRODUCTION

    1. M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 10e édition, 1996, p. 3.

    2. L'expression est de NKULU Kankote Kisula, Aumônier de la PPUKIN, interviewé le 12 novembre 2007 sur la liturgie du culte protestant aux aumôneries et la place réservée aux chants traditionnels.

    3. J.J Von Allmen, cité par NSUMBU Pezo Nsakala, J, Culte et société : Le culte chrétien comme réflexion critique d'une société moderne africaine, Uppsala, SIM, 1995, p. 5.

    4. B. BURKI, « Culte », in Encyclopédie du Protestantisme, Paris/Genève, Cerf/Labor et Fides, 1995, p. 284.

    5. L. GAGNEBIN., Le culte à choeur ouvert : Introduction à la liturgie du culte réformé, Genève, Labor et Fides, 1992, p. 84.

    6. Cf. E. WEBER qui a publié, dans la série de Guides Musicologiques Volume V, un ouvrage très remarquable qui nous éclairera dans cette étude. On remarque que la particularité de cet ouvrage réside en ce qu'il aborde les questions de fonds sur les usuels, les sources, l'histoire, la pratique et la méthodologie dans la recherche hymnologique facilitant ainsi le travail de tout chercheur.

    7. J. LYON, comme E. WEBER trouve les mots pour le dire, est un chercheur intrépide et acharné, un guide convaincant, un maître expérimenté, combatif, passionné et très motivé, bref : l'un des rares hymnologues professionnels aujourd'hui en France. Pour nous, J. LYON qui s'est investi, par ses travaux, à donner au protestantisme français son sens d'être, est aussi cette voix qui crie dans le désert de nos Facultés de théologies protestantes pour que l'hymnologie y soit réellement vécue comme un des maillons importants de la théologie pratique. Car la théologie peut aussi bien se communiquer à partir de l'hymnologie.

    8. Le cours de J. LYON sur l'hymnologie est logé sur le site www.hymnologie.com et tout le monde peut y accéder et même entrer en contact avec lui comme fut l'aventure de notre compagnonnage scientifique.

    9. J. RATZINGER, personnalité ecclésiastique exceptionnelle, aujourd'hui Sa Sainteté Le Pape BENOIT XVI, abordait déjà en 1995 la question de la liturgie dans sa profonde relation avec la foi dans le Christ où le lien entre la spiritualité chrétienne et le culte, considéré à la fois dans ses fondements divins et dans ses manifestations concrètes. Pour RATZINGER la culture elle-même reste le partenaire privilégiée de la liturgie. Lire Un chant nouveau pour le Seigneur. La foi dans le Christ et la liturgie aujourd'hui, (Titre original : Ein neus Lied fur den Herrn. Christusglaube und Liturgie in der Gegenwart. Traduction de l'allemand de J. FEISTHAUER), Paris, Desclée-Mame, 1995.

    10. J. BAUBÉROT et H. BOST ont publié ensemble un ouvrage remarquable intitulé Protestantisme dans les annales des Dossiers de l'Encyclopédie du Protestantisme, Genève, Labor et Fides, 2000.

    11. L.GAGNEBIN, Le protestantisme, Evreux, Dominos Flammarion, 1997.

    12. MASAMBA ma Mpolo., Introduction, projet de collection des chants du culte dans le chant religieux africain. Vers l'élaboration d'un recueil de chants; Rapport de la consultation sur le chant religieux africain fait dans le cadre du Département foi et identité de l'Église de la CETA, Kinshasa, du 18 - 22 juin 1977.

    13. LUSAKWENO Vangu, Le chant dans le culte protestant Zaïrois : Essai d'analyse théologique, Mémoire, Faculté de Théologie, FPZ, 1979.

    14. NSUMBU Pezo Nsakala., La place de la chanson dans le culte protestant, Mémoire, Faculté de Théologie, FPZ, 1987 ; Culte et société : Le culte chrétien comme réflexion critique d'une société moderne africaine, Uppsala, SIM, 1995.

    15. KIBONGE Kawaya., L'hymne chrétien comme outil de la libération au sein de l'Église. Cas de l'ECC /35e CUEBC, TFC, Faculté de Théologie, UPC, 1998.

    16. MONDENGO Iyoka Bodiabibami., La problématique du chant à l'Ecole de dimanche. Pour une culture de compétences psychosociales chez les enfants, TFC, Faculté de Théologie, UPC, 2000. 

    17. KUA NZAMBI Toko, "Coups de projecteur sur le mouvement choral en République Démocratique du Congo", in International choral bulletin, Namur, Vol. XX, number 4, July 2001, pp. 4-5.

    18. NKULU Kankote Kisula, « L'impact de la communication traditionnelle dans l'Église du Christ au Congo », communication faite lors des Journées scientifiques interfacultaires de l'UPC et Journée annuelle de l'ECC, du 25-28 avril 2001, in Revue de la CRIP n°1, EDUPC, 2002, pp.319-335.

    19. MONDENGO Iyoka Bodiabibami., Pour une hymnologie protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé DIAWAKU, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2002.

    20. ZABUSU Diakumbi Mbunzu, Contribution à l'étude de la musique d'église à Kinshasa de 1980 à 2002 : Bilan et perspectives, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2002.

    21. MUSHIKANGONDO Lenkoy., La codification des cantiques post-missionnaires de 1985 jusqu'à nos jours, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2005.

    22. TSHUNZA Mpiana, L.., La musique comme partenaire de la liturgie : Réflexion sur les chants liturgiques dans les Églises dites de Réveil, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2005.

    23. Il fait relever que devant l'universalité de Dieu qu'on revendique, il existe des hymnologies extrêmement localisées,

    24. En lisant le Mémoire de LUSAKWENO Vangu, on se rend compte qu'il ne s'appuie que sur les grandes idées du projet de collection des chants de MASAMBA ma Mpolo. Nous avons repris ici l'essentiel des idées que LUSAKWENO couchent dans l'introduction de son étude citée dans les pages précédentes. Lire son introduction au mémoire, déjà cité, p. 1.

    25. Cf. Pour en savoir plus, lire le mémoire de J. NSUMBU Pezo Nsakala, pp. I-II.

    26. La thèse de J. NSUMBU Pezo Nsakala, déjà cité qui est, depuis, publié sur le marché des livres peut être lu à ce sujet pour éclairer tout chercheur qui voudrait étudier la société à partir de l'organisation de son culte.

    27. NKULU Kankote Kisula., article cité, pp. 334-335.

    28. Lire la communication de NKULU Kankote Kisula, article cité. C'est pour mieux pénétrer ses inquiétudes et ses pistes de solutions par rapport à la problématique de la chanson populaire dans l'Église du Christ au Congo.

    29. Lire notre T.F.C., déjà cité, pour mieux pénétrer nos préoccupations et les quelques pistes de solutions préconisées par rapport à ce que doit être la mission du chant à l'Ecole du dimanche pour enfants.

    30. Nous énonçons ici le principe de la tradition qui assure le lendemain d'une continuité souhaitée ou voulue. Nous la tirons du Proverbe 22, 6 pour insister sur la responsabilité traditionnelle qu'ont les adultes, croyants ou non, devant les enfants. Ce principe ordonne à tout responsable de l'enfant, et cela partout où il se trouve en face de l'enfant, ce qui suit : « Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit suivre ; Et quand il sera vieux, il ne s'en détournera pas ». Il va falloir considérer l'enfant ici au sens large. Mais par rapport à l'étude menée antérieurement, notre pensée soutient toujours que si l'enfant est aussi instruit selon la voie qu'il doit suivre dans les chants des recueils, quand il sera vieux, il ne s'en détournera pas. Et, si chaque adulte protestant prenait à coeur cette recommandation, et la mettait en pratique par rapport aux vieux cantiques protestants pour enfants, l'effacement que nous redoutons, toujours, n'aura pas lieu.

    31. Cf. MONDENGO Iyoka Bodiabibami, Mémoire cité, p. 5.

    32. Idem.

    33. E. Weber, op.cit., p.2.

    34. Cette expression, nous l'empruntons de WEBER. Préfaçant l'ouvrage de J. LYON, elle l'utilise pour indiquer la qualité spirituelle et esthétique souvent discutable de ces chansonnettes, apprises par audition ou présentées en feuilles volantes. Pour E. WEBER, et c'est vrai, bien qu'envahissant nos Églises, elles ne pourront sans doute pas s'imposer ou encore rivaliser avec les chorals allemands forgés dès 1524. Lire Johann Sebastian Bach : Chorals de J. LYON, Paris, éd. Beauchesne, 2005, p. VII.

    35. Nous essayons de rapprocher, sans trop vouloir creuser profondément dans la philosophie, la problématique de l'invention de la conscience dans la pensée de J. LOCKE dans son essai intitulé Identité et différence comme nous le présente E. BALIBAR qui a traduit et commenté son « traité de l'identité ». Lire J. LOCKE, Identité et différence. L'invention de la conscience, présenté, traduit et commenté par BALIBAR, Paris, Seuil, 1998.

    36. L'expression nous est propre. C'est pour nous tout un langage qui rapproche l'accueil et les applaudissements de chants populaires dans le culte protestant d'aujourd'hui à la célèbre et paradigmatique entrée triomphale de Jésus à Jérusalem telle que nous rapportent les Évangiles.

    37. R. K. MERTON, Elément de théorie et méthode en sciences sociales, Paris, Sirey, 1960, p. 46.

    PREMIERE SECTION REGARD SUR LA QUIDDITE ET LES CARACTERISTIQUES DE L'HYMNOLOGIE PROTESTANTE ET DU CULTE PROTESTANT

    Cette première section de notre étude fait l'objet d'un grand intérêt dans la mesure où elle se propose de répondre à la question qui soulève l'idée d'une marche en avant vers l'effondrement d'un symbole de l'identité protestante du culte. Et c'est par rapport à la question hymnologique que cela se pose. Mais comment y arriverons-nous si nous ne nous préoccupons de jeter un regard interrogateur sur la quiddité de ce qu'on entend par l'hymnologie protestante, le culte protestant et les principaux traits caractéristiques de ces notions composées de notre étude ?

    A cet effet, nous allons examiner en deux chapitres, et de manière succincte, la quiddité et les traits caractéristiques de l'hymnologie et du culte protestants. Pour ce faire, les ouvrages d'Edith Weber et de James Lyon sur l'hymnologie nous serviront de documents de base pour la préhension de la quiddité de l'hymnologie protestante. Mais c'est ici le lieu de signaler que nous ne manquerons pas chaque fois, par souci de contextualité, de visiter nos précédentes études que nous avons évoquées dans la problématique de cette étude. Pour ce qui est de la compréhension du culte protestant, l'ouvrage collectif de Jean Baubérot et Hubert Bost, ainsi que celui de Laurent Gagnebin sur le protestantisme, nous appuieront comme des références.

    CHAPITRE PREMIER : QUIDDITE ET CARACTERISTIQUES DE L' HYMNOLOGIE PROTESTANTE

    1.1 Quiddité des termes chants de recueils

    Le concept composé de chants de recueils est marqué, dans cette étude, par une visée préférentielle de notre part à l'égard de la pensée de toute une génération aujourd'hui. Il ne sert pas à grand-chose de nous livrer à la polémique de choix de termes qui inondent le monde et l'Église aujourd'hui par rapport à ce seul domaine hymnologique. Nous sommes aujourd'hui, il faut l'avouer, inondés de chants, avec accentuations les plus diverses : chants religieux, chants du culte, chants d'Église, chants d'adoration, chants de louange, chants des chorales, chants populaires, chants du monde, chants patriotiques, chants révolutionnaires pour ne citer que ceux-là. Toutes ces expressions ont à l'origine de formes de passion religieuse ou non et s'alignent dans une telle ou telle catégorisation terminologique selon que son contenu textuel est compris, en dépit de son rythme et de sa mélodie.

    1.1.1 Définition et bref parcours historique de l'hymnologie protestante

    La meilleure intelligence du terme chants de recueils s'avère plus qu'indispensable, en tant qu'il est un terme constitutif de cette dissertation. Nous parlerons, en effet, du chant et des chants de recueils en nous appuyant, en plus de nos études précédentes, sur les notions hymnologiques que nous proposent James Lyon et Edith Weber.

    1.1.1.1 Le chant tel que vu dans nos études antérieures

    De 2000 à ce jour, nous avons mené des recherches sur le chant mieux sur l'hymnologie. En son temps, nous avions une certaine préhension de ce terme que nous poursuivons dans la présente étude. Notre travail qui a porté sur « la problématique du chant à l'école du dimanche»1(*) pour enfants, essaie de retracer l'étymologie du vocable «chant» qui vient du verbe latin cantere - littéralement, se traduisant par « former avec la voix une suite de sons musicaux »2(*). Le chant se définit comme «un air chanté, composition musicale destinée à la voix, généralement sur des paroles»3(*). Il est aussi ce qu'on peut appeler «poème didactique», traduit de l'hébreu « Maskil » : attentif, qui rend intelligent. Ce mot figure dans le titre des Ps 32 ; 42 ; 44 ; 45 ; 52 ; 53 [...]. Un terme de la même racine se traduit au Ps 32 : 8 : «Je t'instruirai »4(*), «Maskil » traduisant le sens de méditation poétique. Enfin, une quatrième définition du chant voit en ce mot le sens grec du verbe hymnéo, hymner. De cette forme, on fait sortir le mot hymne ou chanter une hymne, un psaume ou un cantique spirituel à Dieu « sous l'inspiration de la grâce »5(*), détail important qui confirmerait l'explosion de chants liturgiques dans un culte individuel ou public.

    1.1.1.2 Le chant dans la vision hymnologique de James Lyon

    L'hymnologue James Lyon nous propose quelques indications définitionnelles capables de nous amener à la préhension du concept. Pour lui, dans sa vision hymnologique, parler de chant ou encore de  l'hymne  implique, par définition, la « louange » (laus - Lob) qui, elle-même, s'appuie linguistiquement - par l'ancien haut-allemand (althochdeutsch) - sur les mots liebe (« bien-aimé »), loben  (« louer »), geloben (« faire voeu de » - engagement), glauben (« avoir la foi ») et Lied, (du moyen haut allemand lietd = « chant » - de l'ancien haut allemand liod (leut) = « louer »).

    Meister Lyon pense que le chant, en tant qu'il fait partie de la vie, il précède la parole, puis s'associe harmonieusement à elle. Le chant confère une dimension supérieure à la Parole par la valorisation du sentiment. Il cite Clément d'Alexandrie (ca 150 - ca 215), qui trouve dans le chant le « modèle d'une présence intense et heureuse au monde ». Il fait allusion au Christ qui enseigne un « chant nouveau » pour une « vie nouvelle ». Il trouve que la compréhension de la Parole se fait par le « coeur » - siège de l'intelligence - dont le chant est la manifestation la plus probante et que le chrétien qui chante préserve un héritage vital entretenu.6(*) Les présupposés de cet auteur sur le chant peuvent se résumer en ces quelques lignes. Le chant qui précède la Parole et finit par s'harmoniser avec elle dans la valorisation du sentiment, pour incarner la présence intense et heureuse au monde en vue d'une vie nouvelle repose sur la participation de l'Esprit et de l'intelligence pour être autre chose qu'un cri tout animal. Ce faisant, il doit requérir la participation de l'esprit et de l'intelligence. C'est ici que les instructions pauliniennes, spécialement, dans sa lettre aux Ephésiens ne seront pas seulement d'ordre indicatif mais aussi impératif. Car situées dans la partie morale des Épîtres concernées (Colossiens et Ephésiens), elles incitent à retrouver le chemin du Christ dans le contexte de crise qui sévissait à Colosses, hier, et partout là où il y a Église aujourd'hui, en vue d'amener chaque homme, chaque femme à se défaire du « vieil homme » qui empêche l'explosion en nouveau cantique et de revêtir « l'homme nouveau » aux fins d'être capable d'entonner avec joie, dans la solidarité de la communauté, le « chant nouveau » pour le Seigneur. Le sens de la joie qui explose en cantique, en provoquant la solidarité par le fait d'entraînement de l'unité de coeurs et de voix est à considérer. C'est ici le lieu de tenter de saisir la compréhension du chant dans la vision du théologien liturgiste Josef Ratzinger.

    1.1.1.3 Le chant dans la pensée hymnologique d'Edith Weber

    La pensée hymnologique d'Edith Weber autour de la quiddité du chant peut s'entrevoir entre les lignes de son ouvrage sur La recherche hymnologique lorsqu'elle traite de la question de formes vocales monodiques, concertantes et instrumentales. Mais, pour nous dans cette étude, nous allons nous limiter à l'examen des formes vocales monodiques pour tenter de nous approcher de sa compréhension du chant.

    Il faut dire qu'à comprendre cet auteur, le chant explique mieux le cantique. Autrement dit, le cantique dans son essence ne peut mieux se saisir que par le chant qui le constitue et lui permet de désigner le recueil : le recueil des cantiques, par exemple. Ainsi, Edith Weber définit le cantique (du Latin canticum, chant ; canticle (angl.), cantico (it.) comme étant un chant lyrique, d'action de grâce ou d'imploration, strophique, versifié et rimé paraphrasant un texte biblique7(*). Généralement, sa structure musicale répétitive, soutient-elle, s'apparente à celles du Psaume huguenot et du choral luthérien, tandis que sa mélodie peut être harmonisée à quatre voix, en style fonctionnel, note contre note, homosyllabique et homorythmique, pour favoriser l'intelligibilité du texte8(*). Nous reviendrons sur la quiddité des Psaume huguenot et le choral luthérien.

    D'après Edith Weber, l'usage protestant des cantiques bibliques adaptés et mis en musique ont été le fort des Réformés et des Luthériens. Comme Verchaly l'a fait dans nos précédentes études9(*), Weber aussi reprend dans son analyse compréhensionnelle de ce qui est un cantique, les célèbres titres de cantiques bibliques (vétéro et néo-testamentaires) déjà cités par le précédent auteur tout en ajoutant une particularité importante : les noms des premiers protestants qui ont fait, sur base de ces textes, des chants lyriques pour le culte protestant depuis la Réforme.

    La pensée hymnologique et définitionnelle d'Edith Weber sur le chant est vaste et riche dans les différentes formes qu'elle nous propose. Il serait avantageux pour cette étude d'épingler avec elle, fut-il, en passant, la quiddité de quelques autres formes de chants qui ont accompagné le protestantisme depuis la Réforme. Ainsi, notre étude s'épargnera de quelques insuffisances. Pour ce faire, nous parlerons, entre autre, et succinctement de : choral, hymne, proverbe, psaume monodique, psautier, psautier huguenot et répons.

    1.1.1.3.1 Choral

    Dans l'étude de formes vocales, choral au masculin (du latin, choralis, adjectif impliquant le choeur, le chant choral) désigne le chant des Églises luthériennes issues de la Réforme en Allemagne, à partir de 1524, le choeur, le chant choral, une oeuvre chorale, un ensemble vocal10(*).

    Mais dans la compréhension de cette forme vocale, Weber relève les trois différents sens qui la constituent : le sens large, strict et esthétique. Au sens large, le choral est une mélodie ou un timbre liturgique servant de principe structurel et de thème à des oeuvres vocales et instrumentales dans la musique allemande, puis hors d'Allemagne à partir du XVIe siècle. Toutefois, certaines mélodies et quelques textes peuvent être antérieurs à la Réforme.11(*) Au sens restreint, le choral est le chant des Églises luthériennes depuis 1524, par opposition aux Psaumes huguenots à partir de 1539 destinés aux Réformés et Calvinistes. Ceux-ci innovent dans l'appel qu'il fait à la langue vernaculaire (allemande) avec une inflexion possible des interpolations latines voire grecques comme dans le Kyrie eleison. Au sens esthétique, le choral est un chant majestueux, large, entraînant (mais parfois austère, chanté par l'assemblée à l'unisson (voix d'hommes et de voix de femmes ou harmonisé note contre note, de structure strophique et rimée, sur une mélodie et un rythme simples appris facilement par coeur par les fidèles et pouvant être exploitée comme principe structurel (cantus firmus).

    De son utilisation, le choral est utilisé au culte (Gottesdienst) comme au concert. Pendant l'organiste joue le choral comme prélude ; de ce fait la communauté peut bien retenir aisément la mélodie ; selon qu'il peut le développer librement selon différentes techniques : thème présenté intégralement exposé en valeurs longues au soprano, au ténor ou à la basse, avec des entrées successives. Le choral assure également des interludes et des postludes et peut improviser sur le thème d'un choral tout en respectant les temps liturgiques, l'esprit de la prédication et de lectures bibliques.12(*)

    Pour terminer, indiquons que le choral est aussi présent dans la musique vocale instrumentale. C'est ici que les cantates comme ceux de Jean Sébastien Bach en l'occurrence Christ lag in Todesbanden...le concert spirituel (geistliches konzert), le motet, les passions.13(*) Il faut relever avec Weber que comme le Psaume huguenot symbolise l'identité musicale de l'hymnologie réformées, le choral reflète l'identité  musicale luthérienne.14(*)

    1.1.1.3.2 Hymne

    Selon la typologie des formes vocales monodiques, les hymnes sont des chants versifiés, de caractère lyrique en vers (ou en prose). Ce genre repose sur des poèmes religieux (compositions personnelles appartements ou non à la liturgie). Elle est cultivée par les religions juive et chrétienne. Edith Weber cite ici les quelques figures de proue qu'on peut retenir parmi les principaux poètes : Grégoire de Naziance (v.330-v.390), Nicetas de Remesciana, auteur présumé du Te Deum, saint hilaire de Poitiers (mort en 366), Romanos le Mélode (mort après 555), Venance Fortunat, Odon de Cluny, Pierre Abélord.15(*)

    Signalons que les hymnes bien qu'imprimés qu'à partir du XVIe siècle, sont pourtant consignées dans les hymnaires manuscrits depuis la fin du XIe siècle. Elles s'adaptent facilement à la polyphonie où Jean Sébastien Bach a fait produit des oeuvres importantes en nombre. La structure des hymnes peut se résumer en ces traits : mélodie peu ornée, mesurée et facile à retenir, les hymnes se prêtent au chant d'assemblée16(*).

    Enfin, comme le fait observer l'auteur, notons qu'il n'y a pas lieu de confondre une hymne appartenant à la musique religieuse, avec un hymne qui est un chant solennel en l'honneur de la patrie. Comment pouvons-nous le démontrer ? Retenons. Si la première forme citée se chante pendant les cultes célébrés en l'honneur de Dieu créateur, par exemple, pour les chrétiens, la seconde elle, se chante pendant les cérémonies officielles d'un Etat. Il se chante par le peuple, citoyens d'une nation donnée, et souvent à l'unisson, des coeurs, avec joie et émotions, pour témoigner l'appartenance et l'attachement à la patrie. La différence saute aux yeux et surtout aux oreilles. Car si cette dernière forme, qui est pris au féminin, peut unir les différents peuples du monde en prière pour traduire et témoigner la foi qu'ils peuvent avoir en un seul et même Dieu, la première, pris au masculin, par contre, traduit ostentatoirement qu'on appartient ou non à la patrie qui entonne l'hymne. Essayons maintenant de comprendre la quiddité d'une autre forme monodique qu'est le Proverbe.

    1.1.1.3.3 Proverbe

    Dans la pensée hymnologique de Weber, le Proverbe fait partie de formes des chants. L'auteur étaye son affirmation sur le fait que les proverbes bibliques contiennent des chants. Comment le définit-elle ? Selon Edith Weber, le mot latin « proverbium » signifie « sentence, parabole ». Déjà évoqués dans l'entrée « Cantique », les Proverbes forment un livre vétéro-testamentaire regroupé dans la Septante avec Job, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, alors que la Vulgate intercale les Psaumes entre Job et les Proverbes (attribués au roi Salomon).17(*) Mais faisons observer que lors de la Réforme, quelques Proverbes ont retenu l'attention des poètes qui les ont paraphrasés et des compositeurs.18(*) Dans le Psautier huguenot (Vol I), par exemple, soutient Weber, Pierre Pidoux reproduit des Proverbes avec les mélodies de François Gindron pour les « Cantiques » (sic) d'Accace d' Albiac, sieur du Plessis (1556) en 6 à 11 vers formant un tout.19(*) A en croire Edith Weber, la mélodie traitée syllabiquement, d'introduction facile, avec deux valeurs de note, se retient aisément et convient au chant d'assemblée, comme, par exemple, le Proverbe 28.20(*) Disons, en un sens, que pour Weber, les Proverbes se situent à mi-chemin entre la comparaison, la sentence et la parabole. Mais quelle compréhension avoir de Psaume surtout quand il est épithété de monodique ?

    1.1.1.3.4 Psaume monodique (Liturgique)

    Selon cet auteur, le psaume du grec psalmos, est une pièce lyrique mettant l'accent sur la louange. Le livre des Psaumes contenu dans la Bible est de caractère didactique. On remarque que les Psaumes (hébraïques) ont été traduits en langue vulgaire à partir du XIIè siècle. Leur longueur va de deux versets (Ps.116, 117) à 22 strophes selon la numérotation hébraïque et protestante, en décalage avec la vulgate.21(*)

    Weber relève une sorte d'itinéraire qu'a pris le livre des Psaumes depuis ses origines jusqu'à la Réforme. Elle soutient que le Psaume (en hébreu, mizmôr) a évolué du culte israélite dans la synagogue vers la liturgie catholique et a- depuis la Réforme- été repris par les réformateurs protestants22(*) qui en ont élaboré plusieurs cantiques pour l'assemblée en prière. Comme un genre parmi les chants, les Psaumes sont repartis en vers divisés par deux par une césure, avec le même nombre de syllabes. Ils peuvent être chantés par un soliste, par un choeur, par une assemblée en prière. Sa structure musicale s'apparente à celle des chorales : leur mélodie est répétitive pour les 2 ou 3 premiers vers, ensuite chaque vers suivant est doté d'une ligne mélodique propre. Retenons que selon l'historicité de Psaumes à la Réforme, les mélodies qui ont facilité l'élaboration des cantiques sur les Psaumes hébraïques, provenaient des trois sources principales, à savoir : emprunt au répertoire grégorien, emprunt au répertoire profane existant (contemporain ou non) et créations originales des poètes protestants.23(*)

    C'est qu'en France et, en Suisse romande, par exemple les Psaumes ont été paraphrasé par Clément Marot (1509-1564) et Théodore de Bèze (1519-1605) depuis 1539. Pour ces protestants les 150 psaumes devraient être chantés avec toutes leurs strophes, plusieurs fois dans l'année.24(*) Martin Luther, de son côté, réalisera des paraphrases allemandes de Psaumes comme, par exemple25(*) :

    1. Aus tiefer Not schrei ich zu dir (Ps.130, Wittenberg, 1524). (Du fond de ma détresse, je crie vers toi).

    2. Es spricht der Unweisen Mund wohl (Ps.13, Wittenberg, 1524). (La bouche des insensés a beau dire).

    3. Ein feste Burg ist unser Gott (Ps. 68 (Deus noster refugium), 1527 -1528). (C'est un rempart que notre Dieu).

    En un sens, les Psaumes figurent dans tous les cultes chrétiens sans exception. On les rencontre dans les cultes chez les anglicans, catholiques, luthériens et surtout réformés (Calvinistes)26(*).

    1.1.1.3.5 Psautier

    La typologie des formes vocales monodiques, dans la pensée hymnologique de Weber désigne le psautier (psalter en anglais, Psalter en allemand, salterion en italien et espagnol) par le Recueil des 150 Psaumes, chantés à la messe, lors de laquelle les pièces chantées sont, dans l'ensemble, des versets de Psaumes. A.G. Martimort, cité par Weber, affirmait par rapport à la vieille utilisation de Psaumes que 12 psaumes étaient chantés à matines pendant les jours ordinaires ; 18 (24), les dimanches ; 9, les jours de fête...Nous sommes là vers l'an 500 de notre ère. Deux choeurs chantaient en alternance. Les versions latines proviennent de la traduction grecque des Septante,  dont saint Jérôme a réalisé trois versions, à savoir : La Vulgate, qui fût remaniée sous le titre Néo- Vulgate à Rome, par les Bénédictins de saint Jérôme et imprimée en 1969 par l'Imprimerie Vaticane.27(*)

    De la numérotation des Psaumes dans le Psautier, Weber insiste sur le « voyage de Temples » qu'ont fait les Psaumes dans le monde la foi. Les Psaumes sont passés du culte israélite (à la synagogue lieu de son origine) à la liturgie catholique, puis au Temple protestant. Il faut dire qu'en principe, les Psaumes bien qu'ayant fait toutes ces « délocalisations », ils sont pourtant restés présents au culte israélite, à la messe catholique et au culte protestant. Mais en fait, l'ensemble des Psaumes n'est pas resté intact. Si le contenu des Psaumes n'a pas souffert des quelques omissions au long du « voyage », quelques changements numérotatifs au moins sont le prix qu'a payé le Psautier. Voici un résumé des différences que nous présente Edith Weber.28(*)

    1. La Vulgate (V) réunit les Psaumes 9 et 10 ; a numérotation hébraïque (H) et protestante (P) dédouble le Psaume 9 (et 10) : donc le Psaume 11(P) = le Psaume 10 (V).

    2. La Vulgate (V) dédouble les Psaumes 146 et 147, la numérotation hébraïque et protestante réunit ces deux Psaumes : donc le Psaume 146 (V) = Ps. 146, v. 1- 11(P) ; le Psaume 147 (V) = Ps. 147, v. 12- 20 (P).

    En résumé, le Recueil des 150 Psaumes :

    1. Ne présente pas de changements pour les Psaumes 1 à 9 inclus et pour les Psaumes 148 à 150 : V=P.

    2. Le Psaume 11(P) = Psaume 10 (V) ; ce décalage d'un numéro continue jusqu'au n° 147.

    3. Le Psaume 146 (V) = Psaume 147 (P) au début ; le psaume 147 (V) = Psaume 147 (P) à la fin.

    L'auteur conclut ces différences avec ces formules :

    1. Ps. 1 à 9 : V = P

    2. Ps. 148 à 150 : V = P

    3. Ps. 10 (V) = Ps. 10 et Ps. 11 (P)

    4. Ps. 11 à 145 : V = P - 1 ou P = V + 1

    Après cette forme monodique, il est important que nous voyions le cas particulier du Psautier dit huguenot. Il se trouve que la « marche en avant » de la Réforme protestante dans les pays de la langue française n'est pas vue se réaliser dans l'organisation des cultes et surtout dans l'élaboration de la musique d'Église pour le peuple rassemblé sans qu'il soit incontournablement présent. Mais quid au juste du Psautier huguenot ?

    1.1.1.3.6 Psautier Huguenot

    L'histoire des Psaumes et son influence dans la musique protestante de langue française ne peuvent élider le Psautier huguenot élaboré depuis le XVIe siècle et encore chanté au XXIe siècle. OEuvre commune de deux contemporains, Clément Marot et Théodore de Bèze, le Psautier comprend 150 Psaumes dont 49 ont été paraphrasés par Marot et 101 par de Bèze. Edith Weber nous fait remarquer qu'en annexe du Psautier figurent29(*) :

    1. Les Dix commandements

    2. La Prière avant le repas

    3. La Prière après le repas

    4. L'Oraison dominicale

    5. Les Articles de Foy (Symbole des Apôtres) et des cantiques : de Siméon, Zacharie, Moïse, Magnificat, Te Deum, la Salutation angélique, L'Oraison à Dieu, le Père, Fils et Saint-Esprit, le Psaumes 102, Seigneur, entends mon oraison.

    Le Psautier huguenot, comme le souligne Weber, a fait l'objet de Psaumes pour orgue, de préludes de chorals (choralsvorspiele). La mélodie (Cantus firmus) peut être exposée en valeurs longues au ténor, au soprano, à la pédale, accompagnée d'un commentaire décoratif aux autres parties30(*). Jusqu'au XXIe siècle en France, Alexandre Cellier (1883- 1968), Georges Migot (1891- 1976) et en Suisse Roger Vuataz, Henri Gagnebin (1886 -1977) pratiquaient encore cette forme mélodique de décoration pendant le culte.31(*) Au même titre que la Bible, le Psautier huguenot représente un élément incontournable de la piété protestante dans les pays de langue française. Mais des compositeurs allemands, en l'occurrence le Cantor Alexander Wagner (né en 1927) empruntent des mélodies des Psaumes huguenots. Malgré des remises en cause par certains, les Psaumes français sont encore édités et chantés de nos jours. Disons avec Edith Weber que les mélodies sont restées intactes, les textes ont été actualisés au cours des siècles. Aujourd'hui, d'ailleurs, il existe ce qu'on peut appeler le Psautier français. Les 150 Psaumes versifiés en français contemporain élaborés sur des mélodies originales du XVIe siècle harmonisées à quatre voix les textes de Roger Chapal.32(*)

    1.1.1.3.7 Répons

    Le terme « répons » du latin responsorium et de l'ancien français responsoire ; il signifie « réponse » et implique donc un dialogue et un chant antiphoné, soit entre le chantre (Cantor) et le choeur, soit entre le choeur et les fidèles.33(*)

    Il sied de ne pas confondre répons (catholique et luthérien) avec le chant spontané (souvent réformé) qui est un chant affiché au tableau et chanté spontanément, c'est-à-dire sans avoir été annoncé par le pasteur.34(*) Le texte dans cette forme de chant peut être extrait de la Bible ou des sermons des Pères de l'Église. Les répons sont généralement monodiques, mais au XVIe siècle, G.P. de Palestrina et T.L. de Victoria ont composé des répons polyphoniques plus élaborés, destinés à la semaine sainte. D'une manière générale, le répons est un genre liturgique et musical monodique chanté après une lecture.35(*)

    Pour cette forme vocale monodique, la mélodie évolue généralement par mouvement conjoint, le chant non mesuré suit le débit de la parole avec des valeurs égales et quelques notes un peu allongées. L'assemblée pratique donc un dialogue avec le pasteur ou le liturgiste et lui répond36(*).

    1.2 Recueils protestants

    Nous venons d'examiner les différentes compréhensions qui tournent autour du chant comme forme vocale monodique. Nous nous sommes parti de la pensée hymnologique de James Lyon, passant par celle de Josef Ratzinger pour beaucoup nous attarder sur la pensée hymnologique d'Edith Weber. Nous cherchions à saisir la quiddité du chant dans ses différentes formes. Et, l'ouvrage de Weber sur La recherche hymnologique nous a été d'un très grand atout et appui. Nous comprenons dès lors que le chant n'est pas seulement un objet à saisir dans le vaste domaine de compréhension, mais encore qu'il est présent et accompagne l'Église mais bien plus l'homme qui cherche Dieu depuis l'antiquité tardive. Il faut maintenant saisir la préhension du recueil de chants.

    Par définition, le recueil, on le sait, est un ouvrage ou un volume réunissant des écrits, des documents37(*). C'est ainsi qu'on peut parler du recueil de poèmes, recueil de morceaux choisis. Et quand le terme prend le sens d'une anthologie on peut parler de : recueil de fables, recueil des pensées, d'essais [...]. Le recueil se comprend aussi comme étant un bulletin, un digeste, des annales, un chronique, un assemblage, un répertoire ou une collection pour ne citer que ceux-là. Nous pouvons, sans prétention, appeler recueils des chants, dans l'univers du protestantisme, l'ensemble de cantiques, rassemblés, répertoriés et reproduits grâce à l'imprimerie et à l'imprimerie musicale depuis la Réforme du XVIe siècle jusqu'à nos jours. Dans la vision des Réformateurs, les recueils servaient à la large diffusion des grandes idées de la Réforme mis en texte pour musique. C'est l'esprit du temps (Zeitgeist) de la Réforme même qui anime l'âme mieux l'ethos des chrétiens qui élaborent les cantiques comme celles et ceux qui les chantent. Et selon les diverses sensibilités religieuses, ces cantiques rassemblés étaient mis à la disposition des pasteurs, prédicateurs, organiste et des fidèles dans les paroisses.

    1.2.1 Chants de recueils protestants, quid ?

    Tenant compte de ce qui précède, nous pouvons affirmer que les chants de recueils protestants, à large spectre de compréhension, sont l'ensemble de cantiques empruntés soit à l'Héritage hymnologique des Pères de l'Église38(*), soit au répertoire grégorien, soit au répertoire profane existant (contemporain de leurs auteurs ou non), soit des créations originales des poètes protestants.39(*) Ils sont généralement élaborés sur les Psaumes hébraïques, mieux sur l'ensemble des textes de l'Ancien et du Nouveau Testaments voire les textes des livres deutérocanoniques. L'exploitation des textes bibliques de ces chants va de la Genèse à l'Apocalypse. De très nombreux chants de recueils protestants ont certes été comme le témoin privilégié du cheminement de la Réforme qui les a créés sur base des typologies variées. Dans les lignes qui suivent, nous allons essayer de retracer les grandes lignes de la Réforme par rapport aux chants de recueils avant d'illustrer les quelques typologies exploitées dans les recueils protestants.

    1.2.1.1 Le parcours des chants de recueils vu par James Lyon

    De manière générale et nous appuyant sur le célèbre ouvrage de James Lyon sur les chorals de Jean Sébastien Bach,40(*) il est aisé de remarquer que les chants de recueils protestants sont d'abord l'oeuvre de la Réforme qui les crée au lendemain de la proclamation de Thèses de Luther. C'est ainsi que nous pouvons nous permettre d'affirmer sans crainte d'être contredit qu'au début de la Réforme, au milieu de la Réforme, au centre de la Réforme, à la fin de la Réforme et après la Réforme était le chant liturgique. Le chant liturgique, à notre sens, serait l'un des vrais témoins de l'histoire de la Réforme. Il a vu et accompagné la marche en avant de la Réforme. Les indications que Lyon nous donne à partir de son guide de sources hymnologiques des mélodies, des textes et des théologies qu'il forge sur l'oeuvre costaud des chorals du poète, mélodiste, harmoniste et compositeur Jean Sébastien Bach nous renseignent beaucoup sur la manière dont la réforme s'est fait accompagner des cantiques mis en recueils. C'est à l'ouvrage Johann Sebastian Bach, Chorals que nous faisons allusion. Essayons de pénétrer utilement cet ouvrage en vue de remonter « la généalogie hymnologique» des chants de recueils ».

    1.2.1.2 Généalogie hymnologique des chants de recueils

    S'il faut remonter « la généalogie hymnologique» des chants de recueils nous devons faire un exercice de recension de l'ouvrage de James Lyon. Car il est vrai que cet hymnologue a fait un travail remarquable que nous ne pourrons mesurer à bon escient la portée profonde dans cette modeste étude. Il relève, entre les lignes, les grands secrets de la marche en avant de la Réforme protestante par rapport à la musique d'Église. Il examine le parcours des chants de recueils et ses typologies au début, au milieu et vers le crépuscule de la Réforme. Il le fait beaucoup plus par rapport à une nation (l'Allemagne protestante), à un théologien allemand (Martin Luther) et beaucoup plus par rapport à un musicien allemand dévoué pour la cause du chant au début de la Réforme : Jean Sébastien Bach. Nous présumons que les présupposés musicologiques et historiques de l'auteur veulent traduire l'idée selon laquelle il fallait tenir compte de l'impact de cette nation dans la naissance du protestantisme. Car, c'est de là qu'est partie la grande Réforme du XVIe siècle, pour aller comme « jusqu'aux extrémités de la terre ». Abordons maintenant le contenu de l'ouvrage, chapitre après chapitre. Nous le ferons sous forme d'une recension.

    1) Chapitre premier : La Réforme (1523-1562)

    L'auteur, de prime abord, parle du début de la Réforme. Il le fait par rapport à la période entre 1523 et 1562. Il va de son contexte historique où il relève des thèses aux premiers cantiques, de la guerre des paysans, de dissidences et polémiques41(*), de l'érection d'une nouvelle théologie de la musique, de la fin d'une époque par rapport à la disparition de Luther, 42(*) et de conflits qui surgirent après Luther. C'est le premier temps. Il aborde la question de textes et mélodies43(*) dans l'élaboration des premiers cantiques avec Martin Luther. Il passe en revue la vie et la chronologie de l'oeuvre hymnologique de Luther44(*) pour le monde allemand. C'est le deuxième temps. Enfin, il examine les méandres des premiers travaux de l'élaboration des cantiques. Il cite les figures emblématiques dans cet effort, Johann Walter45(*) et le cercle des poètes de Wittenberg à qui Luther lance un appel pathétique pour qu'ils conçoivent de nouveaux cantiques, dans l'esprit des psalmistes et des prophètes de l'Ancien Testament à la lumière du Christ. Son mot d'appel était : « Nous cherchons partout des poètes ». Son souci était celui de voir tous les grands poètes de son temps écrire des poèmes pour les nouveaux cantiques.46(*) Il le demande à tous, partant des auteurs luthériens.47(*) On peut se permettre de penser que si Luther tenait à cette entreprise de création des cantiques jusqu'à lancer des appels, cela devait avoir des liens avec la concurrence qui se levait du côté des humanistes de Bâle et de Strasbourg. D'ailleurs, la création et la renommée du corpus bâlois et strasbourgeois48(*) ne pouvaient que l'indiquer. Par ailleurs, l'auteur relève aussi l'apport du dialecte dans l'élaboration des cantiques49(*), signale les dissidences des proches collaborateurs et disciples de Luther sur la question de la cène, et le problème du lien entre la Loi et l'Évangile voire le baptême des enfants qui se sont suivies [...]50(*) Avant de terminer, l'auteur parle de textes et mélodies des cantiques de sources anonymes51(*) généralement d'origine médiévale, mais qui, faussement, seront attribués à certains auteurs allemands. Il évoque aussi le cas de six mélodies du Psautier calviniste de Genève (1539-1562) que Johann Sebastian Bach utilisera et de l'apport en textes et mélodies de Nikolaus Herman52(*) qui ont joué aussi un rôle important dans le compagnonnage des premiers cantiques aux côtés de la Réforme du XVIe siècle. En clair, l'auteur indique que la contribution essentiellement significative de Nikolaus Herman pendant cette période du protestantisme est son choix pour que l'Évangile soit annoncé aux enfants53(*). Il allie les traditions populaire et savante tout en créant de nouveaux textes et mélodies. Le chant deviendra inséparable du culte protestant. Un lien se tissera entre le chant d'assemblée, désormais marqué par le « Nous » communautaire (contrairement au règne de « Je » qui avait prédominé quelques temps avant), et le chant polyphonique destiné à la Cantorei et à la formation scolaire. A la suite de Martin Luther (1483-1546), la plupart des auteurs valoriseront les psaumes. Ils exploiteront autant les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament. L'éclairage théologique se fonde uniquement sur la christologie dont les aspects premiers concernent l'incarnation, la tentation, la Parole, le mystère, l'action, la Passion et la Résurrection du Christ. La nouvelle doctrine sur la « justification par la foi seule » (Rechfertigunglehre) est, le plus souvent, propagée sur un ton polémique adressée à l'adversaire « papiste ». L'examen de diverses typologies atteste de la valeur catéchétique de nombreux texte. Le temps liturgique dans l'organisation des cultes est désormais ponctué par de nombreux cantiques, plus particulièrement destinés au temps de Noël (Weihnachten), la Passion, et la Pâques (Ostern) sans ignorer les thèmes de la mort (Tod) et celui de la pénitence qui revenaient aussi souvent car se référant à la première Thèse de Luther (1517). L'apport de poètes-théologiens est à relever en ce sens qu'ils ont eux aussi perpétué la tradition médiévale de la piété populaire mais aussi savante. En d'autres mots, pendant cette période, le chant est véritablement considéré comme la forme principale de la prière chez les protestants. Et l'apport de Johann Sebastian Bach est considérable dans les domaines des mélodies (où la Musica naturalis, fondée sur des archétypes mélodiques communs à tous fera son poids) et de la mise en musique de textes de Luther comme ceux du cercle des poètes de Wittenberg et même ceux de la communauté allemande des Böhmische Brüder. Ce qui est remarquable est que toutes les créations hymnologiques de ce temps respecteront le « mot d'ordre » de Luther : toujours un « lien entre le texte et la mélodie » (Wort und Ton). Ce sont là, les grands traits caractéristiques du premier chapitre.

    2) Chapitre deuxième : L'orthodoxie et la mystique (1562-1618)

    Au deuxième chapitre, James Lyon examine la question, mieux l'apport de l'orthodoxie et de la mystique dans le travail de l'élaboration ou de la création des cantiques protestants entre 1562 et 161854(*) où le contexte historique est celui des polémiques55(*). Il le fait en traitant quelques points essentiels qui présentent, de manière éloquente, le tableau du contexte historique immédiat. Nous le relevons succinctement.

    L'auteur parle de l'héritage discuté de Luther56(*), des efforts de la Formule de Concorde57(*), et ceux de la période de l'orthodoxie tempérée qui crée le concept de Frömmigkeitsbewegung pour stimuler la dimension spirituelle par l'édification et la piété personnelles et pour lequel la musique revêt une importance particulière. Car désormais musique et piété marcheront ensemble.58(*) A en croire l'auteur, il s'est passé plus d'un demi siècle, c'est-à-dire 56 ans au moins où l'on a vu la marche en avant de la Réforme marquer les pas si pas carrément s'arrêter. Le contexte historique nous montre que la disparition de Martin Luther, en 1546 avait quelque peu fait entrer la Réforme dans un processus difficile. Très difficile. Un sentiment général de malaise s'instaura59(*). Les Protestants et les catholiques n'avaient accepté la paix conclue à Augsbourg en 1555 que comme une trêve60(*) qui préparait à d'autres hostilités. Les débats théologiques, en faveur d'un enseignement dogmatique  « pur », se sont envenimés. Les grands sujets de discordes étaient la cène, la christologie, la justification, les oeuvres, la loi divine et surtout le libre arbitre.61(*)

    Meister James Lyon souligne deux faits majeurs sur lesquels nous allons nous appesantir. Le premier nous renseigne que deux camps opposés se formèrent : d'un côté les gnésio-luthériens, réputés intransigeants, car se considérant de vrais luthériens et les philippistes, partisans avérés de Philipp Melanchthon (1497-1560) ami personnel de Luther. C'est ici que l'héritage de Luther se trouve être discuté62(*) sinon vraiment disputé. Le second est que l'opposition radicale aux calvinistes et à la Contre-Réforme catholique se renforce également. Tous ces faits conduiront, à coup sûr, l'Église et les fidèles dans un climat de fin des Temps, d'apocalypse, de superstition populaire, de sorcellerie et de satanisme63(*). Bref, un climat de confusion totale s'installa. Il fallait faire quelque chose : chercher et trouver une voie de concorde et d'apaisement.

    La Formule de Concorde, fruit de l'effort de quelques personnages d'envergure dont le théologien, prédicateur et musicien Nikolaus Selnecker (1530-1592) ancien élève de Melanchthon, adviendra et marquera en 1570, la fin d'une longue période d'inertie qui avait commencé vingt ans plus tôt.64(*) On assiste, dès lors, à la poussée d'un désir ardent de réconciliation entre les gnésio-luthériens et les philippistes ; mais aussi une bonne volonté de rétablir une interprétation orthodoxe de l'héritage de Luther65(*). Chose qui ne réussira pas à tenir très longtemps. Car, bien que les Articles de Concorde soient rédigés en 1577 par une commission de théologiens, avant la publication du Livre de Concorde, adopté en 1580, par les villes et les princes luthériens ; bien que ce corpus soit constitué avec la Confession d'Augsbourg, les articles de Smalkalde, les deux catéchismes et les cantiques de Martin Luther, comme le fondement de la doctrine protestante, la fameuse Formule de Concorde qui, pourtant, respecte les idées de Réformateur s'est vue beaucoup plus comme une contre-attaque personnelle au Catéchisme calviniste de Heidelberg. Elle était faite avec un transfert d'accent dans l'énoncé de certains dogmes pour l'érection d'une Église encore beaucoup plus intransigeante. Par voie de conséquence, elle affronte le Calvinisme. Il en résultera un grand découragement. L'unité du monde luthérien, malheureusement, ne sera pas réalisée66(*) bien longtemps encore après la disparition de Martin Luther.

    James Lyon relève dans ce chapitre, entre autres, l'entreprise de la rédaction des grands traités dogmatiques pendant la période entre 1580 et 1620. Cette période est réputée celle de Frühorthodoxie, la première orthodoxie. Il convient d'indiquer que la créativité théologique, ici, est malheureusement toujours sous-tendue par la soif de polémiques sur les deux natures du Christ et sur son corps par rapport à la cène, sur le Christ médiateur même sur la problématique de l'histoire de l'Église. Malgré tout, les théologiens parviennent à un accord sur l'autorité divine de la Bible, considérée comme la norme pour le salut. Mais cet accord, malheureusement, sera plus tard contesté par le Concile de Trente (1545 -1563). C'est ici qu'on voit se frayer la voie de la concorde et d'apaisement évoquée dans les lignes précédentes, laquelle passe par le piétisme personnel et quotidien de chaque chrétien. Dans cette voie, cet auteur cite le chantre Johann Valentin Andreae (1586 -1654), l'un des précurseurs du Piétisme dont l'apport est à considérer. En fait, c'est J. V. Andreae qui préconisa une pastorale tournée vers la praxis de la foi et de la piété : un christianisme intériorisé. Mais ce ne fut pas un succès. Car un autre ton s'invitera. A propos d'un autre ton dans la nature des cantiques67(*), l'auteur relève que face à la production des cantiques singulièrement diminuée, la nouvelle piété fécondera d'autres sonorités poétiques et  mélodiques. Un autre ton traduit aussi la rupture entre la communauté et l'individu qui est totalement consommée dans l'Église. On assiste à la dictature prédominante de « Je » (Ich) dans les textes de cantiques et l'ethos des chrétiens. Les valorisations qui changent. Le ton de la joie passe à celui de l'inquiétude doctrinale, eschatologique et de la confession. La mélancolie prédomine. Face à l'impudicité et l'ivrognerie du peuple, les enseignements dogmatiques tournent vers un ton moralisateur. D'où, il faut une nouvelle expression de la piété.68(*) Cette nouvelle expression de la piété passe par l'adhésion de nombreux auteurs luthériens au Frömmigkeitsbewegung, qui pour la plupart, tiennent tout de même à demeurer fidèles à l'orthodoxie luthérienne.

    Les figures emblématiques à retenir ici au début de ce mouvement sont celles des mystiques comme le silésien Martin Moller (1547-1606) et son successeur immédiat, Philipp Nicolai (1556-1608). Ils seront suivis par Valerius Herberger (1562 - 1627) et les autres qui les suivirent jusqu'à l'adhésion des derniers à citer comme Heinrich Müller (1631 - 1675) et Christian Scriver (1631- 1675). Cette impulsion de la mystique répondait à la profonde crise de la foi qui surgit à la fin du XVIè siècle, eu égard à l'opposition entre la théologie et la piété. La réaction face à cette impasse fera que les auteurs manifestent une prédilection particulière pour le Cantique des Cantiques et la littérature médiévale sur la prière. Ils prônent même un retour à la poésie d'un Bernard de Clairvaux (1090/91 -1153) et la littérature d'édification luthérienne destinée au peuple se développe rapidement. James Lyon parle aussi du répertoire et de la pratique69(*)où il relève l'histoire de la polémique préoccupante qui se cristallisa entre les orthodoxes et les calvinistes dans la confrontation éditoriale entre les Psautiers, en 1602 de Cornelius Becker (1561-1604) et en 1573 d'Ambrosius Lobwasser (1515-1585). Il faut relever que la perte effective de la piété sera, en réalité, compensée par la création de nombreux cantiques sur le thème de la « Croix et de la consolation » (Kreuz-und Trostlied), la mort bienheureuse, le jour du jugement dernier et, surtout, l'amour mystique pour Jésus, le « bien-aimé ». L'auteur nous fait remarquer qu'en cette fin du XVIè siècle, le chant homophonique de la communauté, avec mélodie au soprano devient institutionnel. Ici, prédominera le souci de voir  toute la communauté chrétienne participer absolument au chant. Ce faisant, une pensée harmonique se développera progressivement à partir de la mélodie. Des mélodistes et compositeurs d'envergure, tels que Bartholomäus Gesius (1562-1613), Hans Leo Hassler (1564 -1612) et Melchior Vulpius (1570-1615), apparaissent. A partir d'eux et les autres, les premières grandes collections, pour le chant d'assemblée et la musica figuralis, seront publiées. Entre 1580 et 1700, environ mille titres des recueils sont édités. Mais l'influence de la musique italienne est évidente70(*). L'auteur parle des Böhmische Brüder, les frères tchèques et moraves qui, plus tard, s'imposeront quand même avec leur corpus de chant d'assemblée sur l'ensemble des Églises protestantes de la nation allemande.71(*) La figure de proue de ce mouvement est certainement Petrus Herbert (1530 -1571), auteur de quatre-vingt treize cantiques. Ce poète protestant rencontra et discuta personnellement dans un échange constructif avec Jean Calvin et adhéra aux convictions calvinistes. C'est le premier temps. Au deuxième temps de cette période de l'orthodoxie et mystique, James Lyon nous fait noter les efforts des auteurs luthériens qui véhiculèrent les enseignements théologiques et catéchétiques de Luther par des textes des cantiques72(*), des prémices de la jesusliebe73(*), avec Martin Moller l'un des principaux ténors qui, dans ce mouvement, mettra l'accent sur l'humanité de Jésus dans l'exploitation de Cantique des Cantiques comme centre de l'Unio mystica. L'auteur évoque aussi le cas de la création des premiers cantiques de confiance en Dieu (vertrauenslieder)74(*) alors que le peuple traversait des temps troublés par des conflits doctrinaux, des épidémies et l'ambiance apocalyptique. Ces cantiques sont l'expression d'un peuple en désarroi. Ici, les figures emblématiques sont Ludwig Helmbold (1532-1598) et Kaspar Bienemann (1540-1591). On notera aussi l'ère des cantiques sur la mort (Sterbelieder)75(*) car la confrontation de la mort était plus qu'au quotidien. C'est la conséquence des guerres et des épidémies. Mais l'accent d'importance est mis ici sur le jugement dernier. Il faut citer dans cette vague Bartholomäus Ringwaldt (1530 /1532-1599) et Christoph Knoll (1563-1621). Pour le courant mystique76(*), Philipp Nicolai chercha d'apporter une réaction significative à un courant orthodoxe abstrait dans sa réflexion et oublieux de la foi active. Ce courant valorisera la consolation car considérée comme fruit d'une expérience profonde fondée sur le trinôme « peste, mort et vie » et dont les principaux antidotes aux malheurs de l'époque sont la joie et l'espérance en la vie éternelle. Les principaux textes de cantiques de ce courant se référeront à la très ancienne tradition forgée par Tertullien (ca 155-ca 222), saint Augustin (354-430), le prédicateur Johann Tauler (1361) et Bernard de Clairvaux (1090/91-1153). Les mystiques exploiteront le Cantique des Cantiques et l'Apocalypse comme deux occurrences bibliques de base. James Lyon relève l'apport des psaumes d'Ambrosius Lobwasser et de Cornelius Becker77(*) et des autres auteurs78(*), des sources anonymes79(*), et des mélodistes80(*)dans la création des cantiques pendant cette période difficile de la Réforme où les querelles politiques et religieuses n'allaient que crescendo jusqu'à la guerre de Trente Ans (1618-1648). Mais comme le soutient l'auteur, la musique est demeurée le vecteur qui liait et réconciliait le ciel et la terre. Car l'amour de Dieu se manifestait essentiellement par le chant dans la vie et dans le coeur d'un peuple troublé.

    3) Chapitre troisième : La guerre de Trente Ans (1618-1648)

    Au troisième chapitre, James Lyon examine la période entre 1618 et 1648. C'est le temps difficile de la guerre. La production des cantiques ne s'est pas arrêtée pour autant. Mais comment se présente le contexte historique ? Quels sont les méandres de la production des cantiques, leurs typologies et les poètes ? Comment est la marche en avant de la Réforme pendant la Guerre de Trente Ans ? Voilà la matière à laquelle l'auteur se soumet dans ce chapitre d'angoisse de la Réforme. Mais cette guerre de Trente Ans n'est elle pas un mal nécessaire qui a imposé un renouvellement en musique d'Église?

    Les informations sur la Réforme et les chants protestants, dans ce troisième chapitre, tournent autour des principaux points suivants. Le contexte historique81(*) est dominé par la cristallisation d'un conflit qui trouvera son point d'orgue à la guerre dénommée Guerre de Trente Ans qui n'a pas seulement provoqué de bouleversements sur les plans humain, religieux, politique et économique mais a également suscité une extraordinaire réaction de la part des poètes et des musiciens, créateurs de textes et de mélodies pour les cantiques d'obédience luthérienne dont mille deux cents ont été publiés entre 1618 et 164882(*). La nouveauté est que les cantiques sont aussi destinés à la piété (Frommgkeit) domestique. Le chant est donc pratiqué en commun lors du culte (Gottesdienst) et, individuellement, par le recueillement (Andacht) à la maison. Le temps est devenu celui de la meditatio comme l'attitude principale du chrétien en cette époque troublée83(*). On note ici, bien que les sentiments soient les plus contrastés tant la guerre est la source de perturbations morales et physiques, de nouvelles créations où les auteurs et les compositeurs travaillent en étroite collaboration sont nombreuses car la relation entre la poésie et la musique est renouvelée.84(*) Les typologies sur la fragilité de l'existence humaine, la proximité de la mort et de la fuite du monde d'une part, et celles de la joie de vivre et la recherche du monde et sa nature comme contre-valorisation aux misères et aux destructions que la guerre fait subir aux populations et aux paysans, d'autre part.85(*)

    A part les typologies, l'auteur nous fait remarquer l'ère du changement de langage qui devient manifeste dans le travail de la poésie et la composition de chants. Les compositeurs mieux la plupart des musiciens ont bénéficié d'une solide formation théologique. Les chants composés au temps de guerre, les mélodies reflètent, en quelque sorte, le miroir des sentiments vécus par les uns et les autres. Le langage tonal instaure une dualité complémentaire entre le Majeur de l'extériorité et le mineur de l'intériorité, qui est davantage lié à la notion de la piété86(*)des cantiques de louange. Malgré les détresses humaines, les pasteurs et les musiciens d'Église invitent leurs congrégations à exprimer, par leur chant, leur gratitude à Dieu. Les formes poétique et mélodique resteront sensibles aux influences italiennes de l'opéra et du balletto conçu pour les pas de danse. Mais retenons que le fond religieux se réfère toujours à la piété et à l'enseignement luthérien d'origine. C'est encore l'oeuvre de Johann Valentin Andreae (1586-1654) et de Johann Arndt (1555-1621). La tendance d'une rénovation beaucoup plus spirituelle que dogmatique se montre dans les textes de chants et dans le chef des théologiens. Ils encourageront la pratique dévotionnelle sous la forme d'exercices quotidiens. Ils pousseront les fidèles à une attention soutenue au temps de la Passion et à l'amour pour Jésus, fondée sur la thématique de l'Epoux, issue de Cantique des Cantiques. Un ténor emblématique à retenir ici est Johann Crüger (1598-1662) qui créera un nouveau style mélodique et entreprendra son imposant corpus éditorial, publié à Berlin et à Francfort-sur-le-Main. Lui aussi privilégiera la dimension personnelle de la vie chrétienne et entretiendra l'étroite relation entre le « mot » et le « son » (Wort und Ton) de Luther. Les comportements de la piété populaire attacheront une grande importance aux recueils des prières et chants nourrissant la certitude de la foi, l'espérance de la vie éternelle. Les premiers cantiques sur la « mort » (Sterbelieder) et la « pénitence » (Buslieder) susciteront l'émotion des congrégations.87(*)

    James Lyon relève encore qu'en cette période de troubles, les textes et mélodies sont beaucoup plus ceux édictés par la psychologie de la fin des temps. Les hommes et les femmes profondément désorientés et désespérés cherchent, alors, une compensation essentielle et, lorsque leur foi n'est pas mise en péril, la trouvent dans l'évocation du Ciel, le lieu de la joie suprême, le paradis, là où les anges chantent et dansent.88(*) Le pasteur Tobias Kiel (1584-1627), auteur d'une célèbre comédie spirituelle et populaire sur le thème du Roi David est l'un des poètes et mélodistes qui nourrissent les textes de cantiques. Mais à ses côtés, il y a Johann Hermann (1586-1630), connu pour ses chants sur la mort tandis que le pasteur et professeur de théologie Johann Mattaus Meyfart (1590-1642, enterré le 30 janvier) qui a beaucoup lutté contre le conflit entre les luthériens et les calvinistes en tentant de trouver un accord, est connu pour ses thèmes sur le jugement dernier et ses cantiques sur la détresse générale basée sur le livre de la Genèse. Ces trois poètes sont les ténors qui forgèrent les beaux textes dans les typologies pour la fin des Temps.89(*) L'auteur mentionne aussi le nom de deux autres poètes : Martin Opitz (1597-1639) et Otto von Schwerin (1616-1679). Le premier qui trouva refuge en Hollande, car chassé par les Espagnols pour son attachement à la cause calviniste, est connu pour ses cantiques du comportement et de l'esprit chrétien, de l'Avent, ceux de la pénitence et du recueillement. Ses cantiques ont le mérite d'être utilisés ou en textes ou en mélodies harmonisées par Bach. Mais aussi sa contribution en un « Traité de la poésie allemande » (Buch der deutschen Poeterey » vaut la peine d'être retenue. Le second, théologien et professeur d'Université voire conseiller d'un prince électeur (Friedrich Wilhelm, 1640-1688) à Berlin, est connu pour ses magnifiques cantiques du soir, de la Résurrection90(*).

    En cette période d'angoisse de la guerre et de la peste, James Lyon souligne que les textes de consolation de Johann Heermann (1585-1647)91(*), sont tenus pour les plus importants car ayant de belles et profondes paroles principalement destinées à la « méditation privée » (private Andacht), au dialogue personnel du croyant avec Dieu, et moins pour l'espace communautaire de l'Église. Heermann était fortement influencé par le pasteur et Cantor Martin Moller (1547-1606) et le théologien Johann Arndt est l'auteur de nombreux cantiques mis en recueils. On peut retenir son fameux « dévotion musicale des coeurs : Musique pour la maison et le coeur ». C'est lui le chantre de la consolation et de l'appel à la pénitence par excellence.92(*)

    Les poètes ont aussi écrit des cantiques de la guerre93(*) qui faisaient allusion à la situation de la guerre de Trente Ans (1618-1648). On se rappellera que la guerre, comme c'est toujours le cas, avait provoqué les plus grands malheurs moraux et matériels. Les communautés complètement anéanties étaient emparées par le doute. C'est pourquoi les pasteurs-poètes ne devraient qu'encourager leurs fidèles par la création de leurs cantiques, destinés à enrichir le sens des prédications, tout en faisant participer chaque chrétien à l'édification par le chant94(*). Par ailleurs, l'auteur fait remarquer que Johann Rist, le pasteur (1607-1667) et Johann Schop l'ancien violoniste (1590-1667)95(*) ont fait preuve d'une collaboration poétique et musicale exemplaire pendant toute la période de la guerre de Trente Ans et cela jusqu'à leur mort survenue la même année. Schop a composé quatre-vingt-dix-sept mélodies pour les nombreux textes du pasteur Rist. Ses typologies sont très variées. Elles couvrent également toutes les nuances de temps liturgiques.

    Le cercle de Königsberg, en dépit de la guerre et son cortège de malheurs, créera « les sociétés de langue » dont l'objectif était de faire de la nouvelle littérature l'instrument culturel d'une société érudite. On y rencontre les aristocrates, les patriciens, et une certaine bourgeoisie, celle qui avait été formée par les Universités. Ils produisirent des recueils de typologies variées par leurs figures emblématiques en l'occurrence Georg Werner (1589-1643) et Georg Weissel (1590-1635) et Simon Dach (1605-1659).96(*)

    Un autre fait marquant de la période de la guerre de Trente ans, est celui de la réforme des recueils de Hanovre. James Lyon relève quelques méandres qui entourent l'exigence de la réforme des recueils de Hanovre. Il faut reconnaître que les esprits des communautés avaient été diversement touchés par les tragédies engendrées au cours des trente années de guerre (1618-1648). Les blessures morales et physiques ont mis du temps à se cicatriser. Dans le domaine du cantique, un bouleversement se produira avec la mise en cause de la forme, sinon de l'esprit d'un ensemble de textes entonnés depuis le début du XVIe siècle. Les ténors, en l'occurrence des éditeurs comme David Denicke (1603-1680) et Justus Genesius (1601-1680) s'attaquent ici au concept du Frömmigkeitsbewegung. Entre-temps, de nombreuses vicissitudes théologiques ont malmené le message évangélique. Le peuple était profondément découragé et se tournait vers des pratiques démoniaques. Il fallait le ramener à la foi. La motivation de ces deux poètes était de chercher à sacrifier d'abord à la forme, pensant régénérer, de la sorte, une liturgie alors moribonde, inapproprié, dans le temps et dans l'espace, où vivait un peuple déprimé et reversé dans l'apostasie.

    Cette vision de faire la musique d'Église influencera certainement d'autres auteurs tels que : Georg von Lilien (1547-1666) connu pour ses textes et mélodies sur la Passion exploité plus tard par Johann Sebastian Bach, Wilheim Il von Sachsen-Weimar (1598-1662) pour ses cantiques pour le culte (Gottesdienstield), Caspar Peltsch (1600-1648 ?) avec ses cantiques de Noël, Paul Stockmann (1602-1636) pour ses cantiques de la Passion (Passionslied), Samuel Kinner (1603-1668) pour ses cantiques pour la sainte cène (Abendmahlied), Bodo von Hodenberg (1604-1650) pour ses cantiques du matin (Morgenlied), Jacob Peter Schechs [Schechsius] (1607-1659) pour ses cantiques de la Croix et de la consolation (Kruz-und Troslied) et Caspar Ziegler (1621-1690) pour ses cantiques de Noël (Weihnachtslied).

    On peut remarquer que tous ces auteurs cités ont eu le privilège d'être repris pour leurs oeuvres dans l'héritage hymnologique de Bach. Le compositeur Bach a exploité leurs textes et mélodies97(*) comme ceux des sources anonymes. La plupart de ces oeuvres reflétaient, comme le miroir, cette période difficile et les cantiques dans l'ensemble s'élaboraient autour des typologies de la mort, la Croix et de la consolation sans oublier celle de la pénitence d'après les Psaumes.98(*) Car, en temps de guerre, la mort est toujours prochaine.

    Les affres de la guerre de Trente Ans n'ont pas du tout bloqué l'inspiration aux mélodistes. Car, comme le souligne James Lyon, les plus grands compositeurs de l'époque ont « trouvé » de nombreuses mélodies pour le culte, immédiatement mises en musique à plusieurs voix sous la ruine de la guerre. La plupart même ont bénéficié d'une solide formation théologique qui conférait une authentique dimension spirituelle à leurs créations.99(*) Retenons les figures de proue de ce groupe : le Kapellmeister Melchior Franck (1579 ?-1639), le pasteur Michael Altenburg (1584-1640), le pasteur Bartholomäus Helder, le professeur et poète Matthaus Apelles von Lowenstern Auf Langenhof (1594-1648), le compositeur Heinrich Albert (1604-1651), l'organiste et compositeur Christoph Anthon (1610-1658), le poète lyrique et compositeur Georg Neumark [Der Sprossende, Thyrsis] (1621-1681).

    Il sied de faire observer, avant de boucler avec ce chapitre, que tous ces mélodistes ont produit des cantiques qui ont été exploités par Bach pendant ce temps d'incertitude et d'angoisse. Comme le souligne avec assurance notre auteur, Bach exploitera quarante-huit typologies pour soixante cantiques où les thèmes de la confiance, de la consolation, du comportement chrétien, de la pénitence seront spécialement valorisés. Mais il mettra lui-même en musique quarante-huit nouvelles mélodies où la figure tragique et souffrante de Jésus dominera ce corpus. Les textes destinés à l'année liturgique réapparaissent alors qu'ils avaient été quelque peu négligés à l'époque précédente (1562-1618). Par réaction à cette période qui reste l'une des plus dramatiques de l'histoire européenne, les auteurs, poètes, mélodistes, compositeurs, ont réussi à développer une création artistique de haute valeur éthique. James Lyon relève dans son étude un fait paradoxal à la réalité de temps de guerre. C'est comme si la souffrance avait provoqué en ces mélodistes un sursaut essentiel, leur garantissant ce qu'ils nommaient et considéraient alors comme la « paix éternelle ».100(*) La fin de la guerre de Trente Ans, en 1648, fait entrer les Allemagnes dans une époque de transition indispensable à la reconstruction morale et matérielle des populations sensiblement touchées par les affres de la guerre. L'apostasie s'empara du fidèle, il lui arriva de chercher la consolation à ses misères loin de Dieu. De ce désarroi naîtra le Piétisme, mouvement riche et complexe qui instaura une nouvelle attitude chrétienne vis-à-vis de la foi. Mais cette doctrine sera critiquée par les théologiens101(*) parce qu'en désaccord avec l'amour prôné par les Évangiles102(*).

    4) Chapitre quatrième : le Temps des mutations (1648-1685)

    Dans ce chapitre, Meister James Lyon parle d'un autre temps fort de la Réforme. Il le fait par rapport à la production des chants et ses typologies après la période de la guerre de Trente Ans. Il fait déjà plus d'un siècle après la proclamation de Thèses de Luther. Le protestantisme a affronté plusieurs difficultés et survécu à la guerre de doctrines comme à celle des armes à feu. L'auteur examine les grands moments de ce qu'il nomme Temps de mutations. Son attention, dans ce chapitre, est fixée entre 1648 et 1685. Il traite les points saillants de cette période. Il commence par le contexte historique mais aussi psychologique de ce temps103(*) qui indique l'état d'indigence morale et économique impressionnante dans lequel se trouvaient les Allemagnes. Selon James Lyon, les Allemagnes entraient dans une période de mutation au cours de laquelle la foi ébranlée des populations devait se reconstituer. C'est ici que le rôle des Piétismes sera déterminant. Quelques faits importants de ce contexte sont à relever104(*) :

    1. La théologie abstraite sera de plus en plus contestée à l'avantage d'une piété (Frömmigkeit) vécue au sein des congrégations. Les relations entre ces dernières et leurs pasteurs changent en profondeur.

    2. L'émergence de la Raison (Vernunft) prépare déjà ce que l'on désigne par Aufklärung. Le répertoire des cantiques subit des transformations théologiques et poétiques significatives.

    3. Un nouveau type de mélodie apparaît avec le concept de Frömmigkeitsmelodie. Il faut indiquer avec James Lyon que ce type de mélodie s'est beaucoup plus développé chez le chrétien désemparé, et créa un profond sentiment de piété105(*).

    4. L'éclosion de la piété sous un autre jour où le sentiment mystique se renforce par l'émotion qui fait face à la légalité mystérieuse de l'existence.

    5. La production abondante de la poésie du courant piétiste. La figure la plus représentative de ce courant est, sans conteste, Johannes Angelus Silecius (1624-1677), chantre de la poésie pastorale par l'Unio mystica. Le théologien de Rostock, Heinrich Müller (1631 -1675), inaugure, de son côté, en 1659 un nouveau type de Gesangbuch. Il faut indiquer que Müller anticipera sur Darmstädter Gesangbuch de 1698 et sur le corpus du piétiste Johann Anastasius Freylinghaussen (1670 -1739)106(*).

    6. Le chant, comme le soulignera le Père du Piétisme historique, suscitera le réveil, l'enthousiasme. Il contribuera à l'amélioration du monde intérieur, à l'édification de soi-même et renforcera le combat missionnaire. De plus, il forgera une relation avec Jésus. En 1649, Martin Lamprecht, un libraire de Lunebourg, publiera aussi un recueil de cantiques luthériens.

    Pour Meister Lyon, c'est la préface de ce recueil de Martin Lamprecht qui est essentielle pour comprendre le contexte historique et psychologique, ainsi que le rôle joué par le chant, la musique et le répertoire des Kirchenlieder en ces temps de crises. On y trouve le chant à l'église et à la maison, celui des psaumes de David, roi et prophète, pour l'acquisition et la certitude du salut. Ce chant monte aux oreilles de Dieu. Son recueil est donc destiné à la dévotion privée, domestique.

    Le Temps des mutations est aussi connu pour la collaboration étroite entre Paul Gerhardt (1607 -1676) et Johann Crüger (1598 -1662) qui lièrent une amitié profonde et complémentaire. Nous pouvons nous permettre de nommer cette collaboration la symbiose, car chacun de deux avait quelque chose à apporter dans cette relation musicale. Il faut dire que pour les deux, c'est une amitié entre le pasteur-poète et le musicien. L'auteur relève que leur amitié et collaboration ont été l'une des plus fécondes de toute l'histoire de l'hymnologie protestante allemande107(*). Il faut aussi relever le dépassement qu'il y a dans cette contribution hymnologique. Les compositions poétiques de ces auteurs s'ancraient dans le respect de la culture luthérienne tout en lui donnant l'ouverture à une nouvelle forme de piété. Leur contribution hymnologique insistait sur le recueillement face à l'adversité. C'est ainsi que le répertoire sera aussi pratiqué à la maison sous forme d'exercices destinés à approfondir la connaissance de Dieu et sa providence. Il faut indiquer que :

    1. La poésie de Gerhardt est fondée dans l'ensemble sur les notions de « consolation » (Trost), de « joie » (Freude), et de « fidélité » (Treue).

    2. Le pasteur luthérien est ici désigné comme le « chanteur de la joie et du réconfort » dont les thèmes privilégiés sont la Passion, la « prière » (Beten), la « vie chrétienne) (christliches Leben), la « croix » ( Kreuz), le « reconfort » (Erquickung), la « mort » (Tod) et la « vie éternelle » (ewiges Leben).

    3. Crüger composera des mélodies très caractéristiques pour les textes de son ami. Ces mélodies étaient imprégnées par la foi et les épreuves vécues.

    4. Leur travail commun se concrétisera, une première fois, par la publication de dix-huit cantiques de Paul Gerhardt, en 1647 à Berlin, dans la seconde édition de la Praxis pietatis melica («  Pratique musicale de la piété ») qui est une collection emblématique initiée par Grüger.

    5. Crüger publiera, entre 1647 et 1661, quatre-vingt-huit cantiques de Paul Gerhardt. Il créera une forme de mélodie inhérente à un certain type de spiritualité. Pour lui, la pratique du chant est pieuse. Il prône la dualité Majeur-mineur en substitution des anciens modes. Il s'intéresse à la culture mélodique du Psautier de Genève et adapte, dans le nouvel esprit, d'anciennes mélodies.

    6. En authentique pédagogue, Johann Crüger préconise, dans ses traités, que le chant doit être pratiqué avec « plaisir ». Ce faisant, il s'oppose à un enseignement fondé sur la « contrainte ». La musique est source de « joie céleste » (Himmelsfreude), affirme-t-il, en 1660, dans ses Musicae practicea praecepta (Préceptes de musique pratique).

    7. Crüger est marqué par la culture luthérienne selon laquelle l'exercice quotidien de la musique rend heureux. Il aura contribué à une synthèse harmonieuse des hymnologies luthérienne et calviniste dont Bach utilisera treize de ses mélodies.

    L'histoire de chants protestants que présente James Lyon dans ce chapitre retient aussi la contribution des poètes de Silésie et de Lusace. Les auteurs de cette région partagent un profond sentiment mystique en exaltant l'union avec Jésus, souffrant sur la Croix et dialoguant, le plus souvent avec « l'âme » (Seele)108(*). Lyon cite deux figures de proue de cette région : David Behme (1605-1657) et Johann Franck (1618-1677). Ces deux contribuèrent eux aussi de manière déterminante à l'hymnologie protestante avec des typologies variées. Ils ont fait ce travail allant de thèmes de la prière de Notre Père, cantique de la pénitence, cantique de désaveu du monde, le cantique de noël, le cantique de la sainte cène, pâques, pentecôte... en un sens, sur le temps liturgique109(*).

    On note aussi l'apport des poètes de Saxe et de Thuringe qui, comme des pédagogues, au cours d'une période marquée par les troubles de la guerre de Trente Ans (1618-1648), utilisaient quotidiennement le chant pour encourager leurs élèves à célébrer constamment l'annonce de la « Bonne nouvelle »110(*). C'est l'oeuvre de christian Keimann (1607-1662) Michael Franck (Staurophilos, 1609-1667) qui rechercha l'unité entre le texte et la mélodie, pour la « régénération de l'Esprit », Johann Flittner (Flitner) (1618-1678), Ahasverus Fritsch (1629-1701) et Samuel Rodigast (1649-1708) connu pour son fameux poème : « Ce que Dieu fait est bien fait »111(*). Retenons que les poètes du Nord de l'Allemagne sont principalement marqués par le style et la pensée du pasteur et poète érudit, Johann Rist (1607-1667)112(*).

    Un autre fait marquant de ce Temps des mutations, c'est la poussée de la dualité inséparable pour le chrétien protestant allemand autour de la Bible et le recueil de cantiques. C'est l'apport de l'exégèse biblique qui occasionne cela. Chaque jour, le chrétien lit la Parole de Dieu et la chante aussi bien à la maison qu'à l'Église. Les musiciens et les poètes bénéficient d'une formation théologique. Ils se nourrissent des travaux herméneutiques de grands auteurs, en l'occurrence, Johann Olearius (1611-1684). Père de l'art du chant spirituel, Olearius est auteur de deux cent quarante textes de cantiques exploitant les typologies très variées. Pendant cette période, l'attachement à la formation théologique et la lecture de la Bible poussa les compositeurs près de brefs commentaires des textes bibliques, sur l'enseignement de Martin Luther (1483-1546) et des Pères de l'Église. Ces travaux, comme le soutient James Lyon, ne se situent pas en contradiction avec une théologie pratique, qui se concrétise dans la vie quotidienne ; la réflexion commande l'action113(*).

    L'Ecole de Johann Scheffler [Silesius] n'est pas la moindre dans cette période de mutations. Car avec Johann Scheffler ou Johannes Angelus Silecius (1624-1677) qui est connu comme le chef de file de cette école, la pensée mystique sera fondée sur la tolérance et l'intérêt pour un langage symbolique reliant toutes les formes de pensée religieuse : la kabbale juive, la mystique médiévale, la théosophie de Jacob Böhme (1575- 1624)114(*). Aujourd'hui, on se réfère à son ouvrage principal, Cherubinischer Wandersmann (« Le Pèlerin chérubinique »), publié en 1657, comme la source essentielle de la poésie mystique allemande.115(*) Les prémices du Piétisme comme celles de Piétismes mystique et reformé sont aussi des points saillants des Temps des mutations116(*). Si le cheminement des Piétistes allemands a été long et complexe, Philipp Jakob Spener (1635-1705) et August Hermann Francke (1662-1727) avec leurs publications frayeront la voie qui réagira contre l'enseignement, délibérément aristotélicien, d'une théologie éloignée de la « piété ».

    Dans cet effort et à leur suite, il faut citer Christian Scriver (1631-1675) qui aura exercé son ministère pour la mystique spiritualiste des prémices du Piétisme car adepte de la Frömmigkeitsbewegung.117(*) Le pasteur et théologien Heinrich Müller est aussi retenu pour son combat contre la théologie abstraite pour mieux revendiquer ce qu'il nommait lui-même « une théologie du coeur » où l'influence de Bernard de Clairvaux (1090/91-1153) sur ses oeuvres est indéniable. Müller s'intéressera beaucoup plus à la fonction de la musique pendant la célébration du culte. Son influence sur la pensée musicale de Bach est essentielle. Les Piétismes mystique et réformé sont un mouvement complexe dans sa diversité. Ceux-ci sont favorables à une séparation d'avec l'institution ecclésiale, alors que le Piétisme réformé s'inspire en partie, de la théologie calvinienne.

    Les autres auteurs érudits dont beaucoup de théologiens et de prédicateurs118(*) mais aussi des sources anonymes très nombreuses nourriront le Temps de mutations par des poésies et mélodies multiples forgées autour de Piétisme.119(*) Il faut indiquer avec l'auteur que la plupart des mélodistes étaient des compositeurs confirmés dont l'oeuvre s'étend aussi bien à la musique d'Église qu'à la production séculière. Les mélodistes de ce temps sont réputés dans la fertilité de relier leur création musicale aux péripéties de la vie quotidienne.120(*)

    En de tels temps troublés, renchérit James Lyon, la musique n'a jamais la seule valeur esthétique. Elle est l'expression intime et convaincue de ce que pensent les hommes de ce temps, de leur relation essentielle avec Dieu et, surtout, avec son Fils Jésus, mourant sur la croix. Cette période de Piétisme a investi la nouvelle réflexion chrétienne. Il a inspiré la vie quotidienne, à « l'Église » (Kirche), à « l'Ecole » (Schule) et à la « Maison » (Haus).121(*) Johann Sebastian Bach, contemporain du débat entre les tenants de l'orthodoxie, les piétistes et les philosophes « éclairés » (Aufklärer) exprimera par son art, la réponse à la double question théologique et philosophique sur le sens de la vie et celui de l'art. Avec lui, les querelles esthétiques prendront souvent le pas sur la mise en perspective d'une musique vécue au quotidien, peu soucieuse de représentation, mais d'abord vouée au seul respect et à la gloire de Dieu. (Soli Deo Gloria).122(*)

    L'essentiel de ce quatrième chapitre de l'ouvrage de James Lyon nous retrace les méandres de l'histoire de cantiques et recueils protestants depuis la Réforme. Il y a une sorte d'hégémonie des Piétismes qui s'impose ou mieux impose son orientation de la pensée hymnologique laquelle ne cherchait qu'à reconstituer les morceaux de foi ébranlée des populations Allemandes qui se trouvaient, à cause de la guerre de Trente Ans mais aussi des calamités et la peste, dans un état d'indigence morale et économique très malheureuse. Pourra-t-on prétendre que le contexte psychologique de crises jetant tout un peuple en souffrance se trouve-il être celui de beaucoup de productions hymnologiques ?

    5) Chapitre cinquième : Les Piétismes, l'Orthodoxie tardive et l'Auflklärung (1685-1750)

    Au dernier chapitre de son ouvrage, Meister Lyon se soumet à un exercice difficile. Il cherche à expliquer ce qu'on peut appeler « le terrain d'attente » entre les tenants de l'orthodoxie, les piétistes (les défenseurs de la foi) et les philosophes « éclairés » (Aufklärer) (les défenseurs de la raison). Il le fait par rapport à l'art de production de nouveau répertoire de cantiques entre 1685 et 1750. Il cherche et trouve ce dépassement dialectique beaucoup plus dans l'oeuvre de Johann Sebastian Bach. Pour lui, et c'est vrai, c'est Bach qui donne la bonne réponse à la double question théologique et philosophique sur le sens de la vie et celui de l'art. L'apport des Piétismes et de l'Aufklärung dans le travail de la création des cantiques protestants entre 1685 et 1750123(*) où le contexte historique est celui de l'aboutissement des mutations décrites dans le chapitre précédent.124(*). L'auteur traite de ces quelques points essentiels qui présentent, de manière éloquente, les méandres de cet aboutissement. Nous le relevons succinctement.

    Retenons que, dans un premier temps, l'auteur examine le contexte historique et doctrinal de cette période mais aussi la quiddité de l'apport du « Piétisme de Halle ». Il évoque les quelques controverses de Piétistes radicaux, missionnaires et de sympathiques qui tenaient à en finir avec « l'Église visible » mais aussi de la défense de l'orthodoxie luthérienne des autres auteurs sans oublier certaines sources anonymes qui contribuèrent très efficacement à cette entreprise pendant l'Aufklärung. Relevons les traits caractéristiques de chaque point majeur de ce chapitre.

    1. Le contexte. Il faut dire le contexte historique et doctrinal qui couvre cette période, tel que nous le présente James Lyon, est celui qui fait sauter aux yeux le développement des sensibilités piétistes qui s'opposaient résolument aux orthodoxes, partisans d'une théologie abstraite et intellectuelle125(*). Les deux groupes antagonistes en présence excellaient dans l'élaboration des textes et mélodies des cantiques qui véhiculaient leurs présupposés théologiques divergents. C'est ici que le travail du compositeur Johann Sebastian Bach s'érigera. Il empruntera ses textes et mélodies de cantiques à tous les courants. Il les transcendera, en quelque sorte, par son génie. Grâce à Bach, la Frömmigkeitsmelodie aura désormais des adeptes. La prière, la médiation sur Jésus, la vocation à le suivre, par une certaine forme d'exaltation, suscitera l'étonnant corpus, publié à Halle, par Johann Anastasius Freylinghaussen (1670-1739).126(*) Le rayonnement pédagogique et caritatif de Halle est incontestable. Il trouve son appui sur un biblicisme sobre qui réconciliera, à la fois, le réveil et l'éclosion de la raison, d'où la confrontation positive entre Aufklärung et Piétisme, qui portera son empreinte dans l'oeuvre du Thomascantor. L'émulation entre le chant d'assemblée, solennel, isométrique, et le chant domestique, marqué par le rythme de danse, introduit à une harmonieuse complémentarité127(*).

    2. La création piétiste de Halle s'est beaucoup plus développée sous l'impulsion d'August Hermann Francke, à partir de sa propre conversion. Sa pédagogie, il la doit beaucoup à la Réforme de l'humaniste et pédagogue tchèque Comenius (1592-1670) mais aussi à celle du suisse Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827)128(*). Il faut reconnaître que cette nouvelle vision dans la création de cantiques fondée sur une autre conception de la « charité » (agapè), introduira à une pédagogie de la vie dont le chant sera l'élément primordial mieux fondamental. A l'Église, un chant d'assemblée isométrique est adapté, notamment, par le Kapellmeister Wolfgang Carl Brigel (1626-1712) ; à la maison, pour la Hausandacht, la famille se retrouve dans la pratique de Sololied ou aria, de caractère rythmique. Les auteurs de ce courant sont aussi très nombreux avec des typologies variées mais demeurant toujours fidèles à la vision piétiste de l'hymnologie. Il est important de noter que ces auteurs sont pour la plupart ceux de l'école de Philipp Jakob Spener (1635-1705), le père du Piétisme historique.

    3. Les piétistes radicaux, missionnaires et sympathisants sont ceux des compositeurs et mélodistes qui n'ont pas suivi entièrement la conception proposée par Philipp Jakob Spener pour une nouvelle réforme de l'institution ecclésiale. Ils sont radicaux car certains ont préféré adopter une ligne plus radicale en se séparant de l' « Église visible », spécialement de ses conventions en matière de rites. Le maître à penser de ce courant était le cordonnier-théosophe Jacob Böhme (1575-1624)129(*). Böhme draina derrière lui un nombre important de grands théologiens-poètes parmi lesquels figurent Christoph Wegleiter (1659-1706), Gottfried Arnold (Christophorus Irenaeus) (1666-1714) qui, beaucoup influencés par Spener et Böhme, introduisirent l'idée d'une décadence dans l'histoire de l'Église.

    4. La défense de l'orthodoxie luthérienne bien que trop souvent théorique et source des discussions subtiles conduisant à de vaines polémiques, avait néanmoins l'avantage de produire et conserver le répertoire de chants destinés au culte qui surmontaient aussi aisément les querelles doctrinales.130(*) Pour ce courant, la source se trouve être dans l'héritage direct de la théologie de la musique telle que prônée par Martin Luther tout en s'inspira de la culture piétiste.131(*) Ici, on retiendra quelques noms des auteurs : Johann Gottfried Olearius (1635-1711) pour son influence sur Bach son supérieur hiérarchique de l'organiste de la Neue Kirche, Erdmann Neumeister (1671-1756) qui ouvrit une nouvelle voie aux textes des cantates, mis en musique non seulement par Bach, mais aussi par Johann Philipp Krieger (1649-1725), Georg Philipp Telemann (1681-1767) et Philipp Heinrich Erlebach (1657-1714).132(*) Le dernier à citer à cause de sa contribution théologique dans la musique d'église est Valentin Ernst Löscher (1673-1749). Son opposition au « Piétisme de Halle » bien que sans grand succès, est fondée sur sa compréhension théologique de la justification par la foi seule. Il tentera d'établir une nouvelle culture en traitant la question de la vérité sur la théologie et l'Église. Selon lui, les rapports au sujet de la vérité sont nécessaires pour la foi chrétienne. Il est donc le tout dernier représentant emblématique de l'orthodoxie luthérienne tardive.133(*)

    5. Les autres auteurs de figures représentatives ou non et les sources anonymes ont aussi contribué à l'érection fondamentale d'une hymnologie protestante pendant la période de l'Aufklärung. Les oeuvres de Bach qui les reprennent et son effort de compositeur qui cherche à établir une synthèse harmonieuse entre l'orthodoxie de l'Église à sauvegarder, la mystique qui unit le chrétien à Christ et la raison qu'impose l'Aufklärung en sont un témoignage remarquable134(*).

    Au moment de conclure ce chapitre, retenons avec James Lyon que face à la poussée de la raison, la conception de la vie évoluera considérablement. Car il fallait trouver un accord entre les chantres de la foi et ceux de la raison. Et la musique réussira à taire ces divisions. Et Bach dans le monde de la Réforme protestante à l'heure de l'Aufklärung est une figure de fierté protestante. Si en général, la musique était au service d'une foi vivante et active, celle de Bach a été l'expression de la piété la plus authentique et la maîtrise de la science musicale à son plus haut degré. Avec lui, la piété et la science se réconcilient, de la sorte, par la conversion du « coeur » (Herz). Le chrétien, seul face à Jésus, essentiellement valorisé, se substitue à la communauté des polémiques. Il travaille quotidiennement à sa conversion, à sa sanctification personnelle, par la pénitence. Il se dégage ici une autre prise de conscience du péché grâce au réveil intérieur, au changement, en vue d'une vie nouvelle. James Lyon fait un rapprochement d'un passage célèbre des écrits johanniques à la nouvelle conception théologique du Piétisme. C'est ainsi qu'à l'instar de Jn 4, 23 qui dit : « Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande », le Piétisme préconisera une théologie du « coeur » face à la raison de l'Aufklärung. Le « cantique doctrinal » (Lehrlied) disparaît en même temps que le chant liturgique dépérit. La musique domestique, pour chaque jour et chaque moment de la vie ordinaire, se développe considérablement. Le Psalmlied est particulièrement valorisé.135(*)

    Il faut conclure avec cette imposante généalogie hymnologique de chants de recueils.

    6) Conclusion de la recension

    Nous venons de rendre, dans les lignes qui précèdent, l'essentiel de l'histoire de la création des cantiques et recueils protestants depuis la Réforme selon ce que nous avons puisé dans le guide de James Lyon. Ce guide structuré en cinq chapitres chronologiques nous a éclairé sur le lien analogique et chronologique dans la production des chants de recueils. L'auteur a laissé voir l'apport des poètes, des mélodistes et surtout des théologiens dans ce travail l'époque de Luther.

    Selon James Lyon, l'élaboration et la production des chants protestants ne peuvent pas se comprendre ni s'expliquer, pour une meilleure interprétation, en dehors de leurs divers contextes historique, psychologique, religieux, sociologique et surtout théologique. C'est autrement affirmer que, derrière chaque cantique, existe une histoire. Cette histoire a des liens psychologique (individuel ou collectif) où les sentiments tiennent une densité importante, religieux (individuel ou collectif) où les rapports entre l'humain et un pouvoir surnaturel dominent, sociologique où les faits sociaux sont pris en compte et théologique où la vie individuelle ou collective est comprise par la voie des textes sacrés, en l'occurrence la Bible en ce qui concerne la présente étude.

    Les chapitres parcourus présentent une indication éloquente de l'herméneutique des formes poético-théologiques en typologies variées, assortie des oeuvres des auteurs qui ont accompagné la Réforme à travers les siècles. Mais qu'en est-il des typologies relevées dans cette lecture de la marche en avant de la Réforme ?

    1.2.1.3 Les chants de recueils et les typologies exploitées

    Les chants de recueils protestants depuis la Réforme exploitent, dans ses cantiques élaborés, les typologies bibliques générales. Dans les lignes qui suivent, nous allons tenter de prendre en compte, et de manière générale, les indications que James Lyon nous donne à partir de son guide de sources hymnologiques des mélodies, des textes et des théologies lequel guide se trouve être un des documents de base pour les questions de recherche hymnologique aujourd'hui.

    D'aucuns savent que des nombreuses typologies ont été au centre de la musique d'église à la Réforme protestante. Pour cette étude, on peut retenir, à partir de l'index typologique générale136(*) que nous présente James Lyon,  les quelques hypodigmes de thèmes des cantiques qui suivent:

    1. Cantique (d'après les Psaumes  37 ; 5 ; 137 ; 147 ; 14 ; 23 ; 42 ; 67 ; 149), cantique céleste ( d'après l'Apocalypse 14, 13 -14), cantique chrétien de combat et de la victoire, cantique d'action de grâces après la sainte cène, cantique d'action de grâces après le repas ( d'après Ps. 147), cantique d'action après le repas (d'après le Psaume 43, 5), cantique d'invocation dans la détresse générale ( d'après le second livre des Chroniques 20, 12), cantique d'affliction et de consolation, cantique (d'après l'Ecclésiaste 1, 2), cantique d'invocation pour la paix, cantique de baptême (d'après Matthieu 3, 13), cantique de confession, cantique de confiance ( d'après les Psaumes : Ps. 42, 6, Ps. 43, 5, Ps. 84, 13), cantique de confiance et de consolation.137(*)

    2. Cantique de consolation par la foi, cantique de consolation pour le temps de la guerre ou des tourments de l'Église chrétienne, cantique de consolation et sur la mort, cantique de foi et de consolation, cantique de foi et de justification, cantique de l'amour envers Jésus, cantique de l'amour pour Jésus, cantique de l'ange, cantique de l'Ascension (d'après le Psaume 47, 6-7, par exemple), cantique de l'Avent (d'après Zacharie 9, 9), cantique de l'Église chrétienne (d'après le Psaume 124 et d'après Esaïe 49, 14-16), cantique de l'ensevelissement du Christ, cantique de l'Epiphanie, cantique de l'état de grâce des croyants, cantique de la conduite chrétienne selon les béatitudes du Sermon sur la Montagne, cantique de la croix et de consolation ( d'après Psaume 31, 86 , 121 et d'après Jacques 5, 13-14)138(*).

    3. Cantique de la détresse générale selon Genèse 18, 23-32, cantique de la fidélité chrétienne, cantique de la foi chrétienne, cantique de la joie dans le Seigneur, cantique de la justification, cantique de la Parole de Dieu ( ou de l'Église chrétienne, cantique de la Passion et chant pour communion, cantique de la patience et de l'abandon, cantique de la Réforme invoquant le Christ, cantique de la Réforme invoquant le Christ, cantique de la Réforme sur la justification (d'après Romains 3, 28), cantique de la Réforme sur la Parole de Dieu ou cantique de la Passion, cantique pour le Vendredi- saint, cantique de Pâques, cantique de la Réforme , prière de la pensée et du comportement chrétiens, cantique de la Résurrection, cantique de la cène, cantique de la « vie cachée des croyants » (selon Col 3, 3-4), cantique de la vigilance spirituelle (selon Matthieu 26, 41), cantique de louange d'action de grâces ou cantique de table, cantique de louange (d'après le Ps 103, Deutéronome 32, 3, Psaume 150 et Siracide 50, 24-26), cantique de Noël (d'après l'Évangile de Luc 2, 9-20).139(*)

    4. Cantique de pénitence (d'après le Psaume 6, Psaume 51, Psaume 130, Ezéchiel 33, 11), cantique de Pentecôte, cantique de prière au nom de Jésus pour l'Évangile du dimanche Rogate (selon Jean 16, 23-30), cantique de Siméon pour la purification de Marie, cantique de table, cantique de table sur le Psaume 136, cantique de vocation, cantique de voyage, cantique domestique, cantique du ciel, cantique du combat chrétien, cantique du combat chrétien et de la victoire, cantique du comportement et de l'esprit chrétiens, cantique du jugement dernier ( d'après Matthieu 24), cantique du matin, cantique du retour du Christ (selon Matthieu 25, 1 -13), cantique du soir ( à chanter après la cène), cantique en forme de prière générale, cantique pour Jésus (d'après le Cantique de Cantiques 2, 16 et 6, 2 ), cantique pour la Nouvelle année, cantique selon les commandements de Dieu, cantique sur l'enfer, cantique sur l'envoi du Saint-Esprit, cantique sur la course de la mort ( d'après 1 Rois 19, 4), ( mort de Siméon d'après Luc 2, 29 -32 ), cantique sur la mort ou l'Eternité, cantique sur la Trinité ou chant du soir, cantique sur la vanité de l'existence humaine (selon l'Ecclésiastique 40, 1 -4 ), cantique sur le désaveu du monde, cantique sur le gouvernement du monde, cantique sur le Notre Père, cantique sur les souffrances temporelles de la croix, chant de Noël, chant de Pâques, Credo, Kyrie de Noël et Te Deum ( allemands)140(*) pour ne citer que ceux-là.

    En somme, les cantiques de recueils protestants ont, dans leur conception et production été très prolifiques en typologies. Depuis de l'aube de la Réforme, Luther qui fournit un grand effort pour que la théologie accompagnât la marche de la musique d'église. Toutes les typologies évoquées ci-dessus ont véhiculé le message du salut et ont réglementé l'accompagnement liturgique et hymnique de cultes protestants.

    1.2.1.4 Répertoire hymnologique protestant

    Le XVe siècle, par rapport à la Réforme, est marqué, on le sait, par la traduction de la Bible en langues vernaculaires, par les paraphrases strophiques, versifiées et rimées des 150 Psaumes et par les débuts du choral allemand (Kirchenlied). Mais en voulant parler du répertoire hymnologique protestant, il faut reconnaître à la fois que cette hymnologie, après le XVe siècle, c'est-à-dire entre les XVI-XVIIe siècles, était de deux langues : la langue française et la langue allemande. Selon, Edith Weber, le répertoire en langue française sera freiné dans son élan par les événements historiques, tandis que le répertoire allemand évoluera largement.141(*) Cela s'observe depuis 1524 où les Réformateurs, les poètes, les musiciens, en Allemagne, en Alsace et en Suisse alémanique, déploieront une intense activité, avec la publication du recueil Acht Liederbuch (huit textes, quatre mélodies), de l'Enchiridion d'Erfurt, des recueils polyphoniques de Wittenberg, puis des Gesangbücher réalisés dans différents centres : Nuremberg, Augsbourg, Strasbourg, ainsi que la Formula Missae et Communionis (1523) et la Deutsche Messe (1526)142(*).

    Si du côté allemand, il y a eu des avancées, du côté français le Psaume ne commencera que modestement en 1539. Mais, comme le souligne Weber, il y avait une préoccupation fondamentale à relever par rapport au répertoire hymnologique143(*). A ce sujet, et en vue de doter rapidement la nouvelle Église d'un répertoire protestant des chants fonctionnels en allemand, en français et en néerlandais les Réformateurs de langue allemande et, particulièrement : Martin Luther (1483-1546) à Wittenberg, Martin Bucer (1491-1551) à Strasbourg, ainsi que Wolfgang Fabricius Capiton (1478-1541), Caspar Hédion (1494/1495-1552), Matthias Zell (1477-1548), en Alsace ; Huldrych Zwingli (1484-1531) à Zurich, et ceux de langue française- surtout Jean Calvin (1509-1564) à Genève ; Guillaume Farel (1489-1565), puis Pierre Viret (1511-1571) à Lausanne- seront confrontés à trois problèmes hymnologiques fondamentales, à savoir144(*) :

    1. problème d'ordre littéraire : trouver des poètes capables de créer des paraphrases de psaumes proches du texte biblique, strophiques et rimées ;

    2. problème d'ordre musical : trouver des musiciens (mélodistes) pour créer des mélodies intelligibles, « chantables » par l'assistance au culte, sur un rythme simple, traitées syllabiquement et dans le respect de la prosodie verbale et musicale, faciles à retenir par coeur ;

    3. problème d'ordre psychologique : ne pas dépayser les fidèles qui ne participent pas activement au chant et étaient habitués au répertoire grégorien interprété par la Schola ou par des chantres.

    La solution à cette triple préoccupation consistera à exploiter, arranger et adapter aux idées nouvelles le fonds littéraire et musical existant, puis à créer des paroles et mélodies originales.145(*) C'est de cet effort que se forgera le répertoire protestant en général. Ainsi, on comptera, selon les langues de foyers de la Réforme, le répertoire hymnologique de langue allemande et celui de langue française. Nous commencerons par aborder, arbitrairement le dernier cité.

    1.2.1.5 Répertoire hymnologique de langue française

    Le répertoire hymnologique protestant de langue française semble reposer principalement sur le Psautier. Edith Weber, à ce sujet, écrit que le répertoire des Psaumes huguenots a été constitué progressivement à partir de 1539 par Jean Calvin. Cette date donnée au recueil expérimental Aulcuns Pseaulmes et cantiques mys en chant, publié à Strasbourg à l'initiative de Jean Calvin (1509-1564), coïncide avec son séjour de refuge dans la capitale alsacienne en 1538. L'histoire veut que ce soit pendant son séjour à Strasbourg que Calvin s'initiera à la liturgie et au chant grâce à ses rencontres avec les réformateurs locaux en occurrence Martin Bucer, W.F.Capiton, M.Zell, S. Pilio. Il prit aussi connaissance de l'hymnologie, de la liturgie et des chants élaborés par les musiciens strasbourgeois.146(*) Parmi ceux que nous pouvons qualifier des pionniers, Edith Weber reprend les noms de147(*) :

    1. Wolfgang Dachstein (v.1487-1559), dominicain, organiste de la cathédrale de Strasbourg dès 1520, puis à l'église saint-Thomas en 1524 ; il a collaboré de l'Ordonnance ecclésiastique strasbourgeoise. Celui-ci retournera plus tard au Catholicisme.

    2. Matthias Greiter (1490-1550), dominicain, cantor à la cathédrale, prédicateur, collaborateur musical des Réformateurs, professeur de musique à la Schola argentinensis, créateur de mélodies et de chants liturgiques, comme le Kyrie et du Gloria strasbourgeois de 1524.

    3. Johann Englisch (Endlich) (1502-1577), qui a enseigné à Strasbourg, a été vicaire à la cathédrale, s'est rallié à Martin Bucer dont il critiquait le luthéranisme trop strict.

    4. Konrad Hubert (1507-1577), élève d'Oekolampade, vicaire et pasteur à bourgeoise de 1560 et 1572.

    On comprendra que l'histoire du répertoire hymnologique protestant en langue française, par ses pionniers, retient dans son parcours plusieurs actes. Dans cette étude, nous retiendrons quelques-uns, à savoir :

    1. Le premier acte de la constitution du Psautier s'est joué en Suisse et en Alsace où Jean Calvin en 1536, séjournait. A Bâle il remarqua avec joie que les fidèles chantaient en allemand, et non plus en latin. Vers 1537, avec Guillaume Farel (1489-1565), il préconisa le chant de l'assemblée qui devra participer activement au culte. Entre 1538 et 1541, à Strasbourg, il prit le modèle sur les usages locaux. Les mélodies de son recueil de 1539 seront importées en Suisse avec Calvin lui-même qui venait de quitter Strasbourg pour la Suisse en 1541148(*).

    2. Le deuxième acte a eu lieu à Genève, où Calvin se rendit. En 1542, il fit paraître son La forme des pierres et chantz ecclésiastiques auec la maniere d'administrer les Sacrements & consacrer le Mariage : selon la coutume de l'Église ancienne. Vers la fin de la même année, Clément Marot se réfugiera à Genève et commencera à versifier des Psaumes nouveaux. Il mourut en Turin en 1544, après avoir paraphrasé 49 Psaumes et le Cantique de Siméon. En 1547, paraîtront à Lyon 50 Psaumes de Loys Bourgeois « en contrepoint égal consonant au verbe ».149(*)

    3. Le troisième acte se passera en Suisse, à Genève et Lausanne, où Théodore de Bèze arrivera en 1550. Calvin, séjournant alors à Genève, lui demanda de paraphraser les Psaumes restants. Avec les 49 Psaumes de Marot et les 34 Psaumes terminés par Théodore de Bèze, le Psautier contiendra alors 83 Psaumes qui en 1551, paraîtront à Genève, avec les mélodies nouvelles de Loys Bourgeois. C'est seulement en 1562 que le Psautier complet avec ses 150 Psaumes paraphrasés en langue française sera édité à Genève.150(*)

    Il serait avantageux de relever avec Edith Weber qu'un entracte se produisit à Lausanne. C'est là où s'était constitué un Psautier avec des mélodies différentes de celles de Genève (oeuvre de Clément Marot et Théodore de Bèze élaborée sur les mélodies des huguenots), et cela dans l'entourage de Pierre Viret (1511-1571), disciple de Guillaume Farel (1489-1565). Avec Viret, les mélodies proviendront de trois sources principales, à savoir :

    1. Emprunt au répertoire catholique existant. Weber affirme que cela se justifie par le fait que l'hymnologie protestante était à la recherche d'un idiome musical fonctionnel et de « ses » musiciens qui devraient d'abord être des arrangeurs et des adaptateurs, avant d'être des créateurs. C'est ainsi qu'on a pu avoir, sous la plume de Calvin, Maintenant Seigneur Dieu as donné en moy lieu...(1539) du célèbre Cantique de Siméon, Nunc dimittis (Lc 2, 19-32) et pourtant dans la version de Clément Marot (1543), on avait O laisse, Créateur, en paix ton serviteur. Le Psaume LXXX, O Pasteur d'Israël escoute (Théodore de Bèze), provenant du Psaume Quis regit Israel, qui se chantait sur la mélodie de la séquence attribuée à Wipo : Victimae Paschali laudes.151(*)

    1. Emprunt au répertoire profane existant, qui se justifiait par le fait que les fidèles connaissaient bien les mélodies de certaines chansons populaires. Ici on peut citer Clément Marot (comme Claude Goudimel) qui exploitera pour le Psaume 138 : Il faut que tous mes esprits, les mélodies de Quand vous voudrez faire une amye..., Une pastourelle gentille, publiées chez Attaingnant en 1529-1530.

    2. Compositions originales qui, selon les recherches récentes de Pierre Pidoux, cité par Weber, sont dues à : Loys Bourgeois (v.1510-apr 1561), successeur de Guillaume Franc comme cantor à Saint-Pierre ; Pierre Davantès (Antisignatus) (v. 1525-1561), qui (v. 1515-1570), né à Rouen, musicien à Paris, professeur de musique à Genève, cantor à Saint-Pierre de Genève, collaborateur de musical de Jean Calvin et cantor à Lausanne. Il faut noter que leurs différentes mélodies ont été traitées par de nombreux compositeurs qui les harmonisèrent à trois, quatre voix (et davantage) en style fonctionnel destiné au culte entre les XVIe et XVIIe siècles.

    On sait aujourd'hui que ces diverses sources ont beaucoup influé sur l'élaboration mieux sur la production des cantiques protestants qu'on mettra plus tard dans les recueils selon le répertoire choisi. L'imprimerie aidant, depuis le XVIe siècle, de nombreux recueils de chants d'Église, d'abord modestes, puis de plus en plus étoffés, ont paru, servi à la diffusion des idées de Réformateurs. Ils ont été adaptés par la suite à l'esprit du temps, selon les diverses sensibilités religieuses, et mis à la disposition des pasteurs, prédicateurs, organistes, maîtres de chapelle et cantors, ainsi que des fidèles.

    Ces recueils protestants (Gesangbücher, Hymnals, Songbooks) contiennent beaucoup souvent des chants (textes et mélodies) destinés à la liturgie du culte et cela avec des répons (pour les Luthériens), chants spontanés (pour les Réformés). Ils sont aussi valables pour l'usage du culte individuel et domestique dans l'exercice de la piété individuelle et quotidienne. En plus de chants, ils comprennent des prières, méditations et textes dogmatiques, textes catéchétiques, une (ou plusieurs) versions (s) de la Confession de Foi (Credo), conformément aux tendances, à l'histoire des mentalités religieuses à l'époque en cause152(*). C'est ainsi que les recueils réformés et calvinistes commenceront toujours par des Psaumes. Car les Psaumes sont considérés comme identité musicale et réalité spirituelle depuis leur introduction en langues vernaculaires lors de la Réforme, à partir de 1539153(*) avec Jean Calvin et les autres.

    S'il faut dresser un index typologique du répertoire hymnologique protestant en usage en langue française pour la France, Belgique, Suisse romande et Afrique francophone, cela doit se réaliser par l'énumération des principaux recueils français des Réformés (Luthériens et des Calvinistes) mais aussi des Evangéliques, en particulier les Baptistes. Pour ce faire, la liste que nous propose Edith Weber peut donner quelques indications154(*) :

    1. Louange et Prière (LP) à une voix (1939) et à 4 voix (1958, comprenant Psaumes, chorals, cantiques, répons liturgiques adoptés par les Églises évangéliques de France et de Belgique, Paris, Delachaux & Niestlé. Aujourd'hui, en Afrique, on peut encore trouver quelques exemplaires près des Églises luthériennes.

    2. Carnet de chants, 1977, 1981, Valence, Réveil, regroupés sous le titre : Arc-en-ciel (Arc). Un recueil de chants au service de toutes les Églises, Valence, Réveil (Service de publication de l'Église réformée en Centre-Alpes-Rhône), 1988. Cette édition est à plusieurs voix entièrement refondue et considérablement augmenté.

    3. Psaumes, cantiques et textes (PC) pour le culte à l'usage des Églises réformées suisses de langue française. Recueil à 4 voix, Lausanne, Fondation des Églises protestantes romandes, 1976.

    4. Nos coeurs te chantent (NCTC). Recueil à l'usage des Églises de la Fédération protestante de France, Paris, Fédération protestante de France, Strasbourg, Ed. Oberlin, 1979.

    5. Le Psautier français. Les 150 Psaumes versifiés en français contemporain. Mélodies originales du XVIe siècle harmonisées à quatre voix, Lyon, Réveil Publications, 1995 (avec des paroles nouvelles de Roger Chapal).

    Tandis que pour les Evangéliques, il va falloir énumérer les recueils comme ceux de :

    6. Sur les Ailes de la Foi, Nogent-sur-Marne, Ed. de l'Institut biblique de Nogent-sur-Marne, la première édition en 1924, la dernière en 2000.

    7. J'aime l'Eternel, Jeunesse en Mission, France, Saint-Paul-Trois-Châteaux, 1/1974, 10 éd., 2è vol. Très large diffusion dans le monde francophone.

    8. Dans la présence du Seigneur, Montpellier, Harmonie-Association socioculturelle, 1985, destiné aux Assemblées de Dieu, Églises évangéliques, Églises apostoliques.

    9. A toi la Gloire, Nogent-sur-Marne, Ed. de l'Institut biblique de Nogent-sur-Marne, 1988, rééd. 2001, pour les Églises évangéliques d'Europe et d'Afrique francophones.

    1.2.1.6 Répertoire hymnologique de langue allemande

    En plus de ce que nous avons pu relever dans le parcours de l'hymnologie protestante depuis la Réforme jusqu'au Siècle des lumières, on peut simplement réaffirmer que l'historique de l'hymnologie mieux du répertoire hymnologique protestant en langue allemande se forge sur deux fondamentaux : le corpus des textes avec ses quatre sources et les mélodies avec ses trois sources. Le corpus des textes allemands est le fruit de quatre sources poétiques, à savoir155(*) : sources bibliques (notamment les Psaumes), sources dogmatiques (Dix Commandements...), sources grégoriennes (Hymnes, Te Deum, Veni Creator Spiritus...), sources médiévales (chants bilingues allemands et latins, Tenorlied hérité). Les trois sources des mélodies sont généralement156(*) : emprunts au répertoire catholique existant et aux hymnes du plain-chant, par exemple : Veni Redemptor gentium / Nun komm der Heiden Heiland..., ; emprunts au répertoire profane existant ( Tenorlied : chant dont la mélodie (cantus firmus) est exposée en valeurs longues au ténor), comme, par exemple, la chanson de Heinrich Isaac, Innsbruck, ich muss dich lassen, qui est devenue successivement, avec une connotation, avec une connotation religieuse : O Welt, ich muss lassen / O Welt, sieh hier dein Leben am Stamm des Kreuzes schweben (choral pour le temps de la Passion) et qui servira pour le choral O Mensch bewein dein Sünde gross...

    Selon Weber, les créations originales faites de ces mélodies se manifesteront d'abord en Alsace, et essentiellement en Allemagne, à partir de la deuxième génération de musiciens (entre 1550 et 1600). Du côté de Strasbourg, la tradition étant monodique, le chantre strasbourgeois Matthias Greiter (v. 1490-1539), est donc le « mélodiste » des premières versions allemandes de Psaumes dotées de mélodies originales. C'est ainsi que le Psaume 119 (118), Beati immaculati, deviendra, en sa paraphrase allemande, Es sind doch selig alle die.157(*)

    Les efforts de strasbourgeois réformateurs et ceux de trois générations des musiciens allant de Martin Luther avec Johann Walter (1496-1570) et les autres qui assurent le lien avec la deuxième génération de 1550 à 1600 avec Johann Eccard (1553-1611), Bartholomäus Gesius ( 1560-1613) , Melchior Vulpius ( 1570-1615) Michael Praetorius (v.1571-1621), Lukas Osiander, Hans Leo von Hassler (1564-1612) et la troisième génération qui règnera sur le XVIIe siècle avec le groupe de Johann Crüger (1598-1662) et les autres qui exploitèrent les textes bien connus de Paul Gerhardt. Il faudra ne pas oublier de mentionner les trois « S » de la musique allemande : Heinrich Schütz (1585-1672), Johann Hermann Schein (1586-1630) et Samuel Scheidt (1587-1654) mais aussi les efforts de Johann Rosenmüller (v. 1619-1684) et Andreas Hammerschmidt (1611-1675).158(*)

    Ces trois générations de musiciens allemands assurèrent la transition vers l'oeuvre monumentale de Johann Sebastian Bach (1685-1750). Ils ont contribué à faire du choral l'identité musicale des luthériens. Ils ont été, tour à tour, adaptateurs et arrangeurs, puis harmonisateurs et créateurs de mélodies, et, enfin, compositeurs de très haute qualité qui ont pu amener le choral à son apogée, à la fois comme forme liturgique et comme principe structurel159(*).

    Il sied d'indiquer que le répertoire allemand se souvient de l'héritage littéraire et musical des Pères de l'Église, ainsi que du Moyen Age. Cet acquis va s'élargir en s'inspirant de l'esprit des chants populaires, plusieurs thèmes seront traités : Psaumes, chorals sur des sujets d'inspiration bibliques, chants de confession de foi exprimée collectivement, chants didactiques (dogmes, Catéchisme), chants christocentriques, chants destinés au culte, prières, chants combatifs, par exemple celui du Psaumes 46 dans la paraphrase allemande du Deus noster refugium... : Ein feste Burg ist unser Gott de Martin Luther160(*).

    Ce répertoire bien qu'interprété à une voix sans accompagnement, il a l'avantage d'être présent dans les grandes villes où les élèves des écoles humanistes, latines et allemandes le chantent dans les Kantorei (choeur) avec des versions polyphoniques. Le choral est présent à l'école, à l'église et à la maison.161(*)

    Pour ce qui est de typologie des recueils en usage, les allemands privilégient les chorals, apanage de l'hymnologie luthérienne depuis 1524. Weber comme nombre des musicologues affirment que les musiciens de la Réforme y sont largement représentés, ainsi que les poètes (du XVIe siècle jusqu'à nos jours) :

    1. Evangelisches Kirchengesangbuch (EKG), Stammausgabe, Kassel, Bärenreiter, 1950. C'est une édition courante. En Allemagne on y trouve des éditions régionales, à une voix comme le cas avec l'Église évangélique de Berlin-Brandebourg.

    2. Recueil de Cantiques- Gesangbuch de l'Église de la Confession d'Augsbourg en Alsace et en Lorraine, Strasbourg, Union d'Entraide et de Solidarité des Membres de l'Église de la Confession d'Ausbourg d'Alsace et de Lorraine, 1/1952, 4/1961. Cette édition contient 18 chants liturgiques en français et 50 Psaumes et cantiques en français. La seconde partie comprend 555 numéros en langue allemande.

    3. Evangelisches Gesangbuch (EG), Leipzig, 1/ Stammausgabe, 1993; Leipzig, Evangelische Verlagsanstalt, 1994. Ausgabe für die Evangelisch-Lutherische Landeskirche sachesens. Nord-Elbe, 1995; Bade-Alsace, 1995.

    En Allemagne, comme le souligne l'auteur, chaque région et chaque confession possèdent leur recueil propre avec un fonds commun aux luthériens, et quelques chants locaux très connus. De plus, ces volumes sont accompagnés de manuels et ouvrage spécialisés avec tous les renseignements concernant les poètes, les musiciens et d'une manière générale, les sources textuelles et mélodiques et les éléments précis de datation rédigés par des spécialistes, très au courant du dernier état de la question.162(*) Ceci pour éviter de rallier la fausseté de renseignements qui pourtant peuvent être vrais dans l'espace mais déjà dépassés dans le temps.

    1.2.1.7 Structure et contenu thématique

    La présentation claire de la structure et du contenu thématique des recueils dès la conception, offre, en principe, aux usagers une très remarquable facilité dans le choix de chants pour les temps liturgiques, pour le déroulement de l'année ecclésiastique, pour des jours particuliers, pour les cultes en complément de la liturgie, des lectures bibliques, du sermon et des prières, pour des circonstances de la vie de l'Église et du chrétien qu'illustrent, entre autres, les recueils protestants. De manière générale, les recueils protestants de langue française ou allemande ont en commun la structure et le contenu thématique. Si on peut rencontrer quelques différences dans la structure et le contenu thématique, cela ne peut qu'être motivé par le souci d'une quelconque particularité voulue par celles et ceux qui l'élaborent, les éditeurs.

    Ayant pour fondement la parole de Dieu, spécialement les Psaumes d'Israël, les textes sacrés de Pères de l'Église et des Réformateurs...les recueils protestants, dans leur structure, consacrent une place importante aux Psaumes, aux chorals et cantiques soigneusement repartis en des rubriques différentes comme pour adoration, louange de la Trinité et l'action de grâce. L'Année chrétienne avec les Temps liturgiques, l'Église par rapport aux différentes étapes du culte, prière, Parole de Dieu ; les Actes pastoraux comme le baptême, la Sainte Cène ; la Vie chrétienne ou Vie spirituelle (repentance, pardon, justification, conversion, foi, amour fraternel, unité chrétienne, service, mort, espérance ; nouvelle année, le matin, le soir ; chants pour les réunions familières, ecclésiastiques, ; chants de deuils et de fêtes ; chants à l'heure d'épreuve, de confiance, de service, de Confession de foi, de reconnaissance, catéchèse ; chants pour adultes, chants pour enfants, chants de mariage, chants de dédicace d'enfant, de temple, chants d'évangélisation, chants d'envoi, chants de doxologie, chants avant et après le repas, chant de sacrement, chants de Réforme ; textes liturgiques, des répons, ainsi que des chants divers.

    Il faut reconnaître que tous les recueils ne commencent pas nécessairement avec les Psaumes (comme c'est le cas avec les luthériens de nos jours)163(*). Ils peuvent se présenter autrement. Ils sont très souvent édités, en principe, par des théologiens, des hymnologues, de très haute compétence. Ils comprennent en plus des chants, de précieux textes bibliques proposés pour lecture (généralement, Évangiles, Epîtres, Psaumes appropriés en liaison avec les récits bibliques correspondants), prières, ainsi que de judicieuses remarques à propos du calendrier liturgique, de l'histoire du chant d'Église à travers les siècles, des poètes, mélodistes et compositeurs et d'utiles tables analytiques164(*). Deux remarques sont à faire : Les recueils, en principe, ne peuvent pas s'éditer sans qu'ils ne tiennent compte des sources et du tout dernier état de la question. Bien que cela, ils sont toujours influencés par des diverses tendances idéologiques et mouvements d'idées au cours des siècles165(*).

    1.2.1.8 Ses pionniers

    Ainsi, on se souviendra que l'hymnologie protestante a créé et conservé le choral protestant dès 1517 par Martin Luther et ses collaborateurs. Luther dans son ecclésiologie réserva une large place à la musique de cette forme. "Cette forme deviendra progressivement un principe structurel et restera jusqu'à nos jours l'apanage de la musique protestante. Il nous sera un peu difficile de lister les pionniers de l'hymnologie protestante. Si on peut trouver un point de départ à partir de Luther, comme l'indique les études de James Lyon, chaque siècle a connu ses pionniers166(*). Toutefois, au XVIe siècle, la Réforme religieuse qui est suivie de la Réforme scolaire167(*) a vu l'apprentissage de la musique être assuré par les maîtrises en vue de la diffusion de la liturgie. Dans cette forme J. S. Bach, qui, disposant de 5000 chorals protestants appropriés à toutes les fêtes et évoquant les principes fondamentaux de la foi protestante, est une figure de proue. L'hymnologie protestante a créé et a su imposer, pour le culte, l'harmonisation de chant à 4 voix dans une structure strophique, note contre note. De manière particulière, celle de langue française s'est beaucoup plus penchée sur les psaumes davidiques dans un travail d'adaptation et d'harmonisation de mélodies. Le psaume, destiné au culte, est syllabique et strophique. Ici, les paraphrases françaises, des psaumes davidiques sont l'oeuvre de Théodore de Bèze, Clément Marot, Jean Calvin (pour le recueil de 1539). Retenons aussi Loys Bourgeois qui composa quelques mélodies des psaumes pour les textes de Bèze et Marot. L'hymnologie protestante, à travers les siècles, est l'apanage de recueils pour lutter contre le chanter par coeur.

    Selon Louis Emery deux figures de proue s'imposent dans cette rubrique. Il le fait quand il écrit par rapport à l'hymnologie protestante qu'au cours de siècles, elle n'a pas manqué à avoir ses hauts et ses bas. Toutefois, elle a réussi à susciter un foisonnement littéraire sur cette matière. Il écrit :

    [...] entre autres par l'éclosion d'une abondante littérature d'édification et par une nouvelle floraison de chants religieux, où l'expression de la piété personnelle du poète prend une plus large place, mais tombe parfois dans une sentimentalité et une familiarité de mauvais goût. La musique religieuse protestante atteint le plus haut point de perfection dans les chorales et les morceaux d'orgue de Jean Sébastien Bach (1685-1750) et dans les oratorios bibliques de Händel (1684 - 1749), qui vécut surtout en Angleterre.168(*)

    Ces deux génies de l'hymnologie protestante la plus haute en couleur s'imposent de par leurs travaux jusqu'aujourd'hui. Et leur force se prouve même aussi bien dans leurs hymnographies que dans leurs hymnologies. Leur histoire semble étonnante. Le destin a voulu que G.F.Händel naisse et meurt une année avant J.S. Bach, et cela après avoir rempli leur mission : celle de donner une contribution protestante de haute facture à l'hymnologie et l'hymnographie chrétienne universelle. Car leurs oeuvres dépassent les barrières humaines et les immortalisent.

    1.3 Conclusion partielle

    Comme on peut le remarquer, jusqu'ici nous nous sommes penché sur l'historique, à travers les siècles, de l'hymnologie protestante à partir de la Réforme du XVIe siècle. C'est la quête d'une compréhension adéquate de la production hymnologique, dans ses différents contextes et typologies et par différents poètes et auteurs, qui nous animait dans cette partie de notre étude. La Réforme, on l'a dit, avait procédé à "la campagne d'épuration, en condamnant la trop grande complexité des mots et de la polyphonie [....]. On voulut à juste titre que les textes saints soient intelligibles pour tous les fidèles [...]". 169(*) C'est ainsi que nonobstant la diversité de formes musicales (comme air, cantique, chanson polyphonique, choral, psaume, récitatif...) l'effort était convergé sur la recherche de solutions à la problématique du texte qui devra être intelligible pour tous les fidèles. Sans vouloir nous lancer dans le débat des experts en hymnologie ou en musicologie pour les rejoindre, ou mieux, nous adjoindre à leurs contradictions réciproques, nous avons rappelé que l'hymnologie protestante a su créer et conserver une certaine dignité. Elle a provoqué avec le cantique, une extraordinaire extension en XVIe siècle suscitant ainsi la Contre-réforme du catholicisme dans le domaine du chant qui s'est vu épanoui dans la littérature de noëls, odes et cantiques spirituels en vue d'abolir dans le monde les chansons profanes et déshonnêtes.170(*) L'hymnologie protestante a servi aussi de véhicule de grands thèmes théologiques qui ont été soulevé à différentes périodes171(*) comme ceux de La Réforme (1517-1562), l'Orthodoxie et la mystique (1562-1618), la Guerre de Trente Ans (1618-1648), Le Temps des Mutations (1648-1685), les Piétismes et l'Aufklärung (1685-1750). Nous nous sommes préoccupé de jeter un regard interrogateur sur la quiddité de ce qu'on entendait par l'hymnologie protestante car c'est elle qui, naturellement, contient le chant et les recueils de chants protestants. Nous avons tenté de relever ses principaux traits caractéristiques et avons suivi son parcours historique depuis la Réforme du XVIe siècle. Dans cette démarche, les ouvrages d'Edith Weber et de James Lyon sur l'hymnologie nous ont été d'un appui considérable en documents de base pour le saisissement de la quiddité de l'hymnologie protestante. Mais il nous est aussi arrivé, quelque fois, par souci de contextualité, de visiter nos précédentes études dans lesquelles nous avons eu à évoquer, peut-être de manière divergente ou convergente les questions hymnologiques dans la liturgie du culte protestant.

    Retenons, dans ce chapitre, la manifeste inséparabilité du chant au culte protestant. Un lien s'est vu tisser entre le chant d'assemblée, désormais marqué par le « Nous » (Wir) communautaire (contrairement au règne de « Je » (Ich) qui avait prédominé quelques temps avant), et le chant polyphonique destiné à la Cantorei et à la formation scolaire. A la suite de Martin Luther (1483-1546), la plupart des auteurs aussi ont valorisé les psaumes. La Bible, dans son entièreté, est exploitée, autant les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament, dans les textes des chants. L'éclairage théologique s'est désormais fondé uniquement sur la christologie dont les aspects premiers concernent l'incarnation, la tentation la Parole, le mystère, l'action, la Passion et la Résurrection du Christ.

    Il va falloir maintenant dans les lignes qui suivent, examiner la quiddité du culte protestant, comme lieu ou moment pendant lequel le peuple de Dieu en prière entonne les cantiques de louange et d'adoration en l'honneur de son Nom glorieux.

    CHAPITRE DEUXIEME : QUIDDITE ET CARACTERISTIQUES DU CULTE PROTESTANT

    Ce deuxième chapitre est celui qui nous conduit à la quête d'une compréhension adéquate de ce qu'est le culte protestant. Après avoir parcouru l'histoire de la création et la production des chants de l'assemblé pendant les périodes et sur les principaux territoires de la Réforme, à présent notre but est de nous rappeler l'autre histoire. C'est celle du protestantisme et ses quelques traits caractéristiques. Nous le ferons aux fins de nous préparer à mieux aborder le questionnement de la place réservée aux chants traditionnels protestants dans le culte d'aujourd'hui à Kinshasa. Sans trop nous appesantir là-dessus, nous allons tâcher de retenir les quelques faits marquants et capables de nous rafraîchir la mémoire car nous avons déjà presque évoqué cette histoire (du protestantisme) dans les travaux d'Edith Weber comme ceux de James Lyon172(*). Pour ce travail de rappel sur le protestantisme, à cette partie introductive du chapitre, nous nous appuierons, d'une part aux indications que nous proposent les ouvrages des quelques auteurs qui ont repris dans leurs recherches les questions sur l'histoire du protestantisme et, d'autre part, ce que le condensé biographique que l'Encyclopédie Encarta nous rassemble sur les réformateurs.

    2.1 Survol sur le protestantisme

    Comme l'écrit Robert N'KWIM, il est toujours important de se rappeler une chose importante chaque fois quand on voudrait parler du « Protestantisme » : car dans la généalogie de la Réformation, ce terme était inconnu173(*). Son origine, on se rappellera qu'elle se situe treize ans après la publication des 95 Thèses de Luther, c'est-à-dire en 1529. Ellen G. White et Jacques Courvoisier174(*) sont unanimes pour lier l'origine du « Protestantisme » dans la solennelle protestation de princes allemands gagnés à l'Évangile contre l'attitude de l'Empereur Charles Quint vis-à-vis d'eux parce qu'ils s'estimaient lésés dans leur foi et dans leur souveraineté politique. Dès lors, le protestantisme, devenu une manière d'être, de penser et de faire politique et religieuse des princes, au fil des temps, rappelons-nous, est aujourd'hui l'une des trois principales branches du christianisme, les deux autres étant le catholicisme et l'orthodoxie. Il est né au XVIe siècle d'une volonté de réforme de l'Église d'Occident, qui aboutit à la Réforme protestante et à la séparation des Églises réformées de l'Église catholique. L'objectif affiché des premiers réformateurs était, bien entendu, de revenir à la foi chrétienne des origines, tout en conservant ce qu'ils jugeaient positif de la tradition catholique. Mais faisons observer un fait important. Le mot « protestantisme » procède de l'adjectif « protestant » qui fut collé presque négativement au mouvement des princes lors de la seconde diète impériale de Spire (1529).175(*) Le terme protestant en vint progressivement à désigner toute une Église chrétienne qui n'était ni catholique, ni orthodoxe, ni rattachée à aucune autre tradition chrétienne orientale.176(*)

    Aujourd'hui, par définition, on peut dire avec André Birmelé177(*) que le protestantisme est un ensemble qui englobe les Églises chrétiennes issues directement ou indirectement de la Réforme du XVIe siècle. C'est lors de la 2è diète de spire (1529) que leurs représentants « protestèrent » en faveur de la liberté pour chaque individu de choisir en conscience sa religion. Leurs adversaires les qualifièrent de « protestants », eux-mêmes préférant être appelés « Evangéliques ». Cette appellation n'est devenue comme religion qu'au XVIIe siècle. Le protestantisme (devenu un courant au XIXe siècle) n'est pas une Église et les différentes Églises qui le composent (luthériens, réformés, méthodistes, anabaptistes, baptistes, pentecôtistes,..) ne sont pas toujours en communion entre elles. Les frontières du protestantisme ne sont pas précises et d'autres sectes historiques diverses et contemporaines (témoins de Jéhovah, néo-apostolique, mormon,...) n'en font pas partie. Les auteurs sont unanimes que malgré ses nombreux courants et son pluralisme, le protestantisme est caractérisé par certaines convictions communes178(*) qui sont, entre autres, la priorité au salut, à la justification par la foi seule, la Bible comme seule norme de la vie chrétienne qui tient son sens de son centre Jésus-Christ seul médiateur entre Dieu et les hommes, seule la grâce sauve, l'Église est prise comme la communauté des croyants qui se mettent à l'écoute de la parole de Dieu et célèbrent ensemble les sacrements. Et seuls l'eucharistie et le baptême les sont car institués par Jésus-Christ lui-même. Le protestantisme est persuadé qu'une réforme constante de l'Église est nécessaire. C'est ainsi qu'il se méfie des dimensions institutionnelles179(*) et estime que l'Église doit être gouvernée de manière synodale, collégiale et épiscopale, et que les décisions de ces instances s'imposent à tous ; mais elles pourront et devront constamment être révisées à la lumière du message biblique.180(*)

    Il faut dire que le protestantisme a été aussi étudié comme phénomène de société dès le XVIIIe siècle. C'est ici qu'on cite J.G Herder (1744-1803) qui considère la liberté de conscience et F. Hegel qui ajoute la question de la liberté individuelle comme principe fondamental du protestantisme.181(*) E. Troeltsch (1865-1923), lui estime que le protestantisme a contribué de manière décisive à la constitution des idéaux démocratiques du monde moderne. Et comme le souligne A. Birmelé, selon E. Troeltsch, les racines du néo- protestantisme ne se limitent pas à celles de la Réforme mais elles englobent aussi l'héritage des lumières et de la Révolution française.182(*) En raison de la multitude de ses courants et de ses divisions internes (aux enjeux avant tout ecclésiologiques), le protestantisme a toujours été confronté à la problématique de l'oecuménisme bien qu'il soit lui-même à l'origine du mouvement oecuménique moderne et de la création du Conseil OEcuménique des Églises.183(*)

    Faisons observer que ce que l'on peut appeler « protestantisme congolais » n'est du reste que l'émanation du protestantisme en général (tel que peint dans les lignes qui précèdent), mais localisé et contextualisé par rapport au vécu quotidien des Églises issues de la Réforme au Congo et cela dès l'aube de l'évangélisation missionnaire jusqu'à nos jours. Ce protestantisme affronte aussi dans ses rangs, entre autres, les mêmes combats que le grand protestantisme pris dans sa généralité comme ceux de l'ecclésiologie et de l'oecuménisme.

    Il est nécessaire d'appuyer sur le fait que le protestantisme qui a plusieurs courants en son sein (dont les principaux : les luthériens qui sont aussi appelés évangélistes en Europe, les calvinistes ou réformés, les anabaptistes et les anglicans pour ne citer que ceux- là) a quelque chose de commun entre les courants. Notons qu'en dépit d'importantes divergences, doctrinales et rituelles, tous les courants jusqu'aujourd'hui s'accordent à rejeter l'autorité du pape pour y substituer celle de la Bible et la foi individuelle.

    Au début des années 1990, on comptait environ 436 millions de protestants dans le monde, dont quelque 73 millions d'anglicans, soit à peu près un quart des chrétiens.184(*) Aujourd'hui ces estimations peuvent être revues en hausse vu la stabilité et la dynamique de ses différents courants mais aussi poussée pentecôtiste au sein de branche.

    L'histoire nous apprend que peu avant la Réforme proprement dite, des mouvements dissidents au sein de l'Église du Moyen Âge s'élevèrent contre la corruption des clercs et critiquèrent plusieurs des enseignements catholiques fondamentaux. Retenons quelques temps forts.

    2.1.1 Les précurseurs

    Au XIIe siècle, les vaudois, disciples du marchand lyonnais Pierre Valdo, pratiquèrent un christianisme simple et non corrompu, inspiré de l'Église primitive. Le mouvement se développa surtout en France et en Italie et survécut aux violentes persécutions de la croisade des albigeois. Il faut reconnaitre que beaucoup de vaudois adoptèrent le calvinisme à la suite de la Réforme et subirent de nouvelles persécutions au XVIe siècle peut être à cause de cela. Les massacres d'Avignon et de Mérindol en 1545 en sont des preuves.185(*) En Angleterre, vers 1380 apparut le mouvement des lollards inspiré par le théologien John Wyclif, qui rejetait l'autorité des prélats corrompus ainsi que divers enseignements catholiques traditionnels. Les lollards survécurent aux persécutions et jouèrent un rôle dans la Réforme anglaise.186(*) L'enseignement de Wyclif influença également le réformateur tchèque Jean Huss, dont les adeptes appelés hussites réformèrent l'Église de Bohême et obtinrent une réelle indépendance après le martyr de Jean Huss en 1415 et les guerres qui s'ensuivirent. Beaucoup se convertirent au luthéranisme au XVIe siècle.187(*) On comprend dès lors qu'avant la Réforme du XVIe siècle trois noms sont à retenir comme des précurseurs. Il s'agit de Pierre Valdo déjà au XIIe siècle, John Wyclif au XIVe siècle et Jean Hus au début du XVe siècle. Nous y reviendrons en détail vers la fin de ce chapitre quand nous aurons à citer les quelques personnalités du protestantisme.

    Toutefois une question peut se poser : si ces précurseurs ont préparé le terrain à la Réforme du XVIe siècle, quels ont été les circonstances qui contribuèrent au succès de la reforme au temps de Luther ? Essayons de parcourir l'histoire de la Réforme et d'en dégager les faits qui ont préparé mieux contribuer l'arrivée et au succès de la Réforme. Quel était l'environnement politique, social et religieux avant la Réforme?

    2.1.2 La Réforme

    Plusieurs circonstances historiques contribuent à expliquer le succès de Martin Luther et des réformateurs du XVIe siècle. On cite entre autres : les pouvoirs de l'empereur catholique et du pape diminuaient ; ils étaient surtout préoccupés alors par la menace turque. L'invention de l'imprimerie au XVe siècle facilita la propagation des pamphlets religieux en langues vernaculaires et, notamment en Europe du Nord, favorisa la diffusion de l'enseignement protestant. Mais à notre avis, à la suite de Munayi Muntu- Monji,188(*) on ne doit pas négliger l'apport du nationalisme des princes allemands envers la cause luthérienne. Le nationalisme allemand serait pour beaucoup dans la naissance, le succès, le soutien et la protection de la vie du réformateur allemand : Martin Luther l'allemand.

    On sait aujourd'hui que la situation politique et religieuse de l'Allemagne à la fin du Moyen Age et au début des Temps Modernes est considérée par nombre d'historiens comme catalyseur de la Réforme. Munayi, s'appuyant sur les écrits de P. Labal, peut nous faire observer les faits marquants de cette situation sur le plan politique et sur le plan religieux. Sur le plan politique, retenons que par rapport aux autres nations européennes, en ce qui concernait plus particulièrement la marche vers l'unité nationale, l'Italie exceptée, l'Allemagne accusait un grand retard. Voyons. La France, après la guerre de Cent Ans qui l'avait opposée à l'Angleterre, avait réussi à reconstituer son unité. Ainsi, à la fin du XVe siècle, seule la Bretagne échappait encore à l'union avec le Domaine royal189(*). L'Angleterre, au lendemain de la guerre de Cent Ans, une autre guerre avait opposé deux dynasties : les Lancastres et les Yorks. C'est la guerre de Deux Roses. Cependant, en 1485, Henry Tudor, apparenté aux deux familles, avait réussi à s'imposer et devint roi sous le nom de Henry VII. L'unité du pays fut retrouvée.190(*) La péninsule ibérique, avec le mariage entre Ferdinand, prince d'Aragon, et Isabelle, princesse héritière de la Castille, avait été à la base de l'unité espagnole. Ces Rois catholiques, comme on les appelait, avaient achevé la Reconquista espagnole en prenant le royaume musulman de Grenade en 1492.191(*) L'Allemagne, malheureusement, qui avait été au Xe siècle le berceau de ce que l'on appelait le Saint-Empire Romain Germanique, commençait à ne plus l'être depuis la Bulle d'or signée par Charles IV en 1358. Avec cette bulle, les empereurs d'Allemagne étaient désormais élus à Francfort-sur-le Main par sept « princes électeurs », à savoir : les Archevêques de Cologne, de Trèves et de Mayence ; le Roi de Bohème ; le Duc de Saxe ; le Margrave de Brandebourg ; le Comte palatin du Rhin. L'empereur élu devait tenir compte des avis de la Diète où siégeaient en trois collèges différents, les électeurs, les autres princes et les représentants des villes libres. L'autorité de l'empereur était donc désormais nulle. Le Saint-Empire « n'était plus qu'un décor ». A ce désordre politique s'opposait toutefois un essor économique très remarquable, dont profitait largement entre autres l'Administration pontificale au moyen des impôts.192(*)

    Sur le plan religieux, à la fin du Grand Schisme d'Occident (1378-1417), alors que les autres pays d'Europe avaient réussi à se dégager progressivement de l'emprise romaine l'Allemagne dépendait totalement de Rome.193(*) Le cas de la France est beaucoup plus illustratif dans les efforts pour l'autonomie religieuse. La situation religieuse de l'Allemagne au début du XVIe siècle est celle d'un pays presque désuni avec neuf provinces ecclésiastiques groupant cinquante-quatre archevêchés et évêchés ainsi plusieurs abbayes. Ces provinces avec leurs archevêchés, évêchés et abbayes bien que représentant le tiers de tout l'empire et n'avaient d'unité entre eux que la dépendance vis-à-vis de Rome.194(*)

    On comprendra que la réputation dont jouissait l'Église d'Allemagne vis-à-vis du peuple n'était pas toujours bonne à cause d'un nombre d'abus. Par exemple, la pratique répétée de l'extension de la mainmorte, entendons par là des biens inaliénables des communautés religieuses, des hôpitaux, de la richesse des établissements religieux, des privilèges et exemptions les interdits des clercs, des abus de la juridiction ecclésiastique, par exemple les excommunications et les interdits. Il faut dire qu'avec cela la haine y avait vu le jour. Mais le peuple retenait encore les plus vives les récriminations contre les moines mendiants et à leurs quêtes multipliées. Contre le pape principalement étaient dirigées les plaintes portant sur de l'importance des sommes versées à l'Église par le peuple allemand, l'empereur Charles Quint affirma que la curie romaine levait beaucoup d'argent en Allemagne que l'empereur lui-même.195(*) Oui, les mécontentements sur plan religieux ont joué un rôle non négligeable dans le succès de la Réforme en Allemagne. Car le peuple aspirait déjà beaucoup à l'autonomie de son Église malheureusement celle-ci ne venait toujours pas. C'est ainsi que Joseph Lortz, pourtant de tendance catholique, pouvait écrire ce qui suit : « Si la Réforme a éclaté en Allemagne, c'est qu'on ne tint pas assez compte des aspirations de l'Église allemande à l'autonomie. En Espagne, en France et en Angleterre, le remède dangereux, mais en attendant efficace, contre le péril de rupture qui menaçait partout le patrimoine et l'unité ecclésiastique satisfaisait dans une grande mesure les intérêts nationaux en matière ecclésiastique, organisation qui s'était développée à temps, avec le consentement des papes et dans ces pays, ce qui ne fut pas, ou pas suffisamment le cas en Allemagne ».196(*)

    Maintenant que nous avons essayé de dépeindre le tableau politique et religieux de l'Allemagne d'avant la Réforme, et relevé nombre des faits qui mécontentaient depuis le peuple dans son ensemble (les princes et de fois l'empereur y compris), nous pouvons prétendre comprendre, et avoir vu où est parti l'impact de la Réforme de Luther, l'allemand sur cette nation allemande qui n'appelait qu'à la constitution d'une église nationale allemande. Et cela, avons-nous compris, commençait par les princes qui n'ont pas hésité de s'emparer de la nomination des évêques afin de se rendre des maîtres des églises implantées dans leurs domaines.197(*)

    Essayons de parler, dans les lignes qui suivent, de trois figures de proue que l'histoire a pu retenir comme les têtes d'affiche du mouvement de la Réforme. Il s'agit de Martin Luther, Huldrych Zwingli et Jean Calvin. Mais aujourd'hui, avouons-le, quelques critiques n'hésitent pas reconnaitre la faiblesse ou l'échec commun de ces réformateurs dans un domaine qui soit malheureusement celui de la liberté. Car aucun de trois, à son temps et dans son contexte n'a su traiter avec des minorités religieuses. Eux, qui avaient lutté pour la liberté de la foi contre l'Église traditionnelle, étaient incapables de tolérance et de générosité envers ces minorités : illuminés, anabaptistes et autres.

    Parlons de chacun d'eux quand bien même que nous n'ayons pas manqué de parler de ces réformateurs, dans les pages précédentes, spécialement celles qui portaient sur la généalogie de chants des recueils.

    2.1.2.1 Martin Luther

    L'histoire a retenu, comme début de la Réforme, la publication en 1517, par Martin Luther, de ses 95 thèses, dans lesquelles il condamnait la vente systématique des indulgences pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. Né à Eisleben, Luther insistait souvent sur le fait que ses ancêtres étaient des paysans. Son père, Hans Luther, était mineur dans une mine de cuivre de la région de Mansfeld. Luther suivit ses études primaires et secondaires à Mansfeld, à Magdeburg et à Eisenach. En 1501, à l'âge de dix-sept ans, il entra à l'université d'Erfurt, où il obtint un diplôme de bachelier en 1502 et une maîtrise en 1505. Il avait alors l'intention d'étudier le droit, comme le souhaitait son père. Or pendant l'été de 1505, il abandonna soudainement ses études, vendit ses livres et entra au monastère des augustins d'Erfurt. La décision surprit ses amis et consterna son père. Plus tard, Luther expliqua qu'il avait frôlé la mort à plusieurs reprises et qu'il s'était rendu compte du caractère éphémère de la vie. Au monastère, il observa les règles imposées aux novices, mais ne trouva pas la paix spirituelle à laquelle il aspirait. Luther fit néanmoins ses voeux monastiques à l'automne de 1506 et ses supérieurs le choisirent pour la prêtrise. Ordonné en 1507, il attendait avec anxiété le moment où il devait célébrer la messe pour la première fois. 198(*) Après son ordination, Luther fut invité à étudier la théologie pour devenir professeur dans l'une des nombreuses universités allemandes où l'enseignement était dispensé par les moines. En 1508, il fut envoyé par Johann von Staupitz, vicaire général des augustins d'Allemagne, à la nouvelle université de Wittenberg, fondée en 1502, pour donner des leçons inaugurales de philosophie morale. De retour à Erfurt en 1509, il poursuivit encore pendant deux ans ses études de théologie et continua à enseigner. En novembre 1510, délégué par sept monastères augustins, il se rendit à Rome, où il jugea sévèrement le clergé romain. Peu de temps après avoir repris ses activités à Erfurt, il fut envoyé de nouveau à Wittenberg pour préparer son doctorat en théologie qu'il obtint en 1512 et où il fut chargé de l'enseignement biblique. Il resta titulaire de la chaire de théologie biblique jusqu'à la fin de sa vie. 199(*) Prédicateur et professeur inlassable qui étudia sans cesse le Nouveau Testament, Luther en vint à croire que les chrétiens n'obtiennent pas le salut par leurs propres efforts, mais par le don de la grâce de Dieu qu'ils acceptent par leur foi. Cette découverte, faite dans des circonstances non élucidées, fut un événement crucial de la vie de Luther, car elle l'incita à rejeter certains dogmes majeurs de l'Église catholique.200(*)

    2.1.2.1.1 Début de sa Réforme

    Dès lors qu'il publia ses quatre-vingt-quinze thèses le 31 octobre 1517, dans lesquelles il condamnait la vente des indulgences (rémission des peines temporelles des péchés en échange d'un paiement en argent) en vue de collecter de l'argent pour la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, Luther devint un personnage en vue, fortement controversé. Selon la tradition, Luther cloua ses thèses sur les portes de l'église de la Toussaint (église du château) à Wittenberg, mais cet événement n'est attesté par aucun document. Immédiatement traduites en allemand et largement diffusées, ces thèses suscitèrent de vives réactions. Défendant avec ardeur sa position au cours de débats publics à l'université de Wittenberg et dans d'autres villes, Luther fit l'objet d'une enquête de la curie romaine, qui mena à la condamnation de son enseignement le 15 juin 1520 et à son excommunication en janvier 1521. Convoqué à se présenter devant l'empereur Charles Quint à la diète de Worms en avril 1521, on lui demanda de se rétracter devant l'assemblée des autorités séculières et religieuses. Il refusa avec fermeté de renier ses thèses, affirmant qu'il devrait être convaincu par les Écritures et une raison évidente pour le faire et qu'il préférait écouter sa conscience. « Me voilà, je ne peux faire autrement », telle est la phrase qu'il aurait prononcée alors. Condamné par l'empereur, Luther fut emmené par son protecteur, le prince électeur Frédéric de Saxe, qui le cacha au château de la Wartburg. Il y commença à traduire en allemand le Nouveau Testament, ouvrant la voie au développement de la langue littéraire allemande. Des désordres provoqués dans Wittenberg par certains de ses partisans extrémistes l'obligèrent à revenir en 1521 dans cette ville, où il parvint à rétablir la paix civile par une série de sermons.201(*)

    2.1.2.1.2 La faiblesse de sa Réforme : Guerre des paysans

    Alors qu'il continuait à enseigner et à rédiger ses ouvrages à Wittenberg, Luther fut entraîné dans des controverses suscitées par la guerre des Paysans (1524-1526), car les chefs des rebelles avaient justifié leur combat par des arguments tirés de ses écrits. Luther contesta la validité de leurs positions théologiques, mais apporta son soutien à la plupart de leurs revendications politiques. Lorsque la violence l'emporta, il se retourna contre les paysans et soutint l'effort des princes pour restaurer l'ordre. Bien qu'il eût condamné plus tard la politique impitoyable et vengeresse appliquée par les nobles, son attitude pendant cette guerre lui fit perdre beaucoup d'amis. En 1525, il épousa Katharina von Bora, une ancienne nonne.202(*)

    2.1.2.1.3 Ses écrits-réformateurs

    Dans ses « trois grands écrits-réformateurs » publiés en 1520, À la noblesse chrétienne de la nation allemande, De la captivité de Babylone de l'Église, De la liberté du chrétien et dans Du self arbitre (1525), Luther ébaucha sa doctrine théologique. En 1529, il publia son livre le plus populaire, le Petit Catéchisme, qui expose, sous forme de questions et de réponses concernant les dix commandements, le credo des apôtres, le Notre-Père, le baptême et la Cène, la théologie de la Réforme dans un langage à la fois simple et coloré. En 1530, ne pouvant assister à la diète d'Augsbourg après avoir été banni et excommunié, Luther confia la présentation de la confession de foi des réformés (connue sous le nom de Confession d'Augsbourg) à son ami Melanchthon. Sa traduction allemande de l'Ancien Testament parut en 1532. L'influence de Luther s'étendait progressivement dans le nord et l'est de l'Europe. Son plaidoyer pour l'indépendance des gouvernants à l'égard de l'Église (dont l'esprit fut trahi par les interprétations ultérieures) lui apporta le soutien d'un grand nombre de princes. Sa renommée fit de Wittenberg un centre intellectuel.203(*)

    2.1.2.1.4 Ses dernières années

    En 1537, la santé de Luther avait commencé à se détériorer et il avait été accablé par le renouveau de la papauté et par ce qu'il ressentait comme une tentative des juifs d'exploiter la confusion chez les chrétiens pour reposer la question du messianisme du Christ. Se sentant responsable de cette situation, il s'engagea dans une polémique violente contre les juifs ainsi que contre la papauté et l'aile radicale des réformateurs, les anabaptistes. Pendant l'hiver 1546, on demanda à Luther d'arbitrer une controverse entre deux jeunes comtes qui régnaient sur la région de Mansfeld où il était né. Vieux et malade, il mourut après ce voyage à Eisleben.204(*)

    2.1.2.1.5 Sa théologie

    Fondée sur l'étude du Nouveau Testament et fortement marquée par l'influence de saint Augustin, la théologie de Luther ne s'apparente pas aux grands systèmes théologiques qui s'étendent sur toutes les questions relatives à la foi.205(*)

    2.1.2.1.5.1 La place de la Loi et l'Évangile

    Luther affirmait que Dieu agit sur les êtres humains de deux manières, à savoir par la Loi et par l'Évangile. La Loi représente les exigences de Dieu telles qu'elles sont exprimées notamment dans les dix commandements et les règles morales. Tous les êtres humains, indépendamment de leurs convictions religieuses, ont accès à la Loi de par leur conscience et les traditions éthiques de leur culture, bien que l'interprétation qu'ils en donnent soit toujours déformée par le péché. La Loi a deux fonctions. Elle permet aux êtres humains de maintenir l'ordre dans leur monde, leurs communautés et leurs propres vies malgré la distance qui les sépare de Dieu, du monde, de leurs voisins et d'eux-mêmes à cause du péché originel. En outre, la Loi permet aux hommes de se rendre compte du besoin d'obtenir le pardon de leurs péchés, ce qui les conduit au Christ.206(*)

    Pour le moine augustin, Dieu agit sur les hommes à travers l'Évangile (« bonne nouvelle »), qui annonce que Dieu avait offert son Fils pour le salut de l'humanité. Contrairement à la Loi, cette proclamation d'un don de Dieu ne demande rien d'autre que l'acceptation de la part de l'individu. En fait, Luther soutenait que la théologie s'était trompée précisément au moment où elle avait commencé à confondre la Loi et l'Évangile (l'exigence de Dieu et le don de Dieu) en proclamant que les hommes peuvent mériter ce qui ne peut être que le don inconditionnel de la grâce de Dieu.207(*)

    2.1.2.1.5.2 Son discours sur le péché

    Luther insista sur le fait que les chrétiens, tant qu'ils vivent sur cette terre, sont à la fois des saints et des pécheurs. Ils sont des saints quand ils font confiance à la grâce de Dieu et non pas à leurs réalisations. Cependant, le péché est présent dans l'Église aussi bien que dans le monde, par conséquent un saint n'est pas un modèle de morale mais un pécheur qui accepte la grâce de Dieu. Ainsi, pour Luther, le citoyen le plus respecté et le criminel occasionnel ont tous les deux besoin du pardon de Dieu. 208(*)

    2.1.2.1.5.3 Son discours sur la manière dont Dieu se fait connaître 

    Luther considérait que Dieu se fait connaître aux hommes sous des formes terrestres et finies plutôt que sous la forme de divinité pure. Ainsi, Dieu se révéla en Jésus-Christ, qui exprime son message dans les termes humains des auteurs du Nouveau Testament ; son corps et son sang sont reçus par les croyants, selon la formule de Luther, « dans, avec et par » le pain et le vin de la sainte communion. Lorsque les hommes se mettent au service des autres et du monde, lorsqu'ils remplissent leurs « vocations » comme pères et mères, artisans, souverains et sujets, ils sont des instruments de Dieu qui agit dans le monde à travers eux. Luther fit ainsi disparaître la distinction traditionnelle entre les activités sacrées et séculières.209(*)

    2.1.2.1.5.4 Sa théologie de la croix

    Luther affirmait que la théologie chrétienne est une théologie de la croix plutôt qu'une théologie de la gloire. Les êtres humains ne peuvent appréhender Dieu par la philosophie ou l'éthique ; ils doivent accepter qu'ils ne puissent voir Dieu que s'il décide de se faire connaître. Luther affirmait ainsi que Dieu révèle sa sagesse dans les propos confus de la prédication, son pouvoir à travers la souffrance et le secret du sens de la vie par la mort du Christ sur la croix.210(*)

    2.1.2.1.5.5 Ses écrits réformateurs

    L'homme des 95 thèses était très souvent appelé à défendre ses idées devant les diètes et dans les disputes académiques. Parmi les forces qui contribuèrent à la propagation de ces idées, il faut compter les écrits remarquables de 1520 que l'on qualifie traditionnellement des grands écrits réformateurs ou les écrits- programmes. Ce sont : Le sermon sur les bonnes oeuvres, le manifeste à la noblesse chrétienne de la nation allemande, la captivité babylonienne de l'Église, le traité de la liberté.

    2.1.2.1.5.6 Sa vision de la musique d'Église

    Avant de passer à une autre figure de proue, rappelons que l'oeuvre de Luther a intéressé aussi la musique à plusieurs titres. Ce qu'on peut retenir de son apport est qu'il a organisé un culte largement fondé sur la parole et la musique communautaire, instituant notamment une messe allemande, qui fournira un schéma à de très nombreux compositeurs du monde protestant. Luther a lui-même écrit et composé des cantiques spirituels et suscité une importante floraison de compositeurs, établissant ainsi un répertoire de thèmes de chorals, qui allaient servir de matériau thématique aux musiciens. Faisons remarquer encore que son mouvement de pensée sera déterminant sur la musique allemande, même non religieuse, et sur le rôle et l'importance de la musique dans la culture et la civilisation germanique jusqu'à nos jours.211(*) Deux écrits sont à retenir : De l'ordre du service divin dans la communauté et Formula missae et communionis (1523), Épître aux Rathsherren (1524). Dans le premier article, il affirme deux préceptes essentiels pour la musique religieuse : le service divin est centré sur le sermon, exégèse des textes sacrés, et le culte requiert la participation de la collectivité des fideles par le chant. Dans le deuxième, il propose un schéma décisif d'organisation de la vie cultuelle. Pour Luther, dans la communauté doit manifester sa participation active par le chant, soutenu par l'orgue. Puissant exercice respiratoire, le chant mène le fidèle à un état d'équilibre intérieur propice à la réception de la parole divine et de l'enseignement religieux212(*). Luther préconise l'utilisation du chant à la maison, la cellule familiale, microcosme de la communauté paroissiale. Car elle peut traduire sa piété par le chant quotidien des cantiques. C'est encore lui qui révèle aux protestants de l'agir exorciste de la musique mais aussi son rôle médiateur entre l'homme et Dieu. Pour Luther, elle met l'individu en communication directe avec le surnaturel : une idée qui va rencontrer la sensibilité germanique et s'y ancrer profondément, jusque dans son inconscient collectif, au point de lui devenir consubstantielle pendant des siècles.213(*)

    2.1.2.2 Huldrych Zwingli

    Jacques Vincent Pollet dans un article sur Zwingli  écrit ce qui suit: « Zwingli est un personnage complexe et multidimensionnel. Humaniste et autodidacte, penseur religieux et réformateur, patriote et figure nationale suisse, certains ajoutent prophète biblique- il est tout cela un personnage dont la vie et l'action sont conditionnées par l'histoire suisse durant le premier tiers du XVIe siècle. On ne saurait l'en détacher ni abstraire tel ou tel aspect de sa personnalité sans fausser l'ensemble. Aussi convient-il dans toute étude, même partielle, de tenir toujours présente à l'esprit ces différentes coordonnées ».214(*) Reconnaissons que l'impact de Zwingli sur les traditions et la manière d'être du protestantisme se mesure à la grande influence qu'a exercée sa pensée sur le troisième personnage de la Réforme : Jean Calvin. Car d'aucuns savent que la Réforme genevoise doit grande partie à Zwingli et au fait pratique que la ville de Berne en 1528 avait embrassé la Réforme zwinglienne.215(*) On sait aujourd'hui qu'un peu plus tard, dans la lignée de la rébellion luthérienne face au catholicisme qui l'avait excommunié, un mouvement réformateur encore plus radical se fit jour en Suisse, à Zürich, sur l'initiative du pasteur Huldrych Zwingli216(*). Mais qui est Huldrych Zwingli ?

    Zwingli, Huldrych (1484-1531), théologien suisse, chef de la Réforme en Suisse est né à Wildhaus, dans le canton de Saint-Gall. Zwingli étudia aux universités de Vienne et de Bâle. Pendant ses études, Zwingli fut profondément influencé par l'esprit de l'humanisme de la Renaissance. Ordonné prêtre en 1506, il fut nommé curé de la ville de Glaris, qui était alors un centre de recrutement important de mercenaires pour les armées européennes. À deux reprises, Zwingli fut amené à servir d'aumônier aux troupes de Glaris lors de combats sanglants à l'étranger ; cette expérience l'incita à dénoncer publiquement le mercenariat, ce qui lui valut l'hostilité des notables de la ville. En 1516, il accepta d'être nommé curé d'Einsiedeln, au sud-est de Zürich.217(*)

    Durant son ministère à Einsiedeln, Zwingli commença à éprouver des doutes au sujet d'un certain nombre de pratiques de l'Église. En 1516, il lut la traduction en latin du Nouveau Testament réalisée par Érasme, qu'il recopia dans ses carnets et apprit par coeur. S'appuyant sur ce texte et sur quelques autres passages de la Bible, Zwingli affirma dans ses sermons que l'enseignement et la pratique de l'Église s'étaient beaucoup écartés du christianisme originel des Écritures. Parmi ces usages contraires au témoignage de la Bible, Zwingli citait l'adoration des saints et des reliques, la promesse de cures miraculeuses et les abus ecclésiastiques du système des indulgences. Cet attachement rigoureux à l'autorité de l'Écriture établit sa réputation et, le 1er janvier 1519, il fut nommé prêtre à la Collégiale de la cathédrale de Zürich.218(*)

    2.1.2.2.1 Début de sa Réforme

    Zürich était un centre de la pensée humaniste et perpétuait une tradition bien établie de limitation civile au pouvoir temporel de l'Église. Zwingli attira rapidement des foules importantes à la cathédrale en reprenant le texte original des Écritures, en hébreu et en grec, qu'il exposa chapitre par chapitre et livre après livre, en commençant par l'Évangile selon saint Matthieu. Cette traduction orale du texte original rompait radicalement avec les habitudes de l'Église. Jusqu'alors, les prêtres rédigeaient leurs sermons à partir d'interprétations de la Vulgate latine et des écrits des Pères de l'Église. Dès 1519, un admirateur mit une presse à imprimer à la disposition du réformateur et ses idées neuves et hardies se répandirent bien au-delà de Zürich.219(*)

    La même année, Zwingli lut pour la première fois les écrits de son contemporain Martin Luther. Encouragé par la fermeté de Luther face à la hiérarchie ecclésiastique allemande, Zwingli persuada le conseil de la ville de Zürich de proscrire toute obligation religieuse qui ne fût pas fondée sur les Écritures (1520). Parmi celles-ci figurait l'interdiction formulée par l'Église de manger de la viande pendant le carême. En 1522, plusieurs de ses disciples furent arrêtés car ils enfreignirent délibérément cette règle. Zwingli les défendit avec vigueur et on les relâcha bientôt au prix d'un châtiment symbolique.220(*) Le pape Adrien VI, irrité par cette attitude, l'interdit de prêche et demanda au conseil de Zürich de le condamner comme hérétique. En janvier 1523, Zwingli présenta sa défense devant le conseil. Il y affirma la suprématie des Saintes Écritures sur les dogmes de l'Église, attaqua le culte des images, des reliques et des saints ; il dénonça également le sacrement de l'Eucharistie et le célibat obligatoire des prêtres. Au terme du procès, le conseil manifesta son accord avec Zwingli en retirant le canton de Zürich de la juridiction de l'évêque de Constance ; le conseil proclama aussi que l'interdiction qu'on lui avait signifiée de prêcher n'était pas fondée sur les Écritures. Par ces décisions, le conseil adoptait officiellement la Réforme. En 1524, Zwingli épousa Anna Reinhard, une veuve qui partageait ouvertement son existence.221(*) Sous le régime de la Réforme, Zürich se transforma en une théocratie dirigée par Zwingli et par une administration chrétienne. Des mesures radicales furent prises : transformation des monastères en hôpitaux, suppression des images religieuses, de la messe et de la confession. Zwingli finit par déclarer que les bons chrétiens n'avaient besoin ni d'un pape ni d'une Église.222(*)

    2.1.2.2.2 La faiblesse de sa Réforme : Révolte des anabaptistes

    En 1525, un groupe d'extrémistes protestants appelés anabaptistes s'éleva contre l'autorité de Zwingli à Zürich. À l'occasion d'un débat devant le conseil, le 2 janvier 1526, Zwingli défit ces anabaptistes et fit bannir leurs chefs de la ville. En 1529, des disciples de Martin Luther et de Zwingli, perturbés par les différends doctrinaux et politiques entre les deux dirigeants, organisèrent une rencontre. À cette réunion, connue sous le nom de Colloque de Marburg, Luther et Zwingli s'affrontèrent sur la question de la consubstantiation et de la transsubstantiation : la conférence ne réussit pas à réconcilier les deux chefs.223(*) Parallèlement, Zwingli menait son action dans les autres cantons suisses. En tout, six cantons rallièrent la Réforme. Les cinq autres, appelés cantons forestiers, restèrent fermement catholiques. L'affrontement entre cantons catholiques et protestants provoqua une scission grave au sein de la Confédération helvétique.224(*)

    2.1.2.2.3 Sa mort tragique

    En 1529, l'hostilité entre cantons d'obédiences divergentes dégénéra en guerre civile. Le 10 octobre 1531, Zwingli, aumônier et porte-drapeau des troupes suisses protestantes, fut blessé à la bataille de Kappel, puis exécuté le lendemain par les soldats victorieux des cantons forestiers. Après sa mort, la Réforme cessa de s'étendre en Suisse, demeurée jusqu'à ce jour en partie catholique et en partie protestante.225(*) Rapportons que sa dépouille mortelle, comme l'écrit Stadler, fut brulée par ses ennemis et ses cendres dispersées en l'air. Cependant, la Réforme, son oeuvre, est demeurée et porte ses fruits.226(*)

    2.1.2.2.4 Un mot sur sa vie musicale

    Comme Luther et Calvin, Zwingli a fait montre de la passion pour la musique. Les biographes sont unanimes pour le témoigner. Ils mentionnent volontiers le talent musical de Zwingli qui lui permettra d'apprendre une douzaine d'instruments, spécialement le luth. Il écrivait et composait des cantiques. Paul Stadler fait remarquer que trois des ses cantiques sont conservés : Le Pestlied (le chant /poème de la peste), le Kappeler-Lied (cantique de Kappel) : « Herr nun selbst den Wagen halt », traduit en français « Notre barque est en danger », et le Psaume 69.227(*) L'histoire de sa vie veut qu'à Bale, Zwingli soit initié à la pensée d'Aristote par une lecture de ses écrits principaux tels la Physique, la Métaphysique, l'Ethique, la Politique et la Musique.228(*)

    2.1.2.2.5 Zwingli et Luther : divergences

    Si Zwingli avait été influencé par Luther, il est aussi vrai que les deux n'avaient pas toujours la même perception de choses. Bien que l'influence de Luther soit manifeste sur Zwingli en ce sens que ce dernier expose les idées du premier lors de ses prédications, la divergence n'a pas manqué non plus de les accompagner sur ce chemin de la Réforme. Paul Stadler s'appuyant sur Walther Köhler peut affirmer que Zwingli refusait toujours qu'il soit appelé « luthérien »229(*). Si les conditions à l'électorat de Saxe où Luther pouvait mettre sa Réforme en oeuvre grâce au Prince électeur Fréderic III le Sage, le réformateur de Zürich se trouvait devant des structures démocratiques. Zwingli avait affaire aux maires, aux conseils et aux citoyens. Pour dire qu'il devait s'attendre à des forces oppositionnelles de la part de quelques familles patriciennes conservatrices. Peut être, à cause de cet environnement politiques, sa réforme s'est vue conditionnée jusqu'à faire qu'il soit rangé le premier parmi les réformateurs politiques ou politiciens réformateurs comme c'est le cas avec Jean Calvin, John Knox, Oliver Cromwell. Ajoutons que si à Wittenberg la Réforme s'était faite aussi rapidement que facilement, à Zürich le travail préparatoire de Zwingli était comparable à celui d'un agriculteur qui patiemment défriche le sol, plante et sème. Ce n'est pas un travail spectaculaire, il reste presqu'inaperçu. De même, le développement intérieur du réformateur de Zürich nous est caché et il n'est éclairé que par quelques rayons de lumière.230(*) Comme peut le soutenir Courvoisier, avec Luther comme avec Zwingli, la Prophétie reste l'âme de la Réforme. Zwingli a réalisé un grand travail de traduction et d'exégèse accompli au sein de cette prophétie. Ce travail aboutit en 1529 à la publication de la Bible de Zürich et cela avant celle de Luther231(*).

    Pour clore avec réformateur, reprenons ces mots de George Richard Potter qui répond à la question de « qui en définitive est Huldrych Zwingli? » que pose Paul Stadler : « Teacher, scholar , advocate, leader of men, the prophet through whose mouth God spoke to his hearers, Zwingli established his reformed teaching in central Europe with a secure permanence that endured accross the ages. In an ecumenical world which accepts few of his premise, his teaching and memory remain an inspiration as well as a fact of history ».232(*) On peut traduire cette citation en ces mots : « Maître, savant (humaniste), défenseur, conducteur d'hommes, prophète et porte-parole de Dieu qu'il fut, Zwingli établit son enseignement réformateur en Europe centrale si bien que son enseignement dura à travers les siècles. Dans un monde oecuménique qui accepte que peu de ses thèses, son enseignement et son souvenir demeurent une inspiration ainsi qu'un fait bien établi de l'histoire ».

    2.1.3 Jean Calvin

    Le principal réformateur de la génération suivante fut Jean Calvin (1509-1564), théologien réformateur, humaniste et pasteur français, que les protestants considèrent comme un des théoriciens majeurs de leur religion. Né Jean Cauvin à Noyon, en Picardie, il reçut une instruction classique à Paris aux collèges de la Marche et de Montaigu. Encouragé par son père à faire des études de droit, il suivit les cours des universités d'Orléans et de Bourges. Sous l'influence de son professeur de grec, un réformé du Wurtemberg, il découvrit avec intérêt les mouvements humanistes et réformateurs, et entreprit l'étude de la Bible en grec. À la mort de son père, en 1531, il abandonna le droit pour l'étude des lettres. Dès l'année suivante, il publia un commentaire du De clementia de Sénèque, dont l'insuccès l'amena à se tourner vers la théologie.233(*)

    2.1.3.1 Début de sa Réforme

    En 1533, il rédigea, pour le recteur de l'université de Paris Nicolas Cop, un discours favorable aux idées de la Réforme qui leur valut une condamnation du parlement et les obligea tous deux à fuir Paris. À la suite de l'affaire des Placards (des affiches en faveur de la Réforme avaient été placardées jusque sur la porte de la chambre du roi), François Ier déclencha les premières persécutions contre les protestants. Afin de prendre leur défense, Calvin rédigea, d'abord en latin, sa Christianae Religionis institutio (Institution de la religion chrétienne, 1536), ouvrage fondamental qu'il ne cessa de remanier et d'augmenter toute sa vie et qu'il traduisit lui-même en français en 1541.234(*)

    2.1.3.2 Les querelles protestantes et l'exil de Strasbourg

    Peu après la publication de cet ouvrage, à l'occasion de son passage à Genève, Calvin se laissa convaincre par le réformateur Guillaume Farel de demeurer dans la cité suisse pour contribuer à y répandre la Réforme. Mais deux ans plus tard, des querelles entre les protestants genevois obligèrent Calvin, Farel et un troisième pasteur à quitter la ville. Calvin s'installa alors à Strasbourg, où il eut la charge de la communauté protestante française ayant fui les persécutions du royaume (1538-1541). Il y poursuivit son oeuvre théologique et y publia les premiers de ses commentaires sur la Bible. À Strasbourg, il rencontra et épousa une veuve, Idelette de Bure, dont il eut un enfant, mort en bas âge. Sa femme mourut à son tour en 1549.235(*)

    2.1.3.3 Retour à Genève

    En 1541, Farel et les Genevois le convainquirent de revenir dans la ville pour y diriger la réforme de l'Église et de la cité. Son premier travail fut de rédiger les Ordonnances, qui furent adoptées comme constitution par le conseil de la ville et qui fixèrent durablement le cadre de l'organisation des Églises presbytériennes. Il s'attacha aussi à développer l'enseignement : le couronnement de son action fut la fonction de l'Académie de Genève, université internationale de formation des pasteurs dont le premier recteur fut Théodore de Bèze.236(*)

    2.1.3.4 La faiblesse de sa réforme : contestations et bûcher de Servet

    Cependant, les réformes de Calvin se heurtèrent, à Genève même, à l'hostilité de quelques grandes familles que son rigorisme rebutait, dont celle d'Ami Perrin, ambassadeur de la ville auprès du roi de France. Calvin dut également assumer plusieurs affrontements théologiques et politiques contre diverses tendances du protestantisme. Le plus dramatique de ces conflits l'opposa à l'humaniste Michel Servet (1511-1553)237(*), lequel fut finalement condamné au bûcher par le conseil de Genève en 1553. À cette époque, la ville vivait presque constamment sous la menace des troupes catholiques du duc de Savoie.238(*) Durant les dernières années de sa vie, Calvin, finalement devenu citoyen de Genève quatre ans avant sa mort, se consacra à l'étude et à l'enseignement. Il encouragea l'usage du français dans les églises et fut à l'origine de diverses réformes sociales (hôpitaux, diaconat des pauvres). D'une santé fragile, encore aggravée par les conditions de vie qu'il avait connues durant ses études à Paris, il fut considérablement affaibli par une attaque cardiaque en 1558. Il mourut à Genève et fut enterré avec une extrême simplicité : aucun signe ne marqua l'emplacement de sa sépulture, qui nous est demeuré inconnu.239(*)

    2.1.3.5 Ses dernières années

    Durant les dernières années de sa vie, Calvin, finalement devenu citoyen de Genève quatre ans avant sa mort, se consacra à l'étude et à l'enseignement. Il encouragea l'usage du français dans les églises et fut à l'origine de diverses réformes sociales (hôpitaux, diaconat des pauvres). D'une santé fragile, encore aggravée par les conditions de vie qu'il avait connues durant ses études à Paris, il fut considérablement affaibli par une attaque cardiaque en 1558. Il mourut à Genève et fut enterré avec une extrême simplicité : aucun signe ne marqua l'emplacement de sa sépulture, qui nous est demeuré inconnu.240(*)

    2.1.3.6 Sa théologie

    Pour Calvin, l'Écriture sainte, et elle seule, doit fixer la nature de la théologie et de toute institution humaine. Par conséquent, toutes ses affirmations sur la doctrine étaient fondées sur les Écritures, même s'il lui arriva souvent de citer les Pères de l'Église et les grands théologiens du Moyen Âge. Il souhaitait éviter les discussions spéculatives sur la nature du divin et mettait au contraire l'accent sur la parole de Dieu révélée dans la Bible. Il adjura enfin l'Église de son temps de retrouver la vitalité et la pureté de ses origines. Dans l'Institution chrétienne, son ouvrage majeur, il chercha à réorganiser la théologie biblique sous une forme compréhensible et selon l'ordre du Credo des apôtres. Les quatre livres de l'édition définitive (1559) sont organisés autour des articles intitulés « Père », « Fils », « Saint-Esprit» et « Église ».241(*)

    2.1.3.6.1 La place du Père dans sa théologie

    La connaissance de Dieu est liée à la connaissance de soi-même. L'aspiration au spirituel est manifeste dans la conscience humaine et dans le monde. Dieu a créé le monde et l'a créé bon. Mais depuis la chute, l'humanité n'est parvenue à la conscience de Dieu qu'en de rares occasions et de façon incomplète. Livrés à eux-mêmes, les hommes ne peuvent jamais atteindre à une existence vraiment religieuse, c'est-à-dire fondée sur la connaissance de Dieu. Cependant, par la grâce de Dieu, transmise par Jésus-Christ, ainsi que le rapportent les Évangiles, une claire perception de la révélation a été donnée à l'humanité. Tous ceux qui parviennent à la compréhension de la véritable nature de l'homme- à savoir que les meilleures actions sont entachées d'imperfections et qu'aucune action n'est pure -peuvent se repentir et espérer en Dieu le Père pour leur salut.242(*)

    2.1.3.6.2 La place du Fils dans sa théologie

    Le péché originel, hérité d'Adam et Eve, a établi en chacun une « fabrique d'idoles ». Tous les hommes méritent la damnation, mais Jésus-Christ est venu comme prophète, prêtre et roi pour appeler les élus à la vie éternelle avec Dieu. Le Christ intercède pour les élus et les appelle à une nouvelle vie dans l'expiation ; il règne à la droite de Dieu. Calvin souligna avec insistance la continuité de ses doctrines avec l'orthodoxie chrétienne des premiers siècles, telle qu'elle s'exprima dans les conciles de Nicée et de Chalcédoine.243(*)

    2.1.3.6.3 La place du Saint-Esprit dans sa théologie

    Le Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité, accorde le don d'écrire et de lire les Écritures, assiste les croyants dans leur dévotion et permet la croissance de la foi dans le Christ (sanctification). Il accorde la foi en la résurrection des morts qui amènera ceux qui ont été sauvés à la perfection de l'existence en la présence de Dieu. Le Saint- Esprit offre la réponse au mystère de la prédestination : toute assurance d'être choisi par la grâce est accordée par lui et, de même, la damnation selon la justice de Dieu est liée à la puissance du Saint- Esprit.244(*)

    2.1.3.6.4 La place de l'Église dans sa théologie

    L'Église de Dieu et les sacrements sont aussi des dons de la grâce de Dieu, en vue de l'édification des élus et pour le bien de ce monde. L'Église est chargée de prêcher, de rester à l'écoute de la parole de Dieu et d'administrer correctement les sacrements. Bien que l'Église véritable ne soit connue que de Dieu seul, l'Église visible lui est intimement liée sur cette terre. Pasteurs et responsables de l'Église doivent essayer de vivre en véritables disciples du Christ ; cependant, leur autorité ne dépend pas en dernier ressort de leur droiture.245(*) Les sacrements religieux sont réduits, conformément à ce qui était mentionné dans les Évangiles, au baptême et à l'eucharistie, qui doivent être célébrés comme des mystères auxquels le Christ était spirituellement présent. La constitution presbytérienne de l'Église réformée issue du calvinisme n'admet pas de hiérarchie ecclésiastique. La théologie de Calvin exerça une influence considérable sur les protestants français (voir huguenots) et hollandais, ainsi que sur l'évolution de l'Église anglicane. Calvin avait mis l'accent sur la gloire souveraine de Dieu, sur la prédestination des élus, sur l'autorité des Écritures et sur les formes de la vie chrétienne, réprouvant en particulier les péchés d'orgueil et de désobéissance. Chacun de ses aspects a pu être considéré tour à tour par ses disciples comme l'élément central de la doctrine calviniste, qui a continué à évoluer et à s'exprimer à travers les Églises réformées et presbytériennes.246(*)

    2.1.3.6.5 Calvin et le calvinisme tardif

    Sans être aussi radicales que celles de Zwingli sur le plan doctrinal, les réformes de Calvin surent associer l'Église et l'État en un régime sévère, destiné à garantir la rigueur morale et doctrinale des croyants. Calvin rédigea aussi le premier catéchisme systématique de théologie protestante, organisa les églises selon un modèle presbytérien démocratique et fonda des universités influentes. John Knox s'y forma avant d'introduire le calvinisme en Écosse où il donna naissance à l'Église presbytérienne établie. Le calvinisme se répandit également en France, où ses fidèles étaient appelés les huguenots, et en Hollande, où il contribua à l'essor du sentiment national néerlandais face à l'Espagne catholique occupante.247(*)

    2.1.3.6.6 Sa vision de la musique d'église

    La musique d'église mieux la question de la place du chant dans le culte avait une place de choix dans le coeur de Calvin comme ce fut le cas avec les deux autres réformateurs. Dans son Livre III, chapitre XX qui porte sur les considérations diverses sur la prière, paragraphes 31et 32, Calvin s'exprime clairement sur le chant à deux niveaux. Il traite, dans un premier temps, du chant quand il est associé à la parole dans la prière, et dans un deuxième temps quand il est destiné au culte public. Retenons pour cette étude, le dernier avis cité de Calvin qui a trait au chant dans un culte public et nous le citerons abondamment. Par rapport au chant au culte public, on peut comprendre la vision de Jean Calvin quand il indique des origines du chanter au culte en ces termes: « Quant à la façon de chanter dans les églises, j'en dirai en passant que non seulement elle est fort ancienne, mais que les Apôtres même en ont usé, comme on le peut déduire de ces paroles de S. Paul : ` Je chanterai de bouche, et je chanterai d'intelligence (I Co 14, 15).' De même aux Colossiens : `...Vous enseignant et exhortant l'un l'autre entre vous par des hymnes, psaumes et cantiques spirituels, chantant en vos coeurs au Seigneur, avec grâce (Col 3, 16). Car au premier passage il montre qu'on doit chanter de coeur et de langue ; au second, il loue les chansons spirituelles, par lesquelles les fideles s'édifient entre eux. »247(*) Calvin fait remarquer que la lecture paulinienne du chanter au culte public n'a point été toujours universel. Car, comme il écrit lui-même, Saint Augustin pouvait révéler qu' « on commença de chanter à Milan du temps de Saint Ambroise, lorsque Justine, mère de l'Empereur Valentinien persécutait les chrétiens, et que la coutume de chanter vint de là dans les églises occidentales. »248(*) Il précise avec Saint Augustin qu' « un peu auparavant, que cette façon était venue des parties d'Orient, où on en avait toujours usé. Il démontre aussi au second livre des Rétractations que l'usage en fut reçu en Afrique de son temps ».249(*)

    Il va falloir indiquer que pour ce réformateur que « si le chant est accommodé à cette gravité qu'il convient d'avoir devant Dieu et devant ses Anges, c'est un ornement pour donner plus de grâce et dignité aux louanges de Dieu, et un bon moyen pour inciter les coeurs et les enflammer à plus grande ardeur de prier ; mais il se faut toujours donner garde que les oreilles ne soient plus attentives à l'harmonie du chant, que les esprits au sens spirituel des paroles. Ce que Saint Augustin confesse en un autre passage avoir craint, disant qu'il eût désiré qu'on eût observé partout la façon de chanter qu'avait Athanase : à savoir, qui ressemble mieux à la lecture qu'au chant ; mais il ajoute d'autre part, que quand il se souvenait du fruit et de l'édification qu'il avait reçue en entendant chanter à l'église, il inclinait plus à la partie contraire, c'est d'approuver le chant ».250(*) Pour Calvin, les chants et mélodies qui sont composées au plaisir des oreilles seulement, comme sont tous les fringots (chanteries) et fredons de la papisterie, et tout ce qu'ils appellent musique rompue et chose faite et chants à quatre parties, ne conviennent nullement à la majesté de l'Église, et il ne se peut faire qu'ils déplaisent grandement à Dieu.251(*)


    2.1.4 Schisme anglican

    En 1534, le roi Henri VIII d'Angleterre s'arroge l'autorité ecclésiastique, jusqu'alors exercée par le pape. L'anglicanisme devient alors la religion d'État. Dans cette affaire, le souverain a été plus motivé par la volonté d'obtenir l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon que par un appétit de réformes doctrinales. Aussi maintient-il les principes majeurs du catholicisme médiéval. Puis, sous les règnes d'Édouard VI et d'Élisabeth Ire, l'Église anglicane adopte un symbole (credo) protestant, formulé dans les Trente-neuf Articles. Le rite anglican et l'organisation de l'Église d'Angleterre conservent cependant beaucoup des formes du catholicisme ce qui lui vaut les critiques des dissidents calvinistes, les puritains.

    2.1.5 Sectes radicales

    Tandis que les luthériens et les calvinistes organisent leurs Églises, apparaissent de nouveaux courants protestants plus radicaux. Ils jugent que le protestantisme établi ne va pas assez loin dans la simplicité du christianisme biblique. Ils s'attaquent donc, avec une égale violence, aux Églises protestantes établies et à l'Église catholique ; ils sont en retour violemment persécutés par les deux camps. Plusieurs de ces groupes suscitent des révoltes politiques ou s'attaquent aux églises dont ils détruisent les images, les vitraux, les statues et les orgues. Presque tous rejettent le lien entre l'Église et l'État. La plus significative de ces sectes est celle des anabaptistes, surtout présente en Allemagne et aux Pays-Bas, jouant un rôle majeur dans la guerre des Paysans. Ils rejettent le baptême des jeunes enfants et le réservent aux croyants adultes.252(*)

    D'autres courants renoncent à tout usage de la force : ainsi les mennonites, secte anabaptiste née en Hollande et en Suisse, tentent de former des communautés pacifistes vivant en autarcie et fondées sur les principes du Nouveau Testament. Tous ces groupes influencent fortement le mouvement anglais des quakers, apparu dans les années 1640. Beaucoup de ces petites sectes, à commencer par les puritains, fuient la persécution en émigrant vers les colonies américaines. Plusieurs colonies du Nord sont fondées par l'une ou l'autre secte, surtout luthériennes, mennonites et anabaptistes ; en revanche, dans les colonies du Sud, l'Église anglicane s'impose comme l'Église établie.253(*)

    2.1.6 Réactions à la Réforme

    2.1.6.1 Guerre de religion et scolastique protestante

    L'histoire des débuts du protestantisme fut marquée par des guerres dont les causes furent en général aussi politiques que religieuses. En Allemagne, les guerres de religion du XVIe siècle puis la guerre de Trente Ans au XVIIe siècle dévastèrent et affaiblirent durablement le pays. En France, huguenots et catholiques se livrèrent à une guerre sanglante, qui culmina en 1572 avec le massacre de la Saint-Barthélemy, au cours duquel de nombreux huguenots furent assassinés à Paris. La paix civile fut rétablie et la tolérance instaurée à l'égard des huguenots par le roi Henri IV, qui promulgua l'édit de Nantes en 1598 ; lors de sa révocation par Louis XIV, en 1685, beaucoup d'entre eux quittèrent la France. En Angleterre, la guerre civile entre Parlement et monarchie recouvrait la division entre puritains et anglicans.

    Après le traité de Westphalie, qui mit fin aux guerres de Religion allemandes en 1648, le protestantisme entra dans une période de consolidation. Une orthodoxie protestante fut précisément définie et systématiquement appliquée tout au long du XVIIe siècle : on a appelé ce mouvement scolastique protestante par analogie avec la théologie systématique du Moyen Âge. Elle insistait sur l'autorité sans faille de la Bible et sur une logique rigoureuse.254(*)

    2.1.6.2 Le piétisme

    Au cours des années 1670 et en réaction à l'intellectualisme de l'orthodoxie protestante se développa en Allemagne un mouvement appelé le piétisme, dirigé par le pasteur allemand Philipp Jakob Spener. Les fidèles se réunissaient par petits groupes au domicile de l'un d'entre eux afin d'y étudier la Bible et de prier. Le piétisme mettait l'accent sur la conversion personnelle et la simple piété, plus que sur l'adhésion à des propositions théologiques correctes. Il se répandit assez largement en Allemagne, en Scandinavie et aux États-Unis.255(*)

    2.1.6.3 Courants rationalistes

    À la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, l'influence de la pensée scientifique se refléta dans diverses formes de rationalisme. On vit d'abord apparaître des courants comme l'arminianisme, qui rejetait la doctrine calviniste de la prédestination absolue, ou le latitudinarisme, tendance tolérante et antidogmatique née dans l'Église d'Angleterre au XVIIe siècle. Le rationalisme introduisit l'esprit critique dans la théologie et souligna que les croyances traditionnelles devaient être réétudiées à la lumière de la raison et de la science. Se préoccupant d'abord de la cohérence globale des doctrines plutôt que de points précis de la théologie, il réduisit l'influence des orthodoxies rigides développées depuis le début du XVIIe siècle. L'expression achevée du rationalisme fut le déisme, religion philosophique qui rejetait la révélation, les miracles et les enseignements dogmatiques de toutes les Églises.256(*)

    D'autres formes de rationalisme protestant se développèrent au XVIIIe siècle, par exemple l'unitarisme, né en Europe au XVIe siècle sous l'appellation de socinianisme, d'après le nom de l'oncle du réformateur italien Fausto Socini (1539-1604) dit Socinus, lui-même réformateur. Après 1689 et l'acte de Tolérance, l'unitarisme put être prêché en Angleterre puis, au XVIIIe siècle, dans les colonies américaines (Nouvelle-Angleterre). Les unitariens refusaient les doctrines de la Trinité et la divinité de Jésus-Christ, préférant insister sur son enseignement moral.257(*)

    2.1.6.4 Méthodisme et revitalisme

    La réaction antiformaliste, qui avait suscité le piétisme, se poursuivit de son côté au cours du XVIIIe siècle. Plusieurs mouvements populaires se développèrent, qui faisaient directement appel à l'expérience religieuse émotionnelle.258(*)

    En Angleterre, ce mouvement prit la forme du méthodisme, fondé par John Wesley et Charles Wesley, deux frères influencés par le piétisme et l'arminianisme. Au cours de grands rassemblements en plein air à travers toute l'Angleterre, ils prêchèrent la conversion personnelle et le souci des plus pauvres. Leur prédication contribua au regain de la ferveur religieuse dans la classe ouvrière britannique, jusque-là rebutée par le formalisme hautain de l'Église d'Angleterre. Désapprouvé officiellement, le méthodisme finit par se séparer de l'Église anglicane et devint l'une des confessions non conformistes.259(*)

    Dans les colonies américaines, l'évangéliste anglais George Whitefield entreprit une tournée de prêches qu'il tenait au cours de grandes célébrations religieuses en plein air. Il inspira le premier Grand Réveil (Great Awakering), regain général d'enthousiasme religieux aux États-Unis.260(*)

    2.1.6.5 Le protestantisme au XIXe siècle

    Au cours du XIXe siècle, le protestantisme s'élargit aux dimensions du monde au prix d'une intense activité missionnaire. De nouvelles sectes et tendances théologiques continuèrent à se manifester. Le théologien le plus influent du siècle fut l'Allemand Friedrich Schleiermacher, qui présentait la religion comme un sentiment intuitif de dépendance envers l'Infini (ou Dieu), ce qu'il supposait une expérience universelle de l'humanité. Cette primauté de l'expérience sur le dogme fut également affirmée par l'école théologique du protestantisme libéral. Les théologiens libéraux soucieux de réconcilier la religion et la science moderne eurent recours aux techniques historiques et critiques de l'exégèse biblique afin d'établir la distinction entre la part historique de la Bible et ce qu'ils considéraient comme des ajouts mythologiques ou dogmatiques. Retenons261(*) :

    2.1.6.5.1 Le mouvement d'Oxford

    Le mouvement d'Oxford fut, au contraire, l'expression d'un courant conservateur au sein de l'Église d'Angleterre. Il défendit les traditions catholiques et apostoliques de l'Église. Certains de ses dirigeants, comme John Henry Newman, finirent même par rallier l'Église catholique. Cependant les anglo-catholiques, selon le nom qu'on leur a parfois donné, exercèrent une influence importante sur l'Église anglicane, dans laquelle ils remirent à la mode le jeûne et les confessions ; ils y créèrent aussi des communautés religieuses.262(*)

    2.1.6.5.2 Le revitalisme 

    Le revitalisme continua d'exercer une certaine influence dans le monde protestant, en particulier aux États-Unis. De nouveaux groupes revitalistes apparurent, tels les adventistes dans leur pluralité.263(*)

    2.1.6.5.3 Problèmes de société

    Les protestants jouèrent un rôle important dans plusieurs mouvements humanitaires et réformistes du XIXe siècle. En Angleterre, des évangélistes furent à la tête de la contestation qui aboutit à l'abolition de l'esclavage dans les dominions britanniques ; aux États-Unis, les évangélistes menèrent également des campagnes actives contre l'esclavage, ce qui entraîna des schismes dans plusieurs Églises. Confrontés à la misère née de la révolution industrielle, des courants comme le socialisme chrétien ou l'évangile social tentèrent de provoquer des changements sociaux fondamentaux au nom des principes chrétiens.264(*)

    2.1.6.5.4 Le protestantisme au XXe siècle

    Au XXe siècle, des réactions se manifestèrent contre le libéralisme théologique. La première fut le fondamentalisme, mouvement américain issu du revitalisme qui insistait sur l'absolue infaillibilité de la Bible. Après la Première Guerre mondiale, l'évangélisme, forme modérée du fondamentalisme, devint un courant important du protestantisme américain.265(*)

    La seconde fut une théologie de crise ou néo-orthodoxie, qui apparut comme une réponse aux souffrances de la Première Guerre mondiale : elle est associée au théologien suisse Karl Barth qui réaffirma le caractère coupable de l'humanité, la transcendance absolue de Dieu et la dépendance de l'Homme à l'égard de Dieu, toutes doctrines essentielles de la Réforme. En revanche et contrairement aux fondamentalistes, Barth acceptait les résultats de l'érudition biblique moderne. Le mouvement oecuménique représenta un autre apport important du XXe siècle et suscita l'apparition de nouvelles confessions protestantes à travers le monde ; il amena la fondation du Conseil oecuménique des Églises en 1948. Les protestants y entamèrent un dialogue avec les Églises catholique et orthodoxe ainsi qu'avec des religions non chrétiennes.266(*)

    Le protestantisme a conservé son caractère dynamique. Beaucoup de changements sont intervenus durant et depuis les années 1960, en particulier pour attirer les jeunes au culte. Les questions de l'ordination des femmes, de la modernisation du langage liturgique, de la fusion avec d'autres Églises ainsi que l'inusable problème de l'interprétation de la Bible et de sa relation avec la vérité scientifique ont divisé bien des Églises. Mais les caractéristiques des premiers protestants, la volonté de remettre en question les idées reçues, de protester contre les excès et de défier les autorités établies, ont été conservées, pour l'essentiel, dans le protestantisme du XXe siècle, qui continue à exercer une influence profonde sur la culture et la société contemporaines.267(*)

    Après ce survol sur le protestantisme, revenons au culte protestant pour examiner sa quiddité et relever ses caractéristiques identitaires. On sait que l'organisation du culte fut un des objets importants de la Réforme. Car il fallait quitter la complexité de la messe catholique pour la simplicité du service en favorisant la pratique des offices en langues locales et l'introduction du chant d'hymnes par l'assistance.

    2.2 Culte protestant : Quiddité et caractéristiques identitaires

    Depuis le temps de la Réforme, le protestantisme cherchait et plus tard avait trouvé une particularité identitaire dans l'organisation du culte. On pouvait d'emblée faire la différence entre ce courant du christianisme et d'autres courants religieux. Le protestantisme avait sa nature, sa forme de vie, son ethos, son éthique, son style de culte, son identité hymnologique, sa manière de s'habiller, spécialement ses clergés, etc. Le protestantisme était toute une identité existentielle. Quelle conception avoir du protestant et du culte protestantisme aujourd'hui et de manière particulière dans cette étude par rapport aux chants de recueils? Ne faudra-il pas nous interroger tout en orientant vers les sources qui parlent de ce mouvement et aussi éveiller l'esprit critique de protestants du Congo pour qu'ils réfléchissent sur ce que doit être le contenu à donner à leur identité cultuelle dans l'univers du Christianisme ?

    De manière claire, une question peut se poser en ces termes : quid, le culte protestant et comment se présente-t-il aujourd'hui dans le protestantisme au Congo ? Peut-on parler du culte protestant congolais ? Cette question soulève deux préalables qu'il nous faudra élucider : Qu'est-ce que c'est le culte protestant ou qu'est-ce qu'un protestant, en général, peut bien saisir de la quiddité de son culte ? Il convient d'avouer que nous ne pouvons trouver des réponses toutes faites à ces questions. Toutefois, les travaux de Laurent Gagnebin, Hubert Bost et Jean Baubérot nous seront d'un appui référentiel. Mais pour ce qui est des questions ayant trait à la particularité du protestantisme congolais, les travaux de N'Kwim Bibi- Bikan seront comme une banque des données pour cette étude dans sa deuxième partie.

    Essayons d'aborder cette question, et examiner ses contours dans cette partie de notre étude, qui à ce stade nous exige une meilleure compréhension du thème.

    2.2.1 Compréhension du thème

    Pour mieux comprendre le sens et la signification du thème de ce point, il est indispensable de donner une explication de ces deux termes clés, car, ils sont constitutifs de cette étude. Nous parlerons, en effet, et successivement, du "culte" et de sa particularité indiquée par l'épithète "protestant".

    2.2.1.1 Ce qu'on entend par le culte

    Allons-nous définir le culte ? Disons que la quête ici ne vise point les connaissances encyclopédiques de ce qu'on entend par le culte que l'on étudie. Elle veut simplement savoir ce qu'est le culte du point de vue conceptuel : dire comment il est compris au cours de temps. Ainsi, le mot culte sera vu dans sa compréhension religieuse en général et dans le monde biblique en particulier pour ce qui concerne cette recherche. C'est le premier temps. Sa compréhension collée à l'adjectif protestant qui sera examiné selon les quelques théologiens choisis au point suivant, sera le deuxième temps.

    Le mot culte, comme le dit le Petit Robert268(*), vient du latin cultus, participe passé du verbe colere qui signifie « adorer ». En général, le mot culte peut se comprendre en plusieurs sens. Retenons les quelques principaux sens que nous propose le Petit Robert.

    1. Le culte peut être compris comme hommage religieux rendu à une divinité, un saint personnage, ou un objet déifié. En ce sens, on y compte le culte de Dieu, des saints (culte de latrie et de dulie) chez les catholiques ou encore le culte du démon, culte de la Raison, de l'Etre suprême269(*).

    2. Il peut aussi être compris comme un ensemble des pratiques réglées par une religion, pour rendre hommage à la divinité ou à des divinités. Dans ce sens, il se fait par une liturgie ou un office, un rite ou un service. On y rencontre des divers officiels comme de rabbin, clergé, curé, évêque, prêtre, ministre du culte, imam, bonze, brahmane, lama, lévite, mage, muezzin, mufti, pasteur, pontife, pape, prélat voire sorcier... Il a lieu dans des édifices consacré au culte comme chapelle, église, mosquée, oratoire, sanctuaire, synagogue, temple. Il peut être, dans la liberté confessionnelle, selon ses instruments ou ses cérémonies particuliers par exemple un culte catholique, protestant, musulman pour ne citer que celles là270(*).

    3. Il est généralement compris comme une particularité protestante : service religieux protestant271(*). C'est ici qu'un office religieux constitué d'une liturgie préalablement élaborée et d'un commentaire des Écritures où les psaumes sont chantés pendant le culte. De ce fait, il est employé seul en français et il désigne « culte protestant ».

    4. Il a un rapport très étroit avec les confessions religieuses272(*).

    5. Comme figure, il traduit le sens de l'admiration mêlée de vénérations, que l'on avoue à quelqu'un ou à quelque chose. Ici, on a affaire à l'adoration, à l'amour, attachement, dévouement, vénération où l'on voue un culte à quelqu'un, culte de personnalité ou à l'argent pour un culte de l'argent273(*).

    Eu égard à ces différentes compréhensions du concept culte, nous pouvons dès lors comprendre que le culte est l'un des principaux objets matériels de toute religion. Tout dans ce domaine semble tourner autour du culte. Le culte, depuis les temps immémoriaux, est présent, bien plus, est au coeur de toute religiosité. Il tient sans doute une place importante dans la vie des humains dans leurs cérémonies religieuses de tous les jours, où les hymnes sont chantées (par le principal officiant ou non et soutenues par les voix de l'assemblée ou non). Mais aussi, depuis toujours, on sait que le culte comme célébration collective ou individuelle des humains dans leurs vies de chaque jour, est un moment d'une attitude particulière dans les relations avec Dieu. Dans cette communication, l'humain religieux, généralement, avoue ses limites devant la grandeur de la divinité en face de lui. Il a attend tout de celui qui est supérieur à lui et qui peut tout pour lui dans sa vie sur terre. C'est cela, la modeste compréhension que nous nous faisons généralement du culte dans le monde religieux.

    Avant de chercher et trouver le sens du culte à saisir par rapport au protestantisme, de manière spéciale, à comparer aux compréhensions retenues dans les pages précédentes, explorons la compréhension du monde biblique réservée à ce concept de culte.

    Dans la plupart des versions de Bibles, le culte n'apparait que quelques deux fois dans l'Ancien Testament274(*). Quand il est évoqué pour le culte que le peuple devrait rendre à l'Eternel après être entré en Canaan (Ex 13, 5), c'est la première fois. Quand il est évoqué pour prévenir les enfants d'Israël contre les faux cultes adressés aux corps célestes (Dt 4, 19). Les auteurs sont unanimes pour affirmer que l'expression « servir (Dieu ou l'Eternel) dans la version Colombe, est parfois traduit par « rendre un culte » (Ex 3, 12 ; Dt 6, 13 ; 10, 20 ; 13, 5 ; etc.). Le Nouveau Testament, fait usage de ce concept du culte quand on l'applique soit au culte juif (Rm 9, 4 ; He 8, 5 ; 9, 1 ; 9, 21 ; 10, 2), soit à des cultes idolâtres (Ac 7, 42 ; Col 2, 18) ou imaginés par l'homme (Jn 16, 2 ; Col 2, 23) soit à une attitude intérieure du chrétien devant Dieu (Rm 12, 1 ; Ph 3, 3 ; He 12, 28). Il ne se rapporte donc jamais à ce que nous appelons habituellement le culte chrétien. Le concept de culte en grec dans la plupart des passages est rendu par latreia du verbe latreuo qui signifie servir, rendre hommage, adorer275(*).

    Dès le début de l'humanité, les hommes n'ont pas manqué à exprimer leur reconnaissance et leur vénération à Dieu par des sacrifices (Gn 4, 4 ; 8, 20 ; 35, 14) en invoquant son nom (Gn 4, 26 ; 12, 8). Au Sinaï, Dieu a codifié la manière de lui rendre un culte qui lui soit agréable. Au tabernacle et au Temple le culte comportait la lecture de la Loi (Ex 24, 7- 8), les divers sacrifices (Lv 1 -7 ; Dt 12, 5 -7), la récitation du credo (Nb 15, 37 - 41 ; Dt 6, 4-9 ; 11, 13-21), des prières (1R 8, 22 -53 ; 2 Chr 20, 5 -12 ; 30, 18 - 20), l'offrande de parfum, plus tard : le chant des Psaumes par les Lévites (1 Chr 16, 42 ; 2 Chr 5, 12 -13 ; Ps 81, 7 ; 150, 4). A la fin, le prêtre prononçait la bénédiction (Nb 6, 24 - 26).276(*)

    La vie des Israélites, en famille et en communauté, on le sait, avait des liens inséparables avec culte qui englobait toute leur quotidienneté. On peut s'en rendre compte quand on passe en revue leurs journées spéciales telles que la Bible les rapporte dans le livre des Nombres. C'est le cas de sabbat (Nb 28, 3- 8), les nouvelles lunes (v. 11 -15), les fêtes (25, 1-7) et jubilaires (v. 8 -19). C'est ici que les prêtres et les Lévites étaient les médiateurs obligatoires d'un culte valable, mais lors des fêtes toute la communauté d'Israël y participait (Dt 16, 16 ; Lc 2, 41 -42) par la louange (Ps 93 ; 95- 100) et des prières (Ps 60 ; 79 ; 80) pour exprimer sa gratitude envers Dieu (Dt 11, 13). Le culte était toujours communautaire (1Chr 29, 20 ; Ps 42, 5) sauf en cas de rares exceptions (Ex 33, 9 - 34, 8). 277(*)

    Dans la synagogue, contrairement en famille, le culte était centré autour de la lecture et de l'explication des Écritures (Lc 4, 15 -27). Généralement, le pupitre de lecture occupait le centre du bâtiment). On y joignit des prières, la récitation du credo, le chant des Psaumes et la bénédiction d'Aaron (Nb 6, 24-26). Ce qui est presque particulier à relever dans l'organisation ici est que le culte était assuré par les laïcs. 278(*) C'est ainsi que les premiers chrétiens ont repris les éléments essentiels du culte synagogal en y ajoutant le repas du Seigneur. Ils participaient au culte du Temple (Ac 2, 46 ; 3, 1 ; 5, 42 ; 21, 26 ; 24, 17 -18) mais prenaient la Cène dans les maisons (Ac 2, 42- 46) et priaient ensemble (Ac 4, 31 ; 12, 12). Le culte chrétien était caractérisé par la liberté (1 Co 14, 26 ; 2 Co 3, 17) et l'ordre (1 Co 14, 32 - 33). Il comprenait des prières compréhensibles et en langues (1 Co 14, 14-15), le chant de Psaumes d'hymnes et de cantiques spirituels (Ep 5, 19 ; Col 3, 16), la lecture des Ecritures (1Tm 4, 13) et des lettres d'apôtres (Ac 15, 30 -31 ; Col 4, 16 ; 1Th 5, 27) et des paroles d'enseignements d'exhortation et d'édification (Ac 17, 2 ; 18, 28 ; Rm 15, 4 ; 1 Co 14, 26 ; 1 Tm 3, 16)279(*).

    Nous venons, dans les lignes qui précédent, de relever ce que nous pouvons appeler la concomitance du culte avec les sacrifices dans la vie des humains. Le concept du culte dans le monde biblique est omniprésent. On peut le remarquer par rapport à la vie communautaire des Israélites sur le chemin vers la terre promise, ou par rapport à la synagogue à Jérusalem d'une part, et même pour les premiers chrétiens qui ont pu incorporer les éléments essentiels du culte synagogal pendant les moments de dévotions dans leurs maisons, d'autre part. En somme, nous pouvons nous permettre d'affirmer que depuis toujours l'humanité, prise dans sa généralité, n'est pas étrangère à la notion de la religion ni du culte. Car Aristote ne disait-il pas que l'homme était aussi un animal religieux ?

    Revenons à la question fondamentale qui se posait par rapport à la quiddité du culte protestant. L'idée qui est derrière cette question est celle de savoir dire comment se présente aujourd'hui le culte protestant dans l'entendement du protestantisme au Congo.  Dans les lignes qui précédent, en effet, nous avions reconnu que cette question soulevait deux préalables qu'il nous faudra élucider bien que nous ne pouvions pas trouver des réponses toutes faites à ces questions : qu'est-ce que c'est le culte protestant ou encore qu'est-ce qu'un protestant, en général, peut bien saisir de la quiddité de son culte ? Essayons d'aborder cette question avec les quelques théologiens choisis dont Laurent Gagnebin, Hubert Bost et Jean Baubérot.

    2.2.1.2 Quiddité du culte protestant

    On sait que la question de la quiddité du protestantisme dans son essence est la plus grande interrogation à laquelle se soumettait Laurent Gagnebin280(*) en 1997. Il abordait cette question après d'autres questionnements aussi très importants par rapport à l'être et l'ethos de l'esprit protestant qui devrait se comprendre, par les protestants eux-mêmes, en vue d'accepter une autre logique. C'est de celle qui insiste sur la différence considérable entre la divinité telle que nous nous la représentons par nous-même et Dieu tel qu'il se révèle à nous en Jésus et à travers le témoignage biblique. Car Dieu est à la fois attendu et inattendu. Ainsi, notre savoir sur Dieu est purement et simplement un savoir qui ne sait pas. C'est le premier temps. Aussi les questionnements par rapport au culte protestant qui devrait aussi se comprendre, se préparer et se faire avec un esprit de responsabilité partagée. C'est le deuxième temps. Retenons arbitrairement deux de ses études: Le protestantisme : ce qu'il est, ce qu'il n'est pas et Le culte à choeur ouvert. Introduction à la liturgie du culte réformé. Dans cette partie de notre étude, nous allons nous servir des éléments essentiels de l'être protestant rassemblés dans son ouvrage Le Protestantisme, un exposé pour comprendre, un essai pour réfléchir  qu'il met à notre disposition. Deux chapitres clés constituent l'essentiel de cet ouvrage. Le premier définit l'essence du protestantisme et la logique propre à sa pensée. Le second présente la manière d'être du protestantisme.281(*)

    Pour Laurent Gagnebin, comme il le dit lui-même, parmi les quatre principales confessions qui forment le christianisme, en l'occurrence le catholicisme, l'orthodoxie, le protestantisme et l'anglicanisme, le protestantisme a un rôle à jouer, une place et des caractéristiques spécifiques. Bien qu'il se soit constitué depuis le XVIe siècle dans une opposition au catholicisme, le protestantisme aujourd'hui, devrait, en principe, dans le cadre d'un débat largement ouvert, parler mieux oeuvrer pour la complémentarité avec le catholicisme pourquoi pas avec toutes les confessions du christianisme. Ce faisant, pense-t-il, le principe du « à Dieu seul la gloire » aura marqué tout le protestantisme au lieu de continuer à dépeindre toutes les réalités historiques282(*).

    Nous comprendrons que, pour Gagnebin, le protestantisme au singulier, face et aux côtés des trois autres principales confessions qui forment le christianisme, ne semble pas cesser de glisser vers le radicalisme de positions théoriques et pratiques. C'est ce qui fait qu'en face de lui (le protestantisme, au singulier), nous retrouvons des protestantismes dans leurs nombreuses facettes et formes, tant historiques qu'institutionnelles à défendre ou à se défendre au lieu de toujours continuer à chercher à plonger dans les eaux profondes de la compréhension de l'esprit et de manière d'être du protestantisme. Il fait plutôt preuve d'un esprit d'ouverture à la neutralité qui concilie282(*). Les éléments essentiels et capables de nous aider à décrire le contenu de ce qu'on peut appeler « culte protestant », à partir des écrits de Laurent Gagnebin, nous les puiserons dans son premier chapitre qui traite de l'essence du protestantisme, spécialement son troisième sous- titre qui porte sur l'Église. Ce sous-titre explore les thèmes suivants : Église (du protestantisme) comme événement et institution, Église dans le culte (protestant), Église visible et invisible, Église vers une autocritique283(*). Pour le premier thème, l'auteur rapproche l'être de l'Église à un événement qui précède l'institution Église. C'est la Parole de Dieu, de l'Évangile qui seul soit l'événement capable de faire exister l'Église institution. Il le dit mieux en ces termes : L'Église est avant tout un appel que Dieu adresse aux hommes et qui les rassemble, un événement de sa seule grâce. De même que la foi est un mouvement de Dieu vers nous avant d'être celui de l'homme vers Dieu. L'Église est bien une convocation de Dieu adressée aux hommes avant d'être une institution humaine et une communauté. L'Église n'existe pas en dehors de cette relation ainsi comprise284(*). Le culte, comme célébration religieuse correspondant à un besoin humain de se concilier les faveurs de Dieu par des paroles et de rites, devrait se comprendre comme l'initiative de Dieu lui-même qui est le premier acteur du culte, il en est le maitre et le Seigneur. C'est lui qui lance l'appel par sa Parole, et la prière humaine en est une réponse. Ainsi, tout culte protestant et tout le culte protestant, insiste l'auteur, n'a d'autre but que de remercier Dieu et le louer pour sa grâce en prenant acte d'un total renoncement à nous prévaloir de quoi que ce soit devant lui285(*). C'est le deuxième thème exploré par l'auteur. Nous y reviendrons. L'Église et les églises, affirme l'auteur, ont par leurs cultes, leurs communautés, leurs institutions, leur histoire, un caractère visible. Toutefois, cette visibilité ne peut se manifester que par la voie de la mise en pratique d'un amour du prochain qui réponde à l'événement du Dieu d'amour manifesté en Jésus. Parce qu'elles sont visibles, elles ont une grandeur multiple, humaine, relative et faillible286(*). Pour l'auteur, seul Dieu sonde les coeurs et connaît la véritable Église. Car l'Église, dans sa réalité profonde, nous échappe et ne dépend pas de nous, puisqu'elle est un événement de Dieu287(*). C'est le troisième thème exploré. Le dernier thème traite de l'ouverture toujours exigeant vers une autocritique permanente dans l'agir quotidien du protestantisme. L'idée qui se dégage ici, si l'on comprend bien l'auteur, c'est la quête permanente du dégonflement du complexe de supériorité qui anime, parfois trop, l'âme du protestantisme. Car, comme le fait remarquer l'auteur, le protestantisme est facilement enclin à critiquer les autres confessions chrétiennes en oubliant ainsi lui-même de pratiquer une perpétuelle et exigeante autocritique et en se rappelant les chemins difficiles d'une Église toujours à réformer288(*).

    Après ce tour d'horizon sur l'essentiel du troisième point de l'Église dans le premier chapitre de l'ouvrage de Laurent Gagnebin qui porte sur l'essence du protestantisme, revenons au culte protestant pour tenter d'en dégager le contenu. Indiquons que le dégagement du contenu du culte protestant que nous nous proposons d'entreprendre prendra en compte l'apport de Jean Baubérot et de Hubert Bost par rapport à leur ouvrage commun sur le protestantisme.

    2.2.1.3 Traits caractéristiques du culte protestant

    L'essence du protestantisme, on le sait, se fonde sur ce que Paul Tillich appelle le « principe protestant ». Ce principe constitue le fondement même du mouvement de la Réforme. Les grandes affirmations exclusives de la Réforme y sont énoncées. Selon ces affirmations, tout procède de la grâce de Dieu (Soli Deo gracia), tout pour sa seule gloire (Sola Deo gloria) et celle de son fils (Solus Christus), tout selon la seule autorité des Saintes Ecritures (Sola scriptura), et enfin le salut uniquement par la seule foi (Sola fide) ?289(*) Nous y reviendrons. On comprend dès lors qu'à la Réforme, ce principe s'opposait énergiquement à toute prétention humaine ou institutionnelle de tendance à s'ériger en médiateur dans la foi, mieux se lève contre tout projet qui chercherait à attribuer à tout être humain même une infime portion, soit-elle, de la gloire qui doit revenir uniquement à Dieu et à Christ. Aussi, s'érige-t-elle en un mur contre l'autorité de la Tradition, des institutions, des décisions humaines de chefs ecclésiastiques ; elle se lève contre toute théologie de nature à faire considérer que les oeuvres humaines contribueraient à l'obtention du salut que Dieu nous donne en Jésus Christ, etc.290(*) C'est pour affirmer que la grâce de Dieu est la seule source de ce que l'homme est, de ce qu'il espère, de ce qu'il possède, bref de la totalité de son existence. Et la gloire qui doit impérativement revenir à Dieu, son créateur et à Christ son sauveur est la mesure mais aussi la finalité de toute entreprise, y compris celle du culte.

    A la lumière de ce principe fondamental protestant, les lignes qui suivent tenteront d'analyser mieux de dégager les traits caractéristiques du culte protestant. Nous ferons en examinant les éléments ci-après : son but, son élément central, la question de la gloire qui doit revenir à Dieu seul. Dans cette démarche, notre intention n'est pas de reproduire toute la doctrine protestante sur le culte - car elle peut aussi être plurielle- mais plutôt essayer d'offrir au lecteur une idée essentielle pouvant conduire à une autocritique face aux certains abus ou déviations qui se constateraient dans le domaine cultuel.

    2.2.1.4 Le culte protestant et son but

    En 1945, Freddy Dürrleman avait écrit un ouvrage sur l'Initiation protestante, où il parlait aussi de la compréhension du culte pour les protestants. Selon lui, le culte que tout chrétien protestant célèbre peut se retrouver dans une de ces catégories, à savoir : culte personnel ou individuel, de ce fait, il peut être privé. C'est la première catégorie. Le culte familial pour les membres de la famille comme au temps des enfants d'Israël et même au temps des premiers chrétiens. C'est la deuxième catégorie. Enfin, le culte public qui est souvent un culte dominical ou celui des autres jours de fêtes et du rendez-vous291(*). Le temple, cadre où se passe le culte public dominical, est un lieu sacré dédié à Dieu seul, lieu de l'emplacement du trône et de la gloire de Dieu, lieu où il vient à la rencontre de son peuple (Ez 43, 1-7).

    Il faut dire qu'en principe tout culte protestant n'a autre but que cette rencontre avec Dieu, la satisfaction de la soif d'être devant lui, de l'adorer et l'adorer lui seul comme le réclamait Roland de Pury à la suite de Shema Israël .292(*) Le culte est ainsi le lieu et le moment propice de l'édification du chrétien qu'il doit rendre tel qu'il doit être, par le contact avec la source même de la vie véritable, c'est-à-dire avec Dieu et Jésus-Christ293(*). Comme pouvait le dire Martin Luther, le but qu'on assigne aussi au culte est celui de mettre également le chrétien en contact avec la Parole de Dieu et l'édifier par le partage de l'amour avec les frères et soeurs dans la foi. Et il est important de noter que « le culte n'est pas une oeuvre humaine accomplie dans le but de se réconcilier avec Dieu, mais un service que Dieu rend aux hommes : il se propose et se donne à ceux qui veulent le recevoir »294(*). En d'autres termes, le culte, dans l'entendement du Protestantisme, ne doit être ni l'occasion « de se concilier les faveurs de Dieu », ni le moyen de « l'apaiser » et « l'apprivoiser » en vue de « disposer sa transcendance et l'approcher sans risque ».295(*) En réalité, le culte a lieu, non pas parce que les hommes et les femmes se sont décidés les premiers de venir à la rencontre de Dieu, mais plutôt parce que Dieu, dans sa grâce insondable, les a appelés le premier. Les hommes et les femmes ne font que répondre à cette invitation. C'est alors que le moment cultuel devient à juste titre « une manifestation et une proclamation communautaire, louant le caractère absolu de la grâce »296(*). Loin d'être « une oeuvre obligatoire et salutaire », Gagnebin peut renchérir que le culte est « un acte libre de reconnaissance », de remerciement et de louange pour la grâce dont Dieu nous fait bénéficiaires297(*). Le temps du culte protestant est donc celui d'un renoncement total de l'être humain qui n'a vraiment rien de se prévaloir devant Dieu.298(*) Gagnebin l'indique clairement quand par rapport au but assigné au culte protestant il évoque les notions de « tout culte protestant » et celle de « tout le culte protestant ». Pour lui, toutes ces deux notions n'ont d'autres buts que celui de remercier Dieu et de le louer pour sa grâce en prenant acte d'un total renoncement à tout homme de se prévaloir de quoi que ce soit devant Dieu. Ainsi, l'expression « Tout le culte protestant » fait allusion à chaque rencontre de prière des protestants, tandis que celle de « tout le culte protestant » vise tout le déroulement de culte protestant dans son contenu que sont généralement la prière, l'adoration au moyen des chants, hymnes, psaumes et cantiques, la lecture et la méditation de la Bible. C'est pour cela Dürrleman peut encore dire que tous ces éléments évoqués sont autant d'éléments qui concourent à la réalisation de ce but.299(*)

    2.2.1.5 Quid, l'élément central du culte protestant ?

    Si, pour les catholiques romains, le centre de la messe est le moment de l'eucharistie, chez les protestants, l'élément central du culte est la Parole de Dieu300(*) qui à travers toute la liturgie passe par des chants et cantiques, des lectures bibliques, de la méditation, la prédication et des prières.

    La Bible est dans le culte protestant, l'unique autorité en matière de la foi. Elle n'est pas un livre contenant les écrits de Jésus, mais elle est plutôt le livre qui contient ses paroles, et à travers elles, celle de Dieu.301(*) Cette parole ne doit jamais souffrir de mélange avec les additions humaines. A elle également rien ne peut être retranché par qui que ce soit. La confession de la Rochelle, citée par Roland de Pury, dans son Article 5, peut encore nous éclairer en ces termes : « Parce que l'Ecriture est la règle de toute vérité, contenant tout ce qui est nécessaire pour le service de Dieu et pour notre salut, il n'est pas loisible aux hommes ni même aux anges d'en ajouter, diminuer ou changer. D'où il sait que ni l'antiquité, ni les coutumes, ni la multitude, ni la sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les édits, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne doivent être opposés à cette Ecriture, mais au contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et reformées selon elle »302(*).

    Lors du tout le culte protestant, le moment de la prédication est crucial, étant donné que l'Évangile de grâce et de vie est puissamment annoncé au peuple de Dieu par Dieu lui-même qui s'utilise pour la cause le prédicateur comme simplement instrument. Outre la proclamation de la Parole, les temps de recueillement et de méditations intérieures sont de grande importance pour que les chrétiens qui participent au culte, élèvent leurs âmes vers Dieu, entrent en dialogue avec lui, dans le silence et dans l'intimité. Cela montre que la vivacité du culte ne signifie pas nécessairement les bruits et les extases, mais plutôt la communion avec Dieu. Pendant le moment central du culte, la tradition, les témoignages, les contes, les proverbes, les exemples de la vie quotidienne, etc. peuvent bien faciliter l'interprétation, la communication et la compréhension de la Parole de Dieu, mais jamais la remplacer.

    En un sens, dans un culte protestant l'important n'est pas la belle voix et l'éloquence de l'officiant ou du prédicateur, ni les mélodies des chorales, ni l'animation, ni l'offrande, etc. mais en revanche l'écoute de la Parole de celui qui convie à son rendez-vous, qui donne un appel auquel les humains devront répondre de façon à lui rendre gloire, louange et gratitude.

    2.2.1.6 Le culte comme lieu et moment de rendre gloire à Dieu seul

    En 1954, Louis Bouyer dans son ouvrage Du Protestantisme à l'Église affirmait ce qui suit : « Dieu est tout, fait tout et mérite toute gloire. C'est bien lui qui a dit que jamais sa gloire peut être cédée à aucun autre, fut-ce ange ou quelqu'un parmi les humains »303(*) A la suite de Bouyer, Laurent Gagnebin peut encore attirer l'attention des protestants quand il écrit : « C'est à ce Dieu unique et éternel que le culte protestant est adressé, par la seule médiation de Jésus-Christ, et en s'appuyant sur la seule autorité de l'Évangile. Pendant tout culte et tout le culte, le règne et la gloire reviennent unilatéralement à Dieu et à son fils. Rien de ce qui est digne de lui ne peut faire l'objet de partage ou de concurrence avec l'homme, qui qu'il soit. Tout dans le culte protestant doit aboutir à ceci : A Dieu seul la gloire »304(*). Ainsi, les cris de joie, les applaudissements, les libéralités ou offrandes, les prières, les chants qui remplissent nos temples ne peuvent qu'être adressés et orientés vers Dieu seul. C'est devant lui que le Chrétien peut se prosterner et se présenter, et non pas devant les saints, le Pasteur ou le chef de l'Église. Et personne, de l'intérieur de l'Église ou du monde politique, quelques soient son rang et son pouvoir, ne peut se faire adorer, glorifier, louer, gratifier au même titre que Dieu, dans son lieu saint.

    Faut-il encore faire remarquer que le culte qui est totalement dédié à Dieu dans l'essence du protestantisme ne doit pas être réduit en une occasion de prévaloir les mérites des hommes, de publicités et de campagnes politiques, d'usage et de domination de pouvoir temporel. Il est donc inapproprié qu'un culte soit momentanément interrompu pour saluer l'entrée fut-elle triomphale d'une autorité politique ou ecclésiastique, ou encore que le culte soit interdit, ou conditionné par des motifs politiques. Retenons. Au culte tous sont égaux devant Dieu. Les hautes autorités de l'Église d'en haut comme le peuple de l'Église d'en bas, tous sont tenus à s'humilier devant Dieu et unir leurs voix pour lui adresser la louange. Que le prédicateur prêche avec onction et inspiration, que les chantres chantent aux langues des anges, que les autorités politico-administratives ou ecclésiastiques participent dans le culte, etc. C'est toujours à Dieu seul que revient toute gloire.

    La compréhension protestante du culte comme lieu et moment de gloire à Dieu seul, fait prévenir tout glissement vers l'idolâtrie. Car glorifier les hommes et les femmes dans le culte, y louer leurs oeuvres et leurs mérites, n'est autre chose que de l'idolâtrie. Le Protestantisme, à la suite de peuple d'Israël, a toujours soutenu que Dieu seul est Dieu, et que c'est à lui seul qu'appartiennent l'adoration et la gloire, en tout lieu et en toute circonstance, de la part de toutes ses créatures (Ap 19, 10 ; Ac. 14, 13-15 ; 10, 26).

    Pour clore ce point sur le culte protestant, il faut se le répéter. Le Protestantisme par rapport au culte se comprendrait et se démarquerait toujours si par sa manière de concevoir et de vivre le culte, lieu et le moment où le chrétien répond à l'appel initial de Dieu et entre en contact avec sa Parole, lieu où tout doit être fait pour la seule gloire de Dieu et du Christ, le Protestantisme demeure lié aux prescrits du « principe protestant ».

    2.3 Grands traits caractéristiques de l'identité protestante

    Depuis 2000, Jean Baubérot et Hubert Bost, dans les dossiers de l'encyclopédie du protestantisme, ont mis à notre disposition un ouvrage imposant de trois chapitres avec annexes sur le protestantisme. C'est de leur ouvrage Protestantisme305(*) que nous faisons allusion. Pour ces deux auteurs, représentants protestants français, le protestantisme devra se comprendre comme est une famille théologique, spirituelle et éthique du christianisme, issue de la Réforme du XVIe siècle. De ce fait, il n'est pas lui-même une Église, mais un ensemble d'Églises dont les positions ne sont pas toujours communes. Comme on peut le constater, Hubert Bost dans cet ouvrage, pose quelques jalons qui permettent de comprendre l'évolution du protestantisme dans l'histoire. Il tient à le faire avant de discuter la pertinente des principes protestants de base qui se sont définis par opposition au catholicisme du XVIe siècle. Il s'agit des Cinq « seuls » qui devraient toujours éclairer la marche de l'Église. Hubert Bost le fait dans les deux premiers chapitres. Jean Baubérot, à son tour, développe une approche socio-historique visant à comparer le protestantisme à d'autres phénomènes religieux à partir notamment de la notion de révélations, sa clôture, son prolongement, sa reprise critique, etc.

    Il va falloir, dans les lignes qui suivent, parler de grands traits caractéristiques de l'identité protestante. Or le protestantisme aujourd'hui n'est plus celui du XVIe siècle. Car bien qu'étant une famille théologique, spirituelle et éthique du christianisme, issue de la Réforme, comme le soutient Host et Baubérot, le protestantisme est aujourd'hui beaucoup plus pluriel. On remarquera, dès l'introduction de leur ouvrage, que Hubert Bost semble soulever, entre les lignes, cette préoccupation306(*). C'est comme si l'on voudrait s'interroger par rapport à la quête d'éléments d'intersection entre les courants. Si, le qualificatif  « protestant » qui avait été, dans un premier temps, péjorativement utilisé par les adversaires de la Réforme, et qu'aujourd'hui il se trouve être la plate- forme de l'ensemble des multiples courants composant cette famille, ne doit-on pas chercher et trouver les grands traits qui les unissent ? Le fait de reconnaitre que ces courants ne forment pas une (seule et même) Église en soi, mais un ensemble d'Églises qui ne sont pas toutes en communion les unes des autres, aussi que la grande la diversité théologique, culturelle et historique des tendances qui s'expriment dans cette famille n'exclut pas, à notre sens, l'ouverture à la trouvaille de traits communs. Ces traits communs, on le sait, convergent dans la notion en histoire de la théologie, l'essence, la manière d'être, les confessions, les principes fondamentaux et sur les pionniers communs du protestantisme.

    2.3.1 Sa notion en histoire de la théologie

    Evoquer le protestantisme, dans sa notion en histoire de la théologie, ne peut se comprendre de manière exhaustive, si, comme l'écrit H. Bost, on ne faisait pas apparaitre les choix historiques et théologiques qui sous-tendent sa présentation. On se souviendra que le vrai combat des protestants à l'origine, n'était pas celui de la rupture mais de la réforme de l'Église catholique. Poussés par leur engagement pour la liberté en matière de la foi, ils demandèrent à l'Église de revenir aux affirmations de l'Évangile attestées dans les Saintes- Écritures. Comme le fait observer Bost, deux faits sont à relever. L'attitude qui se manifeste par la protestation et le système qui se met en place. Nous pouvons ne pas nous empêcher de nous interroger sur les dimensions théologiques et historiques qui conjuguèrent ensemble au début de la Réforme. Si les premiers acteurs dans ce mouvement furent, au XVIe siècle, davantage les hommes d'une attitude (la protestation et attestation) que les tenants d'un système (le protestantisme), n'est-ce pas que la protestation comme attitude fut beaucoup plus l'arme de défense sur le plan théologique et que le protestantisme comme système du moment au début du XVIe siècle fruit de l'histoire qui marchèrent ensemble? La reconstitution de l'histoire mieux de la généalogie du protestantisme, comme l'affirme Bost, c'est vrai, empruntera-t-elle deux voies différentes et peut-être complémentaires. Ces deux voies seront certes d'un côté, celle de l'élaboration et du déploiement du « principe protestant » qui augure la rupture et de l'autre, le désir ardent de reformer. Le point qui suit viendra exposer, dans son essence, la pensée théologique élaborée du protestantisme.

    2.3.2 Son essence

    Le terme essence est défini comme étant ce qui constitue la nature d'une substance sans tenir compte des modifications superficiels pouvant l'affecter.307(*) Ainsi, l'essence du protestantisme veut tout simplement dire ce qui constitue la nature du protestantisme. Brièvement, les éléments constituant la nature du protestantisme sont résumés en cinq points suivants que les théologiens, à la suite de Paul Tillich, appellent le principe protestant.308(*) Ce principe existe en germe dès la Réforme et qui se déploie progressivement à travers les époques et les territoires. Essayons de les rappeler et les présenter sous forme de thèses dans les lignes qui suivent.

    Thèse 1

    L'Évangile de Jésus est et doit demeurer l'orientation première de la vie et du témoignage du croyant et de l'Église.

    Jésus-Christ est au centre des Ecritures et leur donne un sens. Il donne sens à toute vie individuelle et ecclésiale. Il est la raison et la source du salut, l'unique médiateur de la grâce de Dieu.309(*) Ceci entraîne le refus de toute autre médiation. L'intercession de Marie, mère de Jésus, et celle des Saints font davantage écran entre le croyant et Dieu qu'elles ne favorisent le dialogue de la foi. Tout rite susceptible d'être interprété comme la répétition de la mort du Christ qui a donné sa vie une fois pour toute sur la croix pour le salut du monde est rejeté. Le culte chrétien n'accomplit pas de nouveau le sacrifice offert une fois pour toute par le Fils de Dieu, mais il en actualise la promesse.310(*)

    Thèse 2

    Le salut s'obtient par la foi seule au moyen de la grâce en Jésus-Christ

    La conviction sur l'Évangile et sur Jésus comme source du salut se traduit par l'insistance sur le message de justification des humains devant Dieu : C'est par pure grâce et non sur la base des oeuvres que Dieu accepte le pécheur et lui offre la vie.311(*) Sola gratia, la grâce seule et Sola fide, la foi seule sont des slogans caractéristiques du protestantisme en matière de la doctrine du salut.312(*) Ceci veut dire que la foi et la grâce sont premièrement un don de Dieu. Et la foi, telle que l'entendent les Réformateurs, est un don de la grâce divine. Elle en est donc inséparable : dire l'une (la foi) c'est simultanément dire l'autre (la grâce).313(*) Même si les oeuvres ne sauraient entraîner le salut, le protestantisme ne les néglige pas pour autant. Elles sont la conséquence nécessaire de la foi et un signe de la reconnaissance pour le salut reçu.314(*) Charles Serfass et Jules Roche commentant la confession de foi des Églises Réformées de France notent : enfin, le rejet de toutes les oeuvres méritoires accomplies par l'homme, conséquence de l'attitude prise vis-à-vis du sacrifice de Jésus, nécessaire et suffisant pour assurer le salut : « Nous croyons que toute notre justice est fondée en la rémission de nos péchés, comme aussi c'est notre seule félicité, comme dit David. C'est pourquoi nous rejetons tous de nous pouvoir justifier devant Dieu et sans et sans présumer de nouvelles vertus ni mérites, nous nous tenons seulement à l'obéissance de Jésus-Christ, laquelle nous est allouée, tant pour couvrit nos fautes que pour nous faire trouver grâce et faveur devant Dieu.315(*)

    Thèse 3

    La justification est donc reçue par la grâce au moyen de la foi et nullement sur base des oeuvres.

    Elle est l'acte par lequel Dieu trois fois saint, déclare par son amour que le pécheur croyant est devenu juste et acceptable devant lui, parce que Christ a porté son péché sur la croix, ayant été « fait justice » en sa faveur (1Co 1, 30). Le protestantisme, dans son essence enseigne que la justification est gratuite, c'est-à-dire totalement imméritée (Rm 3, 24). La justification est donc reçue par la foi, et nullement sur la base des oeuvres (Rm 3, 26-30 ; 4,5 ; 5,1 ; 11,6 ; Ga 2,16 ; Ep 2,8-10). Elle est un acte souverain de celui qui, en Christ, nous appelés, justifiés et glorifiés. L'insistance sur la justification du croyant devant Dieu comme norme de toute vie ecclésiale conduit à une compréhension renouvelée de l'Église comme l'affirment Baubérot et Bost.316(*) Mais Gisel de l'autre côté pense que l'Église est « l'assemblée de tous les croyants auprès desquels l'Évangile est prêché purement et les saints sacrements administrés conformément à l'Évangile (Confession d'Augsbourg, art.7, in op.cit, p.47). L'être de l'Église est garanti par l'Esprit Saint au moyen des signes visibles que sont la Parole et les sacrements, et non une continuité institutionnelle, par des ordonnances ecclésiastiques ou l'autorité du magistère. Cet ordre renverse la prétention de toute hiérarchie à incarner l'Église ».317(*)

    Thèse 4

    L'autorité de la Bible. La Bible, Parole de Dieu est la source première, la règle de la foi, des croyances et de notre vie.

    Les protestants affirment l'autorité de la Bible, l'unique source et la norme de leur enseignement ; ils rejettent la position catholique reconnaissant l'autorité suprême du pape pour tout ce qui concerne la morale et la foi. On se souviendra que Luther et ses successeurs entreprirent donc de traduire la Bible afin de permettre aux laïcs de l'étudier et d'avoir recours à leur libre arbitre qui concernait la doctrine.

    Malgré cet accord général sur l'autorité de la Bible, les protestants, dans leur pluralité, sont en désaccord sur des questions d'interprétation et d'érudition biblique. Les uns acceptent les résultats de la « critique supérieure » et de l'étude historico-critique de la Bible, développées au cours des XIXe et XXe siècles ; ils nient l'authenticité de certains passages de la Bible ou en présentent une interprétation symbolique ou allégorique. Les autres, des protestants conservateurs tels que les fondamentalistes ou la plupart des évangélistes, insistent sur le caractère infaillible de la Bible non seulement quant aux problèmes de foi, mais aussi dans tous les domaines de l'histoire, de la géographie et de la science. Par ailleurs, certains parmi les protestants n'admettent que le jugement individuel pour résoudre les problèmes d'interprétation biblique, tandis que d'autres s'en remettent aux credo formulés par les Églises pour guider leurs membres318(*).

    On comprend dès lors que la Bible par l'autorité qu'elle incarne est l'un des constituants majeurs de l'essence du protestantisme. En effet, pour les protestants, les Ecritures saintes sont la seule source qui permette de découvrir les vérités de la foi. Elles sont la norme (norma normans) de toute prédication, toute vie ecclésiale.319(*) C'est pourquoi, la conviction et la proclamation qui se veulent fidèles à la Bible constituent l'un des principes de base du protestantisme. Car dès le début, le Réformateur le clamait tout haut à la diète de Worms convoquée en 1521 par l'empereur Charles Quint. Le but de la convocation de celle-ci était que Luther y soit entendu et jugé. Quand l'occasion lui avait été donné de dire un mot, alors il y prononça ces paroles inoubliables que rapporte Gagnebin: « A moins que l'on me convainque par des attestations de l'Ecriture ou par d'évidentes raisons car je n'ajoute foi ni au pape ni aux conciles seuls puisqu'il est clair qu'ils se sont souvent trompés et qu'ils se sont contredits eux-mêmes, je suis lié par les textes scripturaires que j'ai cités et ma conscience est captive des paroles de Dieu ; car il n'est ni sûr ni bonne d'agir contre sa propre conscience. Je ne puis autrement, me voici, que Dieu me soit en aide »320(*).

    La « Sola scriptura », l'Ecriture seule contre l'autorité de la tradition, Pères, conciles, Papes se dégage de ces paroles de Luther. La pensée protestante est enracinée dans la Bible et dans sa lecture321(*). Celle-ci est la révélation écrite de Dieu. Elle a le message du salut en Jésus-Christ ; la Bonne Nouvelle. Cet Évangile de Jésus-Christ est et doit demeurer l'orientation première de la vie et du témoignage du croyant et de l'Église, le dit Jean Baubérot.322(*) La Bible décrit aussi l'amour sans mesure de Dieu envers l'homme pécheur. Le protestantisme estime par conséquent qu'en matière doctrinale ou éthique, la Bible est la source première, la règle de foi, des croyances et de notre vie ajoute Laurent Gagnebin323(*). La Bible jouit ainsi pour lui d'une double priorité par rapport à la tradition qui l'a suivie : une antériorité d'ordre historique et une primauté d'ordre spirituel.324(*) Qu'en est-il de la cinquième thèse de l'essence du protestantisme ?

    Thèse 5

    La valorisation de la conscience et de la liberté individuelles. Car c'est pour la liberté que Christ nous a libérés.

    Ce qui fait encore partie de l'essence du protestantisme, c'est la valorisation de la conscience et liberté individuelles. Les Réformateurs ont clamé tout haut le libre droit de vivre l'Évangile. C'est ce qui entraîna l'esprit de liberté du protestantisme comme le note Freddy Dürrleman. « Ce n'est pas à dire, d'ailleurs que dès le début la Réforme ait revendiqué toutes les libertés qu'elle portait inconsciemment dans son sein. La Réforme ne s'est pas faite sur la question de la liberté, mais sur celle de la fidélité à l'Évangile. Cependant la revendication par la Réforme du libre droit pour chacun de vivre en conformité avec l'Évangile librement examiné par lui en dehors de l'autorité de l'Église, devait inévitablement faire naître toutes les autres libertés »325(*). Aussi, Martin Luther défendant la liberté chrétienne pouvait  écrire : « Un chrétien est maître libre se trouvant au dessus de toutes choses et est esclave de toute personne »326(*).

    Aux XVIe et XVIIe siècles, cette attitude se traduit par la critique de l'institution ecclésiale dont la Réforme juge qu'elle fait écran entre le croyant et la vérité divine révélée dans la Bible. Contre la « voie d'autorité », on prônera la « voie d'examen » : inspiré par l'esprit, le croyant peut lire et doit comprendre ce que Dieu lui dit par l'Écriture327(*).

    Thèse 6

    Seul Jésus-Christ est le chef de l'Église. Ainsi, le sacerdoce est universel.

    Les dirigeants de la Réforme s'élevèrent contre l'institution catholique du sacerdoce et proclamèrent la « prêtrise de tous les croyants ». En outre, selon Luther, la participation du chrétien à la société où il pouvait servir son prochain, était tout aussi satisfaisante aux yeux de Dieu que la vocation religieuse. La plupart des confessions ont cependant adopté l'ordination des pasteurs. Mais, tandis que le prêtre catholique est perçu comme un médiateur de la grâce divine, le pasteur protestant est considéré comme un laïc ayant simplement reçu la formation qui lui permettrait de remplir des fonctions religieuses : prédication et administration des sacrements. Cette idéologie de l'égalité fondamentale de tous les membres de l'Église a fait que l'administration des Églises protestantes est toujours restée plutôt démocratique. Il existe pourtant des différences. Les principales formes reconnues sont : l'administration épiscopale (les évêques y exercent l'autorité) des Églises anglicane, épiscopale et méthodiste ; l'administration presbytérienne (les presbytes ou anciens sont élus dans les organes dirigeants comme représentants des congrégations) des Églises presbytérienne et réformée ; enfin, l'administration congrégationaliste (la Congrégation elle-même y représente la plus haute autorité) des Églises congrégationaliste, baptiste ou autres328(*).

    Aujourd'hui encore, cette fameuse confession : Jésus-Christ est le chef de l'Église fait partie de l'essence du protestantisme. Christ règne sur son Église dont il est le maître. Entre le lecteur de la Bible et Dieu, il n'y a pas interposition d'une personne, il n'y a plus des autorités religieuses ni d'état ecclésiastique. On a inventé que le Pape, les Évêques, les prêtres, les gens de Monastères seraient appelés état ecclésiastique, les Princes, les seigneurs, les artisans, et les paysans, l'état laïque.329(*) La Bible n'est plus un trésor protégé, réservé, gardé par une Église qui la contrôle, la maîtrise et en dispose dans son enseignement et dans son commentaire. Contre là, on rencontre un grand principe du protestantisme : Le sacerdoce universel qui signifie que les croyants sont tous prêtres par leur baptême (1 P 2, 9)330(*). Le Saint-Esprit organise et dirige le corps du Christ par un certain nombre de ministères ou des services, lesquels sont proprement un don, une grâce de Dieu faite à l'Église. Les quelques listes de ces divers services que donnent les Épîtres et les Actes ne sont pas exhaustives et ne se recouvrent pas exactement, une grande mobilité et une grande diversité des services existent assurément dans l'Église primitive : service de la parole, service des tables (diaconie) et ensuite prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs.331(*) Dans les Actes apparaissent les « anciens » et les administratifs, dans l'épître aux Romains (Rm 12). Il faut reconnaitre que dans son essence, le protestantisme n'épouse pas l'institution ecclésiale. Cette position peut se comprendre quand Gagnebin écrit  par ex.: «  Il est évidemment difficile de tirer du Nouveau Testament un régime ecclésiastique qui s'impose de manière péremptoire. Aussi, le protestantisme n'a-t-il ni le droit d'exclure, ni celui d'imposer le système épiscopal, ou le système congrégationaliste, ou le système presbytéral-synodal. C'est le domaine où jouent normalement les transitions, où chaque Église peut avoir ses préférences et où l'unité, si elle doit s'étendre à ce domaine, ne pourra se faire que par les compromis de la sagesse, de l'audace et de l'humour »332(*).

    Thèse 7

    La simplicité du culte, la pratique des offices en langues locales et introduction de chant d'hymnes par l'assistance

    Par comparaison avec la messe catholique ou la divine liturgie orthodoxe, les cultes protestants sont plus simples et insistent davantage sur le prêche. Les protestants à la suite des réformateurs pratiquent des offices en langues locales et l'exécution de chant d'hymnes par l'assistance qui en est une marque déposé protestante depuis les temps de Luther. Certains services (par exemple, le service pentecôtiste) ne possèdent pratiquement pas de structures et sont largement spontanés ; fondés sur la participation de l'assistance, ils privilégient les dons spirituels, comme la glossolalie. Dans toutes les traditions protestantes, le nombre des sacrements a été ramené, des sept existant dans le catholicisme, à deux : le baptême et l'eucharistie.

    En un sens pour nous résumer sur ce point, nous pouvons dire que loin de vouloir nous répéter, on peut une fois de plus affirmer que l'essence du protestantisme se résume dans les grandes affirmations exclusives de la Réforme qui sont d'ailleurs ses principes fondamentaux.333(*) Dans leur ensemble, les Églises protestantes ont conservé plusieurs des principales doctrines catholiques et orthodoxes, telles que la Trinité, l'expiation et la résurrection du Christ, l'autorité de la Bible et les sacrements du baptême et de l'eucharistie (ou cène). En revanche, certaines doctrines et rites distinguent encore la tradition protestante des deux autres traditions chrétiennes.

    2.3.3 Sa manière d'être

    L'existence du protestantisme, dans sa manière d'être, telle que nous la présente Laurent Gagnebin retient, à gros traits, les trois attitudes ou  marques ci-après : une pluralité, un esprit de liberté et une simplicité qui contrastent avec l'unité, le système d'autorité et les fastes du catholicisme. Comme l'auteur peut le faire observer, l'idée ici n'est pas celle de rentrer dans les désaccords, en réalité irréductibles, qui opposent ces deux confessions chrétiennes. Car aujourd'hui, ces désaccords peuvent toujours être vécus dans l'idée de la complémentarité. 334(*) Essayons d'articuler succinctement sur ces marques protestantes.

    2.3.3.1 La pluralité

    Alors que l'on parle d'une Église catholique, le protestantisme se caractérise par une grande pluralité. Si le catholicisme est un, le protestantisme est pluriel. La Réforme a en effet donné naissance à plusieurs dénominations protestantes, dont les principales sont l'Église luthérienne, l'Église réformée et l'Église baptiste.335(*) Si la pluralité au sein du protestantisme est une évidence, son unité infrangible l'est aussi. Son harmonie fondamentale lui vient du principe matériel du salut par la seule grâce de Dieu et du principe formel de la Bible reçue comme seule règle de la foi, deux données tout à fait décisives. C'est comme pour dire que devant la Bible336(*), le seul livre qui les unit, la pluralité protestante s'écroule bien que les interprétations en soient très variées. On peut alors affirmer que ces deux réalités soudent ensemble toutes les formes que revêt tout le protestantisme hier comme aujourd'hui. L'unité de la mosaïque protestante est en fait plus profonde qu'apparente, elle concerne sa foi plus que ses institutions et structures. Le protestantisme ressemble à une famille très unie, mais répartie dans des maisons différentes337(*). Le souci protestant de pluralisme a donc favorisé des lecteurs diverses de la Bible qui ont pu ensuite se faire sans contrôle clérical. La pluralité protestante a défendu la règle et la pratique démocratique, avec lesquelles l'exercice du sacerdoce universel l'avait depuis longtemps familiarisé. Il y avait trouvé en fait une véritable initiation à cette forme de gouvernement. Cependant, la pratique interne de la démocratie ne doit pas signifier seulement le respect de la majorité, mais bien d'abord, et surtout, celui des minorités. La pluralité protestante trouve de nouveau ici un terrain privilégié. Si le protestantisme a souvent été identifié à une religion de tolérance et d'ouverture, cela est largement dû à sa volonté de pluralité et à son attachement à la liberté338(*).

    2.3.3.2 La liberté

    Évangile et liberté sont autant des mots clés dans l'âme du protestantisme. Ils ont des rapports particuliers et privilégiés dans la manière d'être des protestants. Pourvu que le principe matériel du salut par la seule grâce de Dieu, sans le recours des oeuvres humaines ou leur collaboration, soit intégralement sauvegardé, peu importe le reste, pour un protestant.339(*) Comme l'écrit Gagnebin, l'esprit de la liberté au sein du protestantisme peut être aujourd'hui défini par l'idée selon laquelle là où l'erreur n'est pas libre, la vit d'imposer rite ne l'est pas non plus. Dans une telle perspective, le contraire de la vérité n'est pas l'erreur, mais bien le fait d'imposer la vérité.340(*) Or la vérité s'impose mais on ne l'impose pas. La liberté protestante se veut toujours respectueuse de conscience des autres. En face d'une majorité dessinée, sur une question dogmatique, éthique ou même politique, elle se veut respectueuse de la liberté de conscience de chacune et de chacun. La minorité ne peut faire l'objet d'aucune condamnation et d'aucune exclusion dans la manière d'être du protestantisme ; elle a droit à la parole et garde son entière liberté d'expression.341(*)

    2.3.3.3 La simplicité

    Le protestantisme, il faut le dire, s'attache à la simplicité. Cette simplicité se veut une recherche permanente de l'authenticité qui se traduit par le refus de l'artifice et du clinquant. La simplicité protestante se manifeste aussi dans sa haine du mensonge, sa passion de la vérité, son éloge fréquent de la sincérité et de l'honnêteté intellectuelle et morale.342(*) André Gide (1869-1951), comme l'atteste les écrits de Gagnebin, a légué aux protestants cette sagesse proverbiale qui dit : «  Je préfère être haï qu'aimé pour ce que je ne suis pas ».

    Indiquons un autre objet dans la recherche de l'authenticité dans l'âme du protestantisme. C'est l'objet de l'excédent de bagages. La simplicité protestante exige que tout esprit d'excédent de bagages343(*) soit banni dans la manière d'être du protestantisme de tout temps. La simplicité de Temples protestants est aussi un signe qui ne trompe pas dans l'effort du protestantisme de se dépouiller de tout excédent de bagages. Car le christianisme, dans sa vérité authentique, en souffrait et qu'il fallait retrouver ainsi l'essence du christianisme344(*).

    2.3.4 Ses confessions

    La Confession de foi, par définition, est un texte concis résumant l'essentiel de la foi chrétienne ; elle est lue par l'officiant ou récitée par toute l'assemblée au cours du culte. Elle est aussi appelée credo (du latin «je crois ») ou symbole (du grec « résumé »). Elle désigne également, sous forme beaucoup plus développée, un ouvrage contenant l'ensemble des points de doctrine auxquels adhèrent les croyants de telle ou telle Église345(*)

    Les protestants, en général, souscrivent dans leur majorité aux grandes confessions de foi de la tradition chrétienne représentées par le Symbole de Nicée-Constantinople, dont la version actuelle remonte au IVe siècle, et le Symbole des Apôtres, dont la version définitive remonte au VIIIe siècle. Le Symbole de Nicée-Constantinople est la confession de foi lue dans la messe catholique ; c'est à titre exceptionnel, et surtout dans des célébrations oecuméniques, qu'on utilisera le Symbole des Apôtres plus souvent retenu, lui, par les protestants. 346(*) Si ces derniers accueillent généralement ces confessions de foi historiques, ils le font sinon dans leur lettre, au moins de leur esprit. Mais pas tous. Certains protestants (progressistes comme conservateurs) refusent de se reconnaitre dans ces pages, dont ils critiquent soit une certaine mythologie, soit une terminologie qu'ils jugent trop éloignée des termes et des concepts bibliques. Car le protestantisme dans l'unanimité ne se définît pas dans sa foi avec de nouveaux dogmes mais plutôt avec des principes spécifiques347(*).

    Il est important de remarquer les chrétiens protestants (comme catholiques ou orthodoxes) s'accordent pour reconnaitre que les grandes confessions de foi héritées du passé sont beaucoup plus marquées par une conception du monde et des catégories philosophiques et scientifiques qui ne plus ni celles de la Bible ni les nôtres. Ils donnent ce point de vue par rapport au Symbole de Nicée-Constantinople qui n'est plus celui de nos combats de l'heure. De ce fait, les protestants, faisant droit à une fidele exigence d'intelligibilité pour tous, rédigent pour leurs contemporains des nouvelles confessions adaptées à leur propre situation. On peut aussi voir le même souci les conduire dans le travail des différentes traductions de la Bible, la diversité dans l'organisation du culte d'une Église à l'autre, d'un coin monde à l'autre à travers les siècles. Il n'y a pas de forme imposée ni aucun ordre stéréotypé et figé348(*). A titre illustratif, retenons deux confessions de foi destinées à deux Églises bien déterminées : d'une part celle de l'Église réformée de France et d'autre part celle de l'Église du Christ au Congo. Nous les présenterons sans commentaires. Ainsi, voici la Confession de foi :

    « Nous croyons en Dieu.

    « Malgré son silence et son secret, nous croyons qu'il est vivant.

    Malgré le mal et la souffrance, nous croyons qu'il a fait le monde pour

    le bonheur de la vie. Malgré les limites de notre raison et les révoltes

    de notre coeur, nous croyons en Dieu.

    «  Nous croyons en Jésus- Christ.

    « Malgré les siècles qui nous séparent du temps où il est venu,

    nous croyons en sa parole. Malgré nos incompréhensions et nos refus,

    nous croyons en sa résurrection.

    « Malgré sa faiblesse et sa pauvreté, nous croyons en son règne.

    « Nous croyons en l'Esprit saint.

    « Malgré les apparences, nous croyons qu'il conduit l'Église. Malgré la mort,

    nous croyons qu'il conduit l'Église. Malgré la mort, nous croyons à la vie éternelle. Malgré l'ignorance et l'incrédulité, nous croyons que le Royaume de Dieu est pour tous les hommes ».349(*)

    Pour l'Église du Christ au Congo, voici le contenu :

    « Nous croyons en Dieu, le Père Tout-Puissant,

    Créateur du ciel et de la terre. Dieu d'amour qui a envoyé

    son Fils Unique pour le ministère de la réconciliation.

    Nous confessons Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur du monde,

    et Chef de l'Église.

    Il a souffert, Ila été crucifié, Il est mort, Il est mort, Il est descendu aux enfers,

    Il est ressuscité des morts.

    Nous sommes nourris des Saintes Écritures, base de notre foi en Jésus-Christ.

    Nous vivons sous l'autorité de Père, Fils et Saint-Esprit ».350(*)

    2.3.5 Ses principes fondamentaux

    Toutes sensibilités confondues, les protestants partagent les principes fondamentaux qui suivent351(*) :

    1. Sola Gratia: par la grâce seule

    L'homme ne peut pas mériter son salut auprès de Dieu, mais Dieu le lui offre gratuitement par amour. Ce qui rend l'homme capable d'aimer lui aussi. Ainsi, la valeur d'une personne ne dépend que de l'amour de Dieu, et non de ses qualités, ni de son mérite, ni de son statut social.352(*)

    2. Sola Fide : par la foi seule

    Ce don se fait à l'occasion d'une rencontre personnelle avec Dieu, en Jésus- Christ (solo Christo : par Christ seul). C'est cela la foi, non une doctrine ou une oeuvre humaine. D'une personne à l'autre, elle peut surgir brusquement ou être le fruit d'un cheminement. Chacun la vit de manière particulière, comme sa réponse à la déclaration d'amour de Dieu.353(*)

    3. Sola scriptura : par l'Écriture seule

    Considérée comme porteuse de la parole de Dieu, la Bible est à la fois la seule autorité théologique et le seul guide, en dernière instance, pour la foi et la vie. Elle est éclairée par la prédication de ministres appelés par l'Église et formés par elle (mais le Saint esprit peut appeler d'autres prédicateurs que seulement ceux-ci). À travers les témoignages humains qu'elle nous transmet, elle dessine des principes de vie à partir desquels s'exerce la responsabilité personnelle de chacun.354(*)

    4. Soli Deo gloria : à Dieu seul la gloire

    Il n'y a que Dieu qui soit sacré, divin ou absolu. Ainsi, toute entreprise humaine ne peut prétendre avoir un caractère absolu, intangible ou universel, y compris la théologie. De plus, partant du principe que Dieu nous a donné la liberté, les protestants sont généralement favorables à un système social qui respecte la pluralité et les libertés.355(*)

    5. Ecclesia semper reformanda : l'Église doit se réformer sans cesse

    Les institutions ecclésiastiques sont des réalités humaines. Elles sont secondes. « Elles peuvent se tromper », disait Luther. Ainsi, les Églises doivent sans cesse porter un regard critique sur leur propre fonctionnement et leur propre doctrine, à partir de la Bible. En revanche, les chrétiens catholiques affirment ne jamais se tromper dans le mystère impénétrable et sacré des voies de Dieu, ils se déclarent donc "infaillibles". C'est la célèbre formule catholique de "l'infaillibilité pontificale".356(*)

    6. Le sacerdoce universel

    Principe novateur de la Réforme, selon lequel chaque baptisé est prophète, prêtre et roi sous la seule seigneurie du Christ. Ce concept anéantit les principes de hiérarchie au sein de l'Église. Chaque baptisé a une place de valeur identique, y compris les ministres, pasteurs compris. Issus d'études de théologie et reconnus par l'Église, ils sont au service de la communauté pour l'annonce de la Parole de Dieu (prédication et sacrements) et les missions particulières qui en découlent. Les femmes ont accès aux ministères de certaines églises protestantes.357(*)

    2.4 Conclusion partielle

    Après avoir parcouru l'histoire de la création et la production des chants de l'assemblé pendant les périodes et sur les principaux territoires de la Réforme au premier, ce deuxième chapitre s'était fixé le but de nous rappeler l'autre histoire. C'est celle du protestantisme qui contient le culte protestant. Nous avons cherché à avoir d'une compréhension adéquate du culte protestant et cela dans ses traits caractéristiques. Pour ce travail de rappel, sur le protestantisme, à la partie introductive du chapitre, nous nous sommes appuyé, d'une part aux indications que nous proposaient les ouvrages des quelques auteurs qui ont repris dans leurs recherches les questions sur l'histoire du protestantisme et, d'autre part, ce que le condensé biographique que l'Encyclopédie Encarta nous rassemblait sur les réformateurs. Nous avons eu, dans ce chapitre, à faire un survol sur le protestantisme où le terme « protestant » né dans une péjoration, viendra progressivement à désigner toute une Église chrétienne qui n'était ni catholique, ni orthodoxe, ni rattachée à aucune autre tradition chrétienne orientale. De protestant naît le protestantisme. Celui-ci (devenu un courant au XIXe siècle) n'est pas une Église et les différentes Églises qui le composent (luthériens, réformés, méthodistes, anabaptistes, baptistes, pentecôtistes,..) ne sont pas toujours en communion entre elles. Les frontières du protestantisme ne sont pas précises et d'autres sectes historiques diverses et contemporaines (témoins de Jéhovah, néo-apostolique, mormon,...) n'en font pas partie. Mais nous avons compris que malgré ses nombreux courants et son pluralisme, le protestantisme est caractérisé par certaines convictions communes qui sont, entre autres, la priorité au salut, à la justification par la foi seule, la Bible comme seule norme de la vie chrétienne qui tient son sens de son centre Jésus-Christ seul médiateur entre Dieu et les hommes, seule la grâce sauve, l'Église est prise comme la communauté des croyants qui se mettent à l'écoute de la parole de Dieu et célèbrent ensemble les sacrements. Et seuls l'eucharistie et le baptême les sont car institués par Jésus-Christ lui-même. Aussi, le protestantisme est persuadé qu'une réforme constante de l'Église est toujours nécessaire. Son effort dans la lutte pour la liberté de conscience et la liberté individuelle comme principe fondamental protestantisme a fait qu'il soit étudié comme phénomène de société dès le XVIIIe siècle. Avec E. Troeltsch (1865-1923), nous pouvons estimer que le protestantisme a contribué de manière heureuse à la constitution des idéaux démocratiques du monde moderne.

    On doit également souligner que ce chapitre, d'un côté, n'a pas manqué de nous renseigner sur l'effort des précurseurs qui ont semé (par leurs vies) les premiers grains de la Réforme dans le sol de l'Église. Mais aussi, il nous a renseigné sur la situation politique et religieuse de l'Allemagne à la fin du Moyen Age et au début des Temps Modernes qui est toujours considérée par nombre d'historiens comme catalyseur de la Réforme des réformateurs. La Réforme, avons-nous retenu, ne s'est pas réalisé sans provoquer quelques problèmes dont le schisme anglican et l'apparition des sectes radicales. De l'autre côté, nous avons eu à explorer le culte protestant, sa quiddité et ses caractéristiques identitaires passant par celles du protestantisme au XIXe et XXe siècles. Dans ce chapitre, avons-nous précisé, l'effort était de nous préparer à mieux aborder le questionnement de la place réservée aux chants traditionnels protestants dans le culte d'aujourd'hui à Kinshasa.

    SECTION II : REGARD SUR LES CHANTS DE RECUEILS AUJOURD'HUI DANS L'ÉGLISE

    La deuxième section porte sur les chants de recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa. Il y est surtout soulevé la quête de la compréhension de la place réservée aux chants de recueils dans le déroulement de la liturgie. C'est le premier temps. Dans un deuxième temps, nous apprécions, au deuxième chapitre, l'héritage hymnologique missionnaire par l'analyse de ses (quelques) chants retenus, d'une part et présentons les suggestions pour une fraternisation de l'identité protestante dans la liturgie et la riche différence de son hymnologie aux fins de provoquer l'arrêt de cette marche en avant vers l'effondrement de notre identité de protestant. On peut dire que, dans cette section, le travail consiste en la confrontation des liturgies de paroisses choisies de l'Église du Christ au Congo, en vue d'apprécier la particularité de la place réservée aux chants de recueils dans le culte protestant et de relever les indicateurs de la marche silencieuse vers l'effacement des chants de recueils dans le culte protestant. La période prise en compte est celle située entre 1987 et 2007. A ce sujet, nous nous posons la question de savoir si elle ne serait pas une période des mutations pour le culte et les chants dans le culte.

    CHAPITRE PREMIER : DU CULTE PROTESTANT D'AUJOURD'HUI A KINSHASA ET LA PLACE RESERVEE AUX CHANTS DE RECUEILS

    Depuis l'évangélisation du Congo « protestant » par les Missions chrétiennes protestantes qui avaient  la mission  d'apporter le christianisme aux peuples du Congo, les chants de recueils conçus par ces Missions358(*) pour servir d'une autre main de l'évangélisation aux côtés de la Bible, avaient toute leur place dans la liturgie de nombreux cultes et réunion des prières. Mais qu'en est-il plusieurs siècles après ?

    Les chants de recueils, peut-être à cause de leur ancienneté, seraient aujourd'hui en train de passer un temps de souffrance dans la liturgie du culte de nombreuses églises protestantes à Kinshasa. A cet effet, deux tendances sont à relever : la continuité d'une part, et la discontinuité ou rupture d'avec les chants de vieux recueils missionnaires dans le culte protestant d'aujourd'hui, de l'autre. En d'autres termes, les églises semblent se trouver entre le désir de sauvegarder les chants de recueils pour l'Église rassemblée en prière et celui de s'ouvrir, chaque jour qui passe, à une autre musique d'Église. Le premier désir voudrait faire valoir l'hymnologie de l'identité particulière du culte protestant d'antan, tandis que le second semble l'éloigner de la conception hymnologique du culte protestant d'hier pour le rapprocher d'une autre hymnologie, différente de la première. C'est comme qui dirait, deux courants hymnologiques se heurtent aujourd'hui à Kinshasa. Il faut dire que d'un côté, il y aurait le courant des traditionalistes, dit missionnaire et de l'autre, le courant des modernistes, dit pentecôtiste. Le premier cité est celui qui rassemblerait les quelques rares défenseurs de l'oeuvre hymnologique des Églises issues de la Réforme. Il se veut donc gardien de l'héritage hymnologique des missionnaires introduit depuis l'évangélisation du Congo en 1878. Le second est celui qui rassemblerait (presque) la majorité des chrétiens, filles et fils du Congo, regroupés dans les Églises dites de « Réveil » ou post- missionnaires. Ce courant se meut au vent de l'évolution actuelle et s'inspire des traditions et folklores africains sans oublier d'inclure tout ce qui est en vogue. L'Église ne semble-t-elle pas se trouver ainsi en face d'une sorte de dilemme devant le choix à faire entre les chants de recueils missionnaires et les chants populaires ? Est-ce que le chant serait, oui ou non, en train de diviser l'Église protestante aujourd'hui ? L'Église protestante se rend-elle compte de cette situation ? Quelle place réserve-t-elle aux chants de recueils dans le culte d'aujourd'hui ?

    Pour nous rendre compte de la situation, mieux de trouver des réponses aux questions soulevées, avons-nous souhaité palper la réalité de la place réservée aux chants de recueils dans les cultes et réunions des prières de quelques paroisses retenues pour cette étude. Car, estimons-nous, c'est l'une des meilleures voies pour nous fixer sur la problématique soulevée dans cette étude. Des résultats de cette étude, nous saurons soit affirmer soit infirmer nos hypothèses qui semblent soutenir un possible effondrement d'un des symboles de l'identité du culte protestant. C'est aux fins de la revalorisation des chants traditionnels que nous le ferons.

    Il sied de noter que cette étude couvre la période allant de 1987 à 2007. Les motivations, avons-nous dit à l'introduction générale du travail, sont les suivantes : 1. La première limite nous aide à observer la période d'avant 1990 où il semble avoir eu le début de l'influence d'un grand mouvement pentecôtiste conduit par l'Église de la FEPACO « Nzambe malamu » qui serait considérée comme catalyseur dans la multiplication spontanée des églises dans les quartiers après les pillages de 1991 et 1993 à Kinshasa. Le peuple se trouvant au coeur de la désolation de la crise politique, économique et sociale à Kinshasa d'après les pillages cherchait le refuge en la prière et les prophéties dans les églises. Ces Églises sont beaucoup plus celles dites pentecôtistes et de Réveil. Elles sont différentes des traditionnelles dans leur organisation cultuelle. Elles accordent beaucoup d'importance à la louange et à l'adoration mais aussi au « prier à haute voix » (sauf pendant la confession) qui, comme moment liturgique, peuvent prendre plus d'une heure de l'ensemble du culte organisé. A Kinshasa, le peuple chrétien trouvera cela bon et l'adoptera petit à petit dans les cultes organisés. Les Églises traditionnelles (Catholique et surtout protestante) ne resteront pas à l'écart. Elles subiront dans le temps et dans l'espace l'influence pentecôtiste. C'est la première raison.  La deuxième limite, c'est celle qui nous met en face de cette étude après avoir suivi cette situation durant ces dernières années. Il faut mettre en valeur le fait que si 1987 était la période de contraction de ce « virus » qui attaque les chants de recueils dans la liturgie des Églises urbaines membres de l'ECC à Kinshasa, 2007 est la période où la gravité de cette problématique est plus que déclarée. C'est la deuxième raison. Mais, vu le temps imparti, nous rendrons compte de la place réservée aux chants de recueils dans le culte dans ces quelques paroisses protestantes suivantes : 1. CBCO/Kintambo ; 2. CBFC/Lisala ; 3. CEUM/Kasavubu ; 4. CPK/Yolo ; 5. Deux Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN).

    1.2 Présentation des paroisses choisies à Kinshasa

    Il est important que chacune des paroisses choisies soit présentée en quelques articulations qui retracent son historique, ses activités hebdomadaires, sa liturgie du culte dominical comme de ses cultes de la semaine, et si possible ses statistiques. Nous le ferons avant de donner nos commentaires relatifs à la problématique soulevée.

    1.2.1 La Paroisse protestante CBCO/Kintambo

    1.2.1.1 Historique

    La paroisse protestante CBCO/Kintambo, aussi appelée paroisse Kimvula, qui organise un culte en Lingala, est l'une de vieilles paroisses de Kinshasa. Elle date de 1908. Cette paroisse a été précédée de la 1ère Chapelle de Sims, créée en 1881. Dans cette paroisse est érigé le tout premier temple protestant, suivi du deuxième où est organisé le culte francophone. Il faut signaler que la création de celui-ci a été motivée par la présence de nombreux étudiants protestants qui venaient de l'intérieur du pays. Ce groupe d'étudiants avait exprimé le désir de suivre les cultes en français, car à la paroisse du premier temple, l'ensemble de la liturgie se faisait en Lingala. L'histoire retiendra que cette paroisse a donné naissance à toutes les autres paroisses ou églises qui, au départ, étaient des cellules. Cela commençait avec les anciens élèves des écoles protestantes qui manifestaient le désir de prier ensemble. C'est ainsi qu'on affecta un berger au groupe jusqu'au jour où une paroisse fut érigée359(*).

    Après l'érection de la paroisse francophone, la paroisse Kimvula connaîtra quelques problèmes majeurs. On peut retenir l'exode des fidèles qui fera d'elle l'image d'une mère qui se vide de ses enfants ; ce qui, à la longue, posera des problèmes à sa croissance numérique. Une autre difficulté que connaîtra ladite église, proviendra du mouvement dit de Réveil. En effet, beaucoup de ses fidèles deviendront des Pasteurs des églises de Réveil. On estime qu'aujourd'hui, sa population s'élève à + 500 à 900 membres.

    1.2.1.2 Activités hebdomadaires

    Il est évident que l'organisation de plusieurs activités donne vie à l'église. Dans la paroisse protestante de CBCO/Kintambo, cela passe entre autres  par le fonctionnement ci-après :

    Du Lundi à Samedi De 5h30' à 6h30' Culte Matinal

    De 9h00' à 13h00' Intercession et Délivrance

    De 17h30' à 19h00' Culte des Cellules

    Mardi De 8h30' à 11h30' Culte des Mamans

    De 16h00' à 18h00' Répétition des chorales

    De 17h00' à 19h00' Catéchèse

    Mercredi De 16h00' à 18h00' Culte de Paroisse

    Jeudi De 17h30' à 19h00' Réunions Bureau Pastoral

    De 17h30' à 19h00' Affermissements

    Vendredi De 16h00' à 18h00' Catéchuménat

    De 18h00' à 19h00' Prières de délivrance

    Samedi De 17h00' à 19h00' Répétition des Chorales

    1.2.1.3 Liturgie des cultes

    La liturgie du culte dans cette paroisse est très simple, dénouée des cérémonies et de tout excédent de bagages. Pour son hymnologie, la paroisse fait recours aux recueils de chants en l'occurrence les : « Chants de Victoire », « Njembo na Njambe », « Nkunga mia Kintwadi » pour les cultes hebdomadaires. Voici comment se présente la liturgie du culte :

    1. Prélude : Chorale

    2. Invocation et prière

    3. Chant d'ensemble

    4. Loi de Dieu

    5. Prière pastorale

    6. Moment d'adoration populaire et d'intercession

    7. Chorales

    8. Accueil et annonces

    9. Lecture biblique

    10. Chant d'ensemble

    11. Prédication

    12. Prière pour le message

    13. Offrandes: Chorale

    14. Prières pour les offrandes

    15. Communiqués

    16. Chant d'ensemble

    17. Bénédiction finale

    18. Postlude : Chorale

    Dans la liturgie de ce culte en lingala, remarquons que si les chants reviennent dans presque huit rubriques, les chants de recueils ou chants d'ensemble ne reviennent que trois fois sur le dix- huit rubriques de la liturgie. On a affaire à une fraction de 3/18 soit 16% sur l'ensemble des rubriques de la liturgie.

    Signalons que la paroisse protestante CBCO/Kintambo dispose, par ses fidèles, quelques supports pour l'exécution des chants traditionnels protestants : les recueils. Les cultes organisés se font avec une liturgie un peu longue (mais qui a le mérite d'engager l'assemblée dans la participation au culte), conduite par un officiant (souvent un diacre ou même un pasteur assistant). Il y a encore la présence des chorales et le groupe d'adoration qui reprennent avec l'assemblée les chants de recueils et même les chants populaires congolais sans oublier certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en lingala. Un fait remarquable : la conduite des cultes se réfère toujours au calendrier liturgique qui unit l'Église. C'est ce qui nous pousse à affirmer que le culte protestant transparaît dans le travail qui se fait dans cette paroisse protestante de Kintambo.

    1.2.2 La Paroisse protestante CBFC/Lisala

    1.2.2.1 Historique360(*)

    La paroisse protestante CBFC /Lisala est l'une des vieilles paroisses protestantes de Kinshasa. Sise Lisala n°45, dans la Commune de Kasavubu, au croissement des avenues Gambela et Lisala vers le marché Gambela, elle est à la fois le siège de la Représentation régionale de la communauté. Cette église est l'oeuvre de la mission étrangère, la Baptist Missionary Society qui s'implanta au Congo depuis 1879. La genèse de cette paroisse coïncide avec la période d'après-guerre de 1945. Plusieurs pasteurs sont passés à la tête de cette église qui totalise déjà 62 ans d'âge. On peut ici citer, entre autres, les Révérends Boo Pierre, Komy (le père), Wantuadi Ndodioko, Tunga Betuel, Makanzu, Nkuansambu, Thomas Kuenda, Kuama Lukombo Mossi Kaka, Lopez, Kuvituanga, Nkosi, Kiyedi Kia Mambu, Tutonda Toko, Buanda Ndo Zuâo, Wantuadi, Nguya Massamba, Yunga Mudi, Tela Kalema et Mafungu qui en a la charge aujourd'hui.

    1.2.2.2 Activités hebdomadaires

    Si l'organisation de plusieurs activités donnent vie à l'église, dans la paroisse CBFC/ Lisala, cela passe entre autres  par des séminaires, retraites, veillées de prière, délivrance, journée de louange et adoration, les actions de grâces, la récollection, etc. Ainsi, la vie de l'église fonctionne par le programme hebdomadaire qui suit :

    - De lundi à samedi, de 6h00' à 6h30' : culte matinal ;

    - Chaque lundi à 15 h00' : Affermissement, 17h30' Cours des diacres ;

    - Mardi à 6h30' à 7h00' : Culte des mamans, 14h00' : Culte d'Intercession ;

    17h00' : Encadrement des couples et Culte des papas ;

    - Mercredi : 17h00' : Culte d'adoration ;

    - Jeudi 14h00' : Cours de catéchuménat, 17h00' : Réunion de prière dans des cellules ;

    - Vendredi : 8 h00'- 15h00' : Délivrance, 17h00' : Groupe biblique ;

    - Samedi : Entretien du temple pendant les avant-midi et célébration de mariage, s'il y a lieu, les après-midi ;

    - Dimanche : 6h00'- 8h00' : 1er Culte en français ; 8h30'-11h00' : 2ème Culte en Lingala.

    Il est à noter que chaque 3ème vendredi du mois, à partir de 21h00', il y a une veillée de prière pour toute la paroisse et chaque mardi, mercredi et jeudi de 16h00' à 19h00' répétitions des chorales.

    1.2.2.3 Liturgie des cultes

    La liturgie de la paroisse qui est valable pour les deux cultes dominicaux en lingala et en français se présente comme suit :

    1. Prélude : Chorale

    2. Invocation et prière

    3. Chant d'ensemble

    4. Loi de Dieu

    5. Prière pastorale

    6. Moment de louange et adoration

    7. Chorales

    8. Accueil et annonces

    9. Lecture biblique

    10. Chant d'ensemble

    11. Message

    12. Prière pour le message

    13. Offrandes spéciales et dîmes : Chorale

    14. Prières pour les offrandes

    15. Chant d'ensemble

    16. Bénédiction

    17. Postlude : Chorale

    Pour ce culte, remarquons que si les chants reviennent dans presque huit rubriques de la liturgie, les chants d'ensemble mieux les chants de recueils ne reviennent que trois fois sur les dix-sept rubriques de la liturgie. On a affaire à une fraction de 3/17 soit 18% sur l'ensemble de la liturgie.

    Culte dominical français

    1. Prélude : Chorales

    2. Salutation et invocation et prière

    3. Cantique d'ensemble

    4. Louange et adoration

    5. Accueil et annonces

    6. Chorales

    7. Lecture biblique

    8. Cantique d'ensemble

    9. Prédication

    10. Appel à la repentance

    11. Offrandes et prière : Chorale

    12. Cantique d'ensemble

    13. Pensée de la semaine

    14. Bénédiction

    15. Postlude : Chorale

    Notons aussi que si les chants reviennent dans presque huit rubriques de la liturgie de ce culte, les chants de recueils ou chants d'ensemble ne reviennent que trois fois sur les quinze rubriques de l'ensemble de la liturgie. On a affaire à une fraction de 1/5 soit 20% sur l'ensemble de la liturgie.

    Comme on peut le remarquer, la paroisse protestante CBFC/Lisala dispose encore, par ses fidèles, de quelques supports pour l'exécution des chants traditionnels protestants : les recueils. Les cultes organisés se font avec une liturgie traditionnelle missionnaire, conduite par un officiant. On y rencontre encore des chorales et le groupe d'adoration qui reprennent avec l'assemblée les chants de recueils et même les chants populaires congolais sans oublier certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en lingala. La conduite des cultes se réfère toujours au calendrier liturgique qui unit l'Église. De ce fait, nous affirmons que le culte protestant transparaît aussi dans le travail qui se fait dans cette paroisse protestante de Lisala.

    1.2.3 La Paroisse protestante CEUM/ Kasavubu 

    1.2.3.1 Historique

    La paroisse protestante CEUM/Kasavubu se situe non loin du croisement des avenues Gambela et Force publique, dans la commune de Kasavubu. Elle est connue sous le nom de la paroisse de Yahuma, le nom de l'avenue sur laquelle elle se situe aujourd'hui après un long moment passé à la commune de Bandalungwa. C'est en 1985 que la CEUM débuta ses activités d'extension dans la capitale, à Kinshasa, dans une parcelle privée d'un de ses membres, l'honorable Mossi SEZENE Libange, à Bandalungwa Bisengo, précisément sur l'avenue Luima n°87361(*). Naturellement, la présence et surtout la participation des fidèles a principalement été marquée par ceux et celles qui connaissaient la CEUM depuis l'Ubangi à l'Equateur. C'est ainsi que beaucoup de gens l'identifiait à une Église des Bangala de l'Equateur : « Église ya Bangala ». A ce jour, la CEUM/ Kinshasa compte 7 paroisses362(*). Cette paroisse est considérée comme le siège de la représentation ecclésiastique à part entière.

    1.2.3.2 Activités hebdomadaires

    La paroisse protestante CEUM/Yahuma organise plusieurs activités pour sa visibilité comme une église évangélique. Cela se fait entre autres  par des séminaires, retraites, veillées de prière, délivrance, journée de louange et adoration, les actions de grâces, la récollection, etc. Ainsi, la vie de l'église fonctionne conformément au programme hebdomadaire qui suit :

    - Lundi de 17h- 19 h00': Intercession de la paroisse ;

    - Mardi de 17h- 18h00' : Réunion de prière dans les différentes cellules de la paroisse ;

    - Mercredi de 17h- 19h00 : Culte de la semaine ;

    - Jeudi de 16h-18h00' : Etude biblique ;

    - Vendredi  de 9h- 11h30' : Culte des femmes protestantes

    De 17h- 19h00 : Culte de louange et d'adoration ;

    - Samedi de 15h- 18h00 : Réunion du diaconat et réunion des différentes commissions de

    la paroisse et célébration de mariage, s'il y a lieu, les après-midi ;

    - Dimanche de 7h- 8h00' : 1er Culte des enfants

    8h30'-9h30' : 2ème Culte en français

    10h- 12h30' : 3ème Culte en lingala

    Il sied de noter que les chorales ont des séances de répétition tous les mercredis et les samedis ; veillée de prière paroissiale, chaque dernier vendredi du mois ; culte de l'unité avec Sainte-Cène, chaque premier dimanche du mois.

    1.2.3.3 Liturgie des cultes

    La liturgie dans la paroisse CEUM/Yahuma se confond pour beaucoup à celles d'autres Églises membres de l'Église du Christ au Congo. Néanmoins, on peut relever quelques nuances. Pour la paroisse de Yahuma, elle se présente comme suit :

    1. Prélude : Chorale

    2. Salutation Apostolique

    3. Invocation et prière

    4. Chant d'ensemble*(avec 4 chants de suite)

    5. Loi de Dieu

    6. Confession des péchés, et prière de remerciements (souvent introduite par un chant)

    7. Chorales

    8. Accueil

    9. Chant d'ensemble

    10. Lecture biblique

    11. Chant d'ensemble

    12. Prédication

    13. Offrandes et dîmes (Chorales)

    14. Prière d'intercession

    15. Annonces

    16. Chant d'ensemble

    17. Bénédiction

    18. Postlude : Chorales

    Faisons remarquer que si les chants reviennent dans presque neuf rubriques de la liturgie de ce culte, les chants de recueils ou chants d'ensemble ne reviennent que quatre fois sur les dix -sept rubriques de l'ensemble de la liturgie. On a affaire à une fraction de 4/17 soit 23% sur l'ensemble de la liturgie.

    La paroisse protestante CEUM/Yahuma a une particularité exceptionnelle parmi les paroisses suivies. Elle dispose, par ses fidèles, des supports pour l'exécution des chants traditionnels protestants : le recueil « Njembo na Njambe ». Les cultes organisés se font avec une liturgie traditionnelle bien aérée par les chants de recueils protestants. Au point 4 de la liturgie, par exemple, on y entonne au moins quatre chants de recueils de suite. C'est exceptionnel. Cette pratique a le mérite d'engager l'assemblée dans la participation au culte par les chants protestants. Le culte est conduit par un officiant (souvent un diacre ou même un pasteur assistant). Notons dans cette liturgie, il y a encore la présence des chorales et le groupe d'adoration qui reprennent avec l'assemblée les chants de recueils et même les chants populaires congolais sans oublier certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en lingala. Un fait remarquable : la conduite des cultes se réfère toujours au calendrier liturgique qui unit l'Église. C'est ce qui nous fait affirmer que le culte protestant transparaît dans le travail qui se fait dans la paroisse protestante de Yahuma.

    1.2.4 La Paroisse protestante CPK /Yolo

    1.2.4.1 Historique

    L'origine de la Communauté Presbytérienne de Kinshasa vient de la Mission presbytérienne américaine qui a oeuvré au Congo dénommée American Presbyterian Congo Mission (A.P.C.M). Celle-ci s'est établie dans le Kasaï le 18 avril 1891 à Luebo dans l'actuel Kasaï-Occidental. Elle a été initiée par William N. Sheppard et de Samuel Lapsley, deux jeunes américains. Le premier était un Afro-Américain et le second, un blanc. Luebo est un point de jonction de trois tribus : Bateke, Bakuba et Baluba. Ces deux missionnaires, à part Luebo, ont installé d'autres stations missionnaires qui ont assuré l'extension de cette mission363(*).

    C'est en 1954, vu l'extension de la ville de Kinshasa, que la Baptist Missionary Society (B.M.S) demanda à l'A.P.C.M de venir l'épauler dans la tâche de l'évangélisation de la ville et spécialement des presbytériens du Kasaï, venus à Kinshasa pour y exercer différents emplois, dans le cadre de leur travail. Ceux-ci, participant aux cultes de la paroisse de la BMS, ne s'adaptaient toujours pas facilement à la liturgie de l'Église de la capitale.

    C'est pour résoudre ce problème que la B.M.S autorisa à ces ressortissants du Kasaï d'avoir un culte en tshiluba, chaque lundi de la semaine dans l'après-midi, dans sa paroisse d'Itaga située dans la commune de Kinshasa. Quand ce culte n'était plus autorisé, les presbytériens se trouvèrent dans l'obligation d'aller ailleurs.

    Sortis de la paroisse de B.M.S/Itaga, les presbytériens ont constitué un noyau qui se réunissait dans la parcelle d'un des fidèles, dans la commune de Kinshasa. Etant donné que les Congolais n'avaient pas la permission d'avoir des associations et ni de créer des églises, c'est le missionnaire américain W.M. Morrison qui faisait la jonction entre la mission de Luebo et le noyau qui fonda avec eux la Mission Presbytérienne de Léopoldville (M.P.L).

    Grâce aux démarches qui se sont faites après, la M.P.L reçut un terrain à Yolo/Sud où le noyau fut établi et commença ses activités. C'est ce terrain qui abrite la Paroisse Presbytérienne de Yolo/Sud d'aujourd'hui. Elle se trouve sur l'avenue Bakwandumu n° 13/15 à Yolo/Sud. Elle a joué un grand rôle au sein de la communauté presbytérienne dans la ville de Kinshasa parce qu'à partir d'elle, il y a eu création d'autres paroisses à Matete, N'djili, etc. C'est donc cette paroisse qui est considérée par les presbytériens comme la paroisse-mère de l'Église presbytérienne à Kinshasa.

    1.2.4.2 Les activités hebdomadaires

    Les activités hebdomadaires dans la paroisse CPK/Yolo sont étendues sur tous les jours de la semaine sauf le samedi. Les affermissements tous les lundis et les jeudis, culte des jeunes tous les mardis, les études bibliques tous les mercredis, l'intercession et la délivrance tous les vendredis, et les cultes dominicaux (en français et lingala) tous les dimanches. Indiquons que la Sainte-Cène est célébrée chaque premier dimanche du mois, et que les séminaires et les campagnes d'évangélisation sont programmés et exécutés selon un calendrier préétabli.

    1.2.4.3 Liturgie des cultes

    Les cultes dominicaux voire presque tous les cultes organisés à la paroisse CPK/Yolo se présentent comme suit :

    1. Prélude : Chorale/ Groupe musical

    2. Salutation et invocation

    3. Cantique d'ensemble

    4. Loi de Dieu

    5. Déclaration du pardon

    6. Chants de louange comme réponse au pardon gratuitement reçu

    7. Chorales

    8. Confession de la foi chrétienne

    9. Louange et adoration populaire

    10. Accueil et annonces

    11. Actions de grâces

    12. Lecture biblique

    13. Prédication

    14. Offrandes ordinaires et Dîmes (Chorales/Groupe musical)

    15. Annonces des activités de la paroisse

    16. Intercession

    17. Cantique d'ensemble

    18. Bénédiction finale

    19. Postlude : Chorale/Groupe musical

    Faisons remarquer que si les chants reviennent dans presque six rubriques de la liturgie de ce culte, les chants de recueils ou chants d'ensemble ne reviennent que deux fois sur les dix -neuf rubriques de la liturgie. On a affaire à une fraction de 2/19 soit 10% sur l'ensemble de la liturgie.

    La paroisse protestante CPK/Yolo dispose, par ses fidèles, de quelques supports pour l'exécution des chants traditionnels protestants : les recueils « Njembo na Njambe » voire le « Misambu ». Les cultes organisés se font avec une liturgie traditionnelle aérée par les chants de recueils protestants. Le culte est conduit par un officiant (souvent un diacre ou même un pasteur assistant). Notons que la tradition chorale existe encore au côté des groupes d'adoration qui reprennent avec l'assemblée les chants de recueils et même les chants populaires congolais sans oublier certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en lingala. Un fait est remarquable : comme dans la majorité des paroisses protestantes, la conduite des cultes se réfère toujours au calendrier liturgique qui unit l'Église. C'est ce qui nous fait affirmer que le culte protestant transparait dans le travail qui se fait dans cette paroisse protestante de Yolo364(*).

    1.2.5 Quelques Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN).

    Dans cette partie, nous aurons à palper la réalité de la problématique que nous soulevons dans notre travail. Ce qui dirait que les paroisses protestantes de l'aumônerie universitaire n'ont aujourd'hui de protestant dans leurs cultes que de nom. Comme on peut le constater, le travail de la connaissance des paroisses qui précèdent nous a été rendu possible grâce aux enquêtes, interviews réalisées faute de documents et d'archives. Il convient de relever que pour les paroisses protestantes universitaires, en plus des enquêtes, les quelques articulations seront faites sur base de l'ouvrage de Delphin Muyila consacré aux paroisses universitaires protestantes du Congo-Kinshasa365(*). Ainsi, nous commencerons par la paroisse universitaire des instituts supérieurs de la Gombe (PPISG) pour terminer par la paroisse protestante de l'Université de Kinshasa, (PPUKIN).

    1.2.5.1 La Paroisse Protestante des Instituts Supérieurs de la Gombe

    Comme l'écrit Delphin Muyila, la PPISG réunit des chrétiens de toutes les communautés protestantes de l'ECC (Etudiants et fonctionnaires de l'ISC, ABA, ISPT, ISP/Gombe) et toute personne qui aime et confesse le Seigneur Jésus-Christ366(*) y prie. Les membres de la PPISG croient au symbole des apôtres, c'est-à-dire en Dieu, en Jésus-Christ, au Saint-Esprit et à la Sainte Église Universelle.

    1.2.5.1.1 Historique

    La Paroisse Protestante des Instituts Supérieurs de la Gombe qui est l'une des paroisses de l'Aumônerie Universitaire Protestante du Synode urbain de l'ECC/Kinshasa, est née vers la fin des années 1977. C'est la suite des études bibliques et des campagnes organisées dans ce milieu universitaire qui occasionnèrent la naissance de cette paroisse. Comme l'atteste l'ouvrage de Muyila, « en 1978, les frères et soeurs de la PPCKIN sous la direction de l'Aumônier Nzash-u Lumeya avaient décidé d'apporter leur témoignage spirituel auprès de leurs collègues étudiants des Instituts Supérieurs de Kinshasa, dont l'ISC, en organisant et dirigeant des études bibliques. En 1979, les frères du Campus de Kinshasa ont fait l'évangélisation dans cet Institut et distribué des nouveaux testaments et des Évangiles selon Marc. Une réunion importante d'étude biblique suivit cette campagne le jeudi 14 mai 1979»367(*).

    Une paroisse commençait-elle déjà à s'entrevoir? D'aucuns se souviendront que vers le début 1980, le Conseil de la PPCKIN chargera une équipe conduite par Delphin Muyila pour superviser les études bibliques à l'ISC, l'ISAM et l`ISPT. Cette équipe rendra ces réunions attrayantes avec des projections des films scientifiques Moody tels que la vie est née dans le sang, le Hasard ou le Destin, la Cité des abeilles,... dans le but d'exposer chaque étudiant et étudiante à l'Évangile368(*). Après chaque séance cinématographique, un message était donné invitant ainsi les étudiants à se donner à Christ. Quelques étudiants décidaient d'abandonner leur mauvaise vie et acceptaient Christ comme leur Seigneur et Sauveur369(*).

    En 1981, surgit à l'Institut Supérieur de Commerce, une secte appelée : Association de Jésus-Christ en sigle AJC qui avait recruté beaucoup d'adeptes dans le Groupe Biblique de l'ISC. Nonobstant cela, le frère Dr. Muyila a continué son programme comme par le passé. En avril de la même année, on reçut la visite de Mademoiselle Nancy Félix, Secrétaire des GBUAF chargée de la littérature qui a donné à l'ISC, à la PPCKIN, à la Ligue pour le Lecture de la Bible, une série de conférence sur la littérature et le témoin de Christ par la page imprimée.370(*)

    En 1982, la paroisse ouvre ses portes le 28 février 1982 à l'initiative toujours de la PPCKIN, paroisse-mère avec une dizaine d'étudiants dont certains sont membres jusqu'à ce jour. L'histoire retiendra que le Pasteur Zanzala dia Mbongo, Aumônier de l'Institut Lisanga et le frère Musuvaho Paluku, étudiant à la Faculté de Théologie Protestante, ont travaillé à mi-temps, respectivement comme premier Aumônier et Assistant de l'Aumônier. Mais pour affermir ce travail, le Pasteur Banza Kamutenga, Aumônier et les Diacres de la PPCKIN venaient donner le message chaque dimanche. L'effectif moyen était de 34 personnes au départ.371(*) Le 07 mars 1982, la Chorale de la PPISC est formée et composée des étudiants de l'ISC, de l'ABA et de l'ISP/Gombe avec un effectif de 14, puis plus tard de 30 membres.

    Le 09 mai 1982, sous l'initiative du Pasteur Zanzala le premier Conseil Paroissial a vu le jour avec 13 diacres dont le premier président était le frère Ngoy Mulume Shindano qui sera en fonction jusqu'en mai 1997372(*). Du 05 décembre 1982 à avril 1983, le Conseil Paroissial de 12 diacres supervise toutes les activités de la paroisse après le départ du Pasteur Zanzala.

    En avril 1983, le Pasteur Bakombo Mulopo-Nzam est installé comme premier Aumônier à plein temps à la PPISC. Signalons que le Pasteur Bakombo est « le produit » de la PPCKIN, c'est-à-dire le premier étudiant envoyé à la FATEB et supporté financièrement par la PPCKIN pour oeuvrer au ministère pastoral à l'Aumônerie Universitaire Protestante. Il commença son ministère par une période d'évangélisation avec deux grandes soirées du 11 au 12 mai 1983. 1.300 personnes ont assisté à ces soirées et 356 ont accepté le Seigneur Jésus-Christ dans leur vie, tandis que d'autres ont renouvelé leur engagement en Christ373(*).

    En 1986, un bureau de l'Aumônier et une salle (local ex-Restaurant) servant comme lieu de culte furent octroyés par les autorités de l'ISC à cette paroisse. Le 22 février 1987, le Pasteur Bakombo Mulopo-Nzam est consacré au ministère pastoral par le Secrétaire de l'ECZ. Cette cérémonie solennelle eut lieu à la PPUKIN au temple NODASA. En septembre 1989, le Révérend Bakombo ira poursuivre ses études au Canada dans le domaine de « familial counseling ». Pendant son absence, la PPISC sera dirigée par un collège des diacres avec à sa tête l'ancien Kabisekele Mujanay. En 1990, le Pasteur Mpinga Cibangu qui a fait ses études théologiques à la Faculté Théologique Protestante au Zaïre (FTPZ) à Kinshasa, sera choisi comme le deuxième Aumônier à plein temps de la PPISC en remplacement du Pasteur Bakombo374(*).

    Le Pasteur Mpinga poursuivra le programme tracé par son prédécesseur et le travail s'accroîtra. Ainsi, le nombre de participants au culte du dimanche passera-t-il de 300 à 400, puis à 800 membres en 1998. Consacré au ministère pastoral le 22 août 1993 à la paroisse de la CPK/Kintambo, il est installé comme Aumônier de la PPISC le 29 août 1993, en présence de nombreuses personnalités ecclésiastiques de l'ECZ (dont le Rév. Dr. Marini, Vice-président de l'ECZ et Aumônier de l'AUPZA) et des autorités administratives de l'ISC.375(*)

    Quand le 06 août 2000, le Pasteur Mpinga ira aux études de Missiologie (maîtrise et doctorat) à Pretoria en Afrique du Sud, il sera remplacé par le Pasteur missionnaire Massa Olonkwo Ibee Eugène, diplômé en missiologie du C.U.M. (2000). Il est devenu membre de la PPISG depuis 1992, diacre, chargé de l'évangélisation de 1996 à 1999 et Assistant de l'Aumônier Mpinga de 1999 à 2000. Il sera ainsi le troisième Aumônier à plein temps de la PPISG et poursuivra le travail de son prédécesseur. L'idée de changer la PPISC en PPISG qui date de 1996, verra son application en 1998, afin de faire ressortir l'aspect de regroupement de tous les Instituts Supérieurs de la Gombe en une seule paroisse et d'impliquer leurs membres respectifs dans les activités de cette dernière.376(*)

    1.2.5.1.2 Les activités hebdomadaires

    Chaque jour de la semaine, les différentes activités ont lieu comme suit :

    - Du lundi au samedi, un culte matinal se tient de 6h00 à 7h00

    - Chaque mardi de 17h00 à 19h00, culte de toute la paroisse au J33 :3

    - Chaque vendredi, il y a journée de prière dirigée par le département de l'intercession pour toute la paroisse de 16h00 à 18h00

    - Le samedi, c'est le jour de bénédiction nuptiale et baptême

    - Un culte a lieu chaque dimanche de 9h à 11h30' à l'ISC avec au moins 600 participants de 8h00 à 10h00 et le deuxième culte a lieu de 10h30 à 12h30 avec une traduction du message en lingala, sauf le premier dimanche du mois où il n'y a qu'un seul culte avec célébration de la Sainte-Cène de 9h00 à 12h00.

    Il convient de remarquer deux choses : chaque vendredi, un département est programmé d'avance pour diriger une veillée, bien que chaque premier vendredi du mois, une veillée de l'Église est organisée ; un culte du soir a lieu depuis septembre 2000, de 17h à 19h30' au J 33 :3. Voyons un peu la liturgie des cultes organisés.

    1.2.5.1.3 Liturgie des cultes

    La liturgie de la paroisse qui est valable pour la plupart des cultes organisés se présente comme suit :

    1. Prélude : Groupe d'adoration

    2. Salutation, Invocation et prière

    3. Moment d'adoration profonde

    4. Confession des péchés

    5. Louange populaire

    6. Accueil

    7. Chorales

    8. Prédication

    9. Offrandes (Animation populaire)

    10. Intercession

    11. Bénédiction finale

    12. Postlude : Groupe d'adoration

    Dans tous les cas, il ressort de cette liturgie que les chants de recueils ne figurent même pas dans les cultes organisés. Les chants de recueils protestants ou chants d'ensemble ne sont plus connus. Si un culte a besoin des chants, quels qu'ils soient, pour aérer et soutenir la liturgie, ceux des recueils protestants le méritent aussi bien.

    Il conviendrait de relever ici la particularité dans l'organisation du culte dans cette paroisse protestante de l'aumônerie. La paroisse n'a pas de support pour l'exécution des chants traditionnels protestants : les recueils. Les cultes organisés se font avec une liturgie simple (qui a le mérite d'engager l'assemblée dans la participation au culte), conduite par un officiant (souvent un diacre ou un ancien) et le groupe d'adoration qui reprend avec l'assemblée les chants populaires congolais ainsi que certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en français. Cependant, les chants de recueils de l'hymnologie protestante qui véhiculent l'esprit et l'histoire du protestantisme sont méconnus, ils ne sont pas assez exécutés. Encore un fait remarquable : la conduite des cultes a du mal à se référer au calendrier liturgique qui unit l'Église. C'est ce qui nous fait affirmer que le culte protestant ne semble pas encore s'entrevoir dans le travail qui se fait dans cette paroisse protestante universitaire.

    1.2.6 La Paroisse Protestante de l'Université de Kinshasa (PPUKIN)

    Si les universités et Instituts supérieurs au Congo ont aujourd'hui, sur les cités universitaires, des aumôneries protestantes, l'effort est parti de cette paroisse-mère de la PPUKIN. La PPUKIN est la paroisse qui a engendré beaucoup de paroisses universitaires et aussi beaucoup d'églises dans la région-ouest de Kinshasa. Comme on peut le remarquer, elle se taille la part du lion dans l'ouvrage de Muyila, un grand livre par l'importance du travail que la paroisse universitaire a abattu pendant plus de 40 ans depuis l'existence de l'UECCOL (1961)377(*).

    1.2.6.1 Historique

    La genèse de cette paroisse vient de l'idée de se regrouper qui animait quelques étudiants protestants dès 1961. Comme peut le préciser Muyila, quelques étudiants protestants désiraient ardemment vivre en association sur le campus de l'Université Catholique Lovanium pour se « serrer les coudes ».378(*) Ayant cru avoir une mission d'ordre spirituel et civique, ils fondèrent un mouvement appelé Union des Etudiants Chrétiens du Congo Section Lovanium (U.E.C.CO.L.) qui leur servira, plus tard, de véritable instrument de libération du complexe de minorité dont ils avaient longtemps souffert, et leur permettra ainsi de se réunir librement sans crainte.379(*)

    Le premier comité de l'UECCOL fut élu en décembre 1962. Il était composé de six membres et présidé par M. Aaron. Après s'être organisés, ces jeunes gens ont mis sur pied un plan d'action et se sont fixé des objectifs précis à atteindre. Pour approfondir lesdits objectifs et rechercher les voies et moyens permettant de les atteindre, ils ont choisi de travailler en commissions et sous-commissions. Ils réussiront plus tard, à étendre leur mouvement au niveau des étudiants de toute la ville de Léopoldville, notamment à l'Ecole Nationale de Droit et Administration (E.N.D.A.), à l'Institut Pédagogique National (I.P.N.), à l'Institut Polytechnique du Congo (I.PO.C.), à l'Institut National du Bâtiment et des Travaux Publics (I.B.T.P.) et à l'E.M. et formeront ainsi l'UECCOL /Léopoldville. Au cours de l'année suivante, l'union créera des branches dans quelques autres provinces dont l'Ecole Normale Moyenne (E.N.M.) de Luluabourg (Kananga), le 24 novembre 1963380(*).

    Notons avec Muyila que l'année académique 1968-1969 a été très riche en événements dans la vie de cette paroisse. En effet, après les incidents malheureux survenus le 04 juin 1969 à Kinshasa lors d'un accrochage entre les étudiants en grève et les militaires envoyés les mâter, et au cours desquels il y eut un grand nombre de victimes parmi les étudiants, dont M. Pierre-Oscar Beyenekene, alors Secrétaire Général de l'UECCOL, la paroisse survivra difficilement à ces épreuves. Il a fallu s'appeler autrement. C'est ainsi qu'à la rentrée académique 1969-1970, le Comité Directeur en exercice de l'UECCOL présidé par M. Pierre-Oscar Duki (devenu médecin) sera obligé d'adopter l'appellation de la Communauté Protestante de Lovanium pour se conformer aux nouvelles exigences du pouvoir tout en conservant le Règlement Intérieur et les structures de l'ex- UECCOL.381(*)

    En 1971, un autre incident grave a failli arrêter la vie de cette paroisse protestante. En effet, le 04 juin 1971, les étudiants voulant commémorer le 2ème anniversaire des incidents malheureux de 1969, il y eut également un accrochage entre eux et les militaires, qui s'est soldé par quelques victimes du côté des étudiants. Le pouvoir politique décidera de la fermeture de l'Université Lovanium, du renvoi de tous les étudiants dans l'armée (enrôlement) et de la suppression de tous les mouvements de jeunesse estudiantine, quel que soit leur caractère (syndical, confessionnel ou autre)382(*).

    Il faut épingler que les efforts d'un catholique sauvèrent la paroisse protestante universitaire de Louvanium. Il s'agit de Mgr Tharcisse Tshibangu Tshishiku, alors Recteur de l'Université Lovanium, qui obtiendra plus tard des autorités gouvernementales l'autorisation de reprise des activités pour les seuls mouvements à caractère confessionnel383(*). Ainsi les activités paroissiales commencèrent à prendre vie. Faisons remarquer qu'en juin 1972, les cultes dominicaux commencèrent à s'organiser. Commencés avec moins de dix personnes, les cultes dominicaux ordinaires se sont tenus successivement dans un auditorium des frères maristes (l'actuel Groupe Scolaire du Mont-Amba), au Home XXX, (Octobre 1972), dans un auditorium de la Faculté de Droit, (novembre 1972) pour se poursuivre, à partir du 04 novembre 1973, dans la cathédrale de l'Église Catholique Notre Dame de la Sagesse (NO.DA.SA) et enfin dans la salle des promotions de l'Université de Kinshasa de 1989 à ce jour (2001), en attendant la fin des travaux de notre temple384(*).

    Les cultes spéciaux de Noël, Nouvel An et Pâques des années 1975-1980 se déroulaient dans la cave du Home Vatican dit Binti II, alors que les catholiques avaient autorisé les protestants d'organiser les cultes dans la même cathédrale qu'eux385(*) (Notre chapelle de réveil, confisquée par l'Université en 1996).

    Il conviendra de relever qu'à part les cultes dominicaux, l'organisation des études bibliques, les réunions de jeudi soir, les répétitions de chorale, l'école de dimanche pour ne citer que ceux-là, étaient des activités qui ont pu donner une forme paroissiale à cette action de rassemblement des étudiants protestants. Les études bibliques avaient lieu, une à deux fois par semaine, dans les huit cellules de la Paroisse : Plateau des étudiants, Home X, Home XX, Home XXX, Home CL, Ecole d'Infirmières dite « Basses coutumes », Mbanza-Lemba, Lemba au camp ex. Lovanium, formée chacune de deux à onze membres. Les réunions de jeudi soir se tenaient à la résidence de l'Aumônier, Maison N°10, tous les jeudis, à 19h00 pour des études bibliques, le partage, l'adoration et les témoignages. Au service de l'Evangélisation, la Chorale chantait aux cultes et à d'autres manifestations organisées par la Paroisse. Créée en 1973 et dirigée à ses débuts par Mme Thérèse Schwab, l'épouse de l'Aumônier, l'ECODIM comptait en son sein quatre moniteurs et encadrait quatorze enfants.386(*)

    1.2.6.2 Les activités hebdomadaires

    Chaque jour de la semaine, les différentes activités ont lieu par commission comme suit : 

    - Du lundi au samedi, un culte matinal se tient de 6h00 à 7h00

    - Chaque lundi de 17h00 à 19h00, culte de la jeunesse pour Christ

    - Chaque mardi de 17h00 à 19h00, culte de la Commission des mamans

    - Chaque mercredi, réunion de prières avec la Commission d'affermissements

    - Chaque jeudi, réunion de prière dans les cellules avec la FOCOF

    - Chaque vendredi, culte paroissial de la semaine de 18h00 à 20h00

    - Chaque samedi, c'est le jour de catéchuménat, bénédiction nuptiale et baptême (s'il y a lieu)

    - Chaque dimanche deux cultes sont organisés à PC et PSM, ils ont lieu de 8h à 10h00'et de 10h00 à 12h30. A PSM, le deuxième culte se fait avec une traduction du message en lingala. La PSY organise un seul culte le dimanche de 9h00 à 12h00'.

    1.2.6.3 Liturgie des cultes

    On pouvait affirmer qu'autant les cultes qui s'organisent dans cette paroisse ne manquent pas de liturgie, autant il n'y a pas de liturgie qui laisse voir le déroulement d'un culte protestant dans cette paroisse dite protestante. La liturgie de la paroisse, qui est valable pour la plupart des cultes organisés, se présente comme suit :

    1. Prélude : Intercession

    2. Salutation et Invocation (debout)

    3. Moment d'adoration

    4. Confession des péchés (assis)

    5. Louanges collectives

    6. Chorales

    7. Accueil

    8. Chant d'ensemble

    9. Prédication

    10. Offrandes et Annonces

    11. Intercession (avec ou sans Sainte-Cène)

    12. Bénédiction finale

    13. Postlude : Groupe d'adoration

    Dans tous les cas, il ressort de cette liturgie que les chants de recueils n'y reviennent qu'à une fréquence très faible : une seule fois dans les cultes organisés. La fraction est de 1/13 soit 7% sur l'ensemble des rubriques du culte. On notera que depuis prés de 10 ans, les chants populaires, par l'équipe d'adoration, ont gagné de fond en comble la liturgie des cultes organisés dans cette paroisse protestante universitaire. Les chants de recueils protestants ou chants d'ensemble ne sont plus connus. Si un culte a besoin des chants, quels qu'ils soient, pour aérer et soutenir la liturgie, ceux des recueils protestants bien que méritant, ne sont pas toujours très effectifs. Il y a des efforts à faire du côté des acteurs de la liturgie387(*).

    Il conviendrait de relever ici aussi la particularité dans l'organisation du culte dans cette paroisse protestante de l'aumônerie. C'est la problématique de l'utilisation des chants protestants dans les cultes organisés par les protestants. Si la paroisse dispose depuis 1978 de quelques supports pour l'exécution des chants traditionnels protestants comme les Sur les Ailes de la foi, Chants de victoire, Ensemble sans oublier le recueil édité de la paroisse « Louons notre Dieu », les chants de recueils ont disparu. Comme à la PPISG, les cultes organisés se font avec une liturgie simple mais qui a le mérite d'engager l'assemblée dans la participation au culte, conduite par un officiant (souvent un diacre ou un ancien) et l'équipe d'adoration qui reprend avec l'assemblée les chants populaires congolais ainsi que certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en français. Cependant, les chants de recueils de l'hymnologie protestante qui véhiculent l'esprit et l'histoire du protestantisme sont méconnus, ils ne sont pas assez exécutés. On notera aussi que la conduite des cultes, par rapport à la PPISG, se réfère quand même au calendrier liturgique qui unit l'Église.

    Après ce passage en revue des paroisses choisies, revenons au couple composé des cultes organisés et les chants de recueils dans les Églises membres de l'ECC.

    1.3 Cultes organisés et chants de recueils

    En parlant des cultes organisés et chants de recueils, notre but est double : essayer de passer en revue les quelques liturgies des paroisses sous examen, et apprécier la place y réservée aux chants de recueils. Ce faisant, nous examinerons la fréquence moyenne de l'utilisation que les organisateurs des cultes en font d'eux dans les différents cultes organisés et pendant les différents services et temps liturgiques. Il faut mettre en valeur une des études remarquables menées avant nous. C'est l'étude de Nsumbu Pezo Nsakala entreprise il y a de cela 20 ans, sur la place du chant dans le culte protestant. Son étude portait le titre suivant : La place de la chanson dans le culte protestant : Cas de la Communauté Evangélique du Zaïre. Si chez Nsumbu, l'étude de la question avait une vision restreinte car se limitant à son Église d'origine, en étudiant l'organisation du culte, et considérant la place accordée au chant et même en mettant en relief le duel entre les deux conceptions qui se manifestaient mieux se combattaient déjà dans la liturgie protestante, il convient d'affirmer que la méthode, les résultats, les conclusions et recommandations qu'il a préconisées nous éclairent encore aujourd'hui dans notre démarche qui a élargi la vision d'y a 20 ans.388(*)

    Mais avant d'aller plus loin, il serait avantageux de parler en quelques lignes de ce qu'est en général la liturgie. Nous le ferons avant la compréhension de celle des Églises membres de l'Église du Christ au Congo de manière particulière. Car nous pensons que la liturgie qui oriente le déroulement du culte doit être comprise dans son contenu. N'est-ce pas qu'elle divise déjà le monde du protestantisme ? Nous y reviendrons. Faisons d'abord un bref rappel sur la liturgie avant de traiter des cultes organisés à Kinshasa par rapport aux chants de recueils.

    1.3.1 Bref rappel sur la liturgie 

    1.3.1.1 Quid, liturgie ?

    Le mot liturgie, on le sait, vient du grec ëåéôïõñãßá / leitourgía, de ëáüò / laós, « le peuple » et de la racine ñãï / ergo, « faire, accomplir ». Il désigne donc, littéralement, le service du peuple. C'est un culte public et officiel institué par une Église. On se souviendra qu'issu du judaïsme, le christianisme a naturellement repris le sens du service public rendu à Dieu, incarné en Jésus- Christ mort et ressuscité, par les apôtres, les évêques qui leur ont succédé et les prêtres.389(*)

    Il existe plusieurs liturgies selon qu'on a affaire à une telle ou telle organisation cultuelle. On peut dans le monde chrétien seulement citer, entre autres : liturgie orthodoxe, liturgie catholique, liturgie anglicane et liturgie presbytérienne, etc. Mais nous allons, dans cet aperçu, nous intéresser à celles dites chrétiennes en général et protestante en particulier.

    Les liturgies chrétiennes se composent de l'ensemble des lectures, prières et rites constitutifs du culte chrétien, organisé en un certain nombre de rituels quotidiens qui culminent dans la messe ou eucharistie. À ce jour, le mot liturgie peut avoir trois sens chez les chrétiens390(*) :

    1. Au sens premier, elle est prise comme l'annonce de l'Évangile, la mise en pratique de l'enseignement du Christ. En ce sens, le Christ est le liturge suprême. Ce sens est ainsi dit inusité.

    2. D'une manière générale, le mot liturgie désigne l'ensemble des rites et du cérémonial liturgique mis en oeuvre au cours d'une célébration religieuse officielle, c'est-à-dire organisée par l'Église, par opposition aux dévotions privées. Ainsi, le déroulement de sacrements comme la messe ou le baptême, ou une encore un office de complies par exemple sont des liturgies.

    3. Dans un sens plus restreint ou plus ancien, l'expression de « Sainte Liturgie » désigne (tout particulièrement chez les orthodoxes et les catholiques orientaux), l'eucharistie. On parle alors de liturgie eucharistique.

    1.3.1.2 Ses débuts chrétiens et ses dérivés

    Comme on peut le lire dans les pages de l'Encyclopédie Catholique pour tous, la liturgie chrétienne ne date vraisemblablement que des débuts du christianisme. Elle s'est créée naturellement par la nécessité pour les croyants de prier ensemble. Elle s'enracine dans celle du judaïsme. Au cours des temps, celle-ci n'a pas manqué de subir d'innombrables transformations.391(*) En effet, comme peut l'affirmer A.G. Martimort, l'usage de ce terme de liturgie est assez récent, car ce n'est qu'au XIXe siècle qu'il avait été popularisé. Il a été traduit pour la première fois en 1588 par G. Cassandre sans doute sous forme latine liturgia tandis que, selon M. Metzger, le sens que revêt la liturgie au centre du ministère chrétien, est assez récent, à peine de deux siècles392(*).

    Aujourd'hui on sait que l'exercice du culte, dans le christianisme, est à l'origine d'un nombre important d'objets et de notions relatives à la liturgie : temps liturgiques, calendriers ou année liturgiques sans oublier les objets liturgiques comme mobilier liturgique,vêtements liturgiques, couleurs liturgiques.

    1.3.1.3 La liturgie et le culte

    Les théologiens de la pastorale, comme ceux des autres domaines de la théologie qui s'intéressent à l'organisation du culte, savent quelque chose sur l'importance de la liturgie dans ce domaine. La liturgie donne au culte un caractère solennel qui engage les chrétiens à adorer Dieu, à le louer et à lui rendre grâce. Elle est au service du culte et donne aux serviteurs de Dieu les outils nécessaires dans l'ordre des choses à faire et à proclamer aux fins de mener à bon port la célébration des fidèles à Dieu et de faire vivre l'Église du Seigneur. C'est elle qui spiritualise la célébration cultuelle et rassemble les fidèles à ce fait. Elle réunit les croyants et leur rappelle ce qui les maintient ensemble en tant qu'Église. Avec elle, les croyants se réunissent et partagent leur foi à la proximité dans une prière commune. Ainsi, la liturgie joue entre autres le rôle de rassembleur.

    Il conviendrait d'affirmer avec Masamba ma Mpolo et Mengi Kilandamoko qui, abordant, dans une étude commune cette question de l'importance de la liturgie dans une célébration cultuelle, soutiennent ce qui suit :

    La liturgie revêt une importance capitale dans le maintien de l'ordre, de l'harmonie et de la spiritualité du culte. C'est en elle que les esprits des croyants en prière sont orientés vers Dieu et cheminent du simple à l'ensemble, du personnel à la communauté, de l'angoisse à l'assurance de Dieu, de la culpabilité au pardon [...] Son importance est d'autant plus capitale surtout à cette époque du modernisme, qui est superflue voire caduque de célébrer un culte sans liturgie. La liturgie consiste, en réalité, la substance, la matière même, le contenu d'un culte.393(*)

    Cette saisie de l'importance de la liturgie dans une célébration cultuelle peut encore se justifier quand on élargit la vision qu'on se fait d'elle. En effet, pour certains liturgistes dont les idées s'imposent encore, le culte reste l'acte essentiel de l'Église, le point culminant de sa vie collective.394(*)

    Dans son ouvrage intitulé Liturgie, Eucharistie de Lima, Max Thurian soutient qu'il existe trois grandes parties principales dans une liturgie. Pour cet auteur, la liturgie dans un culte comprend en elle-même des liturgies: une d'entrée, une de la parole et une autre de l'eucharistie.395(*) Retenons :

    1. La liturgie d'entrée qui a comme fonction de rassembler les fidèles entre autres, dans l'acte de louange, dans l'adoration réalisée par la prière et par les chants, dans l'acte de contrition par la confession des péchés, dans l'absolution et dans le chant d'action de grâce.

    2. La liturgie de la parole qui s'ouvre par la prière préparatoire à l'écoute de la parole de Dieu (prière d'illumination) suivie d'un silence de recueillement, symbole de foi qui résume la foi même de l'Église. Tous les besoins des croyants sont présentés à Dieu dans l'intercession. Les offrandes sont apportées à Dieu. L'appel à la prière clôture la partie.

    3. La liturgie eucharistique qui comprend essentiellement la grande prière eucharistique (rappel de l'institution ou anamnèse) précédée d'une brève préparation et suivie de la communion (fraction du pain, présentation des espèces, épiclèse, communion des fidèles). Une prière de bénédiction clôture la liturgie entière.

    Il faut mettre en exergue cette affirmation qui soutient qu'au centre du culte comme au centre de la vie de l'Église, se trouve la liturgie. De ce fait, la liturgie est le lieu de la rencontre de Dieu et de son peuple pour la célébration de leur alliance.396(*) Les actes liturgiques ne cessent d'amener l'Église dans la présence de Dieu, de la réunir pour la présenter à Dieu.397(*) C'est ainsi qu'avec Constantin Andronikov, nous pouvons renchérir que la liturgie est le moment et le lieu où la divinité est attestée avec certitude par la parole humaine mue par l'Esprit que Dieu descend vers les fidèles qui invoquent le nom très saint.398(*) Il descend et parle à son peuple d'une manière ou d'une autre. Il le fait par le chant qu'on entonne ou par la prière qui s'élève, ou encore par la proclamation de la parole qui passe par la prédication. Mais qu'en est-il de la liturgie et du chant ? Il sied de dire, en passant, un mot sur la place de la musique ou du chant dans la liturgie.

    1.3.1.4 Le chant dans la liturgie du culte

    D'ordinaire, les grands critères qui se dégagent de l'expérience séculière et de la réflexion traditionnelle399(*) attribuent au chant dans la liturgie de nombreux rôles dont les plus importants peuvent se formuler sous forme de ces thèses :

    1. Loin de toute saturation où l'on confondrait l'émotion envahissante avec la plénitude de Dieu ou la béatitude définitive, les chants de recueils servent à exprimer la foi qui est accueillie après l'écoute de la Parole ;

    2. Comme la célébration n'est pas un récital, le chant, cette poésie conjuguée, la musique, vient aussi par ceux des recueils protestants pour promouvoir la participation de la communauté ;

    3. Ce faisant, le chant sert la célébration en sa structure. Si la musique concerte chaque fois avec le texte, le chant, lui, joue pleinement son rôle dans l'enchaînement des moments de la célébration.

    Dès lors on comprend que le chant qui figure (toujours) dans la liturgie du culte, tout en y tenant une place importante, présente souvent beaucoup de difficultés à surmonter dans le travail de choix que font les acteurs de la liturgie. « Quel chant qui convient pour quel moment liturgique? » est souvent la question que l'on se pose. Mais, bon nombre de ceux qui préparent le culte se méprennent à son désavantage. Notre étude ne devrait pas occulter cette préoccupation majeure. Car si nous parlons de la place des chants de recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa, nous ne devons pas nous empêcher de chercher à voir comment examiner la question du chant qui convient pour la liturgie. Or quelques études antérieures existent et sont disponibles. Nous avons estimé utile de nous intéresser à celle de Serge Kerrien. Cet auteur fait une réflexion théologique de grande portée liturgique. A ce niveau de notre étude, sa contribution est à mettre en valeur.

    1.3.1.4.1 Serge Kerrien et la place du chant

    Serge Kerrien400(*) fait une réflexion profonde sur la place du chant dans la liturgie. Sa réflexion, à notre sens, est une contribution importante pour les questions liturgiques par rapport au chant. Quand bien même son analyse du problème soit faite par rapport à la messe catholique, les préoccupations et les propositions qu'il présente sont déjà une contribution importante qu'il offre à ceux que la question intéresse aujourd'hui face au déferlement des chants liturgiques ou religieux. Il les forge tout en s'appuyant sur la Constitution sur la Sainte Liturgie (CSL) et la Présentation générale du Missel romain (PGMR) qui donnent un bon nombre d'indications concernant le chant liturgique. Nous trouvons beaucoup de recommandations à puiser dans ses analyses pour le travail que font les acteurs de la liturgie. Et nous retiendrons pour cette étude, quelques-unes, à savoir : des difficultés à surmonter ; des critères de choix.

    1.3.1.4.1.1 Quel chant qui convient ?

    Kerrien pense avec raison que dire « quel chant qui convient ? », est une des difficultés toujours au rendez-vous chaque fois que les acteurs de la liturgie se mettent à préparer le rassemblement cultuel. Car comme il le dit lui-même et nous le citons, « chacun sait combien le chant tient une place importante dans la vie culturelle, économique et humaine, surtout lorsque l'homme se retrouve avec d'autres pour célébrer un événement particulier (fête de famille, rencontre sportive). On comprend donc que toute célébration liturgique, puisqu'elle est action communautaire, donne une grande place au chant et que sa place soit essentielle dans la célébration chrétienne qui dit l'action de grâce et la louange. Dès lors, une question se pose de manière très forte aujourd'hui face au déferlement des chants liturgiques ou religieux : en célébration, quel est le chant qui convient ? ».401(*)

    D'après cet auteur, si le chant liturgique n'est pas un problème en soi, mais le déferlement qu'occasionne sa large production aujourd'hui, serait à la base de la désorientation de son choix pour le culte. On est facilement exposé à des tentations orientées vers « ce qui plait » qui est domaine du plaisir, au lieu d'être orienté vers la quête de la fonction que le chant a à remplir par rapport au temps et à l'action liturgiques. L'illustration qu'en donne Kerrien par rapport au choix de critères est très éloquente : 

    Lorsque vous achetez un disque compact ou une cassette, vous choisissez évidemment la musique qui vous plait. Peut-on choisir ce critère lorsqu'il s'agit de chant liturgique ? Si le plaisir de chanter aide à mieux célébrer, il est clair qu'il ne peut être ni le seul ni le premier critère de choix du chant liturgique. En effet, dans la liturgie, chaque chant a d'abord une fonction à remplir par rapport au temps liturgique et par rapport à l'action liturgique qu'il accompagne. 402(*)

    Il conviendrait de faire remarquer que le problème ici n'est pas celui de faire croire que le chant liturgique ne devait pas plaire, d'ailleurs on n'a jamais dit cela. Mais que le plaisir soit le seul critère de choix, c'est cela toute la difficulté. Car dans la liturgie, chaque chant qu'on entonne a d'abord une fonction à remplir dans le temps et l'action liturgiques où il intervient. Cela dit, il est clair que le plaisir de chanter pourra aider les fidèles à mieux célébrer.403(*)

    1.3.1.4.1.2 Choix du chant et difficultés à surmonter

    Dans le choix du chant pour le rassemblement cultuel, les acteurs de la liturgie ont des difficultés à vaincre404(*). Mais ces difficultés, estimons-nous, ne peuvent être surmontées que si les acteurs de la liturgie prenaient pas en compte et à coeur un nombre de réalités incontournables qui accompagnent le chant dans les esprits de certaines personnes, malheureusement très nombreuses.

    Il est nécessaire d'appuyer sur le fait que dans la conception des nombreuses personnes aimant la musique de l'Église et mieux le chant liturgique, ceux-ci sont faits pour égayer. Une autre conception contraire à celle-là est à rejeter. Il est à propos de reconnaître que c'est déjà là une difficulté majeure et difficile à renverser dans les mentalités de certains fidèles, mais pas toujours impossible à vaincre.

    Ainsi, dans la grille des conceptions ancrées dans la mentalité de nombreux fidèles aujourd'hui, on peut enregistrer entre autres :

    (1). La vraie musique est celle qui procure du plaisir. Or la vraie musique n'est pas toujours celle qui procure du plaisir ;

    (2). Un nouveau chant est toujours le meilleur, l'ancien est à rejeter. Or un nouveau chant

    n'est pas toujours le meilleur ni l'ancien toujours à rejeter ;

    (3). Le chant qui est méritoire pour la liturgie est celui qui est commercialisé et devenu

    populaire. Or le chant qui est méritoire pour la liturgie n'est pas toujours celui qui est

    commercialisé et devenu populaire ;

    (4). On peut aussi bien chanter sans les autres : chacun pour soi, Dieu pour tous. Or on ne

    peut pas bien chanter sans les autres. L'esprit de chacun pour soi, Dieu pour tous dans le

    chant récuse la fonction d'unification qui est reconnue au chant liturgique ;

    (5). Tout chant se rapportant à Dieu peut s'entonner dans le culte peu importe le moment et le

    temps liturgiques. Or tout chant liturgique, bien que se rapportant à Dieu ne s'entonne pas

    à n'importe quel moment liturgique.

    La liste peut s'allonger infiniment.

    Ces réalités seraient peut-être de celles que Kerrien déverse dans le panier des difficultés à surmonter pour faire un bon choix du chant liturgique.

    Essayons d'approfondir, avec cet auteur, quelques-unes des difficultés qui nous semblent communes dans cet exercice. Fort de ce que le choix du chant liturgique, par les acteurs de la liturgie, pour le culte se confronte aujourd'hui aux difficultés pareilles à celles qui suivent, les recommandations de Kerrien peuvent éclairer.405(*) Nous pouvons donc les présenter sous forme de thèses.

    Thèse 1

    Dans beaucoup d'esprits s'est installée l'idée que la seule vraie musique est celle dont le seul but est de procurer du plaisir à l'auditeur. Or, la musique liturgique est toujours une musique destinée à accompagner un rite précis ou du moins une action liturgique.

    Thèse 2

    Le déferlement des musiques de variété et l'éclatement des cultures musicales ont élargi le champ des styles musicaux et augmenté leur vitesse de diffusion. En conséquence, de multiples " chapelles " musicales sont nées, provoquant des phénomènes de rejet ; un système de " mode " passagère s'est répandu, où un genre nouveau chasse sans cesse le précédent.

    Thèse 3

    L'abondante production de chants liturgiques ou religieux n'échappe pas aux phénomènes d'exaltation du goût individuel et à l'instabilité de la mode. Le choix des chants devient excessivement difficile tant il est soumis aux pressions des courants ou des modes du moment. Alors, la convenance liturgique cède à un système commercial dont les principes premiers ne sont ni l'objectivité liturgique, ni la qualité des textes et des mélodies.

    Thèse 4

    Or, la musique liturgique et particulièrement le chant ont une fonction d'unification. D'une assemblée diverse d'âges, d'expériences, de cultures, ils doivent faire une assemblée célébrante, chantant son Seigneur d'un seul coeur (choeur) et d'une même voix.

    Thèse 5

    Or, le chant liturgique doit avoir un minimum de stabilité de par son rapport au rite. Non seulement il doit aider à le déployer, mais il sert aussi à l'identifier ; non seulement il sert à la beauté des célébrations, mais il doit nourrir la foi des fidèles. L'actuelle ambiance de goûts individualistes, de réflexe de consommation, de recherche à tout prix de l'originalité passagère des modes, rendent difficile le travail de ceux qui ont à trouver le chant liturgique le mieux adapté au rite.

    Thèse 6

    Pourtant des solutions existent et elles peuvent être mises en oeuvre à condition d'avoir toujours à l'esprit que les chants doivent " s'accorder avec l'esprit de l'action liturgique " (CSL 116) et qu'ils doivent être "en connexion étroite avec l'action liturgique" (CSL 112).

    Il conviendra de revenir particulièrement à la liturgie des Églises membres de l'ECC. Nous le ferons aux fins d'examiner et son contenu en relation avec le chant. C'est à ce niveau de réflexion que nous tenterons de répondre aux questions que nous soulevons sur les chants de recueils et le culte protestant d'aujourd'hui. Mais qu'en est-il de la liturgie de nos Églises protestantes au Congo ? Comment se présente-elle aujourd'hui? Qu'a-t-elle de particulier ? Aujourd'hui, peut-on affirmer que la liturgie des Églises membres de l'ECC est suivie ? C'est à ces questions que nous allons essayer de répondre.

    1.3.2 Liturgie des Églises membres de l'ECC

    En effet, nous devons reconnaître que l'Église du Christ au Congo a fait hériter les pasteurs de ses Églises membres à Kinshasa et d'ailleurs du Congo d'un petit recueil liturgique dont nous ne saurons mesurer, à bon escient, la portée profonde dans cette modeste étude. Pouvons-nous le nommer : « Liturgie missionnaire »406(*) ? Le titre de l'ouvrage voire son contenu sont en lingala407(*) : « Nzela na kokamba losambo »408(*), (Guide pour la conduite du culte). Un vieil ouvrage de la liturgie publié en plusieurs éditions avec le concours du Centre Protestant d'Editions et de Diffusion (CEDI) à Kinshasa, depuis la fin des années 1960 et cela sans aucune révision. Qui a élaboré ce guide liturgique ? Les missionnaires ? Les pasteurs Congolais ? On ne le saura pas dans cette étude. Il ne porte pas un signe d'appartenance à une quelconque Église particulière. Le peu qu'on puisse dire est que ce petit guide liturgique - par son volume - est un usuel qui n'est pas conçu pour être utilisé d'un bout à l'autre de façon systématique dans un culte organisé; mais il fait beaucoup plus pour être utilisé au gré des thèmes des cultes organisés dans les paroisses de l'Église du Christ au Congo. Ouvrage de 70 pages, présenté en 18 chapitres, ce rituel, entre les lignes, propose au pasteur, les grandes voies sur « Comment conduire le culte » dans la diversité de ses thèmes et cérémonies importantes. Ce recueil liturgique donne aussi au pasteur la facilité de bien conduire le culte qu'il a préparé d'avance. En fait, c'est un guide de la liturgie pour le pasteur. Il lui montre ce qu'il faut faire par rapport au culte. Abordons maintenant de manière succincte le contenu de l'ouvrage, chapitre après chapitre, pour ressortir les différents thèmes contenus dans ce recueil liturgique.

    Il sied d'indiquer que la version française de ce guide, à notre connaissance, n'existe pas encore. Ainsi, nous allons nous contenter de présenter dans les lignes qui suivent une traduction française des différents chapitres. Les thèmes traités en chapitres sont les suivants409(*):

    1. (Elambo na Nkolo) Sainte- Cène

    2. (Elambo na Nkolo na ndako na babeli) Sainte-Cène dans la maison des malades

    3. (Koyambama na baklisto baoyo balongwi na mangomba mosusu) Accueil ou admission des chrétiens venant d'autres Églises

    4. (Koyambama ba baklisto baoyo bajalaki nsima na lingomba).

    5. (Lipamboli na bana) Dédicace d'enfants

    6. (Libala- libala lijangi lopete) Mariage- mariage sans anneau

    7. (Libala na lopete) Mariage avec anneau

    8. Mariage-Bénédiction des couples qui veulent se conformer aux exigences de l'Église

    (Lipamboli mpo na baoyo bakobalana wana esili bango kobongisa makambo na bango kati na Lingomba).

    9. (Libatisi) Baptême

    10. (Koyambama na baoyo basili kobatisama) Accueil des nouveaux baptisés

    11. (Kokunda mpo na moto oyo ajali kati na Lingomba) Mise en terre ou inhumation de celui/celle qui est mort dans l'Église du Seigneur (Sans excommunication)

    12. (Kokunda mpo na moto oyo libanda na lingomba).

    Mise en terre ou inhumation de celui/celle qui est hors l'Église du Seigneur (Sous discipline)

    13. (Koponama mpe kobulisama mpe kobulisama na Basaleli) (Ba diacres).

    Election et consécration des serviteurs

    14. (Kotiama na libanga na moboko.) Pose de pierre de la fondation

    15. (Kobulisama na ndako na Njambe.) Dédicace du temple

    16. (Lipamboli na ndako na Njambe) Consécration du temple

    17. (Kobulisama na pasteur mpo na mosala na lingomba).

    Ordination de pasteur pour le service dans l'Église du Seigneur

    18. (Mapamboli na Nkolo) Bénédictions finales du Seigneur

    Selon les thèmes traités dans ce guide liturgique, et sans trop vouloir entrer dans le débat d'appréciation ou dans l'examen des questions approfondies de liturgie, nous pouvons néanmoins relever quelque chose d'important. Cela se trouve être dans le contenu de cette liturgie « missionnaire ». Si le document liturgique « Njela na kokamba losambo » qui nous livre le déroulement abrégé des liturgies, en montrant comment procéder à tel ou tel service et acte pastoral, ne nous présente pas clairement un quelconque ordre de service forgé pour tous les cultes organisés, et que les officiants devraient suivre, celui de « Ntwadusulu a tukutakanu » qu'évoque Lusakweno par contre traduit l'esprit liturgique de la célébration cultuelle que connaissaient dans l'ensemble les Églises protestantes au Congo.

    Dans le premier, l'esprit de ce guide renseigne que les différents chapitres ou rubriques traités sont plutôt les différents moments que peut comporter un culte. Prenons le cas de la Cène. Généralement, nombre de paroisses des Églises membres de l'Église du Christ au Congo (sauf peut-être celles de la Communauté des Disciples du Christ au Congo), on le sait, ont coutume de n'avoir la Sainte-Cène que chaque premier dimanche du mois et cela dans un culte qui réserve un moment liturgique pour ce service. Très souvent, cela a lieu après la prédication et les offrandes.

    Dans le deuxième, par contre, on nous présente clairement l'ordre d'un service dominical. Voici ce qu'on peut tirer de ce document :

    1. Nkunga « O Nzambi watusakumuna... » 1. Chant «  Gloire à Dieu... »

    2. Lusambulu 2. Prière

    3. Nkunga wa luzitu 3. Chant de louange

    4. Ntangulu a Masonuka 4. Lecture biblique

    5. Nkunga- Minyimbidi 5. Chant (Chorale)

    6. Ntangulu a Masonuka 6. Lecture biblique

    7. Lusambulu lwa kivungi 7. Prière pastorale

    8. Nkunga wa lusambulu 8. Chant de prière

    9. Nzayikusu a dibundu 9. Annonces

    10. Minkayilu 10. Offrandes

    11. Lusambulu 11. Prière

    12. Nkunga 12. Chant (Chorale)

    13. Lusambulu 13. Prière

    14. Malongi 14. Prédication

    15. Nkunga wa kukiyekula 15. Chant (Abandon de soi)

    16. Lusambulu 16. Prière

    17. « Amen »- Miyimbidi 17. « Amen » (Chorale).

    Dans cette présentation liturgique, il nous est aisé de constater que sur les dix-sept places qui figurent sur cet ordre du culte, le chant revient sept fois. Mais sur les sept, ceux des recueils reviennent 4/17 soit 23% sur l'ensemble de la liturgie.

    Dans cette étude, nous n'allons certainement pas examiner tous les thèmes repris dans ce guide, à l'exception de la place réservée aux chants qui sont toujours présents dans le déroulement de ces différents moments liturgiques. C'est comme pour affirmer que la prise en compte des unions des couples comme ceux de « liturgie et chants » d'une part et « Culte et chants » de l'autre, auraient une certaine influence dans la célébration cultuelle. Nous y reviendrons avec force.

    1.3.3 Les chants de recueils dans la liturgie des cultes

    Comme on a pu le constater dans les lignes qui précèdent, les chants de recueils, qui constituent l'un des principaux maillons de l'hymnologie protestante au Congo, étaient toujours omniprésents dans la liturgie des cultes organisés au Congo en général et à Kinshasa en particulier. On pourrait dire qu'il n'était pas facile de se passer d'eux. Ils avaient une place de choix et nombre des fidèles en prière les entonnaient aussi facilement que merveilleusement lors des différents cultes car ayant les recueils des cultes à Kinshasa.

    On se souviendra que, dès le début, l'Église missionnaire s'est appuyée sur l'utilisation des chants comme l'autre main de l'évangélisation410(*). Les missionnaires, comme l'écrit Lusakweno, avaient compris qu'un culte sans chant était comparable à un aliment sans sel. Ainsi dès le lendemain de l'installation de la mission, après une période relativement assez longue de l'oralité, les recueils de chants pour culte en langues nationales étaient imprimés bien que tout reposait sur la traduction littérale des textes des recueils des églises occidentales avec toutes les exigences qu'imposent l'exercice de la poésie occidentale avec ses vers en rimes croisées.411(*) Ainsi, on pouvait trouver dans les paroisses les recueils des chants tels que le Nkunga mia kintwadi avec 947 chants ; Njembo na Njambe avec 348 chants ; Misambu avec 350 chants ; Nyimbo za Mungu avec 356 chants.

    Ainsi, il conviendrait d'affirmer qu'avec la Bible, les missionnaires protestants avaient mis entre les mains des Congolais des recueils des chants abondants pour le culte412(*). Dans tous les cultes, les chants de recueils occupaient une place très importante tant dans la liturgie dominicale, sacramentelle que dans les autres cultes organisés comme ceux de mariage, consécration des ministres, dédicaces et même les cultes funéraires. Mais quel est l'état des lieux des chants de recueils aujourd'hui dans nos cultes à Kinshasa?

    Voici ce que nous avons observé ici, depuis un certain temps : les chants de recueils ne reviennent, en général, dans la liturgie des différents cultes d'aujourd'hui que de manière non- exhaustive. Dans un culte de deux heures aujourd'hui à Kinshasa, il semble qu'on ne retient plus au maximum que deux chants. Nous nous appuyons sur les liturgies des paroisses retenues. Essayons de jeter un coup d'oeil sur l'utilisation des chants de recueils aujourd'hui dans nos cultes.

    1.3.3.1 Utilisation

    Pour mieux cerner quelque chose sur l'utilisation des chants de recueils aujourd'hui dans les paroisses retenues dans cette étude, nous allons nous intéresser aux différents cultes que les paroisses organisent. Ainsi, nous retiendrons les cultes dominicaux et ceux de la semaine. Nous examinerons l'utilisation de ces chants lors de l'administration des sacrements et lors de grands rassemblements chrétiens à Kinshasa sans oublier les cultes des fêtes liturgiques.

    1.3.3.1.1 Culte dominical

    Le culte de dimanche, dans toutes les paroisses sous examen, est toujours organisé avec une solennité particulière. Peut-être parce qu'appartenant à toutes de l'Église du Christ au Congo, les paroisses suivies ici présentent presque toutes les mêmes rubriques dans leurs liturgies du culte dominical. Ainsi, de manière générale et sans tenir compte de leurs aspects particuliers, la liturgie du culte dominical à Kinshasa pourrait se présenter comme suit :

    1. Prélude : Chorale/Groupe musical

    2. Salutation, invocation et prière

    3. Chant d'ensemble

    4. Loi de Dieu et confession

    5. Prière pastorale

    6. Chorales

    7. Accueil et annonces

    8. Lecture biblique

    9. Chorales

    10. Moment de louange et adoration/Groupe musical

    11. Prédication

    12. Prière pour le message

    13. Offrandes et dîmes : (Animation des Chorales/Groupe musical)

    14. Prières pour les offrandes

    15. Annonces particulières

    16. Chant d'ensemble

    17. Bénédiction

    18. Postlude : Chorale/ Groupe musical

    S'il faut commenter en quelques mots cette liturgie, nous pouvons remarquer que si cette présentation liturgique accorde aux chants 8/18 places dans l'ensemble, ceux des recueils ne reviennent que deux fois, soit 2/18 ou 11 % de l'ensemble des points prévus dans la liturgie. Quand nous parlons de chants d'ensemble sur la liturgie, avons-nous dit, nous faisons allusion aux chants des anciens recueils protestants que l'assemblée entonne, généralement à l'unisson. Il est un fait qu'il faille relever. Si les chants de recueils sont presque en souffrance quant à leur fréquence dans la liturgie d'aujourd'hui, le chant lui-même n'a pas du tout quitté le culte à Kinshasa. Il demeure encore et toujours l'élément dominant des cultes organisés. Retenons ici, l'exemple que nous tirons de la réflexion de Nsumbu où il trouve, avec raison, que le chant se fait toujours entonner comme pour introduire certaines rubriques de la liturgie dans nos cultes. Ici, c'est souvent les chants d'animation413(*) qui sont loin d'être ceux des recueils protestants. C'est le cas avec le moment d'invocation et prière d'ouverture du culte, aussi pendant le moment d'appel à la repentance qui intervient après l'écoute de la loi de Dieu. On y chante. Au moment de « louange et adoration », on chante encore peut-être pendant près de 20 minutes avant d'écouter la prédication.

    Il conviendrait de rappeler que ces chants d'animation qu'on exécute souvent sur une longueur de la liturgie du culte, sont aussi ceux que Nkulu désigne par chants populaires, qui sont généralement puisés dans le folklore congolais ou africain. Ils sont des expressions anonymes de la culture et produit de la transmission orale, comme cela est pratiquée dans toutes les cultures de l'humanité. Ces chants ne sont pas faits de la musique savante occidentale414(*). D'après Nkulu, ces chants populaires sont différents de chants missionnaires ou traditionnels qui sont généralement les cantiques des recueils415(*).

    1.3.3.1.2 Cultes de la semaine

    Les cultes de la semaine sont ceux qui ont lieu en dehors de dimanche. Comme on le désigne, ils se déroulent généralement le matin ou le soir pendant les jours ouvrables. Ils peuvent être : ceux de chaque matin, culte de dévotion matinale ; ceux des femmes, des hommes, des jeunes avec des jours particuliers à chaque groupe ; ceux de l'intercession de la paroisse ; ceux des cellules dans les quartiers ; ceux d'un jour choisi par la paroisse pour un culte du soir et nous en passons.

    Ces types de cultes prévus dans les activités hebdomadaires de toutes les paroisses choisies ne sont pas de loin non-conformes à la liturgie officielle consignée dans le document liturgique de l'Église du Christ au Congo. Mais il faut relever quelques faits observés:

    1. Chaque paroisse a sa façon d'organiser ses cultes de la semaine bien que de manière générale, le gros de ces liturgies de la semaine ne soit qu'un abrégé de celles des cultes dominicaux ;

    2. Rares sont les Églises qui ont dans leurs recueils liturgiques quelque chose prévu pour le culte en dehors de celui du dimanche ;

    3. Le choix des chants et leur exécution pendant le rassemblement cultuel semblent être beaucoup influencés par un nombre des paramètres (subjectifs ou objectifs, selon le cas) parmi lesquels on peut énumérer : la disponibilité des recueils de cantiques dans le lieu du culte ; la présence dans le culte de ceux qui savent encore entonner le chant de recueils choisi ; la possible loi de la majorité entre les générations en présence pendant le service. Si le culte compte beaucoup de jeunes, la tendance hymnologique dans le choix des chants est souvent orientée vers les chants populaires de l'heure.

    Des échanges que nous avons eus avec les responsables des paroisses retenues sur l'objet de cette étude, et tenant compte de leurs liturgies respectives pour ces types de cultes, nous pouvons tenter de présenter ici quelques types de ces abrégés liturgiques. Ainsi, trois types sont retenus :

    (1) Liturgie des cultes particuliers (culte des femmes, culte des hommes, culte des jeunes) ; (2) Liturgie du culte paroissial de la semaine ; (3) Liturgie de culte matinal.

    1) Liturgie des cultes particuliers (culte des femmes, culte des hommes, culte des jeunes) 

    1. Invocation et prière

    2. Chant d'ensemble

    3. Lecture biblique

    4. Prière

    5. Chorale

    6. Moment de louange et adoration

    7. Prédication

    8. Offrandes (Chorale ou chants d'animation)

    9. Prière d'intercession

    10. Annonces

    11. Chant d'ensemble

    12. Prière finale (Bénédiction)

    Dans ces cultes particuliers, le chant est toujours dominant. Le point réservé à la chorale peut être toujours remplacé par un chant d'ensemble ou d'animation au cas où la chorale prévue n'est pas disponible à leur culte. Mais cela dépend souvent du sentiment de l'officiant. Ici, les chorales sont celles des femmes, des hommes et des jeunes. Pendant la semaine, ces chorales chantent au culte au cours de leurs cultes particuliers. Toutefois, il faut faire remarquer que la fréquence des chants de recueils dans la liturgie de ces cultes n'est toujours pas très significative dans l'ensemble des rubriques. La fraction des rubriques réservées au chant ici est de 1/6 soit 16% bien que ceux de la chorale, du moment de louange et adoration populaire voire ceux d'animation soient d'une fraction de 1/4 soit 25% des rubriques prévues.

    2) Liturgie du culte paroissial de la semaine

    1. Invocation et prière

    2. Chant d'ensemble

    3. Prière pastorale

    4. Chorale (s'il y en a)

    5. Lecture biblique et prière

    6. Chorale

    7. Moment de louange et adoration populaire/Groupe musical

    8. Prédication

    9. Appel à la repentance

    10. Prière d'intercession

    11. Offrandes: (Chorale/Groupe musical)

    12. Annonces

    13. Chant d'ensemble

    14. Bénédiction

    15. Postlude : Chorale/Groupe musical

    Dans le déroulement du culte paroissial de la semaine, le chant garde toujours son caractère dominant. Ici, on peut faire remarquer que le point réservé à la chorale peut toujours être remplacé par un chant d'ensemble ou d'animation au cas où la chorale prévue n'est pas disponible. Mais le choix du chant à entonner dépend toujours du bon gré de l'officiant qui peut opter pour tel ou tel chant tenant compte de la présence ou non des recueils mais aussi des générations en présence. Dans ce culte, souvent toutes les chorales sont conviées. Ici encore, la fréquence des chants de recueils dans la liturgie n'est toujours pas très significative dans l'ensemble des rubriques. La fraction ici est de 2/15 soit 13% bien que ceux de la chorale, du moment de louange et adoration populaire voire ceux d'animation conduit par le groupe musical soit d'une fraction de 1/3 soit 33 % des rubriques prévues.

    3) Liturgie de culte matinal

    1. Invocation et prière

    2. Chant d'ensemble

    3. Prière

    4. Lecture biblique

    5. Prière d'illumination

    6. Prédication

    7. Intercession

    8. Offrandes et annonces

    9. Chant d'ensemble

    10. Prière finale (Bénédiction)

    Le culte matinal qui n'a lieu que les jours ouvrables de la semaine, est généralement celui d'une courte durée. Il prend au moins 30 minutes de service. Le chant, dans ce type de culte, garde encore son caractère dominant. Ici, on peut faire remarquer que le point réservé aux chants d'ensemble ne traduit toujours pas qu'il s'agit des chants de recueils. Souvent, ce sont les chants d'animation, de louange et adoration populaire qu'on entonne pendant ce culte. Mais cela dépend non pas seulement ni toujours du bon gré de l'officiant qui peut opter pour tel ou tel chant, mais aussi de l'endroit où a lieu ce culte. Les cellules dans les quartiers, loin de la paroisse, ont tendance à ramener les chants dans cette liturgie à ceux de l'oralité populaire. Ici encore, la fréquence des chants dans la liturgie d'une fraction ici est de 1/5 soit 20%.

    1.3.3.1.3 Lors de l'administration des sacrements

    Nombre des théologiens sont unanimes pour affirmer que l'Église est là où la parole de Dieu est prêchée et les sacrements administrés416(*). Car comme au temps de la Bible, après la prédication de Pierre à la pentecôte, l'Église naîtra et tous ceux qui avaient cru, nous rapporte les Ecritures, persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières417(*). L'administration des sacrements offrent encore à l'ensemble des paroisses suivies des moments où les chants de recueils reviennent avec force pour accompagner ce précieux moment de souvenir de ce que Dieu a fait pour nous par la voie de la passion du Christ, mais à la fois celui où l'amour, foi et espérance se puisent dans la vie de chaque chrétien qui communie. Comme affirmé dans les chapitres précédents, les protestants ne tiennent de la Bible que deux sacrements, à savoir : le Baptême et la Sainte-Cène.

    1) L'administration du baptême

    La liturgie ou encore les liturgies observées ici dépendent tant de la particularité des paroisses que des sacrements à administrer. On sait que les acteurs de la liturgie ont affaire à deux liturgies : celle du baptême et celle de la Sainte-Cène. Mais même si les paroisses gardent jusque-là cette tradition, elles ne devraient pas oublier cette importante interpellation de Max Thurian qui veut par rapport au baptême que  « dans une liturgie complète du baptême, on devrait trouver au moins les éléments suivants : une invocation du Saint-Esprit ; une renonciation au mal ; une profession de foi au Christ et à la Sainte Trinité ; l'usage de l'eau ; une déclaration que les personnes baptisées ont acquis une nouvelle comme membres de l'Église, appelés à rendre témoignage à l'Évangile »418(*).

    Dès lors, il y a un nombre d'éléments qui ne doivent pas manquer dans la liturgie du baptême pour que ce baptême organisé par une Église soit reconnue par d'autres. Ainsi, de cette interpellation de Thurian peut sortir un tel ordre de service abrégé :

    1. Invocation du Saint-Esprit

    2. Appel à la renonciation au mal

    3. Profession de foi au Christ et à la Trinité

    4. Mise dans les eaux de baptême

    5. Déclaration de foi des nouveaux baptisés (Proclamer qu'ils ont acquis une nouvelle identité comme fils et filles de Dieu et comme membres de l'Église, appelés à rendre témoignage à l'Évangile).

    Cette présentation liturgique de Thurian n'est pas loin de celle qui est suivie par les Églises qui exploitent le recueil liturgique des Églises membres de l'ECC. Mais si son canevas liturgique ne propose pas clairement l'utilisation des chants, celui qu'on tire de la tradition et l'expérience dans l'agir pastoral des Églises membres de l'ECC ne se conçoit pas sans chants. En voici le contenu que nous pouvons présenter par rapport à ce que nous avons pu observer concernant le baptême :

    1. Chant d'ensemble

    2. Invocation du Saint-Esprit

    3. Chant d'ensemble

    4. Lecture biblique

    5. Prédication

    6. Appel à la renonciation au mal

    7. Proclamation des promesses de Dieu

    8. Chant d'ensemble (Louange)

    9. Confirmation de l'engagement des candidats au baptême

    10. Profession de foi et Oraison dominicale

    11. Mise dans l'eau (bercée par les chants d'ensemble)

    12. Recommandations ou exhortation biblique

    13. Chant d'ensemble

    14. Prière finale et bénédiction.

    L'utilisation des chants de recueils dans l'administration du baptême est manifeste lors de ce moment sacramentel. Le baptême revient de manière générale deux fois l'an : à la fête Pentecôte et à la fête de Noël pour les unes ; et, à la fête de Pâques et à la fête de Noël pour les autres. Le chant, dans ce type de service, explose son caractère dominant. Ici, on peut remarquer que 4 points de liturgie sont réservés aux chants d'ensemble avec une fraction de 1/7 soit 28% de l'ensemble de points prévus dans la liturgie. Mais cette fréquence peut être trompeuse. Ceci peut se justifier dans le cas où il arrive que tout le long de la mise dans l'eau des nouveaux convertis, les chants d'ensemble bercent cette rubrique. Et si le nombre des candidats au baptême est grand, les chants, bien entendu, seront encore longuement entonnés. Et ici, il s'agit souvent des chants de recueils protestants car ces recueils disposent d'un nombre important des chants prévus pour de tels moments liturgiques. Cela ne veut pas dire que l'influence de l'environnement immédiat qui se traduit tantôt par le manque de recueils des cantiques disponibles ou carrément par l'ignorance de ces chants ne peut interférer. Loin de là ! Il peut toujours y avoir cette influence. Car c'est ainsi que les chants d'animation, de louange et adoration populaire qui n'ont rien de commun avec l'acte en présence sont quelquefois entonnés. Mais il revient à l'officiant, acteur de la liturgie, de bien préparer non seulement le culte mais aussi les chants à entonner durant ce service.

    Avant de passer à l'administration de la Cène, signalons qu'après le baptême et avant d'être invités à la Table du Seigneur, les nouveaux baptisés sont d'abord accueillis mieux admis comme membres de l'Église du Seigneur. C'est encore là une autre liturgie, bien que celle-ci soit très courte en durée.

    Le recueil liturgique des Églises membres de l'ECC prévoit un bref moment liturgique en rapport avec l'admission par l'Église des nouveaux baptisés qui, en principe, sont placés ensemble sur les bancs préalablement prévus pour eux. Rassemblés et debout devant l'acteur de cette liturgie, les nouveaux baptisés suivent dans une attitude de piété le pasteur et répondent aux questions qui exigent leurs promesses à l'engagement chrétien419(*). Voici comment se présente généralement cette liturgie :

    1. Chant d'ensemble

    2. Brève exhortation biblique

    3. Déclaration de l'engagement des nouveaux baptisés420(*)

    4. Confirmation de l'admission par l'assemblée

    5. Prière en faveur des nouveaux baptisés

    6. Bénédiction421(*)

    7. Chant d'ensemble (pour l'accueil des nouveaux baptisés par l'assemblée)

    Cette liturgie réserve deux places pour le chant d'ensemble : une au début de la cérémonie et une autre à la fin de celle-ci avant d'inviter les nouveaux baptisés à la Table du Seigneur. Notons par ailleurs que la place du chant est toujours préservée. La fréquence qui lui revient dans cette liturgie est de 2/7 soit 28 % sur l'ensemble des points prévus à la liturgie.

    2) L'administration de la Sainte-Cène

    La Sainte-Cène, on le sait, est aussi appelée la Table du Seigneur, le Repas du Seigneur, la Communion voire l'Eucharistie. Toutes ces appellations ne désignent que le service de table. Point n'est besoin de rappeler que la Sainte-Cène est un rite d'action institué par le Christ lui-même. En la Sainte-Cène, Dieu agit par le Christ pour nous nourrir, soutenir, réconforter, enseigner et pourquoi pas nous rassurer qu'il est près de nous et avec nous. Acte symbolique de haute portée dans l'Église visible, la célébration de la Cène nourrit notre foi, bien plus, captive notre pensée et notre imagination à l'obéissance du Christ. Elle éclaire notre perception de l'oeuvre d'amour de notre Dieu en la mort et en la résurrection de Jésus- Christ. Elle nous rapproche plus près de Lui en nous offrant un moment où l'Église rassemblée entonne dans la piété un « Mon Dieu plus près de toi », ou encore un « Tel que je suis, sans rien à moi ». Ce faisant, elle nous identifie et nous octroie notre appartenance à la famille des enfants de Dieu qui confesse que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. C'est ici qu'on peut aussi bien saisir le sens de l'unité du corps du Christ qu'elle traduit dans l'Église, laquelle unité est l'anticipation du rassemblement de la fête du grand jour à venir.

    L'ouvrage liturgique The Worship, Sourcebook422(*) nous renseigne sur le sens d'un rite d'action qui est caché dans la célébration de la Sainte-Cène. C'est dans ses notes d'introduction au chapitre sur le Repas du Seigneur, que l'ouvrage nous renseigne quelque chose sur la liturgie de la Cène. D'après ce recueil, l'expérience du témoignage que porte l'Église, depuis vingt siècles, tourne autour de l'anamnèse de quatre verbes d'actions que contient l'évangile du Repas du Seigneur. Au clair, les actes que pose l'acteur de la liturgie, à la suite du Christ, pendant la liturgie de la Table se fonde sur ce rituel: « Jésus prit du pain, rendu grâce, le rompit, et donna à ses disciples », « Jesus took bread, gave thanks, broke it, and gave it to the disciples »423(*).

    C'est pourquoi l'acteur de cette liturgie, à l'instar du Christ, et devant l'Église rassemblée : 1. Prend du pain, annonçant que c'est le don de Dieu pour nous ; 2. Rend grâce à Dieu pour toute sa fidélité vis-à-vis de son peuple et de son Église ; 3. Rompt le pain, avec geste d'hospitalité et ; 4. Le donne avec amour, à la communauté rassemblée424(*).

    L'agir pastoral des Églises membres de l'ECC prévoit généralement l'administration de la Cène dans la liturgie du culte comme un moment dans le déroulement du culte et non comme étant lui-même une célébration à part entière425(*). Il convient d'indiquer que le service de la Sainte-Cène a lieu d'ordinaire une fois le mois dans nombre d'Églises de l'ECC. C'est le cas des paroisses que nous avons eu à suivre.

    La Sainte-Cène, dans la plupart des Églises membres de l'ECC, a lieu le premier dimanche du mois426(*) et sa liturgie est double : celle de la communauté rassemblée et celle d'auprès des personnes souffrantes dans les hôpitaux. La différence entre les deux n'est que très peu significative dans le contenu. Toutefois, le nombre de rubriques prévues dans le temps sont élidées pendant le service auprès des malades. Voici, en substance, le contenu de ces deux liturgies de la Cène :

    1) Liturgie de la communauté rassemblée

    1. Chant d'ensemble

    2. Prière

    3. Lecture biblique

    4. Prédication

    5. Appel à repentance

    6. Proclamation des promesses de Dieu

    7. Chant d'ensemble

    8. Les béatitudes

    9. Institution et instruction de la Cène

    10. Prière de consécration du pain et de la coupe

    11. Chant d'ensemble

    12. Présentation de la coupe de bénédiction et du pain de la communion

    13. Chant d'ensemble

    14. Distribution et consommation des éléments de la Cène.

    15. Exhortation aux bonnes oeuvres

    16. Prière d'actions de grâces

    17. Chant d'ensemble

    18. Bénédiction finale

    Cette liturgie qui semble être beaucoup plus longue est l'une des meilleures mais malheureusement jamais suivie. La Sainte-Cène, on le sait, pour beaucoup de nos paroisses, n'apparait que comme une rubrique parmi les autres prévues pour un culte dominical. C'est ce qui nous amène à prévenir le danger de voir les paroisses urbaines oeuvrer continuellement pour ce que nous appelons : Liturgie mutilée. Voici ce que nous avons observé ici et comment nous expliquons depuis un temps relativement long : dans le déroulement du culte, la liturgie de la Cène souffre de beaucoup de « mutilations ». Dans le chef de beaucoup d'acteurs de cette liturgie, il n'y a pas de sens de continuité ni de complémentarité dans les étapes ou rubriques préparant et conduisant jusqu'au point culminant de la Cène, Repas du Seigneur. Beaucoup de points qui retracent l'esprit et la logique même de cette célébration sont aussi facilement que bonnement élidés au gré de l'acteur de la liturgie du culte qui court derrière le temps qu'il n'a pas lui-même su bien gérer pour cette fin. Ce cas déplorable vit dans l'agir de nombreuses paroisses urbaines aujourd'hui. On a beau souhaiter voir la liturgie de la Sainte-Cène observée, respectée, assumée et prolonger dans le temps son sens du souvenir douloureux mais aussi d'espérance de la gloire à venir, hélas ! Nous avons toujours, malheureusement, assisté impuissants à la « mutilation » de la liturgie de la Table chez les protestants de Kinshasa. Peut-être que, sans l'avouer, la liturgie auprès de personnes serait aujourd'hui celle exploitée dans le culte de l'Église rassemblée à cause de sa brièveté ! Car nombreux parmi les fidèles ne supportent pas trop les excédents de bagages qui encombrent déjà trop le culte dominical mais aussi la liturgie de la Sainte-Cène. C'est quand celle-ci inclut beaucoup d'autres actes pastoraux dans la même liturgie et cela dans un même culte. Il est vrai que le cumul des actes pastoraux généralement prolonge la durée du culte. Et s'il arrive que la Cène aussi fût prévue, cela fatiguerait naturellement les fidèles. Parmi les causes de prolongement de la durée du culte on peut, entre autres, énumérer : un grand nombre d'annonces de la paroisse ; la dédicace, dans un même culte, de nombreux enfants ; les deux prédications qui se suivent dans un même culte, surtout quand le pasteur veut prêcher d'abord pour ceux qui ne se sont prêts à prendre part à la Table du Seigneur parce qu'ils vont sortir, et prêcher encore pour ceux qui prendront part au Repas du Seigneur, pour ne citer que ceux-là. En un sens, et à notre humble avis, si une autre liturgie devrait s'ajouter, en cumul à celle de la Cène, l'acteur de la liturgie de cette dernière pourrait retenir pendant ce culte l'accueil ou l'admission des fidèles venus des églises soeurs et de ceux qui reviennent à la Table du Seigneur après excommunication.

    Cependant le chant, lui, est bien présent dans la liturgie de la Sainte-Cène. Il est presque le conducteur de la Cène, en ce sens qu'il relie les détails importants que comporte cette liturgie. On entonne beaucoup les chants de Pâques. Bien qu'il ait une fraction de 5/18 soit 27% sans compter qu'il soit plusieurs fois sollicité, pendant la distribution des éléments de la Cène, le chant lui au moins vient imprimer la mémoire de la passion. Mais faut-il encore que le pasteur de la paroisse qui célèbre la Sainte-Cène soit informé sur la musique de la Cène et sache se rappeler quelques airs de la passion pendant ce moment d'intimité et de souvenance de la mort du Seigneur. Là encore, c'est l'un des grands problèmes qui rongent les Églises membres de l'ECC aujourd'hui.

    2) Liturgie particulière auprès des personnes souffrantes

    1. Chant d'ensemble

    2. Lecture biblique

    3. Appel à la repentance

    4. Proclamation des promesses de Dieu

    5. Institution et instruction de la Cène

    6. Prière de consécration du pain et de la coupe

    7. Distribution des éléments de la Cène

    8. Paroles de foi et d'espérance dans le Seigneur

    9. Bénédiction

    La liturgie auprès des personnes souffrantes est celle d'un service très abrégé. Peut-être le concepteur a-t-il tenu compte de l'état du patient à qui la Sainte-Cène est administrée. Le chant d'ensemble ne revient ici qu'une seule fois, et peut-être que l'on ne le chante pas entièrement. Si le patient ne peut suivre toute la liturgie à cause de sa souffrance, l'acteur de la liturgie peut chanter seul quelques strophes ou carrément pas. Dans ce cas, nous estimons qu'il s'impose du côté de l'acteur de la liturgie, une question de discernement qui exige un peu de souplesse de ce dernier.

    En un sens, nous pouvons affirmer que les chants de recueils occupent encore une place de choix dans la liturgie de sacrements. Mais cela dépend beaucoup plus de l'acteur de la liturgie. Si celui-ci est ouvert et respectueux de la liturgie, et s'il connaît les chants protestants de sacrements, il les entonnera et l'Église rassemblée le suivra. Sinon, c'est ce qu'il veut qui se fera et s'entonnera.

    1.3.3.1.4 Lors des grands rassemblements

    Il est important que nous apportions une précision par rapport à l'expression « grands rassemblements ». Les paroisses suivies organisent toujours, dans le cadre de leurs activités mensuelles, trimestrielles, semestrielles ou annuelles des campagnes d'évangélisation, des séminaires, des conventions et des veillées des prières invitant leurs membres et leurs invités à ces moments qui, généralement, durent quelques jours pendant la semaine427(*). Ces rassemblements de l'Église offrent à celle-ci, mieux à ses membres, une occasion de se retrouver autour des enseignements à thème, des prières. Si la régénérescence en est souvent un gain, cela se passe par de nombreux cas de repentance, de guérison et de renouvellement des engagements. C'est d'ailleurs une des raisons qui font que ces rendez-vous spirituels aient souvent le caractère d'invitation à la guérison miracle.

    Il conviendra de faire remarquer que ces journées qui n'ont pas de liturgie précise, sont par contre une aubaine pour les chants d'animation populaire. Ces chants occupent une place très importante. L'assemblée chante ce que l'officiant, le conducteur du programme entonne. Les groupes musicaux y sont invités et interprètent beaucoup plus les chants populaires et commercialisés que ceux des recueils protestants.

    1.3.3.1.5 Lors des cultes des fêtes liturgiques

    Les cultes des fêtes liturgiques, comme on peut le constater, se réfèrent aux grandes journées ecclésiastiques telles qu'indiquées sur le calendrier liturgique. Ces journées sont célébrées avec faste. A l'instar de l'Église Catholique Romaine, c'est le cas aussi avec les luthériens, les quelques paroisses des Églises membres de l'ECC que nous avons suivies célèbrent ostentatoirement les fêtes ci-après : la fête de Noël, le dimanche des Rameaux, la fête de Pâques, le jeudi de l'Ascension, et la fête de la Pentecôte.428(*)

    Nous pouvons affirmer que le déroulement des cultes (mieux des activités) dans les paroisses suivies observe le calendrier liturgique annuel. Si ces fêtes liturgiques y sont célébrées, les chants de recueils sont toujours présents. On chante surtout les cantiques de Noël et de Pâques peut être aussi ceux de l'Ascension et de Pentecôte. On tire ces chants des différents recueils protestants qui nourrissent la foi des fidèles dans ces paroisses. Généralement, il s'agit de : Nzembo na Njambe, Nkunga mia Kintwadi, Misambu, Chants de Victoire, Sur les Ailes de la Foi, Louange et prière, pour ne citer que ceux-là.

    Il conviendrait de noter que les chants de louange et d'adoration populaires n'ont toujours pas un répertoire approprié pour les fêtes liturgiques à Kinshasa. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant de rencontrer beaucoup d'Églises protestantes qui s'ouvrent au pentecôtisme ne pas toujours célébrer les fêtes liturgiques chrétiennes. Elles trouvent des mots pour défendre leurs positions. C'est aujourd'hui le cas dans la plupart des Aumôneries protestantes universitaires à Kinshasa. On pourrait dire que les paroisses de l'Aumônerie protestante universitaire ont du mal à demeurer protestantes sur ce point. Toutefois, la fête de Pentecôte serait peut- être l'unique qui soit célébrée sans trop de contestation.

    1.3.3.1.6 Dans les répertoires des chorales liturgiques

    Il est un fait qu'il convient de relever ici. On assiste à une pléthore des chorales et groupes musicaux qui évoluent dans la plupart des paroisses protestantes à Kinshasa. C'est ainsi que dans un même rassemblement cultuel, tous ces groupes désirent chanter. Un casse tête ? Peut-être. Mais que chantent ces chorales et groupes musicaux ? Aujourd'hui, il est connu que si les groupes musicaux et orchestres versent vers les chants populaires, les chorales ne le font pas moins. Les chants des chorales dans le culte des protestants, ne sont pas restés du côté des chants traditionnels.

    Nsumbu peut encore affirmer que le nombre des chorales, par rapport à la domination du chant, prolonge le culte en durée. Par exemple et dans une liturgie des Églises membres de l'ECC : 

    S'il s'agit d'une paroisse de trois chorales, et que si chacune d'elles n'est programmée qu'une seule fois, cela donnera un total de sept chants dans tout le culte, sans tenir compte de chants d'animation de la collecte spéciale des offrandes. [...] Mais aucune paroisse de la ville n'a que trois chorales. Même là où on y trouve quatre, celles-ci chantent chacune deux fois dans le culte [...]. Ceci montre qu'en ajoutant des chants d'animation de la `collecte spéciale', la chanson devient l'élément dominant du culte [...]»429(*).

    Aujourd'hui, il y aurait malheureusement un grand glissement des chorales vers la musique de variété commercialisée. C'est peut-être le goût de la marchandisation qui dicte la production du chant liturgique aujourd'hui. Cela fait qu'on ait des chorales qui se voient soumises aux pressions des courants ou des modes du moment. Face à ces attitudes, il se trouve que les chants de recueils ne soient plus très prisés dans les répertoires des nombreuses chorales. La majorité des paroisses suivies, malgré leur caractère pléthorique des chorales, assiste impuissante à la disparition des chants traditionnels dans les répertoires des chorales. Toutefois, les liturgies de la Sainte-Cène, comme celle du Baptême, les fêtes de Noël, Pâques voire Pentecôte s'imposent dans les répertoires de quelques rares chorales protestantes qui voudraient encore demeurer liturgiques aujourd'hui.

    Il est vrai que, de nos jours, le rassemblement cultuel dans nos paroisses, par les chorales aussi, continue à entonner pendant le moment de louange et adoration beaucoup plus de cantiques spirituels souvent tirés de la musique commerciale de variétés que ceux de chants de recueils protestants.

    1.4 Cultes de la semaine comme lieu du conformisme

    Les cultes de la semaine qui ont lieu chaque matin dans les paroisses ou dans leurs cellules respectives d'une part, et les cultes des groupes des hommes et des femmes voire ceux des jeunes d'autre part inquiètent l'avenir des chants traditionnels protestants aujourd'hui à Kinshasa et dans les milieux urbains au Congo. C'est beaucoup plus le problème de la rareté des recueils des chants mais aussi de l'oubli ou carrément celui de l'ignorance qui occasionneraient le glissement vers les chants populaires. Ces chants, comme nous l'avons déjà indiqué, se chantent aussi facilement que merveilleusement pendant les rassemblements cultuels de nos paroisses. On sait que, dans la plupart de nos paroisses aujourd'hui, la jeunesse est majoritaire en nombre des membres qu'elle donne à l'Église. Si les recueils de chants protestants se font rares et que quand bien même il se trouverait quelques-uns, beaucoup de jeunes qui peuplent nos églises ne savent pas vraiment comment entonner bon nombre de ces cantiques missionnaires qui ont traversé des siècles. Et comme pièce de rechange, la jeunesse, avec sa majorité dans les paroisses, fait montre d'une préférence exceptionnelle pour les chants populaires et ceux de la variété commerciale qui, malheureusement, obéissent à l'idéologie du cantique jetable : sitôt utilisé, sitôt jeté430(*). Cette expression que nous empruntons à Kerrien est riche de sens. Car pour cet auteur, à notre sens, quelques interpellations à l'endroit des acteurs de la liturgie, sont à relever malgré l'influence de l'idéologie du cantique jetable qui attire les fidèles aujourd'hui dans nos paroisses. Ces interpellations sont les suivantes:

    1. Grâce à la chanson, à sa musique, au feu de ses rythmes, les paroles s'impriment en nous, sans que nous sachions vraiment pourquoi ou comment ;

    2. Si la chanson, sa musique et le feu de ses rythmes s'impriment en nous, il faut se le dire qu'il n'y a pas que les paroles ou de la musique qui se mémorisent mais aussi que l'impression, l'émotion du moment, le style, la voix avec laquelle la chanson se chantait s'impriment en nous;

    3. Et c'est particulièrement vrai que le rythme et la mélodie de la musique croisent ou épousent nos rythmes et nos mélodies naturelles.

    Les cultes de la semaine sont un lieu du conformisme du chant liturgique aujourd'hui. Le chant populaire, sa musique, le feu de ses rythmes s'impriment dans la quotidienneté de nos paroisses et les conforment à tout ce qui se chante sans qu'elles sachent vraiment pourquoi ni comment.  Les activités dans les paroisses suivies par rapport aux chants de recueils versent vers la musique du siècle présent : celle de chants de louange et d'adoration populaires. Serait-il peut-être à cause de la rareté des recueils qui ne se reproduisent plus et du nombre élevé des jeunes qui remplissent nos cultes tout en ignorant les anciens cantiques protestants ? Ne conviendra-t-il pas d'affirmer ici que ces causes seraient les facteurs qui favorisent la marche silencieuse vers le conformisme pervers aux chants populaires. Cette réalité emprisonne les chants de recueils et les efface dans les rassemblements cultuels de la semaine dans les paroisses des Églises membres de l'ECC à Kinshasa. Ce faisant, l'identité et la différence hymnologiques protestantes dans nos cultes d'aujourd'hui souffrent. Certes, l'Église du Christ au Congo, par ses communautés établies à Kinshasa, perd « une autre d'elle-même » et serait devenue « une autre qu'elle-même » dans son hymnologie liturgique hebdomadaire voire dominicale. Les chants de recueils qui retracent aussi mieux l'histoire du protestantisme au Congo depuis ses origines sont en perte de vitesse devant la poussée de la musique de variété commerciale. Si le cordon qui liait depuis toujours le protestantisme à la musique d'Église peut encore tenir, avouons que cette musique est devenue tout autre : celle de la variété. La relation qui expliquait comment les Églises issues de la Réforme s'étaient développées sur le plan ecclésial, théologique et sociologique ne semble plus trouver un lien avec celle de la liturgie du culte d'aujourd'hui. C'est ce qui fait que dans le déroulement du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa, les chants de recueils, langage constitutif d'appartenance à la grande famille protestante du monde, soient remplacés par les chants de louange et d'adoration populaires.

    Il est nécessaire, avant de clore ce point, d'épingler le fait que les chants de recueils demeurent porteurs de l'histoire du protestantisme en général et celle du Congo en particulier. L'histoire même du protestantisme congolais renseigne combien ces chants sont présents à côté de la Bible depuis les temps de Missions. Cela s'observe chaque fois que l'Église rassemblée en culte dominical, par exemple, entonne le cantique qui se chante même dans les langues vernaculaires si pas en dialectes des peuples en prière. Mais hélas, le chant d'ensemble mieux les chants de recueils dans la liturgie des cultes de la semaine sont sous influence de ceux qui respectent l'idéologie Kerrienne du cantique jetable.

    1.5 Essai d'appréciation critique de la place réservée aux chants de recueils

    Dans les lignes précédentes, nous venons d'examiner la place réservée aux chants de recueils dans la liturgie du culte protestant. Nous avons fait cet examen par rapport à la liturgie des cultes de quelques paroisses choisies parmi les Églises membres l'ECC à Kinshasa. Il est vrai, et nous nous en sommes rendu compte, que si le chant d'ensemble, en principe, celui de recueils protestants est toujours présent dans la liturgie de nos cultes, c'est bien celui de la variété commerciale qui prédomine dans le culte protestant à Kinshasa. Si lors du culte dominical, on peut encore retrouver quelques chants de recueils dans une faible proportion, les cultes de la semaine et les grands rassemblements sont encore sous l'influence des chants de louange et d'adoration populaires.

    Il convient, à présent, de tenter d'apprécier de manière critique la place réservée aux chants de recueils et de relever certaines raisons avancées qui militent à l'effacement de ces chants traditionnels dans nos cultes. C'est en quête de la revalorisation et la sauvegarde de ces chants que nous faisons cette appréciation qui, au delà de l'examen de la place, tente de relever les implications des chants de recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui. L'objectif ici est d'encourager l'utilisation des chants de recueils protestants dans le culte protestant à Kinshasa.

    Rien ne peut remplacer la participation à la liturgie vivante431(*), et d'aucuns savent qu'à la participation vivante d'une liturgie, le chant y est pour quelque chose. Il apporte beaucoup dans la liturgie du culte. Les protestants, qui sont nés avec les chants liturgiques, ne se privent pas de ces derniers dans la célébration de leurs cultes car le chant constitue l'élément capital d'un culte. Il agit avant ou après la prédication ; avant, pendant et après l'administration des sacrements ; pendant les grands ou simples rassemblements ; lors de la dévotion individuelle ou collective. Dès lors, la place qui lui revient ne peut qu'être toujours appréciée.

    Ainsi, si la place du chant dans la liturgie des paroisses suivies est en général bien manifeste, la place des chants de recueils ou chants d'ensemble dépend de la particularité des cultes organisés. Ils sont significatifs de par leur présence dans la liturgie du culte dominical ; ils couvrent la liturgie de l'administration des sacrements, et celles des fêtes. Il faudra mettre en valeur l'utilisation des chants de recueils dans le culte protestant à Kinshasa. Il se trouve qu'ils sont indispensables au centre du déroulement du culte individuel mais bien plus du culte collectif. Toutefois, leur fréquence n'est pas aussi significative lors des grands rassemblements, dans la liturgie abrégée des cultes de la semaine voire dans les répertoires des chorales liturgiques d'aujourd'hui. Des raisons peuvent être avancées. On constate qu'il se lève un antagonisme interne dans le domaine hymnologique au sein de l'Église à Kinshasa. Celui-ci expose en conflit tacite les forces en présence : d'une part les admirateurs des chants de recueils protestants car gardiens de la tradition musicale protestante, et les admirateurs de la musique chrétienne de variété qui semblent aujourd'hui réduire à néant celle de la tradition protestante dans les rassemblements cultuels. Ce deuxième groupe d'admirateurs se veut être celui des modernistes dans la vision du chant liturgique en milieu africain. Ils pensent que les chants de recueils missionnaires n'ont pas de chaleur ; ils refroidissent les cultes ; ils n'ont pas d'esprit africain ; ils ne n'offrent pas l'occasion de célébrer Dieu avec les cris et la danse ; ils ne véhiculent qu'une théologie d'emprunt, de ce fait étrangère à nos réalités d'africains ; ils ne sont pas toujours l'expression d'une foi authentique en Christ, sous la mouvance du Saint-Esprit des derniers temps qu'avait annoncés le prophète Joël. Les chants de recueils protestants, soutiennent-ils, sont la production mieux la création des anciens colonisateurs et marchands de la traite négrière qui a déshumanisé l'homme noir africain. C'est ainsi qu'il appelle au renouvellement du chant liturgique et peut-être de la liturgie elle-même aussi. Mais face à cet appel au renouvellement, devons-nous nous empêcher de soulever quelques interrogations sur cette conception qui voudrait tout changer, tout renouveler, tout contextualiser voire tout conceptualiser? Ne voyons-nous pas là le risque d'une marche en avant vers des quelconques syncrétismes où tout de la musique d'Église et /ou de la liturgie ne se constituerait que sur les fonds culturels, socio-économiques et spirituels sans trop exiger la dimension de la doctrine chrétienne qui octroie à la musique du culte sa valeur comme une musique pour la liturgie du culte ?

    1.6 Conclusion partielle

    L'examen du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa et la place réservée aux chants de recueils constituaient l'objet du présent chapitre. On remarquera que l'effort était la quête de la place réservée aux chants traditionnels protestants dans le culte d'aujourd'hui à Kinshasa. Nous avons suivi quelques paroisses protestantes de Kinshasa et nous nous sommes rendu compte que le culte protestant existe encore. Ce culte qui est organisé dans la capitale congolaise par les différentes communautés qui se réclament de l'Église du Christ au Congo, suit la liturgie « missionnaire » héritée par l'ECC. Cette liturgie, il faut le noter, n'a pas encore été officiellement révisée. Aujourd'hui, en réalité, elle ne semble plus être celle de toutes les paroisses protestantes. On y rencontre quelques particularités.

    L'observation faite dans le cadre de cette étude à Kinshasa, n'a été possible que dans quelques paroisses des Églises membres de l'ECC. Ces paroisses sont : 1.CBCO/Kintambo ; 2.CBFC/Lisala ; 3. CEUM/Kasavubu ; 4. CPK/Yolo ; 5. Deux Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN). Nous avons eu à dresser la carte de visite de chacune d'elles. Cette présentation a tourné autour de leurs articulations historiques respectives, l'organisation de la paroisse et surtout celle du culte. L'organisation du culte dans les activités de chaque paroisse a été l'un des aspects importants. Indiquons que l'examen de la place réservée au chant n'a pu être possible que par rapport à la liturgie des cultes organisés. A ce niveau, la place réservée aux chants de recueils des cultes a été examinée pendant ces différents moments, à savoir : le culte dominical, l'administration des sacrements, les grands rassemblements, les fêtes liturgiques, les répertoires des chorales liturgiques, les cultes de la semaine. La difficulté majeure rencontrée est celle de la particularité liturgique de chaque paroisse. Et bien que, en principe, les Églises membres de l'ECC aient presque la même liturgie officielle pour le culte et les actes et même pour l'administration des sacrements, les Églises, dans la pratique, ne suivent toujours pas cette liturgie telle qu'elle a été conçue. C'est là que nous avons prévenu le danger de voir les paroisses de l'ECC, surtout celles des grandes villes, oeuvré continuellement pour ce que nous avons appelé Liturgie mutilée. Peut-être qu'il faille déjà voir comment approfondir les questions autour du couple « Culte et liturgie » aujourd'hui si celle-ci ne répondait plus aux aspirations des Églises de l'heure. Car la pratique liturgique entre ce qui est prescrit et ce qui se fait est très différente. Mais « par où commencer à poser le problème ? » sera toujours la grande question.

    Pour ce qui est des chants de recueils, il conviendra d'affirmer que leur participation à la liturgie des cultes organisés à Kinshasa n'est pas très significative dans les cultes de la semaine. Les chants liturgiques sont souvent et facilement remplacés par ceux de variété commerciale. C'est peut-être parce que ces derniers sont récents et du genre populaire, facilement chantables. On oublie souvent leur faiblesse qui se trouve être dans les thèmes des temps liturgiques.

    De ce qui précède, nous pouvons affirmer que, dans son âme, l'Église protestante au Congo se trouve déjà en face d'une sorte de dilemme devant un choix à opérer entre l'utilisation des chants de recueils missionnaires et les chants populaires dans ses cultes. Les chants liturgiques traditionnels sont en souffrance dans l'Église protestante d'aujourd'hui. Et cette Église, sans recueils révisés et augmentés, accepterait de perdre sa différence. Car dans sa vie de chaque jour (à Kinshasa), l'Église protestante est appelée à se maintenir et à se positionner face à la poussée du pentecôtisme et l'influence des Églises de Réveil qui sont aussi manifestes et qui l'obligent à s'ouvrir, peut-être après près de 130 ans d'existence au Congo. C'est ici que les questions approfondies autour de la liturgie mais bien plus du chant liturgique s'imposent à sa réflexion. La revalorisation des chants traditionnels, croyons-nous, demeure aujourd'hui l'une des stratégies à appliquer. N'est-ce pas que la manifeste inséparabilité du chant liturgique au culte protestant est un héritage de la Réforme ?

    CHAPITRE DEUXIEME : DE L'APPRECIATION DE L'HERITAGE HYMNOLOGIQUE MISSIONNAIRE ET SA COMPLICITE AU TEMPS LITURGIQUE

    Après avoir palpé la réalité de la place réservée aux chants de recueils dans la liturgie des cultes qui s'organisent à Kinshasa, nous arrivons au point de chute de la présente étude, où l'effort est celui de l'essai d'une évaluation critique de l'héritage hymnologique missionnaire et sa complicité au temps liturgique. Trois points majeurs constituent l'essentiel de ce chapitre: L`examen, tour à tour du contenu de l'héritage missionnaire, les recueils édités au Congo et leurs thèmes centraux ; c'est le premier point. La quête de sa complicité liturgique par rapport au calendrier et les différents moments du culte, c'est le deuxième point. L'essai de quelques appréciations de cet héritage missionnaire vient avant la présentation de quelques chants historiques des recueils protestants qui ont traversé les barrières du temps. C'est autrement essayer de situer leurs paroles dans leurs contextes historique, théologique, psycho-logique, sociologique en les rebondissant dans l'histoire des sensibilités et des mentalités du peuple de Dieu en prière à Kinshasa. L'objet, ici, est aussi de voir si les paroles de ces cantiques protestants, vieux de quelques siècles - car conservés grâce à la codification - ne peuvent rien apporter aujourd'hui par rapport aux chants de louange et adoration populaires qui explosent dans les rassemblements cultuels à Kinshasa. C'est le troisième point.

    2.1 Héritage hymnologique missionnaire au Congo

    Il nous a semblé nécessaire, en effet, dès l'abord de ce chapitre, d'évoquer succinctement la question générale de l'héritage missionnaire avant de nous intéresser à celle qui, particulièrement, a trait avec le Congo. L'héritage, on le sait, est un ensemble de ce qui est transmis ou légué par voie de succession. Or ce qui est transmis est souvent un patrimoine, un bien. De ce lexème, on tient le verbe «  hériter » qui fait de quelqu'un un héritier, un propriétaire, bien attendu, par voie de succession. Dans la présente étude, il ne s'agit pas de l'héritage dont bénéficie une personne, mais celui qui devient, par voie de succession, un patrimoine des peuples. Nous voulons parler de l'héritage qu'ont reçu les peuples christianisés d'Afrique en général et ceux du Congo en particulier à partir de l'oeuvre missionnaire du XIXe siècle. Qu'en est-il au juste ? Quel peut être son contenu ?

    2.1.1 Le contenu de l'héritage

    Si l'histoire de l'évangélisation en Afrique peut être vaste dans ses péripéties et méandres, la quête de ce qui peut constituer son héritage ne peut se découvrir facilement. Dans cet effort de la quête du contenu de l'héritage, il conviendra que nous nous limitions, en ce qui nous concerne, à quelques éléments importants de l'héritage de l'oeuvre missionnaire au profit de l'Afrique et nous le ferons par rapport au Congo. Nous nous appuierons une sur les études de N'Kwim particulièrement celles portant sur le protestantisme congolais (1878-2002)432(*) pour y puiser des preuves de l'héritage missionnaire. Mais avant d'en arriver là, il sied de faire remarquer que les historiens de l'Église seraient unanimes pour affirmer que parmi les principales sociétés missionnaires nées au cours des dernières années du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle, la première est celle de la BMS créée en 1792. Celle-ci est l'oeuvre de la vision et l'obstination du pasteur baptiste anglais William Carey. C'est ce dernier qui a réveillé la conscience missionnaire du protestantisme tout entier. L'Afrique, on peut l'avouer, avait du prix aux yeux de ce pasteur anglais. C'est ainsi que Jacques Blandenier peut reprendre, dans son ouvrage intitulé L'essor des Missions protestantes433(*), les paroles que ne cessait de répéter Carey : « J'espère que la société gardera un oeil fixé sur l'Afrique »434(*). Ces mots, nous pouvons les considérer comme une des dernières volontés de ce pasteur.

    Rappelons avec Blandenier que, si c'est seulement au XIXe siècle, après trois siècles d'initiatives sporadiques ou isolées, que l'aube des missions modernes se levait sur les Églises issues de la Réforme, cela s'est accompli avec une double impulsion fondée sur le souci d'expansion de l'Évangile qui animait l'Occident. Ainsi, l'histoire retiendra les Réveils évangéliques et le goût de l'aventure lointaine qui caractérisait alors l'Occident où les différentes composantes du protestantisme entreprenaient d'aller porter l'Évangile aux peuples restés à l'écart de la première vague de l'expansion chrétienne. Ici on peut se permettre d'affirmer que les études menées par Komy435(*), Mengi436(*), N'Kwim437(*), Vibila438(*) et Blandenier bien que différentes dans leurs contenus, sont pourtant unanimes dans leur effort de retracer l'oeuvre missionnaire protestante au Congo dont David Livingstone et Henry M. Stanley sont les précurseurs439(*). Dès lors, on comprend que l'oeuvre missionnaire a tout son sens dans la mission. Or le sens à donner aux termes « Mission » et « missionnaire » depuis le XVe siècle, semblait avoir des connotations liées à l'Afrique même si l'évangélisation a dû attendre encore quelques siècles. Retracer l'histoire n'est pas une tâche aisée. C'est pourquoi Blandenier pouvait affirmer ce qui suit :

    Pour beaucoup de chrétiens d'Europe, le terme « Mission » évoque en premier lieu l'Afrique. Pourtant, au cours de ses dix derniers siècles d'histoire, l'Église chrétienne ne s'est intéressée que tardivement à ce continent. L'Amérique latine et l'Asie ont été des terres de mission nettement plus tôt. Ce n'est qu'au début du XIXe siècle que des missionnaires, tant protestants que catholiques, ont durablement pris pied en Afrique - certaines tentatives antérieures n'ayant pas eu de suite. Au début, les progrès ont été lents et coûteux en vies humaines440(*).

    La tâche d'une quête du contenu de l'héritage historique missionnaire au Congo, pour nous, dans cette étude est hardie. Il nous faudra mettre en valeur le travail de la B.M.S., la première Mission implantée au Congo en 1878 à la suite des rapports de deux explorateurs, en l'occurrence David Livingstone et Henry M. Stanley441(*). Mais parce que la B.M.S. n'a pas travaillé dans l'isolement, il faut aussi considérer l'apport de la L.I.M., la S.M.F., la C.M.A. au Congo. Mais sachant que « toute histoire s'écrit en choisissant, dans la multitude presque infinie des faits enregistrés ou transmis, cette infime proportion d'entre eux que l'on croit importants par rapport à elle »442(*), nous essayerons d'examiner, dans un survol rapide, le contenu de cet héritage en nous en tenant aux faits marquants.

    Quand, au XIXe siècle, les mouvements de réveil (baptiste, piétiste et méthodiste), les Églises issues de la Réforme avaient saisi l'importance de la Mission, des milliers de chrétiens quittèrent leurs familles, leurs Églises et leurs pays (en Europe et en Amérique) pour apporter la Bonne Nouvelle dans le monde. L'Afrique avait aussi une place importante dans cette option missionnaire. En général, la Grande-Bretagne (sans oublier l'Amérique du Nord443(*)) a joué un rôle de premier plan au monde de la Mission avec ses grandes figures missionnaires : William Carey, Hudson Taylor, David Livingstone. S'il faut relever les traces léguées en héritage au Congo par la mission anglaise, comme celles des Missions qui l'ont suivie, on retiendra ces quelques 10 traits :

    1. La création de vastes stations missionnaires autonomes444(*) 

    2. La construction des temples

    3. Les premières écoles445(*)et les premières universités446(*)

    4. Les dispensaires ou hôpitaux avec écoles d'assistants médicaux447(*)

    5. L'imprimerie ou l'édition448(*)

    6. La librairie missionnaire449(*)

    7. La traduction de la Bible en langues congolaises

    8. La production des recueils de cantiques en langues des autochtones

    9. La production du guide liturgique pour le culte

    10. Le centre hospitalier

    Nous nous n'allons pas nous intéresser à tous ces traits dans cette étude ; seul le trait se rapportant à la production des recueils de chants retiendra notre attention. Ce que nous appelons héritage hymnologique missionnaire, c'est tout ce qui se traduit par l'oeuvre missionnaire de la production des recueils de chants pour le culte au Congo. Ainsi, voyons brièvement ce qu'a été cette production hymnologique missionnaire par les recueils édités au Congo.

    2.1.2 Les recueils édités au Congo

    Les recueils des chants édités au Congo qui constituent l'héritage hymnologique missionnaire, sont pour la plupart ceux qui ont accompagné la liturgie du culte en langues congolaises depuis bientôt un siècle et demi. Ils sont pour beaucoup le produit de la traduction des chants protestants des pays de missions. Nous nous référons au Centre Protestant d'Editions et de Diffusion (CEDI) pour nous rendre compte de ces publications. Ainsi, d'après CEDI, sans compter les tout premiers recueils de Bentley et Nils en 1891, l'oeuvre d'évangélisation missionnaire au Congo avait publié jusqu'aux années soixante-dix les recueils aux titres suivants450(*) :

    1. Njembo na Njambe (1949, 1952, 1956, 1958 CPC)

    2. Ngimbo jia Yutumbwisa (1949, 1961, Mennonite)

    3. Nyimbo ya Imani na Safi (1953)

    4. Tumutumbishe ne Misambu (1956, 1976,... Mennonite)

    5. Bankunga ya Kintwadi (1965, AMBM, BMM)

    6. Nsao ya Nzakumba (1964, 1973, CADELU)

    7. Nkunga mia Kintwadi (CBCO, CBFC, CEC, EEC, 1974)

    8. Tosanjola Nzambe (Mombongo, IBIA 1974)

    9. Louons notre Dieu (PPUKIN, 1978, 1981)

    10. Njembo na Njambe (CBFC, 1978)

    11. Njembo ji Njambe (CBFC, 1978)

    12. Njembo I Bonyambe (1981, CBFC)

    13. Célébrons le Seigneur (1990, CBCO)

    14. Unga Mi Kintwadi (1991, CEC)

    15. CEF/B Recueil de cantique (1995)

    16. Njembo na Njambe (1996, E.C.C)

    17. Unga Mi kintwadi (1996, CEC)

    18. Njembo na Njambe (1997, E.C.C)

    19. Célébrons (1998)

    20. Toyembela (1998)

    21. Hymnes de triomphe (1999, CEC)

    22. Gloire à l'Eternel (1999, E.C.C/Centenaire)

    23. Njembo na Nzambe (1999, ELBC)

    24. Njembo ya bandimi (2001, EBF)

    Dans une de nos précédentes études451(*), nous affirmions que jusqu'à ce jour, il n'y avait pas eu de nouvelles productions de recueils protestants sous l'oeil de l'E.C.C. Néanmoins, s'il y a eu un ajout important dans ce domaine au niveau des Églises membres de l'E.C.C, cela ne s'est fait qu'en de nouvelles impressions des anciens recueils non revus ni augmentés. C'est le cas avec le recueil Njembo na Njambe.

    Nous affirmons que l'hymnologie protestante congolaise n'a pas disposé de recueil unique. Les recueils étaient publiés selon le besoin du milieu où le culte s'organisait soit le dimanche, soit à des occasions particulières. Et même quand nos Églises se voyaient augmentées en nombre et aussi avec ce qu'on peut appeler le "va et vient" des chrétiens venant de différentes traditions chrétiennes, l'Église du Christ au Congo, qui est dans la légalité et la légitimité la tête du protestantisme congolais, n'a pas encore réussi à s'imposer dans ce domaine. Les recueils anciens et connus en milieux protestants ne sont plus réimprimés ni vendus sur le marché. Peut-être que l'Église serait en train de s'interroger en cette matière. Car un recueil qui servirait de repère des patrimoines spirituels protestants, traduisant l'expression de l'unité du corps du Christ au Congo, est plus qu'attendu. Mais il faudra y inclure, plus qu'au temps des recueils des missionnaires, les hymnes écrits et chantés par les filles et fils de la grande famille protestante. Un fait est à déplorer: nos recueils ne sont pas publiés avec musique. Et cette faiblesse de nos recueils favorise, si pas l'oubli des mélodies anciennes, mais certainement la déviation trahissant ainsi la quintessence de cette hymnologie qui ne se retrouve (presque) plus.452(*)

    2.1.3 Les thèmes centraux des recueils du Congo

    Les thèmes centraux des recueils de chants traditionnels protestants sont très variés en typologies. Si avec James Lyon, on s'est rendu évidemment compte qu'au début de la Réforme, les chants qu'écrivaient les théologiens et les poètes de l'Église traduisaient ou mieux répercutaient la théologie de l'Église de heure, ceux qui ont été réalisés au Congo n'ont pas échappé à cette exigence.

    Nous avons déjà affirmé dans les pages précédentes que les recueils protestants en général, dans leur présentation claire de la structure et du contenu thématique des recueils dès la conception, offrent aux usagers une très remarquable facilité dans le choix de chants pour les temps liturgiques, pour le déroulement de l'année ecclésiastique, pour des jours particuliers, pour les cultes en complément de la liturgie, des lectures bibliques, du sermon et des prières, pour des circonstances de la vie de l'Église et du chrétien. De manière générale, les recueils protestants au Congo sont ceux produits à partir de la traduction de ceux de langues anglaise et française. Même si l'influence de la géographie anglo-saxonne est hautement significative dans l'élaboration de ces recueils par rapport aux chants de recueils en français, tous ont en commun la structure et le contenu thématique. Si l'on peut rencontrer quelques différences dans la structure et le contenu thématique, cela ne peut être motivé que par le souci d'une quelconque particularité voulue par celles et ceux qui l'élaborent : les éditeurs.

    Les recueils protestants ont un contenu présenté en thèmes qui les font ressembler à ceux d'autres cieux produits par les Églises issues de la Réforme. Ils ont pour fondement la parole de Dieu, spécialement les Psaumes d'Israël, les textes sacrés des Pères de l'Église et des Réformateurs... Les recueils protestants, dans leur structure, consacrent une place importante aux Psaumes, aux chorals et cantiques soigneusement répartis en des rubriques différentes comme pour adoration, louange de la Trinité et l'action de grâce. L'Année chrétienne avec les Temps liturgiques, l'Église par rapport aux différentes étapes du culte, prière, Parole de Dieu ; les Actes pastoraux comme le baptême, la Sainte-Cène ; la Vie chrétienne ou Vie spirituelle (repentance, pardon, justification, conversion, foi, amour fraternel, unité chrétienne, service, mort, espérance ; nouvelle année, le matin, le soir ; chants pour les réunions familières, ecclésiastiques ; chants de deuils et de fêtes ; chants à l'heure d'épreuve, de confiance, de service, de Confession de foi, de reconnaissance, catéchèse ; chants pour adultes, chants pour enfants, chants de mariage, chants de dédicace d'enfant, de temple, chants d'évangélisation, chants d'envoi, chants de doxologie, chants avant et après le repas, chant de sacrement, chants de Réforme ; textes liturgiques, des répons, ainsi que des chants divers453(*). Encore faut-il reconnaître que tous les recueils produits au Congo protestant ne commencent pas avec les Psaumes (comme c'est le cas avec les recueils des luthériens)454(*). Ils se présentent dans la simplicité. Ils ont été très souvent édités, en principe et avec compétence, par des missionnaires (hymnologues qui n'étaient pas nécessairement théologiens). Contrairement à la coutume du temps de la Réforme, les recueils édités au Congo ne comprennent pas de précieux textes bibliques proposés pour lecture (généralement, Évangiles, Épîtres et Psaumes appropriés en liaison avec les récits bibliques correspondants), prières, ainsi que de judicieuses remarques à propos du calendrier liturgique, de l'histoire du chant d'Église à travers les siècles, des poètes, mélodistes et compositeurs, et d'utiles tables analytiques en plus des chants. Il conviendra de soulever aussi l'absence de la musique des chants repris dans les recueils facilitant ainsi la perte des mélodies de cantiques. C'est ici que l'on rencontre la grande faiblesse des recueils édités au Congo. Si les sources y sont indiquées, elles ne sont pas non plus très détaillées pour permettre aux hymnologues le travail d'exploration dans ce domaine cher à l'Église. Dès lors, les deux remarques importantes qu'on fait souvent à ceux qui ont la charge de concevoir et d'élaborer un recueil de chants sont loin d'être observées comme il se doit. Rappelons ces remarques wébériennes : les recueils, en principe, ne peuvent pas s'éditer sans qu'ils ne tiennent compte des sources et du tout dernier état de la question. Malgré cela, ils sont toujours influencés par de diverses tendances idéologiques et mouvements d'idées au cours des siècles.

    Comme nous avons eu à l'indiquer au cours de nos études antérieures, la structure des recueils protestants au Congo ne s'écarte pas de la vision de la Réforme du XVIe siècle telle que reprise dans les lignes qui précèdent455(*).

    2.2 Complicité liturgique de l'Héritage missionnaire

    La liturgie, on le sait, est l'expression officielle et publique du culte de l'Église. De ce fait, l'être même de l'Église est liturgique.456(*) L'Église, au milieu du monde, ne peut vivre sans culte organisé. Et pourtant, l'organisation d'un culte solennel ne se fait pas sans tenir compte du temps de l'Église. C'est le calendrier liturgique qui assure alors, dans le temps, l'enchaînement des différentes célébrations liturgiques durant l'année.

    La problématique de la place des chants de recueils que nous examinions dans cette étude ne se faisait que par rapport au culte et à la liturgie. Nous examinerons ici la complicité liturgique qu'offre l'héritage missionnaire des chants de recueils dans le calendrier liturgique d'une part, et pendant les différents moments liturgiques du culte, d'autre part.

    2.2.1 Chants de recueils et le calendrier liturgique

    Si les chants de recueils sont des éléments constitutifs de la liturgie, ils le sont d'abord pour le calendrier liturgique qui fixe les célébrations dans le temps. A partir de la lecture que nous faisons de l'ouvrage The Worship Sourcebook457(*), nous pouvons nous permettre d'affirmer que beaucoup de ceux qui s'intéressent aux questions liturgiques dans l'Église savent que le calendrier liturgique, dans son contenu, ne s'est pas élaboré loin des thèmes centraux de la foi chrétienne telle que rendue dans le Credo de Nicée. Ces thèmes centraux sont à trois :

    1. Nous croyons en un seul Dieu

    2. Nous croyons en un seul Seigneur Jésus-Christ

    3. Nous croyons en l'Esprit-Saint

    Sans chercher à nous appesantir sur les détails de ces thèmes majeurs du Credo, retenons ce qui suit :

    1. C'est à partir du thème majeur de Nous croyons en un seul Dieu que ressortent les sections telles que celles de : Création, providence et actions de grâces.

    2. C'est à partir du thème majeur de Nous croyons en un seul Seigneur Jésus-Christ que ressortent les sections telles que : Avent, Noël, Epiphanie, Baptême de notre Seigneur, Transfiguration, Mercredi de cendre, Jeûne et prière, Dimanche de rameau, Jeudi saint, Vendredi saint, Pâques, Ascension de notre Seigneur, Christ-Roi qui reviendra juger les vivants et les morts.

    3. C'est à partir du thème majeur de Nous croyons en l'Esprit-Saint que ressortent les sections telles que: Pentecôte, dimanche de Trinité, Unité de l'Église, et Communion des Saints.

    Nous venons là de ressortir les différentes sections à partir desquelles les fêtes liturgiques sont rendues par l'Église chrétienne. Dès lors, si les thèmes de ces célébrations liturgiques deviennent variés, le calendrier liturgique les range dans le temps. Ce temps liturgique s'appelle aussi bien période liturgique où l'Église célèbre ces différentes fêtes durant l'année ecclésiastique.

    Toutes ces sections variées trouvent des répondants dans la construction hymnologique des Églises issues de la Réforme. C'est aussi le cas avec les chants de recueils protestants qui sont encore utilisés Congo où l'on rencontre dans le répertoire des recueils des morceaux dont les poèmes remplissent des fonctions liturgiques conséquentes. Cette disposition est beaucoup plus claire dans les recueils français et suisse utilisés au Congo. On peut citer entre autres les Chants de victoire, Sur les Ailes de la Foi, Jeunesse en Mission, Njembo na Njambe, Nkunga mia Kintwandi et autres...

    Dans les lignes qui suivent, nous tâcherons d'exposer la possible complicité des chants de recueils par rapport aux différents moments liturgiques du culte. Car nous croyons que ces chants méritent encore leur pesant d'or dans le culte protestant qui s'organise à Kinshasa.

    2.2.2 Chants de recueils et les moments liturgiques du culte

    L'expérience chrétienne commune de ceux qui s'occupent de la liturgie nous renseigne que le culte comprend six voire sept grandes parties importantes et toujours dépendantes les unes des autres. En général, ces parties sont : l'ouverture, la confession des péchés et l'assurance du pardon, la proclamation de la Parole, le temps des prières, temps des offrandes et la clôture du culte. Si la Sainte-Cène est prévue, alors celle-ci a lieu après les offrandes. Elle serait alors la septième grande partie du culte. Or chaque partie du culte a sa liturgie spéciale qui porte son nom et qui se verse dans la liturgie générale du culte. De cette manière, on pouvait parler d'une liturgie de l'ouverture, une liturgie de la confession et de l'assurance du pardon, une liturgie de la Parole, une liturgie des prières, une liturgie des offrandes, et celle de clôture. Ainsi, on aura des sous-liturgies dans la liturgie du culte. Cette préhension nous sera certainement d'une grande utilité dans les études ultérieures où il va falloir considérer en profondeur les liens que les chants de recueils auraient avec les moments liturgiques d'un culte classique. Les moments retenus ici sont : le prélude, l'accueil, l'invocation, la Loi de Dieu, la Confession de foi, la prédication, les offrandes, l'intercession, bénédiction, le postlude.458(*)

    Dans l'organisation du culte dans ses différents moments, les psaumes jouent un rôle important aux côtés de chants de recueils. C'est ainsi qu'il va falloir parler en quelques mots des psaumes bibliques qu'on utilise dans le culte chrétien. Bien qu'ils soient la mémoire du peuple juif, ils nous pénètrent et nous font participer à la célébration cultuelle d'un grand Dieu dont nous nous réclamons tous. L'âme du peuple juif devient notre âme par les psaumes, sa ferveur notre ferveur, ses espérances nos espérances, ses craintes nos craintes.460(*)

    Il convient de considérer le fait que les psaumes sont présents dans nos célébrations cultuelles protestantes depuis la Réforme. Ce sont eux, en principe, qui déterminent le sens de la particularité du culte et facilitent le travail que fait l'officiant dans son déroulement. Les auteurs qui partagent cet avis peuvent être très nombreux. Mais pour cette étude, nous citerons l'un d'eux : John D. Witvliet. Mettons en valeur dans ce point ses récentes études sur l'utilisation des psaumes bibliques dans le culte chrétien.461(*) En effet, dans son ouvrage The Biblical Psalms in Christian Worship qui est, à notre avis, une invitation solennelle à la redécouverte de valeurs enfouies, Witvliet convie les acteurs de la liturgie du culte chrétien à plus d'utilisation des psaumes. Cet auteur trouve en des psaumes, l'un des partenaires permanents de la liturgie du culte. C'est ainsi que l'effort de lire, de chanter, de prier, d'étudier et de partager les psaumes (délibérément) est conseillé dans son ouvrage. Ce faisant, la manière de prier des chrétiens se réveillera de la somnolence et on assistera à la fois aux retrouvailles de l'identité protestante avec sa liturgie dans le culte.

    Certes, les psaumes forment un caractère à notre manière de prière. Ils nous enseignent ce que c'est qu'une prière (remplie) de foi. Witvliet soutient que l'utilisation adéquate et répétée des psaumes conduit aussi facilement que possible à une connaissance profonde de la foi biblique dont ont besoin les pasteurs et les leaders de l'adoration du culte et les chrétiens. C'est pour dire autrement qu'un culte chrétien sans psaumes bibliques n'est pas concevable. Le Seigneur Jésus-Christ lui-même ne priait-il pas en s'appuyant sur les Psaumes ? Sur ce, le Nouveau Testament peut illustrer beaucoup de traces du Christ évoquant les Psaumes dans ses dévotions. Fort de cette affirmation, Witvliet, qui croit lui-même en la richesse des Psaumes pour un culte, s'appuie sur la position de Thomas Merton sur cette question. En effet, Merton, on s'en souviendra, est l'un des grands apologètes des psaumes que l'Église de notre temps ait connus. Indiquons que la pensée de cet auteur demeure encore interpellatrice de toute conscience liturgique quand il écrit: «Nowhere can we be more certain that we are praying with the Holy Spirit than when we pray the Psalms.» 462(*) (Nous ne pouvons partout être certains que nous prions avec le Saint-Esprit que quand nous prions avec les psaumes).

    Cette conception mertonienne de choses ne date pas de l'époque de ses contemporains. Car, comme on peut le remarquer à la suite de Witvliet, depuis les temps très éloignés, à partir des enfants d'Israël, passant par les contemporains du Seigneur Jésus-Christ, les Apôtres, les Pères de l'Église, les Réformateurs pour ne citer que ceux-là, de nombreux commentateurs et historiens de l'Église sont unanimes pour affirmer que prier avec les psaumes était toujours la meilleure des voies pour prier en Esprit.463(*) Néanmoins, l'expérience quotidienne montre que l'Église, par ses acteurs de la liturgie, n'a toujours pas été une bonne gardienne de ce trésor dans la pratique de la prière liturgique.464(*) L'Église chrétienne devrait-elle vraiment aujourd'hui dans ses célébrations cultuelles le long des jours, des semaines, des mois et des années occulter l'exigence d'une réflexion profonde que lui impose l'utilisation des psaumes ?465(*)

    Mais, il convient aussi de relever que l'utilisation adéquate des psaumes bibliques dans le culte semble soulever souvent un autre problème qui, à notre avis, résiderait dans le choix du psaume qui convient. C'est pourquoi « Quel psaume qui convient pour quel culte ? » serait certainement la question non-négligeable pour les acteurs de la liturgie (par rapport au culte collectif comme au culte privé) qui voudraient s'en servir d'une part, et pour le chrétien qui voudrait l'utiliser individuellement d'autre part. Car, parmi les 150 psaumes bibliques que compte la Bible, tous n'ont pas la même fonction dans la prière. Il est des psaumes qui s'adressent à nous individuellement tandis que d'autres s'adressent à nous mais collectivement. Witvliet avertit qu'autant dans le culte, nous parlons à Dieu à travers les prières incluant, bien entendu, les chants et nos offrandes, autant dans le culte aussi, Dieu nous parle à travers la lecture et la prédication bibliques qui incluent la lecture des Saintes-Écritures. Celles-ci jouent le rôle d'appel à la célébration cultuelle, de paroles d'assurance et de bénédictions [...]. Mais Dieu qui nous parle, nous ne parle-t-il pas aussi par les chants ? Ainsi, dans le culte deux choses se passent : Dieu nous parle ; et nous parlons à Dieu.466(*)

    Il est un fait qu'il faille épingler en passant dans le questionnement de Witvliet. Si Dieu peut nous parler dans un culte public ou individuel, il sait toujours comment le faire avec nous pour passer son message. Mais le problème, c'est quand nous voulons parler à Dieu par les psaumes. Comment allons-nous parler à Dieu par les psaumes, si nous ne savons pas dénicher son image et son caractère qui, souvent, sont enfouis dans les métaphores bibliques? C'est ici qu'il y a un effort à faire. Il faut apprendre comment identifier ou mieux comment ressortir de la métaphore467(*), le sens du nom que le psaume donne à Dieu. C'est aux fins de mieux l'utiliser dans la prière pour tel ou tel moment de la vie, de l'épreuve ou du culte. Dès lors, on comprend pourquoi les Réformateurs ont insisté pour un recours manifeste aux psaumes dans la liturgie du culte public et pendant les cultes individuels et familiers. Les psaumes, comme l'affirme Ratzinger, sont le recueil de cantiques de la Bible.468(*) On le remarque dans le travail de l'élaboration de la composition des chants et des recueils protestants.

    Revenons aux éléments du culte et examinons chacun d'eux par rapport aux chants de recueils.

    2.2.2.1 Les chants de recueils et le prélude

    Le prélude est un moment important dans le déroulement d'un culte. C'est pendant ce temps que les fidèles, hommes, femmes, jeunes et vieux entrent et prennent place dans la maison du Seigneur. Ils sont venus l'adorer et l'écouter. Si le terme « prélude » a beaucoup plus une connotation musicale, en ce sens qu'il est la suite de notes qu'on chante ou qu'on joue pour se mettre dans le ton ou pour introduire une autre pièce, ou encore dans son sens figuré pour indiquer ce qui précède, annonce, nous pensons voir clairement son sens proche de la liturgie dans le verbe qu'il forge. En effet, préluder dans son sens comme se produire dans l'attente d'autre chose, constituer les préliminaires de quelque chose469(*), est celui que nous retenons pour le culte.

    Le prélude met les orants dans de bonnes dispositions de l'attente de l'appel à l'adoration cultuelle. Il précède l'ouverture du culte. Pendant ce moment d'avant le culte, les acteurs de la liturgie ne sont pas encore là, ou mieux n'ont pas encore prononcé la parole qui annonce l'ouverture du culte : accueil. L'accueil qui se prononce par la salutation apostolique vient juste après le prélude. Les auteurs de The Worship Sourcebook pensent que c'est du prélude que découlent tous les autres moments du culte.470(*) C'est pourquoi le prélude devra être le moment où l'on chante, on lit les passages bibliques et on prie. C'est lui qui annonce la couleur de la particularité du culte organisé, car chaque culte, comme chaque jour, est unique. Le prélude prépare le peuple en prière à écouter et à répondre dans la foi à l'amour de Dieu qui fait venir de quatre coins des l'horizon les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux pour les réunir dans sa maison de prière.

    On a affaire ici aux chants de recueils protestants. Nous cherchons ses liens possibles avec ce premier moment du culte qu'est le prélude. Est-ce que ces chants, aujourd'hui, ne peuvent pas jouer un rôle utile pendant le moment d'avant le culte ? Les acteurs de la liturgie savent que les Psaumes sont les textes bibliques les mieux indiqués pour le temps de recueillement qu'offre le prélude. C'est ainsi que les conducteurs des chants d'ensemble du culte, et ceux qui particulièrement s'occupent des chants au niveau des chorales, peuvent trouver dans les recueils de chants protestants disponibles à Kinshasa, les psaumes mis en musique par les hommes du protestantisme, en l'occurrence de Louis Bourgeois, Clément Marot, Théodore de Bèze et les autres pour le rassemblement cultuel. A titre indicatif, on peut proposer les titres de vieux chants comme ceux de : Il faut Grand Dieu que de mon coeur la sainte ardeur Te glorifie (Ps 138, A.F 4) ; Peuples, venez et qu'on entende (Ps 66, A.F 2) ; Rendez à Dieu l'honneur suprême (Ps 118, A.F 3) ; Bénissons Dieu mon âme (Ps 103, A.F 6) ; La terre au Seigneur appartient (Ps 24, A.F 8) ; Comme un cerf altéré (Ps 42, A.F 12) ; Dieu fort et grand (Ps 139, A.F 14) ; O mon Dieu, mon Sauveur (Ps 3, A.F.15), A toi mon Dieu mon coeur monte (Ps 25, A.F 17) ; Au fort de ma détresse (Ps 130, A. F 19) ; Grand Dieu nous te bénissons (A.F 34, C.V 1) ; Voici le jour que le Seigneur a fait (Ps 103471(*))....

    Comme on peut le remarquer, l'hymnographie de ces quelques Psaumes choisis est, au moment de prélude, chantée ou lue, celle des merveilleux textes qui préparent les coeurs à recevoir l'appel que fera l'officiant du culte dans les instants qui vont suivre aux fins d'ouvrir l'adoration.472(*) Le prélude est aussi un moment de réflexion profonde et personnelle où l'orant, à la suite du psalmiste, cherche à rencontrer Dieu dans sa maison. Souvent, les prières qui se font pendant ce moment sont profondément individuelles ou focalisées dans un chant qui est entonné. Mais quid du moment de l'accueil ou moment de l'ouverture du culte ?

    2.2.2.2 Les chants de recueils et l'accueil ou ouverture

    L'accueil à l'ouverture que fait l'officiant du culte est un moment très délicat de la liturgie. Si l'officiant s'y prend mal, le culte est dérangé jusqu'à sa fin. N'avons-nous pas affirmé que le culte, dans ses éléments, forme un tout ? Les acteurs de la liturgie savent qu'une des grandes fonctions qu'on lie à ce moment d'invitation liturgique est celle d'hospitalité473(*)dans la maison de Dieu qui se traduit par la salutation d'accueil. Chaque personne qui vient veut adorer Dieu dans la joie partagée avec les autres en Jésus-Christ. Les mots de salutation apostolique qui disent : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père, et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous» s'en suivent pour signaler le début du culte. Ces mots établissent les liens de communication entre ceux qui sont venus prier et Dieu qui vient vers eux avant que ceux-ci se présentent devant Lui474(*). Les recueils de chants qui accompagnent ce moment ne sont pas pauvres pour appuyer l'officiant. Les acteurs de la liturgie savent qu'ils peuvent retenir les chants comme ceux qui contiennent les paroles de : Vous qui sur la terre habitez (Ps 100, A.F 525) ; Qu'on batte des mains (Ps 47, A.F. 1) ; Vous, saints ministres (Ps 134, A.F. 523) ; Les cieux et la terre (A.F. 37) ; Vous tous qui avez soif, venez (Es 55) ; Peuples, venez et qu'on entende (Ps 66, A.F 2) ; Rendez à Dieu l'honneur suprême (Ps 118, A.F 3) ; La terre au Seigneur appartient (Ps 24, A.F 8) ; Dieu fort et grand (Ps 139, A.F 14) ; O mon Dieu, mon Sauveur (Ps 3, A.F 15) ; A toi mon Dieu mon coeur monte (Ps 25, A.F 17) ; Au fort de ma détresse (Ps 130, A.F 19) ; Grand Dieu nous te bénissons (A.F 34, C.V 1) ; Voici le jour que le Seigneur a fait (Ps 103475(*)).476(*)

    L'officiant, pendant ce moment, joue son rôle avec joie et les paroles qu'il prononce sont celles qui sont accompagnées de geste de mains qui accueillent et embrassent. Pour accueillir, son visage est rayonnant d'un sourire. Il le fait ainsi car il joue le rôle de celui qui accueille ses semblables dans la maison de Dieu sachant que lui-même est ainsi accueilli avec les autres par Dieu. L'autre raison de l'invitation à l'ouverture est celle qui appelle la communauté rassemblée à l'activité du culte d'ensemble. Car c'est ensemble, avec les dons exceptionnels et divers réunis dans le culte que le peuple de Dieu expérimente la richesse des dimensions horizontales « de demeurer ensemble »477(*) mais surtout celles verticales renforcées avec Dieu dans le culte et de partager la parole de Dieu ensemble. Il le fait aussi avec piété car il joue un rôle du sacrificateur qui présente à Dieu par le Christ, les prières du peuple rassemblé. Mais que dire du moment de l'invocation ?

    2.2.2.3 Les chants de recueils et l'invocation

    Le moment d'invocation est celui qui, dans le déroulement du culte, vient s'enchaîner aux premiers moments cités. Le terme « invocation » dans la liturgie peut laisser croire que c'est la communauté rassemblée qui invoque, appelle Dieu à l'aide par la prière. Or il ne doit pas être ainsi. Ce n'est pas le peuple rassemblé qui invite Dieu ni sa présence dans le culte. Ce n'est pas non plus dire que la présence de Dieu parmi le peuple en prière dépend de ses efforts dans l'invocation. Les acteurs de la liturgie savent que Dieu est présent au lieu du culte avant que le peuple y soit et commence.478(*) Ainsi, toutes les prières d'invocation que font les fidèles avec l'officiant au culte ne servent qu'à célébrer et à reconnaître la présence de Dieu ; elles ne la produisent point.479(*)

    L'officiant, pendant ce moment d'invocation, joue son rôle avec ferveur et les paroles qu'il prononce sont soit libres soit tirées des textes bibliques. Il s'agit, dans la plupart des cas, des textes comme ceux de : Ps 57, 5- 7, 11 ; Ps 63, 1-4 ; Lm 3, 21-26 ; Ep 1, 3-4 ; Ps 29 ; Ps 34, 1-8 ; Ps 95 ; Ps 103, 1-8 ; Ps 118, 24 ...

    Les recueils de chants protestants ne sont pas en reste. On y rencontre aussi les chants destinés à l'invocation. Retenons à titre indicatif : Gloire, gloire à l'Eternel (A.F 11) ; Dieu Tout-puissant quand mon coeur ; A Dieu soit la gloire (C.V 6) ; Vers toi monte (C.V 18) ; Par tous les saints (C.V 24) ; Oh ! Que toute la terre entonne (C.V 28) ; Yesu yaka awa 480(*)(NN 5) ; Santo, santo, santo481(*) (NN 7) ; Nzambe Tata ye bolingo482(*) (NN 11) ; E biso bato na nse483(*) (NN 13) ; E biso bato yonso nse484(*) (NN 180) ; Béni soit le nom de Jésus ; Gloire et louange alléluia ; Majesté à Jésus ...

    Avant de passer au prochain moment, mettons en valeur la contribution du groupe des théologiens américains485(*)qui ont élaboré le recueil The Worship Sourcebook. Ce groupe récapitule et propose aux deux premiers moments cités, une sous-liturgie qui les rassemble et les présente en un seul temps de la manière ci-après :

    1. Préparation du culte (prélude)

    2. Ouverture du culte (Entrée dans le Temple des acteurs de la liturgie)

    3. Salutation (Salutations scripturaire, mutuelle et bienvenue)

    4. Invocation avec ou sans répons (Prières d'adoration, invocation)

    Il faut passer au point suivant qui nous fait entrer au moment de la Loi de Dieu.

    2.2.2.4 Les chants de recueils et la Loi de Dieu

    Le moment où l'on écoute la Loi de Dieu est celui qui, dans le déroulement du culte, vient s'enchaîner aux deux premiers moments cités, particulièrement, après le chant entonné et la prière faite pendant le moment de l'invocation. Dans la liturgie du culte, l'expression la « Loi de Dieu » fait allusion aux commandements et aux ordonnances que Dieu a donnés à son peuple dans les Saintes-Écritures486(*) pour toutes les générations de croyants. Aujourd'hui, l'expérience dominicale à Kinshasa montre que les acteurs de la liturgie, dans la majorité des cas, se servent de la Loi de Dieu pour appeler à la confession. Et une fois la confession finie, ces acteurs, au nom de l'Église, ne prononcent presque plus pour celles et ceux qui ont confessé honnêtement leurs transgressions la parole de l'assurance du pardon. Avant d'aller plus loin avec le sens à donner à ce moment liturgique du culte, nous pensons qu'il est important de relever quelques indications pouvant éclairer les acteurs de la liturgie de nos milieux dans le travail qu'ils sont appelés à faire pendant ce moment.

    Il conviendra de proposer quelque chose par rapport à ce qui se fait aujourd'hui à Kinshasa. C'est sur la préhension que les acteurs de la liturgie devraient avoir de ce moment liturgique important. En effet, le moment liturgique de la « Loi de Dieu » qui semble aujourd'hui se confondre avec (ou mieux prendre la place de) l'appel à la confession dans la liturgie des Églises protestantes à Kinshasa, en principe, devrait, à notre avis, redevenir une des étapes dans la liturgie de la confession des péchés au lieu d'être lui-même ce moment. On ne devrait pas perdre de vue que la liturgie du culte, dans ses éléments, est complémentaire. On y va graduellement jusqu'au point de chute du culte qui fait entrer celui-ci dans la liturgie de la fin. Essayons de mettre en exergue la position des théologiens protestants anglo-saxons. Pour ce faire, nous allons nous appuyer sur le recueil liturgique The Worship Sourcebook. Car nous pensons qu'ayant pris le temps de repenser leur liturgie, ces théologiens bien que loin de nos réalités, ont pris en compte quelques-unes de nos préoccupations liturgiques profondes. Nous nous rendrons compte que pour éviter le double emploi, l'acte de repentance, l'annonce du pardon, la Louange et adoration font entièrement partie de cette rubrique de la confession qui contient la Loi de Dieu.

    Il faut dire que The Worship Sourcebook, sur lequel nous trouvons notre appui, propose à cette rubrique de la « Loi de Dieu », le terme de « La Confession et l'Assurance ». Cette rubrique, d'après ce recueil, comprend huit sous- étapes qui suivent :

    1. Appel à la confession

    2. Prières de confession

    3. Lamentation

    4. Assurance du pardon

    5. Moment de la paix

    6. Actions de grâces

    7. Loi de Dieu

    8. Dédicace

    Essayons d'examiner le contenu de chaque étape de ce moment.

    2.2.2.4.1 Les chants de recueils et l'appel à la confession

    Il faut indiquer que l'Appel à la confession dans la liturgie invite le peuple, rassemblé pour le culte, à une expression d'honnêteté dans le contexte des rapports que chacun entretient avec Dieu.487(*) L'honnêteté dans notre relation avec Dieu fait passer en revue notre conduite, notre pensée, notre parler et nous rend coupable devant Dieu et nous pousse à la confession. Il conviendra de noter que nous ne confessons pas nos pêchés pour mériter, de quelque manière que ce soit, le pardon de Dieu mais parce que Dieu nous a pardonné en Christ. Ainsi, l'Appel à la confession est beaucoup plus un mot de grâce en l'occurrence de l'assurance du pardon et non un exercice qui nous humilie dans une confession où la loi de Dieu vient nous condamner dans notre nature humaine devant la sainteté de Dieu.488(*) Beaucoup de textes bibliques comme aussi les chants de recueils peuvent bien introduire ou mieux conduire ce moment important du culte où l'humain se reconnaissant misérable devant Dieu, cherche à voir ses transgressions pardonnées en Christ. Ainsi, l'officiant, acteur de cette liturgie, qui pendant ce moment qui pousse à beaucoup d'humilité, joue son rôle avec ferveur et les paroles qu'il prononce sont soit libres soit tirées des textes bibliques. Il s'agit dans la plupart des cas des textes comme ceux de : Ps 32, 1-6 ; Ps 66, 16,18-20 ; Ps 139, 23-24 ; Es 1, 18 ; Es 30,15, 18 ; Mt 22, 37-40 ; Rm 5, 8 ; Hb 4, 16 ; Rm 8, 39 ; Hb 4, 14, 16 ; Hb 10, 19-22 ; 1 Jn 1, 5-7 ; 1 Jn 1, 8-9 ; 1 Jn 2,1-2.489(*)

    L'officiant le fait avant de prononcer solennellement cette parole liturgique qui dit : « Confessons nos péchés devant Dieu et l'un à l'autre ». Dans cette rubrique, nous retiendrons à titre indicatif les chants comme ceux de : Vous qui marchez dans la souillure (C.V 51) ; Souviens-toi du calvaire (C.V 53) ; Entends-tu Jésus t'appelle (C.V 54) ; Viens à la croix, âme perdue (C.V 57) ; O vous qui n'avez pas la paix (C.V 60) ; Le Maître est là qui t'appelle (C.V 61) ; Ecoute de Dieu la parole (C.V 63) ; Pourquoi donc attendre, mon frère ? (C.V 64) ; Viens à Jésus (C.V 67) ; Coeurs fatigués et lassés du péchés (C.V 70) ; Reviens ! Reviens (C.V 71) ; Arrête, O pécheur arrête (C.V 74) ; Reviens à ton Père enfant égaré (C.V 77) ; Il va finir le jour de la grâce (C.V 79) ; Venez au Sauveur qui vous aime (C.V 86) ; Tous mes péchés, tous mes péchés (C.V 91) ; Tel que je suis sans rien à moi (C.V 124) ; Miséricorde insondable( A.F 259) ; Où trouver une retraite (A.F 230) ; Au fort de ma détresse (A.F 19) ; Seigneur tu donnes ta grâce (A.F 194) ; Agneau de Dieu messager de la grâce ( A.F 261) ; Vers toi s'élève mon âme (A.F 587).

    2.2.2.4.2 Les chants de recueils et la prière de confession

    Après cette invitation à la confession, l'officiant qui conduit le peuple de Dieu dans la prière de confession ne devra pas oublier que cette prière nous invite tous à prononcer les mots qui sont remarquablement honnêtes par rapport à nos péchés devant Dieu. C'est la question particulière de notre relation avec Dieu qui est au centre de la confession, mais aussi notre relation avec les semblables. C'est notre sens d'honnêteté qui peut nous régénérer dans notre relation avec Dieu après la confession qui nous fait bénéficier de son immense grâce. De cette façon seulement, nous pouvons affirmer que le moment de la prière de confession (aussi celle de l'assurance du salut qui s'ensuivra) n'est pas celui d'une obligation mais celui de don de grâce de Dieu.490(*) Il sied de souligner que la prière de confession nous fait reconnaître que nous sommes pécheurs et avons besoin d'un sauveur. Par elle, nous reconnaissons que notre péché ne nous affecte pas seulement mais aussi toutes nos sociétés, nos institutions et toute la création. C'est pourquoi, par la prière de confession des péchés que les chrétiens font dans un culte, ils reconnaissent aussi par là même leur participation responsable ou non dans les structures et institutions dans lesquelles le mal persiste.491(*) Ici, l'avantage avec The Worship Sourcebook est qu'il prévoit aussi la confession de certains péchés spécifiques. C'est le cas avec les péchés de  l'indifférence vers la pauvreté que d'autres subissent, du silence devant le cas de racisme, de cynisme, de narcissisme dans les matières de culte, de non respect de la vie humaine, de mauvaise usage des organes corporelle, de relations difficiles entre les humains, des abus sexuels [...]492(*). Dans cette rubrique, nous retiendrons à titre indicatif les chants comme ceux de : A toi mon Dieu, mon coeur monte ( A.F 17) ; Mon Dieu quelle guerre cruelle (A.F 200) ; O honte , O mémoire cruelle (A.F 274) ; Seigneur, du sein de la poussière (A.F 316) ; O Dieu ta loi est sainte( A.F 565) ; Seigneur aie pitié de nous (A.F 590) ; Est-il vrai que tu pardonnes (A.F 509) ; Jésus par ton sang précieux (A.F 276) ; Tel que je suis pécheur rebelle ( C.V 119) ; Seigneur Jésus je viens à Toi (C.V 133) ; Yesu abiangi yo malamu yo oya 493(*)( NN 118) ; Yaka na Yesu bato mabe494(*) (NN 119) ; Ye Masiya abiangi yo495(*) (NN 113) ; Njambe ajali kobianga496(*) (NN 132).

    2.2.2.4.3 Les chants de recueils et la lamentation

    Après le moment de prière de confession, la sous- liturgie de la lamentation qui s'ensuit vient, par les textes bibliques, donner à la communauté en prière l'occasion d'exprimer ses griefs et frustrations face à l'écroulement de l'humanité et cela même dans la situation où elle comme Église ne serait pas directement responsable ni reprochable. Une lamentation est un acte de foi implicite par lequel la communauté de foi se tourne vers Dieu comme sa seule source d'espérance et de réconfort.497(*) Foi et espérance sont explicites dans Psaumes 42 où les paroles comme celles de « Mes larmes sont devenues ma nourriture jour et nuit » conduisent à coup sûr à cette déclaration de confiance qui dit « Espère en Dieu ; car je le louerai encore, mon secours et mon Dieu ». On comprend dès lors que ce moment peut servir aussi à un prolongement de la prière de confession dans le culte que célèbre l'Église. Ces passages peuvent servir : Ps 13 ; Ps 42, 1-6 ; Jr 20, 7-10, 18.498(*) Dans cette rubrique, nous retiendrons à titre indicatif les chants comme ceux de : Pécheurs ! Vous venez d'entendre (C.V 103) ; Pécheur, je voudrais te guérir (C.V 105) ; Le Prince de la vie, Guérit seul (C.V 106) ; Une bonne nouvelle (C.V 107) ....

    2.2.2.4.4 Les chants de recueils et l'Assurance du pardon

    Si la confession est faite avec toute honnêteté, nous pouvons alors affirmer avec tous ceux qui croient à la Bible et spécialement avec les auteurs de The Worship Sourcebook que l'assurance du pardon est le moment exceptionnel de la bonne nouvelle qui annonce qu'en Christ nous sommes pardonnés. L'annonce de cette vérité est l'un des plus beaux moments du culte. Fort des Saintes-Écritures, cette vérité renforce notre assurance qui est basée sur les paroles de promesse de Dieu et non sur nos propres espérances et désirs.499(*) Tout comme la confession des péchés implique aussi bien les péchés individuels que ceux de la société dans laquelle on vit, ainsi l'assurance du pardon déclare sur le peuple confessant la promesse certaine que la grâce de Dieu qui pardonne s'occupe non seulement des péchés individuels mais aussi de ceux de toute la création.500(*) C'est pour cette raison, sachant que le coeur de l'assurance du pardon est la promesse biblique du salut en Christ, l'officiant du culte ne devra pas manquer de prendre en valeur deux déclarations liturgiques importantes. La première, c'est celle qui attire l'attention et annonce la grâce de Dieu, en ces termes : « Ecoutez cette bonne nouvelle » ou encore « Ecoutez la Parole du Seigneur ».501(*) Cette déclaration se fait avant de prononcer l'assurance du pardon. La seconde, c'est celle qui vient insister pour dissiper tout doute intérieur dans les coeurs de ceux qui ont confessé honnêtement leurs transgressions. L'officiant l'annonce en ces termes : « Croyez en cet Évangile et allez vivre en paix » ou encore « Sachez que vous êtes pardonné et soyez en paix » ou « Vivez dans l'Espérance certaine de la promesse du Christ ». Cette déclaration se fait après lecture de l'Écriture.

    Cette sous-liturgie peut se faire de la manière ci-après : l'officiant, de manière solennelle, prend la parole, après prières et/ou chants de confessions et lamentations et dira par exemple502(*) :

    (a). Ecoutez cette bonne nouvelle ! (Parole liturgique).

    (b). Qui est dans une position de condamner ? Seulement Christ, et Christ est mort pour nous, Christ est ressuscité pour nous, Christ règne dans la puissance pour nous, Christ prie pour nous. Quiconque qui est en Christ, est une nouvelle créature. L'ancienne vie est passée ; une nouvelle vie a commencé. (Texte biblique, Cf. Rm 8 :34 ; 2Co 5 :17).

    (c). Sachez que vous êtes pardonné et soyez en paix ou encore Croyez en

    cet Évangile et allez vivre en paix. 

    Les textes bibliques pour l'assurance du pardon sont nombreux et notre recueil de base dans cette étude nous propose entre autres : Ps 32, 1-2 ; Ps 32, 3-5 ; Ps 103, 8 ; 13-14, 17-18 ; Ps 103, 3-13 ; Ps 130, 3-4, 7-8 ; Ps 145, 13-14 ; Ps 147, 2-3,5 ; Es 1, 18 ; Es 44, 21-22 ; Es 49, 15 ; 66, 13 ; Es 53, 4-6 ; Es 54, 8 ; 43, 25 ; 44, 22 ; Jr 33, 8 ; Ez 36, 25 -26 ; Os 11, 8-9 ; Mi 7, 18-20 ; Jn 3, 16- 17 ; Ac 10, 43 ; Ac 13, 38 ; Ep 1, 7 ; Rm 5, 1-2 ; Rm 5,  8-9 ; Rm 8, 1 ; Rm 8, 15-17 ; Rm 8, 31-35, 37- 39 ; Col 2, 13-14 ; 1P 2, 24 ; 1 Jn 1, 5, 7 ; Rm 5, 8 ; Col 1, 13-14 ; Rm 5, 1 ; 1 Tm 1, 15-17 ...

    Dans cette rubrique, nous retiendrons, à titre indicatif, les chants suivants : Chantons, chantons sans cesse (A.F 33) ; Seigneur que n'ai-je (A.F 51) ; Que ton fidèle amour (A.F 54) ; O tendresse infinie (A.F 56) ; Dans l'abime de la misère (A.F 197) ; Grand Dieu, ta souveraine grâce (A.F 282) ; Entonnons un nouveau cantique (A.F 522) ;   Loué soit Dieu (A.F 529) ; O Toi dont les bienfaits (A.F 544) ...

    2.2.2.4.5 Les chants de recueils et l'offre de la paix

    La paix avec Dieu exige de nous à la fois celle avec nos semblables. L'oeuvre christique de la réconciliation nous offre le pardon de nos péchés mais aussi la possibilité d'une vraie communion fraternelle et la réconciliation dans la communauté. Dans la plupart des cas, la tradition chrétienne encourage qu'après qu'on ait écouté les paroles de l'assurance du pardon, celles et ceux qui sont rassemblés en prière, soient invités à partager ou mieux à témoigner quelques actes de réconciliation et de paix les uns les autres. Toutefois, ces actes de paix peuvent aussi bien se faire au début du culte (pendant la salutation et l'accueil) ou pendant le service de la Sainte-Cène.503(*)

    Mais il faut épingler la question de la responsabilité de la parole et du geste pendant ce moment de la liturgie du culte. Bernard Lauret nous rend attentifs à ce détail : «La parole et le geste ne sont compris que grâce à une intentionnalité réciproque. Le sens n'est pas une donnée en soi à prendre, mais il faut le comprendre. Cette réciprocité achève la significiance : le signe n'est accompli que compris par l'autre. La lettre n'est achevée que lue et comprise ; la main tendue doit être saisie ».504(*) De cette indication de Lauret, nous pouvons relever la délicatesse du rôle de l'officiant qui préside cette liturgie. En effet, c'est celui qui, s'appuyant sur la puissance du Saint-Esprit, devra inviter mieux « intentionner » l'assemblée des fidèles à échanger le pardon par la parole audible et le geste sincère qui répondent à la main tendue de l'Évangile.

    Ainsi, l'officiant, pour pousser à l'action de l'offre ou l'échange du pardon les uns les autres, peut prononcer entre autres ces paroles qui ont un pouvoir performant sur les orants :

    (a). Parce que Dieu nous a pardonné en Christ. Nous aussi

    pardonnons-nous les uns les autres.

    Que la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous.

    (L'assemblée peut ou ne pas répondre par ces mots : Et aussi avec

    vous).

    (b). Comme Dieu nous a pardonné par Christ, Ainsi, faisons passer

    la paix du Christ les uns aux autres.

    Dans cette rubrique, nous retiendrons à titre indicatif les chants ci-après : Jésus est notre ami suprême (A.F 69) ; Je veux t'aimer (A.F 310) ; C'est dans la paix (A.F 315) ; Jésus me demande d'être (A.F 472) ; Non, nous n'offrirons point (A.F 596) ; Viens m'apprendre à t'aimer (A.F 611) ; C'est trop chanter la paix (A.F 619) ; Quel bonheur d'être en famille (A.F 633) ...

    2.2.2.4.6 Les chants de recueils et les actions de grâces

    Le moment des actions de grâces vient, dans la liturgie du culte, talonner celui de l'offre du pardon et de la réconciliation dans la communauté pour une vraie communion fraternelle. Le pardon que Dieu nous accorde en Christ attire de soi un geste de gratitude profond de notre part, les transgresseurs pardonnés. Nous répondons à la bonne nouvelle du pardon de Dieu avec de joyeuses acclamations de louange. Le plus souvent, cette réponse est chantée avec une grande joie.505(*) L'acclamation des actions de grâces peut être introduite par la prière basée sur ces paroles de Psaumes 51,15 qui dit : « O Seigneur, ouvres mes lèvres, et ma bouche prononcera ta louange ». Ici, les chants de louange sont entonnés506(*)avec cri de joie car Dieu nous a pardonné. Ces textes bibliques peuvent faciliter le travail de l'officiant : Ps 72, 18 -19 ; Rm 11, 33-37 ; Ap 5, 9 -13.

    Dans cette rubrique, nous retiendrons à titre indicatif les chants suivants : Grand Dieu nous te bénissons (C.V 1) ; Gloire, gloire à l'Eternel (C.V 3)  A Dieu soit la gloire (C.V 6) ; Le nom de Jésus est si doux (C.V 8) ; A celui qui nous a lavés (C.V 17) ; Vers Toi monte notre hommage (C.V 18) ; O que toute la terre entonne (C.V 28) ...

    2.2.2.4.7 Les chants de recueils et la Loi de Dieu

    Le moment liturgique de la « Loi de Dieu » est beaucoup plus un moment précieux de rappel à l'ordre à cause de l'excellence du pardon et de la grâce de Dieu. Comme nous déplorions la préhension qui semble aujourd'hui lui ôter son rôle pédagogique au profit de celui de la condamnation, cette rubrique est une étape qui ne vient pas que pour condamner. Elle vient, après les actions de grâces, beaucoup plus pour aider les transgresseurs pardonnés à conserver le pardon de Dieu de par leur conduite. Le mouvement allant de la confession aux actions de grâces passant par le pardon invite une réponse naturelle de gratitude de la part des orants, laquelle réponse se manifeste dans leur volonté de vivre dans une voie qui plaise à Dieu507(*). Et c'est la Loi de Dieu et ses ordonnances telles que prescrites dans les Écriture-Saintes. C'est ici que la Loi de Dieu acquiert, à notre sens, le rôle pédagogique de guide pour une bonne conduite en réponse de la grâce et du pardon nous accordés.

    The Worship Sourcebook propose à l'officiant quelques paroles qui peuvent l'aider à introduire ce moment liturgique :

    (a). Comme Dieu nous a pardonné, comment allons-nous vivre ?

    Ecoutons maintenant la Parole de Dieu :

    (b). Nous répondons au pardon de Dieu, en vivant notre reconnaissance selon sa Parole. Ecoutons maintenant la Parole de Dieu :

    Les textes bibliques proposés à ce moment sont nombreux. On peut retenir entre autres : Ex 20, 1-17 ; Pr 3, 5-6 ; Mi 6, 8 ; Mt 22, 37- 40 ; Jn 13, 34 ; Rm 12, 1- 3 ; Ep 4, 21-25 ; Ep 4, 32 ; 5, 2 ; Ep 5, 8-14 ; Ep 5,15-20 ; Col 3, 1- 4 ; Col 3, 12 - 15, Phil 2, 1- 4 ; Phil 4, 4- 9 ...

    2.2.2.4.8 Les chants de recueils et la consécration

    L'invitation à la vie de consécration, qui vient après la Loi de Dieu, est aussi un moment important qui vient comme pour recueillir les promesses des transgresseurs pardonnés. Il est nécessaire d'appuyer sur le fait qu'en réponse à la Loi de Dieu, les transgresseurs pardonnés se chargent de mener une vie de consécration à Dieu. Ils se dédient à Dieu. Les traditions sont très partagées ici concernant la manière de s'y prendre. Cette consécration pour les uns est chantée, tandis que pour d'autres elle se manifeste par les offrandes qu'on apporte dans la maison de Dieu508(*).

    Dans cette rubrique, à titre indicatif, nous retiendrons les chants ci-après : C'est la Parole du Seigneur (A.F 151) ; Pour triompher dans les combats (C.V 138) ; A tes pieds, O divin Maître (C.V 140) ; Oh ! que ton joug est facile ! (C.V 141) ; Mon âme en silence se tient devant toi (C.V 142)...

    Mais il y a un moment qui boucle cette liturgie de l'appel à la confession. Il s'agit de la dédicace ou la consécration de vie des transgresseurs pardonnés. Pendant ce moment, l'Église peut entonner des chants de louanges et pousser des cris de joie car Dieu les a régénérés par le sang du Christ. Ces chants peuvent s'entonner pendant ce moment : Vers toi monte notre hommage (A.F 53) ; C'est mon joyeux service d'offrir (A.F 289) ; Christ est ma vie (A.F 339) ; Veux-tu briser du péché le pouvoir ? (A.F 609) ...

    Mais les refrains de répons ont aussi bien accompagné ce moment de la liturgie. Il y a des répons qui se chantent à l'Église depuis l'époque des Pères jouant à la fois le rôle dans la confession et dans la lamentation. Ces répons peuvent se lire ou se chanter. C'est le célèbre Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison : Seigneur aie pitié de nous, Christ aie pitié de nous, Seigneur aie pitié de nous. On retient aussi le Trisagion (Le trois fois Saint) : Dieu Saint, saint et puissant, saint et l'immortel, aie pitié de nous.509(*)

    Nous venons de parcourir les huit étapes importantes du moment liturgique d'Appel à la confession. Il est nécessaire d'insister sur le fait que dans cette partie de notre étude, nous nous sommes intéressé à suivre la liturgie actuelle des Églises Réformées américaines. Nous l'avons fait à cause de son caractère récent et proche de notre vécu cultuel bien que les raisons de proximité ne nous soient pas un avantage. Nous avons compris que ce moment liturgique est aussi celui de beaucoup d'étapes qui se complètent et qu'il ne faut pas mutiler. C'est dans un souci liturgique de voir le culte célébré par les humains et pécheurs garder sa dimension humaine et spirituelle qu'une telle démarche s'exige. En effet, dans un culte, les humains dans leur état de pécheur, à notre sens, font une marche vers le spirituel, vers ce qui est sacré et saint. Pour se consacrer ou mieux se purifier, ce moment de l'Appel à la confession est un don de Dieu, une opportunité qu'il nous accorde pour bien nous tenir devant sa face.

    De ce qui précède, nous voulons proposer que l'appel à la confession qui précède et prépare le moment de la Loi de Dieu dans la liturgie des Églises protestantes à Kinshasa redevienne une des étapes dans la liturgie de la confession des péchés au lieu de l'être lui-même. On ne devrait pas perdre de vue que la liturgie du culte, dans ses éléments, est complémentaire. Et les sous-rubriques ont aussi des éléments importants qu'il ne faut pas mutiler. Il faut reconnaître ici le pouvoir confessionnant qu'ont les chants liturgiques. En effet, les chants peuvent aussi bien faire des bons offices dans cette partie de la liturgie. Car ils ont le pouvoir, une fois entonnés, de conduire voire de pousser les fidèles réunis dans un culte dans la confession des péchés. Il sied d'indiquer que les recueils de chants protestants sont encore très présents. Ils sont prévus dans les répertoires de nos recueils pour soutenir chaque moment et chaque culte dans sa particularité. Ainsi, à la question de savoir quelle la place des chants de recueils peuvent-ils occuper pendant ce moment de l'Appel à la confession et l'Assurance du pardon dans la liturgie, la réponse est évidente. Les recueils protestants ont encore quelque chose à donner capable de soutenir la liturgie du culte protestant à Kinshasa.

    2.2.2.4 Les chants de recueils et la Confession de foi

    La Confession de foi, on le sait, fait partie de la liturgie de la Parole. Depuis la Réforme du XVIe siècle, la lecture et la prédication de la Parole de Dieu se tiennent toujours au centre du culte protestant et constituent l'un des moments privilégiés de ce dernier. Dans la liturgie des autres Églises ou mieux des autres congrégations protestantes, on rencontre des paroles ou des chants (répons) qui introduisent et répondent à la lecture d'une péricope choisie de l'Écriture. Ces paroles et répons rendent un grand service à deux niveaux, à savoir : aider les orants à recevoir la parole avec une attention particulière et les inviter à exprimer leur gratitude au Seigneur après l'écoute de sa Parole.

    La liturgie de la Parole, en principe, a son propre contenu. Selon The Worship Sourcebook, six étapes se suivent pendant ce moment liturgique510(*) :

    1. Prière d'illumination

    2. Introductions à la Lecture biblique

    3. Réponses à la Lecture biblique

    4. Prédication

    5. Conclusions ou réponses au sermon

    6. Introduction à la Confession de foi

    7. Confession de foi

    Essayons d'examiner succinctement chacune de ces rubriques par rapport à l'apport des chants de recueils protestants.

    2.2.2.5.1 Les chants de recueils et la Prière d'illumination

    Les théologiens seraient unanimes pour reconnaître que la puissance de la Parole de Dieu ne vient pas de l'encre ni des feuilles de nos Bibles, moins encore de notre créativité rhétorique de prédicateur. Elle vient du Saint-Esprit de Dieu511(*). Et cela au nom de Jésus- Christ, de la Parole de Dieu faite chair. La Bible, par les écrits pauliniens, nous éclaire sur ce point de la puissance ou encore du pouvoir de la Parole de Dieu. Comme le déclare Paul de Tarse dans 2 Timothée 3,16 que « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre », la prière d'illumination nous offre un moment d'humilité devant la Parole de Dieu. L'acteur de la liturgie, pendant ce moment, se reconnaît faible et limité devant la grandeur de la Parole du Seigneur qui ne passera jamais, alors que le monde et le ciel passeront.

    Comme le soutiennent les auteurs de ce recueil liturgique, la prière d'illumination affiche clairement la demande d'aide de l'oeuvre du Saint-Esprit dans le travail de la compréhension et l'explication à donner du texte biblique dans un sermon. Elle nous fait reconnaître que nous venons tous devant l'autorité de l'Écriture avec différents degrés de foi et connaissance. La prière est dite pour le prédicateur et pour ceux qui vont l'écouter ; aussi pour le discours et l'écoute elle-même512(*). Chez nombre de congrégations, cette prière est dite tantôt par l'officiant du culte tantôt par le prédicateur ; par un membre désigné à ce fait dans la congrégation voire par l'ensemble des orants.513(*) Et elle a lieu après la Lecture biblique mais avant la prédication.

    Il sied d'indiquer qu'à côté des paroles libres, beaucoup de textes bibliques ont été à la base de la formulation de cette prière, qui pourtant s'introduit par des mots comme ceux : O Seigneur Dieu et se termine par la formule comme Par Christ notre Seigneur. Amen. Ces textes sont en l'occurrence514(*) : Ps 19, 14 ; Ps 25, 4-5 ; Ps 27 ; Ps 11 ; Ps 119, 33-34 ; Ps 85, 8 ; Ps 119, 105 ; Mc 9, 24 ; Jn 6, 68 ; Jn 12, 21 ; Ep 1, 17-19 ...

    C'est ici le lieu de signaler là où les paroles d'introduction et de réponses à la lecture de biblique se greffent dans cette liturgie offerte aux Saintes Écritures. Car la lecture et l'écoute de la Parole sont des actes importants du culte. Les paroles d'introduction, après la prière d'illumination, indiquent aussi clairement que possible la péricope qui va être lue en donnant toutes les références et au besoin la version biblique choisie. Les formules telles que « Nous allons lire la Parole de Dieu tirée de... » ; « Ecoutons la Parole de Dieu telle que rendue par... » ; « Ecoutons ce que l'Esprit dit à l'Église... » ; « Ecoutons la sagesse de la Parole de Dieu dans... » ; « Ecoutons ce que Dieu a nous dire aujourd'hui dans ... » 515(*), mais aussi les fameuses paroles d'Esaïe 55, 10-11 peuvent faire de bons offices.

    2.2.2.5.2 Les chants de recueils et les paroles de répons

    Les paroles de réponses sont importantes à la communion et la communication qu'offre la liturgie. Les orants marquent leur participation à la liturgie de la Paroles par des formules qu'ils chantent ou lisent comme : « Amen », « Merci Seigneur », « Gloire soit à notre Dieu », « l'herbe sèche et la fleur fane mais la parole du Seigneur demeure éternellement ».

    Les chants de recueils aussi peuvent bien remplacer les paroles d'introduction comme celles de réponses à la lecture des textes bibliques. C'est pour affirmer que cette prière voire ces déclarations peuvent être aussi chantées. De ce fait, les recueils proposent quelques titres, à savoir : O Seigneur bénis ta parole (C.V 137b) ; Fraîches rosées (C.V 143) ; O Dieu de vérité (C.V 144) ; Jésus, ta sainte présence (C.V 147a) ; Jésus est au milieu de nous (C.V 148) ; Toi disposes...(C.V 149) ; O mon Sauveur ouvre mon coeur (C.V 150) ; Demeure par ta grâce (C.V 151) ; Divine parole qui soutient ma foi (A.F 147) ; La parole du Seigneur (A.F 146) ; Ta parole est un beau jardin ( A.F 152) ; Ta parole, Seigneur (A.F 154) ; Ta parole est la richesse (A.F 170) ; Parle, parle Seigneur ( A.F 188) ; Mon salut, ma nourriture (C.V 242) ; Livre saint, céleste livre (A.F 298) ; Mon âme en silence ( A.F 578) ...

    Après la rubrique Lecture biblique vient le moment culminant du culte. C'est le temps d'écouter Dieu parler au travers d'un instrument humain mais inutile choisi pour ce temps. Nous allons nous appesantir brièvement sur ce moment liturgique.

    Comme on peut le reconnaître, la prédication, chez les protestants est l'un des points culminants si pas lui-même le point culminant du culte. Mais sa force ne vient que de la connexion des éléments ou rubriques liturgiques qui la précèdent mieux préparent son temps dans la liturgie de la Parole mais aussi ceux lui succèdent. Parmi ces éléments, nous pouvons retenir le chant liturgique. Car le chant prépare le terrain pour la réception de la prédication dans les coeurs de celles et ceux qui sont rassemblés et s'apprêtent à écouter la parole de Dieu dans le culte ; et lui encore, le chant, vient après la prédication pour appuyer le message et aider les fidèles à le digérer.

    D'aucuns savent que si la prédication est au pasteur, le chant est à l'assemblée. L'assemblée peut facilement oublier, fût-elle extraordinaire, la prédication du pasteur ou du prêtre après quelques temps, mais pas toujours le chant entonné au culte. C'est ainsi que nous pouvons nous permettre d'affirmer que dans un culte, si la place qu'occupe la prédication dans la liturgie est aussi importante que fondamentale, la place du chant l'est aussi. La prédication prononcée qui s'inscrit dans un cadre liturgique particulier au cours du culte, on le sait, ne tombe de nulle part. Retenons ici le célèbre article de Raphaël Picon sur la prédication516(*). Cet auteur soutient que la prédication est inséparable du contexte d'un culte donné, et qu'elle n'y surgit pas comme un élément étranger.

    A lire son article, trois temps majeurs retiennent notre attention dans ce moment liturgique. Nous faisons allusion, à ce qu'il appelle lui-même, à savoir : le temps de la séparation, le temps de la tension et celui de la complémentarité. Ces temps exposent très clairement les rapports qui existent entre la prédication et la liturgie. Retenons quelque chose sur le contenu de ces trois temps :

    1. Le temps de la séparation est celui qui, par la liturgie, s'ouvre au rite et à la parole. La liturgie prépare le peuple en prière à recevoir la Parole de Dieu qui arrive sur un mode de surgissement et de l'attente, de la surprise et de l'emprise. Or, l'un des objectifs de la prédication est celui de traduire cette réalité : la Parole de Dieu n'est pas ce à quoi l'on s'attend, même si l'on connaît déjà le texte biblique cité. La Parole de Dieu est irréductiblement nouvelle et singulière de par sa nature et de par son irruption toujours datée et localisée dans nos vies. A son écoute, la prédication crée une séparation, elle marque une brèche dans la ritualité qui caractérise toute liturgie.517(*)

    2. Le temps de la tension entre le passé et le présent où la liturgie nous permet de « revivre » notre aventure avec Dieu, par la Parole prêchée qui nous permet de la « vivre ». Là où la liturgie va actualiser la mémoire de celles et ceux qui écoutent la Parole ; comme pour dire que la prédication nous rejoint dans notre présent. La liturgie est de l'ordre de la pérennité et de la répétition, la prédication est de l'ordre de l'événement et de l'inauguration.518(*)

    3. Le temps de la complémentarité entre la liturgie et la prédication. En effet, la place centrale de la prédication ne doit pas nous conduire à mépriser la liturgie de l'ensemble du culte. Car voir les choses dans ce sens aurait pour effet de survaloriser le rôle de la seule prédication et de la faire apparaître comme un corps étranger au reste du culte. Il peut pourtant être fructueux d'articuler le thème de la prédication avec certains textes liturgiques afin de souligner l'unité du culte et d'accentuer sa valeur pédagogique.519(*)

    Pour résumer ce point, affirmons à la suite de D. Grasso que la prédication qui annonce la Parole du salut de Dieu et la liturgie qui prépare la réception de celle-ci ont des liens profonds qui les soutiennent. Car, selon cet auteur, si la prédication invite l'homme à y répondre et à rencontrer son Dieu, la liturgie se constitue en un lieu de rencontre entre les deux : l'homme et son Dieu. La prédication et la liturgie ne peuvent pas trop tenir sans une interdépendance. On ne peut les séparer au risque de perdre leur sens dans une célébration cultuelle. La liturgie rend à la prédication un service incomparable non seulement sur le plan existentiel, en réalisant ce qu'annonce la prédication, mais encore dans le domaine de la connaissance. Elle apporte aussi bien la connaissance et rehausse le degré de foi des orants. La référence à la liturgie aide ainsi la prédication à faire comprendre, dans le contexte, ce qu'elle veut enseigner ou inculquer dans la vie des orants520(*).

    Bien que chaque congrégation voire chaque prédicateur ait sa façon d'annoncer et de signer la fin de la prédication, quelques formules comme celles qui reviennent après la prière que font les chrétiens « [...] au nom du Seigneur Jésus- Christ » sont dans la mémoire commune des protestants depuis la nuit des temps. Il en existe deux types : les acclamations et les prières521(*). Par les acclamations, la communauté rassemblée exprime son assentiment et son adhésion à la parole prêchée. Elle reconnaît par cette parole la puissance rédemptrice de Dieu par le Saint-Esprit qui vient encore sauver l'homme pécheur. Les paroles libres s'appuyant sur des Amen peuvent spontanément sortir de l'assemblée ou du prédicateur lui-même à la fin de son sermon. Quelques textes bibliques ont été aussi à la base de ces formulations. On retiendra : Rm 11,33 -36 ; Ep 3, 20- 21 ; Ep 3, 21 ; 1 Tm 1, 17 ; Ap 1, 5-6 ; Ap 7, 12 ...

    D'autres ressources de paroles de réponses après le sermon sont les prières qui y sont dites ou des pétitions qu'on adresse à Dieu pour qu'il vienne à l'aide l'Église et l'humanité entière selon le cas à vivre le message reçu dans leur vie de tous les jours. La plupart de ces prières ont un lien avec la prédication que l'on vient de faire. En principe, ces prières devraient se faire après un court moment de silence qui engage une réflexion personnelle de chaque orant qui a suivi le sermon. Mais ce moment d'avant la prière peut aussi bien être bercée par des chants spécialement ceux de recueils. Ici, c'est le sujet de la prédication qui dicte le chant à entonner si le culte n'est pas celui d'une fête liturgique.

    Il faut appuyer sur le fait que le chant peut aussi bien communiquer toute une prédication. Comme l'écrit Nsumbu, c'est cet aspect qui est le plus exprimé dans l'Église aujourd'hui. Mais on sait que cela ne date pas de notre temps. Déjà avec Luther à la Réforme, cela était un cheval de bataille pour lui dans le travail que devait faire l'Église. Dans ses écrits publiés dans De l'ordre du service divin dans la communauté et Formula missae et communionis, Luther affirmait deux préceptes essentiels pour la musique religieuse où le service divin serait centré sur le sermon, l'exégèse des textes sacrés d'une part, et le culte qui devrait recueillir la participation de la collectivité des fidèles par le chant d'autre part. Il faut dire que dans ce sens d'organisation, les cantates de Bach en observent très rigoureusement la recommandation.

    Aussi, il conviendra de relever que les théologiens de la pratique seraient du même avis que James Lyon quand il regrette par rapport au cantique ce qui suit : 

    L'importance de la signification du cantique - pour une assemblée, pour la cohérence du culte - n'est pas encore suffisamment valorisée. Il ne s'insère pas seulement dans le cadre du culte - par l'accord à la prédication et la réception de la parole prêchée- il revêt aussi une signification en soi. La musique exerce donc un rôle primordial dans le culte protestant ainsi ponctué par le chant des cantiques, autant d'étapes qui conduisent au sens. Une préparation - en amont et en commun- de tous les protagonistes s'avère particulièrement nécessaire. Pourtant, d'autres questions n'ont pas toujours trouvé les réponses satisfaisantes à propos de la musique qui introduit au culte : de quelle musique, pour quelle Parole ? À titre d'exemple, l'exercice historique de la Liedpredigt (prédication sur un cantique) pourrait être restauré relativement à l'importance de la liaison entre une mélodie et un texte, pour mieux considérer l'herméneutique de l'une et de l'autre. Cette relation sera introduite et transmise. 522(*)

    Il va falloir compléter cette liturgie de la Parole par la Confession de foi qui unit l'Église visible et l'Église invisible depuis les temps immémoriaux. Mais quid de l'introduction à la Confession de foi qui vient avant la Confession de foi proprement dite dans le culte ?

    2.2.2.5.3 Les chants de recueils et l'introduction à la Confession de foi

    Le moment de l'introduction à la Confession de foi chrétienne n'est pas une longue sous-liturgie dans la liturgie du culte. Mais sa brièveté n'enlève en rien son caractère solennel. En effet, elle est une petite rubrique qui offre aux acteurs de la liturgie du culte, les paroles qui attirent l'attention et qui invitent le peuple rassemblé en prière à répéter avec conviction les affirmations historiques du credo de l'Église universelle. L'officiant du culte peut, entre autres, prononcer les paroles qui suivent523(*) :

    Mes frères et soeurs en Christ, dans la communion avec l'Église universelle, Confessons ensemble notre foi chrétienne ; Proclamons notre foi avec les Apôtres ; Confessons la foi de notre baptême et proclamons tous ensemble ; Joignons tous les saints dans tous les âges et toutes les cultures dans notre Confession de foi et louange ; Confessons la foi de l'Église en tout temps et en tout lieu ; Exprimons notre unité avec l'Église de tous les siècles par les termes de notre Credo commun ; Dans l'amour et de même coeur et d'une seule voix confessons la foi chrétienne de l'Église en tout temps et en tous lieu  [...].

    2.2.2.5.4 Les chants de recueils et la Confession de foi

    Comme nous avons eu à l'affirmer plus haut, la Confession de foi est un texte concis résumant l'essentiel de la foi chrétienne ; elle est lue par l'officiant ou récitée par toute l'assemblée au cours du culte. Elle est aussi appelée credo (du latin «je crois ») ou symbole (du grec « résumé »). Elle désigne également, sous forme beaucoup plus développée, un ouvrage contenant l'ensemble des points de doctrine auxquels adhèrent les croyants de telle ou telle Église. 

    Nous affirmions à la suite de nombreux auteurs de l'histoire de l'Église que les protestants, en général, souscrivent dans leur majorité aux grandes confessions de foi de la tradition chrétienne représentées par le Symbole de Nicée-Constantinople, dont la version actuelle remonte au IVe siècle, et le Symbole des Apôtres, dont la version définitive remonte au VIIIe siècle. Si les catholiques, pour leur credo, lisent ou répètent le Symbole de Nicée-Constantinople dans la messe,  les protestants, à titre exceptionnel, et surtout dans des célébrations oecuméniques, utilisent plus souvent le Symbole des Apôtres.

    Quand le credo de l'Église chrétienne est confessé dans un culte avant ou surtout après la prédication, cela se fait dans plusieurs buts. The Worship Sourcebook en propose six. Par elle524(*) :

    1. La communauté rassemblée dans la prière donne son adhésion à la Parole de Dieu qui vient d'être proclamée.

    2. L'expression de l'unité dans l'Église dans le temps et dans l'espace est proclamée.

    3. Le témoignage individuel de chaque chrétien participe à quelque chose de beaucoup plus grand.

    4. L'Église proclame que le message suivi n'est qu'une portion du plein Évangile rendu dans un contexte particulier.

    5. Les chrétiens se rappellent leur baptême et l'engagement de la foi pour laquelle ils avaient reçu l'eau de baptême.

    6. L'Église exprime, partout où elle se trouve, sa foi commune et l'unité qu'ont les fidèles à la Table du Seigneur.

    Il conviendra de relever un fait. Quand bien même les buts repris ici seraient fondamentaux, les protestants de manière générale n'accueillent pas tous ces confessions de foi historiques. Et, s'ils arrivent à le faire, ils ne les considèrent pas toujours dans leur lettre, mais au moins dans leur esprit. C'est pour autrement affirmer que tous les protestants n'ont pas la même disposition vis-à vis de ces textes de foi.525(*) Car le protestantisme dans l'unanimité ne se définit pas dans sa foi avec de nouveaux dogmes mais plutôt avec des principes spécifiques.

    Il est remarquable de constater parfois l'unanimité positionnelle des chrétiens protestants (comme catholiques ou orthodoxes) qui s'accordent pour reconnaître que les grandes confessions de foi héritées du passé sont quelquefois un peu dépassées de nos réalités d'aujourd'hui. Car elles seraient beaucoup plus marquées par une conception du monde et des catégories philosophiques et scientifiques qui ne sont plus ni celles de la Bible ni celles de notre temps. Ils donnent ce point de vue par rapport au Symbole de Nicée-Constantinople qui n'est plus celui de nos combats de l'heure. C'est pour cette raison que les protestants, tenant compte de leurs combats de l'heure, rédigent pour leurs contemporains de nouvelles confessions adaptées à leur propre situation et cela dans la diversité de défis que la société présente à l'Église d'un coin monde à l'autre à travers les siècles. De ce fait, sans trop vouloir nous répéter, nous nous appuyons sur le fait qu'il n'y a pas de forme imposée ni aucun ordre stéréotypé et figé qui soit commun à tous les protestants en matière de confession foi526(*). Le triomphe de la pluralité dans le domaine des textes et paroles de credo est manifeste chez les protestants. En fait, si comme à la Pentecôte, le Saint-Esprit avait signé l'acte de naissance des églises et de l'Église527(*), chaque église dans son ecclésiologie ne devrait pas s'empêcher de rédiger son propre credo et le répéter avec musique ou non chaque fois qu'elle voudrait bien le faire. Les traditions, en cette matière, sont aussi variées, bien que la Bible soit la même.

    Si en dehors de la Bible, les prédications, les thèmes du calendrier liturgique, pour ne citer que ceux-là, puisent aussi clairement leurs affirmations du contenu de credo, les chants de recueils le font aussi d'une manière ou d'une autre. Toutefois, rares sont les titres que les recueils de chants disponibles au Congo retiennent dans cette partie de la liturgie qui est aussi rarement répétée. Quelques Églises, comme celles des Disciples du Christ au Congo et surtout les Méthodistes qui ont le privilège d'actualiser souvent leur credo, peuvent faire l'exception.

    Après ce survol de la liturgie de la Parole, examinons celle des offrandes pour dégager les liens que cette liturgie aurait avec les chants de recueils.

    2.2.2.6 Les chants de recueils et les offrandes

    Le moment des offrandes dans un culte est aussi précieux que celui de la louange à Dieu que lui font monter des transgresseurs pardonnés. Ici, il faudra qu'on mette en valeur ce que nous pouvons appeler la théologie des offrandes. En effet, le moment des offrandes est un temps liturgique privilégié qu'ont les chrétiens dans un culte. C'est le moment où les orants d'un culte viennent humblement mais avec joie offrir à Dieu en réponse de sa Parole prêchée. Ce moment établit une connexion entre notre adoration à Dieu et notre vie des disciples du Christ. Pour la plupart des cas, l'argent que nous donnons est beaucoup plus un symbole de notre désir ardent de nous offrir nous-mêmes à Dieu dans son oeuvre dans l'Église et dans le monde comme des sacrifices vivants. Les offrandes symbolisent beaucoup de dons que nous devrions retourner à Dieu, en l'occurrence : la vie, le temps, le talent et tous les biens obtenus sur cette terre. Car tout ce que nous avons est un don de Dieu. Nous lui devons tout sans rien lui refuser. L'offrande traduit l'idée de donner dans la liberté par dévotion et consécration. Ainsi, par l'offrande, le chrétien fait un geste de reconnaissance que c'est Dieu qui lui a donné ce qu'il a.528(*) L'offrande n'est pas qu'une affaire d'argent. Elle peut aussi bien s'offrir en d'autres biens en nature. Elle se fait par la présentation à Dieu des prémices qui lui rendent des actions de grâces et le sacrifice de louange. Elle est différente d'une collecte, qui est souvent faite pour subvenir à besoin précis de l'Église.529(*) En principe, comme une réponse à l'amour de Dieu manifesté en la mort du Christ, l'offrande devrait être une oeuvre d'amour et surtout un acte qui nous lie au sacrifice de la Cène.

    Pendant les offrandes, pour la plupart des cultes qu'organisent les protestants, le chant est à son point culminant. On y rencontre plusieurs types. Ceux des recueils comme ceux des chorales ou groupes musicaux sont au service de cette liturgie. Les recueils utilisés au Congo ne nous proposent pas très clairement les titres des chants pour ce moment. Mais si l'offrande est une réponse de l'homme et de la femme à la Parole prêchée, les chants de louanges peuvent être entonnés. Au Congo, le fait est frappant dans les paroisses suivies dans cette étude. L'animation est grande pendant le moment des offrandes, et cela même si les offrandes elles-mêmes ne sont toujours pas à la hauteur de ces animations. Mais le chant, lui, semble toujours stimuler les fidèles à donner par la danse et les cris.

    Il ne faudra pas que nous occultions la solennité de ce moment liturgique. C'est l'officiant qui l'introduit. Il le fait en invitant le peuple de Dieu à donner avec les paroles d'hospitalité. Il l'invite à venir mais bien plus à donner avec joie et actions de grâces. Il est important qu'il s'adresse aussi aux visiteurs du jour. C'est pour que ces derniers sachent pourquoi ils sont eux aussi appelés à soutenir l'Église et ses ministères. La prière des offrandes peut venir avant comme après la récolte selon le cas. Quelques passages bibliques, en dehors des paroles libres, peuvent servir l'officiant dans la formulation des paroles d'invitation. Retenons les suivants530(*) : Ps 24, 1 ; Ps 50, 14 ; Ps 96, 8-9 ; Ps 111,1 ; Ps 116, 12, 14 ; Mt 6,19-20 ; Mt 10,8 ; Ac 20, 35 ; Rm 12,1 ; 2Co 9, 6- 8 ; 2Co 9,7 ; Ep 5, 1-2 ; Hb 13,16 ; 1 Jn 3, 17-18.

    Il est un fait sur lequel nous devons aussi insister. C'est de la place de choix qui revient à la prière des offrandes pendant ce moment liturgique. L'offrande est beaucoup plus que l'argent que l'on apporte à l'Église. C'est la prière dite sur l'offrande qui lui confère la qualité d'un acte de libéralité comme signe d'engagement à servir Dieu dans le monde. C'est cette prière qui reconnaît que Dieu est le Seul dispensateur des dons et des biens que nous avons ici bas et l'argent seul ne peut accomplir la volonté de Dieu sans sa bénédiction. La prière précède aussi l'exécution des oeuvres que cette offrande est destinée à faire. Le pasteur, un diacre ou quelqu'un d'autre de la congrégation peut dire librement cette prière531(*).

    2.2.2.7 Les chants de recueils et la prière d'intercession

    La prière d'intercession est l'un des actes majeurs d'un culte. Même si l'appellation de ce moment liturgique est variée, prière pastorale chez les uns et prière congrégationnelle voire prière de peuple pour les autres, cette prière est dite au nom de toute la communauté ecclésiastique. Pendant ce moment, le peuple rassemblé en prière adresse à Dieu ses intentions, ses supplications, ses pétitions par rapport au travail de l'Église et à sa mission dans le monde. C'est le but principal.

    Il est important de souligner qu'on ne prie pas seulement pour son Église et pour les personnes qu'on connaît, mais on dit cette prière aussi à l'intention des autres. C'est le cas des autorités, des opprimés, des pauvres, des affamés, des prisonniers, des malades, des leaders d'opinion, des pays en conflits, des problèmes de l'environnement, et les intentions spécifiques des personnes, de l'Église et des nations ...

    Indiquons que ce moment est une partie intégrante de la liturgie du culte. Elle vient naturellement après l'adoration, la confession et les actions de grâces. L'intercession ne se fait pas sans inclure des moments de silence et des chants. Elle peut exiger que les orants prient debout mains levées (Ps 141), à genou ou assis tête inclinée.

    Si l'intercession de l'Église peut inclure entre autres les chants, ceux des recueils sont hautement significatifs pour cette cause. On peut retenir à titre indicatif les chants ci-après : Entre tes mains j'abandonne (C.V 172a) ; Je m'approche de Toi (C.V 173) ; Priez toujours priez sans cesse (C.V 153) ; C'est mon joyeux service(C.V 167) ; Quel ami fidèle et tendre (C.V 234) ; Mon Dieu plus de Toi (A.F 182) ; Frères, prions (A.F 454) ; J'ai soif de ta présence (A.F 184) ; Jésus est au milieu de nous (A.F 77) ; Yesu ndeko na bolingo 532(*) (NN 160) ; Yesu ajali na bolingo 533(*)(NN 277) ; Tata Njambe na likolo 534(*)(NN 278) ; Ntongo na ntongo nalingi koya535(*) (NN 279) ; E, Yesu nakobondela536(*) (NN 280) ; Toyei na yo nsomo te 537(*)(NN 282) ; Nayoki na mapamboli538(*) (NN 283) ; Kamata bomoi na ngai539(*) (NN 284)...

    En bouclant ce point, il sied d'épingler cette ouverture que la prière d'intercession offre aux acteurs de la liturgie du culte les paroles qui leur servent d'attirer l'attention et d'inviter le peuple rassemblé en prière à porter les fardeaux des autres. Ainsi, l'officiant peut, entre autres, prononcer les paroles qui suivent en ce moment540(*):

    Rejoignez-moi dans la prière ; Offrons à présent nos prières d'actions de grâces et d'intercession ; Unissons nos coeurs et nos voix et offrons à Dieu nos prières ; Prions maintenant ensemble au nom de Jésus- Christ ; Unissons nos voix à celle du Christ qui parfait nos prières et prions tous ensemble ; Rassemblons nos actions de grâces et nos intentions devant Dieu dans la prière ; Prions pour l'expansion du Royaume de Dieu dans notre monde aujourd'hui.

    Quelques passages bibliques, en dehors des paroles libres, peuvent servir l'officiant dans la formulation des paroles d'invitation à la prière d'intercession. Retenons à titre indicatif les passages suivants541(*) : Ps 124, 8 ; Ps 32, 6 ; Rm 8, 26-27 ; Ep 6,18 ; Phil 4,6-7; 1 Tm 2, 1-4.

    Après le moment d'intercession, c'est la liturgie de clôture qui intervient. Mais, quid de cette liturgie ? Quel est son rôle dans une célébration cultuelle ? Essayons d'examiner le contenu de cette rubrique du culte.

    2.2.2.8 Les chants de recueils et la clôture

    Il est vrai que le moment de la clôture est beaucoup connu par la bénédiction finale qui intervient à la fin du culte. D'ailleurs, il ne peut pas en être autrement. D'après la tradition dans beaucoup congrégations protestantes, les acteurs de la liturgie, pendant ce temps s'apprêtent à quitter solennellement le temple les premiers après la bénédiction que le pasteur prononcera de la part du Seigneur et aller serrer la main des fidèles à la porte du temple en les exhortant aux bonnes oeuvres et à garder le message de l'Évangile suivi. En fait, c'est comme cela que les choses se passent.

    Or il y a certaines recommandations qu'il va falloir rappeler en vue d'obtenir des fins plus heureuses à nos cultes. On ne devrait pas perdre de vue que tous les cultes n'ont pas la même formule de clôture. Si la clôture des uns se fait avec faste, celle des autres se fait dans une pieuse contemplation542(*). C'est le premier cas.  Et si la clôture des uns se fait avec une exhortation conviant à une vie digne de disciple du Christ, d'autres encore se fait sous une prière silencieuse implorant la consolation de Dieu sur les orants. C'est le second.

    La clôture d'un culte, c'est aussi toute une liturgie et celle-ci contient la bénédiction finale. Mais elle n'a pas que cela. Car cette liturgie ou mieux cette sous-liturgie a dans son contenu un nombre de rubriques à observer. On y compte les paroles d'exhortation, celles de prière de bénédiction, et aussi celles de l'acclamation de louange pour les bénédictions reçues. Ainsi, cette liturgie se présente de la manière ci-après :

    1. Envoi

    2. Bénédiction

    Examinons-en le contenu.

    2.2.2.8.1 Les chants de recueils et l'envoi

    Le moment liturgique d'envoi est celui de l'appel au service, l'appel aux bonnes oeuvres dans la vie de tous les jours après qu'on ait été au culte. Si les chrétiens passent peu de temps dans l'Église lors d'un rassemblement cultuel, ils passent plus leur vie dans leurs milieux de travail, de famille pour ne citer que ceux-là. En effet, une question pertinente pouvait se poser par rapport à la fin du culte : Quand est-ce qu'elle a lieu?

    Les acteurs de la liturgie pensent que le culte ne prend nullement fin quand nous quittons le temple ou le lieu de rassemblement cultuel. Car un appel clair ou une exhortation à la vie de disciple, à la suite de notre Seigneur et notre Maître Jésus-Christ, qui intervient après les offrandes et l'intercession mais avant la bénédiction, nous rappelle sans cesse que notre culte continue au travers de notre vie de chaque jour et cela dans la crainte du Seigneur. Comme une offrande, cet appel nous rappelle que notre culte de vie doit porter des fruits dans le témoignage quotidien. Ayant été ensemble rencontrer Dieu comme ses enfants, cet appel nous charge d'un mandat de la promotion de la vision et la volonté dans notre monde immédiat. C'est ainsi que ce moment liturgique est aussi considéré comme celui d'un défi à relever. Car il nous soumet à l'application quotidienne de la Parole de Dieu. Faisons remarquer que nous ne le faisons pas parce que nous voulons aimer Dieu, mais nous le faisons car Dieu nous a aimés le premier.

    Cette sous-liturgie comprend, entre autres, l'acclamation qui s'appuie sur les doxologies et la prière de clôture. Ainsi, l'officiant peut, entre autres, prononcer les paroles qui suivent en ce moment543(*): Alors que vous vous apprêtez à quitter ce lieu, écoutez maintenant l'appel de Dieu pour une vie chrétienne qui lui plaise ; Au moment où nous voulons quitter ce lieu, écoutons la recommandation du Seigneur pour notre conduite de tous les jours dans nos milieux ...

    Quelques textes bibliques, en dehors des paroles libres, ont été la base de la formulation de ces exhortations à l'engagement d'une vie chrétienne qui plaise à Dieu. Retenons les suivants 544(*) : Mi 6, 8 ; Mt 22, 36-40 ; Mt 22, 37-40 ; Mt 28, 19-20 ; 1 Co 16, 13-14 ; Ep 4, 1-6 ; Col 3, 12-14 ; Col 3, 17; 1 Jn 3, 23 ...

    Comme affirmé ci-dessus, l'envoi a pour point de chute l'acclamation de louange ou encore mieux la doxologie. La doxologie, on s'en souviendra, est un mot grec qui traduit l'idée de mots de louange à la gloire et la bonté éternelle de Dieu. En principe, la doxologie est ce que tout le culte devrait être du début à la fin545(*). Ce qui est important par rapport aux chants est que ce moment met aussi facilement les paroles de chants dans la bouche des orants ; et cela c'est pour les préparer à recevoir la bénédiction dite par le pasteur de la part du Seigneur.

    Quelques textes bibliques, en dehors des paroles libres, ont été la base de la formulation de l'introduction de ces acclamations et doxologies qui peuvent être lues ou chantées. Retenons les passages ci-après :

    Ps 41,13 ; Ps 72, 18-19 ; Ps 106, 48 ; Rm 11, 33-36 ; Ep 3, 20-21 ; 1Tm 1, 17, Jude 24, 25; Ap 1, 5-6; Ap 7, 12.

    Mais avant que l'officiant ne dise la prière de clôture du culte, les recueils de chants disponibles pour le culte à Kinshasa peuvent bien faire entonner pendant ce moment les chants suivants : Gloire à Dieu notre Créateur (A.F 5) ; A celui qui nous a lavés (C.V 17) ; Vers toi monte notre hommage (C.V 18) ; Grand Dieu nous te bénissons (C.V 1) ; Gloire, gloire à l'Eternel (C.V3) ; A Dieu soit la gloire (C.V 6) ; Pour cet immense bonheur (Ens.) ; Gloire soit au Père, au Fils (A.F 528), E Njambe apesi bato nse546(*)(NN 1) ; Yesu yaka awa547(*) (NN 5).

    2.2.2.8.2 Les chants de recueils et la bénédiction finale

    La salutation que donne l'officiant de la part du Seigneur à l'ouverture du culte et la bénédiction à la fin du service cultuel encadrent les limites de la liturgie dans le temps. Autant nous commençons le culte avec l'invitation gracieuse du Seigneur, autant nous clôturons avec la cette promesse du Seigneur d'être toujours avec nous. Les mots de bénédiction- d'après l'étymologie latine de ce terme devenu liturgique et qui se traduit par « parler bien ou dire un mot agréable pour quelqu'un » - ont intention d'apporter une faveur, une bénédiction548(*).

    Dans la liturgie de l'envoi mieux de clôture, la bénédiction finale est l'acte le plus important mais le moins en moins compris par les orants. Elle est importante car elle renvoie les fidèles avec les mots de la grâce et de la faveur de Dieu sur leurs vies. Elle vient après l'exhortation pour un but majeur. Il ne faut pas que la vie chrétienne soit comprise comme celle de durs labeurs pour les chrétiens chaque fois que l'on voudrait obtenir une faveur de Dieu ou celle de bonnes intentions qui réduise nos efforts à la contemplation ou aux rêves de la beauté et la puissance de promesse de Dieu549(*).

    La liturgie de bénédiction, dans la plupart des communautés chrétiennes, est souvent la tâche dévolue au pasteur qui le fait en levant les mains vers le trône de Dieu. Mais quand celui-ci n'est pas dans le culte, le texte de bénédiction est lu par une autre personne, généralement un pasteur non encore ordonné. Dans ce cas, c'est l'intelligence dans le changement du pronom qui fait l'affaire : la première personne doit partout remplacer la deuxième personne dans l'acte pastoral. Ainsi, au lieu par ex. de « Que le Dieu d'espérance vous remplisse de... », un pasteur non encore ordonné dira par exemple « Que le Dieu d'espérance nous remplisse de ... ». Mais au cas où aucun pasteur n'est disponible, dans la tradition des protestants, un leader parmi les diacres ou un ancien selon le cas, peut introduire les paroles de bénédiction en les puisant à partir des Saintes-Écritures550(*).

    Il est à propos d'indiquer que pendant cet acte liturgique, les fidèles peuvent répondre par les Amen audibles et le geste de mains ouvertes qui expriment leur acceptation de la bénédiction de Dieu.

    Au cours de cette liturgie, l'officiant ou mieux le pasteur qui fait l'acte peut introduire la bénédiction finale par des formules liturgiques comme celles de : Peuple de Dieu, écoutez maintenant ces paroles de bénédiction du Seigneur ; Alors que vous vous apprêtez de rentrer chez vous et affrontez la vie de chaque jour, écoutez humblement mais avec confiance et joie les paroles de bénédiction du Seigneur notre Dieu ...

    En principe, ces paroles de bénédiction se terminent par des expressions où l'officiant dialogue avec l'assemblée comme celle de : Alleluia ! Alleluia ! Amen ! Ou encore Béni le Seigneur. Le nom du Seigneur soit loué.

    Quelques textes bibliques, en dehors des paroles libres, ont été la base de la formulation des paroles de bénédiction. Retenons les passages ci-après : Nb 6, 24-26 ; Rm 15, 5-3; Rm 15, 13 ; Rm 15, 33; 1Co 1,3; 2 Co 13, 13-14 ; Phil 4,7 ; 4,9; 2 Th 3, 18 ; 1 Th 5, 23 ; 1 Th 5, 23-24 ; 2 Th 2, 16 ; Hb 13, 20-21; Gn 31, 49; Nb 6, 24-26; Ps 121, 7-8; Ep 3, 17- 19; 3, 20-21; 6, 23; 6, 24; 2Tm 4,22; Hb 13, 20-21; 1 P 5, 10-11; Jude 25; Ap 1, 4-6 ...

    Il faut avouer une faiblesse dans les recueils de chants. C'est par rapport aux poèmes des répons après les paroles de bénédiction. Nos recueils n'en disposent pas assez. Il y a un effort à faire. Toutefois, après que le pasteur ait dit les paroles de bénédiction, ces recueils peuvent bien s'offrir à la communauté réunie en proposant ces rares chants liturgiques comme ceux de : Demeure par ta grâce avec nous (A.F 130) ; Reste avec nous Seigneur le jour décline551(*) (C.V 214a); Yesu yaka awa552(*) (NN 5).

    2.2.2.9 Les chants de recueils et le postlude

    Si le prélude est un moment important dans le déroulement d'un culte, en ce sens qu'il offre à tout le monde le temps d'entrer et de prendre place dans la maison du Seigneur, le postlude est celui de son contraire. Le postlude est un moment qui vient dans le culte après la sortie des acteurs de la liturgie. Le peuple de Dieu qui était venu l'adorer et l'écouter est en train de quitter la maison du Seigneur dans l'ordre. Si nous avions donné au terme « prélude » beaucoup plus une connotation musicale, en ce sens qu'il est la suite de notes qu'on joue pour se mettre dans le ton ou pour introduire une autre pièce, ou encore dans son sens figuré pour indiquer ce qui précède, annonce, le postlude vient après la liturgie du culte comme pour constituer l'après culte.

    Il succède à la bénédiction et matérialise la fin du culte. Pendant ce moment, les acteurs de la liturgie ne sont plus là. Ils ont déjà clôturé le culte. Ils sont à l'entrée ou à la porte de sortie pour embrasser les fidèles, et convier d'autres à des entretiens pastoraux. C'est lui, le postlude, en fait qui prononce la parole d'au revoir. L'accueil qui se prononçait par la salutation apostolique est ici remplacé par les expressions comme celles de : Que le Seigneur vous bénisse, à la prochaine ; Que le Dieu tout-puissant veille sur vous en ce début de la semaine ; Bonne journée dominicale ...

    Le temps de postlude est aussi celui des chants de recueils protestants d'animation ou non. Les chorales et les groupes musicaux s'expriment librement pendant ce moment, alors que les acteurs de la liturgie se détendent dans les sourires et échanges entre frères et soeurs après un service agréablement rendu à Dieu, aux fidèles et à eux-mêmes.

    Relevons un fait important. Si on peut, heureusement, trouver à Kinshasa un service de culte protestant qui puisse garder encore la tradition des chants de recueils, ayons aussi le courage d'affirmer qu'il n'existe peut-être plus de paroisse où les chants populaires et ceux de la musique commerciale de variétés n'envahissent pas nos cultes pendant le postlude comme pendant la louange des transgresseurs pardonnés. C'est ici que les conducteurs des chants d'ensemble du culte, et ceux qui particulièrement s'occupent des chants au niveau des chorales, trouvent mieux que trouver dans les recueils de chants protestants.

    Comme on peut le remarquer, aujourd'hui les chants populaires et ceux de la musique commerciale de variétés chrétiennes deviennent incontournables. Peut-être devrions-nous nous y résigner !

    2.3 Chants de recueils et liturgie, quid de la complicité ?

    Les chants de recueils et la liturgie du culte protestant font preuve historique d'une complicité. Ils se complètent dans le travail du culte. Nous venons de parcourir la liturgie du culte protestant dans son contenu. Si, à la limite, nous n'avons pas pu passer tout en revue, d'aucuns trouveront que nous sommes quand même allé plus loin dans la quête des liens qui rapprocheraient les chants de recueils à la liturgie du culte protestant dans l'ensemble.

    Les chants de recueils missionnaires, depuis la Réforme, sont complices dans l'adéquation hymnologique et liturgique. Ceci est manifeste dans ses thèmes variés par rapport au calendrier et aux moments liturgiques. Le survol des éléments liturgiques du culte que nous venons de réaliser dans les points qui précèdent, témoigne d'une grande convergence entre les deux. Cette convergence trouve, à notre sens, son fondement sur l'un des grands principes protestants. Nous faisons ici allusion au sola scriptura. Ainsi, tantôt cette convergence transparaît dans les poèmes, par rapport aux chants et ses questions hymnologiques d'une part, tantôt elle transparaît dans les paroles liturgiques qui passent au crible des Saintes-Écritures par rapport à la liturgie du culte.

    Gardant une distance vis-à-vis de l'adéquation et de la convergence entre les chants de recueils et la liturgie du culte, il peut se soulever quelques préoccupations. Retenons-en une majeure. Que les fonctions liturgiques soient étroitement liées entre les deux, c'est presque l'évidence. Mais en réalité, qu'il y ait la non-utilisation, tacite ou manifeste, des recueils de chants missionnaires ou la production voire une simple révision adaptée de ceux qui existent encore, aux fins de sauvegarder la différence ou l'exception protestante de cet héritage, aucun vrai protestant ne le comprendrait.

    Avant de nous lancer dans l'appréciation de l'héritage missionnaire, retenons que la liturgie est le moniteur du culte. Les chants de recueils se constituent en un partenaire sûr de la liturgie. Dans cette modeste étude, nous avons tenté de démontrer leur efficience sur le plan liturgique. Faut-il encore qu'ils soient connus par la majorité des fidèles rassemblés au culte pour produire des effets. Mais une question par rapport à la liturgie peut se poser en ces termes: conviendrait-il de soutenir l'idée selon laquelle seule la liturgie offrirait au culte sa solennité et sa sacralité ? Est-ce pour autant que Dieu n'agit ni n'agrée un culte qui se célèbre sans liturgie ? C'est là un chemin sûr vers de nouvelles interrogations que nous lancent les prochaines études.

    2.4 Quelques appréciations de l'héritage missionnaire

    S'il est vrai que l'héritage hymnologique missionnaire a pu jouer un rôle très important dans l'oeuvre de l'évangélisation au Congo, il n'en est pas moins vrai que son impact a été manifeste sur plusieurs plans. Dans cette partie de notre étude, nous tenterons d'examiner succinctement ce que cet héritage a pu avoir comme impact sur les plans historique, socioculturel, psychologique et théologique au Congo.

    2.4.1 Appréciation historique et psychologique

    L'appréciation historique et psychologique de l'héritage hymnologique missionnaire n'est pas aisée à faire. Car s'il fait déjà plus d'un siècle que l'oeuvre d'évangélisation a eu lieu après l'arrivée des premières Missions dont la B.M.S., la L.I.M., la S.M.F. et la C.M.A., la production des recueils de chants et ses typologies sous l'oeil de la Mission au Congo ne date pas d'un siècle. Si la naissance du protestantisme congolais peut se relater aisément, cela ne peut pas occulter le fait qu'il n'a pas manqué à affronter plusieurs difficultés et survivre à des conflits possibles autour des répartitions des stations missionnaires lors de ses premiers pas. Ses grands moments à l'implantation peuvent aussi être ceux de mutations pour les Congolais qui entraient en contact avec les premiers missionnaires. On sait que cela se passe en 1878, alors que même si quelques chants étaient déjà traduits ou composés, aucun recueil n'était encore élaboré. Il a fallu trouver les points saillants de cette entreprise dont le contexte historique mais aussi psychologique de ce temps indique l'état d'indigence et d'analphabétisme impressionnants dans lequel se trouvait le peuple congolais à évangéliser. N'étant pas parvenu à les trouver, nous nous sommes dit qu'il était nécessaire de nous appuyer sur les travaux de Mengi Kilandamoko dans ses études sur le peuple Kongo, et de relever avec lui quelques faits importants de ce contexte553(*) :

    7. La réussite de l'implantation de la Mission pour nourrir spirituellement les nouveaux convertis au christianisme, qui passait par des contacts et la pénétration du peuple pour l'écouter et parler avec lui, s'est beaucoup appuyée sur l'évangélisation par la Parole de Dieu en créant d'abord des écoles où la Bible était l'enseignement principal.

    8. La traduction de la Bible en Kikongo, d'un dictionnaire Kikongo-anglais avec plus de dix mille mots et une grammaire kikongo en 1887 par Bentley aidé par Nlemvo son domestique indigène, dans une période où les langues indigènes n'étaient pas encore écrites.

    9. La traduction des ouvrages comme ceux de The Congo Primer, More About Jesus, A Bible History, The peep of Day et un livre d'arithmétique sont des prémices dans la lecture et l'écriture en Kikongo sans oublier la traduction des psaumes et de livres pour les écoles élémentaires par Weeks. Mais plus grand encore, c'est la parution d'un premier recueil de cantiques de l'école du dimanche. C'est le point de départ de nos recueils.554(*)

    10. Bentley termine en mars 1893, la traduction de tout le Nouveau Testament en Kikongo. Cet ouvrage est publié intégralement par la British and Foreign Bible Society.

    11. La formation des prédicateurs indigènes qui devraient prêcher en Kikongo par Nils Westlind, missionnaire de la S.M.F. entre 1888 et 1891 comme la meilleure technique d'évangéliser le peuple en présence. C'est cette école, avec les missionnaires aidés par des Congolais, qui influencera la vision de l'avènement d'un recueil de chants protestants et tentera de l'élaborer et de le mettre à la disposition des chrétiens autochtones pour la première fois au Congo. Les chants traduits en Kikongo sont surtout ceux de l'anglais et du suédois. C'est le premier recueil Kintwadi dont le gros du contenu est encore utilisé à nos jours.

    12. La théologie de ce recueil est purement missionnaire. Elle traduit le souci de l'évangélisation des âmes du peuple congolais et s'appuie sur la langue des autochtones.

    13. Le type mélodique qui apparaît ici est celui qui exclut tout accompagnement des instruments traditionnels du peuple Kongo. C'est la musique étrangère qui s'implante avec son rythme et son calme. Il faut indiquer que par ce type de mélodie, il s'est beaucoup plus développé chez le chrétien Kongo une sorte de résignation, si pas de l'abandon de leurs propres mélodies, pour se livrer peut-être, de manière désemparée, à un profond sentiment de piété à apprendre.

    14. Le chant de l'Église de l'oeuvre missionnaire fera presque table rase des instruments de la musique congolaise qui sont non seulement écartés du culte mais aussi du milieu chrétien. A la place, l'orgue, l'harmonium, le piano, la fanfare, la guitare font leur entrée.

    15. Les premières chorales à quatre voix et à un nombre réduit des gens vont voir le jour et devraient chanter au culte à un moment indiqué en dehors de l'assemblée. Comme le soulignera Mengi, cela ne manquera pas de susciter des mécontentements même tacites au milieu d'un peuple qui était habitué à chanter ensemble depuis la nuit des temps.

    16. L'avènement du recueil de chants contribuera à l'amélioration du culte, à l'édification de la foi et renforcera l'impact de l'oeuvre missionnaire. De plus, il forgera une relation personnelle vis-à-vis de Jésus qu'on lit dans la Bible et qu'on chante dans le recueil de chants. En 1887, Nils Westlind de la S.M.F., publiera aussi un autre recueil de cantiques intitulé Minkunga Miayenge et Karl Laman aidé par David Malangidila et Tito Makandu, mettra à la disposition du peuple Kongo la première Bible complète traduite de suédois en Kikongo fiote en 1905.

    Ces dix points saillants retenus ne sont nullement exhaustifs. Toutefois, ils présentent l'essentiel de l'impact historique et psychologique que l'oeuvre missionnaire a influé sur peuple Kongo qui, le premier, a été évangélisé au Congo. Pour comprendre le contexte historique et psychologique, ainsi que le rôle joué par le chant et la musique missionnaires, le répertoire des recueils actuels ne nous présente aucune amélioration, aucune augmentation. C'est comme si nous étions encore aux temps de Bentley et de Nils. C'est le même contenu. L'ensemble des recueils est donc destiné à la mission toujours nouvelle de l'Église. Toutefois, ce qui est vrai est que Dieu nous écoute aussi avec ces chants qui arrivent à ses oreilles quand nous sommes réunis en prière collective ou individuelle. Mais qu'en est-il de l'impact sociologique et culturel ?

    2.4.2 Appréciation socioculturelle

    L'exercice de l'appréciation socioculturelle de l'impact de l'héritage missionnaire va certainement nous plonger dans la quête des implications. En effet, le sens que nous donnons au mot impact n'est pas loin de celui qui essaie de relever les signes des conséquences éventuelles que les chants missionnaires auraient eu sur l'environnement religieux, en général et protestant congolais en particulier.

    Or d'un point de vue social, on sait que dans toute société d'hommes le chant a joué et joue encore un rôle important et varié. Il est présent dans le domaine religieux, culturel, et même politique des peuples. Il communique un message en termes clairs ou imagés selon le cas. Et comme Grawitz pouvait l'écrire, dans l'étude des chansons, bien avant l'existence de la presse, celle-ci a constitué un moyen d'expression de l'opposition politique et sociale des peuples.555(*)

    Relevons que pour l'Africain en général et pour le Congolais en particulier, l'histoire des griots dans nos sociétés la retrace clairement. Le chant accompagne l'homme dans la vie, de la naissance à la mort. Il faut dire que l'Africain y croit fermement. Mengi Kilandamoko, s'appuyant sur Senghor, affirme que pour l'Africain, « rien ne se fait sans musique : elle est associé à toutes les fêtes religieuses ou sociales, aux cérémonies, de même qu'aux activités journalières. Le charpentier taille ses planches au rythme d'un chant improvisé. Les filles vont à la rivière en jouant du tam-tam sur le seau de plastique appuyé sur leur hanche. Tout le monde naît, vit et meurt avec de la musique ».556(*)

    On comprend dès lors avec cet auteur qu' « en Afrique, l'art majeur est celui de la parole, qui devient poème dès qu'elle est rythmée. Si on l'accompagne d'un instrument elle devient alors musique. Les langues africaines étant des langues toniques, elles dictent plus ou moins les mélodies à ses compositeurs ».557(*) Voyons entre les lignes de ces affirmations, le trait caractéristique de l'unité des peuples que la parole chantée crée. C'est ici que nous rencontrons la fonction sociale de la musique.

    Il est avantageux de mettre en valeur la prédisposition congolaise au chant, à la musique et à la danse qui n'a pas manqué de faciliter mieux de préparer le terrain pour l'oeuvre missionnaire de l'hymnologie protestante. Si l'histoire retient que l'oeuvre missionnaire est partie d'abord du peuple Kongo pour atteindre tout le Congo plus tard, il est aussi vrai que les premiers efforts de la traduction et ceux de la production des chants missionnaires soient liés à cette contrée. Mais, qu'est-ce qu'il faudra bien retenir de l'impact socioculturel de l'héritage missionnaire ?

    L'héritage hymnologique missionnaire au Congo, avons-nous avoué dans les lignes précèdentes, est à rechercher dans les recueils de chants produits par les missionnaires au Congo. Il est vrai que le Congo est un pays vaste avec plus de 450 tribus et langues parlées. Il est aussi vrai que ces recueils produits par les missionnaires n'ont pas été élaborés dans toutes les langues des tribus congolaises. Mais, l'important est ailleurs. Par ces recueils de chants communs, les protestants se sentent membres d'une même Église voire d'une seule et même famille. Il suffit que la mélodie d'un air entonné rencontre dans le fond culturel de celui qui l'entend, même dans langue étrangère, les traces de souvenir missionnaire, il l'entonne lui aussi dans sa langue. Celui-ci se reconnaît dans l'autre comme dans les autres. Ainsi, le complexe de l'étrangeté tombe, la confiance mutuelle naît, les liens sociaux et spirituels y sont édifiés et l'intention communicationnelle entre eux est établie. Est-ce une perpétuelle pentecôte ? Laissons cette question ouverte et passons à l'impact culturel.

    Sur le plan culturel, le contenu de l'héritage hymnologique des missionnaires est un véhicule culturel efficient et varié car élaboré en plusieurs langues. Dans cette variété des langues, il atteint l'oreille et la connaissance des autres. Ce faisant, le rapprochement des textes des chants et l'apprentissage des autres langues sont devenus possibles, mais la connaissance et l'enrichissement du vocabulaire aussi.

    2.4.3 Appréciation théologique et spirituelle

    Les musiciens, les hymnologues comme les théologiens qui s'intéressent au chant savent que le chant est un aide-mémoire de confiance. Il comporte des tonalités plus colorées qu'une parole ordinaire. Ses facultés de facilitateur dans la rétention sont légendaires. Dans le travail que fait l'Église dans le coeur des humains, il est connu que par le chant, comme le dit Decorvet que cite Nsumbu, le fidèle entre spirituellement dans la méditation et retient aussi facilement que possible le message de la foi parce qu'il peut le répéter plusieurs fois même tout seul. La mélodie et le rythme aident à retenir les paroles et les laissent en quelque sorte couler jusqu'au fond du coeur.558(*)

    L'impact théologique et spirituel de l'héritage missionnaire peut se dégager clairement dans le contenu des recueils que dispose encore notre Église protestante au Congo. Les chants qu'on entonne dans nos cultes véhiculent une théologie, une foi, une manière de comprendre et de faire comprendre cette foi, bref de communiquer une manière d'être. Dans le questionnement de la manière d'être par rapport à la foi, d'aucuns savent que cela va de paire avec le questionnement de la convergence des faits autour de la participation ou non de la culture du peuple sur la terre de la Mission. C'est la problématique de la prise en compte ou non de la culture des peuples dans l'oeuvre missionnaire. Le problème ici est celui de toujours réfléchir sur les possibilités qui permettent un partenariat adéquat entre la Mission et la culture. Car, ce faisant, la conceptualisation claire de termes contextualisation ou inculturation théologique pourra aussi facilement se dégager. Qu'en est-il de l'hymnologie missionnaire ?

    Si les missionnaires ont réussi à produire un travail remarquable dans l'élaboration des recueils de chants et même en nos langues congolaises ; si les recueils de chants sont encore protégés et utilisés bien qu'à degrés différents dans nos cultes ; si ces chants sont compris dans leur locution et même reproduits mentalement dans nos milieux les plus reculés là où les recueils ont disparu, nous pouvons nous permettre d'affirmer que c'est la vision théologique de l'inculturation qui a fait réussir cette entreprise missionnaire. En effet, Martin Luther sous les menaces de la hiérarchie catholique au XVIe siècle, se retira dans son milieu natal, et oeuvra pour le chant liturgique de l'assemblée en prière en allemand, sa langue maternelle et les allemands lui ont emboîté le pas durant toute la période de la Réforme. Oui, les peuples français et suisse avec Calvin et ses adjuvants, en produisant les recueils, l'ont fait en français, leur langue. Oui, c'est le même cas avec les néerlandais et les anglais qui ont suivi le pas de la Réforme.

    Il faut relever le fait que le problème que nous tentons d'examiner ici, pour dégager l'impact théologique et spirituel de l'héritage hymnologique, n'est pas seulement celui de l'influence de la langue dans la création des chants mais aussi celui de l'influence du milieu et ses réalités dans le temps et dans l'espace, par rapport à la composition des chants missionnaires et pourquoi pas par rapport aux compositeurs eux-mêmes.

    De la vérité historique qui indique qu'à chaque époque ses moeurs, nous pouvons déduire en rapport avec le domaine de l'évangélisation, qu'à chaque époque sa théologie. Plus haut, avec James Lyon et Edith Weber, nous avons pu traverser les siècles du protestantisme et retenu en gros ce qui suit :

    1. Au XVIe siècle avec Luther et ceux qui l'ont suivi, c'est connu que c'était la théologie de la Réforme qui véhiculait et appelait au retour aux Saintes-Écritures. Toutes les compositions hymnologiques étaient à la solde de cette théologie de l'heure.

    2. Après la disparition de Luther, c'était l'époque où la théologie transpirait sur les questionnements sur l'orthodoxie et de la mystique (1562-1618) avec la nouvelle expression de la piété (Frömmigkeitsbewegung). Ici encore l'apport de l'hymnologie en rapport avec cette théologie est très considérable. Nous sommes à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle.

    3. Au XVIIe siècle, deux faits marquants retiennent l'histoire théologique. Il s'agit de la guerre de Trente Ans (1618-1648) et de Temps des mutations (1648-1685). De la guerre de Trente Ans, la théologie, dans ces temps d'incertitudes et d'angoisses, forgera son discours sur la reconstruction morale et matérielle des populations touchées au plus profond d'elles-mêmes. Le Piétisme comme mouvement de la foi naît. Ici, on remarque une production extraordinaire des chants liturgiques que les auteurs, les poètes, les mélodistes, les compositeurs ont développé en réactions de ces temps sombres de l'histoire. C'est une sorte de sursaut qui tenait à garantir « la paix éternelle ». Du Temps des mutations, la théologie, au lendemain de la signature des Traités de Westphalie qui marquaient la fin de la guerre de Trente Ans, est celle de l'émergence de la Raison (Vernunft) face à la théologie abstraite qui préparera déjà l'Aufklärung. Le répertoire des cantiques subira des transformations théologiques et poétiques significatives pour accompagner ce combat théologique.

    4. Au XVIIIe siècle, le fait marquant en théologie est celui d'un effort appuyé sur un biblicisme sobre qui réconcilie, à la fois, le réveil et l'éclosion de la raison, d'où la confrontation positive entre Aufklärung et Piétisme. La recherche de cet accord produira le répertoire des cantiques qui se basera sur une pédagogie sur le respect de la vie qui passe par la pratique chrétienne de l'amour agapé.

    On peut ajouter sans le concours de l'ouvrage de James Lyon ce qui suit:

    5. Au XIXe siècle, le fait marquant en théologie est que les théologiens sont unanimes pour le nommer siècle de la Mission. Les mouvements de réveil (baptiste, piétiste et méthodiste), les Églises issues de la Réforme saisiront l'importance de la Mission, et des milliers de chrétiens quitteront leurs familles, leurs Églises et leurs pays (en Europe et en Amérique) pour apporter la Bonne Nouvelle dans le monde. Le répertoire des chants accompagnant cette théologie est aussi celui de la Mission. Et les missionnaires l'ont démontré dans leur agir.

    Il nous faut, à ce niveau, trouver un point de chute dans ce point de l'impact théologique et spirituel de l'héritage hymnologique missionnaire. Nous venons de faire en quelque sorte le survol des siècles. Nous y avons relevé les rapports incontournables qui lient la théologie de chaque époque à l'hymnologie de son temps. Fort de cela, nous pouvons indiquer en rapport de l'impact théologique et spirituel de l'héritage missionnaire au Congo ce qui suit :

    1. Cet héritage a gardé une influence positive dans nos cultes qui se veulent encore protestants au Congo et à Kinshasa jusqu'aujourd'hui;

    2. Son contenu est riche en typologies et remplit bien le rôle de la musique servante de la liturgie ;

    3. La théologie de ce recueil est purement missionnaire ;

    4. Ce recueil traduit le souci de l'évangélisation des âmes du peuple congolais et s'appuie sur la langue des autochtones ;

    5. Les questions théologiques de la contextualisation559(*) ont été prises en compte car cela se traduit entre autres dans la traduction en langues congolaises des chants du protestantisme universel et on peut allonger la liste.

    L'impact théologique et spirituel de l'oeuvre missionnaire dans l'hymnologie au Congo est certainement positif. Le chant liturgique occupe toujours une place importante dans le culte et garde valablement ses liens avec les autres éléments du culte, grâce à la théologie missionnaire et notre étude l'a démontré. Toutefois, si à côté de la Bible, les chants de recueils, comme langage théologique au temps de la Mission, ont véhiculé avec succès la théologie missionnaire qui oeuvrait pour l'expansion du Royaume de Dieu sur la terre et dans les coeurs des humains au Congo, il est aussi vrai qu'ils portent en eux quelques faiblesses. Ces faiblesses, il faut les trouver dans l'ignorance des contextes réels qui ont milité à leur création par leurs vrais auteurs, poètes, mélodistes et compositeurs. Si le peuple congolais qui a entonné ces chants dans le culte depuis plus d'un siècle a connu quelques traducteurs de ces chants de recueils, par contre il ne connaît pas assez sur les vrais auteurs de ces chants traduits dans nos langues. Aussi, si les facteurs théologiques à l'origine de la production cantiques peuvent effleurer sa préhension, par contre les facteurs historico-psychologiques et socioculturels pour beaucoup de Congolais demeurent un mystère.

    2.4.4 Face à l'histoire des sensibilités et mentalités culturelles aujourd'hui

    L'examen de l'histoire des sensibilités et des mentalités culturelles aujourd'hui face aux chants de recueils protestants, est un exercice difficile. Car il faudra remonter l'histoire de la création des premiers recueils de chants protestants. Mais, avant de nous engager dans cette tâche, quelques indications importantes sont à relever:

    1. Cette étude se fait dans un milieu déterminé qui est la ville de Kinshasa. Bien que cette ville soit cosmopolite, elle est d'abord celle du peuple Kongo en général, ceux du Bandundu y compris. Et, ce peuple n'a pas manqué d'influencer les habitants de la ville par ses coutumes et ses manières de vie par la culture kongo. Les cas de mariages et des funérailles sont éloquents.

    2. Kinshasa de notre période de recherche est celui de 1987 à 2007 où la multiplication des églises dans les quartiers après les pillages de 1991 et 1993 est celle d'une progression géométrique. Mais aussi les différentes guerres politiques de 1996 à 2002 qui ont provoqué vers Kinshasa l'exode des populations nombreuses. Le peuple Congolais habitant la ville, et se trouvant au coeur de la désolation de la crise politique, économique et sociale d'après pillages, cherchera en la prière et les prophéties dans les églises le refuge.

    3. Kinshasa de notre étude est la ville de beaucoup d'Églises charismatiques et de celles de Réveil qui accordent beaucoup d'importance à la louange et l'adoration mais aussi au « prier à haute voix ».

    4. Kinshasa est la ville où la majorité des jeunes parmi les chrétiens aiment prier là où la danse, les cris, les miracles, les conversions sont spectaculaires comme le jour de la Pentecôte.

    5. Kinshasa est la ville où les chants de recueils s'effacent carrément dans la liturgie de la majorité des Églises urbaines membres de l'E.C.C

    A présent que nous avons situé l'espace de notre étude, revenons aux sensibilités et mentalités. Comme nous l'avons relevé avec Mengi, c'est à partir de l'école des prédicateurs indigènes entre 1888 et 1891, qu'est partie l'idée de l'élaboration d'un recueil des chants pour le culte. C'est cette école, avons-nous dit, avec les missionnaires aidés par des Congolais, qui influencera la vision de l'avènement effectif de ce recueil qu'on mettra à la disposition des chrétiens autochtones pour la première fois au Congo aux années 1891.

    L'histoire retiendra que les chants traduits en Kikongo dans le tout premier recueil Kintwadi étaient surtout ceux de la traduction des cantiques suédois mais surtout anglais. C'est comme si on pouvait déjà voir là un dessin d'une géographie hymnologique anglo-saxonne au Congo. Mais ce recueil non seulement qu'il a ignoré la culture du Kongo dans le domaine du chant où il est prolifique, mais par sa parution et son entrée dans le temple, il a fait qu'on avoue à l'interdit tout ce qui se chantait en l'honneur de l'Être suprême dans ce milieu qui n'était pas du tout sans Dieu. Peut-être, c'est là l'un des points de départ du mécontentement ! Aussi, le fait que le type mélodique qu'ont apporté les chants missionnaires avec son rythme et son calme, bien que traduits dans la langue du peuple Kongo, soit celui qui excluait tout accompagnement d'instruments traditionnels de ce peuple, privant ainsi la danse et des cris à un peuple qui aime chanter et danser librement, n'allait pas tout le temps se produire sans provoquer, même plus tard, quelques modifications des rapports entre les chants missionnaires et le peuple Congolais. C'est là peut-être un autre point de départ du mécontentement.

    Il est nécessaire de mettre en valeur un fait important. C'est peut-être le syndrome « chasser le naturel » qui se manifeste depuis près de vingt ans dans l'Église protestante à Kinshasa. Dieu est dans l'adoration et la louange dansante et criante de son peuple. La résignation d'un peuple devant l'abandon obligé de sa manière d'être, de ses propres mélodies, de ses danses pour se livrer, de manière désemparée, à un profond sentiment de piété à apprendre, n'a pas manqué d'amener le Congolais aujourd'hui à une sorte de terrain du caractère brutal de « conflit » ou de « crise » des cultures. La culture d'importation de l'étranger, fût-elle missionnaire, et celle des autochtones, fût-elle celle de l'indigène.

    Cette crise se manifeste par une ouverture à la rupture, et l'effort pour l'effondrement de cette musique d'étrangeté par la production d'une autre musique d'Église qui soit capable de faire danser et faire pousser librement les cris dans le temple.

    Ainsi, le tableau des sensibilités et mentalités culturelles d'aujourd'hui montre que le conflit est déjà là. Les Querelles des anciens et des modernes560(*), l'expression est de Bernard Lauret, vivent avec l'Église protestante de notre temps. La crise est non seulement présente ; mais bien plus, elle est aujourd'hui permanente. Au lieu de la considérer comme une peste dans l'Église, il serait sage de la prendre comme l'émergence de comportements nouveaux mais longuement couvés dans les entrailles de mécontentements de l'histoire religieuse d'un peuple qui n'attendait que le temps pour l'accoucher. C'est peut-être aussi la quête d'un possible droit à l'expression561(*) d'un peuple qui a toujours eu des choses à dire, des cris à pousser vers Dieu qui motiverait ce comportement. Le but serait-il de ne plus continuer à se soumettre à l'autorité liturgique des chants missionnaires ? Il est difficile de se prononcer là-dessus. Car aujourd'hui encore, il nous semble qu'on assiste à un retour aux chants missionnaires. Et cela passe par les ténors de la musique commerciale de variété qui tantôt la modifient tantôt la déforment carrément. C'est l'essentiel du point suivant.

    2.4.5 Les quelques chants qui résistent à l'effacement

    Il nous parait utile d'aborder les problèmes de la pratique de chants liturgiques aujourd'hui dans la vie de l'Église en parlant de quelques chants de recueils qui résistent à l'effacement. Il est étonnant qu'après avoir brossé le tableau des sensibilités et mentalités culturelles d'aujourd'hui qui nous montre l'existence d'un conflit, on arrive à une manifestation qui semble soulever une contradiction heureuse. Il est évident que les fameuses querelles des anciens et des modernes dans le monde de la musique chrétienne d'aujourd'hui à Kinshasa soient réelles et vivent avec l'Église protestante de notre temps. S'il est aussi vrai que ces querelles entre les ténors de deux musiques, celle de recueils protestants et celle de la variété moderne, sont vérifiables dans la cour de l'Église, les causes seraient à chercher ailleurs. Il nous semble que c'est dans la méfiance mutuelle des ténors et dans l'ignorance certaine des chants de recueils protestants de pasteurs eux-mêmes sans oublier les chanteurs qu'il faille trouver les raisons de ces attitudes.

    Nous avions raison de ne pas considérer comme une peste dans l'Église chrétienne à Kinshasa, les manifestations hostiles des sensibilités et mentalités qui se levaient contre les chants de recueils protestants dans la liturgie des cultes organisés. Car si cela pouvait trouver des raisons communes de leur existence dans l'émergence de comportements nouveaux mais longuement couvés dans les entrailles des mécontentements de l'histoire religieuse à la fois politique, socio-économique, et environnementale du Congo à cause de l'indigence d'un peuple qui n'attendait que le temps pour l'accoucher, un fait s'observe déjà. Les ténors de la musique commerciale de variétés, qui ne trouvaient rien à puiser dans la musique missionnaire, au profit de celle qui n'amenait le peuple qu'à danser, à pousser des cris vers Dieu dans les campagnes au stade et dans les amphithéâtres, reviennent aujourd'hui aux chants de recueils protestants. Ils cherchent et trouvent dans cette musique son calme, sa faculté de conduire à la méditation. Ce retour aux chants missionnaires se fait autour d'un nombre de chants qui résistent à l'effacement. La plupart de ces chants sont d'origine anglo-saxonne,562(*) qui sont chantés à Kinshasa aussi bien dans les cultes protestants que dans les temples des Églises de Réveil.

    Nous avons retenu quelques titres de chants protestants qui sont tantôt modifiés tantôt déformés par les ténors de la musique de la variété chrétienne. Ainsi, l'Église chrétienne à Kinshasa, toutes tendances confondues, se souvient et entonne aussi facilement les refrains des chants de recueils protestants ci-après :

    1. Dieu Tout puissant (How Great Thou Art, Swedish melody, NCH 10, HWC, aut. Stuart K. Hine, 1953)

    2. Entre tes mains, j'abandonne (I surrender all, HWC 365, TB 283, C.V172, SSS 601, aut. Judson W. VanDeVenter, Comp. Winfield S. Weeden )

    3. Yesu ndeko na bolingo( What a friend We have in Jesus, BCHR 591, SSH 528, SSS 319, HWC 435,C.V 234, aut., Joseph Medlicot Scriven)

    4. Cherchez d'abord le Royaume de Dieu (Seek ye first, J.P 215, aut. Karen Lafferty)

    5. Nasepeli kosalela (Qu'il fait bon à ton service, C.V 166, CS 100)

    6. Nzambe tata ye bolingo (Praise, my soul Triumph, SSS 1, BCH 560)

    7. Nzambe batelaka ngai (Jesus keep me near the Cross, SSS 134, HWC 385, aut. Fanny J. Crosby, Comp. William H. Doane)

    8. Nzambe malamu (God is so good, NHC 127, aut: Unknown)

    9. C'est mon joyeux service ( My all is on the altar, TB 194, SSS 637)

    10. Il a le monde entier dans sa main (He's got the world, J.P 78, aut. Marshall Morgan and Scott)

    11. Père, je t'adore (Father I adore You, HWC 265, aut. Terry Coelho, 1972)

    12. Blanc plus blanc que la neige (Mélodie anglaise, C.V 120)

    13. O vous qui n'avez pas la paix (The great Physician, SSS 89,

    auth. J.H Stockton, C.V 60)

    14. Esengo mingi Yesu mobikisi (Rejoice and Be Glad, SSS 224)

    15. Amazing grace (NCH 391, aut. Du texte, John Newton)

    16. Yesu ye alingi ngai (Jesus loves me, HWC 579, NN 314, aut. Anna B. Warner, Comp. William B. Bradbury)

    17. Tel que je suis, sans rien à moi (Just As I am, NCH 478, aut. Charlotte Elliott, Comp. Joseph Barnaby, 1838-1896)

    18. O jour heureux, jour de bonheur (O happy day, SSS 866, C.V 123, aut. Phil Doddridge, Comp. Edward F. Rimbault)

    19. J'aime mieux avoir Christ (I rather Have Jesus, HWC 517, aut. Rhea F. Miller, Comp. George Beverly Shea, 1922)

    20. Miséricorde insondable (Mélodie anglaise, A.du Salut)

    21. La force est en Christ (Mélodie anglaise, C.V 135, aut., G. Guillod)

    22. Oh ! que ton joug est facile (Mélodie anglaise, aut., n.i,)

    23. Fraiches rosées (There shall be showers of blessing, SSS 306, C.V 143, HWC 289, aut. Daniel W. Whittle, Comp. James Mc Granaham)

    24. Jésus est au milieu de nous (Jesus my Lord, SSS 476)

    25. La voix du Seigneur m'appelle (Mélodie anglaise, aut., A. Humbert, C.V 180)

    26. J'entends ta douce voix ( I hear Thy welcome voice, SSS 475)

    27. Ne crains rien je t'aime (Mélodie anglaise, aut., E. Schurer, C.V 226)

    28. Un chrétien je croyais être (Mélodie anglaise, aut., n.i)

    29. Quel repos céleste (When a peace like a river, NCH 381, HWC 493, aut. Horatio G. Spafford, Comp. Philip P. Bliss)

    30. Mon Dieu plus près de toi (Nearer my God to Thee, SSS 581, C.V 245, HWC 393, aut. Bob Kilpatrick)

    31. J'ai soif de ta présence (Mélodie anglaise, C.V 249, aut. R. Lowry)

    32. Tout joyeux bénissons (Sweet by and by, SSS 964, C.V 293)

    33. Jésus tu m'as aimé (Mélodie anglaise, aut., anonyme Cf. RebE.C.Ca Malope)

    34. Le grand jour s'est levé (Mélodie anglaise, aut., W.J Kirkpatrick)

    35. Tika tokosanjola Nkolo na boboto be( Let us with a gladsome mind, SSH 169, BCH 14, SSS 765, H 64)

    36. Quel bonheur de marcher avec lui (Mélodie anglaise, n.i Cf. R.E)

    37. Je ne sais pourquoi dans sa grâce (Mélodie anglaise, auteur G. Guillod, aut. J. Mac Granahan)

    38. Sachez que je suis l'Eternel Dieu (Be still and know, HWC 343, aut. n.i)

    39. Na masumu nasalaki Nkolo (Mélodie congolaise, aut., NSUMBU Pezo)

    40. Dieu est fidèle, je le crois...(Ens.7)

    41. Vers toi monte notre hommage (Mélodie anglaise, aut. E.L. Budry)

    42. J'ai l'assurance de mon salut (Blessed assurance, NCH 144, aut. Fanny J. Crosby)

    43. A Dieu soit la gloire (To God be the glory, NCH 298, HWC 66, aut. Fanny J. Crosby, Comp. William H. Doane)

    44. Seigneur nous arrivons des quatre coins (Melodie francaise ? aut., n.i)

    45. Merci, merci, Jésus (Mélodie anglaise, aut., n.i)

    46. Alléluia, alléluia (Aleluya, mélodie anglaise, n.i)

    47. Jésus revient alléluia (Mélodie francaise ? aut. n.i)

    48. Béni soit le nom de Jésus (Mélodie anglaise, auteur W.J Kirkpatrick)

    49. O Dieu relève-nous (Great is thy faithfulness, NCH196, HWC 43, aut. Thomas O. Chisholm, Comp. William M. Runyan)

    50. En mon coeur, j'ai choisi (I Have decided to follow Jesus, NCH 351, aut. Thomas Chisholm, 1923)

    51. Nzambe osungaka afrika(Bantu National Anthem, NN273 aut., n.i)

    52. Si vous croyez et que je crois (A little ship, Mélodie anglaise, CB 50 n.i)

    53. Nzambe aponi yo (Mélodie congolaise, aut., n.i)

    54. Soki tokolingana (Mélodie congolaise, aut., n.i)

    55. Voici le jour que le Seigneur a fait (This is the day, HWC 590, aut., Les Garrett, 1967)

    Nous venons de retenir quelque cinquante-cinq chants de recueils protestants. Partout au monde, dès que l'un des airs est entonné, dans n'importe quelle langue, un Congolais peut joindre sa voix aux autres. C'est ici que l'on rencontre et l'on vit aussi l'appartenance à l'unité du protestantisme dans le monde. Ces chants ont traversé les siècles et n'ont rien perdu de leur émotion, de leur sens profond de méditation, de leur beauté poétique, de leur texte dont on peut se souvenir, bien que la traduction généralement de l'anglais en lingala, kikongo, tshiluba, swahili ou en français n'a pas toujours été près des premiers textes des auteurs et compositeurs.

    Il faut mettre en valeur le fait qu'à Kinshasa d'aujourd'hui, tous ces chants ne sont plus connus du début à la fin. Néanmoins, une fois entonné dans le milieu oecuménique, le peuple de Dieu des Églises Catholique, Réveil ou Charismatique, Kimbanguiste, Protestante peut encore répondre dans un refrain ou dans un autre temps le long de l'exécution du cantique. Pour cette raison, nous soutenons qu'à travers ces chants retenus, les barrières du temps, des sensibilités et des mentalités culturelles ont été franchies. La balle est peut-être dans notre camp de protestants. Nous avons le devoir de trouver les voies et moyens pour revaloriser nous-mêmes cet héritage, l'augmenter et produire d'autres chants qui seront teintés de la théologie de notre temps. Et si quelqu'un doit mettre le premier la main dans cette entreprise, c'est le pasteur protestant qui, dans sa paroisse, doit se sentir concerné le premier. Car comme dans un bateau qui prend l'eau, si l'on ne fait rien, on est tous condamnés à mourir. Mais encore faut-il que le pasteur ait quelques notions de la musique. D'où la nécessité pour lui de suivre un cursus cohérent sur la musique pendant sa formation théologique.

    2.5 Conclusion partielle

    Nous avions voulu, dans ce dernier chapitre de notre modeste travail, faire une évaluation critique de l'héritage hymnologique missionnaire et sa complicité au temps liturgique. Trois points majeurs ont été au centre de cet exercice qui consistait en un examen approfondi du contenu de l'héritage missionnaire. Nous l'avons fait en rapport avec les recueils édités au Congo. L'effort ici était de relever les thèmes centraux de recueils protestants, et chercher à établir les rapports de complicité liturgique entre l'héritage hymnologique missionnaire au Congo et le calendrier liturgique mais aussi les différents moments du culte. C'est le premier exercice que nous avons fait.

    En effet, il est établi que les liens sont très forts entre les chants de cet héritage et le calendrier liturgique de l'Église, liens qui se manifestent aussi facilement dans les moments des cultes organisés. Le deuxième temps fort de ce chapitre était celui de l'essai de quelques appréciations de cet héritage missionnaire. Autrement dit, c'était essayer de situer leurs paroles dans leurs contextes historique, psychologique, sociologique et culturel, théologique, et spirituel en les rebondissant dans l'histoire des sensibilités et des mentalités du peuple de Dieu en prière à Kinshasa. Ici, l'objet était aussi celui de voir si les paroles de ces cantiques protestants, vieux de quelques siècles - car conservés grâce à la codification - ne pouvaient rien apporter aujourd'hui dans l'Église par rapport aux chants de louange et adoration populaires qui explosent dans les rassemblements cultuels de la capitale congolaise. Nous nous sommes rendu compte que si les chants de recueils protestants se portent mal dans les cultes organisés à Kinshasa, il est aussi vrai qu'ils se portent très bien dans ses mélodies et son contenu hymnographique. D'ailleurs, nombreux de ceux qui la contestaient oeuvrent pour son retour dans l'Église même si c'est encore timidement. Ce sont les ténors de la musique commerciale de variété qui sont à l'oeuvre. Cela se passe par l'utilisation aujourd'hui de quelques chants historiques de recueils protestants qui ont traversé les barrières du temps, des sensibilités et des mentalités culturelles.

    CONCLUSION GENERALE

    Notre tradition liturgique, qui forme une partie de notre histoire et de notre identité de protestants congolais, est menacée par la musique commerciale de variétés. Plusieurs études ont été menées sur cette problématique du culte protestant tant sur le plan liturgique qu'hymnologique. Nous n'avons pas la prétention d'avoir réalisé un travail qui contiendrait tous les aspects soulevés par les autres chercheurs. Toutefois, après avoir essayé de faire nôtres leurs différents résultats et tenté de comprendre leurs présupposés théologiques, nous sommes parvenu à l'évidence que les considérations d'ordre identitaire comme expression d'un droit à la différence du culte protestant n'y étaient pas toujours clairement soulevées. Les éléments indicateurs de l'identité peuvent être de plusieurs ordres. Mais nous nous sommes intéressé à ceux des chants de recueils dans le culte.

    Voici ce que nous avons observé ici depuis 2000 : Le culte protestant qui s'organise à Kinshasa en particulier, est, si pas dominé mais marqué par son intérêt pour la chanson populaire. Aussi, suite à la poussée du mouvement de Réveil et du pentecôtisme « kinois » qui influence son hymnologie, les chants traditionnels des recueils protestants se voient menacés d'effacement dans le culte de leur propre maison, où ils sont presque rejetés au profit de la chanson de la musique commerciale de variétés de « sitôt chantées, sitôt jetées et oubliées».

    Les chants de recueils ont-ils encore ou non de valeurs liturgiques à offrir au culte qui s'organise à Kinshasa ? L'objet de notre étude était d'abord de faire constater l'effacement des chants de recueils dans le culte protestant aujourd'hui ; ensuite appeler à une synergie d'efforts en vue de la revalorisation de ces chants traditionnels ou missionnaires. Le culte qui s'organise à Kinshasa depuis la fin des années 80 n'a pas réussi à garder l'expression de droit à la différence hymnologique voire liturgique de protestants. C'est pour affirmer un engouement vers un conformisme pervers en matière de l'organisation hymnologique et liturgique du culte.

    Pour s'en convaincre, il faut considérer le fait que si hier le culte protestant était toujours facilement reconnu, dans sa liturgie ou ses liturgies, par ses chants de recueils et cela, dans toutes les communautés protestantes au Congo, aujourd'hui il est très difficile de se prononcer sur cet aspect. Dans de nombreuses paroisses, la liturgie du culte et les chants de recueils n'ont plus rien de commun avec celles qui veulent encore demeurer protestants. Les chants de recueils, peut-être à cause de leur ancienneté, sont aujourd'hui en train de passer un temps de souffrance dans la liturgie du culte de nombreuses églises protestantes à Kinshasa. Leur utilisation dans le culte dit protestant aujourd'hui est de moins en moins significative. La marche vers l'effacement identitaire en rapport surtout avec les chants de recueils a pris une très grande distance dans le temps. L'identité hymnologique s'effondre. Face à l'hymnologie missionnaire, deux tendances s'érigent : celle de la continuité d'une part et celle de la discontinuité ou rupture d'avec les chants des vieux recueils missionnaires dans le culte d'aujourd'hui, de l'autre. Les églises protestantes à Kinshasa semblent se trouver entre le désir de sauvegarder les chants de recueils pour l'Église rassemblée en prière et celui de s'ouvrir carrément, chaque jour qui passe, à une autre musique d'Église.

    Ce phénomène inquiétant dans l'âme du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa s'est constitué depuis en une interrogation pour nous sur l'engagement hymnologique et liturgique des Églises membres de l'Église du Christ au Congo qui, comme la tête du protestantisme, serait tiraillée entre d'une part ce qui semblerait être d'inattention, d'autre part d'immobilisme sans pour autant s'engager dans une action critique et salvatrice de l'organisation de son culte en vue de la sauvegarde de l'identité protestante.

    Tout au long de cette étude, nous avons fait remarquer que l'identité protestante en matière du culte était aussi liée aux chants de recueils. Car ces chants historiques qui ont su traverser les barrières du temps et qui situent encore aujourd'hui leurs paroles, retracent encore aussi facilement l'oeuvre missionnaire au Congo et cela dans les contextes tant historique, théologique, psychologique, sociologique que spirituel. Ils le font en rebondissant leurs paroles dans l'histoire des sensibilités, des mentalités du peuple de Dieu, en prière, à Kinshasa.

    C'est pour cette raison qu'il a été souhaité que l'E.C.C, par ses Églises membres, soit sensible à ce phénomène qui lui fait perdre « une autre d'elle-même » et la fait devenir « une autre qu'elle-même » dans son hymnologie liturgique qui offre bien plus le calme et parfois le silence en lieu et place des cris dans la célébration liturgique563(*). Encore faut-il que l'E.C.C. puisse urgemment analyser froidement la situation du culte protestant de notre temps à Kinshasa en vue de provoquer si possible la réinvention de sa conscience ou simplement l'éveil de la conscience protestante dans le chef des leaders, des pasteurs et des acteurs de la liturgie de ses communautés membres. Ce faisant, l'arrêt de la marche vers l'effacement des chants de recueils dans le culte protestant, d'une part, et la libération, sous le conformisme pervers de l'heure, de l'héritage hymnologique de la Réforme et des temps de Missions pourra être possible.

    La prise en compte par les Églises membres de l'E.C.C. du problème que pose la marche silencieuse vers le conformisme pervers pour l'effacement de l'identité et de la différence hymnologiques protestantes dans nos cultes est aujourd'hui une exigence de l'histoire du protestantisme congolais de la période post-missionnaire. Car ce problème se manifeste en une crise de la conscience hymnologique protestante et de l'identité cultuelle tout court. Donc il faut agir en faveur de la revalorisation du chant traditionnel.563(*) C'est pourquoi, au nom de l'identité protestante, les Églises membres de l'E.C.C sont invitées à repenser l'organisation liturgique et hymnologique de leurs cultes. Elles pourront déployer leurs efforts pour faire revenir dans leurs cultes les chants protestants de recueils. Car, s'il existe depuis toujours un lien entre le protestantisme et la musique, il y a une qui soit propre aux protestants. Ce faisant, dans le déroulement du culte, l'explosion des chants de recueils redeviendra comme preuve d'un langage constitutif d'appartenance à la grande famille protestante du monde. Il faudra réfléchir sur les voies et moyens pour éradiquer les causes de cette sorte d'acculturation hymnologique dans le culte protestant à Kinshasa. Car le protestantisme est aussi toute une culture.

    Le voeu, dans ce travail, est de voir les paroisses des Églises membres de l'E.C.C. à Kinshasa ainsi que celles de l'intérieur du pays prendre de nouvelles orientations pour la revalorisation des chants traditionnels. Elles ne le feront que tout en revenant à ces chants dans leurs cultes organisés. Il ne faut pas qu'on oublie qu'au Congo, ils sont présents aux côtés de la Bible depuis les temps des Missions. Ils sont témoins et porteurs de l'histoire du protestantisme au Congo. Aujourd'hui, ils sont encore entonnés même en des langues vernaculaires sinon en dialectes des peuples en prière. D'un point de vue qualitatif, ces chants couvrent mieux le calendrier liturgique de l'Église que ceux de la musique commerciale de variétés. Oui, les chants de recueils offrent encore et toujours au culte protestant une symbolisation jouant là un rôle identitaire non négligeable.

    Enfin, faudra-t-il appeler à une sorte d'isolement qui enfermerait l'hymnologie du culte protestant pendant ces temps de mutations au Congo? Bien sûr que non. La réalisation du rêve d'un retour aux chants de recueils protestants par la conscience pouvant protéger l'identité hymnologique protestante en vue de sa sauvegarde et de sa revalorisation ne devra pas fermer la porte au besoin exigeant de l'ouverture à la spontanéité créative qui se vit dans ce domaine à Kinshasa. Et parce que nous parlons du rêve, paraphrasons pour conclure avec ces paroles de Kä Mana que rapporte N'Kwim Bibi-bikan : « Et si nous sommes dans l'impasse qui est nôtre aujourd'hui, c'est par ce que le cadre même de notre pensée pose problème. L'imaginaire de l'identité est ce dont il nous faut pour oser une autre direction de pensée. [...] Il convient [...] de sortir de l'ère du rêve, de l'illusion et de l'action sans complexe [...]. Le rêve est le mode sur lequel, essentiellement, nous avons pensé notre rapport au monde ces dernières années ».563(*)

    NOTES DE LA CONCLUSION GENERALE

    1. L. GAGNEBIN., Le culte à choeur ouvert, op.cit, p. 123. Il convient de relever que GAGNEBIN fait allusion à l'étude d'Adolf ADAM « la liturgie de demain ».

    2. Charles MOMBAYA Masani, interviewé le 9 mars 2006 sur la question de la revalorisation des chants traditionnels dans les cultes protestants organisés à Kinshasa.

    3. Cf. KÄ MANA cité par N'KWIM Bibi-Bikan, thèse citée, p. 390.

    TABLE DES MATIERES

    DEDICACE.................................................................................................................................I

    AVANT-PROPOS......................................................................................................................II

    LISTE DES ABREVIATIONS ...............................................................................................IV

    INTRODUCTION GENERALE 1

    0.1 Problématique et objectifs 1

    0.2 Hypothèses du travail 8

    0.3 Intérêt et justification du choix du sujet 10

    0.4 Méthodes et techniques du travail 12

    0.5 Délimitation spatiale et temporelle de la recherche 13

    6. Subdivision du travail 13

    CHAPITRE PREMIER : QUIDDITE ET CARACTERISTIQUES DE L' HYMNOLOGIE PROTESTANTE 20

    1.1 Quiddité des termes Chants de recueils 20

    1.1.1 Définition et bref parcours historique de l'hymnologie protestante 20

    1.1.1.1 Le chant tel que vu dans nos études antérieures 20

    1.1.1.2 Le chant dans la vision hymnologique de James Lyon 21

    1.1.1.3 Le chant dans la pensée hymnologique d'Edith Weber 22

    1.1.1.3.1 Choral 23

    1.1.1.3.2 Hymne 24

    1.1.1.3.3 Proverbe 25

    1.1.1.3.4 Psaume monodique (Liturgique) 26

    1.1.1.3.5 Psautier 27

    1.1.1.3.6 Psautier Huguenot 29

    1.1.1.3.7 Répons 30

    1.2 Recueils protestants 30

    1.2.1 Chants de recueils protestants, quid ? 31

    1.2.1.1 Le parcours des chants de recueils vu par James Lyon 32

    1.2.1.2 Généalogie hymnologique des chants de recueils 32

    1.2.1.3 Les chants de recueils et les typologies exploitées 54

    1.2.1.4 Répertoire hymnologique protestant 57

    1.2.1.5 Répertoire hymnologique de langue française 58

    1.2.1.6 Répertoire hymnologique de langue allemande 63

    1.2.1.7 Structure et contenu thématique 66

    1.2.1.8 Ses pionniers 67

    1.3 Conclusion partielle 68

    CHAPITRE DEUXIEME : QUIDDITE ET CARACTERISTIQUES DU CULTE PROTESTANT 77

    2.1 Survol sur le protestantisme 77

    2.1.1 Les précurseurs 80

    2.1.2 La Réforme 80

    2.1.2.1 Martin Luther 83

    2.1.2.1.1 Début de sa Réforme 84

    2.1.2.1.2 La faiblesse de sa Réforme : Guerre des paysans 85

    2.1.2.1.3 Ses écrits-réformateurs 85

    2.1.2.1.4 Ses dernières années 86

    2.1.2.1.5 Sa théologie 86

    2.1.2.1.5.1 La place de la Loi et l'Évangile 86

    2.1.2.1.5.2 Son discours sur le péché 87

    2.1.2.1.5.3 Son discours sur la manière dont Dieu se fait connaître 87

    2.1.2.1.5.4 Sa théologie de la croix 87

    2.1.2.1.5.5 Ses écrits réformateurs 88

    2.1.2.1.5.6 Sa vision de la musique d'Église 88

    2.1.2.2 Huldrych Zwingli 89

    2.1.2.2.1 Début de sa Réforme 90

    2.1.2.2.2 La faiblesse de sa Réforme : Révolte des anabaptistes 91

    2.1.2.2.3 Sa mort tragique 91

    2.1.2.2.4 Un mot sur sa vie musicale 92

    2.1.2.2.5 Zwingli et Luther : divergences 92

    2.1.3 Jean Calvin 93

    2.1.3.1 Début de sa Réforme 93

    2.1.3.2 Les querelles protestantes et l'exil de Strasbourg 94

    2.1.3.3 Retour à Genève 94

    2.1.3.4 La faiblesse de sa réforme : contestations et bûcher de Servet 94

    2.1.3.5 Ses dernières années 95

    2.1.3.6 Sa théologie 95

    2.1.3.6.1 La place du Père dans sa théologie 95

    2.1.3.6.2 La place du Fils dans sa théologie 96

    2.1.3.6.3 La place du Saint-Esprit dans sa théologie 96

    2.1.3.6.4 La place de l'Église dans sa théologie 96

    2.1.3.6.5 Calvin et le calvinisme tardif 97

    2.1.3.6.6 Sa vision de la musique d'église 97

    2.1.4 Schisme anglican 99

    2.1.5 Sectes radicales 99

    2.1.6 Réactions à la Réforme 100

    2.1.6.1 Guerre de religion et scolastique protestante 100

    2.1.6.2 Le piétisme 100

    2.1.6.3 Courants rationalistes 100

    2.1.6.4 Méthodisme et revitalisme 101

    2.1.6.5 Le protestantisme au XIXe siècle 102

    2.1.6.5.1 Le mouvement d'Oxford 102

    2.1.6.5.2 Le revitalisme 102

    2.1.6.5.3 Problèmes de société 102

    2.1.6.5.4 Le protestantisme au XXe siècle 103

    2.2 Culte protestant : Quiddité et caractéristiques identitaires 104

    2.2.1 Compréhension du thème 105

    2.2.1.1 Ce qu'on entend par le culte 105

    2.2.1.2 Quiddité du culte protestant 109

    2.2.1.3 Traits caractéristiques du culte protestant 111

    2.2.1.4 Le culte protestant et son but 112

    2.2.1.5 Quid, l'élément central du culte protestant ? 114

    2.2.1.6 Le culte comme lieu et moment de rendre gloire à Dieu seul 115

    2.3 Grands traits caractéristiques de l'identité protestante 116

    2.3.1 Sa notion en histoire de la théologie 117

    2.3.2 Son essence 118

    2.3.3 Sa manière d'être 125

    2.3.3.1 La pluralité 125

    2.3.3.2 La liberté 126

    2.3.3.3 La simplicité 126

    2.3.4 Ses confessions 127

    2.3.5 Ses principes fondamentaux 129

    2.4 Conclusion partielle 131

    SECTION II : REGARD SUR LES CHANTS DE RECUEILS AUJOURD'HUI DANS L'ÉGLISE 143

    CHAPITRE PREMIER : DU CULTE PROTESTANT D'AUJOURD'HUI A KINSHASA ET LA PLACE RESERVEE AUX CHANTS DE RECUEILS 144

    1.2 Présentation des paroisses choisies à Kinshasa 146

    1.2.1 La Paroisse protestante CBCO/Kintambo 146

    1.3 Cultes organisés et chants de recueils 167

    1.3.1 Bref rappel sur la liturgie 168

    1.4 Cultes de la semaine comme lieu du conformisme 196

    1.5 Essai d'appréciation critique de la place réservée aux chants de recueils 198

    1.6 Conclusion partielle 200

    CHAPITRE DEUXIEME : DE L'APPRECIATION DE L'HERITAGE HYMNOLOGIQUE MISSIONNAIRE ET SA COMPLICITE AU TEMPS LITURGIQUE 201

    2.1 Héritage hymnologique missionnaire au Congo 201

    2.1.1 Le contenu de l'héritage 201

    2.1.2 Les recueils édités au Congo 201

    2.1.3 Les thèmes centraux des recueils du Congo 201

    2.2 Complicité liturgique de l'Héritage missionnaire 201

    2.2.1 Chants de recueils et le calendrier liturgique 201

    2.2.2 Chants de recueils et les moments liturgiques du culte 201

    2.2.2.1 Les chants de recueils et le prélude 201

    2.3 Chants de recueils et liturgie, quid de la complicité ? 201

    2.4 Quelques appréciations de l'héritage missionnaire 201

    2.4.2 Appréciation socioculturelle 201

    2.4.3 Appréciation théologique et spirituelle 201

    2.4.4 Face à l'histoire des sensibilités et mentalités culturelles aujourd'hui 201

    2.4.5 Les quelques chants qui résistent à l'effacement 201

    2.5 Conclusion partielle 201

    CONCLUSION GENERALE 201

    NOTES DE LA CONCLUSION GENERALE 201

    BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................281

    TABLE DES MATIERES 289

    * NOTES DU PREMIER CHAPITRE

    1 Nous faisons allusion ici à notre Travail de Fin d'Etudes qui a porté sur la problématique du chant à l'Ecole du dimanche. Pour une culture de compétences psychosociales chez les enfants, Faculté de Théologie, UPC, 2000.  C'est dans ce travail que, pour la première fois, nous tentions de comprendre la quiddité du chant.

    * 2 Dictionnaire Robert Méthodique, Paris XIe, 1983, p. 218.

    * 3 Ibid., p. 218.

    * 4 Nouveau Dictionnaire Biblique révisé et augmenté, Saint Légier, Emmaüs, 1992, p. 20.

    * 5 Ibid., p. 210.

    * 6 J. LYON, Cours d'Introduction à l'Hymnologie, source électronique, Internet www.hymnologie.com .

    * 7 Cf. E. WEBER, La recherche hymnologique, Paris, Beauchesne, 2001, p.112.

    * 8 Ibid.

    * 9 Nous faisons allusion à notre article sur « le chant et la joie » où nous nous sommes beaucoup appuyé sur la compréhension et l'utilisation biblique de cantiques que nous livre G. BELLING. Il faut indiquer cet auteur a fait une étude importante sur ce concept biblique de cantique. Cet Article est repris dans l'ouvrage de G.W. Bromiley que nous avons pris comme le principal pour l'étude de différents termes bibliques qui nous concernent dans ce travail. Ses analyses sont reprises entre les pages 1225-1227. C'est ici que A. VERCHALY., traite de ce point dans son article, sur "Le cantique" publié dans l'Encyclopoche Larousse sous le titre « La musique à travers ses formes », Paris, Ed. Larousse, p. 34.

    * 10 Ibid., p.114.

    * 11 Ibid.

    * 12 Ibid., p.115.

    * 13 Ibid.

    * 14 Ibid.

    * 15 Ibid., p. 117.

    * 16 Ibid.

    * 17 Ibid., pp.119-120.

    * 18 Ibid.

    * 19 Ibid.

    * 20 Ibid.

    * 21 Ibid., p.120.

    * 22 Ibid.

    * 23 Ibid.

    * 24 Ibid.

    * 25 Ibid., p. 121.

    * 26 Ibid.

    * 27 Ibid.

    * 28 Ibid., p. 122.

    * 29 Ibid., pp.122-123.

    * 30 Ibid.

    * 31 Ibid.

    * 32 Ibid.

    * 33 Ibid.

    * 34 Ibid.

    * 35 Ibid.

    * 36 Ibid., p. 124.

    * 37 Cf. Petit ROBERT, la nouvelle édition, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, p. 2124, col.2.

    * 38 WEBER atteste que certains textes bibliques en prose étaient repris et versifiés en latin par les Pères de l'Eglise, sous forme d'hymnes structurées en strophes de 4 vers, chants de louange destinés aux grands moments de l'année ecclésiastique et aux prières pour le déroulement de la journée. La liste de Pères musiciens, mélodistes ou poètes est longue. Ici, on peut mentionner, entre autres, Saint Ambroise de Milan qui créa le rite ambrosien en s'inspirant de la liturgie orientale, saint Ephrem auteur de nombreux hymnes de l'Antiquité, Saint Augustin avec son important traité De Musica et ses commentaires de l'Alleluia et du Jubilus, ses écrits, Confessions, Enarrrationes in Psalmos qui résumant sa doctrine mystique, donnent des renseignements sur la situation du chant chrétien au IVè siècle. Mais il faut aussi citer saint Grégoire, Grégoire Ier le Grand, pape de 590 à 604 avec l'expression « chant grégorien » créée deux siècles après sa mort.

    * 39 Ibid.

    * 40Cf. J.LYON, Johann Sebastian Bach, Chorals, Paris, Beauchesne, col. «Guides musicologiques », 2005. Pour approfondir la lecture sur ces index typologiques qu'exploitent les chants de recueils protestants, depuis la Réforme jusqu'à nos jours, les pages 297 à 309 les exposent de manière générale.

    * 41 Ibid., p. 3.

    * 42 Ibid., p.4.

    * 43 Ibid.

    * 44 Ibid., pp. 5-6.

    * 45 Ibid., p. 16.

    * 46 Ibid., p. 18.

    * 47 Ibid., p. 21.

    * 48 Ibid., p. 31.

    * 49 Ibid., p.34.

    * 50 Ibid., p. 36.

    * 51 Ibid., p. 38.

    * 52 Ibid., pp. 16-44.

    * 53 Ibid., pp. 46-47.

    * 54 Ibid., p. 49.

    * 55 Ibid., p. 50

    * 56 Ibid.

    * 57 Ibid.

    * 58 Ibid.

    * 59 Ibid.

    * 60 Ibid.

    * 61 Ibid.

    * 62 Ibid.

    * 63 Ibid.

    * 64 Ibid.

    * 65 Ibid.

    * 66 Ibid.

    * 67 Ibid.

    * 68 Ibid., p. 51.

    * 69 Ibid., p. 52.

    * 70 Ibid.

    * 71 Ibid.

    * 72 Ibid., p. 53.

    * 73 Ibid., p. 64.

    * 74 Ibid.

    * 75 Ibid., p. 66.

    * 76 Ibid., p. 73.

    * 77 Ibid., p. 74.

    * 78 Ibid., p. 75.

    * 79 Ibid., p. 76.

    * 80 Ibid., pp. 76 -78.

    * 81 Ibid., p.86.

    * 82 Ibid.

    * 83 Ibid.

    * 84 Ibid.

    * 85 Ibid.

    * 86 Ibid., p.87.

    * 87 Ibid., p.87.

    * 88 Ibid.

    * 89 Ibid., pp. 87-91

    * 90 Ibid.

    * 91 Ibid., p. 92.

    * 92 Ibid.

    * 93 Ibid.

    * 94 Ibid.

    * 95 Ibid., p.101.

    * 96 Ibid., p.105.

    * 97 Ibid., pp. 109-113.

    * 98 Ibid., pp. 109-115.

    * 99 Ibid., pp. 115-120.

    * 100 Ibid., p. 120.

    * 101 Selon J. LYON, les théologiens descendaient de leurs chaires universitaires et exerçaient leur mission auprès des affligés.

    * 102 Ibid., p. 121.

    * 103 Ibid., p.124.

    * 104 Ibid.

    * 105 Ibid.

    * 106 Ibid.

    * 107 Ibid.

    * 108 Ibid., p. 138.

    * 109 Ibid., pp. 138- 140.

    * 110 Ibid., p. 140.

    * 111 Ibid., p. 144.

    * 112 Ibid.

    * 113 Ibid., p. 146.

    * 114 Ibid.

    * 115 Ibid., p.148.

    * 116 Ibid., p. 150.

    * 117 Ibid., p.150.

    * 118 Ibid., p. 153.

    * 119 Ibid., p. 163.

    * 120 Ibid., p. 164.

    * 121 Ibid., p. 171.

    * 122 Ibid.

    * 123 Ibid., p. 174.

    * 124 Ibid.

    * 125 Ibid.

    * 126 Ibid.

    * 127 Ibid.

    * 128 Ibid., p.174.

    * 129 Ibid., p. 179.

    * 130 Ibid., p.184.

    * 131 Ibid.

    * 132 Ibid., pp. 184-185.

    * 133 Ibid., p. 185.

    * 134 Ibid., p. 193.

    * 135 Ibid.

    * 136 Ibid.

    * 137 Ibid., p. 305.

    * 138 Ibid., p. 306.

    * 139 Ibid., p.307.

    * 140 Ibid., pp. 308 - 309.

    * 141 E.WEBER, op. cit., p. 13.

    * 142 Ibid.

    * 143 Ibid.

    * 144 Ibid.

    * 145 Ibid.

    * 146 Ibid., p. 14.

    * 147 Ibid.

    * 148 Ibid., pp. 14 -15.

    * 149 Ibid., p.15.

    * 150 Ibid.

    * 151 Ibid.

    * 152 E. WEBER qui, pour nous, milite pour un renforcement des capacités et connaissances hymnologiques, mieux musicologiques montre combien l'histoire, mais surtout l'usage cultuel des recueils doit préoccuper les pasteurs, prédicateurs, organistes, maîtres de chapelle et cantors ainsi que les fidèles. Pour WEBER, il serait même indispensable qu'aux pays de langue française les futurs théologiens bénéficient (comme en Allemagne) de cours portant sur le bon usage, le contenu et les finalités des divers chants, afin que les pasteurs en exercice choisissent avec discernement textes et mélodies ( en fonction des lecteurs bibliques et du thème de leur prédication), avec l'organiste ( chef de choeur ou maître de chapelle), et s'assurent que le temps de l'année ecclésiastique soit respecté, de même que les critères esthétiques et fonctionnels.

    * 153 Ibid., op. cit., p.96.

    * 154 Ibid., p. 97.

    * 155 Ibid., p.18

    * 156 Ibid.

    * 157 Ibid.

    * 158 Ibid., p. 19.

    * 159 Ibid.

    * 160 Ibid.

    * 161 Ibid.

    * 162 Ibid., p. 99.

    * 163 E. WEBER affirme que compte tenu de l'énorme production de chorals et cantiques allemands depuis la Réforme, les Psaumes sont quantitativement minoritaires chez les luthériens.

    * 164 Ibid., p. 101.

    * 165 Ibid.

    * 166 Cf. Lire l'ouvrage déjà cité de J. LYON sur les chorals de Bach pour en savoir plus.

    * 167 E. WEBER, Même Ouvrage, pp. 49-51.

    * 168 L. EMERY, L. EMERY, Histoire du christianisme, Bruxelles, Imprimerie Mathieu, 1954, p. 158.

    * 169 R. de CANDE, La musique, histoire, dictionnaire, discographie, Paris, Seuil, 1969, p. 35.

    * 170 A. VERCHALY traite de ce point dans son article, sur "le cantique" publié dans l'Encyclopédie Larousse sous le titre" la musique à travers ses formes, Paris, Ed. Larousse, pp. 35-36.

    * 171 Cf. J.LYON., Cours de l'introduction à l'Hymnologie déjà cité, voir

    www.hymnologie.com

    * NOTES DU DEUXIEME CHAPITRE

    172 L'histoire du protestantisme dont nous faisons allusion à celle qui décrit le parcours de son hymnologie depuis la Réforme du XVIe siècle telle que nous l'avons présenté dans notre premier chapitre de cette étude.

    * 173 N'KWIM Bibi-Bikan, R., « Protestantisme et démocratie : Une interpellation de l'Eglise congolaise », in RCTP, n° 18-19, 2005-2006, pp. 137-149.

    * 174Lire J. COURVOISIER ., Brève histoire du Protestantisme, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1952, p. 5. et E. G. WHITE, La tragédie des siècles, Idaho, Pacific press, 1990, p. 207. Pour ces deux auteurs, la protestation des princes avait un sens double : un sens politique et un sens religieux. Mais aussi un aspect double : un aspect négatif et un aspect positif. Par « protestari », les princes entendaient en même temps défendre leurs droits et témoigner de leur nouvelle foi vis-à-vis du catholicisme romain.

    * 175Après que la majorité catholique eut aboli la tolérance reconnue trois ans plus tôt aux luthériens, lors d'une précédente diète, six princes luthériens, suivis par les municipalités de 14 villes libres allemandes, rédigèrent une protestation, à la suite de laquelle les luthériens furent habituellement désignés comme les protestants. Lire « Le protestantisme » sur Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2005.

    * 176 Ibid.

    * 177 A. BIRMELE, « Le Protestantisme », Dictionnaire critique de théologie, Paris, PUF, 1998, p. 944.

    * 178 Ibid.

    * 179 Ibid.

    * 180 Ibid.

    * 181 Ibid.

    * 182 Ibid.

    * 183 Ibid.

    * 184 Ibid.

    * 185 Ibid.

    * 186 Ibid.

    * 187 Ibid.

    * 188 MUNAYI Muntu-Monji, dans son article sur « Le nationalisme allemand : l'une des causes de la naissance et du succès du luthéranisme », fait remarquer que derrière la Réforme de Martin Luther, mieux dans la solidarité allemande, il y existait un sentiment général anti-romain chez les allemands. L'appel de Luther à la noblesse chrétienne de la nation allemande où il y écrit entre autres : « Comment, nous Allemands, souffrons de la part du pape ? Si la France a su s'en défendre, pourquoi nous laissons-nous ainsi jouer et berner ? » est une pièce à conviction d'une invitation au soulèvement contre Rome, adressée, pas à n'importe quel peuple, mais au peuple allemand, le sien. ». Pour cet auteur, Luther était « sur certains points » d'accord avec Jean Huss, ce réformateur bohémien du XVe siècle brûlé au bûcher et dont le souvenir formait l'une des bases du patrimoine tchèque. Les 4 questions profondes qui soutiennent la position de cet auteur sont les suivantes : 1. Luther aurait-il pris cette position contre Rome s'il avait été lui-même Romain ? 2. Quel aurait été le succès de la Réforme si le climat général en Allemagne n'était pas anti-romain ? 3. Que serait devenue la Réforme en Allemagne si au lieu de Luther, elle avait été initiée par un non-Allemand, vivant dans ce pays, mais ne défendant pas les intérêts allemands ? 4. Que serait devenue la Réforme si Luther n'avait pas joui de la protection du prince-électeur du Saxe ? Lire cet article « Le nationalisme allemand », in Bulletin de Théologie Africaine, BTA, Vol VI, n°11, 1984, pp. 41-47.

    * 189 Ibid., p. 42.

    * 190 Ibid.

    * 191 Ibid.

    * 192 Ibid.

    * 193 L'auteur cite le cas de la France qui en 1438 à Bourges déjà, le roi Charles VII conclut le « Pragmatique Sanction ». Cette convention consacrait, sous réserve de la confirmation pontificale, le principe électif pour les bénéfices et dignités ecclésiastiques ; elle interdisait les Annates, supprimait les expectatives ou promesses de bénéfices faites par le pape. Bien que Louis XI abrogeait en 1461 « la Pragmatique Sanction » pour ménager le Saint-Siège, cette convention ressuscitera en quelque sorte sous forme de concordat signé par François Ier en 1516. Ressuscitée, elle conférera, plus qu'avant, une autonomie à l'Eglise de France vis-à-vis de Rome. Cette autonomie s'appelait le gallicanisme.

    * 194 Ibid., p. 43.

    * 195 En plus de MUNAYI Muntu-Monji, on peut aussi lire G.E. LEONARD, Histoire générale du protestantisme, t.1, Paris, P.U.F., 1961 ; E. (de) MOREAU, P. JOURDA et P. JANELLE, Histoire de l'Eglise, t. XVI, La crise religieuse du XVIe siècle, Tournai, Bloud et Gay, 1956.

    * 196 J. LORTZ., La Réforme de Luther, Paris, Ed. du Cerf, 1970, pp. 35-36.

    * 197 Cf. MUNAYI Muntu-Monji., op. cit., p. 44.

    * 198 Cf. Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2006 déjà cité.

    * 199 Ibid.

    * 200 Ibid.

    * 201 Ibid.

    * 202 Ibid.

    * 203 Ibid.

    * 204 Ibid.

    * 205 Ibid.

    * 206 Ibid.

    * 207 Ibid.

    * 208 Ibid.

    * 209 Ibid.

    * 210 Ibid.

    * 211 Dictionnaire de la musique allemande et autrichienne, Références-Larousse, Paris, 1988, pp. 186-187.

    * 212 Ibid.

    * 213 Ibid

    * 214 Encyclopédie Universalis, t. 16, Paris, 1980, p. 1090.

    * 215 Lire P.STADLER., « Huldrych Zwingli : réformateur suisse (1484- 1531) », in Bulletin de Théologie Africaine, BTA, Vol VI, n°11, 1984, pp. 87-102.

    * 216 Zwingli (1484-1531) est de la même génération que Luther (1483-1546).

    * 217 Cf. Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2006 déjà cité.

    * 218 Ibid.

    * 219 Ibid.

    * 220 Ibid.

    * 221 Ibid.

    * 222 Ibid.

    * 223 Ibid.

    * 224 Ibid.

    * 225 Ibid.

    * 226 P. STADLER, op. cit., 102

    * 227 Ibid., p. 90.

    * 228Ibid., p. 91.

    * 229 L'auteur puise les articulations sur ce réformateur dans le classique de W. KOHLER sur Zwingli.

    * 230 Ibid., pp. 94-95.

    * 231 P. STADLER précise qu'en 1524 et 1525, le Nouveau Testament traduit par Luther (publié en septembre 1522) est réimprimé chez Froschauer à Zürich. Deux ans plus tard, suivis par deux tomes des autres écrits (historiques et sapientiels) de l'Ancien Testament. Entre-temps, Zwingli est ses collègues, avant tout Leo Jud, se mettent à la traduction des Livres prophétiques (pas encore traduits par Luther) qui paraîtront en 1529. Une année plus tard, en 1530, tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament sont publiés, réunis en un seul tome in-octavo composé de 688 feuilles. En fin, en 1531, sort une nouvelle édition de la Bible dite Bible de Froschauer, un produit magnifique de l'art typographique, en grandes lettres distinctes pour permettre une lecture facile, même aux vielles gens. Elle contient 199 illustrations qui représentent pour une bonne partie des gravures sur les bois des dessins de Hans Holbein le Jeune (1497/1543). Ibid., p. 101.

    * 232 Ibid., p. 102.

    * 233 Cf. Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2006 déjà cité.

    * 234 Ibid.

    * 235 Ibid.

    * 236 Ibid.

    * 237Cf. On peut lire sur L'Encarta que Michel Servet fut médecin et théologien espagnol, exécute pour ses convictions religieuses. Né à Tuleda (Navarre). Il étudia le droit et la médecine à Toulouse, Paris et Montpellier. Il exerça la médecine à Vienne et donna vers 1537, la première description de la double circulation du sang dans les poumons. Ses ouvrages De Trinitatis erroribus (Des erreurs du dogme trinitaire, 1531), dans le quel il rejette le dogme de la Trinité, et Christianismi restitutio (De la restitution chrétienne, 1553), qui s'oppose violemment à l'Institution de la religion chrétienne que Calvin avait publié en 1536, avançaient des opinions contre lesquelles catholiques et protestants s'élevèrent avec force. Dès 1545, Servet avait entretenu une correspondance avec Calvin. Dénoncé à l'Inquisition à Vienne, il réussit à fuir à Genève mais fut aussitôt reconnu et arrêté. Son procès donna lieu à un tel affrontement entre calvinistes et anticalvinistes que Calvin, qui assumait l'accusation, ne put atténuer la peine demandée par les anticalvinistes : Servet fut brûlé vif comme hérétique, à Champel, le 27 octobre 1553.

    * 238 Ibid.

    * 239 Ibid.

    * 240 Ibid.

    * 241 Ibid.

    * 242 Ibid.

    * 243 Ibid.

    * 244 Ibid.

    * 245 Ibid.

    * 246 Ibid.

    * 247 J. CALVIN., L'institution chrétienne, Livre troisième, Editions Kerygma-Editions Farel, 1978, p. 365.

    * 248 Ibid.

    * 249 Ibid.

    * 250 Ibid.

    * 251 Ibid

    * 252 Cf. Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2006 déjà cité.

    * 253 Ibid.

    * 254 Ibid.

    * 255 Ibid.

    * 256 Cf. Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2006 déjà cité.

    * 257 Ibid.

    * 258 Ibid.

    * 259 Ibid.

    * 260 Ibid.

    * 261 Ibid.

    * 262 Ibid.

    * 263 Ibid

    * 264 Ibid.

    * 265 Ibid.

    * 266 Ibid.

    * 267 Ibid.

    * 268 Le Petit Robert, Dictionnaire de la langue française, Nlle éd., Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, p. 588. Col. 2.

    * 269 Ibid.

    * 270 Il va falloir indiquer que les confessions ou les religions ayant en commun la croyance à une divinité ou à des divinités. Ainsi, elles peuvent être mono ou polythéistes, initiatiques, révélées ou primitives (animisme, chamanisme, fétichisme, totémisme). Les religions grecque, romaine (mythologie) ; religion celtique (druidisme), les religions d'Orient (Bouddhisme, brahmanisme, hindouisme, jainisme, tantrisme, védisme, manichéisme, mazdéisme, confucianisme, shintoïsme, taoïsme), la religion chrétienne avec le christianisme ; la religion juive avec le judaïsme ; la religion musulmane avec l'islamisme ou islam.

    * 271 Ibid.

    * 272 Ibid.

    * 273 Ibid.

    * 274 Nouveau Dictionnaire Biblique révisé et augmenté, Saint- Légier, Emmaüs, 2004, p. 307.

    * 275 Ibid.

    * 276 Ibid.

    * 277 Ibid., p. 308.

    * 278 Ibid.

    * 279 Ibid.

    * 280 L. GAGNEBIN, Le Protestantisme, un exposé pour comprendre, un essai pour réfléchir, Evreux, Dominos Flammarion, 1997, p. 9.

    * 281 Ibid.

    * 282 L'auteur examine la quiddité de l'Eglise dans l'essence du protestantisme entre les pages 36- 49.

    * 283 Lire L. GAGNEBIN., op. cit., p. 36.

    * 284 Ibid., p. 38.

    * 285 Ibid., pp. 41-44.

    * 286 Lire L. GAGNEBIN., op. cit., pp. 41-44.

    * 287 Ibid., p. 45.

    * 288 Mais il faut indiquer que la neutralité conciliatrice de l'auteur ne se maintient plus quand il lui arrive, dans son deuxième chapitre, de parler de la manière d'être du protestantisme et cela particulièrement par rapport au catholicisme. Il met en évidence des caractéristiques, des marques typiquement protestantes qu'il fait siennes sans verser dans la subjectivité.

    * 289 H. BOST et J. BAUBÉROT, (dossier de l'Encyclopédie du Protestantisme N° 9), Genève, Labor et Fides, 2000, p. 24.

    * 290 Ibid

    * 291 F. DURRLEMAN, Initiation protestante, Lausanne, édition de l'Eglise Nationale Vaudoise, 1945, p. 148-149.

    * 292 R. DE PURY, Qu'est-ce que le Protestantisme ? Préface de Pierre Bourguet, Paris, « Les Bergers et les Mages », 1961, pp. 94-95.

    * 293 F. DURRLEMAN, op. cit., pp. 94-95.

    * 294 M. LUTHER cité par H. BOST et J. BAUBÉROT, op. cit., pp. 20-21.

    * 295 L. GAGNEBIN, op.cit., p. 38.

    * 296 Ibid.

    * 297 Ibid.

    * 298 Ibid.

    * 299 F. DURRLEMAN, op. cit., pp. 148-149.

    * 300 R. DE PURY, op. cit., p. 92.

    * 301 L. GAGNEBIN, op. cit., pp. 28-29.

    * 302 R. DE PURY, op. cit., p. 26.

    * 303 L. BOUYER, Du Protestantisme à l'Eglise, Paris, Cerf, 1954, p. 64.

    * 304 L. GAGNEBIN, op. cit., pp. 80-81.

    * 305 J. BAUBÉROT et H. BOST., Protestantisme, Dossiers de l'Encyclopédie du Protestantisme, Paris, Labor et Fides, 2000.

    * 306 Lire H. BOST à la p. 7 dans l'introduction de leur ouvrage commun pour plus compréhension. Car comme il l'écrit, au cours des siècles, lest termes « protestant » et « protestantisme » ne furent pas limités qu'aux Églises directement issues de la Réforme (luthériens, zwingliens, calvinistes, etc), mais ils servirent aussi à désigner des communautés pré-réformatrices (vaudois, hussites) et des formations ecclésiales ultérieures (baptistes, congrégationalistes, méthodistes, pentecôtistes, etc.). L'anglicanisme appartient également à ce courant, même s'il se comprend comme une forme médiane entre catholicisme et Réforme et éprouve quelques réticences envers l'adjectif « protestant ».

    * 307 E. FOUQUET (Sous dir.), Dictionnaire hachette, Paris, Hachette libre, 1988, p. 662.

    * 308 J. BAUBÉROT et H. BOST, « Le principe protestant » in P. GISEL (dir.), Encyclopédie du protestantisme, Paris/Genève, Edition du Cerf/Labor et Fides, 1995, p. 1215.

    * 309 Ibid.

    * 310 Ibid.

    * 311 Ibid.

    * 312 L. GAGNEBIN., p. 26.

    * 313 Ibid.

    * 314 J. BAUBÉROT et H. BOST, op. cit., p. 1218.

    * 315 C. SERFASS et J. ROCHE, Qu'est-ce que le protestantisme, Paris, Berger-Levrault éditeurs, 1930, pp. 99-100.

    * 316 J. BAUBÉROT et H. Bost, op.cit, p. 1218.

    * 317 P. GISEL (dir.), op.cit., p. 1217.

    * 318 Cf. Encyclopédie Encarta., Collection Microsoft ® Encarta ® 2006. (c) 1993-2004 Microsoft Corporation.

    * 319 P.GISEL (dir), op. cit., p. 1217.

    * 320 L. GAGNEBIN, op. cit., p. 14.

    * 321 Ibid.

    * 322 J. BAUBÉROT et H. BOST., op. cit., p. 18.

    * 323 L. GAGNEBIN., op. cit., p. 26.

    * 324 Ibid.

    * 325 F. DÜRRLEMAN., op. cit., p.194.

    * 326 Comme l'écrit MUSHILA Nyamankank, déjà en 1520, dans son Von der Freiheit eines Christenmenschen adressé au Pape Léon X, Luther situe verticalement la liberté chrétienne qu'il fonde sur la doctrine de la justice. Par contre, horizontalement, le chrétien est appelé a demeurer esclave. « Le libre arbitre et les élections dans la pensée sociale protestante » in RCTP, n° 18-19, 2005-2006, pp. 79-89.

    * 327 J. BAUBÉROT et H. BOT, op.cit, p. 21.

    * 328 Cf. Encyclopédie Encarta., op.cit., Collection Microsoft ® Encarta ® 2006 (c) 1993-2004 Microsoft Corporation.

    * 329 Ibid.

    * 330 L. GAGNEBIN, op.cit., p. 27.

    * 331Ibid.

    * 332 Ibid., p. 106.

    * 333 Ces principes sont ceux de : Soli Deo gloria « à Dieu seul la gloire » ; Solus Christus, « le Christ seul » (contre l'autorité de la Tradition, Pères, Conciles, Papes, qui viendrait s'y ajouter) ; sola gratia, « la grâce seule » (contre une théologie où les oeuvres humaines contribueraient à l'obtention du salut) ; Sola fide, « la foi seule » (contre une théologie faisant dépendre la relation à Dieu de l'observance des réglementations ecclésiastiques. Toutes sensibilités confondues, les protestants partagent ces points fondamentaux.

    * 334 L. GAGNEBIN, op. cit., p. 51.

    * 335 Ibid., p. 55. Nous pensons qu'à cette liste, on pourrait ajouter l'Eglise pentecôtiste.

    * 336 Selon l'auteur, la Bible n'est pas pour les protestants un mausolée sacré et intouchable, ni un tombeau vide. Elle n'est pas sacrée dans ce sens qu'elle est simultanément ouverte à tous, croyants et non croyants, simples lecteurs et savants et habitée par la présence de Dieu de Jésus-Christ qui transcende nos recherches, nos lectures et nos approches fragiles.

    * 337 Ibid., p. 57. C'est comme Oscar Cullmann pourrait bien le défendre dans son ouvrage sur L'unité dans la diversité. Le protestantisme se comprend dans unité qui accepte la diversité. Il rassemble toutes ses différentes dénominations qui s'acceptent dans leur diversité.

    * 338 Ibid., p.67.

    * 339 Ibid., p. 78.

    * 340 Ibid.

    * 341 Ibid.

    * 342 Ibid., pp. 78-79.

    * 343 A en croire L. GAGNEBIN, l'esprit d'excédent de bagages traduit le goût de l'artifice et du cliquant, de l'exagération. On préfère être aimé pour ce qu'on n'est pas. Paraître sans réellement être.

    * 344 Ibid., p. 82.

    * 345 Ibid., p. 96.

    * 346 Ibid., p. 62.

    * 347 Les principes spécifiques du protestantisme peuvent aussi être considérés des principes fondamentaux.

    * 348 Ibid., p. 64. Il faut aussi mentionner avec l'auteur le triomphe de la pluralité. C'est dans le domaine des textes et paroles de ses différentes parties, les cantiques et prières, le déroulement et la fréquence de la cène...font aussi montre d'une diversité insoupçonnée. Ce qui fait preuve d'une invention créatrice, d'une richesse nourrie par les siècles et des usages bien spécifiques.

    * 349 Ibid., p. 64. L'auteur nous propose là la Confession de foi utilisée par les protestants français aujourd'hui dans leur liturgie.

    * 350 Confession de foi de l'Église du Christ au Congo.

    * 351 Cf. Nous trouvons ce résumé que nous avons récupéré sur le site «  http://fr.wikipedia.org/ wiki/Protestantisme ». Dernière modification de cette page le 18 juillet 2007 à 14:53.

    * 352 Ibid.

    * 353 Ibid.

    * 354 Ibid.

    * 355 Ibid.

    * 356 Ibid.

    * 357 Ibid.

    * NOTES DU PREMIER CHAPITRE

    358 N'KWIM Bibi-Bikan insiste sur la distinction à faire entre les termes « mission » et « Missions » chaque fois qu'on parle de l'évangélisation au Congo. Il faut noter que le premier se rapporte au devoir de proclamer l'Évangile à tous les hommes. Il désigne aussi la tâche globale que Jésus-Christ a confiée à l'Église incluant la responsabilité sociale, culturelle et politique. Le deuxième terme désigne les organismes qui permettent à l'Église d'envoyer des messagers de la Bonne Nouvelle pour l'accomplissement de l'ordre suprême du Christ comme le rapportent les Évangiles.

    * 359 Rév. MASAMBA ma Mpolo, interviewé le 21 octobre 2006, sur l'historique de la Paroisse et sur la vie des chants de recueils dans la liturgie des cultes.

    * 360Rév. LOSSO Ngiama, Représentant Régional de la CBFC/Kinshasa, interviewé le 15 septembre 2007 sur les chants traditionnels dans les cultes organisés à Kinshasa.

    * 361 Rév. MOSSI Nzimba, ancien Représentant de la CEUM à Kinshasa, interviewé le 6 juin 2007 sur l'état de lieux des chants de recueils dans nos cultes.

    * 362 La CEUM compte 7 grandes paroisses à Kinshasa, à savoir : Paroisse de Kasa-Vubu, Paroisse de Kinkole, Paroisse de Kinsuka, Paroisse de Livulu, Paroisse de Kingasani, Paroisse de Mbanza-Lemba et la Paroisse de Matadi-Mayo.

    * 363 Pasteur MUSUAYA Tshimbombo, interviewé le 20 juin 2007 sur l'historique et la liturgie du culte à la Paroisse CPK/Yolo.

    * 364 Rév. Médard MINGASHANGA, interviewé le 5 octobre 2006 sur la vie des chants traditionnels dans les cultes organisés à la Paroisse CPK/Yolo.

    * 365 Cf. MUYILA Ikie-Ikie, D., Paroisses universitaires protestantes du Congo-Kinshasa, Dynamique d'une vision missionnaire, Kinshasa, Ed. P.P.U.KIN, 2005.

    * 366 Ibid., p. 452.

    * 367 Ibid.

    * 368 Ibid.

    * 369 Ibid.

    * 370 Ibid.

    * 371 Ibid.

    * 372 Ibid.

    * 373 Ibid.

    * 374 Ibid.

    * 375 Ibid.

    * 376 Ibid.

    * 377 Ibid., p. 60. Nous réalisons ce travail en 2007 alors que l'auteur écrivait sur cette paroisse vers 2001.

    * 378 Ibid., p.61.

    * 379 Ibid.

    * 380 Ibid., p. 62.

    * 381 Ibid.

    * 382 Ibid., p. 63.

    * 383 Ibid.

    * 384 Ibid.

    * 385 MUYILA signale qu'après l'acceptation avec joie de l'invitation des frères catholiques à prier dans la même cathédrale qu'eux, il s'est posé un véritable cas de conscience pour les membres de la PPCKIN qui ont demandé, conformément à Ex 20, 4, qu'aucune représentation ne put subsister dans les lieux communs des cultes. Un compromis fut trouvé de débarrasser lesdits lieux pendant le déroulement des cultes, de tout ce qui incarnait l'idolâtrie, selon la foi de l'Eglise Evangélique Réformée, à savoir : la statue de la Vierge Marie, les reliques des saints, l'hostie, le crucifix, etc.

    * 386 Ibid., pp. 71-72.

    * 387 NKULU Kankote Kisula, interviewé le 12 novembre 2007.

    * 388 NSUMBU Pezo Nsakala, Mémoire déjà cité.

    * 389 Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/liturgie//.

    * 390 Ibid.

    * 391 Cf. Theo, L'Encyclopédie catholique pour tous, Paris, Droguet-Ardant Fayard, 1992, p.905.

    * 392 M. METZGER., Histoire de la liturgie : les grandes étapes, Paris, Desclée, 1994, p.12.

    * 393 MASAMBA ma Mpolo et MENGI Kilandamoko, « Recueil des textes liturgiques », Kinshasa, UPC, (Inédit), 1998, p. 8.

    * 394 Lire A.N. BERTRAND., Protestantisme, Paris, « Je sers », 1931, p. 58.

    * 395 Cf. M. THURIAN., Liturgie, Eucharistie de Lima, Genève, COE, 1983, p. 1.

    * 396 Cf. Dictionnaire de Liturgie., Vannes, CLD, 1982.

    * 397 Ibid., p. 202.

    * 398C. ANDRONIKOV., Le sens de la liturgie, Paris, Cerf, 1988, p.3.

    * 399 Ibid., p. 189.

    * 400 Lire les travaux de S. KERRIEN sur www. Google.fr/chant et liturgie/; http://catholique-saint.brieuc.cef.fr_serge_kerrien_

    * 401 Ibid.

    * 402 Ibid.

    * 403 Ibid.

    * 404 S. KERRIEN., art. cité.

    * 405 Ibid.

    * 406 Cette liturgie a organisé le culte protestant pendant toute la période des Missions voire après la naissance de l'Eglise du Christ au Congo. Cette liturgie missionnaire est de plusieurs versions car héritées presque toutes des missionnaires. Toutefois, il est rare qu'une même Eglise utilise deux versions à la fois. Ainsi on peut énumérer quelques-unes: « Njela na Kokamba Losambo » (connu dans le milieu intercommunautaire de Kinshasa), « Mokanda na Kobongisa Lingomba » (connu dans le milieu de la CPK), « Ntwadusulu a Tukutakanu » ( connu dans le milieu de la CBCO et autres), « Nsongi asalu biankaka biamabund »( connu dans le milieu de la CEC et autres)  Et cela avant que les Eglises membres de l'ECC subissent la poussée du pentecôtisme, mais bien plus la menace de la musique commerciale de variétés qui a fait son entrée dans les Eglises.

    * 407 Le lingala est l'une des langues nationales les plus parlées de la RD Congo.

    * 408 Recueil liturgique, « Njela na kokamba losambo », Kinshasa, CEDI, éd. 1987. Il faut toutefois mentionner que d'autres versions comme celle en Kikongo « Ntwadusulu a Tukutakanu » utilisée aussi par beaucoup de communautés de l'ECC existait déjà depuis les années 1967, à l'époque de LECO. Cette liturgie comprend trois parties principales: la première, donne l'ordre de service d'un culte dominical ordinaire ; la deuxième donne l'ordre d'un service de baptême et la troisième celui d'un service de dédicace d'un temple.

    * 409 Cf. Recueil Liturgique, op. cit., p. 71.

    * 410 Lire MONDENGO Iyoka Bodiabibami, M., « Pour une hymnologie protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé Diawaku. », Mémoire cité, pp. 37-41.

    * 411 Cf. LUSAKWENO Vangu., Mémoire cité, p. 5.

    * 412Ibid.

    * 413 A la suite de NSUMBU Pezo Nsakala nous pouvons définir Les chants d'animation comme étant ceux qui font animer le culte à Kinshasa et ailleurs. Ils font danser et crier de joie. Ces chants sont aussi ceux d'ensemble ; écrits sous forme de chants populaires, ils sont très faciles à retenir et généralement très connus car tirés de la mémoire commune du peuple. Souvent, les chants d'animation se chantent avec une voix solo qui lance et un choeur de l'assemblée répond, avec une cadence ponctuée par le battement d'un tam-tam et les instruments de musique.

    * 414 Cf. NKULU Kankote Kisula., art. cité.

    * 415 Ces chants, comme les définit NKULU Kankote Kisula, sont souvent les traductions, en langues vernaculaires congolaises, des (vieux) cantiques anglo-saxons importés par les évangélisateurs sur le sol congolais. Ils sont faits de la musique savante occidentale. Ils sont l'oeuvre de la Mission pour les assemblées en prière (individuelles ou collectives) et font l'objet de la notation.

    * 416 On sait que J. MOLTMANN est l'un de ceux qui affirment que l'Eglise ne doit pas seulement être là où la parole est prêchée et les sacrements correctement administrés (le Baptême et la Sainte-Cène), mais encore et surtout là où il y a des manifestations du Saint-Esprit. De cette affirmation, nous pouvons être porté à croire que cet auteur s'aligne dans les présupposés communs des théologiens de l'Eglise qui reconnaissent en la proclamation de la Parole et l'administration de la Cène et du baptême même s'il apporte une nuance capitale par rapport aux manifestations du Saint-Esprit dans l'Eglise. On peut lire avec intérêt son ouvrage intitulé L'Eglise dans la force de l'Esprit. Une contribution à l'ecclésiologie moderne, Paris, Cerf, 1980, p. 92.

    * 417 Cf. Nous faisons allusion ici au Livre des Actes des Apôtres chapitre 2, verset 42.

    * 418 M. THURIAN., Baptême, Eucharistie, Ministère, Paris, Centurion, 1982, p. 25.

    * 419 Cf. Recueil liturgique, op.cit, p. 40.

    * 420 Les nouveaux baptisés disent oui à l'Eglise du Seigneur, à la foi et à la prière, et à proclamer l'Evangile par le témoignage personnel. Ici, c'est souvent le texte de Rm 12, 10-12 qui est exploité.

    * 421 Devant Dieu et son Eglise rassemblée, les nouveaux baptisés se tiennent sur leurs genoux et reçoivent la bénédiction que prononce le pasteur de la part du Seigneur.

    * 422 The Worship, Sourcebook est un des riches et récents recueils liturgiques au service de l'Eglise du Seigneur. Il est co-publié en 2004 par trois grandes institutions de l'Eglise Américaine sous la préface d'E. R. BRINK, Editeur du Reformed Worship et de J.D.WITVLIET, Directeur de Calvin Institute. Les trois maisons sont : The Calvin Institute of Christian Worship, Faith Alive Christian Resources, Baker Books, Grand Rapids, Michigan, 2004..

    * 423 Ibid., p. 307.

    * 424 Cf. C'est le résumé de la traduction (française indirecte) que nous faisons de ce passage. La version anglaise tirée du recueil est la suivante: «Jesus took bread, gave thanks, broke it, and gave it to the disciples. So we take bread announcing that it is God's faithfulness to us. We break the bread, with gestures of hospitality. We offer it to the gathered community in love.»

    * 425 Ce cas, de notre expérience, n'est pas du tout pareil à celui du temps de la passion où le Jeudi saint offre réellement une occasion exceptionnelle d'une célébration de la Sainte-Cène.

    * 426 Faisons remarquer que les paroisses que nous avons suivies marchent, elles aussi, à ce même rythme d'une fois le mois l'administration de la Sainte-Cène.

    * 427 Il convient d'indiquer que ces rassemblements peuvent prendre une semaine, dix jours ou plus. Les Eglises Pentecôtistes et celles de Réveil à Kinshasa organisent des rassemblements qui prennent plusieurs jours allant même jusqu'à faire des mois de jeunes et prières.

    * 428 Il convient de relever qu'il existe aussi des périodes liturgiques qui sont : l'Avent-Noël, l'Epiphanie qui va jusqu'au temps de la Passion, la passion-Pâques, l'après-Pâques, la Pentecôte, et le temps de l'Eglise qui va de la Pentecôte à l'Avent.

    * 429 NSUMBU Pezo Nsakala, « La place de la chanson dans le culte protestant : Cas de la Communauté Evangélique du Zaïre  », Mémoire cité, p. 12.

    * 430 « L'idéologie du cantique jetable : sitôt utilisé, sitôt jeté » est une préhension Kerrienne de la problématique des chants mondialisés et commercialisés qui dérangent nos cultes.

    * 431 B. LAURET, F. REFOULE., Initiation à la pratique de la théologie, Paris, Cerf, 1987, p.157.

    * NOTES DU DEUXIEME CHAPITRE

    432 Nous faisons une fois de plus allusion à la thèse déjà citée de N'KWIM Bibi-Bikan. Car les études que cet auteur a menées constituent une banque de données pour les grandes questions du protestantisme congolais.

    * 433 J. BLANDENIER., Précis d'histoire des missions, Vol 2 : Du XIX e siècle au milieu du XXe siècle. L'essor des Missions protestantes, Ed. de l'Institut Biblique de Nogent, Ed. Emmaüs, 2003. Cet auteur est missiologue, responsable de la formation des Assemblées évangéliques de Suisse romande.

    * 434 Ibid., p. 368.

    * 435 KOMY Nsilu Diakubikwa, L'Église du Christ au Zaïre à la recherche d'une unité 1902-1977, thèse présentée à la Faculté Universitaire de Théologie Protestante de Bruxelles pour obtenir le grade scientifique de Docteur en Théologie Protestante, thèse n° 12, Bruxelles, juin 1984.

    * 436MENGI Kilandamoko, L'évangélisation missionnaire protestante face à la culture Kongo. L'enracinement de l'Évangile dans une culture, Thèse de doctorat, Laval, 1981.

    * 437 N'KWIM Bibi-Bikan, Cf. Thèse citée.

    * 438VIBILA Vuadi., Femmes et réflexion théologique. Vers une pratique ecclésiale émancipatrice (Cas du Zaïre), Hambourg, Verl. An der Lottbek Jensen, 1997.

    * 439 L'expression est de N'KWIM Bibi-Bikan.

    * 440 J. BLANDENIER., op.cit, p. 233.

    * 441 Cf. N'KWIM Bibi-Bikan., op.cit, p. 51.

    * 442 Ibid., p. 7. Ces propos sont ceux du missionnaire et théologien L. NEWBIGIN.

    * 443 Les Américains comme Dr. A. SIMS, J. WEEKS sont des figures de proue de l'oeuvre missionnaires au Congo. Sur ce, lire l'ouvrage d'E.M. BRAEKMAN, Histoire du protestantisme au Congo, Bruxelles, Ed. Des Éclaireurs Unionistes, 1961.

    * 444Cf. N'KWIM Bibi-Bikan, thèse citée, p. 70. Cet auteur nous présente 7 principaux critères des missionnaires pour construire une station missionnaire : 1. Une source d'eau à boire et à laver pour toute la communauté d'étudiants, d'enseignants, de travailleurs et de malades ; 2. Un forêt à exploiter pour les planches qui serviraient à la construction des bâtiments et de meubles ; 3. L'argile pour fabriquer les briques ; 4. Un lieu assez élevé pour éviter les moustiques ; 5. Un terrain suffisamment bon pour les jardins de toute la communauté ; 6. La proximité d'une rivière empruntée par les bateaux pour le transport ; 7. Un endroit au centre des populations, mais pas dans un village déjà habité.

    * 445 Ibid., pp. 190-191. Il faut relever avec l'auteur à la suite de KIMPIANGA Mahaniah que la structure de l'enseignement protestant qui avait connu pourtant une évolution rapide suivant les différentes périodes de l'existence des missions protestantes, avait pour salles de classe la maison et les vérandas des maisons des missionnaires voire à l'ombre des grands arbres. Mais plus tard, cette structure se transformera et créera vers le début des années 1900 les « écoles centrales normales » ou « écoles unies » et concrètement en 1908 l'A.B.F.M.S. et la B.M.S. entreprirent la création à Kimpese d'une école dénommée « Kongo Evangelical Training Institution ». Cette école deviendra en 1933, l'École des Pasteurs et d'Instituteurs (E.P.I.). La S.M.F. se joindra aux deux premières sociétés de mission en 1937.

    * 446 Ibid., pp. 192-193. En 1922, écrit N'KWIM, la Mission Méthodiste du Congo Sud (M.M.C.S.) fonda une école de formation à Kanene au Katanga et celle-ci sera transférée à Mulungwishi sous le nom de « Institut Springer » ; tandis que la D.C.C.M. créa l'Institut chrétien congolais pour former les Pasteurs et les instituteurs congolais en 1927 à Bolenge. En 1968, il fut créé à Kinshasa une école théologique évangélique (E.T.E.K.) qui deviendra en 1974, l'Institut Supérieur de Théologie de Kinshasa (I.S.T.K.). Et dans le souci de créer une institution supérieure dépassant le niveau des écoles des Pasteurs, N'KWIM écrit à la suite de MUNAYI que l'idée de créer une faculté de théologie protestante pour le Congo Belge et Ruanda-Urundi retiendra l'attention de la Conférence consultative de l'éducation théologique du Congo et du Ruanda-Urundi. Mais plus tard, c'est l'Université Libre du Congo qui naîtra le 23 novembre 1963 à Kisangani.

    * 447 Ibid., pp. 218-221. Cet auteur nous retrace les péripéties de la création et de l'évolution des tout premiers centres médicaux protestants au Congo avec des docteurs missionnaires qualifiés qui furent bénéfiques non seulement aux protestants mais aussi aux fidèles des autres groupes chrétiens ou laïcs installés au Congo et même aux agents de l'Administration coloniale. Car, comme le soutient N'KWIM, les missionnaires protestants tenaient à ce que l'enseignement, la littérature et le service de la santé fassent route ensemble avec la prédication de la parole de Dieu. A côté de ces centres, il y avait toujours des écoles du personnel médical, les écoles d'assistants médicaux, en l'occurrence de l'Institut Médical Evangélique de Kimpese, l'I.M.E.

    * 448 Ibid., pp. 167-172. N'KWIM dans ces pages nous retrace l'histoire de la première revue protestante au Congo Belge « Congo Mission News » (C.M.N.), lancée officiellement en 1912. Cette revue, bien qu'aidant à maintenir le contact entre les missionnaires en vue de l'unité et mieux s'informer sur l'oeuvre missionnaire, elle a aussi été pour beaucoup dans la dénonciation par les missionnaires des abus coloniaux au Congo Belge. L'auteur signale aussi le lancement de la revue en langue française, appelée « Évangile en Afrique » qui servait de trait d'union entre tous les chrétiens qui habitaient les colonies de Langue française. « Évangile en Afrique » transmettra le flambeau à « Envol » et à ses filiales « Oyebi » en lingala, « Sikama » en Kikongo, « Sankai » en tsiluba et  « Neno la Imani » en swahili.

    * 449 Ibid., p. 169. Pour les origines de la librairie au Congo protestant, N'KWIM les situer au milieu du 1935. A ce propos, on peut retenir ce suit : en 1935, La librairie des Missions Evangéliques (L.M.E.) fut créée. Cette entreprise est le produit de la coopération missionnaire dans le domaine de la production et de la distribution de la littérature chrétienne. C'est pour mettre en pratique l'une des résolutions prises lors de la Conférence générale des Missions Protestantes au Congo. Cette conférence tenait à avoir un lieu de dépôt central pour Bibles ainsi qu'une librairie, ceci pour faciliter et rendre meilleur l'obtention de livres et de fournitures nécessaires aux églises et aux écoles des missions. Dix ans après, c'est-à-dire en 1945, suite aux affres et conséquences de la guerre de 40-45, la Librairie des Missions au Congo, la L.M.E. deviendra la Librairie Evangélique au Congo, (LECO) et en 1972, enfin LECO devint le Centre Protestant d'Éditions et de Diffusion, le CEDI avec objectifs ci-après : « produire et distribuer la littérature chrétienne et générale ; fournir le matériel didactique ; informer, éduquer et encourager les jeunes auteurs ». D'une manière pratique, insiste cet auteur, CEDI fonctionne dans trois secteurs d'activités principales qui sont l'édition, l'imprimerie et la librairie.

    * 450 Nous nous referons ici à une de nos précédentes études. Il s'agit de notre Mémoire de Licence, déjà cité, sur publié sur www.musicologie.org.

    * 451 Ibid.

    * 452 Ibid.

    * 453 Nous nous référons aux grands thèmes des poèmes qui ont véhiculé les idées théologiques dans les chants que James Lyon nous a présenté dans les questions hymnologiques à la Reforme et les siècles qui se sont suivis dans son ouvrage cité.

    * 454 Ici on n'aura pas les mêmes raisons que celles qu'avançait E. WEBER. Car cet auteur affirmait que compte tenu de l'énorme production de chorals et cantiques allemands depuis la Réforme, les Psaumes étaient quantitativement minoritaires chez les luthériens. Les raisons du quasi absence des Psaumes dans les recueils produits au Congo se trouveraient cachées dans le travail de la traduction. De nombreux recueils anglo-saxons ne reprennent pas non plus les Psaumes, sauf à quelques rares raisons.

    * 455 Cf. MONDENGO Iyoka Bodiabibami, mémoire cité, pp. 33-35. Il convient de souligner que la compréhension des caractéristiques générales que nous nous faisons des recueils des chants protestants est celle qui peut s'afficher en les éléments fondamentaux suivant: 1. Basée sur le texte biblique magnifiant les hauts faits de Dieu, son amour manifesté en Jésus Christ. Aussi sur l'amour de Christ et l'oeuvre du Saint-Esprit ; 2. Généralement réunie en recueils de chants traditionnels traduits en langues vernaculaires ; 3. Forgée de textes intelligibles, pour tous les fidèles et souvent les hymnographies sont des prédications à part entière ; 4. Composée pour la communauté en prière et arrangée pour un accompagnement à trois ou quatre voix créant une sorte de polyphonie dans l'exécution ; 5. Écrite en vers mesurés autour de psaumes et autres types, mais souvent et malheureusement sans musique ; 6. Faite de mélodies, souvent empruntées à des mélodies populaires occidentales (anglo-saxonnes très souvent), récupérées pour le temple ; 7. Présentée, dans son contenu, suivant un ordre de thèmes : les chants pour louanges à Dieu, personne et oeuvre de Jésus-Christ, personne et oeuvre du Saint-Esprit, évangélisation, vie chrétienne et le miroir de tous ses moments : prière, parole de Dieu, épreuves et consolations, confiance, combats et victoires, consécrations (...) espérance chrétienne, chants de circonstances, chants pour enfants de l'école du dimanche. En plus de ces thèmes, on y trouve les noms de compositeurs et/ou traducteurs ou hymnographes ... Souvent une table des matières y est présentée ; 8. Pour beaucoup, la traduction ou l'hymnographie des chants de recueils au Congo s'est faite à partir de la musique des auteurs compositeurs occidentaux. C'est pour cela que la plupart de ses recueils de cantiques reprennent les sources ci-après selon que le recueil est produit par telle ou telle mission : AA pour African Airs, AH pour Alexander's Hymns, AS pour Andliger Singer, BCH pour Baptist Church Hymnal (1900 Ed.), BCHR pour Baptist Church Hymnal (Revised. Ed.), BK pour Blandade Koren, CC pour Christian Choir, CED pour Cantiques des Ecoles de Dimanche, CSSM pour Children's Special Service Mission, CV pour Chants de Victoire, ES pour Evangeliska Sanger, H pour Hymnarium, HCF pour Hymns of Consecration and Faith, HCL pour Hymns of Christian Life, HT pour Hymns for Today, JS pour Jubilee Songs, MH pour Methodist Hymnal, MM pour Minkunga Miayenge, MMM pour Minkunga Miayenge Miamona, MSH pour Methodist School Hymnal, NS pour Nya Sanger, OBC pour Oxford Book of Carols, RFSN pour Religious Folk Songs of the Negro, S pour Segertoner, SAHB Salvation Army Hymn Book, SATB pour Salvation Army Tune Book, SMF pour SMF Songbok, SO pour Solsskenssanger, SOP pour Song Och Psalmer, SP pour Song of Praise, SSS pour Sacred Songs and Solos (Sunday's 1200), SSH pour Sunday School Hymnary, U pour Ungdomssanger.

    * 456 L.H. DALMAIS., Initiation à la Liturgie, Paris, Desclée de Brouwer, 1958, p. 54.

    * 457 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 7.

    * 458 Une remarque toujours nouvelle de M. THURIAN rappelle les acteurs de la liturgie sur le déroulement d'un rassemblement cultuel. En effet, « tous les éléments d'un culte forment un tout » 459 nous indique cette remarque. C'est ainsi qu'à la suite de Nsumbu, nous pouvons renchérir que ces éléments liturgiques sont toujours placés dans la liturgie suivant un certain ordre qui établit, aisément, l'enchaînement des faits et actes.

    * 460 Dans nos précédentes études, Auboyer cite Chouraqui qui le dit si bien dans un de ses commentaires sur les psaumes, quand il écrit: « Lentement l'âme du psalmiste devient notre âme, son combat notre combat, sa douleur notre douleur, son agonie notre agonie, celle de tous les hommes qui, dans les siècles des siècles donnèrent leur vie en cette vive flamme. Lentement notre âme se pénètre et se nourrit de l'âme éternelle du chantre d'Israël, l'éclat qui le bouleverse, nous transperce, la lumière qu'il requiert nous éblouit, elle transfigure nos ténèbres en ineffable joie. Une voix nous habite et nous ravit: elle nous arrache à nos limites, nous fait traverser les murs de nos prisons, nous marie aux splendeurs soudain plus proches de nous que nous mêmes : un visage nous éclaire, une présence nous féconde, et sur la voie de la vraie connaissance un chant nous porte tout au bout de la nuit, dans ta lumière, Jérusalem. ». Lire J. AUBOYER et all, Histoire générale des religions, Paris, Librairie Aristide Quillet, 1960.

    * 461 J.D. WITVLIET., The Biblical Psalms in Christian Worship. A Brief Introduction & Guide to Resources, Grand Rapids, Eerdmans, 2007.

    * 462 J.D. WITVLIET., op. cit, p. 14.

    * 463 Ibid.

    * 464 Ibid.

    * 465Il est vrai que dans quelques-unes de nos études déjà citées, nous évoquions cette question de l'utilisation des psaumes dans la vie des chrétiens. Nous faisons allusion à notre réflexion sur « Le chant et la joie. Question de préséance jacobine », et surtout notre « Pour une hymnologie protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé DIAWAKU, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2000. www.musicologie.org/publirem/mondengo_ theologie_efficiente_fin.html - 32 k. C'est à l'exemple du Christ qui chantait, priait, répétait et lisait les psaumes bibliques que nous encouragions cette pratique. Chouraqui ne trouvait-il pas en psaumes le miroir de la vie sur terre quand il écrit : « 150 miroirs de nos révoltes et de nos fidélités, de nos agonies et de nos résurrections? »

    * 466 J.D. WITVLIET., op. cit., 17.

    * 467 Nous n'allons pas, dans cette étude, approfondir la réflexion sur les liens entre psaumes et la métaphore comme le fait J.D WITVLIET dans cet ouvrage cité, pp. 17-22. On sait que les questions sur les psaumes et la métaphore voire la théologie de métaphore ont intéressé et intéressent encore nombre des théologiens à nos jours. WITVLIET nous propose les études de W. BRUEGGMANN, « The Psalms as Prayer », in The Psalms and the Life of Faith; W.P BROWN, Seeing the Psalms: A Theology of Metaphor (Louisville: Westminster John Knox Press, 2002); L. RYKEN, «Metaphor in the Psalms», in Christianity and Literature 31( 1982): 9-30; B. P. GREEN, O.P., Like a tree Planted: An Exploration of Psalms and Parables Through Metaphor (Collegeville, MN: Liturgical Press, 1997). Dans ce rang, il faut aussi compter les travaux de: M. SEARLE, «Liturgy as Metaphor» in « Language and Metaphor», a theme issue of Liturgy: Journal of the Liturgical Conference 4, no. 4(1985); G. RAMSHAW, Christ in Sacred Speech (Philadelphia: Fortress Press, 1986), and Liturgical Language: Keeping It Metaphoric, Making Inclusive (Collegeville, MN: Clarendon Press, 1965); J. Soskice, Metaphor and Religious Language (Oxford: Clarendon Press, 1965) et WITVLIET, lui-même dans son «Metaphor in Liturgical Studies: Lessons from Philosophical and Theological Theories of Language, «Liturgy Digest» 4, no. 1 (1997): 7-45.

    * 468 J. RATZINGER, op. cit.

    * 469 Le Petit ROBERT LAROUSSE, op. cit., p. 1976, Col 2.

    * 470 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 45.

    * 471Ce chant est d'origine anglo-saxon. Son titre connu en Anglais est « This is the day that the Lord has made », de Fiji Island Melody, in Junior Praise, (JP). 255 London, Music Edition, 1986.

    * 472Entendons par là le sens anglo-saxon du culte qu'on célèbre en l'honneur de l'Eternel et non le sens d'un élément du culte comme cela se conçoit aujourd'hui dans les rassemblements cultuels à Kinshasa.

    * 473 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 48.

    * 474 Ibid., p. 56.

    * 475 Ce chant est d'origine anglo-saxonne. Son titre connu en anglais est « This is the day that the Lord hath made ».

    * 476 Les Psaumes qui servent des paroles au prélude sont aussi valables pour l'accueil. Au fait, les deux moments ont des traits communs.

    * 477 L'idée ici est celle du Psaume 133 où il est agréable pour des frères et soeurs de demeurer ensemble.

    * 478 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 68.

    * 479 Ibid.

    * 480 Ce cantique est une traduction anglaise de « Jesus stand among us », BCHR no.586,

    * 481 Cantique traduit de l'anglais « Holy, holy, holy », SSS no. 22, BCH no.25.

    * 482 Cantique traduit de l'anglais « Praise my soul » SSS no.1, BCH no. 560.

    * 483 Cantique traduit de l'anglais « All people that on earth », SSS no. 9.

    * 484 Cantique traduit de l'anglais « All hail the power Miles Lane », SSS no.203. En français voir C.V no.17.

    * 485 Il faut compter ici les théologiens protestants des Églises Réformée des USA, spécialement ceux de Calvin Institute of Christian Worship et Faith Alive Christian Resources de Reformed Worship, Grand Rapids, Michigan qui ont co-publié ce recueil en 2004. Ce groupe a travaillé de 1999 à 2003.

    * 486 Il sied de préciser que nous faisons allusion aux religions du Livre. Mais particulièrement au Torah des juifs et à la Bible de chrétiens.

    * 487 Cf. The Worship Sourcebook, op.cit., p. 82.

    * 488 Ibid.

    * 489 Ibid., pp. 82-85.

    * 490 Ibid.

    * 491 Ibid.

    * 492 Ibid., pp. 104-107.

    * 493 Ce cantique est une traduction anglaise de « Come to the Saviour now », SSS 399, H. 226.

    * 494 Ce cantique est une traduction anglaise de « Come to the Saviour, make no delay », SSS 1165, C.V 86.

    * 495 Ce cantique est une traduction anglaise de « Hark my soul it is the Lord », SSS 365.

    * 496 Ce cantique est une traduction anglaise de « Even me » TB 265, SSS 485.

    * 497 Ibid., p.111.

    * 498 Ibid., pp. 112-113.

    * 499 Ibid., p. 115.

    * 500 Ibid.

    * 501 Ibid., p.115.

    * 502 Ibid.

    * 503 Ibid., p. 125.

    * 504 B. LAURET., op. cit, p. 175.

    * 505 Ibid., p. 126.

    * 506 Sauf si les conditions ne le permettent nullement. C'est le cas dans la prison, hôpital où le culte est entièrement parlé.

    * 507 Ibid., pp. 127-128.

    * 508 Ibid., p.138.

    * 509 Ibid., p.113.

    * 510 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 139.

    * 511 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 139.

    * 512 Ibid.

    * 513 Ibid.

    * 514 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., pp. 140-141.

    * 515 Ibid., p. 146.

    * 516 R. PICON.,  « La prédication », in Revue de l'Eglise Reformée de France, 3e trimestre, Paris, 1990, pp. 1-2.

    * 517 Ibid.

    * 518 Ibid.

    * 519 Ibid.

    * 520 Lire D. GRASSO., L'annonce du salut, Paris, Apostolat, 1969, pp. 204-206.

    * 521 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., pp. 148-150.

    * 522 J. LYON., Cours déjà cité.

    * 523 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., pp. 150-151.

    * 524 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p.151.

    * 525 Rappelons que certains protestants (progressistes comme conservateurs) refusent de se reconnaître dans ces pages, dont ils critiquent soit une certaine mythologie, soit une terminologie qu'ils jugent trop éloignée des termes et des concepts bibliques.

    * 526 Ibid., p. 64. Il faut aussi mentionner avec l'auteur le triomphe de la pluralité. C'est dans le domaine des textes et paroles de ses différentes parties, les cantiques et prières, le déroulement et la fréquence de la cène...font aussi montre d'une diversité insoupçonnée. Ce qui fait preuve d'une invention créatrice, d'une richesse nourrie par les siècles et des usages bien spécifiques.

    * 527 Cf. B. LAURET, op. cit., p. 228.

    * 528 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p.235.

    * 529 Ibid.

    * 530 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., pp. 236-238.

    * 531 Ibid., p. 240.

    * 532 Ce cantique est une traduction de « What a friend I have in Jesus », SSS 319, C.V 234.

    * 533 Ibid.

    * 534 Ce cantique est une traduction de « Father, in high heaven dwelling », SSH 433, BCH 671, SSS 288.

    * 535 Ce cantique est une traduction de «Jesus Shall Reign. Duke Street », SSS 1084.

    * 536 Ce cantique est une traduction de «Jesus my Lord», SSS 476.

    * 537 Ce cantique est une traduction de « Tallis'Canon », BCHR 620. CW 148, H 86.

    * 538 Ce cantique est une traduction de « Even me », TB 265. SSS 485.

    * 539 Ce cantique est une traduction de « Take my life. Nottingham. », TB 160.

    * 540 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., pp. 174-176.

    * 541 Ibid.

    * 542 On peut se référer ici aux cultes de jeudi saint, culte de funèbre de suffrage ....

    * 543 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 352.

    * 544 Ibid., pp. 352-353.

    * 545 Ibid., p. 355.

    * 546 Ce cantique est une traduction anglaise de »Doxology », Old 100th. SSS 9.

    * 547 Ce cantique est une traduction anglaise de» Jesus, stand among us», HCF 372. BCHR 586.

    * 548 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., pp. 360-361.

    * 549 Ibid.

    * 550 Ibid.

    * 551 Ce cantique peut se chanter quand le culte a eu lieu le soir.

    * 552 C'est souvent sa quatrième strophe qui est entonnée à la fin de la bénédiction finale.

    * 553 MENGI Kilandamoko, Thèse citée, pp. 83-101.

    * 554 Selon MENGI, WEEKS a traduit seul l'Évangile de Matthieu, Cameron celui de Marc, Bentley ceux de Luc et de Jean.

    * 555Cf. M. GRAVITZ, op. cit., p. 543.

    * 556 MENGI KILANDAMOKO K., op. cit., pp. 46-47.

    * 557 Ibid.

    * 558 Cf. NSUMBU Pezo N., Mémoire cité, p. 73.

    * 559 N'KWIM, à la suite de nombreux auteurs, trouve en la contextualisation et inculturation l'une des stratégies de l'évangélisation missionnaire la mieux réussie. Car les missionnaires, soutient-il, ont trouvé en l'échec de la première évangélisation beaucoup de failles dont celles de la stratégie de l'acculturation ou d'accom-modation). Lire sa thèse citée, p. 72.

    * 560 Cf. B. LAURET., op. cit, pp. 208-209.

    * 561 Ibid.

    * 562 Il faut indiquer que l'influence anglo-saxonne dans l'hymnologie protestante congolaise n'est plus à démontrer. Les raisons historiques y sont très profondes depuis l'arrivée des missionnaires et la production des premiers recueils protestants avec Bentley et Nils en 1891.

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    45. RATZINGER, J., Un chant nouveau pour le Seigneur, Paris, Desclée, 1995.

    46. SERFASS, C. et ROCHE, J., Qu'est-ce que le protestantisme, Paris, Berger-Levrault éditeurs, 1930.

    47. THURIAN, M., Liturgie, Eucharistie de Lima, Genève, COE, 1983.

    48. VAN DYK, L., A More Profound Alleluia: Theology and Worship in Harmony,

    Grand Rapids/ Cambridge, Eerdmans, 2005.

    49. VANDEMAN, E, G., Ce que j'aime Chez les Luthériens, les Baptistes, les Méthodistes, les Charismatiques, les Catholiques, nos amis Juifs, les Adventistes, Miami, Maison d'édition Interaméricaine, 1987.

    50. WEBER, E., La recherche hymnologique, Guides Musicologiques Vol V, Paris, Beauchesne, 2001.

    51. WHITE, E. G., La tragédie des siècles, Idaho, Pacific press, 1990.

    52. WITVLIET, J, D., The Biblical Psalms in Christian Worship. A Brief Introduction & Guide to Resources, Grand Rapids, Eerdmans, 2007.

    III. PERIODIQUES

    1. BARILIER, R., "Une autre musique d'Église", in Les cahiers protestants n° 5, Lausanne, Nouvelle série, octobre 1985, p. 5.

    2. International choral Bulletin, vol. XX, n° 4, July, Namur, 2001.

    3. MUNAYI Muntu-Monji, « Le nationalisme allemand », in Bulletin de Théologie Africaine, BTA, Vol VI, n.11, 1984, pp. 155-172.

    4. MUNDUKU Ngamayamu Dagoga, « Recherches sur l'Église du Christ au Zaïre.

    Essai bibliographique », in RZTP n°5, 1991, pp. 129-145.

    5. MUSHILA Nyamankank., « Traits caractéristiques de la société moderne et critique postmoderne », in RCTP, n° 12, 1998, pp. 36-51.

    6. NKULU Kankote Kisula, « L'impact de la communication traditionnelle dans l'Église du Christ au Congo, communication faite lors des Journées scientifiques interfacultaires de l'UPC et Journée annuelle de l'Église du Christ au Congo, du 25-28 avril 2001 », in Revue de la CRIP n° 1, EDUPC, 2002, pp. 319-335.

    7. PICON, R.,  « La prédication », in Revue de l'Église Reformée de France, 3e trimestre, Paris, 1990.

    8. STADLER, P., « Huldrych Zwingli : réformateur suisse (1484- 1531) », in Bulletin de Théologie Africaine, BTA, Vol VI, n°11, 1984, pp. 83-86.

    IV. COURS, T.F.C., MEMOIRES, THESES ET DOCUMENTS

    a. Cours

    1. MULUMA Munanga G. Tizi., Cours d'initiation à la recherche scientifique et Méthodes de recherche en sciences sociales, Kinshasa, Université Protestante au Congo, Faculté d'Administration et Sciences Economiques, 1999.

    2. MUNAYI Muntu-Monji, Cours d'Église-État, Kinshasa, Université Protestante au Congo, Facultés de Droit et Théologie, Année académique 2001-2002.

    3. MUNDUKU Ngamayamu Dagoga, Cours du Protestantisme, Kinshasa, Université Protestante au Congo, DEA, Faculté de Théologie, Année académique 2005-2006.

    b. T.F.C. et Mémoires

    1. KIBONGE Kawaya., L'hymne chrétien comme outil de la libération au sein de l'Eglise. Cas de l'ECC /35e CUEBC, TFC, Faculté de Théologie, UPC, 1998.

    2. LUSAKWENO Vangu., Le chant dans le culte protestant Zaïrois : Essai d'analyse théologique, Mémoire, Faculté de Théologie, FPZ, 1979.

    3. MONDENGO Iyoka Bodiabibami, M., Pour une hymnologie protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé DIAWAKU, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2002.

    4. MONDENGO Iyoka Bodiabibami., La problématique du chant à l'Ecole de dimanche. Pour une culture de compétences psychosociales chez les enfants, TFC, Faculté de Théologie, UPC, 2000. 

    5. MUSHIKANGONDO Lenkoy., La codification des cantiques post-missionnaires de 1985 jusqu'à nos jours, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2005.

    6. N'KWIM Bibi-Bikan, L'engagement social et politique de l'Église du Christ au Congo (1943-1997) : Apport à la théologie de libération. Mémoire de DES, Kinshasa, UPC, 1990.

    7. NSUMBU Pezo Nsakala, J., La place de la chanson dans le culte protestant, Mémoire, Faculté de Théologie, FPZ, 1987.

    8. TSHUNZA Mpiana, L., La musique comme partenaire de la liturgie : Réflexion sur les chants liturgiques dans les Eglises dites de Réveil, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2005.

    9. ZABUSU Diakumbi Mbunzu, Contribution à l'étude de la musique d'église à Kinshasa de 1980 à 2002 : Bilan et perspectives, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2002.

    c. Thèses

    1. KOMY-Nsilu Diakubikwa, L'Église du Christ au Zaïre à la recherche d'une unité 1902-1977, thèse présentée à la Faculté Universitaire de Théologie Protestante de Bruxelles pour obtenir le grade scientifique de Docteur en Théologie Protestante, thèse no 12, Bruxelles, juin 1984.

    2. MENGI Kilandamoko K., L'évangélisation missionnaire protestante face à la culture Kongo. L'enracinement de l'Évangile dans une culture, Thèse de doctorat, Laval, 1981.

    3. N'KWIM Bibi-Bikan, Le protestantisme congolais en quête d'une pensée sociale (1878-2002), thèse doctorale présentée et défendue en vue de l'obtention du grade de Docteur en Théologie Protestante, UPC, Kinshasa, Juillet 2002.

    4. VIBILA Vuadi., Femmes et réflexion théologique. Vers une pratique ecclésiale émancipatrice (Cas du Zaïre), Hambourg, Verl. An der Lottbek Jensen, 1997.

    d. Documents

    1. MASAMBA ma Mpolo, J., « Introduction, projet de collection des chants du culte dans le chant religieux africain. Vers l'élaboration d'un recueil de chants ». Rapport de la consultation sur le chant religieux africain organisée dans le cadre du Département foi et identité de l'Église de la CETA, Kinshasa, du 18 - 22 juin 1977.

    2. MASAMBA ma Mpolo et MENGI Kilandamoko, « Recueil des textes liturgiques »,

    Kinshasa, UPC, 1998.

    V. RECUEILS

    1. The Hymnal For Worship And Celebration, (HWC), Waco Texas, Word music, 1986.

    2. Junior Praise, (JP), London, Music Edition, 1986.

    3. The New Church Hymnal, (NCH), S.L, Lexicon Music, 1976.

    4. Gloire à L'Eternel, Recueil de cantiques, Cathédrale du Centenaire Protestant, Kinshasa, CEDI, 1999.

    5. Sur les Ailes de la Foi, Cléon d'Andran, Excelsis, éd. 2000.

    6. Nyimbo za Mungu na Nyimbo za kuabudu, Cantiques chrétiens en Swahili-Zaïre, Nyankunde, Editions Evangéliques, SD, 4è édition.

    7. Nkunga mia Kintwadi, (Recueil de cantiques en Kikongo), Kinshasa, LECO, 1970.

    8. Recueil liturgique, « Njela na kokamba losambo », Kinshasa, CEDI, éd. 1987

    9. The Worship Sourcebook, Grand Rapids, Calvin Institute of Christian Worship, Faith Alive Christian Resources, 2004.

    10. Njembo ji Njambe, (Recueil de cantiques en Lingombe), Kinshasa, CEDI, 2005.

    11. Njembo na Njambe, (Recueil de cantiques en Lingala), Kinshasa, CEDI, 1974.

    12. J'aime l'Eternel, Recueil de chants de Jeunesse en Mission, Lausanne, IMEAF, 10e édition, 1990.

    13. Chants de Victoire, Recueil de cantiques pour réunions d'évangélisation, d'édification, missions de réveil et classes d'enfants, 10e édition avec musique, Genève, « Je sème », 1975.

    VI. SOURCES ELECTRONIQUES

    1. BERGESE, A., « Identité protestante et spiritualité communautaire. Entre spontanéité et liturgie »  sur http : // www. Google.fr //Liturgie protestante//.

    2. Bibliothèque http://fr.wikipedia.org/wiki/Protestantisme

    3. Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2005.

    4. Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta ® 2006.

    5. GIMENEZ, D. M., « Brève présentation du chant liturgique byzantino-slave »

    Sur http:// fr.google.com/bin/query_fr?p=hymnologie.

    6. KERRIEN, S., article publié sur www. Google.fr/chant et liturgie/; http:// catholique-

    saint.brieuc.cef.fr_serge_kerrien_

    7. LYON, J., Cours de l'Introduction à l'hymnologie, publié sur www.hymnologie.com.

    8. MONDENGO Iyoka Bodiabibami, M.,  «  Le chant et la joie. Question de préséance jacobine », Art. publié sur http://Mondengoblog.com

    9. MONDENGO Iyoka Bodiabibami, M., « La recherche hymnologique. Son intérêt pour l'Église et ses institutions de formation théologique. Cas de l'E.C.C et de l'UPC », Art. publié sur www.musicologie.org

    10. REVEL, A., « La musique dans la liturgie », Art. publié sur http:// www.google.fr//chant et liturgie/ ; www.eleves.ens.fr/aumonerie/seneve/ numeros_ en_ligne /noel03/seneve 004. html - 17k

    VII. PERSONNES INTERVIEWEES

    1. Rév. MOSSI Nzimba, ancien Représentant de la CEUM à Kinshasa, interviewé le 6 juin 2007 sur l'état de lieux des chants de recueils dans nos cultes.

    2. Prof. NKULU Kankote Kisula, Aumônier de la PPUKIN, interviewé le 12 novembre 2007 sur la place réservée aux chants de recueils dans la liturgie du culte protestant dans les aumôneries universitaires aujourd'hui à Kinshasa.

    3. Rév. LOSSO Ngiama, Représentant Régional de la CBFC/Kinshasa, interviewé le 15 septembre 2007 sur les chants traditionnels dans les cultes organisés à Kinshasa.

    4. Rév. MASAMBA ma Mpolo, interviewé le 21 octobre 2006 sur l'historique de la Paroisse CBCO/Bandal et la vie des chants de recueils dans la liturgie des cultes.

    5. Charles MOMBAYA Masani, musicien chrétien, interviewé le 9 mars 2006 sur la question de la revalorisation des chants traditionnels.

    6. Pasteur MUSUAYA Tshimbombo, interviewé le 20 juin 2007 sur l'historique de la Paroisse CPK/Yolo.

    7. Rév. Médard MINGASHANGA, interviewé le 5 octobre 2006 sur la vie des chants traditionnels dans les cultes organisés à la Paroisse CPK/Yolo.






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