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Etude de la condition de la femme face à  la violence du terrorisme intégriste dans le recueil de nouvelles « Oran, langue morte » d'Assia DJEBAR

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par Lamia AKERMOUN
Université Saad Dahleb de Blida - Licence de français 2010
  

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II-2-2) NAIMA OU LA MORT DE L'EPOUX ENGAGEE

En effet, dans L'Attentat ; la nouvelle qui suit La fièvre dans les yeux d'enfant, le thème de la mort y est présent ; Naima, la narratrice relate la mort de son mari en premier lieu : « La nuit avant la mort de Mourad, j'ai été  réveillée à deux heures du matin ; la nuit juste avant...Mourad entre dans la chambre, allume, me secoue par les épaules »93(*)

Ce passage nous présente la situation de Naima et nous révèle la souffrance dont elle est objet ; celle de la mort de l'aimé.

En outre, Naima, réveillée par son mari cette nuit avant sa mort, et avait comprit que ce dernier va être tué et qu'elle n'arrivera pas, l'espace d'une dernière nuit, à convaincre son époux de ne pas publier l'article plaidant pour une école de la modernité, contre la barbarie des intégristes. Sachant que ceux-ci n'hésiteront pas à éliminer toute personne n'ayant pas respecté leur idéologie.

Elle s'adresse à lui avec inquiétude : «Cette fois, j'espère, tu ne le signes pas de ton nom, n'est ce pas ! (...) tu prends un pseudonyme ! »94(*) 

Or, Mourad tient à signer cet article de son propre nom afin de dénoncer toutes ces injustices qui accablent le pays depuis plusieurs années :

Contre tout le monde, sait bien que je suis

contre : contre le pouvoir, contre les fanatiques,

contre le silence et l'immobilisme ! Moi j'aurais

bien voulu n'écrire que sur l'école, sur ce que doit

être notre école.95(*) 

Ainsi, pour témoigner de l'amour pour son pays qui est condamné par « l'idéologie intégriste » Mourad insiste sur le fait de se sacrifier pour lui et de refuser la barbarie qui s'abat sur lui :

Laisse donc, n'as-tu pas compris : je vivais, je

mourrais ici, chez moi, dans ce pays [...] Mais il

faut bien que quelqu'un dise les choses bien haut,

clairement, très fort ! [...] cette fois c'est moi,

Naima, ne m'en veux pas, se serait ensuite un autre

et un autre 96(*)

Malgré les avertissements qui lui ont été adressés, et sachant qu'il va anticiper sa mort en publiant son article : « Le flot des menaces, lettres ou avertissements téléphoniques, s'étaient succédés pour lui signifier qu'il était « un homme mort »»97(*)

Mourad s'entête à continuer jusqu'au bout son combat contre l'intégrisme et sa barbarie, tout en sacrifiant sa vie, pour laisser qu'un silence qui entoure sa femme et son enfant. Naima poursuit son histoire en insistant sur le déroulement de l'attentat de son mari, raconte avec précision la manière dont il a été assassiné ainsi que sa réaction face à cette fatalité.

Nous remarquons que, contrairement aux autres nouvelles du roman dans lesquelles la victime était toujours une femme, précisément dans L'Attentat la victime est un homme et la femme par hasard est épargnée provisoirement, car dans le cas de Naima, elle survivra mais toujours hantée par la manière dont a été assassiné son époux.

Tout comme les autres personnages de ce roman, Naima rejette, elle aussi, l'idée de ne plus voir celui qu'elle aime à coté d'elle : «  Quarante jours après, oui. Comme si Mourad avait quitté la maison pour de bon. Je ne l'avais pas cru jusqu'au là, malgré l'évidence. »98(*)

Elle continu malgré elle sa vie, et reprends ses cours jusqu'au jour où il y eut un incident avec l'un de ses élèves. Notons que l'atmosphère du pays, ses conflits, ses idéologies avaient influencé la plupart des jeunes, tel est le cas de son élève qui refuse d'être interpellé en français; langue interdite par les intégristes : « Soudain, le garçon -quinze ans environ- se dresse et d'une voix agressive rétorqua, la tête à demi tourné vers les autres :- Est-ce que nous avons une maîtresse de français ou d'arabe ? »99(*) 

Cette remarque affecte Naima et l'emporte dans une grande agitation :

Sa remarque acerbe-en arabe, bien sûr-je la reçus de plein fouet, et comme une offense, ou plutôt comme un coup de feu [...]un jeune de quinze ans ne supporte pas que je prononce « dix-huit » en français ! Un adolescent avec comme cible d'attaque un simple mot en langue étrangère, un élève, mon « élève », un môme âgé de quinze ans !100(*)

Nous remarquons dans ce passage, combien l'idéologie intégriste a influencé les jeunes algériens quant à l'utilisation de la langue française et à l'ouverture sur les autres cultures universelles.

En outre, cet élève renvoie Naima au jeune adolescent qui avait assassiné son époux :

En vérité ce ne fût pas seulement le jeune homme

et son refus du mot français que je vis face à moi!

En une seconde, le tueur à l'arme enrayée surgit

d'un coup à la place [...] il n'avait lui non plus

guerre plus de quinze ans [...] une voix en moi : c'était un adolescent comme celui-ci ! Il avait dû être mon élève , lui aussi.101(*)

Troublée par ce chahut, Naima poursuit sa révolte contre son élève, comme s'il s'agissait réellement du vrai coupable, exprimant la douleur d'être seule à affronter ces violences,mais surtout l'absurdité de la vie qui lui emporte son époux, qui n'a fait que dénoncer les injustices commises par les intégristes :

Oui j'ai protesté, oui j'ai ironisé, amère « vous ne

supportez pas un mot étranger, un simple mot ?

[...] dans quel pays vivez vous ? Je suis professeur

d'arabe certes, mais lui, Mourad était le meilleur

professeur du français dans le pays, beaucoup l'ont

affirmé à sa mort.102(*)

Au fil des jours, la souffrance pèse sur Naima, ne pouvant plus supporter sa situation, n'allant plus à ses cours et ne sortant plus de chez elle. La peur l'envahit par tout où elle se trouve. Seul le désir de partir loin qui la tranquillise :

 Je voudrais partir, dis-je un matin, d'abord pour

moi-même, à haute voix [...] Je veux partir plus loin,

le plus loin possible [...] J'ai pensé « Mourad a laissé

un vide dans la maison bien sûr, mais aussi dans

chaque école, dans tout nos lieux, ici 103(*) 

Ainsi, le départ de Naima serait la seule solution pour surmonter ses difficultés, dépasser les frontières des cauchemars qui entourent son pays,et pouvoir recommencer sa vie loin de ces violences.

De même pour la nouvelle précédente, L'Attentat commence et s'achève par la mort d'un personnage. Ici c'est Mourad ; comme si ce dernier repose loin de ces terreurs tandis que celles de Naima persisteront, tant qu'elle soit toujours dans cette Algérie sanglante.

* 93 Idem, p 139

* 94 Idem, p 140

* 95 Idem, p 144

* 96 Idem, p 144

* 97 Idem, p 141

* 98 Idem, p 160

* 99 Idem, p 158

* 100 Idem, p 158

* 101 Idem, pp 158-159

* 102 Idem, p 159

* 103 Idem, p 161

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo