WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude de la condition de la femme face à  la violence du terrorisme intégriste dans le recueil de nouvelles « Oran, langue morte » d'Assia DJEBAR

( Télécharger le fichier original )
par Lamia AKERMOUN
Université Saad Dahleb de Blida - Licence de français 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II-3) L'AFFRONTEMENT DE LA FEMME AVEC LE TERRORISME

Depuis la décennie noire, de plus en plus d'écrivains algériens produisent des oeuvres remarquables. Ils témoignent surtout de la pression de l'Histoire et de la violence à laquelle se trouve confronté le pays. Egalement, le drame de la femme algérienne.

De son côté, Assia Djebar en pale abondamment. Elle brise le silence longtemps imposé aux femmes à l'égard des interdits culturels et religieux.

II-3-1) L'IMPORTANCE DE LA VOIX EN TANT QUE MOYEN DE COMBATTRE LA TERREUR EN ALGERIE

Nous allons étudier, dans ce chapitre, l'importance de la voix comme moteur d'affrontement et d'opposition à l'ennemi.

II-3-1-1) Voix ressuscitées

Grâce à l'ensemble de voix ressuscitées, la romancière transcrit les souvenirs des femmes ayant vécu les atrocités, qui ont accompagné la guerre civile, et les multiples contraintes qui rendent leur vie si difficile.

En effet, Isma, Naima et Atyka font partie de cette catégorie de femmes qui ont refusé de céder au malheur infligé par l'intégrisme. Révoltées, combattantes, elles ont franchi l'obstacle du silence, en défiant les intégristes. Malgré les menaces, elles continuent à se battre contre l'ordre établi et à rêver d'une vie meilleure que celle à laquelle elles étaient soumises.

Dans La fièvre dans les yeux d'enfant, Isma s'insurge contres les interdits imposés par les intégristes. Elle a pris des risques majeurs sachant qu'elle expose sa vie au danger. Etant donné que la punition, pour ceux qui transgressent comme pour ceux qui s'opposent à leurs opinions, est la mort.

Or, son désir de s'émanciper l'emporte sur d'autres considérations, donc elle ne peut qu'y faire face : « Je souris en tricotant sur mon banc, les dames en tchador se sont éloignées, l'observateur barbu, barbu et gras, me scrute toujours, peu m'importe »122(*)

Assia Djebar souligne, dans ce passage, l'attitude de quelques « barbus » qui imposent le tchador aux femmes. Elle insiste sur le mot « barbu » qui incarne le comportement qu'adoptent « les terroristes » sous prétexte religieux.

En outre, Isma s'indiffère à l'égard de ce « barbu » dans le square. Sa façon de s'habiller représente son désir de la modernité et de la liberté. Elle rejette donc toute politique intégriste, mais cette attitude la mènera à la mort.

Ensuite, elle va faire manifester la voix des femmes qui ont été maintenues au silence dans son recueil des « dits de femmes berbères ibadites ». Elle les proposera pour un musicien qu'elle a aimé par la suite et décide de le joindre dans son pays. « Ces voies oubliées » renvoient donc à une intertextualité ancrée certes dans la tradition culturelle orale de ces femmes ibadites, mais également transmises grâce au travail du pouvoir colonisateur et par le biais de sa culture écrite »123(*)

En ce sens, selon la narratrice, ces dits « de femmes ibadites » ont été recueillis et traduits au début du siècle par un ethnologue français, ce qui signifie que ces dits ont été transmis grâce à la langue adverse. Assia Djebar indique ici l'importance d'apprendre la langue de l'autre pour mieux en connaître sa culture.

Isma explique l'autorité qui régnait dans cette société féminine des ibadites depuis des générations : «  Elles sont cinq prêtresses, disons « prêtresse » mais en fait, se sont des laveuses de morts, des ghassalines. Parmi celles-ci, la plus importante, la plus savante aussi en exégèse coranique, a une autorité religieuse redoutable sur toutes les femmes : le droit de tebria.»124(*)

Isma s'oppose au silence auquel les femmes sont soumises sous la sujétion de la religion, dans l'Algérie d'aujourd'hui.

Enfin, Isma offre sa voix à ces femmes réduites au silence, en leur rendant un hommage lorsqu'elle interprète un de ces chants ibadites pour cet ethnologue somalien.

Or, elle finit par être condamnée à mort à cause de cet amour né des chants berbères. Cette tragédie symbolise le statut de la femme algérienne qui demeure sous les poids des interdits. Ainsi que le destin de toutes celles qui osent braver l'obstacle du silence.

* 122 Idem, p 74

* 123 C.Bonn, N.Redouane, Y.Bénayoun, Algérie, nouvelles écritures, Paris, éd, L'Harmattan, 2002, p 212

* 124 Assia, Djebar, Oran, langue morte. Op.cit, p 93

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote