WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

( Télécharger le fichier original )
par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. D'autres facteurs d'identification

A. L'aspect physique

· Le tatouage :

Bien que le tatouage soit peu pratiqué dans l'archipel calédonien, le Père Lambert décrit trois différentes pratiques qu'il a tout de même observées:

«  Le tatouage proprement dit, on pique la peau jusqu'au sang, avec une épine d'oranger sauvage, en suivant des figures tracées, puis on passe sur les piqûres une espèce de bistre détrempé avec la suie.

Le tatouage en relief se pratique sur le bras et la poitrine, on l'obtient en faisant brûler la surface de la peau avec une certaine herbe, et ces brûlures symétriquement posées laissent une empreinte saillante.

Enfin sur le visage et autre partie du corps, on remarque certaines zones plus foncées »75(*).

Le premier missionnaire catholique à avoir évangélisé l'île d'Ouvéa en 1857, remarque cette pratique généralisée lors de sa venue au nord de l'île et notamment le tatouage sur le visage, pratique fréquente chez les «  Polynésiens » orientaux ou occidentaux. Le tatouage sur une personne correspondait habituellement à une distinction sociale par rapport aux autres. Sûrement que cette pratique a disparu progressivement en Nouvelle Calédonie surtout au contact avec les européens.

· La circoncision

En outre, la circoncision des jeunes adolescents marquait- jusqu'à aujourd'hui encore pour la plupart des pays océaniens, en autre, à Wallis et Futuna ou au Vanuatu- leur passage au statut d'adulte. Cette distinction est importante car les adolescents circoncis avait des droits mais aussi les devoirs d'un l'adulte. Posséder une case et un champ, permettait d'épouser une femme et de tisser des liens avec d'autres clans, notamment d'avoir des enfants. Il s'agissait donc de perpétuer la vie du clan et par là même, de renforcer les échanges et les liens noués lors du mariage. A l'heure actuelle en Nouvelle Calédonie, la circoncision n'est plus pratiquée systématiquement alors que dans tout l'archipel au siècle dernier, ce rituel était encore très vivace.76(*)

· Le percement des oreilles :

Ce rituel marquait le changement de statut des jeunes filles, et les femmes qui les entouraient les accompagnaient lors de leurs premières règles, annonçant naturellement une transformation dans leur corps mais aussi dans leur devenir social. Le percement des oreilles n'étaient pas réservé qu'aux femmes, en Polynésie occidentale cette marque physique est fréquente chez les hommes.

Enfin toute scarification du corps a une valeur identitaire aux temps anciens.

B. La diversité linguistique

Effectivement, vu de l'extérieur, le premier critère visible ou plutôt audible et repérable d'une identification est la présence des différentes langues plus ou moins inter compréhensibles selon leur proximité. A l'arrivée des européens, l'archipel calédonien comptait plus de trente six dialectes qui sont répartis à l'heure actuelle administrativement dans huit aires coutumières.

Si on se réfère au postulat77(*) qui veut que la langue (construise) la culture au regard de cette variété de langues, on peut dire que nous sommes en présences de plusieurs cultures. Chaque culture sous-tend des modes de pensée relativement distincts à travers un art, une architecture, une croyance...à un sentiment d'appartenance à un groupe similaire.

Ainsi, on ne peut ne pas concevoir que les kanak ne percevaient pas cette altérité linguistique avant le contact européen, puisqu'une langue correspond à une aire géographique déterminée qui va de l'est à l'ouest en passant par la chaîne montagneuse. Cependant Françoise Ozanne Rivière, une des linguistes qui a beaucoup travaillé les langues de l'extrême nord de la grande Terre, nous indique que : 

«  L'ensemble constitue un groupe homogène où les frontières entre les langues et les dialectes (trois variantes pwaamei, deux variantes nemi).On comprend le rôle important que joue le plurilinguisme ou, du moins, l'intercompréhension mutuelle, dans une zone où règne un tel morcellement linguistique et où chaque groupe tient à souligner et à maintenir son particularisme.78(*) »

Même si ces ères linguistiques ne correspondent en aucun cas à des frontières que l'on conçoit aujourd'hui, les liens de parentés vont au-delà de ces ères linguistiques, et sans doute que la colonisation a eu pour effet l'éclatement des lignées ou des familles d'un même clan au-delà des limites de leur terroir naturel. Les échanges matrimoniaux permettaient cette ouverture vers l'extérieure sans que la légitimé du clan soit remis en cause. Le plurilinguisme semblait être généralisé, ce qui facilitait sans doute la communication et les contacts. Yves Béalo Gony approuve cela quand il écrit :

« Le découpage ethnolinguistique tel qu'il est présenté aujourd'hui, procède à des revendications politiques et culturelles affirmées par les années 1980 par la société kanake... Appartenir à un même groupe linguistique n'est pas forcément appartenir à un même groupe territorial, et vice versa... le découpage régional traditionnel était différent de celui que l'on connaît aujourd'hui ... il se faisait d'ouest en est et de l'est vers les îles Loyauté. En témoignent aujourd'hui les relations coutumières et de parenté privilégiées entre le nord de la côte est, de Canala à Belep, et Ouvéa, et entre le sud, de Bouloupari à Yaté, et Maré, Lifou et l'île des Pins par exemple. Ces rapports privilégiés qui étaient à l'origine largement fondés sur la pérennité des relations matrimoniales ont instauré des relations d'alliance entre les chefferies qui se maintiennent encore de nos jours. 79(*)»

Il est vrai que ces données sociologiques semblent s'atténuer avec la diversification de population concentrée sur le Grand Nouméa, et tout récemment sur Koné.

* 75 Op.cité.

* 76 Voir Père Lambert dans Moeurs et Superstitieux, p 107.

* 77 Cf référence

* 78 Ozanne Rivierre, F., Texte Némi - Nouvelle-Calédonie, Paris, SELAF, tome 1, p.22, 1979.

* 79 BEALO-GONY Yves, Thewe men jila, la monnaie kanak en Nouvelle Calédonie, Editions Expressions, Province Nord, 206 p, pp 31-33, 2007.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King