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Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

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par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

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CHAPITRE III

LE PHENOMENE MIGRATOIRE AUX TEMPS ANCIENS : LADITE « POLYNESIE MARGINALE »

« Les travaux des linguistes viennent confirmer les recherches archéologiques entreprises dans certaines îles, il semble probable que ces Polynésiens marginaux n'ont pas été laissé en chemin mais qu'ils représentent les aboutissements de plusieurs voyages vers l'Ouest, à des époques différentes, de Polynésiens occidentaux».

Daniel Frimigacci

La question des « Outliers Polynésians86(*) » ou de «  La Polynésie Marginale », termes employés par les chercheurs anglophones pour désigner les « enclaves polynésiens » dans les îles dites « mélanésiennes », nous intéresse de près car cette étude nous éclairera sur les conditions d'intégrations des groupes humains extérieurs, en Nouvelle Calédonie. Quelles seraient ces îles ? On  pourrait se demander quelles étaient les causes de ces déplacements de ces populations ? D'où et comment se déplaçaient-ils, aussi loin et aussi vite ? Vers quelles destinations ? Qui étaient-ils ? Comment se traduisait les contacts avec les autres insulaires ?

Pour tenter de répondre en partie à ces questions, nous nous intéresserons tout d'abord à la Polynésie Occidentale, en particulier aux îles Tonga, supposées être le berceau de la diaspora polynésienne à l'Est comme à l'ouest de l'Océanie insulaire. Nous aborderons très succinctement la question des pirogues, le moyen de communication de ces marins « préhistoriques ».

1. L'origine des migrations « austronésiennes » 

Il y a 50 000 ans, les ancêtres des Océaniens, originaires de la chine du Sud Est, se seraient déplacés pour atteindre les îles de La Sonde, à l'Ouest des de la Nouvelle Guinée. Pendant des millénaires, les populations établies dans ces contrées(Sonde) ont constitué des sociétés et une culture plus ou moins homogène. Et c'est à partir de cette « Océanie Proche » - terme employé par les ethnolinguistes - que le phénomène migratoire vers le sud ouest par vagues successives, a débuté pour atteindre l'Océanie la plus éloignée.

Ainsi, il y a trois mille ans, les ancêtres des Océaniens actuels ont migré plus au sud, pour atteindre la Nouvelle-Calédonie mais aussi plus à l'Ouest, pour atteindre la Polynésie occidentale. Si l'île de Formose a été le berceau à partir duquel les « Austronésiens87(*) » se sont propagés en Océanie, l'Océanie Centrale a été le point de départ de l'occupation polynésienne des archipels et des îles de plus en plus éloignées vers l'est, mais aussi vers l'ouest. Cette affirmation est le résultat de nombreuses recherches archéologiques, avec la découverte extraordinaire en autre, des sites des poteries LAPITA disséminés dans une grande partie de l'Océanie. Ces trouvailles archéologiques88(*) ont pu ainsi déterminer les déplacements des populations « faiseurs de poteries » mais surtout, elles ont pu être datées.

Des études génétiques ont aussi contribuées à ces enquêtes. Par exemple, une étude 1983 analysant l'ADN de 2400 personnes dans les îles Salomon et le Vanuatu ont trouvé les marqueurs qui distinguent clairement les îles polynésiennes d'annexe du groupe. Des quatre annexes polynésiennes considérées, Anuta était le plus génétiquement distinct, suivi de Rennell et de Bellona. Tikopia a montré plus d'influence de la population mélanésienne voisine. Tous indiquent des traces des mouvements de population « d'inter island ».

Même si beaucoup reste à faire, d'autres recherches scientifiques (géologie, ethnologie, botanique...) mais plus récemment des travaux linguistiques, ont pu apporter d'autres précisions. Effectivement, les linguistes ont pu reconstituer les différentes familles des langues océaniennes, et plus récemment ont élaboré un lexique étoffé de la langue mère originelle grâce à la méthode comparative. L'austronésien, cette langue hypothétique, a évolué dans le temps et dans l'espace et serait à l'origine de toutes les langues actuelles de l'Océanie (polynésiennes, mélanésiennes et micronésiennes) mais aussi d'ailleurs89(*).

Aban Bensa a préfacé le livre de Isabelle MERLE : Expériences coloniales et écrit ceci :

« Il y a quelques 3600 ans, les ancêtres des Kanak d'aujourd'hui firent souche dans l'archipel calédonien jusqu'à là encore vierge de toute implantation humaine. On ne saura jamais précisément ce qui poussa des cultivateurs de tubercules originaires d'Asie du Sud est et noirs de peau, à prendre la mer, à quitter une île pour une autre, au point finalement d'occuper toutes les terres utilisables du Pacifique insulaire. Il faut supposer que leurs sociétés hiérarchisées imposaient à un certains de leurs membres (les cadets, les vainqueurs, les chefs déchus, de prendre des risques de la navigation hauturière pour trouver ailleurs un nouveau havre. Ainsi, ceux qui devinrent peu à peu des hommes d'Océanie étaient-ils, à chaque étape de leur parcours, sans doute remis en mouvement par une sorte de mal être90(*) ».

Ce « mal-être » auquel fait allusion Alban Bensa, si c'est le cas, a perduré durant trois mille ans, puis que la dernière migration en date dans les îles inhabitées du Pacifique, celle d'Aotearoa, a été peuplé vers 900 après Jésus Christ. Et la dernière migration polynésienne dont on se souvient encore, est bien celle du wallisien KAUKELO au milieu du XVIIIème siècle à Ouvéa.

Carte 3 : Répartition linguistique des langues dites « austronésiennes »

* 86 Ces langues de Polynésie "extérieure", connues (en anglais) sous le nom d'Outliers Polynesian, correspondent historiquement à des migrations tardives de populations du triangle polynésien ; elles se trouvent aujourd'hui très isolées de leurs cousines polynésiennes. Les archipels où l'on trouve ces outliers sont : Le sud de la Micronésie (2 langues), Ce qu'on appelle traditionnellement la Mélanésie, dans les îles Polynésiennes (6 langues), le Vanuatu (3 langues) et la Nouvelle Calédonie (1 langue), l'île Bougainville en Papouasie Nouvelle-Guinée (3 langues).

* 87 Nous appellerons « Austronésiens » les locuteurs parlant une langue d'origine austronésienne. (cf. carte p 47)

* 88 On peut citer Christophe SAND éminent archéologue calédonien spécialiste du Pacifique : Le temps d'Avant.- La préhistoire de la Nouvelle-Calédonie, Harmattan, 1995, 356 p.

* 89 La langue malgache au Madagascar est une langue de la famille austronésienne, ce qui porte à croire que des migrations ont eu lieu depuis l'Asie. La tradition orale malgache fait allusion à cette migration d'antan. Ratrimo Andriantefinanahary, a décrit le parcours historique de cette population austronésienne d'origine, en Madagascar qui s'élève à plus de 2 millions de personnes à l'heure actuelle ; Cf. Ratrimo Andriantefinanahary Les Mérinas, novembre 1996. (& aussi la carte p 19)

* 90 Isabelle MERLE, Expériences coloniales- La Nouvelle-Calédonie (1853-1920), Editions BELIN, 1995, p 7.

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