WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

( Télécharger le fichier original )
par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Entre diaspora et enracinements

La « Diaspora296(*) » est la dispersion de la communauté juive en dehors du pays d'Israël. L'utilisation de ce mot, n'est qu'un emprunt pour signifier, non pas la dispersion juive mais sur une plus petite échelle, la dispersion d'une « communauté » culturelle spécifique, les Wallisiens et les Futuniens, en dehors de leurs archipels originels de Wallis et Futuna. Il s'agit de pointer plus particulièrement le phénomène d'immigration en Nouvelle Calédonie. La « diaspora » n'est pas un phénomène propre aux Wallisiens et Futuniens en Nouvelle Calédonie, mais elle concerne toute les populations provenant en général du berceau polynésien occidental. Par exemple, il y aurait autant de Samoans ou de Tongiens en Nouvelle Zélande que dans leur propre archipel297(*). Peut-on rapprocher ce phénomène moderne et contemporain avec la notion « d'enracinement » traditionnelle et précoloniale abordée précédemment ?

A. Urbanisation et accélération du phénomène migratoire

Le développement des réseaux de communication (routes, aérodromes, ports etc.) que les Américains ont légué aux territoires Français, a facilité la création d'une ligne aérienne mensuelle utilisant un DC 10 entre les deux territoires dans les années cinquante. Du coup, des vagues successives de français d'origine polynésienne se sont installées dans la Grande Terre, dans les villages miniers. Progressivement l'urbanisation a débuté autour de Nouméa. Avant la deuxième guerre mondiale, les « Polynésiens » n'étaient pas très nombreux et ne constituaient pas encore vraiment aux yeux de l'administration ou des autres populations une réelle entité spécifique. Elle devient une « communauté » à part entière à la fin des années cinquante. Le recensement de la Nouvelle-Calédonie a distingué le groupe ethnique wallisien seulement à partir des années soixante.

Actuellement, les Wallisiens et Futuniens représentent plus de 20 000 personnes298(*), soit une population beaucoup plus importante qu'à Wallis et Futuna réunis. On les retrouve essentiellement dans les quartiers nord de la ville (Pierre Lenquette, Tindu, Kaméré, Rivière Salée, Saint Quentin, Normandie etc.). Aussi, la présence de Wallisiens et de Futuniens augmente par l'importance quantitative démographique, mais aussi par la percée économique et sociale. Ces populations se sont imbriquées dans l'espace calédonien grâce aux instances administratives mais également grâce aux ecclésiastiques299(*). Par exemple, les missions catholiques de la Conception et de Saint Louis près de Nouméa, à Dumbéa (lieu dit du Calvaire), ou encore à Païta, ont accueilli des centaines de familles wallisiennes et futuniennes à partir des années soixante et soixante dix. Ce soutien logistique de l'Eglise aux ressortissants wallisiens semble s'inscrire dans un continuum des rapports passés coloniaux auxquels nous avons fait allusion plus haut, d'autant que ces nouveaux venus constituent de fervents catholiques issus de la théocratie de ces archipels.

Dans les villages miniers de Thio, Kouaoua et Népoui, se forment de véritables camps dortoirs dans lesquelles se regroupent des familles de même origine. A l'heure actuelle, ces « enclaves » existent toujours, par contre les enfants de ces premiers mineurs ont en général migré vers la ville de Nouméa en gardant tout de même une attache à leur commune de naissance. Par ailleurs, la répartition géographique de la population de Nouméa au sein des quartiers reflète en fin de compte des cantonnements ethniques qui intensifient plus les antagonismes et moins les échanges300(*).

Pourtant, les « métissages » entre Wallisiens et Kanak sont de plus en plus fréquents, même si le contexte politique n'y était pas favorable à une période donnée, depuis l'accord de Nouméa cette mixité semble se développer considérablement. Il serait intéressant d'enquêter auprès des couples mixtes et des enfants « métis »301(*)et de s'intéresser à leur vécu en rapport à leur double culture au sein de la vie politique et idéologique calédonienne. L'étude de cette catégorie de population permettra sans doute de mesurer l'importance des nouveaux réseaux « coutumiers » qui se sont créés ou perpétués depuis la période post coloniale. Effectivement, tous les enfants issus d'un couple mixte dont le père est kanak sont considérés de statut particulier. Ceux dont le père est « Wallisien » par exemple, les enfants appartiennent au statut de droit commun mais peuvent hérités des terres ancestrales de leur père ou de leurs aïeux. Le statut du « métis » diffère selon sa paternité ou sa maternité et cet état de fait régule les comportements socio culturel de cette catégorie de personnes.

* 296 Ce terme a été employé par d'autres auteurs dont Laurent Ridel dans : «  Expression politique e la communauté wallisienne et futunienne » (opt.cité), pour spécifier l'importance de l'immigration en Nouvelle Calédonie. Effectivement, il y a beaucoup plus de ses ressortissants Uvéens en Nouvelle Calédonie que dans leur île d'origine.

* 297 CAMPBELL I.C - LATOUCHE, JP, les insulaires du Pacifique-Histoire et situation Politique, Ed Puf, 2001. 380 p.

* 298 Ce chiffre doit être confirmé par les résultats officiels du recensement qui sortira au cours de cette année 2010.

* 299 L'accueil des immigrés wallisiens ( tous catholiques) faisait parti des consignes données par le monseigneur Bresson évêque de la Nouvelle-Calédonie après la deuxième guerre mondiale auprès de son personnel ecclésiastique, le père Sagato a été un des prêtres wallisiens qui a joué un rôle déterminant dans cette prise en charge et surtout dans l'organisation et dans la formation de ces ressortissants en une entité « communautaire «  reconnue.

* 300 Pour donner un exemple, le quartier de Montravel est habité majoritairement par des « kanak », la Baie Des Citrons par des « zoreilles », Yahoué ou Conception par les « Wallis », et la Vallée des Colons ou Logicoop par des «  caldoches ».

* 301 Faire un recensement de ces enfants issus de mariages mixtes n'a jamais été faite.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault