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Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

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par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

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B. Les différents statuts à l'intérieur d'un clan.

Le clan est composé de plusieurs familles ayant un ancêtre commun et à l'intérieur duquel le mariage est interdit. A ce clan correspondent plusieurs hameaux successifs de descendants de l'ancêtre. L'arbre généalogique prend donc l'allure d'un itinéraire, qui commence avec le premier habitat construit par les fondateurs du groupe. Des récits mythiques relatent cet évènement en remontant jusqu'à l'origine des hommes. A l'intérieur du clan, chaque branche familiale occupe une place hiérarchisée selon qu'elle soit issue d'un aîné ou d'un cadet, l'aîné étant le plus respecté. Chaque chef de famille porte une responsabilité et se voit octroyer un rôle précis au sein de son clan : magie des cultures, discours cérémoniels, envoi de messages, organisation des guerres etc. C'est sur ce concept de « clan » que les autochtones de la région et en particulier de l'archipel calédonien s'identifient.

Si nous tenons compte de cette « division du travail », pour employer un terme économique moderne, l'altérité à l'intérieur du clan semble facile à déterminer. Chacun ayant un statut défini selon son appartenance familiale regardera autrui (du même clan) par rapport à ces fonctions susdites. Il est sûr que le manquement à ces responsabilités est dénoncé par les autres composantes. Les conflits intra claniques révèlent en fin de compte les dysfonctionnements existants.

Comme dans toute société, les différentes périodes de l'évolution physique des êtres occupent une place sociale définie, dont le passage d'un statut à un autre est marqué par des rituels. Le premier bain du nouveau né, par exemple est un rituel qui sera suivi par la présentation de ce premier par ses parents à son oncle maternel, c'est-à-dire au frère de sa mère afin qu'il lui donne un nom qui ne sera jamais prononcé par l'intéressé. A l'issu du geste cérémoniel du don du taro apporté par les maternels, symbole de leur prédominance, ces derniers procèdent, à ce que l'ethnologue européen comme Henri Mayet appelait malencontreusement : «  le pillage », c'est-à-dire la confiscation des biens du clan paternel :

« Ils se répandent dans le village, ils pénètrent dans les cases et s'emparent de ce qu'ils trouvent à leur convenance »47(*).

Puis, lors du sinda c'est-à-dire lors d'une danse traditionnelle appelée communément le « pilou », d'autres échanges se font entre les deux clans. Le clan paternel est, de par sa situation, redevable au clan maternel et doit s'acquitter de la dot. Nous aborderons ce point plus en détail par la suite.

Concernant les jeunes, pour donner un exemple remarquable encore de nos jours, le rasage de la barbe des jeunes par les oncles maternels dans les îles Loyauté, marque le passage du statut de jeune au statut d'adulte. A Lifou, « l'astiquage48(*) » est un rituel réservé aux jeunes non mariés49(*), par exemple quand un des jeunes est rendu coupable d'un délit au sein de la tribu, toute la génération du jeune subit un « lynchage  collectif» par les oncles.

Dans la vie quotidienne, le cousin et la cousine s'évitent mutuellement. Cette mixité au sein de la même génération est tributaire d'interdit ou de tabou. Henri Mayet atteste que :

  « Dès ce moment notre adolescent quitte la société des femmes pour vivre désormais avec les hommes. Ses soeurs et cousines devront éviter de lui adresser la parole et même de trouver sur son chemin, sauf sa soeur aînée qui pourra converser avec lui, sans intimité et dans le cas d'absolue nécessité »50(*).

Selon qu'il soit un garçon ou une fille, l'enfant est éduqué selon le rang et la fonction future qu'il occupera. Dans les îles dites polynésiennes, les jeunes garçons de la même génération vivent et se retrouvent ensemble dans un lieu appelé le « Paito »51(*).

Concernant l'adulte, l'homme et la femme ont des rôles et des fonctions distincts. Dans le quotidien, être une femme en Nouvelle Calédonie n'est pas de tout repos. Dans les légendes, par exemple, la femme s'adonne à des activités contraignantes et essentiellement manuelles : la cuisine, le travail des champs, la pêche, l'élevage des enfants, divers travaux manuels et artisanaux etc. Pourtant, la femme revêt une importance symbolique puissante.

L'homme dans ces sociétés se spécialisent dans des activités : la construction de cases, le travail des champs, la guerre, la fabrication de la monnaie, les palabres accompagnant les rites occasionnés lors d'évènements forts : transferts de titres ou de noms, dons d'enfants, naissances, mariages de groupe, intronisations de chefferies, prémices d'ignames...

« L'ancien », dans ces sociétés, est très respecté grâce à l'expérience acquise et la blancheur de ses cheveux marquera physiquement son statut de « vieux ». Il symbolise la connaissance, la sagesse et a donc le pouvoir de la parole. Les prises de décisions sont faites à l'issue de palabres et de consensus. L'homme et plus particulièrement l'ancien, ont un poids non négligeable dans ces pourparlers. Si le plus âgé est respecté au plus haut degré comme étant le premier avant les autres, l'aîné dans chaque famille bénéficie une estime plus considérable de la part des autres.

Fig.6 Femme et son enfant (île du Cap Diémen)

* 47 Opt.cité

* 48 Provenant de l'expression locale : « se faire astiquer  » ou « astiquer quelqu'un » qui signifie « se faire frapper » ou «  frapper quelqu'un dans l'idée de lui donner une correction.

* 49 Ainsi un homme âgé non encore marié a un statut de «  jeune ».

* 50Opt.cité pp 32-33

* 51 Cf. p 33.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille