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Le statut des vérités analytiques dans l'épistémologie praxéologique de Ludwig Von Mises

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par Grégoire CANLORBE
Université Paris 1 - Master 1 LoPhiSC (Logique, Philosophie des sciences et de la connaissance) 2012
  

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2. Méfiance envers l'idée d'une vérité a priori de la praxéologie

On peut imaginer que soit apportée un jour une meilleure interprétation de l'analyticité pour soutenir le caractère analytique de la praxéologie, i.e. son caractère de vérité due aux significations des termes. Mais on peut douter que la praxéologie soit de toute façon analytique.

A. Une hypothèse alternative pour fonder la vérité a priori

Nous avons vu qu'identifier avec une activité de décomposition conceptuelle le raisonnement déductif de la praxéologie apportait une

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confusion infondée. Il n'y a plus lieu de tenter de défendre cette thèse. Nous pouvons sereinement prendre la méthodologie aprioriste défendue par Von Mises pour ce qu'elle est: à savoir, un raisonnement déductif, et non pas analytique.

Du point de vue de Von Mises, nous sommes conditionnés par notre psychologie à tenir pour vraies ou appropriées les catégories de l'agir humain: nous ne pouvons concevoir la négation des catégories sans que cela ne nous paraisse contradictoire. Par conséquent, le raisonnement déductif de la praxéologie est lui-même conditionné par ces catégories: nous sommes psychologiquement prédéterminés à inférer de l'axiome de l'action humaine certaines conclusions et à tenir ces conclusions pour vraies.

Cela ne suffit-il pas à fonder la vérité a priori? Si je suis psychologiquement déterminé à concevoir certaines théories à propos du raisonnement qui s'incarne dans l'action humaine et que ces théories reproduisent par ailleurs le raisonnement effectif qui s'incarne dans l'action humaine, cela ne signifie-t-il pas que je suis, au bout du compte, psychologiquement déterminé à développer automatiquement les théories praxéologiques qui sont vraies?

Dans ces conditions, le recours à la notion d'analyticité paraît superflu pour fonder le caractère de vérité a priori (effectif) des théories praxéologiques.

B. Raisons de se méfier de l'idée d'une vérité a priori

Il ne semble pas, pourtant, qu'on puisse fonder la vérité a priori de la praxéologie sur cette base. Il ne semble pas non plus qu'on puisse fonder tout court la vérité a priori de la praxéologie.

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Mise en cause de l'hypothèse qu'on vient de proposer

Nous ne prétendons pas mettre pas en cause l'idée en soi qu'un raisonnement puisse nous paraître indubitable sous prétexte que nous serions psychologiquement conditionnés à avoir foi en ce raisonnement, en même temps que ce raisonnement serait conditionné en sorte d'être la copie conforme d'une catégorie effective de notre action.

Force est de constater, pourtant, qu'on peut démontrer aisément que nous ne sommes pas psychologiquement conditionnés à nécessairement reproduire dans notre raisonnement théorique sur l'action humaine les catégories effectives de notre agir. Que nous soyons psychologiquement déterminés à raisonner de telle ou telle façon à chaque fois que nous agissons n'implique pas qu'inévitablement, nous soyons psychologiquement déterminés à avoir une vue fidèle de ce raisonnement quand nous procédons à la déduction praxéologique.

Peut-être un tel conditionnement arrive-t-il parfois. Mais nous pouvons prouver qu'assurément, ce n'est pas forcément le cas. La raison est la suivante: il arrive qu'un raisonnement praxéologique, qui nous semble vrai a priori, s'avère faux, quand on le confronte à l'expérience. C'est donc que nous ne sommes pas conditionnés par notre psychologie à restituer automatiquement, lors du raisonnement praxéologique, les catégories effectives de notre agir. L'erreur est possible, donc nous ne sommes pas psychologiquement déterminés à développer des théories qui soient nécessairement vraies.

Il ne suffit pas au raisonnement déductif d'être parfaitement cohérent et de partir de prémisses vraies pour qu'il soit vrai

En guise d'exemple, voici un raisonnement typique de la praxéologie misésienne et rothbardienne, pourtant réfuté par l'expérience: la loi de l'utilité marginale décroissante.

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(1) Tout acteur préfère ce qui lui donne le plus de satisfaction; (2) supposons qu'il soit confronté à un accroissement (par une unité supplémentaire) de la quantité d'un certain ensemble de produits, qu'il juge tous capables de lui rendre les mêmes services; (3) cette utilité supplémentaire ne lui servira que pour satisfaire un besoin jugé moins urgent que le dernier auparavant satisfait par la dernière unité du produit.

Ce raisonnement praxéologique, i.e. portant sur une catégorie de l'agir, est d'une cohérence parfaite; et ses prémisses sont vraies. Pourtant, l'expérience offre de multiples situations où ce raisonnement praxéologique est contredit: que faire de l'alcoolique qui paie plus cher pour un second verre? Que faire du collectionneur d'oeuvres d'art pour qui la dernière pièce acquise dans sa collection a la plus grande valeur?

Ce raisonnement doit être vrai si on s'en tient aux critères de la méthodologie aprioriste: vérité des prémisses, cohérence du procès déductif. Il est faux.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo