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Les nouvelles hégémonies de la région Septentrionale. Le Royaume Tem du Tchaoudjo (1880- 1914 )

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par Akimou TCHAGNAOU
Université de Lomé Togo - Maà®trise 2007
  

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CONCLUSION

Nous pouvons retenir en définitive, que le royaume tem du Tchaoudjo était bien organisé sur les plans socio-politique et économique.

En effet, le royaume était constitué d'une population diversifiée où il y a le brassage entre les différents clans. Ainsi, chaque entité de la population avait son rôle spécifique à jouer dans la société.

De ce fait, le Tchaoudjo tirait l'essentiel de ses revenus de l'agriculture et surtout du commerce. Celui-ci était fructueux grâce à la participation des populations étrangères.

En réalité, il n'existait pas une capitale du royaume comme l'a écrit P. Alexandre, car il n'existait pas un palais royal unique pour tout le royaume. Chaque village avait son palais qui lui est propre et où tout nouveau souverain issu du village pouvait y habiter.

Nous analyserons dans les lignes qui vont suivre les conditions qui ont favorisé la militarisation du Tchaoudjo.

Deuxième partie :

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LA MILITARISATION DU ROYAUME

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Introduction

Le royaume était à son apogée avant l'arrivée des Allemands. Au contact de ceux-ci, Kparatao détenait le pouvoir suprême avec comme souverain, Ouro-Djobo Boukari. A l'instar de toute formation étatique, le royaume se dota à l'origine, d'une force armée composée des autochtones. Celle-ci avait pour mission d'assurer la sécurité du royaume et de défendre ses intérêts. Tchaoudjo va ainsi jouer un rôle prépondérant dans la conquête de l'hinterland par les Allemands.

Cette partie sera consacrée à l'étude des conflits auxquels le royaume avait participé et le rôle ce dernier dans la conquête et la stabilisation du pouvoir colonial allemand.

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Chapitre 4 : MILITARISATION ET LES DIFFERENTS CONFLITS DU ROYAUME

Introduction

Le royaume avait besoin d'une force armée non seulement pour protéger les populations contre les attaques extérieures mais également pour assurer sa sécurité intérieure. Ainsi dans l'intention d'étendre son hégémonie sur toute la région, le royaume organisa des expéditions contre les populations avoisinantes.

1- Militarisation du royaume

Le royaume connut deux stades de militarisation dans son histoire : d'une part, la militarisation avant l'arrivée des sémassi et d'autre part, la militarisation sous Ouro-Djobo Boukari de Kparatao.

A l'origine, la force armée dont disposait le Tchaoudjo se composait des hommes valides qui répondaient mieux aux conditions physiques indispensables pour les combats militaires. Ceux-ci étaient recrutés non seulement dans les villages royaux, mais également dans les autres villages tem. En effet, cette armée royale ne dépassait guère un millier d'hommes et était sous-équipée car ne possédant que des armes blanches et des fusils traditionnels.

Ce qui pouvait justifier certaines des défaites qu'a connues le royaume à l'époque.

Outre la défaite de 18791 lors du premier conflit contre les Anyanga sous Ouro Koura de Birini, on note aussi la défaite lors du premier conflit contre Agoulou sous Ouro Akoriko de Komah2.

1 - Date à laquelle le premier conflit éclata entre le Tchaoudjo et les Anyanga sous le règne de Ouro-Koura de Birini. A Kaza, les Tem furent défaits par les Anyanga.

2 -Il s'agit du premier conflit qui opposa Komah et Agoulou à propos d'un oeuf d'autruche. Mais, tous les villages du royaume n'avaient pas participé à ce conflit qui vit la victoire d'Agoulou sur le Tchaoudjo.

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Ainsi, le souverain du Tchaoudjo avait à sa disposition une force armée qui constituait sa garde royale. Elle assurait sa propre sécurité et l'accompagnait au cours de ses déplacements dans la région.

Cependant, avec l'arrivée au pouvoir de Ouro-Djobo Boukari de Kparatao, cette militarisation du royaume s'accentua.

En effet, Ouro-Djobo avait coopté les mercenaires djerma qui furent de véritables cavaliers armés1. Ceux-ci provinrent de la Boucle du Niger vers 18852.

Le Tchaoudjo devint à la fin du XIXè siècle, une puissance guerrière redoutable avec l'arrivée de ces mercenaires germa.

Avant de faire une étude sur les origines de sémassi, nous trouvons important de faire des interprétations sur l'étymologie du terme lui-même. Selon Ouro-Djéri3, sémassi a été tiré du groupe de mots « wansagari sémassi ( wansagari qui veut dire paresseux ou plutôt celui qui ne veut pas manger à la sueur de son front et sémassi, pilleurs, razzieurs).

Au total, l'expression «wansagari sémassi » indique qu'il est question des guerriers qui par force pillent les autres. D'où viennent-ils ?

Les sémassi étaient venus du pays djerma (dans l'actuel Niger) vers la fin du XIXè siècle. Ils traversèrent les régions occidentales emportant avec eux des éléments du peuple bariba, des peulhs, des Touré. Ils poursuivent leur chemin pour atteindre les régions de peuplement tem, kabiyè.

1 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p346.

2 - Barbier JC et Klein B, 1995, p23.

3 - Ouro-Djéri, 1989, p38

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C'est JC Barbier1qui a décrit leurs itinéraires : « En 1883, ils sont à Seméré, puis à Alédjo-Kura, en 1885 à Adjéidè (d'où ils tentent une attaque contre Tchamba). Ils sont cooptés par le souverain Uro Djobo Bukari à Paratao. Avec eux, des Peuls installés à Kpaza et à Agoulou ainsi que de nombreux Kotokoli, apprennent l'art du combat à cheval ». Les Peuls de Kpaza dont JC Barbier a fait cas ici étaient conduits par Adam Méatchi. Ceux-ci étaient indépendants des cavaliers de Kparatao.

Par ailleurs, leur installation à Kpaza avait bien évidemment précédé l'arrivée des mercenaires djerma dans le royaume. A ce propos, JC Froelich2 écrit que : « l'apparition de ces Peuls à Kpaza provenant de Sokoto (Nigeria) remonte à 1830 ».

Selon El Hadji Ouro-Nilé Alassane3, c'était Adam Méatchi qui, à l'appel de Djobo Boukari de Kparatao, aurait combattu Yélivo et aurait donné le pouvoir à Kparatao grâce à sa puissance militaire.

S'agissant des causes de l'arrivée des mercenaires djerma dans la région, certains auteurs ainsi que la tradition orale soulignent que c'est suite à l'insécurité qui régnait dans la région après l'accession au pouvoir par la force de Ouro-Djobo Boukari que ce dernier leur aurait fait appel.

En ce qui concerne les causes de la migration des pilleurs, nous pouvons dire qu'elles peuvent être liées aux conflits internes qui étaient fréquents dans la sous-région ouest africaine au XIXè siècle. Elle peut être due à une cause commerciale. En effet, les sémassi étaient des guerriers de formation qui résulteraient de l'empire songhaï.

1 - Barbier JC et Klein B, 1995, p23.

2 - Froelich JC, 1947, p55.

3 - Entretien avec El- Hadji Ouro-Nilé Alassane dit Tchalé, cultivateur à Kpaza, du 26-12-05.

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Et comme l'empire était en décadence, les guerriers auraient décidé volontiers de migrer vers l'ouest pour louer leurs services aux chefs locaux. C'est ainsi qu'on les appelle aussi des mercenaires.

C'est dans cette perspective que les guerriers arrivèrent à Tchaoudjo pour louer leurs services au nouveau souverain Ouro-Djobo Boukari. Du fait que celui-ci ait reçu les mercenaires, on le surnomma « Sémôh »1

Quant à la logistique qui est une partie de l'art militaire ayant trait aux problèmes de transport et de ravitaillement en armes, le problème ne se pose pas. Car le transport était essentiellement assuré avec l'abondance des chevaux. Selon Ouro-Djéri2, l'introduction du cheval dans le milieu tem a deux origines : Djougou et la Boucle du Niger. D'une part, ces cavaliers militaires permirent l'intronisation du nouveau souverain et d'autre part, contribuèrent à mettre de l'ordre dans le royaume.

En effet, les commerçants soudanais qui devraient emprunter la route de la cola pour se rendre à Salaga, passaient nécessairement par le pays tem. Ils voyageaient à dos d'ânes, de chevaux. C'est ainsi que les kotokoli connurent d'abord les chevaux de petite taille à poils longs pendant les XVIIIè et XIXè siècles.

De même les commerçants haussa et germa en provenance de la Boucle du Niger vont par le même procédé introduire chez les Tem les chevaux cette fois-ci d'une grande taille et d'une forme moyenne et qui sont adaptés à la course. Ces chevaux seront appréciés et plus utilisés par les cavaliers.

Cette armée du royaume était composée de deux sortes de combattants : d'une part, les cavaliers et d'autre part, les fantassins ou archers.

1 - singuilier de sémassi

2 - Ouro-Djéri, 1989, p42

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Ainsi, les cavaliers utilisaient les chevaux et étaient radicalement plus armés que les fantassins. Ils avaient pour leur compte des lances et des poignards. Ils sont souvent vêtus de boubous avec des ceintures aux hanches pouvant retenir le poignard.

De leur côté, les fantassins étaient habillés de la même façon. Mais ce qui les distinguait des cavaliers est qu'ils n'ont pas de chevaux et qu'ils ne possèdent que des armes modestes : gourdins, coupe-coupe. Ils jouaient le rôle d'auxiliaires et de transporteurs.

Pendant la guerre, les cavaliers attaquaient les premiers les ennemis, ensuite venaient les fantassins. Mais de temps en temps, l'armée et surtout les cavaliers organisaient des séances d'entraînement qui constituaient des divertissements équestres dans le village ou en brousse.

Cette préparation technique était suivie d'autres préparations d'ordre spirituel et magique.

En effet, avant de partir pour la guerre, les autorités locales allaient consulter les divinités protectrices pour savoir si la guerre serait remportée ou non.

Sur le plan magique, les vêtements des sémassi portaient des amulettes, signes d'invincibilité.

Toutes ces préparations nous incitent à une analyse scientifique.

En effet, nous pensons que les habits de guerre, la consultation des dieux ont avant tout des effets psychologiques sur les guerriers car, on suppose que le combattant en état de conscience claire ne pourrait pas donner le rendement escompté. Ainsi, le fait de porter un habit entouré d'amulettes développe en lui l'esprit d'endurance et de détermination.

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C'est le cas à Sparte dans l'antiquité grecque où les enfants étaient instruits à l'éducation militaire où on cultive en eux les vertus comme l'endurance, la détermination pour la défense de la Patrie.

Dans cette situation, le combattant est sûr de lui-même qu'il ne craint plus la mort.

Par ailleurs, la technique de guerre adoptée par les guerriers était la technique d'encerclement.

Celle-ci consiste à encercler l'ennemi afin de triompher de ce dernier. Les cavaliers au devant des opérations étaient les vrais attaquants. Ce sont eux qui mettaient souvent l'ennemi en déroute en tuant les gens et en incendiant les agglomérations des adversaires au moment où les fantassins s'occupaient à compléter la mise en déroute et à piller. Le butin peut être composé de céréales, d'hommes, de femmes voire des enfants.

De nombreux conflits vont par la suite opposer le royaume aux autres peuples de la région.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon