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L'histoire d'une société rizicole en Côte d'Ivoire: le cas de la société de développement de la riziculture ( soderiz ) 1970 - 1977

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par Lassina Songfolo YEO
Université Alassane Ouattara de Bouake - Côte d'Ivoire - Maà®trise d'histoire 2012
  

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2. L'action de la Caisse Générale de Péréquation et des Prix dans la commercialisation du riz

La Caisse Générale de Péréquation et des Prix (CGPP), a été créé par le décret n°71-169 du 25 mars1971126. Elle fait son apparition, sur la scène rizicole en Côte d'Ivoire, à la même période que la Soderiz. Elle avait pour rôle principal de régulariser et stabiliser les prix de vente des produits et marchandises de grande consommation. Auparavant, il existait une réglementation particulière de l'importation et la fixation du prix du riz127. La CGPP exerçait ses activités sous la tutelle mal définie. En effet elle était rattachée à la fois au Ministère du

123 ADS : rapport annuel Soderiz 1975, p9

124 A, SAWADOGO op.cit p 53

125 ADS, rapport annuel Soderiz 1975, p45

126 JOCI du 5 avril 1971, p 414

127 Arrêté 10- 549 SEC du 10 décembre 1956 cité par Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit, p 361

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commerce, au Ministère de l'Economie et des Finances, au Ministère de l'agriculture pour la coordination de la collecte des produits agricoles et enfin à la Présidence de la République. Ce qui faisait penser selon Brindoumi Atta Kouamé Jacob que sa gestion était plutôt « du politique » que celle d'un établissement public national normal128.

Pour Dutheil de la Rochère, la nature juridique de la CGPP était difficile à déterminer. Dès sa création elle fut dirigée par le directeur des affaires économiques et des relations économiques extérieures. Elle n'avait officiellement ni personnalité juridique ni autonomie financière129. Elle possédait des antennes à l'intérieur du pays. Les activités de la caisse de péréquation portaient sur le riz officiel, c'est-à-dire produit localement dans les unités industrielles de la Soderiz et riz de luxe importé.

En créant la CGPP, l'Etat envisageait assurer l'uniformité des prix fixés à la consommation sur l'ensemble du territoire. Cette garantie était réalisable grâce à une subvention du transport du riz. Le circuit de distribution de la Caisse de péréquation était assujetti à un agrément délivré par la caisse de péréquation elle-même. En 1974, des agréments de grossiste ont été livrés. Environ 450 grossistes opéraient pour ce circuit.

La logique de l'intervention de la CGPP dans la filière riz était d'assurer la sécurité alimentaire du pays et favoriser la transformation industrielle du riz et faciliter aussi son écoulement. En d'autres termes, c'était d'éviter des ruptures de stocks dont les conséquences pouvaient s'avérer préjudiciables. Pour Louis Berger, cela permettait « d'assurer la permanence des approvisionnements en riz de la population d'environ 90 000 tonnes et d'assurer également, l'écoulement du riz du circuit officiel tout en maintenant l'uniformité des prix du riz blanc sur l'ensemble du territoire, national grâce à une péréquation du

128 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 55

129 Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit p 361

89

transport »130. Ainsi, la CGPP réglait la distribution du riz blanc au niveau

national. Elle estimait et rachetait toute la production locale du riz des unités industrielles de la Soderiz. La caisse de péréquation du riz utilisait une partie de ses ressources pour le soutien de la collecte et de l'usinage du paddy local. Les ressources de la CGPP devaient servir à la régularisation et à la stabilisation du prix de vente du riz. Environ 60% de ses ressources étaient versées à la Soderiz comme frais de transport, d'usinage et pour la redistribution du riz131. Le reste

des ressources étaient versées au Budget Spécial d'investissement et d'Equipement (BSIE), en vue de leur affectation à des opérations différentes de la stabilisation des prix, telles que la mise en valeur des bas-fonds et la vulgarisation de la culture du riz. Elle a joué un rôle très capital dans la commercialisation du riz en général et la production de la Soderiz en particulier. Par ses actions, elle a permit une accessibilité du riz à toutes les couches sociales.

L'association de la CGPP à la commercialisation marque l'intervention de l'Etat dans le commerce du riz. Elle intervient dans le financement du coût de transport du riz. Ce qui permettait aux commerçants de bénéficier d'un soutien en fonction de la localisation de son magasin. La caisse de péréquation pratiquait des prix variant entre 1,10 francs le kilomètre à 4 francs CFA. Pendant la période 1973 - 1974, la caisse versait 4 francs entre Abidjan et Man, 2 francs Cfa le kilomètre, Gagnoa - Abidjan, 2 francs Cfa le kilomètre Bouaké - Korhogo132.

La caisse a régulé près de 100 000 tonnes de riz en 1973, soit près de 14 % de la consommation totale du pays133. Elle était une caisse de stabilisation pour

le secteur de la commercialisation et en même temps elle était perçue comme

130 L, BERGER, op.cit p v-2

131Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit, p362

132 Ministère du commerce, commercialisation des produits vivriers en Côte d'Ivoire : analyses et recommandations, Abidjan, BETPA, 1982, p 53

133 K, DIOMANDE op.cit p 56

une source de revenu pour l'Etat ivoirien, car elle percevait les taxes sur les importations de riz.

En effet, comme l'indique le tableau n°10 ci-dessous la caisse de péréquation a réalisé des bénéfices énormes sur les importations du riz de 1971 à 1977. En 1971, lorsque la caisse de péréquation achetait 97 000 tonnes de riz importé, le prix était 21 000 francs la tonne. Ensuite elle revendait aux grossistes à 45 000 francs la tonne, soit un bénéfice brut de 24 000 francs CFA la tonne. L'Etat réalisait un bénéfice total de 2 340 000 000 francs Cfa. Entre 1971 et 1973, l'Etat a réalisé un bénéfice de plus de 5 milliards de francs Cfa. De 1973 à 1974, les chiffres furent négatifs du fait de la hausse des prix à l'importation et à la forte production du riz de la Soderiz. A partir de 1975, le pays réalise d'énormes bénéfices atteignant 2 655 000 000 francs Cfa en 1977. Ces devises ont servi à alimenter le budget général de l'Etat.

Tableau n°10 : Estimation des revenus bruts de l'Etat sur la commercialisation

du riz importé de 1971 à 1977

Années

Volume importé en
Tonne

Prix CAF en
francs CFA

Prix de cession
aux grossistes f
CFA /T

Bénéfice
brut en f
CFA/T

Total du bénéfice milliards FCFA

1971

97 000

21 000

45 000

24 000

2,340

1972

77 000

28 000

45 000

17 000

1,3107

1973

147 000

59 000

57 000

-2 000

-0,294

1974

72 955

112 000

107 000

-5 000

-0,365

1975

1 636

50 000

97 000

47 000

0,0752

1976

1 300

30 000

87 000

57 000

0,1311

1977

121 708

69 000

87 000

18 000

2,655

Sources: BRINDOUMI (A K J), op.cit p 12

90

Ministère du Commerce, statistiques douanières, 1977, p 54

Les circuits de distribution du riz pendant la période Soderiz étaient très complexes. La vente du riz blanchi a nécessité la présence de deux structures commerciales, à savoir la Chambre de Commerce et la CGPP. Ces structures qui ont fonctionnées simultanément visaient à écouler les stocks de riz usinés par la Soderiz.

Les succès techniques ont été indéniables. Ainsi dans des délais très courts, soit en moins de quatre ans la production de paddy a été multipliée par 2 tandis que la quantité de paddy collectée et usinée a été multipliée par 1,5134. Ce meilleur résultat obtenu grâce à l'action de la Soderiz aura des effets positifs sur l'économie du pays. Cette synergie a permis à la Soderiz d'atteindre entre autre l'un de ses objectifs à partir de 1974.

91

134 S Y, AFFOU, op. Cit p 21

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo