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L'histoire d'une société rizicole en Côte d'Ivoire: le cas de la société de développement de la riziculture ( soderiz ) 1970 - 1977

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par Lassina Songfolo YEO
Université Alassane Ouattara de Bouake - Côte d'Ivoire - Maà®trise d'histoire 2012
  

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II-LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION OFFICIEL

Les difficultés d'usinages que connaît la société depuis quelques années ont affectés le secteur commercial. La distribution du riz de la Soderiz fut difficile. L'approvisionnement des consommateurs en fut affecté créant une pénurie artificielle.

1. Le sabotage de la Chambre de commerce

Le monopole de la commercialisation et de la distribution du riz produit par la Soderiz était confié à la Chambre de commerce. Au sein de cette institution, il existait une commission qui s'occupait de la commercialisation du riz importé et décidait des importations de riz sur appel d'offre, en fonction de l'analyse hebdomadaire des besoins, des stocks et de la production de la Soderiz. Les responsabilités étaient donc partagées entre la Soderiz qui s'occupait du secteur de la production et la Chambre de commerce qui contrôlait le secteur de la distribution du riz.

En 1976, alors que la société accumulait dans ses magasins et ses rizeries des dizaines de milliers de tonnes de riz blanchi, la Chambre de commerce qui avait en principe la tâche de les lui racheter afin de les distribuer aux détaillants, bloque totalement la situation en restant indifférente à l'accumulation du riz. C'est pourquoi Jean Kemiangna Oulai directeur général de la Soderiz affirmait que : « Des retards existent non seulement au niveau des services administratifs mais aussi a la chambre de commerce dans l'enlèvement du riz blanc et dans le paiement »215. Il semblait que ce retard dans l'écoulement du riz était dû à un problème de financement.

215ADS : Procès verbal du conseil d'administration de la Soderiz du 16 juillet 1976 p 4

128

En réalité le cartel de la chambre de commerce était composé de grossistes tels que SACI, CFCI, EL NASR, GENERAL IMPORT216. Ils préféraient écouler le stock de riz importé au dépend du riz sorti des usines de la Soderiz. Avec le riz importé les grossistes réalisaient d'énormes bénéfices substantiels. La chambre de commerce est restée entièrement soumise aux intérêts et aux stratégies des groupes privés. Cependant, les importateurs continuaient à fixer leurs quotas de riz importé.

En 1977, la manoeuvre fut à nouveau rééditer pour réaliser d'énormes bénéfices après la baisse des importations en 1975 et la réalisation de l'auto suffisance en riz. Ce qui fait dire à Diallo Roger ancien cadre de la Soderiz que : « A la vérité quand on a fait l'auto suffisance en riz, ceux qui vivaient des importations se trouvaient au chômage »217. Alors, on assista au sabotage des stocks de la Soderiz par la chambre de commerce qui parfois écoulait le riz à compte goutte218. Le riz local de la Soderiz fut rare sur le marché, ainsi ce sabotage marque la victoire du secteur privé des importateurs au dépend de la Soderiz. Cette situation devenant paradoxale a créée certaines difficultés d'approvisionnement des différentes villes du pays. Cette situation est illustrée par le tableau n°16 (p126), qui montre l'intérêt porté par les grossistes pour le riz importé. Au cours du mois de février 1976, les grossistes ont vendu 2640 tonnes de riz importé contre 110 tonnes de riz Soderiz219. Ces acteurs privés réunis au sein de la chambre de commerce ont donc réussi à saboter le riz Soderiz, augmentant ainsi le stock de riz local disponible à plus de 596 tonnes. Selon le tableau n°16 (p126) le fait de privilégier la vente du riz importé au dépend du riz local produit par la Soderiz s'est vite répercutée sur le stockage.

216 Les grossistes qui opéraient à la Chambre de commerce en 1976 , étaient :SACI, CFCI, GENERAL IMPORT, SIDECO, CHAINE AVION, CICA, DISTRIPAC, SHAC, AGRIPAC, SIDF, EL NASR, IBERO, CIC, CFCD, SEC

217 Roger DIALLO, ancien agent au service financier de la Soderiz, entretien réalisé le 29 septembre 2011 à Marcory

218 J, P, DOZON, OP.cit p 119

219 Selon le tableau n°16 en 1976, au total 2640 tonnes de riz importé ont été vendu contre 110 tonnes de riz Soderiz

129

Tableau n°16 : Situation des stocks et de vente de riz des grossistes fin février 1976

Grossistes

Vente au cours du mois de février

Stock disponible au 28 février 1976

Import

Local

Import

Local

SACI

417

-

-

157

CFCI

450

-

-

220

GENERAL IMPORT

402

-

-

70

SIDECO

230

-

-

147

CHAINE AVION

278

-

-

1

CICA

247

-

147

-

DISTRIPAC

385

-

116

-

SHAC

-

-

6

-

AGRIPAC

51

-

3

-

SIDF

-

-

-

-

EL NASR

180

4

-

-

IBERO

-

-

-

-

CIC

-

66

7

1

CFCD

-

-

-

-

SEC

-

40

-

-

Source : Chambre de Commerce, compte rendu n°8 de la commission riz du mercredi 24 mars 1976

130

En février de la même année, les grossistes avaient à leur possession comme stock disponible en riz importé au total 279 tonnes et c'est la CICA qui se tailla la part belle avec 147 tonnes. Concernant le riz local Soderiz, le stock disponible s'élevait à 596 tonnes.

Au regard de ce constat, le sabotage du riz de la Soderiz par la Chambre de commerce apparait comme une réalité. Ce fait a par la suite entrainé le problème d'approvisionnement des centres urbains

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