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Procédure d'octroi de crédit et gestion du risque dans la micro finance : cas de la gestion du risque de crédit de PAMECAS (Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et le Crédit Au Sénégal).

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par Abdoulaye SANOGO
Institut supérieur de management de Dakar ( Sénégal) - Master 2 en banque 2011
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION

La mise en oeuvre des politiques de stabilisation suivies, des plans d'ajustement structurel au Sénégal, a certes entrainé des performances économiques mais n'a pas contribué, de façon conséquente, à l'amélioration des conditions de vie des populations en général et celle des pauvres en particulier, ni à la réduction de la pauvreté.

La micro-finance fait référence à l'offre de services financiers aux populations pauvres et à faibles revenus, qui ont peu ou n'ont pas accès aux services financiers bancaires, dans le but de satisfaire les besoins de leur ménage ou de leurs activités économiques et professionnelles. Les services financiers dont il s'agit ici sont principalement de deux types, épargne et crédit, auxquels s'ajoutent maintenant les assurances et les services de transfert. Une institution de micro-finance est une entreprise financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et dégager une marge sans appui extérieur pour être viable et continuer à offrir ses services. Par ailleurs, les clients des institutions de micro-finance ont besoin des services financiers pour, entre autre, sécuriser leurs disponibilités et mener principalement des activités économiques.

Cependant, au-delà de leur fonction d'intermédiation financière, de nombreuses institutions de micro-finance jouent un rôle d'intermédiation sociale à travers notamment les modalités suivantes : groupes de solidarité, formation des clients, renforcement de la confiance en soi, participation à la gestion.

La Micro finance désigne l'activité de collecte d'épargne et de financement des petits producteurs ruraux et urbains. La micro-finance est aussi définie comme un outil de lutte contre l'exclusion, la pauvreté et les inégalités. Elle devient un phénomène de plus en plus important, aussi bien dans les pays du sud que les pays du nord1(*). A l'école d'Affaires Internationales et publiques, Université de Columbia, Lauren Kesner a défini la finance comme étant la science de la gestion et de la création de patrimoine et suggère que si les pauvres peuvent gérer et accroître leur patrimoine, ils ont besoin de services financiers leur permettant de le faire, en déclarant : " La micro-finance est " micro " uniquement parce que le patrimoine de ceux qui vivent dans la pauvreté est " micro ". C'est un système qui permet d'offrir de services financiers à des individus ou des groupes d'individus pauvres, qui n'ont pas accès aux services financiers formels, dans le but de satisfaire les besoins de leur ménage ou de leur micro-entreprise. Si la micro-finance consiste à offrir des services financiers aux populations pauvres et très pauvres, composées notamment des petits travailleurs indépendants ou organisés en groupements, elle s'est développée en tant qu'approche de développement économique qui s'intéresse spécifiquement aux populations à faible revenu. Les services financiers comprennent généralement le microcrédit et l'épargne. Certaines Institutions de micro-finance (institution de micro-finance) ou Structure de financement décentralisé (SFD) proposent également des services d'assurance et de paiement.

Par le vocable « Institutions de Micro-finance » (IMF) ou « Structure de financement décentralisé » (SFD) on désigne une multitude d'institutions composées de coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC), de crédit solidaire (inspiré du modèle Grameen Bank du Bangladesh), de caisses villageoises et des banques communautaires etc. Les SFD sont plus ou moins implantées en milieu rural et interviennent à des degrés divers en agriculture. Elles se caractérisent par leur proximité par rapport à leur clientèle et par la flexibilité de leurs procédures d'octroi et de recouvrement qui sont peu contraignantes pour les populations pauvres. Au-delà de leur fonction d'intermédiaire financier, un grand nombre d' institutions de micro-finance ou SFD jouent un rôle d'intermédiation sociale à travers le groupement de personnes, le renforcement de la confiance en soi, la formation dans le domaine financier et la gestion des compétences au sein d'un groupe. Ainsi, la micro-finance se définit souvent par les deux fonctions d'intermédiation sociale et financière. Loin d'être une simple affaire de banquier, la micro-finance est un outil du développement.

La gestion des risques est un aspect très important de la gestion d'une institution de micro-finance. Il est absolument indispensable pour une structure de micro-finance de connaître ses faiblesses et les risques qu'elles engendrent afin de pouvoir développer des systèmes de gestion dans le but d'être pérenne. En effet c'est le processus par lequel les risques sont évalués en utilisant une approche systématique qui identifie et organise par priorité les risques, et qui ensuite met en place les stratégies pour atténuer les risques. Cette approche comprend à la fois la prévention des problèmes potentiels et la détection au plus tôt des problèmes actuels. C'est un processus itératif qui demande la participation du personnel à tous les niveaux de l'organisation.

La gestion des risques est une prise de risques calculés. Elle réduit la probabilité de réaliser des pertes et minimise le degré de perte. Elle consiste ainsi à mettre en place des systèmes de prévention des problèmes potentiels, de détection et de correction des problèmes subis. Dans cette optique, l'institution de micro-finance va devoir évaluer sa vulnérabilité liée à certains types de risques, élaborer des systèmes de contrôle ainsi que des techniques d'atténuation des risques et des stratégies de gestion de ces risques. La gestion des risques comprend trois étapes que sont :

- identification des faiblesses, des limites et des menaces actuelles et potentielles

- conception et mise en oeuvre des systèmes de contrôle (garantie, caution etc.)

- suivi de l'efficacité des systèmes de contrôle (tableaux de bord des indicateurs et ratios).

Le travail prendra en compte deux aspects très importants à savoir la procédure d'octroi du crédit et la gestion des risques dans la micro finance. Tout ceci en prenant le cas du Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et le Crédit Au Sénégal (PAMECAS) qui est une institution de micro-finance crée en 1995.

C'est dans ce cadre, que ce travail de recherche s'articulera autour de trois parties subdivisées chacune en chapitre :

· La première partie pose les bases théoriques de cette recherche. Elle s'attèle d'abord à la construction de l'objet de recherche ainsi qu'à la spécification de la problématique et pour finir exposer la méthodologie du travail.

· La deuxième partie est axée sur la présentation de PAMECAS et du contexte général de fonctionnement de la micro finance au Sénégal.

· Enfin, la troisième partie est consacrée à la présentation des résultats.

PREMIERE PARTIE : CADRES THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE

Section 1 : PROBLEMATIQUE

Bien que l'on ait assisté, ces dernières années, à une forte croissance des institutions de micro-finance de par le monde, la demande de services de micro-finance reste largement insatisfaite. En effet, sur une demande globale estimée à 500 millions de familles, seules 30 millions seraient touchées en 2002. Sur les continents, la couverture est très inégale. En Asie : 9,3% des familles les plus pauvres seraient touchées contre seulement 6% en Amérique Latine et en Afrique.

Dans l'UEMOA, les pratiques d'épargne et de crédit (tontines, clubs d'épargne, caisses de solidarité, fonds rotatifs, coopératives d'épargne et de crédit) ont des origines lointaines. Cependant, la micro-finance, en tant que secteur organisé, et sa contribution au développement économique ne sont reconnues qu'il y a une quinzaine d'années. Dans la zone UEMOA, le secteur de la micro-finance est régi par une loi sur les structures mutualistes d'épargne et de crédit, adoptée au niveau de chaque pays sur la base du cadre général de la législation dite loi "PARMEC", et ses décrets d'application. Dans le cadre de cette réglementation, les structures mutualistes peuvent être agréées et leurs institutions de base reconnues par les ministères des finances, sur la base de demandes examinées par les cellules de suivi des SFD desdits ministères avec la collaboration de la BCEAO. Les objectifs étant:

- la protection des déposants en vue d'accroître la crédibilité des institutions et partant, d'augmenter leur capacité de mobilisation de l'épargne ;

- la sécurité des opérations par l'instauration de règles prudentielles propres à prévenir des abus pour préserver la viabilité des institutions ;

- le renforcement de la capacité et de l'autonomie financière de ces institutions par leur regroupement en réseau.

Elle a été depuis son adoption un outil majeur de développement de la micro-finance en Afrique de l'Ouest en sécurisant la collecte de l'épargne, en aidant à la maîtrise de la gestion de crédit et en contribuant à la professionnalisation des institutions de micro-finance. Les structures non mutualistes peuvent signer des conventions avec le ministère chargé des finances pour mener leurs opérations. Afin d'exercer le suivi, le contrôle et la tutelle des SFD, les ministères des finances des pays membres se sont dotés de cellules de suivi et de contrôle. Le cadre réglementaire a été complété par les instructions de la BCEAO relatives au contenu et aux modalités de collecte et d'organisation de l'information financière concernant les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Cependant, il suscite des controverses relatives notamment à l'orientation mutualiste et ses incidences institutionnelles d'une part, et au taux d'usure et ses conséquences sur la viabilité des institutions de micro-finance d'autre part.

L'approche dite sectorielle du développement de la micro-finance a pour objectif principal de renforcer le système financier global par l'intégration du secteur de la micro-finance afin de garantir pour les pauvres et les ménages à faibles revenus, un accès durable aux services financiers. L'intégration de tous les sous-segments du secteur financier est une condition nécessaire du développement, mais elle n'est pas suffisante. D'où la nécessité que le système financier intégré puisse être constitué d'institutions viables et pérennes fournissant des services aux populations de toutes catégories. Cette approche s'appuie sur le développement d'une politique et d'une stratégie nationale reflétant la commune vision de tous les partenaires d'une intégration du secteur de la micro-finance dans le secteur financier formel et commercial. Elle prend en compte la situation socio-économique et politique. Elle est centrée sur le développement de la capacité locale concernant l'environnement plus particulièrement le cadre légal et réglementaire, les institutions, les mécanismes de financement, les services d'appui au secteur tels que les structures juridiques, de comptabilité et d'audit, les centrales de risques, les possibilités de formation et de renforcement institutionnel, le degré de structuration de la profession, afin que les services financiers aux populations pauvres et à faibles revenus intègrent sur une base non subventionnée et permanente le secteur financier formel.

En visant à faire de la micro-finance non pas un secteur en marge du système financier global mais une partie intégrante de ce système, l'approche sectorielle est au coeur du développement. En effet, elle favorise, à travers son objectif et sa démarche, la jonction entre la micro-finance et le développement aux trois niveaux suivants :

- l'accès des pauvres et ménages à faibles revenus aux services financiers durables ;

- la création d'institutions de micro-finance viables et pérennes;

- l'insertion des institutions de micro-finance dans le système financier global.

Les produits et services de micro-finance entraînent notamment par le crédit, un effet de levier sur l'activité économique des ménages. De façon générale, ces services financiers (crédit, épargne, assurance...) constituent des outils de gestion, de réduction et de partage de risques. Ils contribuent également au renforcement des liens sociaux. L'accès permanent des populations pauvres à des services financiers les aides à réduire leur vulnérabilité. Mais la micro-finance n'est pas une panacée. Elle n'est pas la solution miracle capable à elle seule d'éliminer la pauvreté. Dans un contexte économique favorable, la micro-finance constitue un outil adapté pour améliorer les conditions de vie des pauvres qui ne sont pas en mesure d'exploiter les opportunités économiques faute de moyens financiers. En contribuant à l'augmentation des revenus, à la création des revenus et en réduisant les dépendances vis-à-vis des prêteurs informels, la micro-finance contribue à la réduction de la pauvreté.

Les besoins en services financiers des populations étant permanents, les institutions de micro-finance doivent veiller à la viabilité et à la pérennité de leurs opérations ; cet objectif n'étant pas contradictoire avec celui de la lutte contre la pauvreté.

Avant 1995, les relations banques - Systèmes Financiers Décentralisés étaient timides voire inexistantes. Par la suite, avec la mise en place d'un cadre légal et réglementaire des institutions de micro-finance et les instructions de la BCEAO, ainsi que le développement et la bonne santé du secteur bancaire, les relations des institutions de micro-finance avec le système bancaire se sont améliorées. De façon générale, les banques s'intéressent à la captation des épargnes mobilisées par Les institutions de micro-finance, jouant pour les institutions de micro-finance le rôle de gage de sécurisation des dépôts.

Plus de 70% des institutions de micro-finance ont ouvert des comptes dans des banques. S'agissant des relations continues entre institutions de micro-finance et banques, la CNCAS occupe la première place avec des liens très anciens et suivis avec près de 40% des institutions de micro-finance, aussi bien en milieu urbain que rural.

Le secteur de la micro finance au Sénégal est en pleine évolution. Au 30 juin 2010, les SFD servent 1 289 000 membres dont 39% de femmes. L'encours de crédit a atteint 163 milliards FCFA. Cependant les emprunteurs actifs ne représentent que 23% des membres2(*). Le rapport souligne aussi  la faiblesse de la part de l'épargne à terme dans l'encours global de dépôts (-23%). Au rang des Institutions de Micro finance (IMF), il y a Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et le Crédit Au Sénégal (PAMECAS) dont nous travaillons sur la procédure d'octroi.

Cette progression importante des Systèmes Financiers Décentralisés et des Institutions de Micro Finance nous pousse à soulever quelques interrogations :

· Quelle est le risque encouru par les Institutions de Micro Finance dans l'octroi du crédit ?

· Mais aussi, quelle est la procédure précédant l'octroi du crédit par PAMECAS ?

· En rapport avec les risques, quelles sont les mesures préconisées par PAMECAS en cas de non remboursement ?

Section 2 : OBJECTIFS

Section 2.1 : Objectif principal

L'objectif principal que l'on s est fixé à travers notre étude, c'est de participer à une meilleure connaissance du domaine de la micro finance. Autrement dit d'apporter notre contribution à une meilleure maîtrise du processus de maîtrise des risques dans l'octroi du microcrédit.

Section 2.2 : Objectifs spécifiques

· Contribuer a l'amélioration des méthodes utilisées contre les risques encouru par les micros finances.

· Proposer des méthodes plus adéquates et durables.

· Inciter les responsables des institutions de micro finance à une meilleure connaissance des risques avant tout octroi de prêt à un client.

Section 3 : HYPOTHESES

· Plus l'octroyeur s'informe d'avantage sur la solvabilité du client, moins les risques encourus sont grands.

· le recours préalable à l'enquête de moralité et à la connaissance d'antécédents juridiques comme préalable à l'octroi d'un prêt réduit le risque crédit.

· Une étude sur la rentabilité de l'activité est nécessaire pour vérifier la pérennité de l'activité.

Section 4 : PERTINENCE DU SUJET

Durant les deux dernières décennies qui on suivi l'indépendance du Sénégal, trois modes d'intervention ont tenté d'appuyer les populations dans le cadre des activités rurales et d'une manière générale dans la relance du secteur privé. Ces mesures ont eu comme objectif la promotion du développement endogène durable.

Il y a d'abord les banques de développement généralistes qui assuraient la distribution des crédits dont la réception était confiée au secteur coopératif. Le crédit suivait une longue procédure pour parvenir à son destinataire. A l'époque, les demandeurs n'étaient pas de grands opérateurs économiques du fait du déficit d'épargne préalable. Par la suite, la mauvaise gestion des fonds et les taux impayés très élevés ont conduit à l'échec des banques de développement.

L'échec de ces institutions généralistes a été à l'origine de la mise en place des institutions spécialisées : les banques agricoles. Ces dernières distribuaient des crédits à des structures publiques d'encadrement de la production agricole qui assuraient l'octroi de crédit aux producteurs. Au fil du temps (années 80), les banques agricoles vont faire face à leur tour aux problèmes d'impayés et de gestion. La majorité des banques d'Afrique de l'ouest sont en liquidation et réhabilitation ; si les causes de ces échecs ont pu être conjoncturelles, elles ont été avant structurelles. Enfin, le microcrédit, initialement développé pour desservir les zones marginalisées, s'est avéré incapable de fournir un financement durable. D'une manière générale, ces institutions n'ont pas réussi leur mission. Elles n'ont pas pu satisfaire la demande ni assurer leur pérennité. Ce qui fait la pertinence de tout thème traitant de la micro finance. Désormais tout acteur individuel ou collectif, riche ou pauvre, peut bénéficier de l'offre faite par les Institutions de Micro finance, à condition de respecter certaines conditions relativement souples. Il s'agit entre autres de la caution solidaire, laquelle a fait que plusieurs porteurs de projet ont bénéficié de financements qui ont servi de démarrage à leurs Activités Génératrices de Revenus.

La micro finance assure aujourd'hui le revenu et le bien-être de dizaines de millions de clients qui ne peuvent pas fréquentés les banques classiques vu leur taux de remboursement de prêt très élevé. Le succès de la micro finance est essentiellement lié au caractère innovant des méthodologies de crédit, qui ont été développées pour réduire le coût de petits prêts non garantis accordés à un grand nombre de clients pauvres. Ces méthodologies de crédits reposent sur le profil individuel du client, on demande aussi aux clients de se mettre en petit groupe de dix (10) personnes ou plus pour demander les prêts afin de faciliter le remboursement. Le capital (fonds propres) d'une micro finance est fondé sur le dépôt des adhérents.

De plus, nous aimerions inscrire davantage la question relative au microcrédit dans la préoccupation des responsables de ce pays compte tenu du rôle important qu'il peut jouer dans l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. En effet, le monde s'est assigné pour objectif de réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015 conformément aux engagements de Copenhague3(*).

Section 5 : REVUE CRITIQUE DE LITTÉRATURE

La partie de la recherche que constitue la revue critique de littérature est indispensable en ce sens qu'elle établit non seulement la pertinence de notre étude mais aussi elle nous permet de faire l'état des lieux et les critiques des ouvrages et documents consultés. En effet, elle consiste en une étude analytique et synthétique de la documentation existante.

L'Afrique est une région du monde qui est depuis plusieurs décennies l'objet d'investigations, de discours et d'intervention visant à identifier et à solutionner toute une panoplie de problèmes, définie notamment en termes de « développement » et plus récemment de « lutte contre la pauvreté ». Cette stratégie de lutte contre la pauvreté s'articule autour du DSRP (Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté), document stratégique qui organise les formes et méthodes d'intervention au Sénégal et qui a pour stratégies :

- Création de richesses et croissance pro pauvre

- accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base ;

- protection sociale, prévention et gestion des risques de catastrophes ;

- et surtout bonne gouvernance et développement décentralisé et participatif.

Il a été mis à jour depuis 2006. En effet, l'entreprenariat féminin, particulièrement dans le commerce est une réalité ancienne au Sénégal, qui y prend de l'expansion sous de nouvelles formes.

De même, les femmes s'organisent en grand nombre sous forme de groupes d'entraide et de solidarité et c'est souvent par ces objectifs, appelés « groupement de femmes », « groupement de promotion féminine » ou encore groupement d'intérêt économique », qu'elles tentent d'avoir accès à des programmes et projets de micro crédit. Ces formes d'organisation sont devenues aujourd'hui des acteurs stratégiques pour toute intervention au niveau local. Les milieux urbains africains sont des espaces ou s'opèrent des changements sociaux, notamment en ce qui a trait à trait aux hiérarchies sociales et familiales, aux rôles sociaux de sexe et aux pratiques associatives.

Dans son ouvrage l'entreprenariat féminin au Sénégal. La transformation des rapports de pouvoir4(*), Fatou Sarr montre que les femmes du milieu urbain sont au coeur d'une dynamique de changement social : d'une part la structure familiale est en mutation, ce qui permet aux femmes de négocier de nouveaux espaces de pouvoir et de liberté par rapport à leur rôle traditionnel. D'autre part, des femmes se retrouvent dans une situation de plus grande précarité économique, notamment à cause des politiques macros économiques défavorables telles les programmes d'ajustement structurel (PAS). Cette situation encourage les femmes à trouver des moyens innovateurs pour assurer leur subsistance et celle de leur famille ; elles investissent des secteurs de l'économie informelle, notamment avec l'aide des systèmes informels d'épargne et de crédit. Les femmes se sont donc servies de leurs réseaux traditionnels de solidarité pour répondre à leurs nouveaux besoins sociaux et monétaires, amenés par l'effritement de la structure familiale et par la crise économique.

Parallèlement, depuis une quinzaine d'années les populations, notamment, des banlieues dakaroises se sont progressivement organisées en de nouvelles formes associatives, notamment en Groupement d'Intérêt économique (GIE) et en association, souvent dans le but non seulement d'obtenir l'aide financier d'ONG ou de bailleurs de fonds, mais aussi pour s'assurer une présence collective renforcée sur la scène sociopolitique. Par exemple, des commerçants et/ou des artisans se regroupent en GIE dans le but de s'entraider, souvent sur une base territoriale (une commune ou un quartier). Certains de ces groupements sont masculins, certains sont féminins, d'autres sont mixtes.

Il est à noter que d'une part, les femmes s'organisent à l'intérieur de leurs réseaux de solidarité pour tenter d'investir certaines activités dans le secteur « informel » afin de subvenir à leurs besoins « monétaires ». D'autre part, nous observons un mouvement de formalisation ou plus exactement de canalisation progressive de ces activités économiques et ces réseaux de solidarité dans des formes associatives dont les structures officielles correspondent à un mode de fonctionnement qui diffère de celui des réseaux traditionnels d'entraide et de redistribution des ressources matérielles.

De plus, leur subordination les rend plus facilement contrôlables et isolables. Cette analyse présente des similitudes et des compatibilités avec les constats les plus généraux sur les PAS dans un ensemble de pays en développement ou en ajustement : la force du travail se féminise, et de plus en plus de femmes sont à la recherche des sources de revenus, qu'elles trouvent souvent ; particulièrement dans les pays du sud, dans les secteurs les plus précaires et les moins payés, tandis que leurs tâches domestiques augmentent en résultat du désengagement de l'Etat et de la dégradation environnementale.

A partir de ces éléments, les femmes sont définies à la fois comme des travailleuses de seconde classe mais très productive et dont la force de travail peut être utilisée à un coût très faible et à la fois comme celles qui sont responsables du travail de soins et de reproduction. De plus, elles sont représentées comme celles qui sont le plus susceptibles d'utiliser leurs revenus en totalité pour répondre aux besoins de leur famille et de leurs enfants.

« L'accumulation des biens destinés aux cérémonies familiales se faisait dans le cadre de la structure familiale et lignagère (...) l'accumulation collective, non seulement a été renforcée, mais a dépassé le cadre familial pour être pris en charge aussi par les voisins, les amis et les relations en milieu urbain »5(*) .

Cependant le reproche qui peut être fait à Fatou Sarr ainsi qu'à beaucoup d'autres chercheurs africains ayant travaillé sur la micro finance, c'est de ne pas avoir montré comment l'introduction du microcrédit, en tant que changement social, dans les milieux ruraux et urbains a été perçue. Bien avant que les femmes n'assimilent et ne fassent appel au microcrédit pour financer leurs activités, quelle était leur posture, position, leur avis sur l'introduction dans leur univers économique de cette nouvelle donne ? L'ouvrage n'a pas apporté la réponse à cette question. On note aussi le fait que certaines thématiques importantes soient éludées car, par exemple la confrontation d'approches aurait permis une mise en perspective des principaux débats concernant la micro finance au Sénégal, celui entre épargne et crédit, celui des liens entre l'informel endogène et la micro finance hybride appuyée par l'extérieur.

En effet, ces réseaux traditionnels d'entraide dont parle Fatou Sarr, fonctionnaient en « clubs d'épargne ou tontines » selon Stuart Rutherford dans comment les pauvres gèrent-ils leur argent6(*) ?

Stuart Rutherford s'est attelé à démontrer que les clubs d'épargne ou tontines sont constitués de personnes qui se regroupent pour mettre en place et gérer leurs propres services d'intermédiation financière et individuelle de base. Les clubs d'épargne se composent de personnes qui décident de se regrouper pour épargner en commun, de différentes manières. Ces clubs sont la priorité de leurs membres et sont gérés par eux.

L'auteur identifie aussi les activités associatives des femmes, dont il relève quatre types : Les groupements économiques, les associations d'entraide, les associations religieuses, les associations politiques. Par groupement économique, il entend les tontines. Par association d'entraide, il entend les associations entre femmes d'un même quartier qui se cotisent pour constituer un fonds commun qui sera versé à celle d'entre elles qui en aura besoin pour une cérémonie familiale. Toujours selon lui, il est essentiel de considérer ces deux types d'activités comme économiques, dans la catégorie « activité de redistribution ». Ces activités existent toujours aujourd'hui.

Rutherford présentera ensuite ces pratiques redistributives. La première en importance est probablement celle des cérémonies familiales. Celles-ci sont organisées lors des événements importants du cycle de vie que sont les naissances, les baptêmes, mariages et les décès. Celles-ci sont sous le contrôle effectif des femmes et sont l'occasion d'une redistribution des biens au sein de la communauté.

Allant plus loin dans l'analyse de ces formes d'association, il explique qu'une tontine est une association de crédit rotatif qui fonctionne généralement comme suit : un nombre déterminé de femmes en sont membres et elles conviennent à l'avance d'un montant fixe que chacune devra cotiser à une fréquence déterminée. Il existe des tontines journalières, hebdomadaires, mensuelles, etc. Chaque ronde de cotisation constitue un « tour ». Le nombre de tours, donc la durée de la tontine, correspond, au nombre de cotisantes afin que chacune ait son tour (littéralement). Pour chaque tour, une réunion est organisée, qui prend souvent la forme d'une petite fête. A cette occasion, on verse la totalité des cotisations du mois à l'une des participantes, qui dispose ainsi d'un seul coup du montant total des cotisations qu'elle versera pour toute la durée de la tontine. Ce système est donc une forme de crédit mutuel dans lequel la totalité de l'épargne des participants est toujours en circulation. Les tontines, nous explique Rutherford, ont graduellement subi des transformations, passant de la tontine de consommation à la tontine d'investissement.

Mais, même si Rutherford a le mérite d'expliquer un peu le passage d'une forme de tontine dite consommation à celle d'investissement, il n'a pas situé la position de ce secteur financier informel par rapport à la tendance actuelle à l'institutionnalisation, à la commercialisation, autrement dit à la formalisation des systèmes financiers décentralisés.

Il a montré que les montants perçus lors de ces redistributions servent de plus en plus à financer des activités productives ou commerciales ayant pout but de générer des revenus. Mais les tontines traditionnelles ne permettent pas aux femmes de procéder à de grands investissements. Cette idée est d'autant plus vrai qu'elle est soutenue par Michel Lelart7(*) dans son ouvrage La tontine, pratique informelle d'épargne et de crédit dans les pays en voie de développement.

Lelart commence par faire un constat : la plupart des pays en développement se sont endettés au-delà de toute mesure et les systèmes bancaires africains sont en pleine décomposition. D'après l'auteur, la prise de conscience qui s'impose aujourd'hui confère un intérêt grandissant à la tontine. Les tontines existent dans la plupart des pays en développement, surtout africains, elles sont pratiquées par toute la population, sont d'une souplesse extraordinaire et elles drainent des sommes qui sont parfois considérables. C'est à ces pratiques qu'est consacré cet ouvrage.

Lelart a axé sa réflexion sur trois aspects :

- la première partie décrit le phénomène tontinier et permet d'élaborer une typologie des tontines, en partant de monographies effectuées.

- la deuxième partie mesure le phénomène et s'efforce de le quantifier, grâce à des enquêtes plus larges menées dans quelques pays africains : Niger et Togo notamment;

- la troisième partie analyse le phénomène sous certains de ses aspects, à la fois micro- et macro-économiques, avant d'amorcer une réflexion sur ce que pourrait être le rôle des tontines dans le financement du développement.

Refaisant un peu l'histoire, l'auteur nous fait savoir que la mobilisation de l'épargne dans les pays en voie de développement a suscité des travaux d'une ampleur peu commune depuis la guerre. Lelart fait ce constat : les institutions internationales, les autorités nationales de nombreux pays, les banques elles-mêmes, étrangères ou banques locales, des chercheurs se sont penchés sur ce problème pour comparer ce qui était fait à ce qui aurait dû l'être. Malgré l'énergie déployée pour trouver des solutions, notamment en Afrique, le bilan est globalement désastreux. Les banques n'ont jamais réussi à attirer l'épargne populaire. Il retrace l'évolution du phénomène tontinier qui a pris sa source en Europe. Dans l'espace ensuite, il montre bien la diversité des approches liée à la variété de ces pratiques qui s'étendent désormais à l'Afrique entière. Et il distingue nettement les deux fonctions que remplissent les tontines : par leur fonction de crédit, elles sont proches du crédit mutuel déjà implanté dans quelques pays africains; par leur fonction de prévoyance, elles tiennent lieu de sociétés de secours mutuel.

Lelart, dans ses analyses tend à montrer que l'épargne tontinière est une épargne à la fois volontaire et forcée. Elle ne permet qu'une accumulation limitée (l'espace d'un cycle pour reprendre ses termes) pour l'adhérent. Ces limites de la tontine sont également notables au plan collectif. Là encore, selon lui l'accumulation est faible (l'espace d'un tout). L'épargne tontinière est courte et devrait favoriser en principe davantage la consommation que l'investissement, en tout cas se limiter aux micros réalisations.

L'auteur a souligné l'originalité des attitudes et des comportements dans ces pays ou les banques n'ont pas cherché à s'adapter à la population. En fait, les individus s'organisent entre eux pour faire face collectivement à leurs besoins, pour se prêter et s'emprunter les uns les autres au sein d'associations qu'ils constituent eux-mêmes. De même, Lelart révèle que l'épargne dans ces pays en développement était essentiellement informelle. Elle circule et tout particulièrement au sein des tontines, encore appelées associations rotatives d'épargne et de crédit, où l'argent est mis à la disposition des uns et des autres.

Il constate que ce phénomène tontinier a pris une importance considérable depuis quelques années, bien qu'il ait des origines lointaines. On parle désormais de finance informelle, par analogie avec l'économie informelle. On se trouve ici en présence d'un véritable système, parfaitement organisé.

Cette notion de finance informelle, Michel Lelart la définit comme un ensemble de mécanismes originaux qui permettent en effet de faire circuler la monnaie en contrepartie d'une accumulation temporaire des créances et des dettes. Ainsi, la finance informelle engloberait selon lui tout mécanisme non officiel qui permet de faire circuler temporairement des créances et des dettes. La finance informelle regroupe donc l'ensemble des transactions effectuées, en marge des règles établies, par des intermédiaires. Mais, on peut signaler que ces mécanismes ne sont pas dans la majeure partie des cas illégaux car bien souvent les autorités publiques les tolèrent.

Lelart a beaucoup de mérites en ce sens qu'il a délaissé le système très rationalisé des grandes firmes et institutions de micro finance pour s'intéresser à un système de micro fiance typiquement africain : la tontine. C'est le penseur par excellence du système tontinier. Mais aujourd'hui il est clair que cette forme de finance a cédé la place à un système beaucoup plus moderne. Dans cette perspective, il aurait dû donner un aperçu global et assez complet de l'état actuel du débat sur la micro finance.

Cependant, certains sujets, non moins importants, sont peu ou pas du tout abordés par l'auteur. Ainsi, il ne parle pas de la commercialisation des Institutions de Micro Finance (IMF). En ce qui concerne l'investissement socialement responsable ou l'épargne solidaire, aucune allusion n'est faite à ces fonds, qui sont en forte expansion aujourd'hui en Occident, et qui sont en partie consacrés au financement de la micro finance. Des questions aussi importantes pour l'univers de la micro finance ne peuvent plus être ignorées dans l'avenir, surtout dans un livre se voulant aussi complet.

Ainsi les femmes sénégalaises ont de plus en plus recours aux institutions de microcrédit qui leur octroient des microcrédits leur permettant de passer de la micro à la macro réalisation. Et aussi parce qu'elles trouvent les revenus additionnels dont elles ont cruellement besoin pour assurer la survie de leur famille et de leurs enfants. Reste à savoir si ces micros crédits bénéficient réellement aux femmes.

C'est ainsi que Jean Michel Servet dans son ouvrage Banquiers aux pieds nus : la micro finance8(*) soutient que les résultats des études socio économiques d'impact du microcrédit apparaissent contradictoires. Ils ne permettent pas d'affirmer que le microcrédit joue un rôle positif pour les fractions les plus pauvres de la planète : le rôle des femmes de l'émancipation des femmes dans en matière de crédit est très ambigu. Servet propose quelques pistes de réflexion à travers certaines interrogations : est ce le microcrédit qui par lui-même est émancipateur ? Ou bien l'évolution du statut des femmes explique t-il que leurs capacités en matière de production, d'échange et de financement (dont celle d'emprunter)  augmentent? Selon lui, le soutien à la micro financement contribué à une précarisation généralisée des droits au travail. Si elle est présentée, comme la principale alternative, voire la seule.

Sur un tout autre plan, ZWAHLEN Anne et EGGER Ruth, dans Femme, épargne et crédit 9(*)(1991), mettent en relief l'importance du micro crédit et l'épargne dans l'amélioration des conditions de vie des femmes, à partir d'une étude basée sur :

- les difficultés et les potentialités pour les femmes dans l'épargne et le crédit ;

- les mécanismes de l'épargne dans le cas général des tontines ;

- les diverses expériences dans les pays développés, notamment la description.

En faisant certaines propositions, ces auteurs ont évoqué comme difficultés, la monétarisation des échanges et la pénétration de l'économie domestique par l'économie marchande, ce qui fait que les femmes éprouvent un besoin de financement pour jouer pleinement leur rôle dans la cité. Malheureusement, les réseaux de financement existant ne leur sont pas accessibles. Ils notent aussi de nombreux obstacles socioculturels, juridiques, économique comme l'analphabétisme, la mobilisation restreinte, la crainte de ne pas pouvoir rembourser, le droit moderne inadapté aux femmes, la nécessité de fournir une autorisation légale.

Ces auteurs nous permettent d'appréhender un certain nombre de facteurs liés à l'épargne et au crédit ainsi que certaines contraintes liées à l'inaccessibilité des femmes au service financiers. Elles mettent également en exergue le rôle de la formation dans la conduite des opérations de crédit en direction des femmes.

Cependant, les auteurs n'ont pas pris en compte les problèmes de gestion rencontrés par les femmes dans le cadre de leurs activités.

Au cours de nos lectures, un rapport a retenu notre attention, celui du PNUD sur le développement humain10(*). Le PNUD souligne dans ce document le fait que les crédits sont indispensables à la création et à l'expansion des activités productives. Les femmes, malgré leurs considérables apports économiques n'ont pas accès au crédit faute de pouvoir donner des garanties voulues. Les obstacles socio culturels ainsi que l'ignorance des démarches limitent beaucoup les rapports entre les femmes et les banques. Selon ce rapport, les établissements officiels estiment que le petit prêt leur revient cher, car l'opération et son suivi leurs prennent beaucoup de temps ; bien que les femmes qui empruntent pour une petite entreprise se soient pourtant montées bonnes débitrices, malgré les intérêts supérieurs à la moyenne qu'on leur demande. Pour cela, le PNUD à travers ce rapport sur le développement humain propose quelques mesures :

- Examiner les moyens de financement normalement accessibles aux femmes (patrimoine, plan d'épargne, prêteurs locaux), les possibilités de recours aux établissements officiels de crédit et les raisons qui empêchent les femmes d'y accéder `absence de garantie, principes socio culturels ;

- Prévoir les mesures spéciales de vulgarisation et de formation pour faciliter le contact entre les banques et les emprunteuses.

Le PNUD a eu le mérite de souligner l'importance des crédits en ce sens qu'ils créent des activités et favorisent leur expansion. Le rapport a également souligné le difficile accès des femmes au crédit. Il nous aidé à comprendre dans un certain contexte, les contraintes des femmes face aux grandes banques et à jeter les bases d'une nouvelle réflexion.

Cependant, il est resté muet sur les banques formelles qui sous estiment les petits crédits alors qu'on sait que les femmes ayant des revenus limités s'orientent vers les banques. Dès lors, le micro crédit apparaît comme un outil d'émancipation et de promotion de la condition féminine dont les objectifs visés sont multiples : augmenter le revenu et faciliter leur indépendance financière, stabiliser et professionnaliser leurs activités entrepreneuriales, améliorer leur statut au sein de la famille et enfin favoriser leurs capacités d'auto organisation, donc d'expression et de revendication.

De plus, le microcrédit a un effet multiplicateur sur les petites et micro entreprises féminines sans ajouter de surcharge de travail ou même en la diminuant quand le crédit permet l'achat d'équipement adéquat. Les femmes rentabilisent mieux leurs activités grâce aux fonds de roulement et, éventuellement grâce à l'équipement qu'elles reçoivent. Cependant, ce n'est pas partout et toujours que le micro crédit est considéré comme un instrument efficace de lutte contre la pauvreté. L'insuffisance des moyens financiers est un handicap parmi tant d'autres. Ainsi l'impact de la micro finance, est souvent surestimé, et les échecs des entrepreneurs ou des institutions de micro finance (IMF) sont assez nombreux.

Dans son étude, Financial services for women11(*) (les services financiers destinés aux femmes) Jean WEIDERMANN définit les principes fondamentaux du crédit destiné aux femmes pauvres ; accorder des crédits de trésorerie de faible montant et à court terme aux entreprises commerciales et aux entreprises de service ; supprimer les obstacles à la mobilité en allant au devant des femmes là où elles vivent et travaillent ; surmonter les obstacles d'ordre juridique grâce à la solidarité, à la garantie d'un groupe et aux références personnelles ; exiger des garanties solidaires plutôt que des documents écrits pour permettre la participation des femmes analphabètes ; enfin apprendre aux femmes à être de bonnes consommatrices de crédit. Selon WEIDERMANN, depuis peu, le secteur de la micro finance accorde une plus grande attention au besoin des services d'épargne exprimé de longue date par les femmes ainsi qu'à d'autres services financiers comme les prêts à la consommation, au logement, et à l'éducation. Le simple fait d'avoir des espèces en caisse et d'exercer un plus grand contrôle sur elles peut faire accéder les femmes à l'émancipation économique. Toujours dans sa perspective, l'accès à des services financiers viables permet aux pauvres d'accroître leurs revenus, de se doter d'actifs et de se protéger dans une certaine mesure de chocs extérieurs.

En guise de critique, nous reprenons les propos du professeur Yunus lui-même, qui, de passage à Paris en novembre mettait en garde contre certaines dérives liées à la micro finance. `Aidez la micro finance, ne la tuez pas'12(*) avait il lancé ; Sous prétexte de protéger les pauvres, certains gouvernements ont plongé le secteur de la micro finance dans une crise grave. En énonçant que les remboursements devaient se faire en présence d'autorités élues et que le remboursement n'était pas obligatoire pour ceux qui avaient déjà remboursé plus de deux fois le capital emprunté, certaines autorités envoyaient le message clair que les emprunteurs ne devaient pas se sentir obligés de rembourser leurs emprunts. Cette annonce a entraîné une avalanche de défauts de paiement, jetant l'industrie de la micro finance dans une crise à laquelle elle aurait pu ne pas survivre. Cela aurait entraîné des répercussions importantes sur la micro finance dans le monde entier.

En somme, ce parcours de la littérature existante nous a permis d'avoir une vue plus étendue sur la problématique de la micro finance et de ses institutions. Les approches dans ce domaine sont certes multiples et variées mais la revue que nous avons faite sur la littérature nous a permis de réaliser qu'il y a certains angles qui n'ont pas été abordés de façon approfondie.

Chapitre II : CADRE METHODOLOGIQUE

Section 1 : le cadre de l'étude

Le cadre de notre est le domaine de la micro finance. Au Sénégal, trois institutions occupent une place prépondérante : le crédit Mutuel du Sénégal (CMS), l'Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production (ACEP) et l'union des mutuelles du partenariat pour la mobilisation de l'épargne et du crédit au Sénégal (UM-PAMECAS). En 2002 elles comptent 64% de la clientèle, collectent 75% des dépôts et autant de prêts. Par ailleurs la BCEAO signale dans ses documents deux institutions en particulier : Femme Développement Entreprise en Afrique (FDEA) et l'union des mutuelles d'épargne et de crédit du département de Sédhiou (UMEC SEDHIOU). Selon la banque centrale, elle occupe une place significative, avec des crédits d'un montant de 2,2 milliards F CFA.

Dans ce pays particulièrement dynamique, la donne a changé depuis 1997. Les deux premières IMF (le CMS et l'ACEP) octroyaient 75% des crédits et collectaient 70% de l'épargne du secteur. Le CMS était premier en termes d'épargne tandis que l'ACEP occupe la première place en matière de crédit avec 34% des encours de crédit contre 12% pour le CMS. En 1999, l'UM-PAMECAS a nettement renforcé sa position (augmentation du sociétariat de 207% ; contre 44% pour le CMS et 37% pour l'ACEP).

Crédit Mutuel du Sénégal (CMS)

Deux temps forts apparaissent dans l'histoire de CMS. Le premier temps fort de est la constitution de la toute petite caisse CMS jadis CPEC, créée en 1988 à Thiaré dans le bassin arachidier et qui est devenue aujourd'hui, malgré l'usure du temps, une caisse moderne tout en restant ancrée aux problématiques du monde rural, notamment le financement de la campagne agricole ; les chaines de valeurs. Le CMS est resté très fidèle au secteur agricole dans le monde rural où son réseau est présent à plus de 51%. Le deuxième temps fort est la « sénégalisation »en 2004, le CMS est allé à la conquête du marché, au niveau de local et national, en élargissant l l'accès à des services financiers de qualité, partout au Sénégal et ce, grâce) l'expertise nationale exclusivement. Cet effort fut fort appréciable dans un contexte pu la bancarisation et la modernisation des moyens de paiement dans l'espace UEMOA est une préoccupation des autorités compétentes. La bancarisation passe par l'ouverture de compte dans les banques ou au niveau des SDF telle que menée récemment par la BCEAO. A titre d'illustration, le CMS enregistre dans ses livres plus de 500 000 sociétaires actifs ayant des comptes épargne et de crédit.

Premier réseau mutualiste de par les parts de marché, le sociétariat, les immobilisations, les encours d'épargne et de crédit, le groupe Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) est aujourd'hui ce qu'on peut bien appeler une success-story dans le secteur de la micro finance au Sénégal voire même en Afrique de l'ouest. Le rapport sur la situation globale du secteur de la micro finance publié en juin 2010 par la direction de la micro finance révèle que le CMS occupe des parts de marché de plus en plus importants avec 55% des actifs du secteur, 37% des sociétaires, 65% des dépôts. Ces chiffres témoignent de la CMS dans le secteur de la micro finance.

Aujourd'hui, le CMS a développé son réseau au niveau de toutes les régions du Sénégal avec plus 180 points de services. Avec la certification ISO 9001 version 2008 attestant de la qualité des prestations. L'objectif du groupe est de fédérer les forces de ses membres. La Banque des Institutions Mutualistes d'Afrique de l'Ouest (BIMAO - SA) contribue à son autonomie financière. De même Technologies Mutuelles du Sénégal (TMS - SA) en tant que sociétaire d'ingénierie informatique, travaille à renforcer l'autonomie technique en mutualisant. Aussi, il faut signaler qu'partir de 2004, avec la fin de l'assistance technique française, le CSM est parvenu à améliorer sa rentabilité ; condition sine qua non pour viabiliser l'instrument et le pérenniser.

Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production (ACEP)

L'alliance de crédit et d'épargne pour la production (ACEP) est un volet d'un ex projet de l'USAID qui a démarré ses activités en 1986 dans le bassin arachidier au centre ouest du Sénégal. Le projet avait pour objectif d'appuyer les ONG et les entrepreneurs des régions de Kaolack et Fatick. En 1989, le bailleur de fonds avait commis un expert évaluateur dont le rapport faisait ressortir une gestion désastreuse du projet.

Il s'en ai suivi sa réorientation avec un amendement qui indiquait sans équivoque qu'il y aura in fine « une institution financière privée, rentable, ayant son siège à Dakar pour continuer les activités de crédit à la petite entreprise après la date d'achèvement fixée au 31 décembre 1993. C'est ainsi à partir de 1994, un directeur sénégalais a été nommé avec comme d »fi majeur la pérennisation de l'institution et une extension de ses activités sur tout le territoire national. La réussite du modèle ACEP a incité les partenaires au développement à financer une duplication au Cameroun, à Madagascar et bientôt au Niger et au Burkina Faso. L'ACEP a acquis une grande expertise dans le financement des TPE et des PME (35 000) auxquelles elle offre des produits de prêts adaptés à de meilleurs délais.

En 2010 l'ACEP offre une solidité financière présente une bonne solidité financière avec un taux de capitalisation atteignant 70%. Ce qui fait d'elle le SDF le plus capitalisé de la zone UEMOA. Cette forte capitalisation résulte de d'un cumul des résultats bénéficiaires depuis 20 ans. Le levier financier est de 1sur 7 d'où une marge pour financer la croissance. En 2010, l'ACEP a implanté 10 nouvelles caisses rurales qui totalisent près de 5000 activités productives pour un portefeuille de plus d'un milliard FCFA. Les caisses rurales représentent 77% de notre réseau. Les femmes, quant à elles, font 51% des emprunteurs actifs.

Section 2 : la délimitation du champ d'étude

Notre étude se limite à la gestion du risque dans la micro finance en générale, plus particulièrement du risque crédit. C'est ainsi nous nous sommes cantonné au travail fait par PAMECAS dans ce domaine, principalement par l'agence PAMECAS de Ngor village.

Section 3 : techniques d'investigation

Aucune étude ne saurait se faire sans une recherche documentaire fournie. De ce fait, après le choix de notre thème puis avoir une question de départ, cette phase documentaire a été le premier acte de rupture. Elle s'est opérée principalement au niveau du centre national de documentation sur la micro finance (sur le boulevard Centenaire). De même, la nature du sujet nous conduit à accorder une importance particulière à la démarche qualitative. Pour cela, la technique que nous avons choisi d'utiliser pour notre travail est celle de l'entretien. C'est ainsi que le guide d'entretien a été principalement administré à la responsable du microcrédit de l'agence PAMECAS de Ngor village et à quatre (4) autres responsables et il a porté sur la micro finance en générale, sur la procédure d'octroi du crédit de l'IMF et enfin sur la gestion du risque encouru. Nous avons aussi interviewé huit (8) clients de l'agence qui ont bien voulu se prêter à l'exercice. Entretien qui a porté sur l'appréciation de la procédure en tant que telle, ainsi que sur le taux et plein d'autres aspects du microcrédit.

Entre la recherche documentaire et l'administration du guide d'entretien, nous avons fait de l'observation.

Section 4 : difficultés rencontrées

Une fois le sujet déterminé nous avons eu un peu de mal à trouver un cadre pour abriter l'étude. Nous avons cependant pu vaincre ces biais et mener l'étude à terme. La principale difficulté à laquelle nous avons fait face est l'accès à certaines données notamment celles concernant les fourchettes des montants empruntés. Nous avons aussi eu du mal à avoir les informations sur les emprunteurs. Cependant, la plus grande difficulté rencontrée a été l'administration du guide aux clients de l'agence PAMECAS de Ngor. Très peu ont accepté de se soumettre à l'exercice.

DEUXIEME PARTIE : CADRES ORGANISATIONNEL ET CONCEPTUEL

CHAPITRE I : CADRE ORGANISATIONNEL

Section 1 : PAMECAS (Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et le Crédit Au Sénégal)

PAMECAS est un réseau de coopératives de crédit et d'épargne créé en 1995 au Sénégal. Il s'est donné pour mission de démocratiser l'offre de services financiers afin d'améliorer durablement la qualité de vie des populations. Au fil des années, le réseau s'est considérablement développé pour devenir une entreprise performante et financièrement autonome.

PAMECAS (Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit Au Sénégal) est issu d'un projet qui donna naissance aux premières caisses en 1996. Son développement a été favorisé par l'existence de potentialités économiques, un cadre juridique et réglementaire, des mouvements associatifs et des habitudes d'épargne informelle. Cette période a été marquée par le succès du programme d'Accès des Femmes Sénégalaises aux services Financiers (AFSSEF), grâce au fonds de garantie et l'assistance technique de DID. Institutionnalisé en 1998, il devint le Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et le Crédit au Sénégal.

PAMECAS s'est donné comme mission de développer des mutuelles d'épargne et de crédit rentables et pérennes. Mais également de mobiliser le potentiel financier de chacun : épargnes locales et ressources extérieures. Son objectif principal est de faciliter l'accès des populations au crédit mais également à la collecte de l'épargne pour un meilleur développement social.

Il est à noter qu'il intervient à la fois en milieu urbain et rural.

ORGANIGRAMME

Un management collégial et décentralisé : un comité de direction composé d'instances différentes mais complémentaires (Directions générales, Directeurs généraux, Chargés de mission) gère la structure au quotidien. L'activité du comité de direction est supervisée par et validée par les élus. Chaque caisse de base est comporte un conseil d'administration, un conseil de surveillance et un conseil de crédit.

PAMECAS

Conseil d'administration (CA)

Conseil de surveillance

Le comité de crédit

Un comité de direction

PAMECAS élabore des produits pérennes basés sur le développement des mutuelles d'épargne et de crédit. La stratégie adoptée est simple : mobiliser le potentiel financier de chacun, promouvoir et gérer les meilleurs services financiers. L'offre de produits diversifiée, répond précisément aux besoins d'une clientèle d'artisans, de commerçants, de micro entrepreneurs. L'accent est spécialement mis sur la formation des personnels dans les agences pour garantir la qualité de service et apporter des réponses précises aux sollicitations de la clientèle.

Une stratégie de présence : Parti de Dakar, le réseau s'est progressivement étendu à d'autres régions comme Thiès, St Louis ou Touba. De nouvelles agences, des points de services et des guichets mobiles ouvrent chaque année.

Une reconnaissance internationale : les performances de PAMECAS lui ont valu de recevoir des distinctions en Afrique et dans le monde. En particulier le trophée ` the art of Europe' de la business Initiative Direction et une nomination comme meilleure institution de Micro finance dans le Mix Market. PAMECAS est membre fondateur du Centre d'Innovation Financière, devenu en 2007, la confédération des Institutions Financières d'Afrique de l'ouest.

PAMECAS : Chiffres clés (31 décembre 2010)

362 000 membres dont 52% de femmes

478 salariés dont 51% de femmes

Nombres de caisses : 39

Nombre total agences : 76

Nombre de sociétaires : 447 422

Nombre d'emprunteurs : 80 143

Nombre de salariés : 478

Encours d'épargne : 24 868 382 118 FCFA

Encours de crédit : 29 720 692 379 FCFA

Par 90 : 3,43 %

Autonomie opérationnelle : 103,41%

Produits et services : la collecte de l'épargne est une activité fondamentale pour les mutuelles du réseau PAMECAS car elle constitue le moteur des activités de crédit.

L'Epargne obligatoire : constituée de dépôt de garantie liée au volume de crédit accordé.

L'Epargne bloquée : Assimilable à un dépôt à terme produisant 4 à 5 % d'intérêt par an.

L'Epargne des migrants : concerne les expatriés sénégalais et vise à leur constituer un capital pour préparer leur retour au Sénégal.

Le crédit régulier : ouvert à tous les membres ayant épargné régulièrement pendant trois mois. Disposer de 25% du montant sollicité.

Le crédit AFSSEF (accès des femmes sénégalaises aux services financiers) : conçu pour les femmes et destiné à renforcer l'activité économique de celles-ci.

Epargne projet : destinée à préparer un évènement connu dans le temps. Exemple de la Tabaski, korité, mariage.

Le crédit habitat : un accès aux produits financiers qui permettent d'améliorer le cadre de vie.

Le produit jeunes artisans : une aide à l'installation des jeunes issus de la formation professionnelle qui ambitionnent d'être des micros entrepreneurs.

Les opérations déplacées : possibilité d'effectuer des transferts de fonds sur tout le territoire sénégalais.

Le guichet mobile : sillonne les marchés hebdomadaires et les lieux de regroupement avec à son bord un caissier effectuant des opérations de dépôt et de retrait de dossier de crédit.

Le centre financier aux entreprises : ciblé sur les petites et moyennes entreprises qui sollicitent un crédit supérieur à 3 millions de F CFA.

La consultation des soldes par SMS : permet de connaître son solde en envoyant un SMS depuis son téléphone mobile.

Section 2 : la Mutuelle de Sante 

Consultations, hospitalisations, achats de médicaments, frais d'optique ou dentaires sont des dépenses qui pèsent lourd dans le budget des familles sénégalaises. Le désengagement de l'Etat a entrainé un transfert de coûts des soins de santé vers les populations qui peinent à les supporter. Cette situation rend la population vulnérable face à des risques de maladie dont la probabilité croît avec la dégradation du cadre de vie.

En réponse aux difficultés de ses membres, Pamecas a développé un volet social à travers un fonds. Chaque caisse y consacre 5% de ses excédents. L'argent collecté sert à financer des actions telles que l'achat de médicaments pour les structures sanitaires, l'organisation de consultations gratuites.

Principe de fonctionnement : la Mutuelle de santé permet aux membres des caisses du réseau de bénéficier, avec leurs familles, d'une couverture sanitaire moyennant une cotisation forfaitaire. La Mutuelle conventionne un réseau de prestataires (formations sanitaires et pharmacies privées qui dispensent aux bénéficiaires un certain nombre de prestations en cas de besoin. Le principe de co-paiement entre le bénéficiaire et la Mutuelle permet à chaque partie de contribuer à l'effort collectif.

Responsabilité sociale et solidaire : la Mutuelle de Santé à but non lucratif, fonctionne au moyen de ses cotisations de ses membres et mène, dans l'intérêt de ceux-ci et de leur famille, des actions, des actions de prévoyance, d'entraide et de solidarité. Notamment pour assurer la prise en charge de tout ou partie des soins de santé, faciliter l'accès pour tous à des soins de santé et stimuler l'amélioration de la qualité des soins.

Pour encourager l'adhésion à la Mutuelle et prendre en compte la situation des adhérents, les conditions ont été simplifiées. Chaque adhérent paie une cotisation mensuelle de 250 F cfa, prélevée sur son compte. Lors de l'adhésion, un droit de 1000 F est demandé et l'adhérent principal peut inscrire jusqu'à 10 membres de sa famille. Pour couvrir ses frais, la Mutuelle reçoit une subvention de la fondation PAMECAS.

Section 3 : la fondation PAMECAS

La fondation s'inscrit dans la droite ligne des actions de développement initiées par PAMECAS. La fondation favorise les actions sociales et humanitaires qui contribuent à améliorer la qualité de vie des sénégalais. Son financement est assuré à hauteur de 10, 15 ou 20% par les caisses selon les excédents ou exercices écoulés. Ainsi, de juin 2005 à juin 2008, près de 500 millions F CFA ont été collectés. La fondation intervient dans trois secteurs qui concentrent 90% de son budget.

La santé : avec 40% du budget de la fondation la santé représente le secteur le plus important. La fondation subventionne la Mutuelle de Santé et intervient auprès des populations les plus vulnérables (Femmes, Enfant et personnes du 3eme âge, personnes handicapées).

La fondation apporte son aide los d'évènements religieux (pèlerinage aux lieux saints) ou de catastrophes (inondations, naufrage, incendie). 20% du budget servent à financer ces actions, qui consolident les rapports entre PAMECAS et la population.

CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL

Pour comprendre un phénomène, il est mieux de partir d'une définition des termes du sujet qui tournent autour de ce phénomène. Dans le cadre de notre travail nous avons décidé de définir non seulement les termes du sujet mais aussi ceux que l'on rencontre souvent quand on traite de la Micro finance.

Micro finance / Microcrédit

Aujourd'hui encore, pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la micro finance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir des crédits de faible montant (« microcrédits ») à des familles pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus (AGR) leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises. Le microcrédit est quant à lui une petite quantité d'argent mise à la disposition d'un client par une banque ou une autre institution. Un microcrédit bien réalisé personnalise à la fois ses termes, ses prix, ses critères, ses évaluations et sa diffusion afin de proposer le meilleur accès possible aux clients, de limiter les risques et de proposer des services à long terme. Le microcrédit peut être aussi proposé à une personne à travers un modèle de garantie de groupe. Souvent évoqué comme « l'essence du développement du secteur privé », le microcrédit ne crée pas de potentiel économique, mais en revanche il donne aux gens les moyens d'investir leur capital humain et productif de manière plus profitable, et en respectant leurs priorités. Le microcrédit est un élément capital d'un panel plus large d'outils financiers pour les populations plus pauvres ou à faible revenu. En d'autres termes, le microcrédit fait partie intégrante de la micro finance.

Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la micro finance, partout dans le monde, la micro finance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent...) et également une clientèle plus étendue. Dans ce sens, la micro finance ne se limite plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédits aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique formel.

Institution de Micro Finance (IMF)

En termes simples, une institution de micro finance est une organisation qui offre des services financiers à des personnes à faibles revenus qui n'ont pas accès ou difficilement accès au secteur financier formel (banques classiques). Au sein du secteur, le terme institution de micro finance renvoie aujourd'hui à une grande variété d'organisations, diverses par leur taille, leur degré de structuration et leur statut juridique (ONG, association, mutuelle/coopérative d'épargne et de crédit, société anonyme, banque, établissement financier etc.).

Selon les pays, ces institutions sont réglementées ou non, supervisées ou non par les autorités monétaires ou d'autres entités ; elles peuvent ou ne peuvent pas collecter l'épargne de leur clientèle et celle du grand public. L'image que l'on se fait le plus souvent d'une institution de micro finance (IMF) est celle d'une ONG « financière », une organisation totalement et presque exclusivement dédiée à l'offre de services financiers de proximité qui vise à assurer l'autopromotion économique et sociale des populations à faibles revenus.

Au Sénégal, l'organisation et le fonctionnement des Instituions de Micro Finance sont régis par la loi 95-03 du 03 janvier 95. Cette loi est sous régionale ; elle a été élaborée au niveau de l'UEMOA (Union Economique et Monétaire des Etats Ouest Africain). Et ratifiée par l'ensemble des pays membres. La loi a défini des statuts et règlements intérieurs types, qui organisent le fonctionnement quotidien des institutions agréées par le ministère des finances de chaque pays membre, ministère qui assure la tutelle. La loi permet l'agrément aux institutions remplissant certaines conditions, mais reconnaît également les groupes d'épargne et de crédit (GEC) ainsi que les organisations à volet crédits (microcrédit) qui, bien que n'étant pas dans le champ d'action de la loi, sont tolérées ou conventionnées. Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la micro finance se confond avec le microcrédit.

Au sens de loi, est considérée comme IMF tout groupement de personnes doté de la personnalité morale sans but lucratif et à capital variable, fondé sur les principes d'union, de solidarité et ayant principalement pour objet de collecter l'épargne de ses membres et de leur consentir des crédits. Une union est une institution résultant d'un groupement d'institution de base. Une fédération est une institution résultant du regroupement d'unions. Une confédération est une institution résultant du regroupement de fédération.

On appelle Organe financier, une structure créée par un réseau Union, fédération ou confédération et dotée de la personnalité morale, dont l'objet est de centraliser et gérer les excédents de ressources des membres du réseau. Le groupement d'épargne et de crédit (GEC), quant à lui est un regroupement de personnes qui, sans remplir conditions exigées, effectue des activités d'épargne et/ou de crédit en s'inspirant des règles d'action mutualistes et solidaires.

Activité Génératrice de Revenus (AGR)

Une activité génératrice de revenus (AGR) est une activité qui consiste à produire des biens ou services, et/ou à transformer des produits en vue de les vendre. Le projet doit impérativement émaner d'une entité ou d'un groupement formel de micro entrepreneurs (coopératives, groupement d'intérêt économique, association). Nouveaux ou existants, les promoteurs doivent avoir un savoir-faire, une expérience confirmée ou une formation adéquate dans le domaine de l'activité envisagée. Il convient donc de définir ici ce qu'est l'entrepreneuriat.

Entrepreneuriat

L'entrepreneuriat est l'action de constituer une nouvelle organisation et en particulier la création d'entreprise. L'entrepreneuriat est une activité difficile et bon nombre de créations se soldent par un échec. Les formes d'entrepreneuriat sont variées, selon les types d'organisation qui est mis en place. Il peut être une activité qui crée de nombreux emplois. De nombreuses structures existent aujourd'hui pour aider les entrepreneurs potentiels tels que les agences gouvernementales, les petites entreprises et certaines organisations non gouvernementales.

Pour Verstraete et Fayolle13(*) (2005), quatre paradigmes permettent de cerner le domaine de recherche de l'entrepreneuriat : la création d'une organisation, (non réduite à la seule création d'entreprise), la détection -construction- exploitation d'une occasion d'affaires, la création de valeurs, l'innovation. Ces paradigmes peuvent se combiner, plutôt que de s'opposer. Le premier est le plus caractéristique de l'entrepreneuriat mais ne peut se penser sans les trois autres. Le paradigme de l'innovation est le plus contestable, puisque certains phénomènes entrepreneuriaux ne sont pas innovants.

Classiquement, l'entrepreneur s'engage dans des activités et devient chef d'entreprise. Depuis quelques décennies, une nouvelle catégorie a vu le jour et se multiplie, il s'agit des entrepreneurs sociaux. Ils mettent en action des initiatives qui répondent à des besoins qui tombent à mi chemin entre le domaine couvert par le secteur privé et le secteur public. Citons à titre d'exemple, Muhammad Yunus, fondateur du système de microcrédit et de la Gramen Bank.

Secteur informel, formel et privé

Pour le professeur Buabua Wa Kayembe, depuis quelques années, le secteur informel est devenu une expression très usitée, mais son usage reste marqué par l'absence d'une définition acceptable de manière générale. C'est pourquoi, il est suggéré de partir de la définition du secteur formel pour essayer d'appréhender la notion de secteur informel. Pour cet auteur, la législation et la réglementation économique en vigueur dans nos pays édictent un certain nombre d'obligations pour les opérateurs économiques. S'agissant particulièrement de l'exercice du commerce, les conditions suivantes doivent être de stricte observation :

- être immatriculé au registre de commerce;

- être constitué dans les formes du code du commerce ;

- tenir une comptabilité régulière et rigoureuse ;

- conserver soigneusement et dans l'ordre, les archives et les inventaires ;

- disposer d'un numéro d'identification nationale (NINEA) ;

- être détenteur d'une patente (petit commerce).

Il ressort de ce qui précède que le respect par l'agent économique des conditions susdites le place dans une situation régulière vis-à-vis des formes édictées par le législateur. C'est pourquoi, une telle entreprise est dans le secteur formel. Il est donc évident qu'une activité entreprise en marge de la légalité, et qui se soustrait au contrôle des pouvoirs publics ne fait partie de l'économie formelle. Mais plutôt de celle dite « informelle ».

Plusieurs définitions du secteur informel existent. Nous ne prétendons donc pas présenter la définition la plus juste, mais nous croyons que la combinaison des définitions établies par l'organisation internationale du travail (OIT) et par De Soto donne un portrait plus complet. Le secteur informel est celui où les nouvelles entreprises :

- entrent librement sur le marché ;

- comptent sur des ressources indigènes ;

- sont familiales et petites ;

- évoluent dans un marché non réglementé et concurrentiel.

Le secteur informel peut donc être défini comme un ensemble d'activités réalisées en marge de la législation pénale, sociale et fiscale et qui échappent à tout contrôle.

Secteur privé :

En économie, on parle généralement de secteur privé pour décrire la partie d'une économie où l'Etat n'intervient pas ou peu. On l'oppose au secteur public qui est principalement dirigé par l'Etat. On trouve dans le secteur privé les entreprises privées, les banques à capitaux privés, l'économie sociale, dont les mutuelles, les coopératives et les associations, les organisations non gouvernementales.

TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES

CHAPITRE I : LA MICRO FINANCE AU SENEGAL

Section 1 : Contexte socio-économique et politique

Le Sénégal est un pays membre de l'Union Economique et Monétaire Ouest - Africaine (UEMOA) et de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO). Le PIB en 2006 est de 353 019 FCFA par habitant. En 2001, 53,9% des ménages vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Le PIB nominal s'établissait à cette date à 3 881,1 milliards FCFA. En 2001, la structure de la PIB reste fortement dominée par les services (55,2%) suivis de l'industrie (26,9%) et de l'agriculture (17,9%). Le taux d'inflation annuel a augmenté de 1,8% en 1997 à 2,3% en 2002 et 2,1% en 2006.

Le Sénégal a entrepris très tôt la libéralisation de sa vie politique et jouit d'une réelle stabilité dans une région en proie à des turbulences politiques entravant le développement économique régional. En matière de bonne gouvernance, le Gouvernement du Sénégal a décidé de lutter contre la corruption en renforçant l'indépendance de la justice et en améliorant son fonctionnement. Il s'est également engagé à assurer une grande transparence dans la gestion publique.

Section 2 : Politiques macro-économiques

Les reformes économiques entreprises au lendemain de la dévaluation du franc CFA survenue en 1994 ont placé l'économie sénégalaise sur le sentier de la croissance. Ces réformes qui constituent la suite du processus d'ajustement structurel engagé depuis 1979 ont visé le rétablissement des conditions d'une croissance économique durable : viabilité de l'économie, réduction de la taille du secteur public, promotion du secteur privé et maîtrise de l'inflation. Les résultats de ces réformes sont perceptibles au niveau de la croissance économique qui suit une trajectoire de l'ordre de 5% l'an, permettant une progression du PIB par habitant de 2,5% en termes réels avec une maîtrise de l'inflation. Cependant, cette croissance demeure vulnérable à plusieurs aléas (sociopolitiques, climatiques...).

Au niveau du secteur agricole, les réformes mises en oeuvre dans le cadre des politiques d'ajustement structurel se sont traduites par le désengagement de l'Etat, la privatisation et la restructuration des entreprises publiques chargées du développement rural et agricole, la responsabilisation des agriculteurs avec un transfert de certaines fonctions anciennement dévolues aux organismes publics, l'élimination des subventions sur les intrants et le crédit agricole, la libéralisation des prix, des marchés et du commerce des produits agricoles.

L'effet cumulatif des politiques macroéconomiques prudentes et des réformes structurelles fondées sur les principes de l'économie de marché a permis un développement stable du secteur financier au cours de ces dernières années.

Section 3 : Situation du secteur financier et bancaire

Les mesures de restructuration prises à la fin des années 80 ont permis d'assainir le secteur financier et bancaire sénégalais. Ce dernier comptait en 2007 aujourd'hui 13 banques et 2 établissements financiers avec 103 agences et environ 1800 employés.

Depuis 2001, la stabilité du secteur financier s'est renforcée. Le gouvernement du Sénégal, la BCEAO et les principaux acteurs institutionnels des banques et établissements financiers conduisent régulièrement des réflexions visant le renforcement de la contribution des institutions financières au financement de l'économie. Les réflexions menées dans le cadre du Programme d'Evaluation du Secteur financier (PESF) ont mis en exergue les atouts suivants du secteur financier et bancaire :

· rentabilité structurelle du système bancaire : les opérations de crédit représentent environ 75% du produit net bancaire ;

· diminution des créances en souffrance brutes au cours de ces dernières années ;

· importance des crédits à l'économie passant de 486 milliards FCFA en 1999 à 784 milliards FCFA en décembre 2003 ;

· bancarisation de la population la plus élevée de la sous région UMOA avec un taux de 2,55% et un ratio dépôts sur masse monétaire de près de 76% considéré également comme le plus élevé de la zone UMOA ;

· élargissement par les banques commerciales de leur clientèle par l'ouverture des guichets PME et des réflexions visant à la constitution des départements ou filiales de micro-finance.

Cependant, le secteur financier et bancaire doit relever un certain nombre de défis parmi lesquels :

· le coût élevé des crédits aux PME par rapport aux conditions offertes aux grandes entreprises ;

· les difficultés à satisfaire certaines normes prudentielles.

Section 4 : Typologie des institutions de micro-finance

La concertation entre les différents intervenants dans la micro-finance a permis de mettre en place un cadre juridique servant de support à l'activité de micro-finance. C'est ainsi que la loi 9503 du 05 janvier 1995 a établi son champ d'application dans les articles 3 à 8, en donnant la typologie des institutions de micro-finance pouvant opérer au Sénégal. , à savoir :

· les Mutuelles d'Epargne et de Crédit (MEC),

· les Groupement d'Epargne et de crédit

· les Organisations et Structures signataires de la convention cadre (structures mutualistes).

4.1 Les Mutuelles d'Epargne et de Crédits (MEC)

Au sens de la loi, une mutuelle d'épargne et de crédit est un groupement de personne doté de la personnalité morale, sans but lucratif et à capitale variable, reposant sur les principes d'union, de solidarité et d'entraide mutuelle et ayant principalement pour objet de collecter l'épargne de ses membres et de leur consentir du crédit (Article 2 de la loi). Ici l'épargne constituée devient l'élément essentiel qui sert à alimenter le crédit. On y trouve les organisations mutualistes et coopératives de crédit inspiré de modèles de Centre International de crédit mutuel et du mouvement Desjardins.

Ces MEC sont regroupées dans sept structures faîtières dont les plus importantes sont : le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS), l'Alliance de Crédit et d'Epargne pour la production (ACEP) et le Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit au Sénégal (PAMECAS). Cependant, même si beaucoup de MEC renforcent leurs capacités d'autres en conservent à peine leur crédibilité du fait d'une mauvaise gestion ou de multiples contraintes compromettant leur survie, leur viabilité.

4.2 Les Groupements d'Epargne et de Crédit (GEC)

Au terme de la loi, « un groupement d'épargne et de crédit » est un regroupement de personnes qui, sans remplir les conditions exigées pour être reconnu comme institution de base, effectue des activités d'épargne et/ou de crédit en s'inspirant des règles d'action de la mutualité.

L'institution de base est une institution principalement constituée de personnes physiques et obéissantes aux règles d'actions précitées. Pour ces structures, ayant comme référence le modèle de la Grameen Bank, l'épargne n'est pas préalable. Le crédit est alimenté par des capitaux en provenance, pour la plupart, de l'extérieur. Toutefois, le nombre de GEC va rapidement se stabiliser, du fait de la chute du rythme de progression des attributions d'agréments par la cellule AT/CPEC du Ministère des Finances.

4.3 Les Structures ou Organisations sous convention Cadre

La structure au terme de la loi est « une organisation sans but lucratif et a pour objet d'effectuer sur le territoire du Sénégal, la collecte de l'épargne et /ou des opérations de crédits ». En outre, la structure favorise la formation et l'éducation de ses dirigeants ainsi que ses membres.

CHAPITRE II: ANALYSE DES RISQUES DANS LES INSTITUTIONS DE MICRO-FINANCE

Section 1 : Contexte d'évaluation du risque

L'importance des événements risques varie selon leurs fréquences et impacts. La gestion des risques doit déterminer la priorité avec laquelle une institution de micro-finance attribue ses ressources à sa gestion. Si le risque est considéré comme un problème au sein de l'établissement ou non, cela dépend de son évaluation et le seuil qui lui est attribué. La bonne mise en oeuvre de ces procédures d'évaluation des risques et leur pertinence doivent être testées en permanence. Pour cela les institutions de micro-finance développent des mécanismes de gestion du risque.

On peut citer trois mécanismes de gestion des risques:

· contrôles internes

· audit interne

· audit externe

Le contrôle interne est le premier mécanisme de gestion des risques et il est mis en oeuvre par tout le personnel de l'institution de micro-finance. De plus, s'il est efficace il va permettre d'identifier, de mesurer et d'atténuer les risques opérationnels. Le contrôle interne est un outil mis en place et utilisés par les dirigeants afin de contrôler les activités de l'institution de micro-finance. Ce contrôle doit permettre d'atteindre les objectifs fixés par l'institution en corrigeant les contradictions des systèmes mis en oeuvre et en détectant les anomalies.

Le contrôle interne est composé de trois types:

· contrôle de prévention : permet d'éviter les incidents avant qu'ils ne se produisent,

· contrôle de détection : identifie les incidents lorsqu'ils surviennent c'est à dire après qu'ils se sont produits,

· contrôles de correction : mesures correctives prises afin de réparer les incidents et d'éviter qu'ils ne se reproduisent.

Un audit externe est un examen formel et indépendant des états financiers et opérationnels d'une structure, il effectue par un organisme extérieur à l'institution. Il donne de la crédibilité aux états financiers, garantie une transparence de l'utilisation des fonds vis à vis des bailleurs. Il permet également d'identifier les faiblesses dans les systèmes de contrôles internes. Les audits ne donnent pas toujours les résultats escomptés en matière d'aide aux organismes. Ceci est dû au fait que ces audits proviennent d'exigences extérieures à l'institution, comme celles des bailleurs et des investisseurs. Ils sont ainsi perçus comme ayant peu de valeur.

L'audit interne et externe a pour but de produire des rapports dont leur objectif est que les institutions de micro-finance, et plus particulièrement les dirigeants, prennent des mesures correctives afin d'atténuer les risques repérés.

Les provisions pour créances douteuses sont une notion très importante pour une institution de micro-finance. Un provisionnement bien adapté donne une bonne indication sur la capacité de l'institution de micro-finance à gérer les impayés qui sont le risque principal de son activité. Il est important que la politique de provisionnement soit reliée à la fois à l'historique des pertes et à la situation actuelle du portefeuille de crédit et notamment au Portefeuille à Risque (PAR). En d'autres termes il est nécessaire d'ajuster les provisions à l'état du portefeuille. Ainsi, le provisionnement doit se fonder sur les pertes des dernières années et sur l'encours moyen de l'année. Dans le cas où l'institution de micro-finance n'a pas de politique d'abandon de créance, il faut alors relier le pourcentage de provisionnement à la part des crédits qui se sont avérés irrécouvrables. Certaines institutions de micro-finance ne gardant pas l'historique de leur activité, ils peuvent faire une estimation du provisionnement à partir du taux de recouvrement dont la définition est la suivante: (Montant recouvré sur une période) / (Montant décaissé sur cette même période).

Certaines institutions de micro-finance manquent de politique d'abandon de créance. Ceci est dû au fait que les institutions de micro-finance ont le sentiment que reconnaître un crédit comme étant une créance douteuse peut signifier vis à vis des agents de crédit et des emprunteurs que l'institution ne se soucie plus du remboursement de ce prêt. Les conséquences de cette absence de politique sont une baisse de la qualité de portefeuille et une surestimation des produits et des actifs de l'institution.

Il y a des institutions de micro-finance qui ont développé une politique d'épargne obligatoire ou volontaire, c'est à dire une épargne sans prêt. L'épargne peut malheureusement poser des problèmes de sécurité et de gestion mettant en difficulté à la fois les épargnants et les institutions de micro-finance. Pour palier à ces risques, les réglementations locales imposent généralement une agrégation aux institutions de micro-finance. Ces agrégations sont des systèmes conformes aux normes comptables. La pratique de l'épargne fait apparaître de nouveaux risques pour l'institution de micro-finance. Le risque le plus important est le risque de liquidité qui empêche des décaissements immédiats. La gestion des disponibilités est donc très importante au sein d'une institution de micro-finance pratiquant l'épargne.

Le cadre de gestion des risques présente une nouvelle approche du contrôle interne, supérieure car intégrée à tous les niveaux de l'institution. Le processus itératif de gestion des risques implique le conseil d'administration et les dirigeants dans le processus d'identification et d'évaluation des risques, ainsi que dans l'élaboration de politiques, procédures et systèmes opérationnels sains. Ensuite, les mécanismes de contrôle interne testent et évaluent la capacité de l'institution de micro-finance à réduire le risque. La mise en oeuvre et l'amélioration de ces politiques, procédures et systèmes impliquent le personnel opérationnel dans le processus de contrôle interne, ce qui permet à l'institution d'avoir un retour sur sa capacité de gestion des risques sans nuire au service client ni causer de difficultés opérationnelles. Le conseil d'administration et la direction sont informés des résultats de l'évaluation et y répondent comme il se doit, poursuivant ainsi le processus continu d'évaluation des risques et de mise en oeuvre des contrôles.

Pour remplir leur double mission de pérennisation et d'aide aux populations à faibles revenus, les institutions de micro-finance doivent être doter d'un cadre d'évaluation des risques qui comporte deux composantes majeures :

- La viabilité financière

- Le développement institutionnel

Une norme d'évaluation des risques d'une institution financière traite seulement du premier point. Pour évaluer le diagnostic financier d'une banque ou d'une institution financière, il est nécessaire de prendre en compte la gestion des actifs et passifs, en intégrant le risque sur crédit ainsi que les risques opérationnels comme la fraude et l'inefficacité. L'évaluation des risques en micro-finance nécessite également la prise en compte des perspectives de développement institutionnel. Comme les institutions de micro-finance se soustraient de plus en plus de la dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds au profit d'une autonomie financière durable ; une vision claire, des systèmes de gouvernance fiables et efficaces, et un personnel compétent deviennent des déterminants cruciaux pour une meilleure gestion des risques.

Ce cadre cohérent d'évaluation de risques des institutions de micro-finance présente une analyse objective des problématiques de développement institutionnel et de viabilité financière, en distinguant quatre types de risques à savoir : risques institutionnels, risques opérationnels, risques de gestion financière et risques externes.

Section 2 : Les différents risques dans les institutions de micro-finance

Les institutions de micro-finance identifient les causes des risques, car ces causes doivent être abordées. Un symptôme peut avoir plusieurs cas dont chacun peut avoir une cause différente. Chaque cause appelle une stratégie différente pour l'atténuer. Par exemple, fortifier les procédures de recouvrement des impayés ne réduira pas le risque d'une baisse de prix dans une industrie où l'institution de micro-finance a fait des investissements trop importants.

2.1 Les risques institutionnels

Risque lié à la mission sociale

S'il est admis que toutes les institutions de micro-finance n'ont pas les mêmes déclarations de mission, on reconnaît cependant qu'elles ont en commun une mission sociale. Leur mission sociale est de fournir des services financiers abordables à un nombre important de personnes à faibles revenus afin de les aider à améliorer leurs conditions de vie. La mission sociale des institutions de micro-finance les expose à des risques importants si les groupes cibles ou les parts respectives de clientèle ne sont pas bien définis, et si des mécanismes de suivi ne sont pas mis en place pour assurer une meilleure adéquation des services financiers fournis aux besoins réels de leur clientèle actuelle et potentielle.

Risque lié la mission commerciale

La mission commerciale des institutions de micro-finance est de fournir des services financiers de manière à permettre à l'organisation de se pérenniser et de devenir autosuffisante. Les institutions de micro-finance seront exposées au risque commercial si leurs taux d'intérêt ne sont pas assez élevés pour couvrir leurs charges et si elles ne sont pas gérées efficacement comme une entreprise commerciale.

Il existe des fois un conflit entre la mission sociale et la mission commerciale. Par exemple, si on offrait des crédits assez importants, la durabilité peut être facilement affectée. Or, il se pourrait que la raison d'être de la mission sociale, qui est de fournir des services financiers à la couche de population à faible revenu et difficile à atteindre, qui demande le plus souvent de petits crédits, soit affaiblie. Le défi pour la micro-finance est de réaliser, en permanence, l'équilibre entre les missions sociale et commerciale pour atteindre son but final.

Risque de dépendance

Le risque de dépendance est semblable à celui du risque de la mission commerciale. Les institutions de micro-finance qui sont soutenues par des organisations internationales sont les plus affectées, surtout en ce qui concerne les activités de micro-finance qui sont gérées comme un projet et qui ne sont pas des institutions indépendantes. Ces institutions de micro-finance sont vulnérables à la dépendance par le soutien des organisations internationales. Bien que ce soutien paraisse avantageux au début, il pourrait affaiblir davantage les efforts vers une institution indépendante à long terme.

2.2 Risques opérationnels

Le risque opérationnel est la vulnérabilité à laquelle est confrontée l'institution de micro-finance dans sa gestion quotidienne ainsi que la qualité de son portefeuille (risque de crédit), le risque de fraude et le vol (risque de sécurité).

Risque de crédit ou de contrepartie

Comme pour toutes les institutions financières, le plus grand risque en matière de micro-finance est d'octroyer un crédit et ne pas se le faire rembourser. Le risque de crédit est une préoccupation particulière dans les institutions de micro-finance dans la mesure où la plupart des micros crédits ne sont pas garantis. (C'est à dire qu'ils ne sont soumis à aucune garantie formelle, classique ou bancaire).

C'est le risque correspondant au non remboursement par l'emprunteur de la totalité de son emprunt. Nous pouvons souligner que ce problème de non remboursement peut apparaître très rapidement. Ainsi, il est nécessaire d'avoir un système de gestion et de contrôle dédié aux remboursements.

Les institutions de micro-finance sont rarement exposées au risque de concentration du crédit que l'on trouve dans les banques commerciales. Étant donné le grand nombre de petits crédits caractérisant les institutions de micro-finance, les crédits à un même client ou à des emprunteurs proches représentent rarement un pourcentage dangereux de l'encours ou du capital. Cependant certaines institutions de micro-finance rencontrent des problèmes lorsqu'elles octroient des crédits plus importants pour lesquels leur méthodologie de crédit est inadaptée.

Pour déterminer la vulnérabilité d'une institution au risque de crédit, on doit revoir les politiques et les procédures à chaque niveau dans les processus d'octroi de crédit pour déterminer si les risques de défaillance et de pertes sur créances sont réduits à un niveau suffisamment raisonnable. Ces politiques et procédures comprennent les critères d'éligibilité, le processus d'étude des dossiers de prêts et les niveaux d'approbation, le dispositif de garantie ou exigences de sécurité ainsi que les systèmes ou mécanismes de « la carotte et du bâton » utilisés pour la motivation du personnel et des emprunteurs défaillants. En plus il va falloir analyser si les procédures et les politiques sont bien fondées et savoir si elles sont appliquées. Les meilleures politiques dans le monde n'ont pas de sens si le personnel n'est pas bien formé pour les exécuter ou s'il choisit de ne pas les suivre.

Pour gérer ce risque, il est important de surveiller les impayés et les créances irrécouvrables. Les impayés sont définis comme étant les crédits présentant un retard de remboursement. Les créances irrécouvrables sont des sommes qui ne sont pas remboursées par l'emprunteur et dont l'institution n'a plus d'espoir d'en percevoir le remboursement. Dans le cas où l'institution peut faire jouer une garantie, ce montant peut être différent du montant irrécouvrable. Ce dernier sera passé en perte mais cela ne veut pas dire que l'institution de micro-finance va cesser d'essayer d'obtenir le remboursement.

Il apparaît alors différents coûts financiers qui ont pour objectif de gérer ces impayés. Nous pouvons en retenir deux importants:

- les provisions pour créances douteuses qui vont avoir comme effet de diminuer les bénéfices

- les abandons de créances impliquent une décapitalisation du portefeuille, ce qui entraîne une diminution des prêts octroyés

Il est important de souligner que le taux de remboursement n'est pas une mesure de la qualité du portefeuille. En effet, les crédits rééchelonnés sont comptabilisés dans le taux de remboursement, puisqu'à ce moment l'institution de micro-finance ne les considère pas comme perdus, ce qui va l'augmenter. Il est important d'analyser ce taux avec d'autres ratios de mesure de qualité du portefeuille comme le Portefeuille à Risque.

Pour une prévention plus efficace des risques d'impayés l'institution de micro-finance doit :

- Comprendre les causes du problème entraînant ce non remboursement.

- Sélectionner et bien informer les emprunteurs

- Adapter au mieux les montants et les conditions de remboursement pour chaque emprunteur

- Mettre en place des incitations au remboursement

2.3 Risques humains

N'importe quelle organisation qui gère une importante somme d'argent est extrêmement vulnérable à la fraude. Cette vulnérabilité est souvent prédominante dans les milieux économiquement démunis. La vulnérabilité à la fraude est particulièrement plus grande dans des contextes où l'argent change de mains. Cette vulnérabilité est encore plus critique dans des institutions de micro-finance qui disposent d'un Système d'Information de Gestion (SIG) peu fiable ou peu cohérent, des politiques et procédures non clairement définies, un taux élevé de renouvellement du personnel technique, ou encore si l' institution de micro-finance atteint précocement un fort taux de croissance.

Une mauvaise séparation des tâches (par exemple entre décaissement et enregistrement), des contrôles internes faibles, des agences géographiquement dispersées, et des processus d'approbation décentralisés sont autant de facteurs favorisant la fraude. Les auditeurs externes doivent s'assurer que leurs clients comprennent bien que, même si le processus normal des activités d'audit peut permettre d'identifier certains cas de fraude, la détection de la fraude ne constitue pas l'objectif premier de l'audit.

Par exemple, les institutions de micro-finance constatent souvent que :

- les remboursements de crédits sont détournés avant d'avoir été enregistrés ;

- un agent de crédit crée des groupes ou des emprunteurs fictifs et effectue des décaissements à leur nom ;

- le prêt octroyé est effectif mais une partie du montant décaissé revient à l'agent de crédit sous forme de pot de vin ;

- les prêts sont délivrés à des amis ou à la famille des employés de l'institution.

La gestion des dépôts d'épargne, particulièrement des épargnes libres augmente la vulnérabilité dans la mesure où toute défaillance dans la détection de fraude interne pourrait conduire à la perte d'actifs liquide circulant de la clientèle, et à la rapide détérioration de la notoriété de l'institution. En cas de détection de fraude interne, il est crucial de circonscrire et de résoudre le plus tôt possible le problème à la source, en prenant les mesures et sanctions subséquentes en direction du personnel concerné avant qu'il ne soit trop tard. Les institutions de micro-finance qui manipulent l'argent sont grandement exposées aux vols. Ce constat se justifie par le fait que les institutions de micro-finance opèrent souvent dans des contextes ou zones où, du fait de la pauvreté dominante, sont des sites à hauts risques de criminalité, où la tentation est tout au moins très forte. Par exemple dans des Agences à fort volume de transactions, le montant total de remboursements quotidiens collectés pourrait aisément excéder le revenu moyen annuel des ménages dans une communauté donnée.

2.4 Risques technologiques

Ce sont des risques physiques ou logiques liés au système d'informations et au support informatique. Les principaux risques observés sont : l'inadaptation de l'architecture informatique, l'indisponibilité du système, fonctionnalités non sécurisées et réseau mal sécurisé.

2.5 Risques juridiques

Il s'agit des risques liés à l'insuffisance dans la formulation des contrats de prêts entre l'institution de micro-finance et ses clients. Des clauses contractuelles insuffisantes pour protéger les intérêts peuvent générer des préjudices à l'institution de micro-finance.

2.6 Risques métiers

Ce sont les risques qui s'attachent à la cohérence dans la gestion des projets et la gestion des changements, à l'intégrité physique des biens et des valeurs, aux manquements sur le plan commercial dus à des procédures pas adaptées ou incohérentes ou non prise en compte dans les procédures de normes réglementaires, à la mauvaise gestion de l'information et des ressources humaines, à l'absence d'un schéma de contrôle pour détecter ou anticiper les problèmes.

2.7 Risques de gouvernance

Le risque inhérent à la gouvernance se présente lorsque les propriétaires et les directeurs d'institutions de micro-finance ne possèdent pas les compétences nécessaires pour assurer une surveillance adéquate de l'entreprise. Ceci peut constituer un problème en raison de la nature des institutions et des personnes qui détiennent ou administrent habituellement une institution de micro-finance. Les directeurs d'une organisation à but non lucratif n'ont pas toujours les compétences et l'expérience nécessaires pour gérer une institution financière. Structures d'organisation et de propriété: Dans certaines institutions de micro-financement, les accords d'organisation et de propriété impliquant les organisations non-gouvernementales ou les institutions publiques qui ont joué un rôle dans l'établissement d'une nouvelle institution de micro-finance réglementée, ne sont pas toujours clairs.

2.8 Risques liés au taux d'intérêt

Ce sont les pertes pouvant être enregistrées sur la variation des taux d'intérêt. Les risques se présentent lorsque les références de taux sont différentes pour une créance et une dette associée. Il pose un problème de gestion des actifs et passifs selon leur degré de maturité et de transformation des actifs, pouvant entraîner un risque de refinancement lorsque l'institution détient des actifs de long terme alors que les passifs sont de court et moyen termes, ou inversement à un risque de réinvestissement.

2.9 Risques de change

Ce risque est lié aux pertes qui surviennent du fait d'un changement de la parité de la monnaie. Les institutions de micro-finance sont plus vulnérables au risque de change si elles doivent rembourser de l'argent emprunté en devises étrangères pendant que le refinancement du prêt a été fait en monnaie locale ; les revenus d'intérêts générés localement étant généralement maigres pour couvrir les charges financières y compris la perte de change.

2.10 Risques liés à l'intégrité du système d'informations

L'intégrité du système de gestion comptable et le dispositif de gestion du portefeuille de crédit est un risque non négligeable. L'évaluation de ce risque suppose la vérification permanente de la qualité de l'information fournie au système, un mécanisme de contrôle garantissant un traitement correct de l'information entrant dans le système, et un dispositif assurant la production périodique de rapports utiles, ou base de données pertinentes pour les rapports d'activités de l' institution de micro-finance.

Concernant les risques liés aux maladies et aux décès, ils sont gérés par l'assurance car pendant l'octroi du prêt le demandeur souscrit à l'assurance-vie, lorsque le remboursement s'effectue en retard c'est l'ayant droit qui effectue le remboursement.

Lorsque le risque est réalisé PAMECAS reporte cette créance irrécouvrable sur l'exercice suivant en tant qu'une perte.

2.11 Risques macroéconomiques

Les institutions de micro-finance sont particulièrement vulnérables aux changements macroéconomiques comme la dévaluation et l'inflation. Ce risque a deux facettes : l'influence directe de ces facteurs sur l'institution de micro-finance et l'influence directe de ces facteurs sur les clients de l'institution de micro-finance, leurs affaires et leur capacité de remboursement de prêts.

2.12 Risques liés à l'insolvabilité

Le risque d'insolvabilité est le risque qu'un client débiteur d'une facture se mette dans l'incapacité d'en effectuer le règlement, de façon volontaire en faisant trainer le règlement, ou bien de façon involontaire s'il est placé sous procédure collective. Afin de pallier les risques d'insolvabilités les entreprises mettent en place des solutions d' assurance crédit ou d' affacturage, qui indemnisent le fournisseur dans les cas où les clients débiteurs se trouvent en incapacité de paiement.

Section 3 : Avantages de la gestion du risque

En faisant le point sur les risques étudiés, on voit que les politiques de gestion des risques ont des avantages non négligeables tels que :

- sécurité des déposants

- transparence des opérations

- suivi et localisation des responsabilités

- meilleures conditions d'activité des institutions de micro-finance

- capacité de refinancement

- poursuite de mauvais payeurs

- meilleure connaissance des risques des emprunteurs

- respect des normes prudentielles

- existence d'un contrôle interne et externe

- réduction au niveau des détournements de fonds et d'objectifs

- bonne distribution du crédit favorisant une bonne qualité du portefeuille

- amélioration de la gestion financière

- disponibilité de l'information avec la mise en place de base de données et d'un système de sauvegarde des données.

Section 4 : Les faiblesses dans la gestion du risque

Les faiblesses dans la gestion du risque peuvent être liées aux coûts élevés pour certains types de risques et la prise en charge de certains risques externes. Parmi les coûts liés à la gestion du risque, on peut citer :

- sensibilisation des populations cibles pour booster l'adhésion et pour la mobilisation de l'épargne.

- Recouvrement des impayés

- Formation du personnel

- Sécurité informatique, des opérations et des biens

Dans la gestion des risques d'impayés, on peut trouver des facteurs incontrôlables tels que des catastrophes naturelles (tremblements de terre, incendies, inondations, sécheresse entraînant des ravages dans l'économie et dans les activités des micro entrepreneurs), les changements de politique gouvernementale (mesures à l'encontre des vendeurs de rue, nouvelle taxe, etc..), les crises individuelles (une maladie ou un décès qui plonge la famille dans une situation économique très difficile), une situation économique locale, nationale et mondiale ( même les petits commerçants sont souvent dépendants de produits importés).

CHAPITRE III : PROCEDURE D'OCTROI DU CREDIT DE PAMECAS

Pour produire et couvrir ses charges, le PAMECAS se doit d'octroyer à ses clients les crédits. Bien qu'il s'agisse d'une source de production par excellence, la gestion du portefeuille devrait se conformer à certaines mesures permettant d'assurer un contrôle interne afin de prendre des risques calculés. Le risque de crédit est le plus connu et constitue la plus grave des vulnérabilités d'une institution de micro-finance. C'est la détérioration de la qualité du portefeuille crédit qui cause les pertes et créée des charges énormes en gestion de la défaillance. Ce risque aussi connu comme le risque de défaillance, est lié à l'incapacité du client de respecter les termes du contrat de prêt.

Un seul micro crédit ne pose pas un risque énorme parce que le pourcentage sur le portefeuille total est insignifiant. Mais puisque la plupart des microcrédits ne sont pas ou peu garantis, la défaillance peut facilement s'étendre d'un petit nombre de crédits à une portion importante du portefeuille. Cet effet de contamination peut être aggravé par le fait que les portefeuilles de micro finance se limitent souvent à certains secteurs d'affaires.

Avant la mise en place du crédit, PAMECAS analyse la demande de crédit et les garanties offertes par le client. Ceci est une étape très importante car l'issue permet d'évaluer le risque de non remboursement qui peut exister. La gestion du risque de crédit peut se présenter sous deux aspects : Les mesures préventives que les prêteurs prennent avant l'octroi du crédit et les mesures d'encouragement après le déboursement pour permettre le remboursement dans les délais. Avant d'octroyer un crédit, le créancier peut réduire le risque de crédit en prenant certaines mesures de contrôle qui réduisent la défaillance ou la perte potentielle lors de la conception du crédit, telles que l'enquête sur l'historique du client, l'orientation du client sur les attentes et les procédures de l'IMF.

Section 1 : étude d'une demande de crédit

Tout demandeur de prêt ne constitue pas uniquement un bon risque de crédit. C'est pourquoi indépendamment de la procédure d'octroi de prêts mise en place, les chargés de prêts de PAMECAS étudient avec minutie les dossiers de prêt en vue prendre de bonnes décisions d'octroi.

L'étude de la demande vise deux buts :

- satisfaire le client dans les meilleures conditions ;

- limiter au maximum les risques

1.1 Etude du dossier

Le dossier comprend les éléments propres à l'entreprise dans l'ensemble et d'autres qui lui sont étrangers mais également les éléments de la gestion de l'affaire.

1.2 Eléments propres à l'entreprise ou à l'individu

Ce sont d'abord les derniers bilans, les comptes d'exploitation et les tableaux de perte et de profit. Les renseignements complets recueillis lors d'un entretien ou lors d'une visite d'entreprise permettent de bien connaître le client et son affaire. Pour un individu, on tiendra compte de son salaire, sa situation matrimoniale et patrimoniale.

1.3 Eléments externes

L'étude de demande de crédit doit être complétée dans son contexte économique financier et social. Il faut tenir compte de la conjoncture économique du pays, du secteur d'activité pour discerner les possibilités et les conditions de production et de débouchés tous ses éléments doivent répondre aux procurations de :

- Qualité de la gestion de l'affaire ;

- Aptitude de remboursement dans les délais prévus ;

- Les garanties offertes.

Section 2 : Les 5 C pour une meilleure identification du Client

Caractère : Une indication de la volonté du demandeur à rembourser et sa capacité à bien gérer une entreprise

Capacité : Si oui ou non les revenus de l'entreprise ou du ménage peuvent couvrir le remboursement du crédit.

Pour évaluer la capacité de remboursement d'un demandeur, les chargés de prêt procèdent à l'évaluation de son affaire et de son ménage. Un défi pour déterminer la capacité de l'affaire pour rembourser le crédit est la fongibilité de l'argent : la raison pour laquelle le client a demandé le crédit peut être différente de ce à quoi le crédit sert en réalité. Parce que souvent le micro entrepreneur ne sépare pas ses activités commerciales de ses activités de ménage, il est nécessaire que le chargé de prêt comprenne le flux de fonds dans et entre les deux. Il est compliqué d'évaluer la capacité de remboursement d'un demandeur à revenu bas.

Capital : Actifs et passifs de l'entreprise et/ou ménage

A part l'évaluation des flux financiers de l'affaire, et pour déterminer sa capacité de remboursement de crédit, PAMECAS à l'instar de la plupart des IMF recueillent des informations sur l'actif et le passif de l'affaire et c'est à partir de cette information qu'elles établissent un simple bilan. Ceci permet au Chargé de crédit de déterminer si l'affaire est solvable et de savoir combien de fond de commerce est à la base de l'affaire. Avec les plus petits crédits, cet élément est probablement le moins important, mais sa signification augmente au fur et à mesure que le crédit augmente. Dans certain cas, la taille de crédit est liée au capital de l'activité.

Cautionnement : L'accès à un actif que le demandeur de crédit peut céder en cas de non-paiement ou une garantie d'une personne de bonne moralité (garantie physique) à rembourser le crédit en cas de défaillance. Une des raisons pour laquelle des institutions de micro finance ont vu le jour, c'est que les banques traditionnelles ne fournissent pas leurs services aux individus qui n'ont pas la garantie classique.

Plusieurs IMF utilisent le système de groupe de pression, les conditions très sévères d'octroi de crédits et l'épargne obligatoire pour remplacer la garantie classique. D'autres innovations en micro finance ont été introduites à savoir le système de garantie non classique tel que les biens ménagers et des cautions personnelles. Les gages et la mise en bail des équipements sont d'autres formes de garantie pour surmonter les contraintes de la garantie classique. Sûrement la chose la plus importante est de savoir comment la garantie est utilisée. En micro-finance, la garantie est utilisée pour déterminer l'engagement du demandeur de crédit.

Conditions : Un plan d'affaire qui tient compte de la concurrence, le marché du produit et service puis de l'environnement légal et économique.

Le cinquième élément, condition, est le plus compliqué à évaluer par le chargé de crédit. PAMECAS adopte une approche de développement des micros entreprises à la micro finance ce qui implique qu'elles sont concernées par l'amélioration de l'activité et au même moment par le remboursement de leur prêts. Dans cette situation, la procédure d'évaluation du niveau de la concurrence, la taille du commerce du client et les menaces externes potentielles auxquelles le client est soumis peuvent jouer un rôle important dans la prise des décisions commerciales rapide par le client et aussi aider le chargé de crédit dans la prise de décisions exacte en crédit.

Puisque les chargés de crédit manquent souvent d'expertise pour analyser les situations de toutes les affaires commerciales, un moyen de base pour contrôler les risques de crédit est de poser comme condition au demandeur de pratiquer son commerce d'une période allant de 6 à 12 mois avant qu'il ne soit éligible pour un crédit. Cela implique que le demandeur aurait acquis des expériences pour répondre aux questions concernant les conditions du marché. Le commerce qui existe déjà rendra facile l'évaluation de sa capacité de remboursement et de ses besoins de ressources financières. Ces cinq composantes ci-dessus sont pertinentes pour toute sorte d'institution de crédit.

Le poids accordé à chaque élément peut varier selon la méthodologie (groupe de solidarité, banque villageoise ou prêt individuel), la taille du crédit et selon le fait que le client soit nouveau ou ancien. Ce n'est pas tous ceux qui sollicitent un prêt qui sont des clients à faible risque. Quelle que soit la méthodologie de crédit, les agents de crédits sont supposés prendre de sages décisions de crédit.

Section 3 : LES GARANTIES OFFERTES

Afin de mieux finaliser son dossier de crédit, nous avons plusieurs garanties dont la garantie morale qui est prise en considération, nous parlerons des garanties les plus utilisées dans le chapitre suivant.

3.1 La garantie morale

Il s'agit pour le banquier de juger de :

- La moralité du débiteur, on appréciera son honnêteté, son attachement à l'affaire, sa réputation

- La qualité de ses dirigeants. On évaluera leur expérience, leur facilité d'adaptation face à l'évolution des techniques et des marchés ;

- La valeur de la production des marchandises : elle dépend de la nature des produits de leur qualité des débouchées existants et futurs.

Le banquier devra également juger l'aptitude de remboursement dans les délais permis. La première condition de sécurité est l'existence d'un fond de roulement suffisant. Ces informations sont données par la fiche de suivi du client conservée dans les archives de PAMECAS pour les anciens clients.

En résume nous avons ainsi développé d'une part les éléments constituant l'environnement interne de PAMECAS et ceux composant son environnement externe et d'autre part les éléments nécessaires pour mettre en place un crédit tels que la bonne volonté du client, les apports et les garanties. En possession de tous les éléments et garanties nécessaires le banquier peut procéder à la mise en place du crédit. Il est annoté que suivant le type de crédit sollicité, certaines exigences particulières seront appliquées comme le taux d'intérêt, le délai de remboursement, etc. Nous nous appliquerons au chapitre suivant sur les mécanismes de mise en place du crédit de campagne qui est l'activité où nous avons beaucoup exercé notre stage.

3.2 Critères appliqués aux promoteurs

Etre :

- De bonne moralité

- Du métier et justifier d'une expérience dans le secteur d'activité

- Disponible, sérieux, et respectueux des engagements.

Ces critères sont valables aussi bien pour le micro projet que pour les PME/PMI mais pour le dernier cas, il fut ajouter en plus ;

- Une existence légale

- Justifier au moins d'une comptabilité sommaire (cahier : recettes dépenses par exemple)

- Un apport personnel (30% au moins pour les crédits d'investissement).

Section 4 : PROCEDURE D'OCTROI DES CREDITS

4.1 Au niveau du guichet et du service de crédit

Dans le processus de mise en place des prêts, les principales opérations s'effectuent au niveau du guichet et du service des crédits.

4.2 Au niveau du guichet ou du gestionnaire de crédit en agence

Le guichet assure la liaison entre les membres et la structure. A ce titre, ses principales missions sont :

- De fournir les renseignements préliminaires relatifs aux conditions d'accès aux crédits ;

- D'aider les membres à rédiger les demandes ;

- D'examiner les demandes reçues afin d'identifier les bons projets ;

- D'orienter les membres.

Les demandes étant acheminées par ordre d'arrivée à la direction générale, le membre fera l'effort de repasser pour avoir une idée de l'évolution de son dossier de crédit. Entre temps à partir des informations recueillies et des documents fournis, le réceptionniste établit une fiche membre. Dès lors, les membres qui remplissent les conditions préliminaires seront présentés vers le responsable du crédit, chargé des prêts pour la suite des opérations. Ce dernier s'occupe donc des premières modalités pour l'accès aux crédits. A ce niveau, la principale difficulté rencontrée est celle du temps d'étude lorsqu'il y a affluence.

4.3. Au niveau du service des crédits

En attente de la création d'un service qui assurera l'étude des dossiers et de la mise en place des prêts, à PAMECAS, quelques organes sont chargés :

- de recevoir et informer les membres sur les conditions d'octroi des prêts ;

- d'analyser les demandes de prêts ;

- d'effectuer les différentes phases d'études d'un dossier ;

- de suivre la situation des remboursements de chaque membre.

Il s'agit :

- du conseil d'administration, pour les montants supérieurs à 4 000 000 FCFA

- comité de crédit, pour les montants inférieurs ou égal à 4 000 000 FCFA

Section 5 : PROCEDURE DE MISE EN PLACE

Le chef d'agence reçoit le membre, l'interroge l'écoute et l'oriente vers la formule qui correspond à ses besoins et l'envoi chez le gestionnaire de crédit.

Le gestionnaire de crédit à son tour lui donne la liste des éléments à fournir pour le dossier, remplit la fiche de demande de crédit et fait signer le membre où c'est nécessaire. Le gestionnaire organise des descentes de localisation ou d'enregistrement des garanties. Enfin, il fait son rapport d'étude du dossier des crédits. Un mini comité se tient alors en agence composé du chef d'agence, le gestionnaire, le guichetier et de la caissière. Le dossier peut alors prendre la direction du service de crédit de la direction générale.

Cependant, après avoir reçu la demande, le gestionnaire de crédit s'assure des dossiers, en d'autres termes, il procède à un entretien approfondi de la visite préliminaire à l'étude des renseignements financiers (bilan, compte d'exploitation). Ceci afin de déterminer la rentabilité du projet de l'emprunteur, sa situation nette et sa capacité de remboursement.

Après cette analyse, le gestionnaire de crédit émet son avis et transmet le dossier à son supérieur hiérarchique (chef d'agence) qui après analyse rédige un rapport et remet le dossier pour approbation.

Après approbation d'un dossier, le membre est informé. Aussitôt, ce dernier va entrer en contact avec ses membres afin qu'ils prennent leurs dispositions à vue de la réalisation des conditions de crédit, de la signature du contrat et du déblocage des fonds. En attendant, à PAMECAS, on apprête les divers documents (le contrat, l'échéancier de remboursement ou tableau d'amortissement et matérialisation des garanties). De même, le service de caisse sera informé pour la circonstance.

Après une dernière vérification des dossiers, et après s'être rassuré que la formation est faite, le directeur ou son représentant prodigue les conseils à tous les intéressés en insistant sur le bon usage des fonds. Le respect des engagements pris, la notion de solidarité du groupe, la responsabilité des avaliseurs. C'est à la suite de cette étape qu'à lieu signature du contrat entre les emprunteurs et les avaliseurs d'une part, à PAMECAS d'autre part. A cet effet une autorisation de remboursement est délivrée aux membres. Ces derniers seront accompagnés à la caisse par le comptable pour les modalités de déblocage des fonds.

Après avoir mis le crédit en place, il faut procéder à la prise des garanties c'est-à-dire le dépôt des signatures et des lettres d'engagements légalisées pour les avalistes et cautions. Le dépôt du titre foncier ou d'une attestation de propriété ou encore d'un contrat de mise en hypothèque s'il s'agit d'une garantie réelle.

Section 6 : Suivi du crédit

La mise en place est un fait et le suivie en est un autre. A cet effet, en matière de crédit, le recouvrement constitue une préoccupation moyenne et permanente des EMF. Les causes d'impayés sont parfois du fait que le membre détourne l'objet du prêt, mais il peut aussi arriver les catastrophe naturelles telles que : l'incendie, la grève ou le vol.

Tout au long de nos recherches, nous n'avons pas constaté de cas de défaillance. L'entretien avec la responsable du microcrédit a permis de confirmer cette hypothèse. En général les clients ne respectent pas les délais de paiement malgré les pénalités qu'on leur applique, ils attendent au-delà du 07 parfois même le 30 du mois pour payer. Le remboursement étant mensuel.

Avec PAMECAS, après avoir bénéficié d'un crédit et tout au long du remboursement, le gestionnaire effectue plusieurs visites sur le terrain pour s'informer au jour le jour de la situation du membre. Ces visites sont de 02 natures :

- Planifiées ;

- Inopinées

Le suivi concerne également la formation des membres.

- Formation à l'utilisation et au bien fondé des comptes d'exploitation.

- Formation à la gestion (gestion des stocks).

Bref toutes ces phases constituent la procédure d'octroi du crédit de PAMECAS et ont été instaurées afin de réduire le risque lié à l'emprunt ou au crédit. Il y a souvent des cas difficiles de recouvrement, retards de paiement. Normalement, le remboursement est mensuel et doit avoir lieu au plus tard le 07 de chaque mois. La quasi-totalité des emprunteurs ne respecte pas cette date butoir.

CHAPITRE IV : CREDITS, GARANTIES LES PLUS UTILISÉS ET CLIENTÈLE

Section 1 : les crédits et garanties les plus utilisés

Le crédit régulier

Peuvent prétendre à ce type de crédit les membres ayant épargné régulièrement durant trois mois et disposant en épargne de 25% du prêt pour le 1er crédit, 20% du prêt pour le second crédit et 15% pour les crédits suivants.

Conditions d'admissibilité :

Pour obtenir un prêt, il faut remplir les conditions suivantes

-  être membre du réseau (personne physique ou morale) ;

- avoir épargné régulièrement à la caisse depuis a moins trois (3) mois ;

- habiter ou travailler dans la zone territoriale de la caisse ;

- avoir la majorité (21 ans ou majeur par anticipation) ;

- inspirer confiance ;

- Etre solvable ;

- avoir constitué son apport minimum ;

- avoir remboursé totalement ses prêts antérieurs ;

- opportunités d'affaires ;

Le crédit du fonds belge :

C'est le fruit de la coopération entre le fonds de contrepartie sénégalo-belge et PAMECAS. Il est destiné au financement de projets dans les secteurs suivants :

- développement rural ;

- maraîchage et toutes autres activités productives qui contribuent à l'augmentation de la production agricole et/ou à la valorisation des produits agricoles ;

- équipement de pêche, mareyage, pisciculture, toutes activités productives qui contribuent à la valorisation ;

- ruminants et toutes activités productives qui contribuent à la valorisation des produits de l'élevage ;

-artisanat ;

- couture, menuiserie, maroquinerie, toutes activités productives qui valorise des produits de l'artisanat sénégalais ;

- Tourisme et construction et réhabilitation d'infrastructure touristiques ;

Conditions d'admissibilité

- Etre membre de PAMECAS

- avoir un apport de 10%

- intervenir dans une des activités financées par le fonds belge

- le taux d'intérêt pour ce type de crédit est de 10% semestriel, payable mensuellement

- avoir des garanties pouvant couvrir à 100% le prêt demandé.

Le crédit plan international

Ce crédit est offert en collaboration avec l'ONG Plan International qui oeuvre pour le bien être et le développement de l'enfant déshérité. Il s'agit de permettre aux mères de bénéficier de crédit pour le renforcement de leurs activités génératrices de revenus.

Conditions d'admissibilité :

- être un groupe de femmes appuyé par le Plan International ;

- être membre d'une mutuelle d'épargne et de crédit appuyée par PAMECAS ;

- avoir une expérience de plus d'un andas le domaine de l'activité pour la quelle le crédit est demandé ;

- ne pas avoir d'antécédents de crédit négatifs ;

- verser un apport personnel de départ qui sera nanti et accepter de constituer une épargne obligatoire exigible à chaque étape du remboursement des prêts ;

Conditions générales du crédit, Apports et garanties

- l'emprunteur devra épargner obligatoirement 10% du capital emprunté. Au-delà de 3 000 000, l'épargne obligatoire est fixée à 5% ;

- pour les prêts personnels, les membres ayant domicilié leur salaire à la caisse pendant au moins trois mois, il n'est pas exigé d'apport, l'épargne obligatoire est fixé à 5% du montant en capital à rembourser mensuellement ;

- tous les prêts devront obligatoirement être accompagnés d'une garantie réelle ou personnelle dont la valeur marchande représente au minimum 100% du montant du prêt moins la garantie en épargne sauf la pour les prêts de 25 000 et moins. Ces prêts peuvent avoir comme garantie une personne solvable connue et membre de la caisse ;

Toutefois, l'enregistrement des garanties pour les prêts supérieurs à 1 million est obligatoire et à la charge de la caisse.

- Pour les GIE, association et autre groupement, il est possible d'avoir un crédit évolutif dès adhésion de 25 000 par membre pour le 1er prêt ; à 150 000 par personne pour les prêts suivants selon les besoins d'augmentation du crédit des demandeurs. Ce type crédit a comme garantie la caution solidaire et sans garantie supplémentaire.

Taux d'intérêt et, frais de dossier et gestion

Les prêts sont accordés avec un taux d'intérêt de 1,16 % constant par mois et pendant toute la durée du prêt et une ristourne de 0,16% par mois est effectuée sur le capital après 18 mois de remboursement.

Les frais de dossiers

Les frais administratifs d'analyse de la demande de crédit s'élèvent à :

- 1000F jusqu'à 1 million

- 2000F au-delà de 1 million

Les frais de gestion

Les frais de gestion sont fixés à 1% du montant reçu

Les frais de cautionnement

Les frais de cautionnement sont fixés à 1% de la valeur octroyée. Ils servent à constituer un fonds de cautionnement servant à couvrir 50% des pertes sur prêt annuelles de la caisse.

Le crédit AFSSEF (accès des femmes sénégalaises aux services financiers)

Conditions pour les produits AFSSEF :

- être une femme ou un groupe de femmes ;

- être membre d'une mutuelle d'épargne et de crédit affiliée à l'UM PAMECAS ;

- avoir de préférence une expérience dans le domaine d'activité pour laquelle le crédit est demandé ;

- ne pas avoir d'antécédents de crédit négatifs ;

- avoir constitué un apport ;

- pour le visa des dossiers AFSSEF ;

Montant du prêt

- Pour les petites commerçantes de marchés (PCM), la marge de crédit autorisée lors de la signature du contrat sera d'un maximum de 25000fcfa, ce plafond pourra par la suite augmenter avec l'accord de l'argent de crédit l'AFSSEF, d'un maximum de 25.000fcfa par tranche.

Le montant maximal accordé pour ce type de crédit ne doit en aucun cas dépasser 150.000fcfa.

- Pour les groupes de crédit, le montant par femme dans le groupe varie de 50.000fcfa à 150.000fcfa, la durée du prêt est de douze (12) mois ;

- Pour les femmes entrepreneurs deuxième catégorie et GIE, le montant maximal admissible est fonction de la politique de crédit en vigueur ;

La durée de remboursement accordé à un groupe de crédit (GC) est limitée à six (06) mois pour le premier crédit, huit (08) mois pour le deuxième crédit et dix (10) mois pour les crédits suivants ;

- Dans le cas des petites commerçantes d'un marché (PCM) la durée de remboursement est fixée à un (01) mois pour le premier crédit, deux (02) mois pour le deuxième crédit, trois (03) mois pour le troisième crédit, quatre (04) mois pour le quatrième crédit, cinq (05) mois pour le cinquième crédit et six (06) mois pour le sixième crédit avec des versements journaliers de 1000 FCFA au minimum au niveau des clubs d'épargne ;

- Dans le cas de crédit flash individuel, la durée maximale est de un (01) mois. Un plan de remboursement sera mis en place et des virements mensuels sont faits ;

Taux d'intérêt et autres frais :

Le taux d'intérêt applicable aux prêts accordés aux groupes de crédit et aux entrepreneurs (individuels ou GIE) est de 12 % constant par mois et pendant une durée de 18 mois et au- delà de 18 mois, il est fixé à 1% par mois constant.

Chaque dossier complet doit être présenté au directeur de la caisse pour l'émission de la garantie si le montant est inférieur ou égal à 500.000 FCFA, si le montant est supérieur à 500.000 FCFA, le dossier est transmis à l'analyste en crédit de la caisse pour l'émission de la garantie. Tous les dossiers supérieurs ou égaux à un (01) million de FCFA sont transmis par l'agent de crédit AFSSEF après visa du directeur de l'analyste AFSSEF pour validation et l'émission de la garantie.

Tous les crédits acceptés doivent être inscrits dans la banque de crédit AFSSEF.

Pour les dossiers de un million et plus, une fois la garantie émise l'analyste doit immédiatement le retourner à la caisse.

Apport et garantie :

Tous les types de prêts concernés par la présente politique profitent de la garantie AFSSEF. En plus de la garantie AFSSEF, une caution solidaire est exigée dans le cas des groupes de crédits (GC) et des GIE.

Toutes les garanties disponibles sans distinction doivent être enregistré pour les crédits entrepreneurs (individuel et GIE). Les petites commerçantes et le crédit flash devrait avoir l'aval des personnes ressources choisies par AFSSEF. Dans tous les cas la garantie dans le dossier AFSSEF n'a qu'une valeur symbolique, il faut privilégier l'activité et le pouvoir d'achat de la femme.

Un fond de garantie participatif sera mis en place, il sera constitué du fond de cautionnement versé par les femmes et d'une partie des bénéfices dégagés par les produits AFSSEF (10%). Les crédits garantis par AFSSEF doivent uniquement servir à des fins productives et/ou commerciales. Par contre le taux d'intérêt applicable pour le crédit flash et les PCM sera de 2% par mois constant. Les emprunteuses ou groupes d'emprunteuses devront également assumer les frais de dossiers, de gestion et de cautionnement prévu aux politiques en vigueur dans les mutuelles. Dans le cas des petites commerçantes d'un marché (PCM) et du crédit flash individuel, elles vont payer les frais de dossier au moment de déboursé et les frais de gestion (1%) et de cautionnement (1%) au terme de chaque cycle de remboursement par prélèvement sur les épargnes disponibles.

Pour les autres types de prêts, les frais de dossier sont payés au moment de la constitution du dossier et les frais de gestion et de cautionnement sont payés au moment du déboursement. Les frais d'assurance sont payés pour tout prêt individuel dont le montant est égal ou supérieur à 100.000 FCFA. Les emprunteuses ou groupes d'emprunteuses doivent également assumer des frais de dossier et d'administration prévu aux politiques en vigueurs dans les mutuelles.

Section 2 : la clientèle de PAMECAS

De nos entretiens avec les clients, il est ressorti des thèmes très diversifiés allant de l'appréciation de la procédure d'octroi au taux d'intérêt, des banques à la formation préalable à l'octroi du crédit. Nous avons remarqué que la plupart des enquêtés n'avaient comme référent que les banques. Presque qu'aucun n'a été client d'une IMF avant PAMECAS.

Si beaucoup n'ont pas connu d'autres IMF, nombreux sont les clients de PAMECAS qui ont déjà été client d'une banque. Mais la proximité et la multiplicité de choix qu'offrent les grandes banques ne semble pas assez pour les convaincre de se détourner des structures de micro finance dans lesquelles ils ont adhéré. Tel est le sentiment qui se dégage des échanges eus avec les clients de PAMECAS de Ngor. Ils sont tous ou en majorité actifs essentiellement dans le secteur informel.

D'après eux, avant, c'était seulement PAMECAS qui s'intéressait aux gens du secteur informel. Nous ne constituons pas une cible qui intéressait les grandes banques. Elles préféraient se concentrer sur d'autres secteurs plus rentables.

A la question de savoir s'il est difficile d'adhérer et d'ouvrir un compte tous ont répondu par l'affirmative. Tout ceci se justifie par la campagne intensive de communication que mène PAMECAS pour expliquer le pourquoi de telle somme réclamée ou de telle autre garantie exigée. La paperasse et les démarches disent-ils sont beaucoup moins fatigantes que dans les banques, leur seul référent.

Nous avons aussi abordé dans nos entretiens avec les clients de PAMECAS la question relatives au taux d'intérêt. Là encore le seul modèle comparatif qu'ils ont, ce sont les 10 ou 12% d'intérêt imposés par la plupart des banques pour chaque prêt. Pour eux, comparé à ca, les 1,67% de taux d'intérêt prélevé par PAMECAS sont pas exorbitants». 
De même, il est ressorti de nos entretiens avec la responsable de crédit de PAMECAS Ngor, que la plupart des clients ne remboursent jamais à temps, ne respectent pas l'échéance de remboursement. Cependant, il est rare qu'on en arrive à la mise en demeure, au pire des cas, l'échéance de remboursement est repoussée. C'est cet état de fait semble être apprécié par les clients pour qui, dans les banques les règles de remboursement sont très strictes.

L'un des huit clients de PAMECAS avec qui nous nous entretenu renseigne qu'il a choisi PAMECAS parce que non seulement son système est plus fiable, mais ses conditions de prêt ne sont pas compliquées. « Une fois après avoir obtenu la carte d'adhésion de PAMECAS, ton compte n'est jamais verrouillé. En plus on y met moins de temps pour déposer ou retirer de l'argent», a-t-il argumenté.

Cependant une partie des clients questionnés a soulevé une préoccupation. D'après eux, monter des projets et des petites entreprises est facile mais la gérer est autre chose. C'est pourquoi, ils envisagent de demander à PAMECAS de proposer à ses clients une formation en gestion élémentaire ou en comptabilité simple même pour les non instruits. La plupart des clients évoluant dans le secteur informel, disent avoir des problèmes quant à la tenue d'un journal ou d'un cahier de comptes. D'après eux PAMECAS gagnerait à appliquer une telle mesure. En sens que les affaires pour les quelles on emprunte vont prospérer et le prêt remboursé dans le délai imparti.

Section 3 : Recommandations

Au terme de notre travail, nous nous permettons de faire quelques recommandations pour rendre la procédure d'octroi du crédit de PAMECAS plus efficace. Concernant le mécanisme d'octroi de crédit de PAMECAS, nos suggestions porterons sur 03 points : au niveau de la distribution, des garanties, et de l'étude du projet.

· Au niveau de la distribution

La PAMECAS devrait étendre ses agences et points de vente dans toutes les autres villes, ce qui pourrait contribuer à augmenter son chiffre d'affaire et permettre aussi à ses membres d'effectuer les transactions et démarches plus facilement.

· Au niveau des garanties

Elle devrait mettre sur pied et développer des garanties plus pratiques et adaptés à son public tel que la caution solidaire et s'informer d'avantage sur la personne ou le bien qui devrait servir de caution.

· Au niveau de l'étude du projet

PAMECAS dont le public constitue pour la plupart des opérateurs du secteur informel devrait s'atteler non pas seulement au suivie du crédit mais également à la formation des membres en comptabilité primaire, pour se donner les possibilités de calcul des situations nette de renseignement et de sa capacité de remboursement de crédit.

· Innover dans les techniques marketings de la gestion de la clientèle.

· Cultiver chez le client le principe d'investissement et le conseiller sur la gestion de son patrimoine.

· Afin d'éviter que les clients aient le pouvoir de négociation, PAMECAS doit fixer un taux (montant forfaitaire) applicable aux clients ayant atteint un certain seuil.

CONCLUSION

Ce travail de mémoire a permis de comprendre la gestion des risques dans les institutions de micro-finance. A l'issue de la recherche que nous avons menée, nous avons pu mieux comprendre les institutions de micro-finance dans leur volet gestion des risques. En effet Plus l'octroyeur, en l'occurrence PAMECAS s'informe d'avantage sur la solvabilité du client, moins les risques encourus sont grands. Le recours préalable à l'enquête de moralité et à la connaissance d'antécédents juridiques comme préalable à l'octroi d'un prêt réduit le risque crédit. Nos hypothèses de départ sont donc confirmées.

La gestion du risque demeure au coeur des préoccupations des institutions de micro-finance, qu'elles soient rurales ou urbaines. Or les réflexions à ce sujet sont éparses, et les institutions de micro-finance ne disposent pas forcément de moyens financiers et humains, ni d'un panel d'outils techniques pour y faire face. Pour remédier à ce manque de moyens et parvenir à bien gérer ces risques, nous avons proposé une centrale des risques prenant en compte la clientèle. Les outils de gestion des risques sont dynamiques et changent à travers l'évolution des institutions de micro-finance dans la boucle de retour sur l'information. La prolifération des institutions de micro-finance engendre une forte demande débouchant sur une recrudescence diversifiée des risques. La gestion du risque est un facteur déterminant dans l'évolution et la pérennité de l'institution. Elle est indispensable du fait qu'elle permet d'atténuer ou de neutraliser leur apparition.

Comme perspectives, nous pouvons prévoir l'introduction des institutions de la micro-finance dans le marché des capitaux qui aura pour conséquences l'apparition de nouveaux types de risques.

* 1 Justine BERTHEAU Compte-rendu de la conférence - débat du 7 octobre 2004 à L'ENA : « Espoirs et limites de la micro-finance en Afrique »

* 2 Rapport sur la situation globale du secteur de la micro finance au 30 juin 2010, par le ministère de tutelle

* 3 Conférence de Copenhague, sur le développement mondial, PNUD décembre 2009

* 4 Sarr Fatou, l'entreprenariat féminin au Sénégal. La transformation des rapports de pouvoir. Paris, L'Harmattan, 1999, 301p

* 5 F. Sarr, Op cit, p 48.

* 6 S. Rutherford, comment les pauvres gèrent-ils leur argent ? Paris Khartala, 2002, 165 p

* 7 Michel Lelart, La tontine, pratique informelle d'épargne et de crédit dans les pays en voie de développement, Montrouge, édition john Libbey, 1990, 356p.

* 8 Servet J.M., banquiers aux pieds nus : la micro finance, Paris, Odile Jacob, 2006, 505 p.

* 9 ZWAHLEN Anne et EGGER Ruth, dans Femme, épargne et crédit, Berne DEH, 1991

* 10 PNUD ; Rapport mondial sur le développement humain, 2006.

* 11 J. WEIDERMANN, Financial services for women: Tools for Microenterprise Program, traduit en français par l'Unité Spéciale de Micro finance du Fonds d'Equipement des Nations Unies, 2002.

* 12 Le Monde, mai 2006

* 13 Thierry VERSTRAETE et Alain FAYOLLE. Revue de l'Entrepreneuriat, vol 4, n°1, 2005.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault