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Justice politique et prévention des conflits dans les sociétés pluriethniques: cas de la politique de l'équilibre régional au Cameroun.

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par Alain Patrick YODOU SIBEUDEU
Université catholique d'Afrique centrale - Master II en sciences sociales, option: gouvernance et actions publiques 2011
  

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PREMIERE PARTIE : LE CAMEROUN ET LA POLITIQUE DE L' « EQUILIBRE REGIONAL »

L'histoire politique du Cameroun est l'une des plus riches et des plus originales en Afrique. Placé sous protectorat allemand, puis sous mandat franco-britannique, cet état d'Afrique centrale compte plusieurs groupes ethniques (plus de deux cents tribus), près de 236 langues vernaculaires, deux langues officielles (Français et Anglais) et deux Etats fédérés jusqu'en 1972. On y observe trois espèces de clivages identitaires d'origines différentes. La première est occasionnée par la répartition du Cameroun en deux zones géographiques issues du double héritage anglo-français. Le second clivage quant à lui est dû à l'opposition entre la partie septentrionale du pays en majorité musulmane et le sud chrétien. Et la multiplicité des ethnies qui peuplent le pays s'illustre comme la troisième espèce de ces clivages. D'où les solutions des « microdosages ethniques » qui prévaut au sein de ce pays en vue d'assurer la représentation de toutes les composantes identitaires de la société camerounaise et prévenir par la même occasion tout éventuel conflit susceptible d'aboutir à une conflagration sociale. Ces clivages sont d'ailleurs nettement perceptibles dans (Chapitre I) la montée des tensions interethniques, pendant que les fondements de leurs résolutions tiennent leur substance de (Chapitre II.) de la théorie politique et des normes développées en réponse à la problématique de la pluriethnicité des sociétés contemporaines.

CHAPITRE I- LES REVENDICATIONS ETHNIQUES ET LA MONTEE DES TENSIONS SOCIALES

Le Cameroun est traversé de l'ère du monopartisme à l'époque de la libéralisation démocratique par des tensions interethniques dont les manifestations se donnent à voir dans les revendications des différents groupes ethniques. Depuis l'avènement de la démocratie multipartite au début de la décennie 90, les tensions ethniques ont gagné en vitalité et en intensité. La démocratie a en effet ouvert des espaces de liberté aux citoyens qui se sentaient étouffés, et du coup, nombre d'entre eux ont trouvé plus simple de s'exprimer à travers des regroupements reflétant leurs régions ou leurs ethnies. Mieux saisir cette réalité revient à analyser tour à tour (Section I.) la constitution des ethnies en entités de revendications sociales, et (Section II.) les revendications sociopolitiques qui émanent de ces groupes ethniques ainsi constitués.

SECTION I- LA CONSTITUTION DES COMMUNAUTÉS ETHNIQUES EN GROUPES DE REVENDICATIONS SOCIALES

La quasi-totalité des sociétés contemporaines font de plus en plus face à la problématique du multiculturalisme. Le sentiment d'appartenance des citoyens à une communauté ethnico-culturelle y est très fort, dû certainement à l'identification des individus en référence à leurs appartenances identitaires ou à leurs sensibilités ethnico-culturelles. Cerner (Paragraphe 1) les modes d'identification des groupes ethniques, et analyser (Paragraphe 2) l'adaptation de ces groupes dans leurs rapports sociopolitiques aidera à mieux comprendre cette réalité sociale au Cameroun.

Paragraphe 1- L'identité ethnique des individus

Dans l'espace sociopolitique camerounais, l'ethnie est très déterminante en ce sens qu'elle sert de levier de positionnement et de mode d'identification des individus. Elle représente un matériau fonctionnel de l'identification des groupes, leur intégration, leur opposition et leur distinction. Saisir avec exactitude cette entité exige que l'on évoque au préalable (1) les caractéristiques du groupes ethniques avant de (2) repérer leur mode d'identification et d'adaptation dans les rapports sociaux, culturels et politiques.

I. 1- Les caractéristiques de l'ethnie

L'étymologie grecque « ethnos » permet de comprendre que le terme ethnie renvoie à un peuple, une nation, c'est-à-dire un groupement humain défini par son appartenance génétique et sa culture. Elle se caractérise « par son mode opératoire, dans ses relations avec le temps, la territorialité, celles des individus qui la composent et leurs interactions, sa définition du dedans et du dehors, du nous et des autres. L'identité ethnique n'est pas de l'ordre du choix. Elle est prédestination et se projette comme destin immuable. Sa valeur unique tient à sa perpétuité, à sa durée interminable dont les deux bouts plongent dans l'éternité .Son espace est terre sainte, lieu sacré, situé qu'il est au centre du monde. Plus concrètement et fonctionnellement, il est un lieu, un milieu de vie, de pensée et d'action dans lequel un individu ou un groupe se reconnaît, dote ce qui l'entoure de sens et se dote lui-même de sens, met en route un processus identificatoire et identitaire17(*). »

Ainsi définie, l'ethnie fonctionne comme un référent, un cadre formel dont la commodité opératoire permet non seulement de l'isoler et de faire référence à son « signifiant », mais elle tient aussi la place d'un sujet auquel on reconnaît assez d'existence pour pouvoir lui attribuer des énoncés, des événements, des rapports sociaux. De ce fait, on fait le constat d'un groupe repéré comme tel, constitué historiquement sur un territoire déterminé, possédant des particularités linguistiques, culturelles, ainsi que la conscience de soi (par opposition à d'autres) et fixé dans « l'auto-appellation »18(*). C'est ce qui explique le regroupement des individus en des entités nettement repérables dans l'espace et dans le temps.

* 17 (Cf.) Eboussi Boulaga, préface du livre Constructions identitaires en Afrique : enjeux et stratégies et conséquences, Simo, David éd., Yaoundé, Éds. Clé, 2006, p. 21.

* 18 (Cf.) Coly, « L'ethnie, une histoire complexe », www.lhoumeau.com/w/Intura/www/fonds/jm-coly/lethnie-une-histoire.htm, (Consulté le 18 avril 2011).

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