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L'entrepreneuriat féminin au Sénégal: obstacles et essais de solution

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par Abdoulaye WANE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION (FASEG)

DEPARTEMENT ANALYSES ET POLITIQUES ECONOMIQUES

THEME :

Le développement de l'entreprenariat féminin au Sénégal : Obstacles, et essais de solutions.

Présenté par : Sous la direction de :

Abdoulaye WANE Docteur Marième Ndoye

Maîtrise FASEG Maître-assistant (FASEG)

Année académique 2008-2009

Dédicaces

Après avoir rendu grâce à Dieu et à son prophète paix et salut sur lui ;

Je dédie ce travail à toute ma famille qui m'a toujours manifesté un soutien infaillible :

A mes grands-parents, ma mère, mon père, mes frères et soeurs, mes oncles et tantes j'adresse mes sincères remerciements.

Remerciements

Je ne saurais aborder la présente étude sans avoir au préalable exprimé ma profonde reconnaissance à ceux et celles qui ont contribué à sa réalisation.

Qu'il me soit permis d'adresser nommément mes remerciements à mon directeur de recherche, Docteur Marième Ndoye , qui n'a ménagé aucun effort pour me faire bénéficier de son expérience et de ses conseils, et ce, dans un climat de franche collaboration.

Mes remerciements vont aussi à l'endroit du Docteur Marie Suzanne Badji, maître-assistant à la FASEG pour m'avoir prodigué des conseils qui m'ont été très utiles.

Ce travail doit beaucoup à l'encadrement et aux conseils des sieurs Aly Mbaye Thiam socio-économiste à la Direction de l'Entrepreneuriat Féminin, et Mouhamad Ndoye (Informaticien).

J'aimerai aussi remercier tous mes camarades de promotion à la FASEG, ainsi que mes charmants colocataires de la chambre 106 A qui m'ont toujours soutenu dans mon travail. Je n'oublie pas aussi mes voisins de la chambre 98 A.

Enfin que chacun de ceux ou celles qui ont contribué directement ou indirectement à la réalisation de ce travail, soit remercié.

INTRODUCTION GENERALE

Chapitre I : Généralités sur le concept d'entrepreneuriat féminin au Sénégal

Section 1 : Contexte d'émergence et de développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal

I- Définition

II- Contexte

Section 2 : Rôle et statut de la femme

I- Dans la société traditionnelle

II- Dans la société moderne

Chapitre II : Les contraintes liées au développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal

Section 1 : Les contraintes liées à l'entrepreneuriat

Section 2 : Les contraintes liées à la condition féminine

Chapitre III : Bilan des politiques et stratégies pour la promotion de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal et les perspectives

Section 1 : les politiques et stratégies mises en oeuvre par le gouvernement Sénégalais et le secteur privé

I- Historiques

II- Bilan des politiques et stratégies

Section 2 : Essais de solution pour la promotion d'un leadership féminin

I- Les cadres de référence

II- Les dispositifs d'accompagnement

III- Les perspectives

CONCLUSION

INTRODUCTION

L'initiative privée prônée par le libéralisme économique a été d'un grand apport dans le développement des pays industrialisés avec l'émergence d'un secteur privé fort qui constitue le fer de lance de ces économies.

Dans un monde marqué par une mondialisation des activités économiques (commerce, industrie, services,...) dans le cadre de l'O.M.C.1(*) les frontières nationales sont devenues presque inexistantes.

La mondialisation a accouché d'un marché économique international où règne une concurrence entre les différentes économies et une libre circulation des biens et services ; elle a des conséquences tant positives que négatives dans le monde. Cette mondialisation contribue grandement à l'augmentation du fossé qui existe entre pays riches et pays sous-développés.

Pour ne pas être laissés en rade, les pays sous-développés se voient être confrontés à de grands défis dont les solutions nécessitent des innovations majeures tant du point de vue stratégique que structurel.

Ces économies se caractérisent le plus souvent par : une faible productivité, un manque de compétitivité des entreprises locales sur le marché international, un chômage endémique, une prédominance du secteur primaire et tertiaire, l'extraversion ; induisant un cercle vicieux (faible revenu, faible épargne, pénurie de capitaux, faible investissement d'où faible croissance économique et de la productivité).

C'est dans cet environnement économique instable qu'ont évolué la plupart des pays du sud du Sahara ce qui a conduit à la mise en oeuvre de programmes d'ajustement structurel pour ces économies à partir des années 70.

Classé parmi les pays pauvres très endettés, le Sénégal a déjà entrepris plusieurs programmes d'ajustement interne et externe de son économie ayant abouti en janvier 1994 à la dévaluation du FCFA.

A la suite de cette dévaluation, l'économie sénégalaise a renoué avec la croissance, la réduction continue des déficits des finances publiques et de la balance des paiements.

Cependant, les performances économiques enregistrées n'ont pas contribué à améliorer de façon conséquente les conditions de vie des populations et à réduire substantiellement la pauvreté.

Toutes les données ont montré que les femmes étaient les victimes les plus touchées par cette pauvreté, du fait qu'elles ont moins bénéficié par rapport aux hommes, des projets et programmes de développement ainsi que de l'aide octroyée par les organismes internationaux.

L'analyse de cette situation a conduit à une nouvelle considération du rôle et de la place des femmes sénégalaises dans la croissance économique, parce que constituant l'une des franges de la population les plus dynamiques, même si leur contribution à l'économie n'est ni quantifiée, ni valorisée.

En effet la division sexuelle du travail a été une entrave à la promotion économique et sociale de la femme, celle-ci étant renforcée par les croyances et les tabous sociaux qui peuvent ainsi fournir des éléments d'explication sur le fait que le rôle et la participation des femmes aient été pendant si longtemps très peu considérés.

Aussi, l'Etat du Sénégal, conscient du fait que les inégalités fondées sur le genre, constituent une entrave à l'atteinte des objectifs de développement durable et de réduction de la pauvreté, a-t-il décidé d'apporter des réponses conséquentes par une prise en compte de l'égalité des sexes dans ses politiques et programmes prioritaires.

Cette volonté politique s'est traduite par la mise en place de mécanismes institutionnels de promotion de l'équité et de l'égalité de genre et de façon plus particulière, de dispositifs d'appui technique et financier aux femmes pour les accompagner dans leurs initiatives entrepreneuriales.

En dépit des progrès accomplis, les femmes ne disposent pas encore des mêmes chances que les hommes pour tirer profit de nombreuses opportunités offertes notamment celles liées à l'accès aux ressources stratégiques que sont l'éducation et la formation, l'accès aux instances de décision, à la terre et au crédit.

Ces résultats encore mitigés, malgré les nombreux efforts réalisés, sont certainement à rechercher dans les insuffisances des capacités des institutions, aussi bien au niveau central qu'au niveau décentralisé, à intégrer les sexospécificités dans la budgétisation des projets et programmes de développement.

Par conséquent, le financement de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes demeure un défi majeur qui s'impose à notre pays, pour réaliser sa croissance économique et sociale et atteindre de façon irréversible les objectifs d'un développement durable.

Le choix du thème de ce mémoire : << Le développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal : Obstacles et essais de solution. >> est loin d'être arbitraire. En effet, il vient à point nommé du fait que l'égalité des sexes occupe une place très importante dans les nouvelles stratégies de développement économique et social. C'est également une question de soutien à la mobilisation et à l'émancipation des femmes, quand on sait qu'elles sont très représentatives tant du point de vue de leur effectif que de leur contribution dans le secteur privé qui constitue le fer de lance des économies modernes.

Par ailleurs, nous nous sommes intéressés à ce sujet du fait qu'il manque d'ouvrages qui traitent des femmes dans le domaine de l'entrepreneuriat. Ce qui constitue une entorse pour ce secteur névralgique pour le développement de l'économie du Sénégal. Aussi, les femmes entrepreneur rencontrent-elles beaucoup d'écueils dans les différents secteurs qu'elles investissent. Difficultés, qui si elles ne sont pas bien identifiées peuvent générer des erreurs systématiques pouvant handicaper toute politique de promotion des femmes.

Fort de ce constat, nous structurons notre mémoire ainsi qu'il suit. Notre plan de rédaction va comporter trois parties :

Dans la première partie nous exposerons quelques généralités sur le concept d'entrepreneuriat féminin au Sénégal. Ainsi nous parlerons du contexte d'émergence et de développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal. Nous aborderons aussi le rôle et le statut de la femme dans la société traditionnelle et dans la société moderne. Car comme nous aurons à le voir, les femmes on eu à jouer un rôle économique, politique et social dans la société traditionnelle. Ce qui s'est traduit de nos jours par l'émergence d'une classe de femmes entreprenantes qui créent et gèrent des entreprises.

La seconde partie sera consacrée à une étude de différents obstacles qui freinent le développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal. Ces contraintes sont multiples et ont plusieurs causes.

La troisième partie va relater les différentes politiques menées depuis l'indépendance jusqu'à nos jours en vue de contribuer au développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal. Ces politiques ont connu des succès et des échecs que nous tenterons d'analyser.

Aussi, nous formulerons des perspectives en vue de renforcer davantage l'entrepreneuriat féminin afin qu'il soit porteur de développement pour le Sénégal.

Chapitre I : Généralités sur le concept d'entrepreneuriat féminin au Sénégal

I. DÉFINITIONS DES CONCEPTS

Avant d'entreprendre nos analyses, il est nécessaire de définir ce que nous entendons par entrepreneuriat féminin, femme entrepreneure. L'objectif de ce chapitre est de préciser le sens des termes utilisés pour éviter les abus.

I.1. LE CONCEPT D'ENTREPRENEURIAT (ENTREPRENEURSHIP)

Pour définir le concept d'entrepreneuriat, on va plutôt se référer à son équivalent en anglais : Entrepreneuship. En effet ce dernier est plus abondant dans la littérature.

Entrepreneuship est un mot anglais largement répandu au sujet duquel existe une grande variété de définitions. Notons en quelques unes.

L'entrepreneurship selon ( Schumpeter, 1934 ), « c'est l'introduction de nouveaux produits ou services, ou l'implantation de nouvelles méthodes de production, ou la conquête de nouveaux marchés, ou le recours à de nouvelles sources de matières, ou la création de nouvelles entreprises ».

Pour Gasse et D'Amours, 1993, l'entrepreneurship c'est :

. D'abord et avant tout un entrepreneur

. Notion d'innovation ou de créativité

. Mise en place d'une organisation ou d'une activité

. Celle-ci constitue ou apporte une valeur ajoutée

. Qu'elle soit à la recherche ou non de profits

. Qu'elle soit orientée sur la croissance et l'action

. Que le désir de prendre et de conserver l'initiative soit manifesté

. Que l'entrepreneur soit le gestionnaire au sens large

Gasse (1982), définit l'entrepreneurship comme étant l'appropriation et la gestion des ressources humaines et matérielles dans le but de créer, d'implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus.

Fortin, P. (1992) mentionne que « l'entrepreneurship réfère à une mentalité, à une attitude qui pousse l'individu seul ou associé, à démarrer une nouvelle affaire et à prendre les moyens pour réaliser un désir ou un rêve, tout en assumant les risques de l'aventure ».

Le concept fait donc l'objet de nombreuses définitions différant selon les auteurs, leurs disciplines et les objectifs qu'il poursuivent Cependant il nous est possible d'entrevoir que malgré leur diversité, toutes ces définitions sont complémentaires et ont une dimension commune : la mise en place d'une nouvelle affaire, d'une nouvelle solution,d'une nouvelle entreprise comme le font remarquer GASSE, BROUARD et S Y (1984),« plusieurs auteurs en administration et en sciences humaines ont présenté des définitions de l'entrepreneurship. Ces définitions semblent avoir en commun le concept de création d'entreprise ».

La multiplicité des explications rend difficile la recherche d'une une définition de travail. « On bute dès le départ sur le problème de définition de l'entrepreneurship lorsqu'on s'intéresse aux entrepreneures ». (Belcourt et Lee-Gosselin 1991).

Dans leur étude sur les femmes entrepreneures au Sahel, LENT et OUÉDRAOGO (1993) donnaient une définition de l'entrepreneuriat féminin s'appuyant sur le type d'activité en cause. L'entrepreneurship féminin au Sahel y est défini comme l'ensemble des activités mises sur pied et gérées par les femmes elles-mêmes, indépendamment de la taille de l'entreprise. Par activités entrepreneuriales, on entend « toutes les activités effectuées en dehors du ménage, qui permettent à la femme de faire suffisamment de profits pour au moins maintenir son activité ». Ces activités sont classées de l'agriculture de subsistance aux multinationales, mais impliquent en général des activités à petite échelle, moyennant peu de capital et de technologie.

Comme souligné dans l'exposé de la problématique, les africaines ont toujours été engagées dans l'économie du pays, que ce soit sur le plan formel ou informel. Les entrepreneures africaines sont généralement dans le commerce. C'est d'ailleurs l'occupation la plus répandue. On compte aussi la couture, le tissage, la vente des fruits et légumes, la petite industrie de transformation, la teinture, les buvettes, la coiffure, la poterie, la restauration.

I.2. LE CONCEPT DE FEMME ENTREPRENEURS

II.2.1 DÉFINITION DU CONCEPT

Trouver une définition de la femme entrepreneure dans le contexte africain n'est pas une chose facile étant donné qu'il existe peu de publications portant directement sur les entrepreneures de cette région. Cela pourrait s'expliquer par le fait que les femmes ont longtemps travaillé dans l'invisibilité. En effet les recherches récentes montrent que l' entrepreneuriat féminin en Afrique se manifeste surtout dans te secteur non structuré d'où l'absence d'organisation des entrepreneures au sein de structures adéquates et reconnues qui permettraient d'avoir des informations complètes et fiables à leur sujet.

Cependant en nous référant et aux études réalisées dans les pays du Nord, nous avons pu entrevoir que le concept a connu plusieurs définitions. LA VOIE, D. (1988), entendait par entrepreneure qu'elle a aussi appelée, propriétaire-chef-d'entreprise, propriétaire-dirigeante d'entreprise ou encore femme chef d'entreprise : « la femme qui, seule ou avec un ou des partenaires, a fondé, acheté ou accepté en héritage une entreprise, qui en assume les risques et les responsabilités financières, administratives et sociales et qui participe quotidiennement à sa gestion ».

Selon Belcourt, Burke, Lee-Gosselin (1991), l'entrepreneure, c'est: « cette femme qui recherche l'épanouissement personnel, l'autonomie financière et la maîtrise de son existence grâce au lancement et à la gestion de sa propre entreprise ».

L'Université coopérative internationale (UCI), à partir des interventions de certaines femmes au Mali proposait en 1988 une liste de facteurs caractérisant les entrepreneures en Afrique. IL s'agit de la personnalité, de la responsabilité, des relations personnelles, du sens des affaires, de la confiance, de la philosophie qui sous-tend l'esprit entrepreneurial et de la compétence.

À la lumière de ces dernières explications nous retenons, dans la présente étude, comme entrepreneure, la femme qui seule a crée et gère en dehors de son ménage une entreprise. Les motifs de cette fondation font partie des objectifs de la recherche. Nous excluons non seulement tous les cas d'extension, d'héritage, d'achats, de transferts d'entreprises préexistantes, mais aussi les femmes mariées à un chef d'entreprise et collaborant avec lui.

I.2.2. DIFFÉRENTS TYPES D'ENTREPRENEURES

LA VOIE, (1984a) distingue trois différents types d'entrepreneures :

- l'entrepreneure parrainée, c'est-à-dire celle qui est conseillée dès le début par un parrain, une marraine en la personne d'un parent, banquier..., qui l'aide à entrer dans son secteur d'activité

- l'entrepreneure jeune et scolarisée, vue comme une jeune diplômée ayant acquis des connaissances précises en gestion ou dans un autre domaine

- l'entrepreneure sociale qui pour fuir la solitude se lance en affaires, les motifs économiques sont bien peu importants pour elle.

I.23. Un PROCESSUS DE CRÉATION D'ENTREPRISE

Nous exposons la dynamique au sein de la laquelle évolue l'entreprise à partir de l'approche systémique de Belley, A. (1994). Le processus de création d'entreprises s'explique ici à partir de cinq principales dimensions : les caractéristiques psychologiques de l'entrepreneur, les facteurs de discontinuité, les opportunités, les facteurs de crédibilité et les facteurs de faisabilité.

Le modèle stipule que la création d'entreprises repose d'abord sur la présence d'individus qui possèdent un esprit entrepreneurial c'est-à-dire certaines caractéristiques psychologiques comme le besoin d'accomplissement, la créativité et l'initiative, la prise de risques et l'identification d'objectifs, la confiance en soi, l'audace, le besoin d'indépendance, d'autonomie, la motivation, l'énergie et l'aménagement.

Ensuite, pour que l'entrepreneur potentiel passe à l'action, il faut un catalyseur, une discontinuité dans sa trajectoire de vie, des déplacements qui peuvent être positifs (offre de financement, offre de partenariat, identification d'un marché pour le produit..) ou négatifs (perte d'emploi, promotion non obtenue, insatisfaction dans l'emploi...) provoqués par l'entrepreneur lui-même ou venant de l'extérieur ou encore être la combinaison de plus d'un de ces facteurs. Il existe aussi des facteurs de déclenchement appelés facteurs de délocalisation qui font que l'individu se retrouve à mi-chemin entre deux situations : fin d'études, fin de contrat.. À l'opposé des déplacements négatifs ou positifs, ces derniers facteurs sont prévisibles.

La troisième dimension introduite est celle de l'opportunité d'affaire identifiée par l'entrepreneur au moment où se produit la discontinuité dans sa trajectoire de vie. Les opportunités diffèrent selon leur source. Elles peuvent être ou pas reliées à l'expérience de l'entrepreneur, être le résultat d'une recherche systématique.

La crédibilité de l'acte constitue la quatrième dimension du présent modèle. Pour que l'entrepreneur décide de démarrer son entreprise, il lui faut percevoir que son acte est valorisé dans le milieu. En plus des valeurs socioculturelles, la source de cette crédibilité réside dans la présence des images d'imitations (modèles) qui serviront d'exemples aux entrepreneurs potentiels. Les images d'imitation ou patrons associatifs sont choisies parmi les individus avec lesquels on est associé, et ce sont des comportements observés de façon répétée.

L'existence de ces modèles est une condition essentielle au développement de l'activité entrepreneuriale. Ces modèles constituent une source de motivation pour les entrepreneurs potentiels et une source de crédibilité vis à vis de la communauté financière appelée à participer au démarrage de nouvelles entreprises. La théorie de l'apprentissage social (Bandura, 1976) postule que la plupart des comportements humains sont appris par observation, au moyen du modelage, c'est-à-dire à partir d'exemples et, ceci, dans le but d'éviter beaucoup "d'épreuves inutiles". Les sources qui sont à l'origine de ces modèles sont: la famille, le milieu de travail, le milieu scolaire, les groupes d'amis.

La dernière dimension, celle de la faisabilité de l'acte quant à elle dépend de la disponibilité dans un délai déterminé des ressources financières, techniques, informationnelles, de services-conseils etc. ainsi que de la structure industrielle du milieu.

L'état joue également un rôle déterminant dans le processus de création d'entreprises en raison des moyens d'intervention dont il dispose : programmes de subvention, politique fiscale, politique d'investissement, politique d'achat,...

II- Contexte d'émergence et de développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal

II-1. Contexte

Le Sénégal est un pays d'une superficie de 196 722 km2 avec une population de plus de 10 millions d'habitants dont 52% de femmes et un croît démographique moyen de 2,7% par an.

Classé parmi les pays pauvres très endettés, le Sénégal a déjà entrepris plusieurs programmes d'ajustement interne et externe de son économie ayant abouti en janvier 1994 à la dévaluation de sa monnaie (FCFA).

A la suite de cette dévaluation, l'économie sénégalaise a renoué avec la croissance, la réduction continue des déficits des finances publiques et de la balance des paiements.

Cependant, les performances économiques enregistrées n'ont pas contribué à améliorer les conditions de vie des populations et à réduire substantiellement la pauvreté.

Le Sénégal a été admis en 2001 dans la catégorie des Pays les moins avancés (PMA). Le Produit intérieur brut (PIB) par tête d'habitant est de 520 $US en 2002.

Le poids de la dette constitue un handicap majeur à une allocation efficiente des ressources publiques en faveur des secteurs sociaux et conduit à la réduction des capacités de redistribution de l'Etat et au ralentissement du développement des infrastructures sociales. L'encours de la dette a représenté 86,2% du PIB en 1994, 80,1% en 1996 et 71,3% en 2000.

La prévalence de la pauvreté demeure ainsi très élevée.

L'incidence de la pauvreté varie en zone rurale entre 72% et 88 % et en zone urbaine entre 44% et 59 %.

C'est dans ce contexte que le Sénégal a élaboré et mis en oeuvre un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) couvrant la période 2003-2005. La stratégie de réduction de la pauvreté tient compte des différents profils de pauvreté et s'articule autour de quatre axes majeurs à savoir la création de richesses, le renforcement des capacités et la promotion des services sociaux de base, l'amélioration des conditions de vie des groupes vulnérables et une approche participative de mise en oeuvre et de suivi évaluation.

L'évaluation participative de ce DSRP a révélé que la croissance économique s'est maintenue sur une pente positive avec une moyenne annuelle d'environ 5% (6,5% en 2003 après le ralentissement de 2002, 6% en 2004 et 5,3% 2005) dans un contexte d'amélioration de la gestion des finances publiques, de maîtrise de l'inflation (moins de 2% par an) et de consolidation des autres agrégats macroéconomiques.

Cette évolution favorable des indicateurs macroéconomiques et budgétaires et les progrès obtenus dans la lutte contre la pauvreté ont permis au Sénégal d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE2(*) renforcée en avril 2004, de passer au Club de Paris, d'être éligible au Millenium Challenge Account (MCA) et, tout récemment en 2005, d'être admis à l'initiative du G8 d'annulation de la dette.

Au demeurant, l'objectif de croissance de 8% nécessaire pour créer suffisamment d'emplois, améliorer sensiblement les conditions vie des ménages et réduire la pauvreté de moitié en 2015 n'est pas encore atteint. Cela est dû aux nombreuses contraintes auxquelles font face le secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur privé,mais aussi aux nombreux chocs exogènes que sont les pluies hors saisons, les inondations, le péril acridien, l'inflation du pétrole, etc.

Riche des enseignements du premier DSRP, le Sénégal a élaboré une Stratégie de Croissance Accélérée (SCA), le deuxième Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP2) et la nouvelle procédure de programmation à moyen terme basée sur les résultats (CDMT).

Toutes ces initiatives ont pour but de réduire la pauvreté de moitié à l'horizon 2015 et d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en prenant en compte le lien étroit entre la réduction de la pauvreté, le progrès économique, l'équité du genre, le renforcement des capacités et la bonne gouvernance.

Au plan politique, la situation actuelle du Sénégal est fortement marquée par l'alternance intervenue le 19 mars 2000 et qui a porté au pouvoir le Président Abdoulaye WADE. Cette alternance démocratique saluée par toute la communauté internationale a eu lieu à la croisée des chemins entre deux siècles, entre deux millénaires et a instauré au Sénégal un régime libéral aux approches plus ou moins différenciées du précédent régime socialiste.

L'engagement et la volonté politique du Président WADE, notamment dans l'intégration africaine et la promotion de la femme sont connus de tous et lui valent déjà les surnoms de Panafricaniste et d'Avocat des femmes.

Sur la scène internationale, le Sénégal est considéré comme un pôle de développement régional qui joue un rôle stratégique important en Afrique.

Il est un pays fondateur de la Francophonie dont il a accueilli en 1989 le premier sommet en pays non industrialisé. Il est membre de l'Organisation pour la Conférence Islamique (OCI) dont il a accueilli deux fois le sommet (1989 et 2009).

Le Sénégal est aussi très actif dans plusieurs organismes régionaux dont l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union Africaine (UA), etc. Il est un des principaux initiateurs et promoteurs du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD).

Au plan socioculturel, le Sénégal constitue une mosaïque ethnique, culturelle et religieuse qui a su transcender ses différences pour les transformer en richesses. La paix sociale conjuguée à la stabilité politique a favorisé l'épanouissement de l'Etat de droit et la reconnaissance de l'égalité de tous devant la loi. Il subsiste, néanmoins, des inégalités plus ou moins importantes entre hommes et femmes, entre ruraux et citadins, entre régions, entre riches et pauvres.

Selon l'enquête sur les ménages, les femmes représentent 52%de la population. Elles forment 39% de la population active au niveau national. Elles supportent 90% des charges domestiques et effectuent 85% des travaux agricoles. Elles constituent par ailleurs 70% de la force de travail du secteur non structuré, 15% des effectifs du secteur public et près de 35% des effectifs du secteur privé formel. Le taux d'analphabétisme est de près de 70% chez les femmes.

Elles constituent donc un levier socio-économique non négligeable mais buttent sur des contraintes souvent à la peau dure.

II.2.Le rôle des femmes dans le développement économique

Pourquoi importe-t-il de promouvoir l'entrepreneuriat féminin ? Parce que hommes et femmes participent conjointement au développement économique d'une société - une réalité qui n'est pas toujours reconnue. Une plus grande parité hommes femmes dans le développement de l'entreprise va de pair avec une répartition plus équitable de l'emploi et des revenus entre les hommes et les femmes.

Les progrès technologiques réalisés au cours des vingt dernières années ont renforcé le rôle des petites entreprises, lequel a toujours été important pour le développement économique, transformant ainsi fondamentalement les structures de production et de marketing. En dépit de cette croissance et de ce développement économiques, les problèmes de pauvreté et de chômage n'ont cependant pas été résolus dans les pays en développement.

Dans la plupart des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, ainsi que dans les nouvelles économies de l'ex-URSS, le niveau élevé d'emploi informel ne cesse d'augmenter. Les groupes les plus vulnérables de la société - les jeunes, les personnes âgées, les personnes sans formation professionnelle, les membres de minorités ethniques et, plus encore, la main d'oeuvre rurale - sont alors exclus à long terme du développement économique et social. Dans chacun de ces groupes, les femmes sont majoritaires.

Au vu de la plupart des publications traitant de ce sujet, il apparaît que les femmes et les hommes vivent la pauvreté différemment. Les preuves sont de plus en plus nombreuses que les stratégies de développement sensibles au genre contribuent considérablement à la création de revenus et à la réalisation d'objectifs d'équité. Par conséquent, il convient d'identifier les disparités entre les besoins et les contraintes des hommes et des femmes par le biais de l'analyse, de la planification, de la mise en oeuvre et du suivi de programmes de développement.

L'entrepreneuriat féminin est une notion de plus en plus reconnue. Encourager le développement des activités économiques des femmes par le biais de la promotion entrepreneuriale peut avoir une incidence positive dans un certain nombre de domaines. En premier lieu, il contribue à la croissance économique et offre des opportunités d'emploi. Il permet en outre d'améliorer le statut social, la formation et l'état de santé des femmes et de leurs familles.

Le secteur des micro et petites entreprises joue un rôle prépondérant en termes de promotion de l'emploi et de croissance et permet ainsi aux femmes de participer au développement économique. Nombreuses sont les femmes qui, en l'absence d'autres opportunités d'emploi, travaillent au sein de micro et petites entreprises pour gagner leur vie. Dans les pays les moins développés et les pays en transition, le taux de chômage des femmes est supérieur à celui des hommes.

Néanmoins, dans les familles les plus pauvres, une double source de revenus, celle de l'homme et celle de la femme, est nécessaire pour subvenir aux besoins élémentaires de la famille, tels que le logement, la nourriture, la scolarisation des enfants, etc. Lorsqu'il s'agit de ménages dirigés par des femmes (divorcées, célibataires ou veuves), la nécessité d'échapper au chômage devient cruciale pour assurer la subsistance de la famille. Par conséquent, la promotion de l'entrepreneuriat féminin constitue l'un des principaux aspects de l'autonomisation économique des femmes.

III.3. Les enjeux

L'un des principes fondamentaux énoncés dans le NEPAD consiste à repenser le développement de l'Afrique par les africains eux-mêmes qui cherchent à s'extirper du sous développement et à réduire le fossé qui sépare l'Afrique des pays développés du point de vue économique.

Cela suppose qu'il faut se baser sur un changement des attitudes et des comportements en faisant prévaloir la créativité, l'inventivité et la compétitivité.

C'est dans ce cadre que les politiques et programmes de promotion de l'entrepreneuriat féminin doivent être novateurs, donc capable de sortir les femmes chefs d'entreprise de leur situation de marginalisées afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans la marche de l'économie mondiale.

Une analyse diagnostic-évaluation au ours de larges concertations avec les différents acteurs (associations et groupements féminins, organisations professionnelles, partenaires au développement) a permis d'identifier quatre défis majeurs :

- Défi de renforcement des capacités des femmes en entrepreneuriat et à la création d'entreprises modernes dans des créneaux porteurs de croissance au Sénégal.

- Défi de rationalisation et d'optimisation du financement de cet entrepreneuriat

- Défi de coordination, de promotion et de pérennisation des instruments de micro crédits existants et des systèmes de financement décentralisés.

- Défi enfin de conception et de mise en place d'une structuration administrative efficiente, capable de relever des défis et de gérer une telle vision.

Pour assurer une prise en charge de ces défis, un forum sur << l'Entrepreneuriat Féminin et la Microfinance, Enjeux et Perspectives au Sénégal et dans le NEPAD>> a été organisé en mars 2003. Le contenu cadre des travaux était axé sur des questions pertinentes parmi lesquelles, celles-ci :

Ø Quelles ont été les tentatives de promotion de l'Entrepreneuriat féminin au Sénégal de l'Indépendance à nos jours ? Quels sont le succès et les insuffisances ?

Ø Quels rôle et place de l'Entrepreneuriat Féminin dans le développement de la PME et la promotion économique et sociale dans les pays en développement comme le Sénégal ?

Ø Quels pourraient être les différents axes d'orientation stratégique pour le renforcement des capacités des femmes dans l'entrepreneuriat et la création d'entreprises dans les différents secteurs porteurs au Sénégal ?

Ø Quelles stratégies de rationalisation et d'optimisation du financement de l'entrepreneuriat notamment féminin au Sénégal ?

Ø Quelle place pour le ministère chargé de l'Entrepreneuriat Féminin et de la Microfinance dans la promotion et le suivi de la politique de développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal ?

Ce forum a été par le Chef de l'Etat Son Excellence Maître Abdoulaye Wade, qui à travers son discours d'orientation, est revenu sur l'importance qu'il accordait à la promotion de l'entrepreneuriat en général et singulièrement de l'entrepreneuriat féminin.

A l'issus de ce forum qui a réuni plus de 180 participants, les contraintes à la promotion de l'entrepreneuriat féminin et les atouts ont pu être identifiés ainsi que des axes d'orientation stratégique.

Section 2 : Rôle et statut de la femme

I- Dans la société traditionnelle

Dans l'histoire du Sénégal, les femmes ont été de toutes les luttes au coté des hommes ou au premier rang, que ce soit contre l'envahisseur colonial ou pendant la période pré et post indépendance, elles se sont toujours impliquées dans la lutte de services en périodes de disettes ou dans les moments difficiles.

Dans tous les événements de la vie, les femmes sénégalaises ont été présentes comme actrices, en jouant des rôles déterminants en assumant des responsables importants dans la vie du pays, comme le montre l'exemple de Aline Sitoé Diatta. Cette dernière demandait à son peuple le refus catégorique de toute activité imposée par les colons (refus de payer l'impôt en espèces ou en nature, le rejet delà culture de l'arachide au détriment de celle du riz, recrutement/enrôlement pour la guerre) et engageait celui-ci sur le chemin de la résistance.

Nous remarquons cette même bravoure au walo avec Ndatte yalla Mbodj qui était un chef d'Etat, une résistante, une nationaliste, une mère et une éducatrice.

On ne peut aussi oublier les femmes de Nder qui ont refusé le déshonneur, allant jusqu'à s'immoler collectivement dans une case.

Malgré la résistance de certaines d'entre-elles, force est de constater que la femme est considérée dans la société traditionnelle comme une véritable «bête de somme »

C'est-à-dire l'instrument de production majeure, exploité comme tel par les hommes de la famille .C'est ainsi que les femmes n'existaient que par le lignage d'appartenance qu'il s'agissent de leur propre famille ou celle de leur époux, la femme n'était que la fille, la soeur, l'épouse ou la mère de l'homme dominant, c'est d'ailleurs les raisons pour lesquelles les femmes en générales surexploitées au sein de leur propre clan, n'eurent longtemps pas le droit d'aller gagner leur vie.

Des rumeurs "non contrôlées" attribuent cette discrimination envers les femmes à la tradition sénégalaise. Il n'en est rien car la nouvelle version de l'histoire africaine3(*) démontre qu'au 15ème siècle, dans le royaume du Cayor, ce sont des femmes, les lingéér (femme, soeur ou mère du souverain) qui furent les plus grandes bénéficiaires des concession territoriales (apanages). Ce don du souverain leur conférait un titre et la responsabilité d'administrer et de collecter l'impôt sur ces communautés. Pour cette époque, H.Baumann4(*) décrit les tribus africaines où prédominait l'économie de subsistance. L'auteur parle de "division complémentaire du travail", l'homme ayant pour rôle la chasse, la préparation des champs et la protection des membres de la communauté des invasions tribales. Quant à la femme, son rôle consistait à cultiver la terre pour nourrir la famille. Une analyse croisée de Baumann, de Diouf et de la tradition orale permettrait d'affirmer que l'accès à la terre dans la tradition africaine était déterminée à la fois par la hiérarchisation de la société, les rapports de production au niveau du ménage et le système de production. Les femmes ayant accédé aux hautes sphères dans les sociétés traditionnelles du Sénégal, travaillant en complémentarité avec les hommes, rien ne laisse alors supposer qu'elles étaient exclues de l'accès à la terre, à l'exception des sociétés castées où les classes au bas de l'échelle n'avaient pas de droit foncier. L'arrivée des Européens a marqué le déclin de la chasse et la domination coloniale a imposé la paix entre les différentes communautés, d'où la fin des guerres tribales. Dans ce nouveau contexte, la tâche de l'homme se trouva réduite à la seule préparation des champs, d'où l'image du "Lazy African Man"(homme africain paresseux), préjugé transmis par l'histoire coloniale aux générations actuelles. La colonisation agricole va trouver une occupation au "Lazy African Man" en le spécialisant dans les cultures d'exportation (arachide, coton, etc.) qui doivent approvisionner les industries de la métropole.

C'est ainsi qu'a commencé la division sexuelle du travail en Afrique, les hommes tant spécialisés dans les cultures de rente (économie marchande) et les femmes, dans les cultures vivrières (économie non marchande). L'intéressement matériel et l'appétit du gain qui règne dans ces sociétés5(*), ont poussé les hommes à accaparer toutes les terres et à ne plus en affecter aux femmes.

Cette situation est encore d'actualité au Sénégal et "si de manière générale, la femme ne souffre pas d'ostracisme pour son accès à la terre, on ne lui en concède pas souvent la propriété ou même la gestion."6(*) La différence entre le droit et la pratique, ainsi que l'analyse des codes régissant les rapports entre les individus et la terre, expliquent plus en détail les causes de l'éviction et de l'inéligibilité des femmes de l'héritage des terres de leurs parents.

"Le seul problème auquel est confronté la femme est celui del'héritage de la terre, même si elle a servi de courroie de transmission de celle-ci entre générations : la femme en effet, devant rejoindre une autre famille, risque de transférer la terre familiale en d'autres mains---Ainsi, elle n'avait pas toujours le droit d'hériter de la terre. L'homme a tout le temps cherché à maintenir cette dernière dans les liens masculins, ceci tenant au fait qu'il détient en même temps le pouvoir économique et le pouvoir de décision, mais constitue aussi la principale force de travail dans la famille"7(*).

La monétarisation de l'économie sénégalaise a encore rendu plus importante et plus forte la mainmise de l'homme sur les terres. Après trente années d'indépendance et malgré la détérioration des termes de l'échange que connaissent les cultures d'exportation (et la dégradation des sols qui accompagne cette pratique), les autorités publiques hésitent pour des raisons politico électorales à rétablir un équilibre dans cette division coloniale du travail qui, dans le contexte actuel, se fait au détriment de l'économie nationale en général et des femmes en particulier. Il aura fallu les invectives des organisations internationales pour que les Sénégalais (les Africains en général) se rendent compte de l'efficacité et de la créativité féminine et mettent en place des stratégies qui intègrent les préoccupations des femmes.

Malgré l'accroissement des migrations masculines ces 20 dernières années au Sénégal, situation qui rend les femmes de plus en plus responsables de la survie familiale et villageoise, ces dernières ne peuvent prétendre aux champs de leur mari, à l'exception de quelques lopins de terre prêtés par les communautés villageoises ou rurales en quête de voix électorales.

II- Dans la société moderne

II.1. statut de la femme dans la société sénégalaise

L'analyse des stratégies d'accès aux facteurs de production (terre, crédits, intrants, équipement) a montré, à l'opposé de l'opinion la plus répandue, que la législation foncière au Sénégal ne fait pas de distinction de sexe pour ce qui est de l'accès à la terre.

"L'affectation des terres peut être prononcée en faveur, soit d'un membre de la communauté, soit de plusieurs membres groupés en association ou coopérative. Elle est prononcée en fonction de la capacité des bénéficiaires d'assurer, directement ou avec l'aide de la famille, la mise en valeur de ces terres conformément aux programmes établis par le conseil rural.»8(*)

Depuis 1984, l'affectation des terres est prononcée en faveur des groupements d'intérêt économique (GIE). Dans le monde rural, le GIE correspond le plus souvent à l'unité de production qu'est le ménage, d'où le terme de "GIE familial".

« C'est une convention passée entre plusieurs membres de la famille afin de permettre aux initiatives les plus modestes de s'organiser et d'accéder éventuellement aux organismes de crédit spécialisé.» 9(*)

Par contre, un mélange flou entre le code de la famille sénégalaise (qui fait de l'homme le chef de famille), les différentes formes d'organisation sociale (qui codifient les rapports entre la terre et les individus) et la dissociation entre les principes juridiques et leur application, exclut les femmes de l'accès au foncier. Les terres sont affectées au GIE familial. Puisque la famille est l'unité de base du GIE, la terre revient implicitement au chef de famille donc à l'homme. Le mari est le chef de famille. Il exerce ce pouvoir dans l'intérêt du ménage et des enfants10(*). Et puisque c'est la possession de la terre qui conditionne l'accès au crédit de campagne et d'équipement, les femmes sont exclues des différents inputs en vue de la production agricole.

II.2. Rôle économique et politique

Depuis des décennies, la condition féminine à connu de formidables mutations, sous l'impact des chocs spécifiques éprouvés par le continent noir .Ce furent d'abord les corollaires des grandes mutations mondiales comme la révolution industrielle, la décolonisation, les indépendances. Evénements par les quelles sont apparues une véritable quête de démocratisation.

De ce fait certains mutations économiques et sociales rejaillirent de plein fouet sur les femmes : l'apparition du salariat, l'insertion des femmes d'abord dans toutes les formes dites formelles et informelles de services marchés.

Les femmes veulent aujourd'hui une vie à part entière. Son accès au monde du travail s'est accéléré ces dix dernières années. L'augmentation du travail féminin à été plus rapide que celle du travail masculin à cause de la prolifération des PME et PMI .La progression des femmes dans les postes de cadre et les professions intellectuelles supérieures à augmenté considérablement avec des professeurs, d'ingénieurs, des cadres techniques, des chefs d'entreprises, des ouvriers etc.

Dans le domaine politique, elles ont joué un rôle important comme le montre l'exemple de Aida Ndiaye Badara lo.

En effet l'institut démocratiques nationales pour les affaires internationales (NDI) en collaboration avec les partis politiques, les organisations municipales, le parlement et d'autres institutions s'efforcent de promouvoir, maintenir et renforcer les institutions démocratiques à travers le monde. C'est dans ce cadre que les programmes NDI Sénégal pour la promotion des candidates aux élections locales que 200 femmes de la société civile ont été élues comme l'indique le tableau suivant :

II.2. Les femmes dans le secteur informel

Bien que le phénomène ait débuté en ville, nous assistons dans les villages au développement d'activités commerciales (revente de produits manufacturés, ouverture de cabines téléphoniques...), domaines jusque-là accaparés par les hommes.

D'autres ont des activités de bana-bana (marchand ambulant) : en jouant sur le mouvement ville-campagne, elles achètent des produits du terroir qu'elles revendent dans les marchés urbains.

Avec les gains, elles rapportent des produits industriels qu'on ne peut trouver à la campagne. Ce commerce "pendulaire" leur confère un statut et des revenus tout à fait différents. Certaines parmi elles ont pu atteindre un niveau exceptionnel jusqu'à exporter du riz dans la sous région et concurrencer les grands monopoles du sucre (par les importations frauduleuses en

provenance de la Gambie) et de l'huile d'arachide (par la trituration artisanale).

Certaines ONG et organisations internationales les appuient dans ces activités avec le développement des tontines et la mise en place des micro-crédits. L'esprit de groupement, fondé sur l'appartenance à des associations traditionnelles, met ces femmes en situation de "créatique" comme on le verra dans le cas des femmes d'affaires.

II.3. Les femmes, homme d'affaires

Ce titre choisi à propos montre que les femmes, au même titre que les hommes et en dehors des circuits étatique et bancaire, se sont lancées massivement dan le monde des affaires. Les statistiques font défaut pour juger du poids des femmes dans cette nouvelle activité. Le seul indicateur utilisé ici est la crise qui s'accompagne d'un changement de mentalité et qui pousse tout le monde à accumuler. En effet, l'application des mécanismes de prix a exclu un bon nombre de chefs de famille de l'exploitation agricole, pour défaut d'intrants qu'il faut maintenant payer au prix coûtant. Cette situation aurait accentué le besoin des femmes de travailler. Celles qui étaient déjà présentes dans le secteur informel, ont agrandi et diversifié leurs activités. C'est ainsi que, profitant de la dévaluation qui rend les produits sénégalais plus compétitifs sur le marché international (elle renchérit par contre les coûts à l'importation), on les trouve de plus en plus nombreuses dans les activités d'import-export, le syndicalisme agricole... A titre d'exemple, c'est un groupement féminin qui assure les exportations de produits agricoles frais (poisson, légumes, fruits) sur le marché européen. C'est aussi une femme qui se trouve à la tête de la plus grande fédération des ONG du Sénégal et sa tâche consiste à régler collectivement les problèmes des agriculteurs qui ne pourraient le faire de façon individuelle.

Certaines femmes ont si bien réussi dans le monde des affaires (bâtiment, couture, assainissement urbain...) que la littérature populaire sénégalaise sur le genre parle de "domination économique des hommes par les femmes". La question n'est pas d'établir une domination économique des femmes mais de savoir comment elles utilisent leur pouvoir pour gagner leur vie et améliorer leurs rapports avec les hommes. Certaines femmes interrogées sur la question préfèrent ne pas parler de domination, mais plutôt d'autonomie. Ce concept d'autonomie est perçu non pas comme plus de pouvoir, mais comme la possibilité de se prendre en charge en cas d'indisponibilité du conjoint, ce qui fait référence à une division complémentaire du travail qui existait dans la tradition.

Cette division du travail est "révolutionnaire" car, dans un contexte où les mutations ont remis en cause la distribution du pouvoir entre sexes dans la famille et la société, il faut faire accepter cette autonomie féminine sans froisser les maris. Cette mutation économique et sociale que traverse le Sénégal donne la preuve de la nécessité de libérer l'initiative féminine pour amorcer le développement économique et social du pays. Cela suppose que les femmes participent à l'économie comme entrepreneuses au même titre que les hommes et qu'aucune politique de développement durable ne se fasse à leur détriment.

Pour aider les femmes à s'acquitter de ces nouveaux rôles et responsabilités, plusieurs types d'action prioritaires ont été établis par le Sénégal et les organisations internationales. On pourrait les résumer en une politique de santé et d'éducation, en une formulation plus précise du droit en ce qui concerne les femmes pour ce qui est de l'accès aux ressources financières, technologiques et naturelles.

Vu le rôle prépondérant de la femme dan la nutrition (production agricole, transformation, commercialisation), vu sa créativité (diversification et initiation d'activités génératrices de revenus) dans un contexte d'incertitude et d'instabilité créé parle PAS, on ne peut faire l'économie d'une digression sur le

sommet mondial de l'alimentation qui s'est tenu à Rome en novembre 1996. Sans se soucier des impacts du PAS sur la dégradation des conditions de vie des populations, le sommet a voulu poser les bases de la réduction du chiffre alarmant de 800millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.

En guise de recommandation, il conseille aux différents Etats de mettre en place la stratégie de la "double révolution verte", qui doit être décentralisée, participative, éthique et écologique.

Par contre, les débats ont évité la question - pourtant urgente -de la création de fonds pour financer cette "double révolution verte", qui nul ne l'ignore, n'est pas à la portée des pays pauvres.

Si la F.A.O. ne veut pas que le sommet mondial de l'alimentation soit une conférence de plus à l'image de Rio, de Pékin, du Caire ou de Copenhague, si comme elle le prétend, la nutrition est une pré condition pour le développement, si manger à sa faim est un principe fondamental des droits de l'homme, des projets valables en nutrition communautaire,

donnant une place stratégique à la femme, existent déjà en Afrique, mais souffrent de manque de financement. Si la F.A.O. a relevé le défi de la sécurité alimentaire mondiale pour les décennies à venir, il faudra en même temps qu'elle relève celui relatif à la mobilisation des fonds nécessaires au niveau international, national et local, pour financer cette "double révolution agricole et culturelle" et qui ne se fera pas sans les femmes.

Chapitre II : Les contraintes liées au développement de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal

Section 1 : Les contraintes liées à l'entrepreneuriat

Les contraintes auxquelles les femmes entrepreneurs sont confrontées sont nombreuses, relatives de façon plus générale à la micro, petite et moyenne entreprise, du secteur formel comme du secteur informel, et d'autres relatives à la situation des femmes de façon plus spécifique dans l'économie et dans la société sénégalaise.

Aussi ne peut-on concevoir et mettre en place des politiques et programmes performants de promotion de l'entreprenariat féminin sans avoir au préalable identifié ces contraintes et les analyser d'une façon approfondie.

Une analyse diagnostique - évaluation des larges concertations avec les différents acteurs (associations et groupements féminins, organisations professionnelles), et l'organisation en mars 2003 du forum sur « l'Entreprenariat féminin et la microfinance, enjeux et perspectives au Sénégal et dans le Nepad », ont permis d'identifier des contraintes majeures auxquelles les femmes entrepreneures sont confrontées.

Ainsi, pourrait-on classer les contraintes identifiées dans les catégories suivantes :

· L'accès à l'information, aux marchés porteurs et solvables dans des conditions de sécurité et de garantie des transactions ;

· La formation à l'entreprenariat dans des structures appropriées et selon des modalités modernes avec les matières pertinentes à la création, au développement et à l'expansion des entreprises performantes dans des secteurs porteurs de l'économie sénégalaise ;

· La disponibilité, l'accessibilité des structures d'appui et de conseil ;

· La disponibilité, l'accessibilité des structures des conditions et des modalités de financement ;

· Des dispositions législatives et règlementaires peu favorables ;

Celles relatives aux aspects socioculturels.

I. Les contraintes liées à l'accès à l'information économique

La compétition à l'échelle nationale et internationale se joue sur une bonne connaissance des réalités des marchés d'offre et de demande de biens de services.

L'accès à l'information économique, en ce qui concerne la solvabilité de ses clients, les capacités de ses concurrents, les transactions du marché, les sources de crédit, s'avère crucial pour tout entrepreneur qui veut tirer profit des opportunités offertes par son environnement mais aussi identifier à temps les menaces. Aussi l'accès à l'information économique est-il indispensable notamment celles relatives aux sources et conditions d'acquisition de crédit, aux créneaux porteurs de croissance dans le pays, et à la réglementation régissant la pratique des affaires dans le monde.

D'une manière générale, ces informations ne sont pas disponibles en temps réel faute de structures susceptibles de les fournir. Certes il existe des structures comme Trade Point, Centre International de Commerce Extérieur du Sénégal et les structures d'information des ministères chargés de la chose économique qui élaborent et diffusent des informations.

Or, la plupart des femmes entrepreneures qui souffrent d'un manque de compétences professionnelles et techniques, ont des capacités très limitées pour traiter, analyser et interpréter de telles informations à des fins de décision. En effet, le plus souvent, elles se contentent du « bouche à oreille », et restent confinées aux microréalisations et aux marchés de proximité, souvent à pouvoir d'achat limité.

II. Les contraintes liées à l'éducation et la formation en entreprenariat

La plupart des femmes chefs d'entreprises qui représentent des modèles de réussite (success stories), se sont formées sur le tas et souvent selon un apprentissage traditionnel transmis de « la mère à la fille ». Malheureusement, l'insuffisance de compétences techniques, due à leur niveau d'éducation souvent bas, freine leur expansion. La grande majorité des Femmes Chefs d'Entreprises sont des self made women, sorties des entreprises familiales à travers un apprentissage long fastidieux ; elles ont grandi sous la tutelle et la protection d'un mentor plus particulièrement du secteur non structuré.

Très peu d'entre elles ont été formées et initiées dans des structures appropriées et selon des modalités modernes avec des matières pertinentes à la création, au développement et l'expansion des entreprises performantes. A cela s'ajoute que malgré l'existence des écoles de management de qualité au Sénégal, celles-ci ne sont pas fréquentées par des femmes chefs d'entreprise en exercice.

D'autre part, dans le système éducatif classique, la culture d'entreprise fait défaut.

Bien que de nombreuses écoles de gestion en création soient de plus en plus fréquentées par des jeunes filles, ces dernières sont encore timides pour se lancer dans les affaires après l'obtention de leurs diplômes. En effet, la peur du risque et le manque de confiance en soi restent un frein important à l'auto emploi des jeunes filles.

Cette lacune de formation formelle structurée et systématisée constitue un obstacle à leur évolution dans des structures qui requièrent des compétences pointues que seule l'éducation et la formation peuvent donner.

III. Les contraintes liées à la disponibilité et à l'accessibilité des structures d'appui et de conseil

Les besoins d'appui et de conseil ont toujours été et demeurent importants pour les femmes chefs d'entreprises. La prise en charge de tels besoins est aujourd'hui possible grâce à l'existence de certaines structures dont les organisations professionnelles auxquelles elles appartiennent, le Centre de gestion agréé de la Chambre de Commerce, l'Agence de Développement et de Promotion de la Petite et Moyenne Entreprise (ADEPME), l'Agence de Promotion des Exportations, l'Observatoire de l'Industrie, etc.

D'autres structures comme les centres nationaux et de formation et d'appui des femmes sont en cours de réalisation.

La multiplicité de ces structures d'appui et leur inflation risque de poser des problèmes de coordination et de cohérence dans leurs interventions.

Outre le problème de coordination et de cohérence dans les interventions de ces dispositifs d'appui, se pose le problème de l'accessibilité, surtout pour les femmes du monde rural, qui se trouvent éloignées de la capitale où sont concentrées ces structures.

IV. Les contraintes liées à l'accès aux marchés porteurs et solvables :

Les femmes chefs d'entreprise ont accès à de marchés solvables du fait qu'elles voyagent beaucoup dans des pays fournisseurs de biens et services. Néanmoins, ces voyages s'effectuent dans des conditions de sécurité et de garantie des transactions souvent limitées du fait de l'absence de maîtrise des paramètres qui gouvernent les dits marchés, de l'absence de connaissances des marchés internes et externes, en amont et en aval, et de la faible maîtrise des circuits de commercialisation.

Cette absence de maîtrise des paramètres engendre de sérieuses pertes de transaction et décourage certaines d'entre elles qui veulent tenter l'aventure de l'exportation. Même s'il y en a qui réussissent, les coûts sont exorbitants et pourraient être ramenés à des niveaux raisonnables et rentables.

V. Les contraintes liées à l'accès au financement

Au Sénégal, il existe beaucoup de structures de financement des activités des femmes et des femmes chefs d'entreprise, malgré le fait que complainte de taille de leur part est l'accès aux crédits.

Parmi les structures de financement on peut citer : le Fonds de Promotion Economique, le Fonds Taiwanais, les Fonds disponibles au sein des Projets tels l'Agence du Fonds pour le Développement Social (AFDS), le Fonds du Programme de Lutte contre la Pauvreté, les Fonds du PMIA, les Fonds du Projet de Promotion de l'Entreprise Rurale, etc....

Tous ces fonds s'ajoutent à ceux disponibles à travers les Mutuelles d'Epargne et de Crédit d'une manière générale à travers le système de financement décentralisé et le système de financement classique.

Le problème d'accès au crédit se pose de façon générale aux petites et moyennes entreprises, mais il est plus accentué pour les femmes qui ne disposent pas souvent des garanties nécessaires exigées par les banques classiques. Ceci explique qu'elles se tournent vers les systèmes financiers décentralisés. Là aussi, on se rend compte que bien que constituant le plus souvent la majorité du sociétariat des mutuelles d'épargne et crédit, le volume de crédit qu'elles perçoivent est moindre que celui des hommes. (2,443 milliards de francs CFA octroyés aux femmes sur un montant global de 28 milliards en 2000 soit un pourcentage de moins de 9%).

Il s'y ajoute que les crédits sont parfois d'un montant dérisoire et avec un délai de remboursement court, ne leur permettant pas de réaliser des investissements de grande envergure. Entre ces deux alternatives, certaines femmes ont recours à l'autofinancement ou au système informel de crédit à travers des « tontines ».

Là, comme par ailleurs, la disponibilité n'est pas la question, mais l'accessibilité et la qualité des prestations de services de ces structures de financement.

VI. Les contraintes liées aux dispositions réglementaires et législatives

La révision de la Constitution en 2001 a renforcé le statut de la femme sénégalaise en lui conférant les mêmes droits que les hommes notamment le droit à la propriété et la liberté d'entreprendre ; cependant la non application effective de ces dispositions constitue des freins à leur promotion particulièrement dans leurs activités génératrices de revenus. Il s'agit notamment des droits de propriété et de possession de patrimoines immobiliers et des possibilités de constituer des garanties et des sécurités réelles.

En effet, les femmes du milieu rural ont toujours un accès limité à la terre, aux intrants et aux moyens de production pour leurs activités agricoles, leur présence dans les instances de décision au niveau communautaire où se fait la distribution des parcelles de terre, étant encore très faible. Il s'y ajoute que, rarement détentrices de patrimoines immobiliers, les femmes d'affaires se heurtent aux garanties et sécurités réelles pour le financement des investissements de leurs entreprises.

VII. Les contraintes liées aux aspects socioculturels

Les qualités entrepreneuriales de la femme sont indéniables du fait des qualités intrinsèques dont elles disposent : l'intuition, la créativité, l'imagination, le souci du détail, le goût du fini associés à la sensibilité, à l'esthétique et à l'éthique.

Cependant, ce potentiel n'est pas utilisé à bon escient. Partout, au lieu de faire preuve de créativité et d'imagination, elle a une tendance au mimétisme aveugle qui fait que des secteurs porteurs sont envahis par plusieurs actrices alors que d'autres ne sont pas investis.

A titre d'exemple, dans le secteur des services, la partie commerce occupe une très grande place ; alors que celle relative aux technologies de l'information et de la communication est délaissée. Dans le secteur de la production industrielle, rares sont les femmes qui occupent des places significatives du fait de la peur de s'engager dans les créneaux inconnus.

Il s'y ajoute que du fait du rôle de gardienne des traditions, il n'est pas rare de voir des femmes chefs d'entreprise faire étalage d'ostentation et de gaspillage particulièrement dans les cérémonies familiales, sociales et religieuses.

Une ressource tout aussi stratégique est le temps, dont la disponibilité et la maîtrise sont indispensables pour la bonne conduite de l'entreprise. Or, la distribution des rôles au sein des ménages se fait très tôt en défaveur de la femme et de la petite fille qui effectue l'essentiel des tâches domestiques. Cette situation est encore plus accentuée chez les femmes évoluant en milieu rural qui vivent dans des conditions de précarité et de surcharge de travail.

Ces stéréotypes sont transférés dans la sphère publique et économique, où la femme chef d'entreprise a du mal à exercer son leadership aussi bien sur les hommes que les femmes.

Section 2 : Les contraintes liées à la condition féminine

I. Les femmes, victimes d'un "racket" économique

Le "racket" dont les femmes font l'objet ne pouvait être décelé qu'en découpant la filière rizicole en six (6) séquences temporelles : labour, semis, culture, récolte, transformation, commercialisation. Les résultats d'enquête ont montré qu'en dehors du labour qui est de plus en plus mécanisé et de la culture qui nécessite un effort physique important (et dans ce domaine, les hommes ont un avantage comparatif certain), c'est le travail féminin qui prédomine.

Il n'y a pas l'unanimité sur la quantification du travail féminin dans ce domaine. Selon les sources réputées sérieuses comme celles de la F.A.O., 75% du travail sur l'ensemble des filières agricoles est féminin. Ester Boserup, dans ses travaux qui ont inspiré la décennie des Nations Unies pour la femme, parle d'un taux de participation féminine dans les travaux agricoles de 80%. Cela veut dire concrètement que les femmes de la vallée du fleuve Sénégal (on pourrait généraliser à l'ensemble du pays)sèment, repiquent, désherbent, surveillent, récoltent, transforment et commercialisent et tout cela manuellement. Certains détracteurs, surpris par le fort taux d'activité féminine, veulent en réduire la portée en mettant en avant la dimension de la "pénibilité". Selon eux, si les femmes sont plus actives, il n'en demeure pas moins que leur activité est liée aux tâches faciles alors que les hommes font les travaux les plus pénibles.

Les visites de terrain prouvent que cette affirmation est sans fondement car dans les travaux agricoles, le rôle de l'homme consiste en général à surveiller sa femme qui travaille. Les travaux faciles comme la surveillance des champs de la prédation des oiseaux et des insectes sont du ressort des enfants et aucune femme en bonne santé n'est dispensée des travaux agricoles qui sont dans l'ensemble tous pénibles. Le travail des femmes est d'autant plus pénible, que, en plus des travaux dans les champs de famille, elles sont responsables des jardins de case. Dans ces petits lopins de terre, elles y pratiquent le maraîchage qui sert plus à l'équilibre alimentaire de la population qu'à générer des revenus. Cette situation leur confère un rôle fondamental dans la détermination de l'état nutritionnel de la population grâce à leurs habitudes alimentaires et par les soins qu'elles prodiguent en particulier aux enfants et aux groupes vulnérables.

Un autre rôle important joué par les femmes dans l'amélioration de la sécurité alimentaire familiale est leur contribution dans les revenus familiaux. Ce complément monétaire prend de l'importance depuis l'application de la politique de "vérité des prix" qui empêche bon nombre d'agriculteurs de mettre en valeur leurs terres. Ainsi, grâce au travail rémunéré qu'elles exercent dans le secteur informel, elles aident pendant les périodes de soudure, à l'achat de denrées alimentaires. Dans le même sens, des expériences de terrain ont prouvé qu'elles ont plus de compétences pour la gestion des ressources naturelles

et qu'elles restent les dernières détentrices du savoir lié aux espèces sauvages.

Malgré ce rôle que joue la femme dans l'amélioration de la sécurité alimentaire et la nutrition, "on ne lui donne pas souvent la parole" et elle n'est guère impliquée dans les décisions importantes, notamment dans l'élaboration des politiques ou lors de l'introduction de nouvelles technologies agricoles. Cette éviction de la femme est non seulement due à son statut social qui ne lui reconnaît pas les mêmes droits que l'homme mais aussi à l'application du PAS, problème qui n'est pas souvent évoqué.

En dépit de l'évolution de leurs conditions, force est de constater que les difficultés persistent.

En effet les femmes sont encore emprisonnées et maintenues dans des logiques d'infériorisation de leur condition, dont l'analphabétisme, les difficultés d'accès à l'éducation, aux soins de santé, à l'emploi .Le conservatisme de nos sociétés à tendance a entretenir des formes d'inégalités entre homme et femme et à constituer des facteurs de blocages ou un freins à l'évolutions entre sexe. Ces sociétés ont si insidieusement pensé et organiser l'idéologie de l'infériorisation de la condition et du statut de la femme qu'elles ont fini par faire de cette dernière l'instrument de son propre asservissement, à travers des système de reproduction de cette idéologie sous- jacente qu'on dénote en filigrane dans les agents de la vie sociale.

La femme est prisonnière d'un statut et d'un ensemble de représentations qui constituent un handicap à toute possibilité de réalisation et d'épanouissement .Les repères habituelles, les moeurs, usages et coutumes, les places et les rôles respectifs sont devenu fonctionnels, voire inopérant, dans un monde en mutation ou elle est pourtant tenue sans mode d'emploi ni model standard, d'inventer un nouveau destin.

L'étouffement de sa personnalité, l'opposition à sa scolarisation et l'infériorisation de son statut futur de femme constitue des formes insidieuses de violences exercées par l'entourage familial.

Les facteurs d'aliénation et d'infériorisation de sa condition de femme lui sont tôt inculqué dés le bas âge, à travers l'éducation ; et elle va involontairement et inconsciemment contribuer ainsi à les entretenir, participant ainsi à sa domination et à son asservissement par l'homme.

Selon le COSEF11(*), l'éradication de toutes ces formes de violences à leur encontre est une condition indispensable à l'intégration harmonieuse des au processus de développement

II. Besoins particuliers des femmes entrepreneures en matière d'information

Grâce à leur acquis, notamment dans le domaine des droits et de l'éducation ; et à la prise de conscience quasi internationale de la nécessité d'améliorer leur qualité de vie ; on reconnaît les besoins des femmes en matière d'information dans pratiquement toutes les sphères de la vie sociale.

II.1. Education

Les femmes africaines ont besoin d'un minimum d'éducation de base qui leur permettra dans la pire des hypothèses de savoir lire et écrire leur nom et de faire la différence entre le nécessaire et le superflu ; ainsi qu'entre le bien et le mal. Elles pourront ainsi actualiser leurs connaissances traditionnelles et s'engager davantage dans un processus propre à améliorer leur condition de vie. Celles qui ne peuvent s'éloigner devrait avoir la possibilité de poursuivre leurs études en suivant des cours par correspondance.

Par ailleurs l'enseignement pourrait être dispensé dans la langue maternelle.

Les centres de formation existants devraient aussi faciliter la fréquentation scolaire des femmes qui allaitent un enfant.

Cette attitude tolérante encouragerait nombre d'entre elles à participer aux séances de formation et contribuerait à réduire voir éliminer l'analphabétisme.

II.2. Santé

Les femmes ont besoin d'obtenir des renseignements généraux sur les règles d'hygiène élémentaires. Les femmes bien informées peuvent en bout de ligne :

- Eviter de contracter maladies transmises sexuellement qui déciment les populations

- Réduire les grossesse précoces et par le fait même , le taux de mortalité infantile et maternelle.

- Adopter et pratiquer une technique de planification familiale et réduire le taux de naissance

- Traiter les maladies mineures sans toujours avoir recours au service des médecins, qui sont coûteux et peu accessibles à certains endroits

II.3. Agriculture

Afin d'assurer la salubrité des aliments, les femmes peuvent prendre des mesures pour améliorer la sélection des semences et les cultures ainsi que les techniques d'irrigation et de jachère. Elles peuvent mettre à profit les renseignements sur les technologies appropriés pour faire la récolte et conserver les aliments.

II.4. Environnement

Les femmes ont besoin d'informations pour éviter les crises et les catastrophes environnementales. Si on les met dûment en garde, elles peuvent prendre des dispositions pour parer à certaines éventualités.

Elles peuvent aussi se familiariser avec des techniques de protection de l'environnement et des sols ainsi qu'avec des méthodes permettant d'en accroître la rentabilité sans les détruire.

II.5. Droit

Les femmes qui connaissent leurs droits et devoirs sont mieux en mesure de se défendre contre toutes les formes de violence.

II.6. Economie

Les femmes ont besoin d'information pour améliorer leur indépendance économique grâce aux activités commerciales. Par exemple des renseignements sur les fluctuations des taux de change, les tendances du marché...

II.7. Vie professionnelle

Les femmes peuvent améliorer leur situation professionnelle grâce à une formation appropriée. Celles qui sont au courant des nouvelles découvertes dans leur domaine de spécialité peuvent suivre des cours de recyclage et participer à des réunions et à des séminaires pour améliorer leur rendement professionnel.

II.8. Société

Les femmes peuvent créer des associations et des groupes professionnels pour échanger des expériences et des connaissances et briser ainsi l'isolement dans lequel elles se trouvent souvent.

II.9. Culture

Les femmes ont besoins d'information sur leur culture, les vestiges du passé de leur village et leurs villes ou de leurs pays, les pratiques traditionnelles et la vie moderne, elles ont donc besoin de bibliothèques.

On peut affirmer sans risque d'erreurs que les femmes tant des milieux ruraux qu'urbains éprouvent ces besoins en matières d'information (banque mondiale 1994).De ce fait le gouvernement sénégalais doit en prendre compte pour une émergence d'un leadership féminin fort au Sénégal.

Chapitre III : Bilan des politiques et stratégies pour la promotion de l'entrepreneuriat féminin au Sénégal et les perspectives

Section 1 : les politiques et stratégies mises en oeuvre par le gouvernement Sénégalais et le secteur privé

I- Historiques

Depuis l'indépendance à nos jours en passant par l'année 2002, qui marque la création de la Direction de l'Entrepreneuriat Féminin ; plusieurs politiques ont été menées pour améliorer et promouvoir la condition des femmes.

En fait l'année 2002 marque un tournant décisif pour la promotion économique des femmes. Avec la mise sur pied de la Direction de l'Entrepreneuriat Féminin, le Sénégal montre l'importance qu'il accorde à la promotion de l'entrepreneuriat, celui des femmes en particulier.

I.1. Les politiques précédente de promotion économique des femmes

Depuis l'indépendance à l'année 2002, qui marque la création de la Direction de l'Entrepreneuriat Féminin ; plusieurs tentatives ont été menées pour améliorer et promouvoir la condition des femmes. Mais force est de constater, que l'élaboration des politiques sénégalaises et africaines en général, concernant les activités et les préoccupations des femmes, obéissait à une « planification aveugle ». Les études et recherches devant aboutir à des données fiables sont rares et éparses; or ces données sont nécessaires pour un meilleur ciblage et une optimisation de l'intervention de l'Etat et des partenaires au développement, par une formulation plus coordonnée et harmonieuse des politiques et programmes.

Au Sénégal, l'institution chargée de la promotion de la femme a reçu au fil du temps, plusieurs dénominations et s'et vu confier des missions qui ont tenu à intégrer les préoccupations spécifiques des femmes.

Cela a expliqué, la nette progression du nombre d'organisations et de Groupements de Promotion Féminines (GPF) à l'échelle nationale. Malgré un meilleur accès des femmes à l'éducation et le caractère plus spécialisé des organisations féminines qui se muent de plus en plus en Groupements d'Intérêt Economique (GIE), la situation de la femme est toujours préoccupante vu son niveau d'éducation encore bas et sa présence faible dans les sphères de pouvoir économique et politique.

En effet, de nombreux efforts entrepris durant la Décennie des Nations Unies pour la femme a permis de voir une évolution de la situation. Toutefois, des études se sont penchées sur le rôle et la place des femmes au sein de la famille et de l'économie pour comprendre les obstacles empêchant une mise en application des mesures internationales au plan national. Il en est ressorti, d'après l'ouvrage « Sénégalaises en chiffres, PNUD, 1999 », que: cette sous représentation des données féminines dans les statistiques économiques est la manifestation d'un état d'esprit plus profond et fort partagé, y compris par les femmes elles-mêmes qui, ayant intériorisé leur subordination, tendent à se considérer d'abord comme ménagères.

Pourtant, c'est à partir de ces connaissances approfondies, qu'il faut élaborer des politiques pertinentes de développement qui tiennent compte du potentiel réel des femmes et contribuent à améliorer leur sort par une élimination de toutes les formes de discrimination qu'elles subissent. Il est reconnu depuis longtemps et de façon indéniable que le travail et le dynamisme des femmes constituent une ressource vitale dans l'économie surtout dans les secteurs jugés porteurs comme ceux de l'agriculture, la pêche, l'élevage, les services, le textile-confection, l'artisanat...etc.

I.2. GENESE DE LA POLITIQUE « GENRE » AU SENEGAL

La question de la promotion socio-économique des femmes a toujours été une préoccupation majeure des pouvoirs publics. Les efforts déployés par l'Etat dans ce domaine ont été accompagnés par les partenaires au développement et les organisations de la société civile.

L'analyse de la situation de la femme sénégalaise abordée ci-dessous permettra d'identifier les principales contraintes pesant sur elle et l'empêchant ainsi de jouer le rôle qui lui est dévolu dans le cadre du développement.

Les expériences dans le domaine de la promotion de la femme au Sénégal peuvent être donc résumées en quatre grandes périodes qui tiennent compte de la conjoncture internationale et du contexte national : avant 1975, la décennie de la femme (1975-1985), la période post-décennie (1985-1994), depuis Beijing (1995 à nos jours)

La période avant 1975

Elle est caractérisée au plan économique par une option affirmée de développer l'agriculture et de mettre en place une industrie de substitution à l'importation. Les femmes devaient contribuer à l'augmentation de la production par l'entretien de la main d'oeuvre.

Les projets touchant les femmes dans ce contexte tournaient pour l'essentiel autour de l'Animation Rurale avec le Volet Animation féminine dont l'objectif était de sensibiliser les femmes sur la question d'hygiène de propreté, de santé et de former des cadres féminins capables de mobiliser les populations autour des thèmes liés à leurs préoccupations. Ainsi, pour la formation de ces cadres, le Centre d'Animation de Thilogne (Région de Saint Louis) est créé suivi du Centre National de Formation des Monitrices d'Economie Familiale et Rurale en 1963 et l'Ecole Normale d'Enseignement Technique Féminin en 1964.

Les agents d'encadrement de l'époque avaient mené des séries de démonstrations culinaires, d'entretien de la maison et de puériculture. Les actions de sensibilisation et de formation menées à cette époque, quoi que louables, étaient loin de participer à une libération de la femme, mais la confinait plutôt dans la sphère domestique. (L'économie familiale et sociale est à ce titre assez révélateur)

La période 1975 - 1985 ou décennie de la femme

Elle est appelée au plan mondial la "décennie de la femme" entamée à l'occasion de l'année internationale de la femme en 1975 avec comme point focal la conférence de Mexico, première grande Conférence sur les femmes au niveau international autour des thèmes :

Egalité- Paix- Développement

Au niveau Institutionnel, un Secrétariat d'Etat à la condition féminine a été créé en 1978 avant d'être fusionné avec la Promotion Humaine pour donner naissance au Ministère du

Développement social en 1981.

Après la 2ème Conférence sur les Femmes tenue en 1980 à Copenhague, le courant qui milite pour une prise en compte des activités de la femme dans le développement s'affirme.

C'est la naissance de « l'approche Intégration de la Femme dans le Développement » plus connue sous le nom de « IFD ».

Le premier Plan National d'Action pour la femme est élaboré en 1982. Plusieurs projets"femmes" ont vu le jour durant cette période. Les stratégies de Planification Familiale remontent à cette époque.

L'approche "IFD" a permis ainsi l'émergence d'un leadership féminin national et a contribué à l'amélioration notable des conditions de vie des femmes par les opérations de micro- crédits, les subventions et prêts.

L'approche IFD a eu cependant des limites objectives :

- La majorité des programmes et projets "IFD" avaient tendance à orienter les activités vers les tâches traditionnellement liées aux rôles des femmes.

- On a pensé de bonne foi qu'en renforçant le pouvoir économique des femmes on créerait, ipso facto, les conditions du changement de leur statut alors que la réalité est toute autre.

La Période 1985 - 1995 ou post-décennie de la Femme

C'est la période post- décennie de la femme qui prend naissance à partir de la 3ème

Conférence sur les Femmes organisée à Nairobi au Kenya en 1985. Elle coïncide avec la période d'application des politiques d'ajustement structurel qui auront des conséquences négatives sur les groupes vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.

Elle est caractérisée aussi par une extension des projets I.F.D dont certains méritent d'être soulignés :

- Projet Santé Familiale et Population et Projet Bien Etre Familial :

Ces deux projets visaient à réduire la mortalité maternelle et infantile et à assurer le bien être familial à travers deux (2) volets : un volet IEC destiné à sensibiliser et à éduquer les populations pour l'adoption de comportements favorables au bien être familial et un volet clinique pour l'offre de services en matière de contraception et de lutte contre la stérilité.

Comme résultats, on note que le nombre de centres de planification familiale est passé de 12 en 1984 à 150 en 1989. Le niveau de connaissances des méthodes contraceptives par les cibles est passé de 60% en 1978 à 89% en 1991.

- Projet Promotion Economique des Groupements Féminins :

Le Projet SEN/92004 «Groupement Pré Coopératifs Féminins en milieu rural» a concerné d'abord la période 82-85 puis 1985-1987 et enfin 1988-1990.

Il a été financé par le Fonds d'Equipement des Nations Unies (FENU) et le PNUD. Il avait comme objectifs :

- l'exploitation d'équipements pour la transformation des aliments ;

- l'allégement des travaux de la femme par la mise à disposition d'équipements modernes;

- l'appui au réseau de groupements féminins ;

- la formation et l'alphabétisation.

Et le Projet PDRH, avec un accent mis sur la SCOFI ?

La Période de Beijing (depuis 1995)

Elle débute avec la quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes tenue à Beijing en 1995qui a eu un impact important sur le développement des actions en direction des femmes.

Au Sénégal, la principale initiative a été l'élaboration du 2ème Plan d'Action National de la Femme (PANAF-1997 - 2001) qui entre dans le cadre de la mise en oeuvre du IX ième Plan de Développement Economique et Social (1996-2001) dont l'Orientation Stratégique n°9concernant la valorisation des ressources humaines avait pris en compte la dimension genre.

Le PANAF a été élaboré de manière participative et visait les objectifs suivants :

- Assurer la promotion économique des femmes et lutter contre la pauvreté;

- Accroître le taux de scolarisation des filles et relever le niveau d'éducation des femmes;

- Améliorer l'état de santé des femmes et des petites filles y compris leur santé reproductive;

- Valoriser le statut de la femme dans la société et renforcer sa participation à la vie publique;

- Renforcer les mécanismes de promotion et de financement des femmes.

En relation avec ces orientations stratégiques, cinq volets ont été identifiés :

- Promotion Economique des femmes et lutte contre la Pauvreté;

- Education, formation des femmes et Scolarisation des filles;

- Santé des filles et des Petites Filles y compris la santé de reproduction, la santé sexuelle et la planification familiale;

- Droits fondamentaux et droits acquis des femmes et de la petite fille et accès des femmes à la prise de décision;

- Mécanismes institutionnels de promotion et de financement des femmes.

Le PANAF a fait l'objet d'une évaluation à mi-parcours et d'une évaluation finale en 2003.

I.3. Les groupements de promotion féminine (GPF)

Ces groupements sont nés à l'initiative de l'Etat dans le contexte de la décennie de la femme décrétée en 1975 parles nations Unies. En effet selon l'étude prospective femmes 2015 : « l'organisation des groupements de promotion féminine, devenus la structure de base du mécanisme national chargé de leur promotion, est une innovation majeure dans les politiques.

L'idée était qu'il serait plus facile pour les femmes de développer et de gérer des activités communes, de trouver des financements en groupe qu'individuellement. Les groupements ont été constitués à partir des multiples associations villageoises existantes. Ils ont uni le plus souvent les individus par sexe et classe d'âge. Ces associations, qui avaient à l'origine un statut initiatique et de solidarité, ont par la suite, évolué en développant diverses fonctions : sociales, culturelles, religieuses, entraide financière, matérielle, morale ».12(*)

Il semblerait même que ces groupements aient également rempli une fonction politique au service de l'ex pouvoir en place car ils auraient servi à bien des égards de réservoir électoral ; l'octroi du financement étant le plus souvent condition de l'allégeance au parti dominant. Il semble également qu'il soit dans les desseins du nouveau pouvoir en place d'adopter le même schéma en cherchant à contrôler ces groupements.

En 1987, ces groupements seront fédérés au sein de la fédération nationale des groupements de promotion féminine.

« La fédération nationale des groupements de promotion féminine (FNGPF) est une structure associative ayant pour vocation de promouvoir la femme sénégalaise dans tous les secteurs de la vie sociale, économique et politique du pays. Elle accorde une importance primordiale à l'amélioration du statut des femmes rurales qui constituent la majorité de ses membres ».13(*)

Cette fédération compte aujourd'hui sur le territoire national 6816 Groupements de femmes répartis au niveau national, régional, départemental, arrondissements et collectivités locales , regroupant plus d'un million de femmes.

Les domaines d'intervention tels que définis dans la brochure de présentation concernent :

-Information -Education -communication

-Allégement des travaux de la femme

-Formation

-Micro-crédit

-Activités génératrices de revenus

-Artisanat

Ces groupements de promotion féminine fonctionnent plus ou moins bien car leur mise en place a surtout été le fruit de la volonté étatique et non l'initiative propre des femmes ; par ailleurs cela rendait plus commode le financement des bailleurs de fonds. On peut d'ailleurs voir comme illustration de leur articulation au pouvoir d'état,l'instauration en 1990 du grand prix du chef de l' état d'une valeur de 5 millions de francs CFA et destiné récompenser le groupement féminin qui s'est le plus distingué dans les actions de développement économique et social. (Sénégal 2015)

On ne peut pas dire que ces GPF constituent des modèles de rupture et posent un regard introspectif sur les raisons de la marginalisation des femmes ; du moins il n'existe pas de leur part un discours qui en atteste.

Nous le disions tantôt la situation des femmes se mesure au paradoxe d'une forte présence et visibilité sociale quine se traduit pas par un positionnement public stratégique.

Leur rôle social rapporté à une économie de type domestique basée sur l'acquisition de simples revenus de survie n'a pas toujours été perçu comme une des sources fondamentales de leur marginalisation. Autrement dit une véritable analyse objective de la place des femmes dans le développement de nos pays ne peut déboucher que sur la proposition d'un projet de société citoyenne qui appréhende de façon critique les rapports de genre. Il semble à l'analyse que les discours qui s'attèlent à la promotion politique des femmes prennent en compte cette dimension du problème.

Il est clair que la révolution silencieuse que les femmes opèrent évolue vers une situation ou leur prise de parole servira à formuler des questions clé relatives à leur existence sur l'échiquier national. Il est clair que quand les hommes ne peuvent plus légitimer une suprématie basée sur l'assurance de la subsistance et le monopole du savoir moderne, les rapports de force changent et les femmes qui de plus en plus se retrouvent chef de famille de fait, peuvent revendiquer une meilleure prise en compte de leur place dans la société. C'est peut être en fin de compte l'effet que les différentes politiques de promotion de la femme comme agent du développement auront réussi à produire, en mettant entre les mains des femmes les outils d'une survie économique et d'une prise de conscience de leur rôle dans le développement et la société.

Ainsi, ce rapport de force, transcendant l'espace domestique se prolongerait sur la scène publique comme un des éléments constitutifs de la légitimité des revendications politiques et citoyennes des femmes. Une prise de conscience et un mouvement social des femmes est bien né même si demeure la question de savoir comment en faire une force cohérente et organisée de manière à influer sur les décisions publiques ? N'est ce pas la réponse que tentent d'apporter les nouvelles organisations de femmes apparues dans le cours des années 90 ?

Les années 1990, vont enregistrer la naissance de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme qui se donne pour objectif à l'instar de la rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme RADDHO« promouvoir, défendre et protéger les droits de l'homme au Sénégal et en Afrique. ». Cette ONG, créé en Avril 1990, et qui se définit comme non partisane et laïque soutient avoir «puissamment contribué à l'émergence et au développement d'une culture des droits de l'homme, de la démocratie et de la paix au Sénégal.14(*)

D'autres organisations de défense des droits de l'homme interviennent au Sénégal et inscrivent dans leur agenda, la question de la défense des droits de la femme.

Mieux, des organisations de femmes ont été créés par les femmes et ont pour programme essentiel la défense des droits des femmes, leur promotion politique et citoyenne. Les organisations de femmes qui se chargent de formuler cette revendication ont certainement été très influentes et déterminantes ces dernières années, dans la manière dont les pouvoirs publics inscrivent dans leur agenda les questions relatives à la promotion des femmes.

L'émergence d'un discours sur la citoyenneté porté aussi bien par les acteurs du jeu politique que la société civile, a favorisé également la création d'organisations de femmes dont la mission essentielle concerne la réalisation de l'équité et de l'égalité démocratiques.

I.4. La stratégie nationale de promotion de l'entrepreneuriat féminin

De façon plus concrète, la volonté politique s'est manifestée par la création depuis Novembre 2002, d'un ministère de l'entrepreneuriat féminin et du micro crédit, qui a été intégré au département chargé de la femme et du développement social, pour devenir depuis 2007, le Ministère de la Famille, de l'Entrepreneuriat féminin et de la Microfinance. Le rattachement de ces institution témoigne, si besoin était, d'une volonté réelle d'harmoniser les politiques et les programmes en direction des femmes.

Dans ses missions, ce ministère est chargé de conduire les politiques de promotion de la femme et de lutte contre les discriminations à l'égard des femmes. C'est-à-dire qu'il doit favoriser la formation des femmes chefs d'entreprises, notamment en matière de finances, de crédit, de comptabilité, de commerce national et international. Il est aussi chargé de veiller à la gestion des lignes de crédits destinés aux femmes entrepreneurs ainsi que la mise en place d'un fond de refinancement au profit des systèmes financiers décentralisés et de l'entrepreneuriat féminin.

En partant de ces missions et des recommandations issues des différentes rencontres organisées sur les défis à relever par ce département ministériel, une vision a été dégagé et consiste à amener les femmes, du milieu rural comme du milieu urbain, à créer, gérer et développer des entreprises modernes, selon des normes de standard international, dans les créneaux porteurs de notre économie.

Ainsi après avoir développé des filets de sécurité pour sortir les femmes de la catégorie la plus pauvre du milieu urbain, périurbain et rural, il s'agit maintenant de les accompagner pour une émergence irréversible. Quant à celle qui se sont engagé dans la création d'entreprises, il faut renforcer leurs chances à faire le saut qualitatif et participer de manière visible et significative à la création de richesses et de fortes valeurs ajoutées.

C'est dans ce cadre que d'importants projets et programmes avec des systèmes de suivi et d'évaluation, sont entrain d'être mis en oeuvre, pour aboutir au desserrement des contraintes auxquelles les femmes sont confrontées dans leurs initiatives entrepreneuriales.

Les programmes d'équipement d'allègement des travaux domestiques et de transformation des produits agricoles pour lesquels près de 4 milliards 400 millions de F CFA ont été investi de 2000 à 2005, la création des cases des touts petits ainsi que les espaces socio-économiques dont les cases foyers, ont permis une plus grande disponibilité des femmes, surtout celles évoluant en milieu rural, à développer des activités économiques et à renforcer leurs aptitudes propres et partant leur épanouissement.

Dans ce même domaine, les montants investis par les projets de lutte contre la pauvreté, se chiffrent à 20 milliards 823 millions de F CFA.

Pour améliorer l'accès des femmes au crédit, des mécanismes financiers qui leurs sont spécifiquement dédiés, ont été mis en place par l'Etat du Sénégal avec l'appui de certains partenaires. Il s'agit du Projet de Crédit pour les Femmes qui, de 2000 à 2005, de façon directe et par la mise à disposition d'un fonds de garantie, a financé des microprojets de 76629 femmes pour un montant de plus de 3 milliards 500 millions F CFA avec une rallonge d'un milliard de F CFA à partir des ressources publiques pour cette année 2008. Bien que les montants octroyée par individu ou par groupement ne soient pas élevés pour permettre des investissements très importants, (de 250.000 F CFA pour les personnes physiques 5.000.000 pour les organisations), une étude d'évaluation a montré des impacts positifs quant à l'amélioration des revenus et des conditions de vie, au niveau individuel, au niveau des ménages comme au niveau communautaire. En effet, 75% des gains étaient affectés aux dépenses familiales, alimentaires, sanitaires et d'habitation.

Quant au financement des projets de création ou de développement d'entreprises, le Fonds National de Promotion de l'Entrepreneuriat féminin (FNPEF), créé depuis 2004 à partir des ressources publiques, a permis d'octroyer aux femmes des prêts allant de 1 à 50 millions FCFA, pour un montant global de 2 milliards de F CFA. Aujourd'hui prés de 763 projets ont été concernés avec 1826 emplois créés ou consolidés. Une dotation d'un milliard de F CFA a été allouée à ce fonds par l'Etat, pour cette année 2008.

Ces activités de financement, qui couvrent toutes les zones du pays, sont accompagnées d'ambitieux programmes de renforcement des capacités techniques et managériales, d'organisation de séminaires portant sur le marketing, les accords commerciaux, le leadership féminin, le développement organisationnel, le réseautage d'affaires et les technologies de l'information et de la communication.

Des outils simplifiés de gestion ont été mis à la disposition des femmes porteuses d'idées de projet ainsi qu'un guide de la femme entrepreneur qui a été traduit en langues nationales. L'attention toute particulière accordée au renforcement des capacités des femmes, a amené les autorités sénégalaises à la construction de Centres d'Assistance et de formation des femmes dans tous les départements du Sénégal (CEDAF).

Quant à la promotion de l'esprit d'entreprise et de la culture entrepreneuriale, devant favoriser l'auto emploi chez les jeunes filles, des conférences et séminaires ont été organisés dans les établissements du secondaire et dans les universités. Certaines de ces jeunes filles diplômées, avec le soutien du FNPEF, se sont lancées dans des affaires aussi porteuses que les TIC (technologies de l'information et de la communication

II- Bilan des politiques et stratégies

II.1. Les femmes et le programme d'ajustement structurel

Le PAS a mis en place la formule du moins d'Etat pour mieux d'Etat, pour libérer l'initiative individuelle, favoriser les secteurs orientés vers l'exportation et rembourser la dette. La politique de privatisation en ce domaine et qui s'accompagne de vérité des prix et de l'arrêt des subventions est un des aspects les plus importants de la "mise en crise".

Dans le domaine agricole, les réformes économiques donnent la priorité aux cultures d'exportation. Les femmes jouent un rôle important dans la culture de ces produits d'exportation (le riz dans le cas qui nous concerne et qui est aussi bien une culture vivrière que d'exportation), mais le revenu en revient souvent intégralement aux hommes. L'introduction de ces principes du marché va alors renforcer une situation déjà créée par la colonisation agricole, en spécialisant davantage les hommes dans les cultures de rapport, et les femmes dans les cultures vivrières. N'étant pas produites pour le marché, ces cultures vivrières n'ont pas de valeur marchande dans une société ou règne actuellement la règle de la demande solvable et du profit.

En encourageant tous les secteurs rentables à court terme, le PAS a obligé l'Etat sénégalais à donner la priorité au secteur économique (stratégie d'exportation) au détriment du social (réduction des dépenses de santé, éducation...). Cette contraction des dépenses sociales affecte les femmes en premier dans la mesure où elle se traduit par la réduction des initiatives en leur faveur (tant au niveau matériel que financier) et où la dégradation des services de santé et d'éducation les affectent particulièrement. A titre d'exemple, du fait des réductions du budget de l'éducation nationale, le Sénégal est obligé de reporter les frais d'école sur les parents. Ceux-ci doivent donc décider quels enfants envoyer à l'école et souvent c'est les filles qui sont écartées, ce qui explique un taux d'analphabétisme féminin de 58,4% au niveau régional. Cette dérive fait des femmes en général et des paysannes en particulier, "un groupe vulnérable" pour reprendre l'expression des organisations internationales.

Face aux contraintes de survie, les femmes vont trouver dans cette impasse économique, un espace de possibilités et de libertés nouvelles qui les rendent plus agissantes, plus créatives et certainement plus visibles.

II.2. Evaluation du PANAF

Le PANAF a fait l'objet d'une évaluation à mi-parcours et d'une évaluation finale en 2003.

Depuis Beijing et la publication du PANAF, des progrès ont été notés dans le secteur de la lutte pour la promotion des femmes.

- au plan économique, plusieurs d'importants programmes ont été mis en place parmi lesquels on peut citer le projet « promotion du statut de la femme » qui était une composante du Projet de Développement des Ressources Humaines (PDRH) , le Projet d'Appui aux Groupements Féminins (PAGPF) et le Programme d'équipements d'allégements des femmes. Ces différents projets on permis de mettre en place plusieurs équipements de transformations des produits agricoles, des équipements hydrauliques et du matériel d'appui aux activités génératrices de revenu. En plus de ces actions, des infrastructures socio-éducatives ont été réalisées par le PAGPF (152 garderies communautaires et 81 cases foyers), 81 espaces économiques pour les femmes ont été réalisés dont 30 créés par le PDRH et 51 par le PAGPF..

- au plan juridique, les points suivants sont notés :

Avec le code de la famille adopté en 1972, en vue mettre fin aux discriminations contenues dans le texte, les propositions suivantes on été faites ;

- l'abrogation de la notion de « chef de famille » appartenant exclusivement aux maris ;

- la suppression de la notion de « puissance paternelle » et son remplacement par celle d' « autorité parentale conjointe » ;

- l'abrogation des articles 384 et suivants du code de la famille réglementant la dote ;

- la prise en compte du travail domestique de la femme comme contribution à l'actif du ménage avec une indemnité compensatrice en cas de divorce ;

- l'application du droit commun des successions pour assurer aux filles et aux veuves l'égalité des droits

-au niveau de la sécurité Sociale

Des modifications ont été proposées en vue d'assurer l'égalité des sexes pour l'obtention de la pension d'invalidité, de survivance et de vieillesse : en matière de droit du travail, les doléances exprimées portent sur la ratification de la convention n° 140 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) concernant le congé éducation payé. Cette convention est entrée en vigueur depuis le 23 septembre 1976. Propositions tendant à supprimer la puissance paternelle qui instituait la discrimination concernant la prise en charge médicale des enfants et du conjoint, la pension de réversion de la veuve, la direction collégiale de la famille (autorité parentale, interruption de la grossesse en cas de viol ou d'inceste) ;

Préparation du texte sur l'observatoire national des droits de la femme et de la petite fille ;

- La nouvelle constitution du Sénégal adoptée en janvier 2001 a fait d'énormes progrès en matière de promotion de la femme et de réduction des inégalités en matière de droit entre Hommes et Femmes dans son titre II (voir plus loin au point 6.1) . En effet, l'article 7 de la constitution dispose en son alinéa 4 que les hommes et les femmes sont égaux en droit.

L'article 8 garantit à tous les citoyens, les libertés individuelles, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. L'alinéa 2 de l'article 15 énonce que « L'homme et la femme ont également le droit d'accéder à la possession et à la propriété de la terre dans les conditions déterminées par la loi ». Et l'article 17 mentionne que l'Etat garantit aux femmes le droit à l'allégement de leurs travaux.

On peut également noter d'autres points positifs ; à savoir :

- Vote en 1999 de la loi pénalisant les violences faites aux femmes et notamment l'excision, le viol, le harcèlement sexuel, les coups et blessures dans le cadre conjugal ;

- adhésion aux dispositions de la CEDEF et de la Convention relative aux Droits des

Enfants (CDE) par la nouvelle constitution du Sénégal adoptée le 7 janvier 2001. Le protocole facultatif à la CEDEF a été ratifié par le Sénégal au mois de mai 2001.

- au plan politique les instances de prise de décision connaissent un nombre plus important de femmes. Le Conseil Sénégalais des Femmes (COSEF) et le Réseau Siggil jigéen15(*) ont mené un travail important lors des dernières élections (en 1996 avec les Elections locales et en 1998avec les Elections législatives)

- le mouvement associatif a connu un grand développement : Les groupements de promotion féminine ont augmenté de façon considérable et se sont regroupés dans la Fédération Nationale des GPF (FNGPF) ainsi que dans la Fédération des Associations Féminines du Sénégal (FAFS). D'autres associations ont vu le jour et se structurent dans des réseaux permettant de mener des actions soutenues de lobbying tout en permettant aux femmes de se muer en groupement d'intérêt économique pour accéder au micro crédit.

La coopération bi et multi latérale a relevé sensiblement le niveau de son appui au secteur de la promotion de la femme dans des domaines aussi variés que la santé, l'éducation, la sphère économique et le pouvoir décisionnel.

A partir de l'an 2000, la prise en charge de la situation de la femme coïncide avec l'élaboration du DSRP et de son document de suivi. En effet, lors du sommet du Millénaire tenu aux Nations Unies du 6 au 8 septembre 2000, les représentants de 191 pays constitués en majorité de Chefs d'Etat et de Gouvernement ont pris un engagement mondial pour atteindre d'ici à 2015 les Objectifs du Millénaire pour le Développement. C'est derniers qui sont au nombre de huit, à savoir réduire l'extrême pauvreté et la faim, promouvoir l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes, réduire la mortalité maternelle et infantile, lutter contre le VIH/SIDA et certaines maladies endémiques (paludisme,...), assurer un développement durable et promouvoir un cadre de partenariat mondial pour le développement.

L'objectif N°3 intitulé « Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes » vise à éliminer les disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire et à tous les niveaux de l'enseignement si possible (cible 4) d'ici à 2015. En effet, les statistiques scolaires révèlent que des disparités existent dans les différents niveaux d'éducation. Dans le cycle primaire par exemple, les filles quittent beaucoup plus précocement l'école que les garçons. Pour tous les niveaux confondus, le taux de redoublement des filles est supérieur à celui des garçons.

II.3. Microfinance et autonomie féminine

La microfinance apparaît de plus en plus comme un outil d'émancipation et de promotion de la condition féminine.

Les objectifs visés sont multiples : augmenter leurs revenus et faciliter leur indépendance financière, stabiliser et professionnaliser leur activité entrepreneuriale, mais aussi, et peut-être surtout, améliorer leur statut au sein de la famille, renforcer l'estime qu'elles ont d'elles-mêmes, ou encore favoriser leurs capacités d'auto organisation et donc d'expression et de revendication. La microfinance apparaît en quelque sorte comme un moyen d'augmenter l'autonomie et la liberté réelle des femmes, au sens qu'Amartya Sen [1993] donne à ce terme. Partant du constat que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel dont l'aspect monétaire n'est qu'une facette parmi tant d'autres, Sen plaide en faveur d'un critère d'évaluation beaucoup plus large : dans quelle mesure les personnes ont-elles le choix de mener différents types de vie ? Assurer à chacun la faculté de choisir effectivement entre plusieurs opportunités de vie possibles exige de prendre en compte l'ensemble des contraintes susceptibles de limiter l'étendue du choix.

Ainsi de nombreuses femmes ont le « choix » d'aller à l'école ; elles n'y vont pas car des contraintes matérielles et / ou familiales les en empêchent. De nombreuses femmes ont le « choix » de l'indépendance économique ; elles n'y parviennent pas car elles n'ont accès à aucune source de financement. La liberté réelle va bien au-delà d'une question de ressources ou de droits formels. Tout dépend de l'aptitude des personnes à « convertir » leurs ressources et leurs droits en de réelles potentialités. Si la privation est généralement plus forte chez les femmes, c'est non seulement parce qu'elles ne bénéficient pas des mêmes droits, mais aussi parce qu'elles ont plus de mal à en prendre conscience et à les faire valoir.

Dans quelle mesure la microfinance permet-elle aux femmes de mieux faire valoir leurs droits, et donc de renforcer leur liberté réelle et leur autonomie ? En nous appuyant sur une enquête menée au Sénégal, ainsi que sur diverses études empiriques menées dans d'autres régions du monde, notre objectif est de montrer à quelles conditions un processus d'autonomisation est possible, en nous interrogeant notamment sur la légitimité du prêt collectif.

En effet, si l'engouement pour la microfinance laisse entrevoir l'idée d'un droit au crédit pour les femmes, ce droit a toutefois ceci de spécifique qu'il s'apparente à un droit collectif, même si ce n'est pas énoncé en ces termes. Les femmes du Sud sont de plus en plus nombreuses à avoir droit au crédit, à condition toutefois qu'elles s'associent en groupes et qu'elles se portent mutuellement caution. Aujourd'hui, d'après les statistiques de la Banque mondiale [1997b], 65% des dispositifs de microfinance reposent sur une approche collective et plus des deux tiers de leur clientèle sont des femmes.

C'est une question d'efficacité, puisque à travers la réduction des coûts de transaction et des asymétries d'information, le prêt collectif16(*) est supposé assurer l'efficacité de l'intermédiation financière et autorise ainsi l'espoir d'une viabilité des dispositifs. C'est également une question de soutien à la mobilisation et à l'émancipation n des communautés féminines, puisque à travers la gestion collective du crédit, on espère renforcer leurs capacités d'auto organisation. En réconciliant les partisans du néolibéralisme, préoccupés par les problèmes de rationnement de crédit et l'inefficience des marchés financiers, avec les partisans du développement dit participatif,soucieux de revaloriser le pouvoir des communautés locales, le prêt collectif suscite ainsi des attentes et des espoirs autant multiples qu'ambitieux.

Si les atouts de ce mode d'approche sont incontestables, en reconnaître les limites n'en reste pas moins essentiel afin de lui donner davantage de portée. Du point de vue des femmes, le prêt collectif peut tout aussi bien favoriser l'autonomie personnelle que la nier en confortant les liens de dépendance voire en en forgeant de nouveaux ; il peut consolider les réseaux sociaux comme les déstabiliser, appuyer les compétences collectives d'organisation et de gestion comme susciter et encourager la création de groupes fictifs ou monopolistiques. Du point de vue des prêteurs, le prêt collectif peut s'avérer être un excellent outil de gestion des risques et de l'information comme un facteur possible de défaillance généralisée issue de mécanismes de coercition et de coalition de la part des emprunteurs.

L'impact est prometteur tout en incitant à la prudence. La microfinance, en visant à promouvoir l'initiative à la fois individuelle et collective des femmes, apparaît comme un moyen de favoriser l'autonomie et la liberté réelle des femmes. Certaines conditions sont toutefois nécessaires.

D'un point de vue individuel, tout d'abord, l'étude menée auprès d'un programme sénégalais spécifiquement féminin confirme certains résultats observés ailleurs tout en apportant quelques éléments nouveaux. Accéder à un crédit, même de très faible montant, peut être un moyen non seulement de stabiliser des activités économiques ou d'en initier de nouvelles, mais encore de lutter contre la dépendance vis-à-vis de fournisseurs ou d'usuriers,de faire face à des dépenses imprévue s (maladies) ou à des périodes difficiles (notamment la période de soudure), évitant ainsi une décapitalisation de l'unité familiale. Un autre résultat concerne l'hétérogénéité de l'impact en fonction du contexte socioéconomique local et en fonction des statuts sociaux. Les plus pauvres sont surreprésentées pour les situations de perte, l'instabilité quotidienne est telle que le moindre aléa peut conduire à l'échec.

Inversement c'est pour les plus aisées que les marges sont les plus importantes.

Deux autres résultats sont plus originaux. Le premier consiste à considérer l'impact qualitatif. Si l'on raisonne en termes de bien-être et d'indépendance et pas strictement en termes de revenus, alors l'impact auprès des plus défavorisées devient significatif. Le second résultat original réside dans l'évolution des pratiques financières collectives. Compte tenu de l'ensemble des contraintes auxquelles les emprunteurs sont confrontés, notamment les femmes, il est rare que la microfinance suffise à enclencher une dynamique de long terme ; le contexte d'incertitude incite plus à adopter des stratégies de répartition des risques que d'économies d'échelle. Notons à cet égard que l'offre de crédit n'est pertinente qu'en lien avec d'autres produits financiers : dans certains contextes, l'accès à l'épargne est tout aussi nécessaire. Le processus intéressant constaté ici, c'est l'effet de levier provoqué par le crédit auprès des groupes d'emprunteuses et la mise en place d'une dynamique collective qui entraîne les groupements emprunteurs à développer une attitude active de crédit et d'incitation à l'épargne forcée. Le principe tontinier se transforme en un système que nous avons qualifié d' « avance permanente », dont l'objectif et de pérenniser l'accès à des sources de financement. Dès lors que les femmes ont un accès régulier au crédit, une trajectoire d'autonomisation devient possible.

Tout dépend toutefois de la manière dont fonctionnent les groupes d'emprunteuses.

Pour les groupes qui ont su trouver un équilibre entre leurs propres activités et leurs relations extérieures, l'accès au crédit est susceptible de jouer un effet de levier considérable sur leurs capacités de médiation financière. Le rôle joué par le groupe en matière d'auto sélection et d'incitation est un moyen de limiter les problèmes d'asymétrie d'information et donc les risques, il permet ainsi à des emprunteurs a priori « insolvables » d'accéder au crédit. Mais la délégation de responsabilités ne doit pas pour autant conduire à considérer les groupes comme des « boîtes noires ». La complexité des relations sociales montre qu'une approche solidaire ne s'improvise pas. Une approche pragmatique, progressive est incontournable. Une connaissance fine des logiques sociales et culturelles est essentielle, ainsi que la prise en compte des jeux de pouvoir et de contre pouvoir.

Section 2 : Essais de solution pour la promotion d'un leadership féminin

I- Les cadres de référence

L'élaboration des politiques et programmes ainsi que leur mise en oeuvre s'insèrent dans des cadres choisis par le Sénégal mais aussi par l'Afrique et le monde

Il est certain que pour jouer son rôle dans la globalisation de l'économie, et faire face aux nombreux défis qu'elle impose, le Sénégal doit développer dans un cadre de références qui lui sont propres ces stratégies de développement économique et sociale mais avec une vision intégrant la dimension africaine. Cela répond à une nécessité d'apporter des réponses collectives du continent africain à une globalisation des marchés et par une participation de toutes les composantes et forces vives des différentes nations à l'élaboration d'une société de bien-être, de justice et de paix. C'est en cela que l'Afrique pour sa survie, ne peut plus ignorer la moitié de sa population jugée la plus dynamique et constituée par les femmes.

Au Sénégal : les grandes orientations sont définies dans un cadre de référence à travers le Document de Prospective 2015, le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté notamment << l'axe création de richesse >>, le Dixième Plan de Développement Economique et sociale pour une attention particulière est accordée aux femmes pour atteindre les objectifs de développement et de la croissance. Ceux-ci sont estimés à un taux de croissance de 7% à 8% par an durant la période de 2003 à 2005, un taux d'investissement atteignant 24%, du PIB sans induire des déséquilibres nationaux, une réduction de la pauvreté de 50% d'ici l'an 2015.

C'est ainsi qu'un certain de secteur jugé porteurs de croissance ont été défini à savoir :

v L'agriculture, particulièrement dans les filières de l'horticulture, de la pêche et de l'élevage

v Le tourisme ;

v Les industries de transformations

v Les secteurs de la fabrication et du conditionnement des produits pharmaceutiques

v Les transports et la logistique

v L'artisanat

Les autres cadres de référence sont le Nouveau Partenariat Pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), et récemment la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Cette dernière s'appuie sur un certain nombre de secteurs jugés porteurs de croissance à savoir l'agriculture et l'agro-industrie, les produits de la mer, le tourisme, les industries culturelles et l'artisanat d'art, le textile confection, le secteur des services utilisant les technologies de l'information et de la communication.

Fondée sur une vision commune ainsi qu'une conviction ferme et partagée des dirigeants africains, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) vise, l'éradication de la pauvreté en plaçant les pays africains, individuellement et collectivement sur la trajectoire de la croissance et d'un développement durables tout en participant activement à l'économie et la vie politique mondiales. Un des principes fondateurs est l'utilisation du secteur privé et des investissements privés directs comme moyens de développement. En complémentarité des ressources de l'Assistance Publique au Développement et avec une approche régionale, il s'agit de relever le défi d'accroissement de l'investissement direct d'environ 60 millions de dollars d'ici l'an 2015.

La prise en charge de ces objectifs s'impose donc dans l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique de développement et de promotion de l'entreprenariat féminin, tel que stipulé dans le décret portant organisation du Ministère.

Au plan régional et international, le Sénégal, membre de l'UEMOA et de la CEDEAO, est partie prenante dans plusieurs accords commerciaux parmi lesquels ceux de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), de l'African Growth Opportunity Act (AGOA) et dans celui qui concerne le plus les activités créatrices de revenus des femmes à forte valeur ajoutée à savoir le Partenariat entre l'Union Européenne et les Pays ACP (UE-ACP).

Signataire du protocole facultatif relatif à la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à l'égard des Femmes (CEDEF), le gouvernement du Sénégal vient de valider la Stratégie Nationale pour l'Egalité et l'Equité de Genre (SNEEG). Quatre enjeux ont été identifiés dans cette stratégie à savoir :

- la valorisation de la politique sociale de la femme et le renforcement de ses potentialités ;

- la promotion économique des femmes en milieu rural et urbain ;

- la promotion de l'exercice équitable des droits et devoirs des femmes et des hommes et le renforcement de l'accès et de la position des femmes au niveau des sphères de décision;

- l'amélioration de l'impact des interventions en faveur de l'égalité et de l'équité de genre.

Le financement de la SNEEG est estimé à 30.466.000.000 F CFA et sollicite la contribution de l'Etat, des collectivités locales et des partenaires au développement.

C'est dans ces cadres de références, à l'échelle nationale comme internationale, que doivent évoluer particulièrement les femmes chefs d'entreprise en respect des exigences de compétitivité et de productivité imposées par une globalisation des marchés et une ouverture progressive des frontières.

Face aux opportunités d'accès à des marchés solvables et à forte capacité de pouvoir d'achat, la nécessité s'impose d'accompagner les femmes dan leurs activités créatrices de revenu vers la création et la consolidation des Petites et Moyennes Entreprises (PME) à travers des projets et programmes bien adaptés.

Dés lors, il s'agit d'amener les femmes entrepreneurs, à tirer profit desdits cadres de références par une maîtrise des différents paramètres les composant et en portant une attention particulière à leur motivation et leur adhésion à la création d'entreprise.

Cela suppose qu'il faut cerner les obstacles à la politique de développement en faveur des femmes entrepreneurs, en tenant compte de façon spécifique de la dimension culturelle qui a un effet sur leur comportement en matière de gestion des risques et des incertitudes.

II. Les dispositifs d'accompagnement

II.1. La Direction de l'Entrepreneuriat Féminin (DEF)

II.1.1. LES MISSIONS DE LA DIRECTIONS DE L'ENTREPREUNARIAT FEMININ

La Direction de l'Entreprenariat Féminin est née avec la création du Ministère de l'Entrepreneuriat Féminin et du Micro-Credit en Novembre 2002 avant d'être intégrée au Ministère des PME, de l'Entrepreneuriat Féminin et de la Microfinance en Avril 2004.Sa légitimité réside dans le fait qu'elle prend en charges les problématiques de l'entrepreneuriat féminin pour en assurer la promotion.

A la Direction de l'Entrepreneuriat Féminin, sont assignés plusieurs missions qui portent essentiellement sur la promotion de l'esprit entrepreneurial et la création d'entreprises. A ce titre, la Direction est chargée de :

· Développer les actions permettant d'aider les femmes entrepreneurs, ainsi que les femmes souhaitant créer une entreprise ;

· Favoriser la formation des femmes chefs d'oeuvres d'entreprises, notamment en matière de finance, de crédits, de comptabilité, de commerce national et international ;

· Veiller à l'exécution et à la gestion des lignes de crédits destinés aux femmes entrepreneurs, ainsi qu'à la formation des populations cibles ;

· Veiller à la mise en place et à la gestion d'un fonds de refinancement au profit des systèmes financiers décentralisés et de l'entreprenariat féminin.

Partant des missions énoncées par les décrets respectifs, de création et d'organisation du Ministère, la Direction de l'Entrepreneuriat Féminin a eu à élaborer et commencer à mettre en oeuvre un Document de Stratégie de Développement et de Promotion de l'Entrepreneuriat Féminin en tenant compte des objectifs du NEPAD.

Au Sénégal, les grandes orientations en de développement économique sont définies dans des cadres de références que sont, le Document de Prospective 2015, le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, le Deuxième Plan de Développement Economique et Social, le Programme National de Bonne Gouvernance, les objectifs du Millénaire pour le développement, et récemment la Stratégie de Croissance accélérée.

C'est pour atteindre un taux durable de croissance de 7 à 8%, durant la période de 2003 à 2008, un niveau d'investissement atteignant 24% du PIB sans induire des déséquilibres nationaux, une réduction de la pauvreté de 50% d'ici l'an 2015 que des secteurs jugés prioritaires et porteurs de croissance ont été identifiés, à savoir :

- L'agriculture, particulièrement dans les filières de l'horticulture, de la pêche et de l'élevage ;

- Le tourisme et les industries culturelles ;

- Le secteur des services utilisant les technologies de l'information et de la communication ;

- Les industries de transformation ;

- Les secteurs de la fabrication et du conditionnement des produits pharmaceutiques ;

- Les transports et la logistique ;

- L'artisanat.

Pour accompagner cette Stratégie de Croissance Accélérée, la Direction de l'entrepreneuriat féminin développe des programmes novateurs, gages du développement et de la pérennité des entreprises de femmes, dans la grande marche de l'économie mondiale.

C'est ainsi qu'un plan d'actions a été élaboré et s'articule autour de six objectifs stratégiques : 

§ Mise en place d'un système d'informations sur l'entreprenariat féminin (élaboration d'un guide de la femme entrepreneur, étude pour une définition du profil de la femme entrepreneur, base de données des femmes entrepreneurs au Sénégal, création d'un centre de ressources...) ;

§ Renforcement des capacités des femmes entrepreneurs ;

§ Accroissement et développement des entreprises gérées par des femmes

§ Partenariats (réseaux des femmes d'affaires, structures d'appui à l'entreprenariat, centres de formation et écoles de commerce...)

§ Elargissement de l'accès des femmes aux financements

§ Communications (colloques, séminaires, forum, ...).

II.1.2. Organisation de LA DIRECTIONS DE L'ENTREPREUNARIAT FEMININ

LA DIRECTIONS DE L'ENTREPREUNARIAT FEMININ

Division projets Etudes, Prospection et suivi Evaluation des projets

Division Formation Promotion et Renforcement des capacités

Bureau Etudes, Prospection

Bureau suivi Evaluation

Bureau

Renforcement des capacités

Bureau

Promotion

II.2. Mécanismes institutionnels de promotion de l'entrepreneuriat féminin

II.2.1. Le Mécanisme National Genre (MNG)

Au Sénégal le mécanisme national genre est l'institution qui dans l'appareil gouvernemental a en charge la promotion de la femme.

L'institutionnalisation de tel mécanisme s'est réalisée progressivement dès 1975 (Année international de la femme). L'engagement des pouvoirs publics dans cette démarche a été maintenu par les gouvernements successifs. Néanmoins il faut souligner qu'à l'exception du secrétariat d'Etat à la condition féminine créée en 1978 ; aucun des mécanismes qui ont suivi n'ont fait l'objet d'une dénomination exclusive consacrée à la femme, au genre.

II.2.2. Agence pour le développement des Petites et Moyennes Entreprises (ADPME)

L'ADPME a été créé en 2002 par le gouvernement et les partenaires au développement. Cette agence se charge d'encadrer et de conseiller les PME et PMI au Sénégal. Ses principales missions sont :

- Conseiller et assister les porteurs de projet à la création d'entreprise

- Encadrer les entreprises pour la mise en place d'outils de gestion adaptés à leurs besoins organisationnels techniques financiers ou commerciaux

- Renforcer les compétences marginales des responsables de PME par l'importance, la formation, le parrainage et le compagnonnage industriel

- Faciliter l'accès des PME aux crédits

- Promouvoir l'esprit d'entreprise au sein de la population.

Ainsi l'ADPME vise les PME gérées par les hommes mais également par les femmes. Les femmes qui sont le plus souvent dans les petites entreprises sont également encadrées par cette structure.

II.3. Les partenaires de la coopération internationale

En matière de promotion de la femme, l'intervention de la communauté internationale a également subi l'influence des théories et des stratégies de développement qui ont vu le jour au cours de ces vingt années. Les années des décennies de la femme sont ou la problématique de la femme dans le développement a été clairement posée. La communauté oriente alors ces actions de façon plus systématique vers les femmes. C'est le temps des projets spécifiquement féminin ou à volet féminin.

Les secteurs d'interventions sont la santé, la nutrition, l'éducation et les activités génératrices de revenu. Dans leur conception et dans leurs stratégies, les projets initiés répondre à des urgences dans les secteurs sociaux. Les objectifs étant d'améliorer la condition de vie des femmes de favoriser leur participation au processus de développement en les organisant et de garantir la pérennisation des actions initiées en les impliquant dans les processus de formulation de planification et de mise en oeuvre.

La période des ajustements structurels a mis en évidence l'impact négatif de leurs mesures sur les groupes défavorisés et plus particulièrement les femmes. La communauté internationale réagit en manifestant un élan de solidarité affirmative en direction de ses groupes injustement affectés par les mesures économique de l'ajustement structurel.

La conférence internationale sur la population et le développement, la conférence mondiale sur les femmes et le sommet sur le développement social ont concrétisé cet élan en considérant la question de la promotion de la femme comme question de justice sociale et une condition préalable au développement durable et la paix.

Aujourd'hui, l'internalisation des recommandations issues de ces conférences en ce qui concerne la promotion des femmes et le renforcement de leurs moyens d'action sont devenu la ligne de conduite au niveau des programmes et des projets financés par les partenaires internationaux.

L'identification des inégalités qui entravent la pleine participation des femmes dans tout section de la vie économique et sociale et la mis en oeuvre des mesures visant l'élimination, sont désormais des actes prioritaires d'intervention des partenaires de la communauté internationale

La non-discrimination entre les sexes est adoptée par certaines institutions comme critères de sélection des programmes et projets et les questions de genres sont intégrées dans les processus de conception, de formulation, d'exécution et de suivi/évaluation des interventions développées par les partenaires internationaux.

Les acquis ainsi explicités ont certes contribué à l'amélioration de la situation économique et sociale des femmes. Mais il n'en demeure pas moins que les efforts à fournir, pour répondre aux besoins, à la fois pratiques et stratégiques des femmes, sont encore importants. L'expérience ainsi accumulée devrait pouvoir être capitalisée émise au service des besoins des femmes qui restent à satisfaire. Pour cela, la communauté internationale devrait davantage inscrire les questions de genre dans une dynamique transversale qui lui permettra, par de la prise en charge sectorielle de la satisfaction des besoins pratiques des femmes, d'axer ses interventions sur la satisfaction de leurs intérêts stratégiques et la transformation des rapports sociaux en genre, indispensable à la réalisation de l'égalité entre hommes et femmes.

III. Les perspectives

III.1. Les atouts et tendance au changement

Pour appuyer la revalorisation culturelle du rôle de la femme sénégalaise dans la société, plusieurs mécanismes de financement et d'accompagnement ont été créés par les pouvoirs publics, les partenaires au développement, le secteur privé et ONG, afin de prendre en charge les problématiques de l'entreprenariat féminin pour en assurer la promotion.

Ainsi on assiste à un environnement de plus en plus favorable avec un renforcement du statut juridique de la femme relativement aux droits sur la propriété, la transmission des biens et en 2007, la Constitution a été révisée avec l'insertion d'un nouvel alinéa à l'article 7 où il est dit que « la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions ».

De plus en plus, les femmes font irruption dans la scène publique et occupent des postes de responsabilités qui leur étaient jusqu'ici inconnus, dans le pouvoir exécutif comme législatif, (nomination pour la première fois d'une femme Premier Ministre, élection de femmes vice-présidentes de l'Assemblée nationale).

Ces acquis qui témoignent d'une tendance au changement, concordent avec une scolarisation plus poussée des filles ainsi qu'une présence plus remarquée des femmes dans l'enseignement supérieur et technique. En effet, l'Etat du Sénégal octroie 40% de son budget à l'éducation nationale avec un programme décennal qui à terme, en 2010, devrait arriver à une scolarisation universelle et à l'éradication de l'anaphalbétisme.

Ainsi les principaux atouts sont :

-La volonté politique manifestée par la création d'un mécanisme institutionnel pour la promotion de l'entreprenariat féminin et la traduction de cette volonté par la mise à disposition de ressources d'un montant de 2 milliards pour la création d'un Fonds National de Promotion de l'Entreprenariat Féminin (Décret n°2004-426 du 14Avril 2004).

-L'existence d'un cadre de plus en plus favorable (lois sur le droit de propriété et la transmission des biens, présence de plus en plus forte des femmes sur la scène publique, scolarisation de plus en plus élevée, transformation de la structure de la famille).

-L'existence d'un environnement national et international favorable à l'entreprenariat (AGOA avec les USA, APE avec l'Union Européenne, Initiative Canadienne, etc.).

-L'option stratégique du gouvernement de recourir à des compétences à travers le principe du faire pour améliorer l'efficacité de l'exécution et, de ce fait, générer des emplois.

- Dans le domaine financier : une certaine maturité des mutuelles d'épargne et de crédit tant au plan de la gestion que de l'apprentissage à faire du micro-crédit.

III.2. LES AXES D'ORIENTATON SRATEGIQUE :

Les axes d'orientation stratégiques ont été définis à partir des recommandations issues du forum organisé su « l'Entreprenariat féminin et la Microfinance, Enjeux et Perspectives au Sénégal et dans le Nepad » organisé en Mars 2003 sous la présidence effective de Président de la République Son Excellence Maître Abdoulaye Wade. Partant de son discours dans lequel il fit part de l'orientation qu'il donnait a ce Ministère crée pour la première fois dans le monde des travaux des ateliers ainsi que de la lettre de mission du Ministère, une vision a pu être dégagée, à partir de laquelle des objectifs ainsi que des stratégies ont pu être définis pour arriver à l'émergence d'un patronat féminin fort.

3.2.1. LA VISION :

Amener les femmes entrepreneurs ou susceptibles de le devenir tant en milieu rural qu'urbain, à créer, gérer et développer des entreprises selon les normes standards internationales dans les créneaux porteurs de l'économie du Sénégal et de l'Afrique.

3.2.2. LESOBJECTIFS STRATEGIQUES :

Partant du principe du faire faire, le Ministère aura recours à des expertises externes notamment les cabinets de consultants.

Les stratégies d'intervention définies portent sur les axes majeurs suivants :

· Education et promotion de l'esprit d'entreprise ;

· Le renforcement des capacités managériales et techniques ;

· L'amélioration de l'accès aux marchés

· Le financement des projets ;

· La mise en place d'un dispositif de suivi pour l'évaluation des projets et programmes.

3.2.3. DOMAINE D'ACTIONS PRIORITAIRES :

Il s'articule autour de 6 objectifs stratégiques :

1. Mise en place d'un système d'information sur la femme entrepreneur ;

2. Renforcement des capacités de la femme entrepreneur établie ou potentielle ;

3. accroissement et développement du nombre d'entreprises de femmes ;

4. Elargissement de l'accès des femmes aux crédits ;

5. mise en place d'une organisation faîtière de femmes entrepreneurs ;

6. renforcement du dispositif institutionnel et organisationnel du MEFEM.

Pour atteindre ces objectifs, les lignes d'action suivantes ont été définies :

Objectif 1 : Mise en place d'un système d'information sur l'entrepreneuriat féminin

Ligne d'action 1 : Mise en place d'un centre d'information et de documentation

- Elaborer un guide de l'entrepreneuriat féminin

- Acquérir des ouvrages, CD-ROM, cassettes, vidéo

- Confectionner des dépliants, plaquettes, prospectus sur l'entrepreneuriat féminin

- Mener des études et recherches sur les caractéristiques de la femme entrepreneure

Ligne d'action 2 : Création d'une banque de données sur les femmes entrepreneures

- Recenser les femmes entrepreneures

- Constituer une banque de données

- Mettre en place une banque de cas de succès de micro et petites entreprises gérées par des femmes

- Dresser un profil de la femme entrepreneure

- Ligne d'action 3 : Diffusion des informations sur les femmes entrepreneures

- Organiser des émissions radio télévisées sur les femmes entrepreneures

- Créer un site Web sur les femmes entrepreneures et les services qu'elles proposent

- Informer le public de l'existence de ce site

- Publier les résultats de ces études et recherches

- Organiser des rencontres d'échanges entre les femmes entrepreneures au niveau régional et sous régional

Objectif 2 : Renforcement de la capacité de la femme entrepreneure établie ou potentielle

Ligne d'action 1 : Renforcement des capacités managériales des femmes erntrepreneures

- Identifier les besoins en formation

- Elaborer des programmes de formation

- Mettre en oeuvre les programmes de formation : Former les femmes aux techniques de leadership, et favoriser l'accès aux TIC, sensibiliser sur les contraintes liées aux pesanteurs socio culturelles.

- Mettre en place un dispositif de suivi-évaluation des programmes ;

- Contribuer à l'élaboration et à la mise en oeuvre de programmes d'alphabétisation fonctionnelle : éditer et distribuer des manuels en langues nationales.

- Organiser des rencontres d'échanges d'expériences entre les entreprises de rurales et urbaines au niveau national, régional, et intercontinental ;

Ligne d'action 2 : Renforcement des capacités techniques

- Identifier et évaluer les besoins en équipement et infrastructures

- Mettre en place un programme d'équipement et d'infrastructure

- Former les femmes à la maintenance des équipements

Ligne d'action 3 : Mise à la disposition des femmes rurales des technologies et équipements appropriés de transformation et de conservation des produits.

- Mener une étude pour recenser, diagnostiquer et évaluer les besoins des entreprises des femmes rurales

- Elabore et mettre en oeuvre un programme de renforcement des produits

- Mettre en place un programme d'infrastructures et d'équipement pour les entreprises des femmes rurales

- Mettre en place un programme de soutien aux échanges d'expérience entre les entreprises de femmes rurales au niveau national, régional, et international

Objectif 3 Accroissement et développement du nombre d'entreprises de femmes

Ligne d'action 1 : Appui et accompagnement à la formalisation des entreprises des femmes

- Identifier les femmes chef d'entreprise du secteur informel capable de se formaliser ;

- Contribuer à l'information et à la sensibilisation sur la charte des PME

Ligne d'action 2 : Amélioration de l'accès des entreprises des femmes au marché

- Contribuer à une meilleure maîtrise des circuits de distribution des produits par les femmes ;

- Mettre en place et développer un programme d'amélioration de la qualité des produits d'entreprises de femmes ;

Ligne d'action 3 : Amélioration de l'environnement juridique des entreprises des femmes

- Plaidoyer pour des mesures fiscales incitatives en faveur des entreprises des femmes

- Plaidoyer en faveur de l'élargissement de l'accès des femmes à la terre

Ligne d'action 4 : Stimulation de l'initiative entrepreneuriale

- Créer (et rendre fonctionnels des centres d'incubation et d'appui-conseil des entreprises des femmes ;

- Elaborer et mettre en oeuvre un programme de sensibilisation et de formation à l'esprit d'entreprise

Objectif 4 : Elargissement de l'accès des femmes aux financements et aux services bancaires

Ligne d'action 1 : Accroissement du niveau d'accès des femmes aux financements et autres services bancaires

- Identifier les sources de financement capables d'offrir des crédits aux femmes entrepreneures

- Appuyer l'établissement de partenariat entre les femmes entrepreneures et les sources de financement

- Rechercher et mettre au niveau des institutions partenaires des lignes de crédit de garantie destinés aux femmes entrepreneures

Ligne d'action 2 : Mise en place d'un fond national de promotion de l'entrepreneuriat féminin

- Définir les critères de constitution du fond ;

- Elaborer un manuel de procédure et de gestion du fond

- Rechercher les fonds nécessaires

Ligne d'action 3 : Mise en place d'un fond de refinancement au profit des systèmes financiers décentralisés

- Définir les critères de constitution du fond

- Elaborer un manuel de procédure et de gestion du fond

- Rechercher les fonds nécessaires

- Appuyer la création de mutuels d'épargne et de crédit par les femmes erntrepreneures

Objectif 5 : Mise en place d'une organisation faîtière de femmes entrepreneures

Ligne d'action 1 : Organisation des femmes par secteur d'activité

- Prendre contact et sensibiliser les femmes par secteur d'activité

- Installer des associations nationales dans chaque filière professionnelle

Ligne d'action 2 : Regroupement des femmes des différents secteurs en une organisation nationale

- Contribuer à la mise en place d'une organisation faîtière de femmes entrepreneures

Objectif 6 : Renforcement du dispositif institutionnel et organisationnel de la Direction de l'Entrepreneuriat féminin

Ligne d'action 1 : Mise en place d'un comité scientifique

- Identifier et nommer les membres du comité scientifique ;

- Organiser des concertations régulières avec tous les partenaires (Cibles, bailleurs, collectivités locales...) ;

Ligne d'action 2 : Renforcement des capacités technique de la Direction de l'Entrepreneuriat féminin

- Elaborer et mettre en oeuvre un programme de formation et de perfectionnement au profit du personnel de la Direction de l'Entrepreneuriat féminin ;

- Renforcer le dispositif technique et logistique de la Direction de l'Entrepreneuriat féminin,

Ligne d'action 3 : Lancement et mise en oeuvre du plan d'action

- Elaborer le plan d'action

- Valider le plan d'action

- Organiser un atelier de lancement du plan d'action

Programmes et projets :

Les programmes de renforcement des capacités porteront sur :

- Le produit de formation TRIE (Trouver votre Idée d'Entreprise)

- La création d'entreprise : programme CREE (Créer son Entreprise)

- La formation en GERME (Gérer Mieux son Entreprise)

- L'utilisation des outils simplifiés de gestion

- Le statut juridique des entreprises

- L'esprit d'entreprise et la culture entrepreneuriale

- La maîtrise des normes de qualité

- L'initiation aux TIC

- La mise en place d'équipements et d'infrastructures

- L'imprégnation des femmes chef d'entreprise aux accords commerciaux signés par le Sénégal

Conclusion

Tous les efforts menés aussi bien par l'Etat, les partenaires au développement, les ONG, de la société civile aboutissent, à l'heure actuelle à la naissance de fédérations féminine plus organisées, regroupant dans un système de « mentoring » et de réseautage, différentes catégories d'entrepreneures établies comme potentielles, ce qui contribuera de façon certaine à une masse critique de femmes entrepreneures.

Ainsi, dotées d'aptitudes techniques, commerciales, managériales, et personnelles, renforcées dans leur pouvoir de négociation, les femmes sénégalaises s'insèrent dans une dynamique de création de lobbys de femmes chefs d'entreprises qui seront susceptibles de drainer des mouvements derrière elles, de susciter la motivation chez leurs paires, et des les encourager à créer des entreprises à fortes ambitions, innovantes et pertinentes dans leurs choix stratégiques.

Cette tendance au changement vers une autonomisation économique des femmes est devenue irréversible mais nécessite cependant d'être soutenue par la mise à disposition de financements conséquents des différents mécanismes mises en place.

Fidèle à ses engagements internationaux, le Sénégal comme la plupart des pays africains, s'inscrit dans une prise de conscience collective, que les inégalités des sexes sont nuisibles à la société toute entière, aussi bien à l'homme qu'à la femme, et freinent le développement. Cela se justifie par une volonté politique forte qui se manifeste par des initiatives pertinentes et innovantes, visant à conférer à la femme son rôle de citoyenne à part entière.

Cependant, le chantier et immense et appelle d'importantes ressources que nos économies affaiblies par un contexte mondial de plus en plus défavorable, auront du mal, à elles seules à supporter en l'absence d'une solidarité internationale efficace.

Les études menées dans la vallée du fleuve montrent en une dizaine d'années un changement aussi bien dans la situation des femmes que dans leur comportement, l'accroissement de leurs responsabilités dans une société aussi patriarcale que celle du Sénégal . Elles ont traditionnellement participé à l'économie avec notamment la production de cultures nécessaires à la consommation familiale et leurs revenus provenaient de la transformation et de la commercialisation d'une partie de ces produits. Aujourd'hui, avec la crise et les migrations internes et externes qui en découlent, la position de la femme dans la famille s'est renforcée. Dans l'ère de l'Après Barrage, on voit leur nombre augmenter aussi bien dans les jardins de case que dans les périmètres irrigués où elles participent à titre de main-d'oeuvre familiale. A travers les GIE et le groupement féminin de producteurs, elles développent des activités à caractère économique (production pour le marché et la satisfaction des besoins de base), collectif (mise en place d'équipement collectifs, banque de céréales) et écologique (programme de reboisement...). Elles rencontrent encore des difficultés liées à l'accès à la terre, au crédit, ce qui témoigne du faible intérêt que leur portent les autorités qui ne les considèrent pas comme partie utile de l'économie nationale. Face à cette contrainte, les femmes ont élaboré des stratégies de diversification dans le secteur informel.

Aussi, on pourrait rendre plus facile l'accès au sources de financement pour la les jeunes filles sortant des écoles de formation en gestion d'entreprise, pour les inciter l'auto emploi.

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ACDI : Agence Canadienne de Développement International

AFARD : Association des Femmes Africaines pour la Recherche et le

Développement

CEDEF : Convention sur l'Elimination de toutes les formes de

Discrimination à l'égard des Femmes

CIPD : Conférence Internationale Pour la Population et le

Développement

CRDI : Centre de Recherches pour le Développement International

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

E/S : Egalité entre les sexes

ENDA : Environnement et Développement du Tiers Monde

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et

l'Agriculture

GED : Genre et Développement

IFAN/UCAD : Institut Fondamental de l'Afrique Noire/Cheikh Anta Diop

IFD : Intégration de la Femme dans le Développement

IP : Initiative de programmes

MAH : Ministère de l'Agriculture et de l'Hydraulique

ME : Ministère de l'Education

MEF : Ministère de l'Economie et des Finances

MFFDS : Ministère de la Femme, de la Famille et du Développement Social

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OSC : Organisation de la Société Civile

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SNEEG : Stratégie Nationale pour l'Egalité et l'Equité de Genre

SURF/WA : Centre d'appui sous régional du PNUD pour l'Afrique de

L'Ouest

UCAD : Université Cheikh Anta Diop

UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la Population

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

UNIFEM : Fonds des Nations Unies pour les Femmes

USAID : Agence Américaine de Développement International

USD : Dollars des Etats-Unis

PTMR : Programme de Transport en Milieu Rural au Sénégal

PRAESC : Programme de relance des activités économique et sociale de la Casamance

Bibliographie

Guide de la femme entrepreneure, Direction de l'entrepreneuriat féminin

Entrepreneuriat féminin dans quelques quartiers de Pikine, André Joyal

L'entrepreneuriat féminin au Sénégal : Transformation des rapports de pouvoir, Fatou Sow Sarr

Brochure de présentation de la RADDHO.

Code de la famille sénégalaise.

Samb, M. : "Problèmes de l'accès des groupements de femmes à la terre. Proposition et étude", Dakar, DAT, Ministère de l'Intérieur, juillet 1990.

L'entrepreneuriat féminin au Sénégal : contraintes et essais de solution ; M. Khar. Ba (mémoire de maîtrise FASEG, 2005).

Lettre de stratégie de promotion et de développement de l'entrepreneuriat féminin ; Direction de l'entrepreneuriat féminin.

L'entreprise étranglée, Baye I9brahima Diagne, Edition CEMEA

* 1 Organisation mondiale du commerce

* 2 Pays Pauvres Très Endettés

* 3 Voir Diop, C.A. : L'Afrique précoloniale, Paris, Présence Africaine, 1960, sans oublier la tradition orale.

* 4 Baumann, H: "The division of work according to sex in African Hoe culture", in Africa, vol I, 1928.

* 5 Bathily, A, "Aux origines de l'africanisme. Le rôle de l'oeuvre ethno-historique de Faidherbe dans la conquête française du Sénégal", Cahiers de Jussieu, No 2,

Paris 1976, p. 96.

* 6 Samb, M. : "Problèmes de l'accès des groupements de femmes à la terre. Proposition et étude", Dakar, DAT, Ministère de l'Intérieur, juillet 1990.

* 7 Samb, op. Cit.

* 8 Article 3 du décret 7-1288 du 27 octobre 1972, relatif aux conditions d'affectation et de désaffectation des terres du domaine national comprises dans les communautés rurales.

* 9 Loi No 84-37 du 11 mai 1984 sur les groupements d'intérêt économique.

* 10 Art 153 de la loi No 72-61 du 12 juin 1972, portant code de la famille sénégalaise.

* 11 COSEF : conseil sénégalaise des femmes est une association nationale créé en mars 1995

* 12 Op. Cité

* 13 Brochures de présentation des GPF

* 14Brochure de présentation de la RADDHO.

* 15 Mot wolof  signifiant honorer la femme.

* 16 Le terme prêt collectif désigne à la fois les prêts destinés à des groupes de femmes (group loan), l'usage étant laissé à leur discrétion, et le prêt avec caution solidaire : le prêt est individuel mais les femmes n'y ont accès que si elles font partie d'un groupe qui se porte caution.






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