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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère politique et médiatique: l'exemple de l'élection présidentielle française 2012

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par Antoine GAMAIN
Université Nanterre Paris X -  Master 1 économie et société 0000
  

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CONCLUSION

Comme prévu par de nombreux analystes politiques, l'élection présidentielle 2012 s'est mise en avant sur les réseaux sociaux.

Après plusieurs mois de campagnes, il est possible de tirer un premier bilan sur l'influence de ces nouveaux moyens de communication en période électorale.

Ce bilan sera découpé en deux parties bien distinctes, l'impact des réseaux sociaux sur les résultats finaux du scrutin et l'impact sur le média politique.

Avec toute l'humilité que confèrent mon statut d'étudiant-chercheur et le manque de données statistiques à ce jour sur ce nouveau phénomène, il est tout de même possible de s'avancer.

Pour débuter, il est intéressant de remarquer les modifications au niveau des codes de promotion électoraux apportés par ces nouveaux moyens de communication : la présence inédite et massive des partis politiques et des candidats à l'élection présidentielle 2012 sur internet et les réseaux sociaux.

Cette conquête d'un nouvel espace virtuel répond par mimétisme à l'élection Américaine de 2008.

Leurs objectifs principaux sont de séduire le maximum d'internaute, de récolter des fonds et de promouvoir leurs programmes électoraux.

Proche de l'amateurisme en 2007, la campagne internet 2012 marque donc la professionnalisation d'un marketing politique nouvelle génération tournée vers le numérique et le virtuel.

Excitées par la campagne victorieuse de Barack Obama, les équipes de campagne imaginaient faire la différence sur le net : un phénomène d'illusion technologique s'est installé. Malheureusement, au vue des premiers chiffres sur l'abstentionnisme des électeurs et plus particulièrement des jeunes, cette stratégie 2.0 ne semble pas avoir eu l'impact espéré.

L'effet de surprise de la campagne Obama de 2008 ne s'est donc pas produit en France.

Ce constat ne signifie aucunement que l'influence des réseaux sociaux lors de cette élection présidentielle 2012 a été nulle.

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Aujourd'hui, un parti politique ne semble pas être en mesure de gagner une élection grâce ce nouvel espace social cependant il peut la perdre.

Il est difficile d'imaginer la tournure que cette campagne aurait prise si Dominique Strauss-Kahn avait été candidat socialiste. Le phénomène des « boules puantes » auraient certainement mis à terre l'ancien directeur du fond monétaire international (FMI).

Si les réseaux sociaux n'ont pas permis de faire basculer l'électorat, les réseaux sociaux se sont affirmés comme un puissant module complémentaire venant renforcer les stratégies de communication politique existante.

Facebook, par exemple, est un outil au service du militantisme politique d'un point de vue purement technologique et sociologique.

Basés sur la force des liens faibles (Granovetter, 1973), les réseaux sociaux permettent, techniquement, une meilleure organisation dans la mobilisation de masse (Sow, Zurcher, Jr Eklend-Olson, 1980). Ils facilitent également l'échange d'information tout en restant peu coûteux par rapport aux techniques traditionnelles telles que le tracting par exemple.

Théoriquement, ces nouveaux outils facilitent le fonctionnement des groupes de mobilisation, le militantisme s'est donc naturellement porté sur le web et les réseaux sociaux.

La naissance de l'e-militantisme permet donc un renouveau de l'acte militant qui se différencie en deux groupes bien distincts :

- Les militants classiques des partis politiques investissent le web via les réseaux sociaux et développent l'idée d'un militantisme moderne, jeune et résolument tourné vers les nouvelles technologies (Mouvement Jeunesse Socialiste, Jeunes Populaires)

La communication y apparait tout de même de façon latérale : l'information première émanant des partis politiques qui la transmettent aux militants, pour les internautes.

- Un nouveau type de militantisme est apparu, il est constitué de simples sympathisants internautes. Désormais, plus besoin d'adhérer à un parti politique pour promouvoir son candidat ou son parti fétiche. De ce fait, une libération de la mobilisation et du débat politique se produit. Les e-militants expriment et partagent librement leurs idées sur Facebook ou sur les blogs de façon horizontale.

Le blog et le microblogging de Twitter permettent également une démocratisation de la pensée politique.

Médiatisé pour la première fois pour le traité Européen de 2005 puis délaissé médiatiquement par la campagne électorale de 2007, le blog revit notamment grâce au microblogging. Les

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caractéristiques techniques de Twitter permettent à cet outil de communication de devenir un outil journalistique simple, instantané et accessible à tout le monde.

Le nombre de followers de certains microbloggeurs journalistes ou non-journalistes politiques détermine la popularité, on peut légitimement les assimiler à des leaders d'opinion du monde virtuel (Lazarsfeld, Katz, 1940 ; Katz, 1973).

Cette modification des codes en sociologie politique permet de limiter l'influence des médias traditionnels ainsi que des candidats à l'élection présidentielle sur la population.

Le microblogging prime par son instantanéité permettant l'apparition de joutes politiques par tweets interposés. La twittosphère devient alors une sorte d'e-agora où politiques, journalistes et citoyens échangent librement leurs idées.

Ce dernier point montre également que les politiques ne sont plus désormais obligés de passer par les médias traditionnels pour s'exprimer, Twitter est une passerelle directe pour communiquer avec leurs homologues et la population.

L'e-militantisme et les blogs permettent donc de faciliter la diffusion du message et du débat politique.

Les réseaux sociaux donnent l'illusion aux internautes de participer de façon active à la politique. Profitant de cette nouvelle tendance, les équipes de communication, s'inspirent de stratégies empruntées au marketing pour faire participer indirectement les internautes à la promotion de leur parti politique.

Le buzz, technique de marketing virale, est un outil de communication permettant la transmission d'un message politique ou commercial de façon indirecte en utilisant l'internaute comme relais du message. Pour cette élection 2012, les équipes de campagnes se sont lancées dans une course à l'innovation sans précédent dans l'histoire de la communication politique pour se distinguer de la concurrence et faire le plus de buzz.

En faisant participer l'internaute au débat, en le plaçant au centre de l'élection, les partis politiques souhaitent faire évoluer et corriger leur image du politicien décrit par l'Abbé Sieyès (1789).

Pour se faire, ils se veulent plus proche de l'électorat en jouant notamment sur l'illusion de proximité (Yanoshevsky, 2010).

Cette illusion de proximité se retrouve sur Facebook, en s'y installant, l'homme politique donne l'illusion d'être proche et l'égal du citoyen. Le politique est alors désacralisé, on assiste de ce fait à une vedettisation de l'homme politique.

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Cette stratégie fidélise et renforce la confiance que possède l'électeur envers le candidat (Clarks, 2010 : 4).

Même si il reste difficile de mesurer, avec certitude, l'impact réel de ces nouvelles stratégies sur une élection présidentielle et le scrutin final, internet et les réseaux sociaux apparaissent clairement comme des méthodes complémentaires de stratégies politiques venant renforcer les anciennes.

Le second point important de cette campagne 2.0 se concentre sur l'évolution du média politique.

Twitter a, par exemple, permis tout au long ces élections d'apporter un regard neuf et détaché sur la manière dont été traitée l'information politique en 2012.

L'outil de journalisme-citoyen qu'il représente aujourd'hui n'est plus a présenté notamment depuis le printemps Arabe. Les analyses de Tweets en direct font désormais parti des émissions politiques permettant ainsi à chacun de s'exprimer. Cette campagne aura permis à Twitter de devenir un média à part entière légitimé par les mass médias.

Malgré un grand succès durant la campagne 2012, Twitter ne reste cependant qu'un module complémentaire d'information, la télévision restant, largement, le média de référence en France.

La deuxième nouveauté intervient au niveau de l'analyse de la structure même des tweets publiés. En les analysants sur un certain laps de temps (pendant une émission politique par exemple), il est possible d'en déduire une opinion publique.

Souvent critiqués par la sociologie politique (Bourdieu, 1973 ; Champagne, Agrikoliansky 1990), les sondages classiques voient peut-être arriver aujourd'hui de nouveaux types de sondages basés sur l'analyse des flux de messages et des hashtags.

Ces nouveaux sondages représentent-ils de manière plus réaliste la population Française ? Quelles sont véritablement les orientations politiques de ces réseaux sociaux, sont-ils de gauche ou de droite, quelles sont les classes sociales qui les utilisent ?

L'analyse du tweet a fait passer les réseaux sociaux et les sondages dans une nouvelle ère, d'outil de communication il est devenu outil de sondage.

Ce renouveau médiatique laisse cependant entrevoir des points négatifs qui ébranlent désormais nos institutions.

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La libéralisation de l'information et l'absence de censure sur internet ont permis à environ 50% des citoyens français d'obtenir les premières estimations lors des deux tours de l'élection présidentielle et cela avec trois heures d'avance par rapport à l'heure légale.

Le résultat des élections est-il faussé par ce simple fait ?

Ce dernier point soulève les limites du système des réseaux sociaux sur les institutions déjà pointé par de nombreux journalistes quelques semaines avant le premier tour96.

L'Etat est-il dépassé par cette technologie et surtout doit-il la légiférer?

L'internaute peut également y afficher virtuellement ses convictions politiques librement : le prosélytisme politique virtuel peut-il se révéler dangereux pour la vie sociale réelle97 ?

Les réseaux sociaux ont un rôle important dans la transmission d'information. Elle devient plus rapide, plus grande malheureusement elle semble parfois perdre en qualité au profit de l'instantanéité.

Ce sujet est à l'image d'internet, il est sans frontière et difficile à cerner par son immensité et sa complexité.

Ce mémoire « utilisation des réseaux sociaux dans la sphère politique et médiatique » apporte en définitif plus de questions que de réponses, il représente le début d'une réflexion ouvrant la voie à une nouvelle analyse sociologico-politique réticulaire basée sur le virtuel.

Les politiques et les sociologues devront, dans le futur, s'interroger sur la portée de telles technologies sur nos sociétés, sur la démocratie en règle générale et sur ce qu'elle deviendra dans les prochaines années.

En 2010, Amanda Clark dans son analyse Anglo-saxonne des réseaux sociaux (médias sociaux en Québécois) mettait en avant dans sa conclusion le constat suivant « les médias sociaux sont en voie de devenir rapidement des outils de communication courants pour les personnalités et les institutions politiques ainsi que pour les citoyens qu'ils servent »98.

96 Bourdeau Thomas, « Des fuites sur les réseaux sociaux peuvent-elles influencer », RFI.fr, le 17 avril 2012 http://www.rfi.fr/france/20120417-presidentielle-2012-twitter-facebook-sarkozy-melenchon-hollande-le-pen-cheminade-ips

97 MK Stray, « Pourquoi il faut arrêter les statuts politiques sur Facebook ? », éteignezvotreordinateur.com, le 29 avril 2012

http://www.eteignezvotreordinateur.com/pourquoi-il-faut-arreter-les-statuts-politiques-sur-facebook/

98 Clark Amanda, « Les médias sociaux. 4. Utilisations politiques et conséquences pour la démocratie représentative », Bibliothèque du parlement, étude générale, le 22 mars 2010

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Les réseaux sociaux sont effectivement en 2012 un outil au service de la promotion électorale et du média politique cependant la thèse de l'e-agora préconisée par Clark me semble avoir été idéalisée.

Il est certes possible d'envisager un lien entre internet, la démocratie et les institutions ainsi que la mise en place dans les prochaines années d'une e-agora, sorte de plateforme virtuelle spécialement dédiée à la démocratie, qui serait gérée par les institutions afin d'être en relation avec la population.

Deux ans après ce constat, très peu de concepts se rapportant à la création d'une e-démocratie gérée par les institutions ont vu le jour en France. L'excitation technologique qui a suivi l'apparition du web participatif ne s'est pas retranscrite au sein des institutions, la clicocratie annoncée par Eudes (2009) n'a toujours pas vu le jour.

Il est donc difficile d'imaginer ce que représenteront les réseaux sociaux dans le futur, seront-ils encore plus présents dans nos sociétés, dans nos institutions ou laisseront-ils place à un nouveau système de communication plus élaboré qui reléguera les réseaux sociaux au rang d'antiquité ?

D'un point de vue personnel, le travail et l'analyse que j'ai portés tout au long de mon mémoire représentent une expérience de recherche importante et inoubliable pour mon futur universitaire et professionnel.

J'ai essayé, avec toute la modestie qui m'entoure et cela malgré un sujet vaste et en constante mutation, d'ouvrir des pistes de réflexion qui, je l'espère, seront étudiés dans les prochaines années.

Malgré tout le travail accompli au cours de ces six derniers mois, les réseaux sociaux demeurent toujours un mystère et exercent une puissante fascination à mon égard.

Leur immensité et les milliards intéractions qui s'y produisent représentent un champ de recherche quasi-illimité.

Je souhaite, dans le futur, passer de la théorie à la pratique en m'investissant professionnellement dans la communication réticulaire marketing ou médiatique pour mettre en pratique mes nouvelles connaissances acquises au cours de ce mémoire.

Initialement, je souhaitais enquêter sur l'utilisation des réseaux sociaux à des fins électoraux en insistant sur les nouvelles stratégies de communication misent en placent pour y parvenir. J'ai finalement remarqué que le sujet traité était plus profond qu'il n'en avait l'air. Il est surprenant de constater à tel point les réseaux sociaux s'étaient imposés dans notre société

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sans faire de bruit. Cela a eu pour effet d'étendre mon champ de recherche à la sphère médiatique.

D'un point de vue purement méthodologique, j'ai essayé de construire un mémoire respectant les auteurs cités, qui puisse être compris par tous avec l'ambition de le rendre à la fois technique et pédagogique.

Je remercie chaleureusement mon directeur de mémoire Christian Laval pour son savoir et sa gentillesse tout au long de ce travail. J'espère avoir été le plus complet possible envers le jury et les lecteurs et ainsi, avoir contribué, humblement, à la recherche en sociologie.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera