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L'émergence de l'économie chinoise et son impact sur l'économie mondiale

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par Bilel Ben Nahia
FSEG de Nabeul (Tunisie) - maitrise en science économie 2006
  

Disponible en mode multipage

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Sommaire

Sommaire 1

Introduction générale 4

Partie I : L'économie chinoise : la montée en puissance 6

Introduction : 7

CHAPITRE1 : CARACTÉRISTIQUES GÉOPOLITIQUES DE LA CHINE ET LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES 7

I. Caractéristiques géopolitiques de la chine 7

1) Présentation : 7

2) Population et société 8

a) Démographie : 8

b) La croissance démographique 8

3) Institutions et vie politique : 9

4) Gouvernement local : 10

II. Les réformes économiques : 10

1) Les « vagues » de réforme en Chine : 10

a) De la fin de 1978 à Octobre 1984 : réforme du système de gestion micro-économique 11

i. Système de responsabilité des ménages (ou paysan) : réforme agricole 11

ii. Réforme des entreprises 12

b) D'octobre 1984 jusqu'à la fin de 1991 : réforme du mécanisme d'allocation planifiée des ressources 12

c) De 1992 à 1997 : Réforme de l'environnement macro-économique 13

d) Les réformes de 1998-2000 : les réformes d'avant l'entrée à l'OMC 13

2) Les résultats des réformes 14

CHAPITRE 2 : L'ADHÉSION À L'OMC ET LES CONSÉQUENCES SUR L'ÉCONOMIE CHINOISE 17

I. L'adhésion à l'OMC : 17

1) L'OMC ? 17

2) Pourquoi la Chine veut-elle adhérer à l'OMC ? 17

3) Chine-chroniqe : le parcourt à l'OMC 18

4) Les réformes d'après adhésion: 21

a) Libéralisation des capitaux d'Etat: 21

b) L'ouverture de secteur tertiaire: 21

c) La réforme de la structure financière: 21

II. Les conséquences de cette adhésion sur l'économie chinoise: 22

1) PIB: 22

2) L'IDE: 23

a) Définition de l'IDE: 23

b) Quelles sont les motivations des IDE: 23

i. La modération des coûts salariaux 23

ii. Les contraintes de localisation 23

iii. Le suivi des clients 23

iv. L'élargissement des marchés 24

c) Les IDE en Chine: 24

3) La balance commerciale de la Chine: 25

CHAPITRE 3:LA MONTÉE EN PUISSANCE DE LA CHINE: LES EFFETS SUR L'ÉCONOMIE MONDIALE 27

I. Compétitivité-prix: 27

II. La Chine et la hausse des prix de matière première et d'énergie? 29

1) La Chine gourmande de matières premières: 29

a) La forte consommation: 29

b) La hausse des cours des matières premières industriels: 30

2) La chine: un nouveau gouffre énergétique 31

a) La forte consommation: 31

b) La hausse des cours de l'énergie: cas du pétrole brut 32

III. La Chine exporte-t-elle de déflation? 33

IV. Réévaluer le yuan, une solution? 34

Conclusion : 35

Partie II : La place de secteur textile habillement chinois dans l'économie mondiale après la levée des quotas et la "menace chinoise" pour le secteur textile tunisien 36

Introduction : 37

CHAPITRE 4 : LE SECTEUR TEXTILE-HABILLEMENT DE LA CHINE ET LE DÉMANTÈLEMENT COMPLET DE L'ATV 37

I. Importance du textile et des vêtements en Chine: 38

II. Avantage comparatif de la Chine dans ce secteur: indicateur de BALASSA 1965 40

1) La méthode: 40

2) Propriétés: 41

3) Une illustration: 41

4) Les causes de cet avantage: 42

III. L'arrangement multifibre: 43

1) La voie vers un accord sur les textiles et de l'habillement : bref historique 43

2) Le démantèlement de l'Arrangement multifibres: 45

3) La Chine et l'ATV: 45

IV. L'impact de démantèlement de l'ATV: 46

1) Prédictions concernant les effets de la suppression des contingents: 46

2) L'impact de la levée des contingents sur les Etats-Unis et l'UE : 47

a) Les Etats-Unis : 47

b) L'UE : 50

3) le recours aux clauses de sauvegarde : 52

a) Définition : 52

b) Les clauses de sauvegarde vis-à-vis de la Chine : 52

i. Les Etats-Unis : 52

ii. L'UE : 53

CHAPITRE 5 : FIN DES ACCORDS TEXTILE : CONSEQUENCE SUR LA TUNSIE ET LES SCENARIOS POUR SAUVER LE SECTEUR 55

I. Emergence du secteur : 55

1) Historique : 55

2) Caractéristiques du secteur textile-habillement tunisien : 56

3) La Tunisie et les accords internationaux régissant le secteur : 57

II. Un secteur clé de l'économie tunisienne : 58

1) Les échanges commerciaux du secteur : 58

2) Au niveau de l'emploi et de la formation : 58

3) Atouts et avantages comparatifs : 59

III. Les scénarios testés pour sauver le textile tunisien : 60

1) Modèle GTAP : 60

2) Les scénarios : 60

a) Scénario 1 : démantèlement des quotas 60

b) Scénario 2 : démantèlement des quotas et accord de libre-échange avec la Turquie 61

c) Scénario 3 : démantèlement des quotas et accord de libre-échange avec les Etats-Unis 61

d) Scénario 4 : démantèlement des quotas et zone pan-euro-méditerranéenne de libre-échange 61

3) L'impact du démantèlement des quotas sur l'économie chinoise et l'économie tunisienne : 62

a) L'impact sur le bien-être : 62

b) L'impact sur le PIB : 63

c) L'impact sur le commerce : 64

i. Les exportations de textile et vêtements : 64

ii. Les termes de l'échange : 65

IV. Les chiffres préliminaires de secteur textile-habillement tunisien après le démantèlement des quotas : 67

1) Sur les exportations : 67

a) En valeur : 67

b) En volume : 69

2) Sur les IDE : 69

3) Sur les entreprises exportatrices par catégorie de produit: 70

Conclusion 71

Conclusion générale 72

Bibliographie 74

Introduction générale

N

apoléon Bonaparte a dit un jour " Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera ", une vision que nous la voyons réalisé aujourd'hui, après à peu prés trois siècles. En effet, la Chine est considérée, aujourd'hui, comme une puissance économique redoutable. L'un des aspects le plus remarquable des changements de l'économie chinoise est son ouverture internationale. En fait, conformément au modèle d'économie planifiée, la Chine fonctionnait pratiquement en autarcie jusqu'en 1979. Depuis, elle connaît une large vague de réforme sous la direction de Deng Xioping et son fameux mot d'ordre " Enrichissez-vous ! ". L'enrichissement personnel (individualisme) et la consommation (soutenue par des politiques néo-Keynésiennes dès 1997) sont devenus de nouveaux moteurs économiques. Ainsi, l'économie chinoise a passé d'une économie planifiée de type soviétique à un « socialisme de marché » aux caractéristiques chinoises, conservant la structure rigide de contrôle par le Parti Communiste Chinois.

Le démarrage économique chinois, d'après les experts, date véritablement de 1992, il s'est concrétisé juste après l'adhésion à l'Organisation Mondiale de Commerce en 2001, après 15 ans longues années de négociations. En effet, c'est en 2003, que le monde a vraiment découvert la nouvelle réalité du pays le plus peuplé du monde (20 % de population mondiale). Durant cette année, la Chine est réellement apparue comme une des locomotives de la croissance mondiale, elle est devenu le premier récipiendaire d'investissements étrangers. En 2005, elle s'est placée au 6éme rang au niveau de PIB et elle a enregistré le meilleur taux de croissance dans le monde. Ainsi, certains observateurs ont qualifié la Chine « d'usine de monde », un terme qui n'apparaît pas usurpé tant il est vrai qu'aujourd'hui il n'est plus une peluche, un réveil électronique ou un climatiseur qui ne soit fabriqué en Chine. Le secteur textile est à cet égard un exemple spectaculaire puisque, aujourd'hui, la Chine, « plus grand atelier du monde », fabrique près de 30 % des vêtements vendus à travers le monde.

Devant cette montée en puissance de dragon asiatique, il est devenu un bouc émissaire puisqu'il est à blâmer pour les problèmes économiques mondiales, ce débat a été déclenché juste après l'apparition de « le facteur chinois » rapport de Stephen Roach. D'où l'objet de ce travail ; est ce que la Chine est un nouveau ennemi mondiale ?

En effet, dans la première partie on va analyser les causes de cette montée en puissance, c'est l'objet de premier chapitre et de deuxième chapitre, dont on va étudier la conséquence de l'adhésion à l'OMC sur l'économie chinoise, et enfin on va voir tout au long de troisième chapitre les effets de cette montée sur l'économie mondiale (la flambée du cours de pétrole, des matières premières, etc.). En ce qui concerne la deuxième partie on va prendre l'exemple de secteur textile-habillement pour montrer « la menace chinoise » pour notre pays ; durant le quatrième chapitre on va étudier le secteur textile chinois, ces caractéristiques et avantages comparatifs, puis on va définir l'accord multifibres et sa relation avec la Chine et enfin on va analyser l'impact de son démantèlement sur les produits textiles chinois au niveau des marchés européen et étasunien et le recours de ces derniers aux clauses de sauvegarde. Enfin, dans le dernier chapitre on va voir la conséquence de fin des accords textiles sur le secteur tunisien et sa compétitivité face au secteur chinois tout en donnant le meilleur scénario pour le sauver.

Donc on va essayer de répondre, tout au long de ce travail, à la question suivante : est ce que la Chine constitue une menace pour l'économie mondiale et spécialement l'économie tunisienne ?

Partie I : L'économie chinoise : la montée en puissance

Introduction :

Depuis quelques années on parle de la Chine comme une future puissance mondiale et surtout après son adhésion à l'OMC en 2001. Certains, désireux de faire sensation, n'hésitent pas à faire des projections en ligne droite à partir des taux de croissance actuels de l'économie chinoise, et à affirmer qu'à ce rythme, la Chine sera d'ici 2020 la deuxième puissance industrielle et commerciale du monde, tout juste derrière les Etats-Unis, devant le Japon et les Etats les plus riches d'Europe. Dans cette première partie on va étudier tout d'abord dans le premier chapitre les caractéristiques géopolitiques de la Chine et les réformes d'avant l'adhésion (de 1978 à 2000) puis dans le deuxième chapitre, l'adhésion et son effet bénéfique sur l'économie chinoise et enfin l'influence de la Chine sur l'économie mondiale qui fera l'objet de troisième chapitre.

Chapitre1 : Caractéristiques géopolitiques de la chine et les réformes économiques

Pour étudier l'économie de la Chine il est intéressant de voir les caractéristiques géopolitiques de cet "Empire de Milieu" et l'histoire des réformes économiques qui ont contribué à éveiller ce dragon d'Asie.

I. Caractéristiques géopolitiques de la chine

1) Présentation :

Chine, en chinois Zhongguo, pays d'Asie orientale. Sa capitale est Pékin (Beijing), et sa plus grande ville, Shanghai.

La Chine est délimitée par 15 000 Km de frontières terrestres partagées avec 14 pays, et une façade maritime de 14 500 km. Elle est bordée, au nord, par la Russie et la Mongolie ; au nord-est, par la Russie et la Corée du Nord ; à l'est, par la mer Jaune et la mer de Chine orientale ; au sud, par la mer de Chine méridionale, le Viêt Nam, le Laos, la Birmanie, l'Inde, le Bhoutan et le Népal ; à l'ouest, par le Pakistan, l'Afghanistan et le Tadjikistan ; au nord-ouest, par le Kirghizistan et le Kazakhstan. La Chine possède 2 900 îles, dont Hainan (33 991 Km²), la plus importante, située en mer de Chine méridionale. Au sud-est de la Chine, séparée du continent par le détroit de Taïwan, se trouve Taïwan, revendiquée par la Chine comme 23e province du pays.

2) Population et société

a) Démographie :

Depuis la proclamation de la République populaire, le pays a connu trois recensements de population : il y avait ainsi 582,6 millions d'habitants en 1953, 1 milliard en 1982 et 1,14 milliards d'habitants en 1990.

En 2005, le pays, avec une population estimée à 1,31 milliards d'habitants (environ 21 p. 100 de la population mondiale), est le plus peuplé de la planète. Depuis le début des années 1970, les autorités chinoises ont lancé une politique de contrôle des naissances, avec pour objectif une stabilisation de la population à 1,2 milliard d'habitants en l'an 2000. Depuis le recensement de 1982, le taux de croissance de la population a ainsi connu une diminution spectaculaire.

b) La croissance démographique1(*)

La Chine a connu, dans la seconde moitié du XXe siècle, une transition démographique accélérée. La première phase, amorcée au début des années 1950, s'est traduite par une explosion démographique. Entre les recensements de 1953 et de 1990, la population a doublé (+ 615 millions habitants), malgré la crise démographique dite des « années noires » (1959-1961), ayant provoqué un déficit de naissances évaluées à 60 millions d'individus. L'indice synthétique de fécondité était alors entre 5 et 6 enfants par femme (5,8 en 1970).

L'entrée dans la deuxième phase de la transition démographique, marquée en Chine par une baisse rapide de la fécondité, s'est amorcée vers la fin des années 1970. L'indice de fécondité est tombé à 3,26 entre 1975 et 1980 puis à 2,4 entre 1985 et 1990. Il s'élevait, en 2005, à 1,72 enfant par femme.

Le taux d'accroissement naturel, de l'ordre de 2 à 3 % par an durant la première phase de la transition démographique (2,6 % en 1969), est retombé à 1,1 % par an entre 1990 et 1995. Il est estimé à 1,02 % pour la période 1995-2000 et à 0,7 % pour la période 2002-2020. Le taux de natalité est passé de 45 %o en 1953 à 21 %o en 1990, pour atteindre 13,10 %o en 2005. Dans le même temps, le taux de mortalité serait tombé de 22,5 %o à 6,90 %o. Cette faible mortalité s'explique par la jeunesse actuelle de la population. En 2005, 25,8 % de la population chinoise avaient moins de 15 ans, 67,6 % entre 15 et 65 ans et 7,6 % (2005), seulement, plus de 65 ans. La population est masculine à 51,50 %.

Grâce aux progrès de la médecine et au développement des soins (0,94 médecin pour 1 000 Chinois contre 0,71 en 1975), notamment en milieu rural (« médecins aux pieds nus »), l'espérance de vie à la naissance, de l'ordre de 35-40 ans au début des années 1950, a fortement augmenté et atteint désormais 72,3 ans (2005). Ce phénomène, conjugué au régime de basse natalité, devrait entraîner un vieillissement progressif de la population, sans doute l'un des grands problèmes auxquels sera confrontée la Chine du XXIe siècle. Les inégalités sont toutefois très fortes selon les provinces (jusqu'à 12 ans d'écart).

Il est à noter que la Chine connaît un phénomène important qui a trait à la démographie régional, plus particulièrement à la migration de la population chinoise des zones rurales vers les milieux urbains. De tels mouvements ont des effets à l'échelle locale et nationale. Les nouveaux arrivants sur le marché de travail provenant de la compagne vont contribuer à garder les salaires bas, prolongeant par le fait même l'avantage de la Chine au plan des coûts pour plusieurs années à venir. De nombreux emplois seront nécessaires, forçant le gouvernement à créer des emplois ou à inciter les employeurs étrangers à venir s'installer au pays (acquittant ainsi leur part de l'investissement à consentir).

3) Institutions et vie politique :

Le régime chinois est une démocratie populaire à parti unique et d'inspiration marxiste-léniniste. L'avènement de la République populaire en 1949 a introduit un changement profond dans les institutions. Depuis, le pays a élaboré quatre Constitutions. La première (1954), calquée sur la Constitution de l'URSS de 1936, fut la plus stalinienne et la plus totalitaire. Deux autres lui succédèrent en 1975 et 1978. En 1982, une nouvelle Constitution fut acceptée, plus conforme aux nouvelles orientations du régime, et comportant 138 articles répartis en 4 chapitres. Néanmoins, son préambule indique que le régime politique de la Chine reste une dictature du prolétariat conduite par le Parti communiste et reposant sur un front uni pouvant inclure des partis démocratiques.

4) Gouvernement local :

En Chine, le système politique repose, à la base, sur les structures locales présentes dans l'ensemble des circonscriptions à l'échelon des provinces, des régions autonomes, des municipalités, des districts et des cantons. Leurs membres sont élus par la population.

Les assemblées populaires locales sont les ramifications de l'ANP. Au-dessus de l'échelon du district, elles peuvent instituer des comités permanents. Aux échelons les plus hauts (provinces, régions autonomes, municipalités), elles ont le droit de statuer sur des affaires importantes et de procéder à des règlements.

Les gouvernements populaires locaux sont placés sous la tutelle du Conseil des affaires d'État. Ils ont pour tâche de contrôler le travail administratif de leur territoire. Chacun doit rendre compte de ses résultats à l'assemblée populaire de même échelon, et à l'organe administratif de l'État qui lui est immédiatement supérieur.

II. Les réformes économiques :

1) Les « vagues » de réforme en Chine :

La réforme économique chinoise avait connu dans ses ensemble 4 périodes2(*) :

a) De la fin de 1978 à Octobre 1984 : réforme du système de gestion micro-économique

Le point clé de la première période a été la réforme du système de gestion micro-économique. Le système économique tripartite a été formé de manière endogène pour faciliter la mise en oeuvre de la stratégie de développement du bond en avant. Cependant, dans la vie économique quotidienne, le problème le plus manifeste était le manque d'initiatives des agents micro-économiques. La réforme a donc débuté par l'amélioration du système de gestion micro-économique. Le principal objectif était d'améliorer le mécanisme d'incitation des paysans, des dirigeants d'entreprises et des employés pour accroître l'efficacité économique. Des mesures effectives ont été prises. Dans les régions rurales, le système de propriété collective a été remplacé par celui de responsabilité des ménages. En villes, le principal objectif de la réforme a été d'accroître l'autonomie des entreprises. Dans ce but, un certain nombre d'expérimentations pour améliorer le système de gestion ont été menées. Certaines d'entre elles, après la démonstration initiale de leur réussite, ont été étendues à l'ensemble du pays.

En zone rurale, l'attention fut portée sur la promotion du système de responsabilité des ménages et en zone urbaine sur une série de réformes spécifiques et multiples du système de gestion des entreprises d'Etat.

i. Système de responsabilité des ménages (ou paysan) : réforme agricole

Le système de responsabilité des ménages correspond à une réforme de système de gestion micro-économique en zone rurale dans un contexte d'économie fortement autarcique. Sous ce système, les terres étaient distribuées à un ménage selon le nombre de ses membres ou celui de ses travailleurs. D'après le contrat, le ménage devait payer les taxes à l'Etat, s'acquitter de son quota d'approvisionnement est transférer à l'équipe une certaine somme à titre de fonds d'investissement, sociaux, etc. le ménage disposait du surplus. Désormais, si le paysan n'est pas, à proprement parler, propriétaire de la terre, il en a toutefois la jouissance durant quinze ans. En effet, ce système, qui peut être considéré comme un système de bail, permet au paysan d'être rémunéré pour sa production. Les paysans sont libres de choisir leurs cultures et les quantités ne sont plus soumises à quota. Un petit marché libre se développe. A partir de 1982, ce système est généralisé dans les villages. La libéralisation de la plupart des produits agricoles est autorisée, signifiant la fin de l'achat planifié par l'Etat.

ii. Réforme des entreprises

Pendant cette période (1979-1984) on a assisté à l'octroi d'une certaine autonomie aux entreprises en échange de l'augmentation de leur efficacité. La constitution d'entreprises privées est légalisée pour l'industrie légère et les services. La création de sociétés mixtes avec des capitaux étrangers est désormais possible. Deng Xiaoping lance la réforme dite de la "porte ouverte", qui ouvre la Chine vers l'extérieur. Les investissements étrangers sont désormais souhaités et leur accueil est concentré vers un ensemble de zones ouvertes au commerce extérieur. Cinq zones économiques spéciales (ZES) sont destinées aux entreprises étrangères à partir de 1979 (dont les villes de Canton et Shanghaï ainsi que la zone de Shenzhen, près de Hongkong), ainsi que des zones franches. Ces ZES constituent des laboratoires expérimentaux pour la Chine, lui permettant de s'ouvrir progressivement aux techniques du commerce extérieur.

b) D'octobre 1984 jusqu'à la fin de 1991 : réforme du mécanisme d'allocation planifiée des ressources

Le point clé de la deuxième période était de réformer le mécanisme d'allocation des ressources. La réforme du système de gestion micro-économique avait accordé d'une part aux entreprises une autonomie partielle de gestion, qui eut pour conséquence de créer une offre et une demande de ressources de biens et services en dehors du plan. D'autre part, les contraintes pesant sur le système d'allocation centralisé et planifié sont devenues de plus en plus apparentes. Pour résoudre ce conflit et augmenter la rentabilité des entreprises d'Etat, la réforme fut menée encore plus avant. Cette phase vit la réforme du mécanisme d'allocation des ressources, incluant celle des consommations intermédiaires, des devises, des financements, obtenir des résultats positifs. Après la réforme du système de gestion micro-économique, les entreprises d'Etat pouvaient disposer d'une part de leurs profits et de leur production :

Ø Pour utiliser ces profits à l'accroissement de la production, les entreprises avaient besoin d'un canal d'approvisionnement de facteurs de production en dehors du plan.

Ø Pour accroître les revenus issus de l'augmentation de la production, les entreprises avaient besoin d'un canal de vente en dehors du plan.

Tous ces changements ont ébranlé le mécanisme d'allocation planifiée et centralisée des ressources. Une série de réformes des systèmes administratifs concernant la gestion des produits semi-finis, du commerce extérieur et du système de financement furent introduites pour créer des conditions favorables à la réforme des entreprises. Parmi elles, la réforme du système administratif de gestion des produits semi-finis était la plus complète, tandis que la réforme des institutions financières progressait très lentement.

c) De 1992 à 1997 : Réforme de l'environnement macro-économique

Le relâchement du système de gestion micro-économique et du mécanisme d'allocation des ressources a amélioré d'une part l'environnement externe dans lequel les entreprises pouvaient rechercher les profits, et d'autre part a généré des troubles économiques causés principalement par une concurrence issue de la double voie des prix des facteurs et des comportements de recherche de rente. Pour résoudre ces problèmes, il était logique que la réforme s'étende à l'environnement macro-économique inchangé jusqu'alors. La réforme (au sens large) de l'environnement macro-économique concernait les prix des facteurs (matières premières, bien matériels et combustibles), des produits (produits finals et services), le taux d'intérêt (prix du capital), le taux de change (prix des devises étrangères) et les salaires (prix de travail). La plus importante de ces réformes était celle des prix des facteurs de production et des produits, du taux d'intérêt et du taux de change.

d) Les réformes de 1998-20003(*) : les réformes d'avant l'entrée à l'OMC

Le porteur de ces réformes n'est que le premier ministre de la Chine Zhu Rongji qui a accédé au pouvoir au printemps 1998 et qui avait pour ultime objectif l'intégration de son pays au sein de l'organisation mondial de commerce (OMC). D'où l'importance qui ont précédé l'entrée à l'OMC.

Zhu a introduit un programme audacieux, comprenant la réforme des entreprises d'Etat, la privatisation des logements publics, la légitimation et l'élargissement de secteur privé, la réforme des relations avec des investisseurs étrangers, la réduction de moitié de la bureaucratie, la fermeture des entreprises de l'armée, l'accélération de la lutte contre la corruption et la création d'un régime d'assurances chômage et de retraite viable. La réforme des entreprises de l'Etat est le pivot de ces politiques dont la caractéristique est d'être fortement interdépendants. En effet, l'Etat Chinois a aidé celles-ci à échapper à leur fonction de prévoyance sociale, à observer les principes du marché, à accroître leurs compétitivité et en modernisant leurs système de gestion.

Après l'adhésion à l'OMC, la Chine a continué cette vague de réformes afin de moderniser son économie et de métamorphiser avec les règles de l'OMC4(*).

2) Les résultats des réformes5(*) 

L'économie chinoise a connu beaucoup de progrès pendant ces 22 ans de réforme (1978-2000). On relèvera quelques chiffres significatifs :

 

Fig. 1: Développement du PIB (en milliard de yuans)

En 1999, le produit intérieur brut (PIB) a atteint 7955,28 milliards de yuans, soit 21,9 fois plus qu'en 1978.Ces politiques se sont avérées favorables à l'économie comme en témoigne la croissance annuelle moyenne du PIB réel qui s'est élevée à 9 % entre 1980 et 1991 alors qu'elle se chiffrait à 5,8 % entre 1953 et 1978. Ces changements structurels ont également contribué à améliorer le niveau de vie des Chinois. Entre 1980 et 1991, la croissance annuelle moyenne du PIB réel par PIB réel par habitant s'est accrue à 8,8 %.

Dès la mise en oeuvre des premières politiques de modernisation économique en 1978, l'investissement, ainsi que les exportations, sont devenus les principaux facteurs de la croissance économique. Par ailleurs, bien qu'elle ait enregistré une croissance annuelle moyenne de 8,5 % entre 1980 et 2001, la consommation privée occupe une place modeste dans l'économie chinoise. Sa part dans le PIB réel a reculé de 9 % entre 1980 et 2001 et ne compte plus que pour 45 % de la production. En comparaison, la consommation représente plus de 55 % du PIB réel dans les économies développées et jusqu'à 68 % aux États-Unis.

Part du PIB

La croissance des investissements pendant la période 1990-1997 a été de 14,2 % par an et celle de la consommation privée pendant la même période 10,1 % par an.

 

Croissance annuelle entre 1980 et 2001

Part de PIB

1980

2001

PIB

9,5

100

100

Consommation privée

8,5

54

45

Consommation publique

9,6

12

12

Investissement

10,7

30

38

Exportation

14

14

32

Importation

12

17

27

Part du PIB

Part du PIB

Source : Global insight

Tableau 1 : PIB réel et composantes de 1980 et 2001

(En pourcentage)

La part de la production industrielle qui n'est pas assurée par les entreprises d'Etat est passée, entre1978-1999, de 22 à 72 %. La part non étatique dans la main urbaine atteint 89 % en 2000. La part du budget de l'Etat dans le PIB est passée, entre 1978 et 1995, de 33 à 11 %. Les échanges extérieurs chinois représentaient 1,3 % du commerce mondial en 1980 ; ils ont dépassé 5,2 % en 2000, avec un montant d'exportation de 300 milliards d'euro, soit 26 % du PIB. L'IDE, compris entre 1 et 4 milliards de 1980 à 1991, a échangé d'échelle : depuis 1993, la Chine est la première destination d'investissement parmi les économies en émergence, avec plus de 40 milliards de dollars par an.

Enfin, ces chiffres montrent que la Chine a beaucoup progressé pendant les années de réforme passant d'une économie planifiée à une économie de marché qualifié par le Parti Communiste Chinois comme une « économie socialiste de marché ». Cette ouverture à l'économie mondiale a facilité l'intégration de la Chine à l'OMC. Alors quel est l'intérêt, pour la Chine, de cette intégration ?

En conclusion, il est important de noter que la Chine a bien profité de son avantage comparatif, qui constitue dans l'intensité de sa main d'oeuvre, en parallèle avec les réformes économiques. En effet, l'ex-président de la banque mondiale, M.Wolfensohn, a dit que la Chine, avec une population de 1,3 milliard de personne, avait apporté la plus grande contribution à l'élimination de la pauvreté dans les vingt dernières années (de réforme économique).

Chapitre 2 : L'adhésion à l'OMC et les conséquences sur l'économie Chinoise

Après des longues et difficiles négociation la Chine a réussit l'adhésion l'OMC qui s'est tenu à Doha, capitale qataroise. Pour la Chine, l'adhésion à l'OMC marquera la fin de la stratégie d'ouverture sélective suivie depuis 20 ans. Nous allons procéder par un bref présentation de l'OMC ensuite une chronique sur la Chine et l'OMC puis les réformes d'après l'entrée et enfin les effets bénéfiques de cette adhésion.

I. L'adhésion à l'OMC :

1) L'OMC ?

Héritière du GATT (General Agreement on tarif and trade-Accord général sur les tarifs douanier et le commerce), l'OMC (l'organisation mondiale de commerce) lui a succéder en 1995 (accords de Marrakech de décembre 1994) afin, principalement de mieux accompagner le mouvement de libéralisation du marché mondial de procédures de contrôle. En effet, l'OMC est la seule organisation internationale qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Ainsi l'OMC favorise autant que possible la bonne marche, la prévisibilité et la liberté des échanges.

Au cours de ces 50 dernières années, le commerce mondial a connu une croissance exceptionnelle. Les exportations de marchandises ont augmenté de 6 % par an en moyenne. Le total des échanges en 2000 était 22 fois supérieur au niveau atteint en 1950 ; le GATT et l'OMC ont donc contribué à créer un système commercial solide et prospère, favorisant une croissance sans précèdent.

2) Pourquoi la Chine veut-elle adhérer à l'OMC ?

D'après les autorités chinoises il y a neufs avantages6(*) de l'entrée à l'OMC :

· Contenir les tendances protectionnistes étrangères

· Étendre les marchés d'exportation

· Obtenir un accès non-discriminatoire aux marchés

· Être assuré du renouvellement inconditionnel de la clause de la nation la plus favorisée

· Être traité comme un pays en développement lors des négociations internationales

· Améliorer les capacités chinoises lors de futures rondes de négociations

· Encourager les entreprises chinoises à être plus compétitives au niveau international

· Améliorer la transparence de l'économie du pays

· Améliorer la confiance en l'économie du pays auprès des investisseurs et des partenaires commerciaux effectuant des transferts de technologie

· Protéger la position de négociation de la Chine lors de des préparatifs devant déboucher sur des ententes multilatérales portant sur de nouveaux aspects de l'activité économique internationale

Ce plan de la politique commerciale chinoise cherche à tirer le plus possible profit de l'avantage comparatif7(*) chinois qui réside dans son gigantesque bassin de main-d'oeuvre plus ou moins spécialisée (comme par exemple dans le secteur textile-habillement8(*) qui représente 20 % de ses exportations en 1999) pour accélérer le développement de l'économie.

3) Chine-chroniqe9(*) : le parcourt à l'OMC

1947
La Chine avait signé l'acte final de l'Assemblée générale des Nations-Unies sur le commerce et l'emploi, destiné à créer le GATT.
Le 21 avril 1948

La Chine signa le protocole temporairement praticable du GATT.
Le 25 octobre 1971
L'Assemblée générale de l'ONU a adopté la résolution relative au rétablissement des droits légitimes à la République populaire de Chine.
Novembre 1982

Deux mois après sa demande, la Chine a acquis les statuts d'observateur au sein du GATT
Le 11 juillet 1986
La Chine a présenté au directeur général une note officielle demandant à la restitution de son siège de membre fondateur.
Février 1988
Tenue de la première réunion du Groupe de travail chinois au sein du GATT
Le 15 avril 1994
A la clôture de l'Uruguay Round à Marrakech (Maroc), la Chine a signé, de concert avec les 122 autres membres contractants, l'Acte final sur les résultats des négociations multilatérales de l'Uruguay Round. La Chine a souhaité devenir pays fondateurs de l'OMC.
17-21 décembre 1994
Au cours de la réunion du groupe de travail chinois, un consensus n'a été trouvé sur le dossier chinois de pays fondateur à l'issue des discussions entamées entre la Chine et les autres parties signataires.
Le 1er janvier 1995
L'OMC a vu le jour officiellement à Genève avec 134 membres. Elle a remplacé le GATT et se charge de mettre à l'exécution toute une série des accords de l'Uruguay Round et de gérer l'économie mondiale et les ordres commerciaux.
Le 1 juillet 1995
L'OMC a décidé d'admettre la Chine comme observateur
Le 5 mai 1997
Les membres en voie de développement au sein de l'OMC ont publié une déclaration soutenant unanimement l'adhésion de la Chine au plus rapide à cette organisation mondiale.
Le 23 mai 1997
La 4è réunion du Groupe chinois de l'OMC a abouti à un accord sur deux principaux articles relatifs au principe non-discrimination et l'examen juridique concernant le protocole sur l'adhésion chinoise.
Le 1 août 1997
Fin de la 5è réunion du Groupe chinois à Genève. Le négociateur en chef Long Yongtu annonça que le gouvernement chinois avait pris d'importantes mesures en ce qui concerne la nouvelle baisse des taxes douanières, l'élimination des barrières non douanières et la suppression des aides aux exportations des produits agricoles.
Le 8 avril 1998
La 7è réunion du Groupe chinois a pris fin à Genève. Le président du Groupe a publié une déclaration selon laquelle, le projet de la Chine sur la réduction des taxes douanières avait été accueilli par les membres du Groupe, cela montre des progrès significatifs des négociations sur la candidature chinoise.
Le 10 avril 1999
Le ministre chinois du Commerce extérieur et de la Coopération économique Shi Guangsheng et le représentant américain du commerce ont signé à Washington l '«Accord sino-américain sur la coopération agricole ». Il s'agit d'un prélude de l'adhésion chinoise à l'OMC.
Le 12 avril 2000
La Chine et la Malaisie ont abouti à un accord bilatéral.
Le 16 mai 2000
Un accord bilatéral a été parvenu entre la Chine et la Lettonie
Le 19 mai 2000
Un accord bilatéral a été réussi entre la Chine et l'Union européenne
Le 29 mai 2000
La Chine et la Suisse ont parvenu à signer un accord bilatéral.
Novembre 2000
Le représentant mexicain a déclaré que les négociations avec son pays touchaient à la fin.
Le 10 janvier 2001
Reprises des négociations sur l'adhésion chinoise
Le 14 juin 2001
Une entente totale a été réalisée sur des problèmes en suspens entre la Chine et les Etats-Unis
Le 20 juin 2001
L'entente totale a été également atteinte entre la Chine et l'UE.
Le 3 juillet 2001
M. Long Yongtu a souligné que sont résolus tous les problèmes d'importance majeure concernant l'entrée de la Chine à l'OMC
Le 3 juillet 2001
L'OMC a réussi son accord unanime sur l'adhésion chinoise en novembre de cette année.
Ainsi l'entrée de la Chine dans l'OMC a devenu une réalité le 11 décembre 2001

4) Les réformes d'après adhésion10(*):

Après l'adhésion à l'OMC et jusqu'à l'élaboration de ce travail la Chine a procédé à 3 types de réforme:

a) Libéralisation des capitaux d'Etat:

En libéralisant l'investissement, le gouvernement chinois n'entend pas privatiser l'Etat dans le sens d'une vente en gros comme ce fut le cas en Russie et dans plusieurs pays d'Europe de l'Est au tournant des années 1980-90. Ce que veut faire la Chine, c'est de briser le monopole d'Etat traditionnel dans plusieurs secteurs, facilitant ainsi l'accès au marché pour les investisseurs privés et étranger. En effet, l'entrée graduelle dans le marché, plutôt que la privatisation d'un seul coup offre souvent une meilleure solution à la compétition pour une économie en transition11(*).

b) L'ouverture de secteur tertiaire:

L'adhésion à l'OMC a créé d'énormes occasions commerciales dans les services, qui sont devenus, à leur tour, les nouveaux points chauds des investissements étrangers. En effet, après l'entrée de la Chine dans l'OMC, bien des restrictions imposées à l'entrée des entreprises nationales et étrangères dans le secteur tertiaire ont été levée et la concurrence émergera dans le secteur. La vitalité rétablie permettra de remédier à la situation de l'insuffisance de l'offre par rapport à la croissance de la demande.

c) La réforme de la structure financière:

Après l'adhésion, le secteur se trouvait face à face avec la concurrence étrangère d'où la nécessité de réforme. Ainsi la structure organisationnelle financière a été progressivement améliorée et a offert un fort appui au développement rapide et sain de l'économie. Les banques commerciales d'Etat se sont transformées progressivement en entreprises financières modernes qui se livrent principalement aux opérations monétaires. Les institutions financières comme ceux de titres et de l'assurance ont été normalisées. Une série d'institutions financières à capitaux étrangers ont été introduites. Actuellement la Chine possède une structure financière composée de diverses formes des banques commerciales, compagnies de valeurs et d'assurances.

II. Les conséquences de cette adhésion sur l'économie chinoise:

1) PIB:

Fig. 2:PIB et sa croissance pendant 2001-2005

Source: National Bureau of Statistics of China

Le PIB a connu une importante progression pendant les années qui ont suivi l'adhésion de la Chine à l'OMC de 109655 milliards yuan en 2001 à 182321 milliards yuan en 2005. En effet, la croissance de PIB a passé de 8,3 % en 2001 pour se stabiliser à environ 10 % pendant ces trois dernières années (Fig. 2). Ce niveau atteint en 2005 a permis à la Chine de se placer au 6iéme rang en dépassant l'Italie et d'après les estimations elle dépassera la France et la Grande-Bretagne à horizon 200712(*).

Fig. 3: La place de la Chine

dans le PIB mondiale pour 2003

En 2003, le PIB réel de la Chine était évalué à 6354 milliards de dollars américains, plaçant ainsi le pays au second rang mondial après les Etats-Unis et avant les économies japonaise et allemande (Fig. 3).

L'IDE:

a) Définition de l'IDE:

Un IDE (investissement direct étranger) est la détention d'un intérêt stable par une entreprise située dans le pays d'origine d'un montant équivalent de 10% ou plus d'une entreprise située dans pays étranger (le pays hôte). Bien que cette proportion de 10% soit généralement suffisante pour donner à l'entreprise du pays d'origine des moyens de contrôle importants de l'entreprise située dans le pays hôte, la plupart des IDE sont en général des contrôles à 100% ou presque de filiales. Les IDE regroupent trois types d'investissement:le capital en actions, les prêts intra entreprises et les profits réinvestis sur place.

b) Quelles sont les motivations des IDE:

i. La modération des coûts salariaux

Dans les pays développés, les entreprises sont soumises aux exigences en matière de prix des consommateurs et aux évolutions des coûts salariaux et sociaux. L'exportation à partir des pays développés vers les pays intermédiaires où le pouvoir d'achat est encore faible est impossible et l'implantation locale s'impose. Les industries les plus touchées ont été le textile et l'automobile, mais également les services qui ne sont pas en contact avec la clientèle. Dans les services, la délocalisation de certaines activités (gestion des plateformes téléphoniques, traitement de l'information, opérations liées à la gestion des contrats) a débuté.

ii. Les contraintes de localisation

Nombre d'activités sont soumises à des contraintes géographiques fortes (pétrole, produits coûteux ou difficiles à transporter).

iii. Le suivi des clients

Il s'agit là d'un vecteur important de la mondialisation, qui concerne particulièrement l'activité bancaire. Cette obligation de proximité vis-à-vis du client touche également les industries plus traditionnelles que sont l'automobile et le textile, puisqu'il s'agit d'amener les coûts à des niveaux compatibles avec les salaires locaux.

iv. L'élargissement des marchés

Le souci d'atteindre une taille minimale est fréquent pour les banques et les assurances. En particulier, le nécessaire péréquation géographique des risques incite au développement à l'échelle du monde. En outre, de nombreuses régions du monde voient l'émergence d'une classe moyenne dont l'épargne et les besoins d'assurance, de prévoyance retraite et santé sont considérables.

c) Les IDE en Chine:

La progression des IDE entrants en Chine a été spectaculaire. En effet, après l'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001, l'IDE a augmenté de 15,1% par rapport à l'an 2000 pour atteindre 46900 millions USD en 2001. Depuis, l'IDE est en expansion pour atteindre 60300 millions USD en 2005 c'est-à-dire une augmentation de 28,6% par rapport à 2001 (Fig. 4).

Fig. 4:L'IDE utilisé actuellement et son croissance

par rapport à l'année précédente

Source: National Bureau of Statistics of China

2) La balance commerciale de la Chine:

Fig. 5 : l'exportation et l'importation chinoise

pendant 2001-2005

Source: National Bureau of Statistics of China

L'exportation chinoise a augmenté de façon remarquable pendant la période 2001-2005 pour atteindre 762000 million USD à la fin de l'année 2005 soit une augmentation de 186,36% par rapport à l'année 2001, l'année de l'adhésion de la Chine à l'OMC. En matière d'exportation de biens, La Chine a dépassé le Japon en 2004 pour devenir 3ème exportateur de biens, derrière les Etats-Unis et l'Allemagne. D'un montant de 593 Milliards USD, ses exportations ont représenté 6,5% du total mondial. Dans les seuls biens manufacturés, sa part du marché mondial est supérieure à 12%. En matière d'exportation de services, La Chine continentale a exporté pour 62 Milliards USD en 2004, soit 2,9% du total mondial. Elle occupe ainsi le 9ème rang mondial, juste devant Hong Kong (54 Milliards USD). En combinant ces deux zones douanières, on obtiendrait un ensemble classé au 4ème rang mondial, devant la France et le Japon (une telle estimation est toutefois abusive puisqu'elle est par exemple gonflée par les flux croisés de tourisme ou de négoce, entre le continent et Hong Kong).

En ce qui concerne l'importation, il a augmenté au fur et à mesure avec l'augmentation de l'exportation mais tout en gardant une balance commerciale positive. Cette augmentation est due à l'accroissement de la demande de l'économie chinoise que se soit en matière première ou en énergie13(*). En matière d'importation de biens, après avoir enregistré une croissance des importations de 40% en 2003, la Chine est passée du 6ème au 3ème rang des importateurs de biens. Elle a conservé ce rang en 2004 grâce à une croissance de 36% des importations. D'un montant de 561 Milliards USD, celles-ci ont représenté 5,9% du total mondial. En matière d'importation de services, La Chine a importé pour 71,6 Milliards USD en 2004. Avec 3,4% des achats mondiaux, elle occupe ainsi le 8ème rang des importateurs (comme en 2003), tout juste derrière les Pays-Bas. En ajoutant Hong Kong, on dépasserait, sous les mêmes réserves que précédemment, la France au 5ème rang mondial.

Après 15 ans de négociations la Chine a accédé à l'OMC. Cette adhésion a été profitable pour l'Empire de Milieu en tant que pays le plus favorisé. Elle est devenue l'atelier de monde avec sa capacité d'attractivité de l'IDE et sa compétitivité en matière de bas prix de sa main d'oeuvre d'où la théorie de la "menace chinoise". Alors quel sera l'impact sur l'économie mondiale?

Chapitre 3:La montée en puissance de la Chine: les effets sur l'économie mondiale

Le 14 octobre 2002, un certain Stephen Roach14(*)a publié un rapport intitulé "le facteur chinois" et depuis, le débat est enflammé sur une possibilité de menace chinoise pour l'économie mondiale. En effet, la Chine est à blâmer pour les problèmes économiques de mondes tel que la hausse des prix de matières premières et d'énergie, la déflation, le chômage, délocalisation, déficit de balance commercial de certains pays avec la Chine. Tout d'abord étudions l'avantage comparatif de l'économie chinoise.

I. Compétitivité-prix15(*):

L'avantage comparatif de la Chine repose, d'une part sur l'abondance de la main d'oeuvre, et d'autre part, sur son faible coût. D'où une forte compétitivité-prix. D'abord, ce qui a causé cet avantage c'est la gigantesque migration interne. En effet, quelques 20 millions de travailleurs chinois supplémentaires passent de l'extrême pauvreté et des sous-emplois ruraux au travail dans les secteurs modernes et urbaines16(*). Ainsi on constate q'au point de vue des ressources humaines, la Chine est le pays le plus riche du monde. Aussi, la cause de faible coût est que l'avantage comparatif de la Chine a reposé au départ sur la capacité d'adoption d'une main d'oeuvre qui bénéficiait au minimum d'un niveau d'éducation primaire, donc peu qualifié, et qui a pu passer de l'agriculture à l'industrie avec des niveaux de salaires auxquels aucun des concurrents de la Chine ne pourrait faire face.

Par ailleurs cette compétitivité est due à une faible rémunération horaire. En plus de pouvoir compter sur des travailleurs nombreux et disponibles, et en l'absence d'avantages sociaux significatifs, les salaires restaient, en 2002, plus de 30 fois inférieurs à ceux des grands pays industrialisés (Fig. 6).

Fig. 6 : Rémunération horaire de la main d'oeuvre

manufacturière-2002 (dollars américains, PPA de 1997)

Source: Bureau of Labor Statistics, Global insight.

Il est à noter que l'avantage comparatif de la Chine dans les biens intensifs en main d'oeuvre peu qualifiée se situe essentiellement dans les secteurs de textile17(*)et de l'habillement, de cuir et des chaussures, des jouets, des bois, des appareils électriques et dans une moindre mesures, de la chimie, des métaux et des machines (Fig. 7).

Fig. 7 : La part de la Chine dans la production mondiale

Source: La Lettre Internationale MCC.

II. La Chine et la hausse des prix de matière première et d'énergie?

1) La Chine gourmande de matières premières:

a) La forte consommation:

Rappelons que la Chine, et depuis à peu près 30 ans, connaît une forte croissance, à peu près 10 %, d'où la demande croissante de son économie pour les matières premières. La Chine est devenue gourmande en matières premières industrielles depuis la fin des années 90. En effet, l'économie chinoise s'appuie, par exemple, massivement sur le charbon; ce pays est le premier producteur et premier consommateur de cette matière qui alimente près de 70 % des besoins énergétiques (Fig. 8).

Fig. 8 : Répartition de l'augmentation de la consommation

mondiale de charbon en 2003

Source: BP Statistical Review

De même la consommation des autres matières premières a augmenté d'une façon remarquable (tableau 2).

Tableau 2 : La Chine sur les marchés des matières premières en 2003

Source: COE

Les causes de cette augmentation résident dans la lecture de modèle de construction économique et industriel chinois. En effet, afin d'éviter toutes fracture dans la cohésion sociale, la Chine a été obligé à se tourner vers l'intérieur au début des années 90. Dés lors, l'accent a été porté sur la construction d'autoroutes, de vois ferrées, d'oléoducs, de gazoducs, de centrales électriques, thermiques et nucléaires, infrastructures fortement consommatrices de métaux non ferreux et de métaux de base.

b) La hausse des cours des matières premières industriels18(*):

En 2004, tous les prix des grandes matières premières ont augmenté de façon considérable, ce qui les a qualifié Philippe Chalmin19(*) de "choc de 2004". Depuis 2001-2002, presque tous les prix des métaux ont doublé, voir, pour le nickel, triplé. Celui de l'acier a été multiplié par 2,5, et les sidérurgistes ont dû accepter une hausse de 71,5 % de minerai de fer. En effet, avec une hausse de la production industrielle chinoise de 17 % en 2003 et 19,8 % en 2004, la demande de la Chine a représenté 60 % de la croissance de la demande globale de métaux non ferreux. Ce mouvement a conduit les cours des principaux métaux à des niveaux inobservés depuis prés de 10 ans. Ainsi les différents segments de matières premières industriels sont touchés de manière indifférenciée par "l'ogre" chinois (Fig. 9).

Fig. 9 : Production industrielle mondiale

production industrielle de la Chine

et prix des matières premières

Source: COE, HWWA20(*)

2) La chine: un nouveau gouffre énergétique

a) La forte consommation:

La consommation totale de la Chine en énergie est en hausse permanente pendant plusieurs années en parallèle avec la croissance de son économie ; elle est passée de 14319921(*)en 2001 à 222468 en 2005.

Fig. 10: La consommation totale de la Chine

en énergie de 2001 à 2005

Source: National Bureau of Statistics of China

Si on prend comme exemple de produit énergétique le pétrole brut, la Chine a contribué, en 2003, pour 41 % à l'augmentation de la consommation mondiale (Fig. 11).

Fig. 11 : Répartition de l'augmentation de la consommation

mondiale de pétrole brut en 2003

Source: BP Statistical Review

Deux causes majeures sont responsables de cette hausse, premièrement c'est que la Chine a massivement investi dans des industries intensives en énergie et deuxièmement c'est l'expansion de la classe moyenne chinoise qui a multiplié l'utilisation de véhicules automobiles dans le pays.

b) La hausse des cours de l'énergie: cas du pétrole brut

Avec environ 6 millions de barils par jour (Fig. 12), la Chine est aujourd'hui le deuxième consommateur de pétrole brut de monde, derrière les Etats-Unis.

Fig. 12

Cette hausse non précèdent de la consommation de pétrole par la Chine est dû au dynamisme de son économie ce qui a engendré une forte hausse des cours du brut (Fig. 13).

Fig. 13 : Pétrole : une flambée des prix depuis 2 ans

Source: Recherche économique FBN

III. La Chine exporte-t-elle de déflation?

Les débats sur la Chine, comme source possible de la déflation mondiale, se sont déclenchés avec la publication d'un rapport intitulé "le facteur chinois" de Stephen Roach, économiste en chef chez Morgan Stanley aux Etats-Unis, rendu public le 14 octobre 2002. Ce rapport a été retenu comme un bouc émissaire pour expliquer la déflation dans certains pays comme les Etats-Unis et le Japon.

Roach a tenu pour argument la baisse d'après quelques années de l'indice des prix à la consommation en Chine (Fig. 14).

Fig. 14: pourcentage de changement annuel dans

l'indice des prix à la consommation (1981-2004)

Source: National Bureau of Statistics of China

En effet, il a noté que l'indice des prix à la consommation en Chine avait baissé de 0,7 % (sur un an) en août 2002, et comme la Chine contribue pour 50 % dans la croissance des exportations de l'Asie vers les Etats-Unis entre 1996 et 2001, d'où son économie était sûrement un élément important de la déflation étasunienne.

Roach conclue que la Chine est devenue une force toujours croissante dans la régulation du niveau des prix du monde. D'une part, l'augmentation de la demande chinoise exerce des pressions à la hausse sur les prix des intrants mais, d'autre part, au fur et à mesure que les techniques de productions s'affinent, les prix des produits exportés baissent.

L'économiste Hu Angang ajoute que la croissance économique de la Chine, sa capacité de production accrue et l'augmentation de ses exportations a contribué pour moins de 4 % à la déflation mondiale.

IV. Réévaluer le yuan, une solution?

Avec les conséquences déflationnistes de l'économie chinoise sur l'économie mondiale, le déficit commercial avec certains pays (100 milliards de dollars avec les Etats-Unis en 2001), et la forte compétitivité de ces produits en matière de prix, la Chine subit des fortes pressions de la part, surtout, des Etats-Unis et de Japon pour réévaluer le yuan comme une solution à tout ces problèmes. En effet, elle pratique le taux de change stable yuan/dollar et applique un système de conversion obligatoire des devises étrangères. Dans ce système, les entreprises doivent vendre leur réserve de devises à la banque centrale et les entreprises d'importation ainsi que les résidants doivent acheter la monnaie dont ils ont besoin aux banques désignées. S'il y a surplus d'approvisionnement, la banque centrale doit acheter ce surplus de manière à maintenir la stabilité de taux de change yuan/dollar.

Les investisseurs étrangers pensent que le yuan est sous-évalué de 20 % à 30 %. En effet, il était avant 2005 entre 8,27 et 8,28 par rapport au dollar. Le 21 juillet 2005, les autorités chinoises ont réévalué le yuan de 2,1 %, le taux de change a passé de 8,28 yuans pour un dollar à 8,11, puis depuis la fin juillet, le yuan peut également fluctuer de 0,3 % autour d'un court pivot et son référencement ne se fait plus seulement par rapport au dollar mais à un panier de devises non révélé par le gouvernement chinois (mais probablement il est constitué de yen, euro et à peu près 90 % de dollar). Il s'agit, selon Jaques Gravereau22(*) de la copie d'un modèle monétaire déjà utilisé à Singapour, le crawling peg, qui permet d'ajuster les taux sur une longue période plutôt que par une forte réévaluation brusque.

Avec une forte croissance de l'économie chinoise pendant plusieurs années et encore plus dans les années qui suivent et dans une période de stagnation pour l'économie mondiale, la Chine a été utilisé comme un bouc émissaire pour les problèmes économiques de monde mais cela n'empêche quelle restera l'Eldorado pour les investisseurs à cause de ces avantages comparatifs pour encore longtemps.

Conclusion :

Certes que la Chine a beaucoup progressé depuis son ouverture à l'étranger avec son passage au socialisme de marché et après son adhésion à l'OMC en 2001. Mais il ne faut pas, sous aucun prétexte, négliger son influence surtout sur les pays en développement dont la Tunisie. En effet, la Chine est l'une du concurrent de la Tunisie dans le secteur textile et cette concurrence a accru après le démantèlement complet de l'accord multifibre le 1er janvier 2005. Alors la question qui se pose est la suivante est-ce que le secteur textile chinois consiste-t-il une menace pour celui de la Tunisie?

Partie II : La place de secteur textile habillement chinois dans l'économie mondiale après la levée des quotas et la "menace chinoise" pour le secteur textile tunisien

Introduction :

Selon l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel, la production mondiale de textile s'élèverait à environ 500 milliards de dollars, tandis que celle de l'habillement tournerait autour de 350 milliards de dollars. Le secteur textile-habillement se classe, aussi, au troisième rang des échanges commerciaux derrière l'électronique et l'automobile. Il emploi, également, des dizaines de millions de personnes. D'où l'importance primordiale de ce secteur au niveau mondial et principalement les pays en développement, dont la Tunisie et la Chine. Mais le début de l'année 2005 a enregistré la fin des règles qui ont longtemps protégé ce secteur. On parle déjà de la Chine comme le grand bénéficiaire et de la Tunisie, ancien gagnant de l'ancien régime, comme l'un des principaux perdants. Qu'elle est alors l'influence de ce démantèlement sur le secteur tunisien et chinois ? Et comment faire pour sauver le secteur textile tunisien de la forte concurrence des produits chinois après la levée des quotas ?

Chapitre 4 : Le secteur textile-habillement de la Chine et le démantèlement complet de l'ATV

Le secteur du textile-habillement, bien qu'il ait connu des phases de mécanisation poussée et des révolutions technologiques parfois inachevées, reste une industrie de main d'oeuvre. La Chine possède de l'avantage comparatif dans ce secteur et avec le démantèlement complet des quotas le 1er janvier 2005, elle a inondé le marché mondial par ces produits et surtout celui de l'UE et celui des Etats-Unis d'où le recours aux clauses de sauvegarde l'année même de la levée des quotas.

Qu'elle est l'importance de ce secteur pour la Chine et pourquoi possède-t-elle de l'avantage comparatif ?

Q'est ce que l'arrangement multifibre et qu'elle est l'impact de son démantèlement sur les Etats-Unis et l'UE ?

I. Importance du textile et des vêtements en Chine23(*):

Le secteur du textile et des vêtements joue depuis longtemps un rôle fondamental dans l'histoire de la Chine, et son développement a été décisif pour l'industrialisation du pays. Le secteur a dû subir le difficile processus d'ajustement structurel nécessité par l'accession de la Chine à l'économie de marché et son intégration dans le système commercial mondial. Ce remaniement a provoqué la perte d'emploi de 1,4 million de personnes (essentiellement des femmes d'âge moyen), mais a assuré à la Chine une position de force sur l'échiquier des échanges internationaux. L'ouverture du marché chinois, suite à son entrée à l'OMC, s'est traduite par une réaffectation des ressources commandée par la nécessité de maintenir l'avantage comparatif du pays. Avec un accroissement démographique annuel de 15 millions de personnes, il fallait impérativement que la Chine puisse fournir un emploi à son abondante main-d'oeuvre, notamment aux millions de personnes qui avaient dû quitter les campagnes en raison de l'augmentation des importations agricoles. Il s'agissait de créer des emplois dans les secteurs dans lesquels la Chine détenait des avantages comparatifs sur l'échiquier international; le secteur du textile et des vêtements se révélait à cet égard particulièrement prometteur. Aujourd'hui, 19 millions de travailleurs (soit 22 % de l'ensemble des emplois du secteur manufacturier) sont employés dans ce secteur dont, selon les estimations, 80 millions de personnes dépendent directement. L'industrie du textile et des vêtements est implantée dans l'est du pays, dans la région côtière la plus industrialisée du pays ainsi que l'une de celles qui contribue le plus à la croissance du PIB national. Les provinces de Zhejian, Guangdong, Jiangsu et Shandong, et la municipalité de Shanghai sont les cinq principaux exportateurs de textiles du pays et assurent 76,8 % de la production totale du secteur des textiles et des vêtements.

Les salaires enregistrent depuis 1997 une hausse considérable dans le secteur du textile et des vêtements et sont désormais supérieurs à ceux de nombreux autres pays exportateurs. Le nombre d'heures de travail a récemment été réduit, et les usines investissent dans des logements et autres infrastructures sociales pour leurs employés. Les investissements privés, notamment les capitaux étrangers, ont joué un rôle décisif dans la modernisation du secteur du textile, dont le remaniement a entraîné une modification radicale de la répartition de la propriété entre secteurs public et privé. Les sociétés publiques détiennent aujourd'hui 13 % du secteur, les investisseurs privés 87 % (dont 15 % sont entre les mains d'investisseurs étrangers et 15 % appartiennent à des entreprises des régions administratives spéciales (Hong-kong et Macao, et de Taiwan). Comme la Chine l'a précisé dans ses communications à L'OMC, le secteur du textile et des vêtements ne reçoit ni subventions ni aide quelconque de la part de l'Etat24(*).

Confronté à un défi de taille: parvenir à vêtir une population gigantesque, qui compte aujourd'hui 1,3 milliard d'individus, le secteur du textile et des vêtements a développé une formidable capacité de production, destinée à 80 % à la consommation intérieure. Pour garantir sa compétitivité, il est important que l'industrie chinoise du vêtement puisse avoir accès aux intrants les moins coûteux. En effet, pour pouvoir exporter ses vêtements, il faut d'abord que la Chine importe des tissus, des matières premières et des machines pour textiles. Selon les estimations, 50 % des vêtements exportés sont confectionnés à partir de textiles importés. En 2004, les exportations de vêtements de la Chine se sont chiffrées à 61 milliards 62 millions de dollars; le montant des importations de tissus, de matières premières et de machines a quant à lui atteint les 24 milliards 20 millions de dollars. La Chine est le troisième importateur mondial de textiles, juste derrière l'Union européenne et les Etats-Unis. Le secteur du textile chinois est le plus gros importateur de coton brut. La Chine est également l'un des principaux importateurs mondiaux de laine (220 000 tonnes en 2004), et le plus gros importateur de la planète de machines et pièces détachées pour textiles avec des importations d'une valeur de 4 milliards 48 millions de dollars en 2004, dont 43,1 % soit pour un montant de 1 milliard 95 millions de dollars en provenance de l'UE (Fig. 15). Par ses importations, le secteur du textile et des vêtements de la Chine contribue à la croissance du secteur du textile et des vêtements partout dans le monde.

Fig. 15 : Importations de machines de production

de textiles et de vêtements

(En millions de USD)

Source: OCDE

II. Avantage comparatif de la Chine dans ce secteur: indicateur de BALASSA 1965

1) La méthode:

C'est historiquement le premier indicateur. Il permet de dégager les principales caractéristiques de la spécialisation inter-branche. Il consiste, pour une branche donnée, à diviser le % des exportations de cette branche relativement aux exportations totales du pays par le % de ses exportations relativement aux exportations totales d'une zone de référence, le monde par exemple. Pour une branche quelconque i d'un pays donné j, l'indicateur de Balassa, s'écrit :

2) Propriétés:

Si l'indicateur est supérieur à 1, le pays est considéré comme spécialisé dans la branche (avantage comparatif dans la branche), puisqu'il est relativement plus exportateur que la zone de référence. Bien entendu, la spécialisation du pays est d'autant plus forte que l'indicateur prend une valeur élevée supérieure à 1. Au contraire, si l'indicateur est inférieur à 1, le pays n'est pas spécialisé dans la branche (désavantage comparatif). Le désavantage est d'autant plus grand que l'indicateur s'approche de 0. Ainsi par exemple, la branche mécanique représente 7% des exportations françaises (7 milliards sur un total de 100) alors qu'elle ne constitue que 6% des exportations totales des pays de la zone de référence OCDE (60 milliards sur un total de 1000), l'indicateur de Balassa de la branche mécanique française est de 1,16. L'économie française a donc un avantage comparatif sur le reste de l'OCDE dans cette activité puisqu'elle exporte 16% de plus que la moyenne OCDE.

3) Une illustration:

Le tableau suivant présente les avantages comparatifs révélés des principales économies mondiales. La zone de référence est le monde. Les valeurs données pour 1968 et 1997 sont une moyenne sur trois ans de l'indicateur pour les périodes 1967, 1968 et 1969 et 1996, 1997 et 1998. Les calculs sont effectués sur la base des données de la base Chelem du CEPII. Les pays sont classés par ordre décroissant de leur position 1997 dans le commerce mondial.

% commerce

Pays

Textile

1968

1997

1968

1997

15,52

12,60

USA

0,34

0,37

11,40

10,75

Allemagne

0,83

0,56

6,12

8,60

Japon

1,83

0,24

5,91

6,16

France

1,25

0,64

4,54

5,14

Italie

2,59

1,94

0,85

4,01

Chine

2,55

3,55

Tableau 2: les avantages comparatifs révélés

des principales économies mondiales

Source : REI td12

Ainsi on remarque que la Chine possède un avantage comparatif dans le secteur textile en 1968 (2,55>1) et en 1997 (3,55>1). Cet avantage comparatif a augmenté passant de 2,55 en 1968 à 3,55 en 1997 ce qui montre l'importance de ce secteur pour l'économie chinoise.

4) Les causes de cet avantage:

La Chine dispose d'une main-d'oeuvre très bon marché. En effet, comme on a fait remarquer précédemment, Les campagnes constituent un réservoir de main-d'oeuvre prête à migrer vers les villes pour occuper des emplois à faible qualification, qui permet d'expliquer que la Chine ait pu sans cesse produire davantage de biens manufacturés, sans que cela renchérisse véritablement ses coûts. En 1995, la Chine emploie 14710000 personnes dans le secteur textile habillement il est passé à 19000000 personnes en 2004. Ainsi, la main d'oeuvre chinoise est caractérisée d'un bas coût horaire textile et si on compare, dans le tableau suivant, avec les même pays de tableau 2 on remarque clairement l'avantage:

 

Coût horaire

textile

(US $)

Heures travaillées/an

France

15,93

5.741

USA

15,13

7.506

Japon

22,76

5.400

Allemagne

21,18

7.378

Italie

15,60

7.008

Chine (région côtière)

0,69

8.194

Chine (Mainland)

0,41

8.040

Tableau 3: Coût horaire textile et heures travaillées/an

des principales économies mondiales

Source : Werner International, Bruxelles, 2003

D'où on constate que l'écart de coût horaire et heures travaillées est très élevé entre la Chine et l'occident. En effet, si on compare avec l'Italie, le premier exportateur européen de textile, on enregistre qu'une heure travaillée coûte 15,60 $ (celle en Chine coûte entre 0,41 et 0,69 $) et que le nombre d'heures travaillées par an est de 7008 (celui en Chine est entre 8040 et 8194). D'où la menace que peut engendré la levée des quotas pour les produits textiles européens.

III. L'arrangement multifibre:

1) La voie vers un accord sur les textiles et de l'habillement : bref historique25(*)

L'histoire du protectionnisme dans le secteur du textile et de l'habillement est ancienne et très profondément enracinée. Lorsqu'un accord était conclu dans ce secteur, on avait tendance à le reconduire indéfiniment. Par exemple, l'Arrangement à long terme, qui devait commencer le 1er octobre 1962 et durer 5 ans, a été reconduit à deux reprises, en 1967 puis en 1970, chaque fois pour trois ans. Il en va de même pour l'Arrangement multifibres (AMF).

Ainsi, en 1971, les États-Unis ont négocié une autolimitation des exportations de laine et de fibres synthétiques et artificielles avec des fournisseurs asiatiques, et en 1977 la Communauté économique européenne a négocié des arrangements bilatéraux avec des pays en développement avant d'accepter une reconduction de l'AMF. Lorsque de nombreux pays d'Asie ont commencé à développer leur industrie du textile et de l'habillement dans les années 60 et surtout au début des années 70, il est devenu évident pour les gouvernements des pays importateurs qu'il fallait élaborer un ensemble de restrictions plus complètes. Cela leur paraissait essentiel pour une régulation efficace du commerce de l'éventail de plus en plus large de produits textiles et de vêtements exportés par les pays en développement et qui menaçait l'industrie des textiles et des vêtements des pays industriels. L'AMF contient des dispositions qui soulignent le fait qu'il s'agit d'un accord provisoire, qui ne devait rester en vigueur que le temps nécessaire pour permettre l'ajustement structurel dans les pays industriels, mais ce caractère provisoire était devenu loin d'être évident à la fin des années 80. Au contraire, il apparaissait que tout le dispositif était devenu tellement complexe qu'il ne semblait plus y avoir d'autre solution raisonnable que le démantèlement de l'AMF durant le Cycle d'Uruguay. C'est ainsi qu'est né l'Accord du Cycle d'Uruguay sur les textiles et les vêtements (ATV). Bien qu'aucune étude systématique des incidences de cette évolution du commerce des textiles et des vêtements sur le développement humain n'ait été faite, il est facile d'imaginer quels sont les problèmes et les effets possibles. Premièrement, il est probable que les mesures prises par les pays industriels pour protéger leurs producteurs de textiles et de vêtements n'ont pas maximisé l'emploi et les revenus à l'échelle mondiale. Les pays d'Asie auraient pu accélérer leur développement humain s'ils avaient eu librement accès aux marchés des pays industriels. Deuxièmement, même dans les pays en développement, il se peut que la protection de ce secteur ait limité les gains de productivité, les hausses de salaires et la création d'emplois dans ce secteur, qui était relativement autonome. Troisièmement, il se peut que le protectionnisme ait entraîné une allocation biaisée et inefficace des ressources, de façon à limiter les ressources publiques disponibles pour les services publics essentiels sociaux de base pour le bien-être, en particulier pour les catégories les plus pauvres de la population.

Dans ce qui suit on donne une grande partie des jalons importants de l'histoire du commerce des textiles et des vêtements:


· Décembre 1955 : Autolimitation des exportations de vêtements et de tissus de coton du Japon vers les États-Unis.


· Janvier 1957 : Conclusion entre le Japon et les États-Unis d'un accord de cinq ans limitant le niveau global des exportations de textiles du Japon vers les États-Unis.


· Novembre 1958 : Signature entre Hong Kong et le Royaume-Uni d'un accord d'autolimitation des exportations de textiles et de vêtements.


· Septembre 1959 : Signature d'accords similaires entre le Royaume-Uni et l'Inde et le Pakistan.


· Juillet 1961 : Accord sur l'Arrangement à court terme.


· Février 1962 : Accord sur l'Arrangement à long terme, pour cinq ans.


· Avril 1967 : Accord pour la reconduction de l'Arrangement à long terme pour trois ans.


· Octobre 1970 : Nouvel accord sur la reconduction de l'Arrangement à long terme pour trois ans.


· Décembre 1973 : Accord sur l'Arrangement multifibres (AMF), censé durer quatre ans.


· Décembre 1977 : Reconduction de l'AMF pour quatre ans.


· Décembre 1981 : Reconduction de l'AMF pour cinq ans supplémentaires.


· Juillet 1991 : Reconduction de l'AMF jusqu'à la fin des négociations du Cycle d'Uruguay.


· Décembre 1993 : Adoption de l'Acte final du Cycle d'Uruguay qui prévoit une élimination progressive sur dix ans de tous les contingents visant les textiles, dans le cadre de l'AMF ou non, en vertu de l'Accord sur les textiles et les vêtements.

2) Le démantèlement de l'Arrangement multifibres:

L'ATV, c'est-à-dire la solution adoptée pour régler les problèmes de l'AMF, définit un cadre général avec certains objectifs précis :


· L'AMF doit être démantelé en quatre étapes sur dix ans (les échéances sont 1er janvier 1995, 1er janvier 1998, 1er janvier 2002 et 1er janvier 2005), et dans chacune de ces étapes doivent être intégrés 16, 17, 18 et 49 % respectivement de l'ensemble des importations de textile et vêtements visés, le calcul se faisant sur la base du volume des importations de 1990.


· Les importations de produits qui ne sont pas libéralisés mais sont contingentés doivent pouvoir croître de 16, 25 et 27 % respectivement durant les trois premières étapes.


· Il faut que chaque étape de libéralisation porte sur les produits des quatre groupes principaux de produits textiles (tissus, vêtements, articles de confection, mèches et filés).


· Le processus de libéralisation est contraignant et aucune possibilité de reconduction des contingents après la fin de 2004 n'est prévue.

3) La Chine et l'ATV:

La Chine a adhéré à l'OMC en 2001. En conséquence, ce pays est depuis cette date assimilé aux membres signataires de l'Accord Multifibres et bénéfice à ce titre des disponible des dispositions de l'accord de Marrakech. Cela signifie que toutes les exportations chinoises de textile et d'habillement peuvent entrer librement sur le marché européen depuis le 1er janvier 2005.

Malgré les quotas qui ont pénalisé ses exportations vers les marchés occidentaux, la Chine est depuis plusieurs années le premier producteur et exportateur mondial de textile et d'habillement. En habillement, sa part du marché communautaire est de 22,2 %. Avec Hong Kong (intégré à la Chine en juillet 1997) et qui joue un rôle croissant de plateforme offshore, la Chine a réalisé en 2004 25,8 % des importations européennes, soit le quart des importations.

IV. L'impact de démantèlement de l'ATV:

Il a eu impact est sur la Chine, est sur le monde. Mais avant tout, voyons les prédictions concernant les effets de la suppression.

1) Prédictions concernant les effets de la suppression des contingents:

Peu avant l'expiration de l'ATV, de nombreuses études sur l'impact de la fin du contingentement ont vu le jour. Toutes s'accordaient sur le fait que la Chine et l'Inde gagneraient des parts de marché et que les fabricants locaux de l'Union européenne et des Etats-Unis en perdraient, mais elles divergeaient sur l'ampleur de ces gains et de ces pertes sur l'impact de la suppression des contingents sur les pays en développement bénéficiaires de préférences. Pour ce qui est de la Chine, par exemple, les estimations concernant sa part dans les exportations totales de textiles et de vêtements après l'expiration de cet accord allaient un tiers à plus de 50 %. A titre de comparaison, en 2003, la part de ce pays dans les exportations mondiales totales était de 20 % pour les textiles et de 28 % pour les vêtements. Si les prédictions donnent la Chine comme principal gagnant de la suppression des contingents, c'est tout simplement parce qu'elle était le principal perdant du système des contingents. C'était de loin le pays qui se trouvait face aux obstacles commerciaux les plus considérables et elle devance de beaucoup les autres pays dans sa capacité de saisir les opportunités engendrées par un meilleur accès aux marchés.

Certains facteurs restreignent cependant l'expansion de ses exportations. Tout d'abord, les pays importateurs peuvent faire jouer la clause de sauvegarde si le développement des exportations de la Chine en vient à perturber sérieusement leur marché26(*). Ils peuvent contingenter leurs importations pendant une année à un niveau supérieur de 7,5 pour cent à celui de leurs importations pendant les douze premiers des quatorze mois précédant la demande de consultations avec la Chine sur cette question. Deuxièmement, la Chine est en train de perdre son avantage comparatif dans les industries manufacturières utilisant beaucoup de main-d'oeuvre, et la part des textiles et des vêtements dans l'emploi et dans le PIB y est en recul. Autrement dit, elle s'oriente vers des industries à plus forte valeur ajoutée. Ce faisant, la Chine est en train de devenir non seulement un pivot des industries manufacturières mais aussi un vaste marché de consommateurs qui devrait absorber une part plus importante de sa propre production et des importations mondiales totales. Cependant, avec la suppression des contingents, il faut s'attendre à une progression de l'emploi d'environ 12 % dans la branche des textiles et de 30 % dans celle des vêtements. Une progression bien supérieure à celle qui aurait normalement eu lieu entre 2005 et 201827(*).

Ainsi, ce sont les producteurs locaux28(*) de l'Union européenne et des Etats-Unis qui subiront les plus grosses pertes de parts de marché. Ces producteurs étaient les grands bénéficiaires de l'AMF, et ils seront par conséquent les grands perdants du démantèlement des contingents. Toutefois, on constate déjà une tendance à la baisse dans ce secteur depuis au moins une décennie, malgré la protection des contingents et des droits de douane. Il faut s'attendre à une accélération des pertes d'emplois et des fermetures d'entreprises avec la suppression des contingents, mais la situation devrait finir par se stabiliser et il y aura encore de la place pour des producteurs dans des créneaux novateurs sur le marché de la mode et dans les segments à technologie moyenne ou avancée de l'industrie textile.

2) L'impact de la levée des contingents sur les Etats-Unis et l'UE :

Les Etats-Unis et les pays de l'UE sont les principaux importateurs de textile et de vêtement. Ainsi ils accaparent plus de 70 % des importations mondiales c'est pourquoi on va s'intéresser à ces deux économies pour évaluer l'impact de la levée des quotas.

a) Les Etats-Unis :

La Chine n'a pas été concernée par les deux premières étapes de la libéralisation mais, en 2002, aux lendemains de son adhésion à l'OMC, elle a bénéficié rétroactivement des mesures prises depuis 1995. La conséquence a été une augmentation spectaculaire de sa part de marché sur les catégories libéralisées. En effet, elle situe entre 9 % à 71 % aux Etats-Unis.

Sur le marché des Etats-Unis on a assisté à une forte progression des importations chinoises d'habillement (+ 64 % en dollars sur les 8 premiers mois de 2005)29(*). Dés le premier mois de la levée des quotas, les importations des Etats-Unis révèlent une croissance de 41 % en provenance de Chine30(*). En effet, les exportations chinoises vers Etats-Unis ont passé de 6,5 milliards d'euros pendant janvier-juin 2004 à 10,8 milliards d'euros pendant la même période 200531(*) (Fig. 16).

0

2

4

6

8

10

12

Janvier-Juin 2004

Janvier-Juin 2005

Fig. 16 : Exportation de la Chine en destination des

Etats-Unis en milliards d'euros

Source : la lettre CTCOE

Mais, il est à noter que l'impact sur les Etats-Unis a débuter dès 2002, la date de l'entrée de la Chine à l'OMC et sa participation à l'ATV, avant même la levée complète des quotas au débuts de 2005. En effet, pour les 8 catégories concernées en 2002, on a assisté à un bond de 640 % des exportations de produits chinois sur le marché américain et une chute de 70 % des prix de ces produits32(*).

En ce qui concerne l'emploi dans le secteur de textile et des vêtements aux Etats-Unis, il a reculé d'environ 7,7 % entre juin 2004 et juin 2005. Depuis la levée des contingents en janvier 2005, le secteur a perdu 25000 emplois, la plupart dans la fabrication des vêtements.

Le tableau suivant montre l'évolution de la situation de l'emploi dans le secteur de textile et des vêtements aux Etats-Unis :

 

Juin 2004

Déc. 2004

Janv. 2005

Fév. 2005

Mars. 2005

Avril 2005

Mai 2005

Juin 2005

Fabriques de textiles

239,3

233,2

231,5

230,1

228,7

225,5

225,4

224,7

Fabriques d'articles en textiles

178,5

178,0

178,1

177,9

177,9

177,7

178,3

176,7

Habillement

285,9

271,9

269,3

267,2

262,8

262,2

258,5

256,0

Tableau 4 : l'emploi aux Etats-Unis (secteur du textile et des vêtements),

corrigé des variations saisonnières (en milliers)

Source : Bureau of Labor Statistics

Fig. 17 : figure correspondante au tableau 4

Source : Bureau of Labor Statistics

Ceci montre qu'il y a un signe d'une aggravation de la pression concurrentielle exercée par la Chine d'où le recourt des Etats-Unis à la clause de sauvegarde pour protéger son industrie de textile-habillement de la concurrence des produits chinois.

b) L'UE :

Depuis l'élimination des quotas qui régissent les importations européennes d'habillement le 1er janvier 2005, la Chine a encore élargie sa part de marché dans ce secteur au détriment des autres fournisseurs extérieurs de l'UE. La part de la Chine dans les importations de l'UE à 15 dans l'habillement est passée de 18 % fin 2004 à 29 % après la levée des quotas.

Ainsi, par exemple, les volumes d'importation en provenance de Chine ont pour la période allant de janvier à avril 2005 augmenté de 187 % pour les tee-shirts et de 115,58 % pour la même période en 2004. En ce qui concerne les prix à l'importation pour les tee-shirts, par exemple, ont chuté de 36 % pour la période de janvier à avril 2005 et de 32,16 % par rapport à la même période en 2004.

Le tableau suivant indique les valeurs et les prix unitaires des importations en provenance du Chine de quelques catégories de produits textiles, ainsi que les chiffres concernant la part de la Chine en pourcentage de totale pour les deux produits :

 

Janvier-Avril 2004

Janvier-Avril 2005

Variation (%)

Part du totale (%)

Valeur totale (millions d'euros)

Prix unitaire (euros)

Valeur totale (millions d'euros)

Prix unitaire (euros)

2004

2005

T-shirts

190,0

2,26

409,6

1,71

115,58

7,3

15,3

Pull-overs

78,1

5,9

337,1

4,52

331,63

5,9

24,6

Pantalons pour hommes

119,2

3,88

589,9

3,59

394,88

4,1

19,3

Bas

+

Chaussettes

7,2

0,18

33,7

0,22

368,06

2,2

10,3

Linge de lit

24,8

11,39

41,4

7,26

66,94

7,4

12,2

Robes

42,5

11,05

66,9

6,46

57,41

13,0

21,6

Tableau 5 : importation par l'UE de certaines catégories en provenance de Chine et part de la Chine en pourcentage du total.

Source : Commission européenne

En ce qui concerne l'impact sur le marché de travail, pour l'Europe des 15 et l'Europe des 2533(*), l'indice de production mensuelle pour le textile a diminué de 3,8 % et 3,6 %, respectivement, entre avril 2004 et avril 2005. Les chiffres correspondants pour le secteur des vêtements montrent une baisse de l'indice de production d'environ 7,3 % entre avril 2004 et avril 2005 pour l'Europe des 15 et l'Europe des 25. Cette baisse se poursuit et accélère la tendance générale observée dix dernières années. L'emploi dans le secteur du textile a diminué de 3 % dans l'Europe des 25 et de 2,4 % dans l'Europe des 15 entre mars 2004 et mars 2005. Les chiffres correspondants de l'emploi dans le secteur des vêtements sont en baisse de 9,8 % dans l'Europe des 25 et de 11 % dans l'Europe des 15.

Pour remédier à ces déséquilibres l'UE a trouvé la solution dans les clauses de sauvegarde.

3) le recours aux clauses de sauvegarde :

a) Définition :

Le GATT prévoit dans son article XIX la possibilité pour un pays de prendre des mesures de sauvegarde lorsqu'une augmentation soudaine des importations cause ou menace de causer un préjudice grave à une industrie locale. Un accord sur les sauvegardes fait également partie de cadre juridique de l'OMC, qui détaille les conditions de mise en oeuvre de ces sauvegardes.

b) Les clauses de sauvegarde vis-à-vis de la Chine :

L'accord d'accession de la Chine à l'OMC prévoit diverses mesures de sauvegardes, dont certaines spécifiques au secteur textile, que les membres de l'OMC pourrant invoquer en cas de perturbation de leur marché causée par les importations chinoises. Ces sauvegardes pourrant être invoquées jusqu'en 2008 (sauvegardes spécifiques au textile) et 2013 (sauvegardes générales).

Les Etats-Unis et l'UE ont déjà mis en oeuvre ces sauvegardes pour certains produits textiles :

i. Les Etats-Unis :

Le 23 mai, les Etats-Unis ont imposé des restrictions pour trois catégories importations d'origine chinoise. Ces restrictions portaient sur les chemises et blouses de tricot en coton, les pantalons, culottes et shorts en coton et les sous-vêtements en coton et en fibres synthétiques. Le 27 mai, des limites ont été imposées pour quatre produits supplémentaires: le fil de coton, les chemises en coton et en fibres synthétiques (autres que tricot) pour hommes et garçons, les chemises et blouses de tricot en fibres synthétiques et les pantalons en fibres synthétiques. Le motif indiqué pour introduire des limites quantitatives était la forte augmentation des importations de ces articles.

ii. L'UE :

La Commission européenne a lancé, le 29 avril 2005, des investigations portant sur neuf catégories de produits importés de Chine, à savoir: T-shirts, pull-overs, pantalons pour hommes, blouses, bas et chaussettes, manteaux pour femmes, soutiens-gorge et bustiers, fils de lin ou de ramie et tissus de lin. Les investigations ont révélé que les importations de T-shirts et de fils de lin ou de ramie de Chine perturbaient le marché, et permis de constater que les conditions pour introduire des sauvegardes étaient réunies. L'enquête a permis de constater qu'une augmentation des importations de T-shirts en provenance de Chine a remplacé la production locale en Grèce (en baisse de 12 %), au Portugal (en baisse de 30 %) et en Slovénie (en baisse de 8 %). En outre, on a constaté que les importations de Chine ont remplacé les importations provenant des fournisseurs traditionnels. Au cours des quatre premiers mois de 2005, les importations en provenance des partenaires régionaux et de certains pays en développement ont également diminué (Maroc: -8 %; Tunisie: -22 %; Roumanie: -29 %; Pakistan: -36 %; Sri Lanka: -25 %; Bangladesh: -9 %). Les consultations qui se sont terminées le 10 juin ont abouti à un mémorandum d'accord. Celui-ci couvre les importations chinoises pour dix catégories de produits: tissus de coton, T-shirts, pull-overs, pantalons pour hommes, blouses, linge de lit, robes, soutiens-gorge et bustiers, linge de table et de cuisine et fils de lin ou de ramie. Ces catégories se recoupent dans une certaine mesure avec les catégories faisant l'objet d'investigations, mais le mémorandum d'accord couvre certaines catégories nouvelles, alors que d'autres catégories faisant l'objet d'investigations n'y figurent pas. La nouvelle réglementation est entrée en vigueur le 12 juillet 2005. Pour le reste de l'année 2005 et pour les années 2006 et 2007, elle fixe une limite par rapport à la quote-part aux importations de Chine dans les dix catégories susmentionnées. Les limites par rapport à la quote-part permettent une augmentation du volume d'importations de 10 pour cent par an.

L'exportation de textile chinois pour l'UE a passé de 5416 millions d'euros pour janvier-mai 2004 à 7389 millions d'euros pour la même période en 2005 à l'instar de la Tunisie qui a passé de 1233 millions d'euros à 1182 millions d'euros pour la même période. D'où, on parle déjà d'une menace chinoise pour le textile tunisien puisque l'UE est le principal marché pour la Tunisie. Quel est alors l'impact de fin des accords textile sur la Tunisie ? Et quels sont les scénarios pour sauver le secteur ?

CHAPITRE 5 : FIN DES ACCORDS TEXTILE : CONSEQUENCE SUR LA TUNSIE ET LES SCENARIOS POUR SAUVER LE SECTEUR

Le secteur de textile-habillement est un des secteurs moteur de l'économie tunisienne ; il occupe ainsi une position stratégique, d'où l'intérêt que lui portent les pouvoirs publics. Sa contribution en termes de croissance et d'emplois est considérable, on atteste l'augmentation spectaculaire des exportations de secteur textile-habillement. Ce secteur connaît ces dernières années une légère stagnation juste après le démantèlement complet des quotas et même avant.

Que représente ce secteur pour l'économie tunisienne ?

Qu'elle est l'impact de levée des quotas sur le secteur tunisien ?

Quels sont les scénarios pour sauver le secteur ?

I. Emergence du secteur :

1) Historique :

En parlant de la tradition, des coutumes et des habitudes on parle généralement de textile et de l'habillement, c'est une spécificité des tunisiens et de leurs savoir faire.

Le métier textile est une métier traditionnel, en effet la Tunisie exportait dés le IXième siècle les produits de filature, teinture, tissage et de confection vers l'Europe occidentale, l'Italie, les pays arabes et vers l'Afrique. Les activités de textile sont concentrées depuis toujours à Kairouan, Sousse, Sfax et Gabès. Avec la colonisation de la Tunisie ces activités ont perdu leurs poids vue la mauvaise situation de l'économie, leur archaïsme et les difficultés socio-politiques.

Après l'indépendance et au début des années 60 les investissements dans l'industrie textile-habillement ont progressé surtout dans la confection et la bonneterie par des investissements privés d'anciens commerçants.

Avec le 1er plan de développement les unités industrielles de filature, tissage et finissage ont apparues sous l'égide de l'office National du textile qui est un organisme chargé d'élaborer le plan de développement du secteur textile, de concevoir et de préparer des projets industriels et veiller à leurs exécutions. L'Etat assure toujours le suivi et la promotion de toutes décisions du textile-habillement. Aussi un organisme professionnel la FENATEX (Fédération Nationale De Textile) regroupent les industriels et les commerçants du secteur et y défend leurs intérêts.

En vue de donner un nouveau souffle au secteur textile habillement, l'Etat a adopté une politique de libéralisme économique pour attirer plus les investisseurs privés nationaux ou étrangers dans ce secteur. Cette politique s'est caractérisé par :

· La mise en place du code des investisseurs et particulièrement la loi 72 pour encourager et instaurer un environnement favorable aux investisseurs étrangers.

· La mise en place des structures d'appui pour orienter, promouvoir les investissements et développer les exportations grâce notamment à la création de l'agence de promotion de l'industrie (API) et du centre de promotion des exportations (CEPEX).

· Les incitations fiscales et financières.

· Une bonne infrastructure portuaire et aéroportuaire et un réseau de communication en amélioration continu.

2) Caractéristiques du secteur textile-habillement tunisien :

Le secteur textile tunisien est dominé par les activités de sous-traitance, qui demeurent le métier industriel le plus exporté. Le secteur est composé de 2200 entreprises (dont 1600 exportatrices), employant 250 000 personnes, pour des recettes de 3 milliards d'euros par an. 1000 sont des entreprises étrangères ou à participation étrangères et 915 Off Shore34(*). Le secteur est en outre spécialisé dans la confection ; c'est donc plus un secteur habillement que textiles (puisque la matière n'est pas produite). Ce secteur est très important puisqu'il contribue pour 45% du total des exportations, emploie 48% de la main d'oeuvre manufacturière (75% de la main-d'oeuvre féminine). 95% des exportations sont orientées vers les marchés européens. D'un autre côté, la Tunisie est importateur de fibres textiles, fils et tissus, ainsi que des accessoires destinés à la confection.

3) La Tunisie et les accords internationaux régissant le secteur :

L'un des principaux accords élaboré en faveur de ce secteur était l'ATV (l'ancien AMF). Cet accord est considéré comme étant un code de bonne conduite dans le cadre des échanges commerciaux et ayant pour principaux objectifs la réduction des tarifs douaniers et l'élimination des entraves aux échanges et aux discriminations en matière de commerce international. L'un des raisons de mise en place de cet accord est de permettre une protection contingentaire du marché cible des pays en développement, comme la Tunisie, contre la pénétration massive des grands pays producteurs de textile et habillement.

La Tunisie pays non signataire des AMF, a vue les portes de l'Europe s'ouvrir devant elle, en particulier depuis le 25 Avril 1976 lors de signature de l'accord de coopération global avec la CEE(communauté économique européenne). Ainsi les produits textiles et habillement originaire de la Tunisie, étaient admis sans restrictions quantitatives et en exonération des droits de douane vers les marchés européen. L'industrie tunisienne a bénéficié largement des AMF vue l'amélioration des exportations des produits manufacturières et principalement le textile et l'habillement qui a manqué une période faste d'expansion des investissements et d'émergence de la sous-traitance au profit des pays européennes.

Un autre accord était adhéré par la Tunisie celui de libre échange avec l'UE. En effet, la Tunisie est l'un des premiers pays signataires de la déclaration de Barcelone du 17 Mai 1995 à avoir mis en application cet accord qui vient de remplacer et de confirmer d'avantage l'accord de coopération de 1976. Cet accord doit aboutir à la création d'une zone de libre échange et il impose selon un calendrier précis, le démantèlement progressif des barrières douanières et l'abandon des politiques protectionnistes pour certaines catégories de produit.

L'accord prévoit également une aide financière et technique au développement du secteur privé essentiellement. Pour la seule période 1995-1996 l'enveloppe mise à la disposition, par l'UE, des autorités tunisiennes s'est élevée à 6 milliards de dollars. Le secteur du textile et de l'habillement est un des premiers à en bénéficier car il sera le premier à être touché en 2010, lors de l'adhésion globale de la Tunisie à l'espace économique européen, par la concurrence des produits de l'Europe.

II. Un secteur clé de l'économie tunisienne :

1) Les échanges commerciaux du secteur :

Les exportations de textiles et habillement ont connu une progression régulière et notable depuis de nombreuses années, les résultats de progression des exportations sont surprenants. En effet, en 2004 la Tunisie a exporté 4350 millions de dinars de produits textiles qui représentent plus de 47 % des exportations totales des industries manufacturières (Fig. 18).

Fig. 18 : Evolution des exportations en MDT

Source: CETTEX

Les principaux clients de la Tunisie sont les pays de l'UE, en premier place la France avec une part légèrement supérieure à 40 % des exportations du secteur des industries du textile et de l'habillement, suivie de l'Italie (26 %) et de l'Allemagne (12 %).

2) Au niveau de l'emploi et de la formation35(*) :

Le secteur textile et de l'habillement absorbe plus de 210 000 emploi en 2004, représentant près de 50 % de l'ensemble de la population active dans l'ensemble de l'industrie manufacturière, dont 204 059 dans les entreprises ayant un effectif supérieur ou égal à 10.

Le secteur est doté d'une structure de formation composée actuellement de 21 centres de formation d'ouvriers spécialisés, 8 centres sectoriels de formation d'agents de maîtrises et de technicien, 2 instituts supérieurs une pour les techniciens supérieurs de textiles et l'autre pour les métiers de mode et une filière d'ingénieurs en textile.

3) Atouts et avantages comparatifs :

Le principal atout du secteur textile habillement tunisien réside dans la proximité avec le marché européen (leur principal partenaire commercial), renforcé par l'existence des accords d'association conclus avec l'UE. La connaissance des marchés européens a, jusqu'à présent, permis de répondre aux exigences de délais, prix et services. En outre, les programmes de mise à niveau des entreprises en cours et auquel 1200 entreprises textiles ont adhéré en Tunisie, pourrait permettrent aux industriels tunisiens de se spécialiser sur la grande qualité et le haut de gamme.

En ce qui concerne l'avantage comparatif, la Tunisie l'en possède d'après l'indicateur de Balassa (de 1965) qui est égal à 6,49 en 1997 pour le secteur textile donc largement supérieur à 1. En effet, à l'instar de la Chine, la Tunisie dispose des facteurs de production combinant maîtrise des coûts, travail sur la qualité et proximité par rapport au marché européen. On retient aussi que la Tunisie possède un avantage en matière de salaires horaires minima par rapport aux autres concurrents comme la Turquie et le Maroc mais elle est loin concurrentielle avec la Chine qui est à un tiers de celui pratiqué en Tunisie (Tableau 6).

France

Turquie

Maroc

Tunisie

Roumanie

Ukraine

Chine

Inde

7,19

1,20

0,81

0,66

0,50

0,35

0,25

0,22

Tableau 5 : Salaires horaires minima, en euro, en mars 2004

Source: Banque mondiale

III. Les scénarios testés pour sauver le textile tunisien :

1) Modèle GTAP :

Avant la levée définitive des quotas, beaucoup des modèles ont été conçu pour évaluer les stratégies de réponse possible des pays au démantèlement des quotas dans le textile et les vêtements. On va étudier au cours de ce travail une version simplifiée de modèle GTAP36(*) (Global Trade Analysis Project). Ce modèle est multirégional d'équilibre général calculable (EGC) conçu pour l'analyse en statique-comparative des questions de politique commerciale. Il peut être utilisé pour appréhender l'effet d'un changement de politique commerciale, au niveau national, bilatéral ou multilatéral, sur la production, l'utilisation des facteurs, les valeurs de commerce et sur la répartition inédite de bien-être entre pays.

Le modèle GTAP fonctionne en supposant une concurrence parfaite et des rendements d'échelles constants. Il reflète les courants d'échanges bilatéraux, les marges des transferts internationaux et les taux de protection des importations par pays et par secteur.

Il permet ainsi de déterminer les évolutions de la production, de la consommation des échanges et de bien-être économique provoqués par des chocs extérieurs, en particulier liés aux échanges, tels que des modifications des coûts des opérations commerciales.

2) Les scénarios :

Pour utiliser le modèle GTAP, on va proposer 4 scénarios qui reflètent les différentes stratégies en matière de politique commerciale pour l'avenir de secteur textile. On va étudier le cas de la Tunisie et de la Chine en analysant le meilleur scénario qui va permettre au secteur textile tunisien de survivre au « Tsunami chinois » avec le démantèlement des quotas.

Les scénarios étudiés sont donc :  

a) Scénario 1 : démantèlement des quotas

Le premier scénario met en oeuvre le démantèlement complet des quotas dans le textile et l'habillement. Les équivalents tarifaires des quotas sont donc ramenés à zéro. Il s'agit de scénario de base qui reprend la situation actuelle, à laquelle est confrontée l'économie tunisienne.

b) Scénario 2 : démantèlement des quotas et accord de libre-échange avec la Turquie

Le deuxième scénario se base sur les stratégies tunisienne de mise oeuvre d'un accord de libre-échange avec la Turquie afin de réduire les coûts des intrants (textile) dans le but d'améliorer la compétitivité de secteur de l'habillement. Il met en oeuvre aussi le démantèlement complet des quotas.

c) Scénario 3 : démantèlement des quotas et accord de libre-échange avec les Etats-Unis

Le troisième scénario explore les implications de la mise en oeuvre du démantèlement complet des quotas si la Tunisie conclue des accords bilatéraux de libre échange avec les Etats-Unis.

d) Scénario 4 : démantèlement des quotas et zone pan-euro-méditerranéenne de libre-échange

Enfin le dernier scénario envisage la création d'une zone pan-euro-méditerranéenne de libre-échange qui viendrait accompagner le démantèlement des quotas. A la différence des scénarios deux et trois, ce scénario envisage non seulement une libéralisation totale du commerce entre la Tunisie et l'Union européenne, ainsi qu'avec la Turquie, mais aussi entre les pays nord-africains entre eux. Ce scénario correspond donc à l'esprit de la déclaration de Tunis du 28 septembre 2004 qui appelle à renforcer l'intégration régionale dans l'espace euro-méditerranéen sur la base de la Déclaration de Barcelone de 1995, en vue de la réalisation d'une zone de libre échange d'ici à 2010.

3) L'impact du démantèlement des quotas sur l'économie chinoise et l'économie tunisienne37(*) :

Nous présentons dans cette section l'impact de nos scénarios sur le bien-être, le PIB et le commerce des économies chinoise et tunisienne en analysant le meilleur scénario pour sauver le secteur textile-habillement.

a) L'impact sur le bien-être :

Le démantèlement des quotas (scénario 1) devrait entraîner, au niveau de la Tunisie, une baisse de bien-être de l'ordre de 232 millions de dollars donc l'économie tunisienne va connaître une forte détérioration de ses termes de l'échange et de sa valeur ajoutée, aussi bien au niveau de textile et des vêtements, qu'au niveau global. Les principaux bénéficiaires en termes de bien-être sont les principaux marchés importateurs (UE 8,4 milliards et Etats-Unis 5,4 milliards) et la Chine, premier exportateur mondial, (2,4 milliards).

Dans le cas d'accords de libre-échange avec la Turquie (scénario 2), la Tunisie voie son bien-être se détériorer de 349 millions de dollars or la Chine or la Chine ne connaît pas d'évolutions notables de son bien-être.

On retrouve globalement les mêmes conclusions dans le cas d'accords de libre-échange avec les Etats-Unis (scénario 3). La Tunisie voie son bien-être se détériorer davantage par rapport au premier scénario (-374 milliards) et pour la Chine pas de changement remarquable.

Enfin la réalisation d'une zone de libre-échange pan-euro-méditerranéenne (scénario 4) devrait avoir des répercussions significatives sur le bien-être de la Tunisie. En effet, son bien-être ne baisserait que de 82 milliards (au lieu de -232 pour le premier scénario). Le grand bénéficiaire de ce scénario serait l'UE qui verrait son bien-être passer de 8,4 milliards dans le premier scénario à 12,2 milliards.

Le tableau ci-dessous résume les variations de bien-être pour la Tunisie, la Chine et les principaux marchés de textile (UE et Etats-Unis).

 

S1

S2

S3

S4

Tunisie

-231,9

-348,89

-374,49

-82,25

Chine

2390,11

2377,76

2289,2

2079,47

UE 25

8430,15

8151,52

8178,31

12242,21

Etats-Unis

5422,66

5378,31

7060,03

4670,88

Tableau 6 : Variation du bien-être dans les quatres scénarios

Source: Nation Unis commission économique pour l'Afrique

b) L'impact sur le PIB :

Le démantèlement des quotas entraîne une baisse significative du PIB de la Tunisie (-0,58 %). Contrairement aux variations de bien-être, c'est la Chine qui voit son PIB s'améliorer le plus (0,7 %). En effet, contrairement aux Etats-Unis et à l'UE, pour qui se sont les consommateurs qui tirent profit de la baisse de prix engendrée par le démantèlement, la Chine tire avantage du démantèlement pour l'expansion de ses exportations et de sa production.

Les scénarios de zone de libre-échanges bilatéraux avec la Turquie ou les Etats-Unis n'améliorent pas réellement la situation de la Tunisie. En effet, la Tunisie connaît une baisse légèrement inférieure à celle scénario 1, dans le cas d'une zone de libre-échange avec la Turquie (-0,55 % contre -0,58 %), mais elle enregistre une diminution de PIB de 0,91 % si le démantèlement des quotas est accompagné d'une zone de libre-échange avec les Etats-Unis.

En terme de PIB, la réalisation d'une zone de libre-échange pan- euro méditerranéenne est de loin le scénario le plus favorable pour la Tunisie. En effet, la Tunisie observe une croissance de son PIB de 0,89 %. Ainsi, un accord de libre-échange avec la Turquie et les Etats-Unis ne permet qu'une atténuation de l'ampleur des effets négatifs suite au démantèlement de l'accord multifibres. Cependant, la réalisation d'une zone de libre-échange pan-euro-méditerranéenne constitue la meilleure stratégie pour annihiler les effets négatifs de démantèlement des quotas.

 

S1

S2

S3

S4

Tunisie

-0,58

-0,55

-0,91

0,89

Chine

0,7

0,7

0,7

0,69

UE 25

0,04

0,04

0,04

0,04

Etats-Unis

0,01

0,01

0,01

0,01

Tableau 7 : Variation du PIB dans les quatres scénarios

Source: Nation Unis commission économique pour l'Afrique

c) L'impact sur le commerce :

i. Les exportations de textile et vêtements :

Les résultats montrent que le démantèlement des quotas (scénario 1) engendre une baisse des exportations de la Tunisie, aussi bien dans le textile que pour les vêtements. Lorsque le démantèlement est accompagné de zone de libre-échange avec la Turquie ou les Etats-Unis (scénario 2 et 3), les effets sont relativement modestes sur les exportations tunisiennes. Néanmoins, celle-ci baissent moins que dans le premier scénario.

La réalisation d'une zone de libre-échange pan-euro-méditerranéenne indique une progression moins marquée pour la Tunisie. Cette progression est plus forte dans les vêtements que dans le textile.

 

S1

S2

S3

S4

Tunisie

-21,4

-18,34

-18,59

4,92

Chine

60,51

60,84

60,48

59,85

Tableau 8 : Variation des exportations de textile

dans les quatres scénarios

Source: Nation Unis commission économique pour l'Afrique

 

S1

S2

S3

S4

Tunisie

-27,73

-25,41

-25,52

14,11

Chine

109,93

109,73

108,99

107,69

Tableau 9 : Variation des exportations de vêtements

dans les quatres scénarios

Source: Nation Unis commission économique pour l'Afrique

ii. Les termes de l'échange :

Le démantèlement des quotas entraîne une baisse des prix des textiles et des vêtements. Ceci entraîne une détérioration des termes de l'échange des pays pour lesquels le textile et les vêtements constituent une part importante de leurs exportations dont la Tunisie. A l'opposé les grands pays importateurs (UE, Etats-Unis) voient leurs termes de l'échange s'améliorer.

 

S1

S2

S3

S4

Tunisie

-1,16

-2,3

-1,85

-2,3

Chine

-1,03

-1,04

-1,04

-1,1

UE 25

0,18

0,17

0,17

0,31

Etats-Unis

0,3

0,3

0,43

0,24

Tableau 10 : Termes de l'échange dans les quatres scénarios

Source: Nation Unis commission économique pour l'Afrique

En conclusion, on remarque que le scénario 4 est le plus adéquat pour le secteur textile habillement tunisien pour survivre au « Tsunami chinois » puisqu'il peut amortir l'impact de démantèlement des quotas le maximum possible. L'UE a pris déjà conscience du danger chinois, c'est pourquoi il a choisit une politique d'intégration régionale de la région méditerranéenne avec le processus Euromed. En effet, un pas essentiel a été fait en juillet 2003 à Palerme lors de la Conférence Euromed avec l'adoption d'un nouveau Protocole sur les règles d'origine pan euro-méditerranénne. A ce propos, le premier pas a été franchit par la Tunisie et la Turquie en concluant un accord de libre-échange38(*). Pour encourager la réalisation de cet accord, l'UE a donné à la Tunisie une exonération exceptionnelle des taxes douanières pour les vêtements fabriqués à partir des tissus turcs destinés au marché européen39(*). Un autre accord a été signé par la Tunisie l'accord QUAD40(*), dit d'Agadir qui réunit, en plus de la Tunisie, le Maroc, l'Egypte et la Jordanie. Mais ces accords ont besoin d'être élargit pour réunir toute la zone méditerranéenne.

IV. Les chiffres préliminaires de secteur textile-habillement tunisien après le démantèlement des quotas :

Dans cette section on va analyser l'impact de démantèlement des quotas sur le secteur textile-habillement tunisien et sa résistance face à la concurrence chinoise sur le marché européen, le principal marché à destination des produits textiles tunisien.

1) Sur les exportations :

a) En valeur :

La valeur des exportations du secteur textile-habillement a atteint, au cours de 12 mois de l'année 2005, 4453 MDt contre 4481 MDt en 2004, soit une légère baisse de 0,63 % (voir tableau 11).

Million de Dinars

2001

2002

2003

2004

2005

Ä 05 / 04

1er trimestre

1062

1090

1145

1178

1181

0,25 %

2éme trimestre

1053

1060

1140

1144

1166

1,96 %

3éme trimestre

929

971

946

1020

1034

1,33 %

4éme trimestre

976

1012

1015

1139

1072

-5,89 %

Total en Dinars

4020

4133

4245

4481

4453

-0,63 %

Total en euro

3122

3080

2913

2894

2780

-3,91%

Tableau 12 : L'évolution de la valeur des exportations

tunisiennes de secteur textile-habillement

Source: CETTEX

En effet, on signale que la plus remarquable diminution des exportations a été pendant le premier trimestre et le quatrième trimestre de l'année 2005. Pendant le premier trimestre et dés la levée des quotas, le mois janvier a vu une baisse des exportations de 16,1 % par rapport au janvier 2004. Mais le secteur a retrouvé son souffle pendant février et mars avec respectivement une hausse de 14,4 % et 5,6 %. Pour réaliser au total une légère hausse de 0,25 % pendant ces 3 mois par rapport à la même période 2004 (voir Tableau 13).

Million de Dinars

2001

2002

2003

2004

2005

Ä 05 / 04

Janvier

365

367

370

434

364

-16,1 %

Février

344

343

364

349

400

14,4 %

Mars

353

379

410

395

417

5,6 %

1er trimestre

1062

1090

1145

1178

1181

0,25 %

Tableau 2 3 : L'évolution de la valeur des exportations tunisiennes de secteur textile-habillement pour le 1er trimestre 2005

Source: CETTEX

Le quatrième trimestre 2005 s'est caractérisé par une baisse continue des exportations (-9, 34 % en octobre, -5, 37 % en novembre et -3,29 % en décembre). Au total, on remarque une diminution spectaculaire de 5,89 % par rapport à la même période de 2004 (voir Tableau 14).

Million de Dinars

2001

2002

2003

2004

2005

Ä 05 / 04

Octobre

330

341

336

379

343

2,3 %

Novembre

317

355

300

323

305

0,4 %

Décembre

329

316

379

438

423

4,5 %

4éme trimestre

976

1012

1015

1139

1072

-5,89 %

Tableau 3 4 : L'évolution de la valeur des exportations tunisiennes de secteur textile-habillement pour le 4éme trimestre 2005

Source: CETTEX

b) En volume :

Au cours des cinq premiers mois 2005, on enregistre une baisse des exportations en volume. En effet, Pour les vêtements en chaîne et trame, le processus de décroissance initié en 2002, se poursuit pour les 5 premiers mois de 2005. 115,39 millions de pièces ont été exportées de janvier à mai 2005 contre 140,91 millions de pièces exportées au cours de la même période en 2004. Toutefois on constate une tendance vers le maintien de ces exportations puisque la baisse en volume est de 11.6% en mai 2005 contre -27,5% en avril 2005. La tendance à la baisse, déclenchée depuis l'année dernière, pour les vêtements en bonneterie se poursuit (voir Tableau 15). Du 1er janvier à fin mai 2005, 61,69 millions de pièces ont été exportées contre 79,46 millions de pièces en 2004 (-22,36%).

Tableau 15: L'évolution en volume des exportations tunisiennes

Source: CETTEX

2) Sur les IDE :

En 2005, les investissements dans le secteur du textile-habillement, avec 95 projets, atteignent les 61,6 MD pour 5 804 emplois. Pour le volet création, on note un investissement de 15,8 MD pour 3 109 emplois (48 unités). Plus marquantes, les extensions cumulent 46 MD et 2 695 emplois (47 unités). Il est important de préciser que ces projets ont permis la réintégration des emplois perdus, qui s'élèvent à 5 200 postes. En 2005, on comptabilise la fermeture de 67 entreprises. Néanmoins, les raisons demeurent étroitement liées à la conjoncture internationale : les problèmes d'écoulement sont à l'origine des difficultés de 52 entreprises et la perte de 3 700 emplois à cause de démantèlement des quotas en premier lieu, de la forte concurrence des produits chinois sur le marché européen en deuxième lieu et à cause de la délocalisation des entreprises en troisième lieu.

3) Sur les entreprises exportatrices par catégorie de produit:

Tableau 16: Evolution de nombre d'entreprises entre 2004 et 2005

Source: CETTEX

D'après le tableau on peut tirer les conclusions suivantes :


· Diminution du nombre d'entreprises exportatrice pour le 1er trimestre (-38 entreprises) par rapport au 1er trimestre 2004.


· La baisse globale en volume des exportations des principaux produits à l'export a atteint en moyenne 20% sur le 1er trimestre 2005 comparativement à la même période en 2004.


· Stagnation de la valeur des exportations sur le 1er trimestre 2005 comparativement à la même période en 2004.


· Les baisses en valeur et volume des exportations ont concerné principalement les produits suivants : la lingerie, les pantalons de ville, tee-shirt & maillots de corps, pull-overs et chemises & chemisettes (commerce de la Chine).


· La part des vêtements dans les exportations du secteur est passée à 90% en 2005 contre 92% en 2004.

Enfin les chiffres à fin 2005 confirment bien que la levée des quotas et la forte concurrence chinoise ont influé négativement le secteur textile-habillement. Mais la diminution est non significative, variation 04/05 de -0,63 % en terme d'exportation, d'où on peut dire que la Tunisie a bien résisté aux flux des produits chinois.

Conclusion :

Le secteur textile est un secteur primordial pour l'économie tunisienne que pour l'économie chinoise. Avec le démantèlement de l'ATV, la Chine est apparue comme le pays le plus bénéficié à l'instar de la Tunisie qui s'est présenté comme l'un des principaux perdant. Mais l'impact sur notre secteur a été, bien entendu, amorti par les clauses de sauvegardes appliquées par l'UE pour contrecarrer la menace chinoise et pour protéger ces fournisseurs, dont la Tunisie. Toutefois, ces clauses prennent fin en 2008 d'où la grande inquiétude des conséquences probables sur un secteur de textile tunisien un peu fragile à l'environnement international. -

Conclusion générale

L

a Chine future grande puissance mondiale ? Future rivale des Etats-Unis ? On a pour longtemps entendu ces interrogations, soulevées par la croissance économique spectaculaire que connaît ce pays depuis maintenant plus de 20 ans, en battant des records de croissances de PIB, et par la montée en puissance de son industrie dans le commerce international. Entre 1978 et 2001, sa place dans les échanges internationaux est passée de 1 % à plus de 5 % dans cette période. En fait, de Chine sortent désormais 70 % des jouets fabriqués sur la planète, 60 % des bicyclettes, 50 % des ordinateurs et des appareils photos, 35 % des téléphones mobiles, 30 ù des téléviseurs et des climatiseurs, 25 % des machines à laver. D'où, on parle dès lors de la Chine comme une deuxième puissance industrielle et commerciale de monde, tout juste derrière les Etats-Unis, d'ici 2020.

Mais cette réussite dans le processus de rattrapage d'un pays en développement n'est- elle l'arbre qui cache la forêt. En effet, les points de fragilité de cette économie chinoise sont légions. Car elle reste très arriérée dans l'ensemble. L'agriculture chinoise est peu productive, de même que les industries d'Etat (32% de l'emploi urbain, 76 millions de salariés en 2001), dotées d'équipements vétustes. En 1998, près de la moitié d'entre elles tournait encore à perte et ne survivait que grâce à des retards d'impôts, des crédits budgétaires, des prêts bancaires. Elles ont entraîné dans leur crise tout le système bancaire, lui aussi étatique. Les banques, pour permettre à ces entreprises de survivre et même se développer, ont accumulé sur elles d'énormes créances douteuses, dont le remboursement est plus qu'incertain. L'Etat a dû plusieurs fois assainir les comptes, pour éviter la cascade des faillites et l'effondrement du système financier. En 1998, il a renfloué les quatre principales banques à hauteur de... 200 milliards de dollars, et cinq plus tard, en 2003, il a dû recapitaliser à nouveau deux de ces banques, pour 45 milliards de dollars. Au total, sur 6 ans, le coût de ce sauvetage se situerait entre 30% et 60% du PIB !

Cette fracture avec le reste de l'économie se retrouve dans la productivité du travail. Au milieu des années 1990, la production par travailleur dans l'industrie manufacturière en Chine représentait 5% seulement de celle des États-Unis, 7% de celle de l'Allemagne! Cependant la productivité est nettement plus élevée dans le textile, l'électronique, l'automobile: des secteurs dominés par les investisseurs étrangers et qui utilisent des technologies importées. De même, la croissance économique actuelle creuse l'écart entre les provinces côtières, intégrées à l'économie mondiale, et le reste du pays: elles concentraient en 2001 38% de la population, mais 91% des exportations, 91% des importations, 82% des investissements directs à l'étranger, effectués en Chine par des entreprises étrangères.

L'économie chinoise a donc son sort suspendu à l'extérieur. Donc « la menace chinoise » pour l'économie mondiale est peu probable. Que peut-elle en attendre à long terme ?

En ce qui concerne le secteur textile, la Chine perd lentement ces avantages comparatifs dans ce secteur. En effet, le nombre d'heures de travail a récemment été réduit et les salaires enregistrent depuis 1997 une hausse considérable. Egalement, elle cherche, aujourd'hui, à se spécialiser dans la technologie de pointe en dépit de textile. D'où, on peut affirmer que cette domination de la Chine dans le troisième secteur, en terme des échanges commerciaux mondiaux, est temporaire. Donc, on peut attendre un retour en force de secteur textile-habillement tunisien à long terme qui a pu surmontée le défit de démantèlement des quotas à l'aide, il faut le dire, de l'application des clauses de sauvegarde par l'UE, le principale marché à destination des produits textiles tunisien. Mais la question que se pose est la suivante :

Est ce que le secteur tunisien survivra-t-il après la fin de l'application de ces clauses en 2008 ?

Bibliographie

Ouvrage :

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· Mary-Françoise Renard « La montée en puissance de la Chine dans le commerce mondial: une réussite spectaculaire pour une économie fragile »

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· Conférence de Jaques Gravereau sur radio86.com

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* 1 D'après les chiffres cités dans l'Encarta 2006

* 2 Il est à noter que la classification des réformes se diffère d'un économiste à l'autre, par exemple David Zweig, professeur associé au sein de la Division des sciences sociales à Hong-Kong University of science and Technology, a classé les réformes en 5 périodes. Dans cette étude j'ai choisi la classification élaborée par J.Y.Lin, F.Cai et Z.Li dans leur manuel « Le miracle Chinois ».

* 3 D'après David Zweig dans son article `Chine 1998-2000 : la dernière vague de réforme en panne'

* 4 Exemple de réformes: la libéralisation des capitaux d'Etat, la réforme de la structure financière et l'ouverture complète de secteur tertiaire. Ces réformes vont être développé dans le cadre de chapitre 2.

* 5 D'après les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS), de la Banque mondiale et Global insight

* 6 HARRIS, Stuart. « China's Role in the WTO and APEC » in GOODMAN, David S. G. et Gerald SEGAL (Dir.). China Rising: Nationalism and Interdependence. New-York, Routledge, 1997. p.: 137

* 7 L'avantage comparatif d'un pays est mesuré à partir de l'indicateur de Balassa de spécialisation internationale des échanges, IIC={E(k)-M(k)}/{E(k)+M(k)} où E(k) représente les exportations du bien k et M les importations du même bien avec IIC varie dans l'intervalle [1,-1] et donne le degré de dépendance de la production d'un bien à l'égard des exportations ou des importations.

* 8 Qui sera l'objet de la deuxième partie de ce travail.

* 9 D'après Le Quotidien du Peuple en ligne  du 11/12/2001.

* 10 D'après le site de web chinafrique.com

* 11 D'après Kenneth Arrow, le lauréat de prix Nobel, professeur d'économie émérite de l'Université de Stanford.

* 12 Si on prend en considération les estimations du gouvernement chinois qui prévoient une croissance minimum de 7,5 % par an de PIB jusqu'au 2020.

* 13 Cette partie sera traité en détaille dans le 3éme chapitre.

* 14Economiste en chef chez Morgan Stanley aux Etats-Unis

* 15 D'après "Compétitivité à la chinoise" article publié sur Libération.fr le 14/02/2005 par Philippe Martin, professeur à Paris-I et chercheur au centre d'enseignement de recherche et d'analyses socio-économiques (Ceras-SNRS).

* 16 D'après le document de travail "La montée en puissance de la Chine dans le commerce mondial: une réussite spectaculaire pour une économie fragile" de Mary-Françoise Renard, professeur à l'Université d'Auvergne, FSEG, responsable de l'IDREC (Institut de recherche sur l'économie de la Chine) au CERDI (Centre d'étude et de recherche sur le développement international) et directeur du master "Economie de la Chine", publié le 02/12/04.

* 17 Objet d'étude en 2éme parite.

* 18 Lexpress.fr: "Chine:le défi économique"

* 19 Le meilleur spécialiste français des matières premières, passe chaque année au crible dans Cyclope l'ensemble des marchés mondiaux.

* 20 HWWA: indice des matières premières (hors énergie), en dollars.

* 21 Equivaut à 10000 tonnes de charbon.

* 22 Fondateur et directeur de l'institut HEC-Eurasia et également auteur de l'Asie majeure chez Grasset.

* 23D'après des chiffres de Organisation Internationale Du Travail

* 24Il est tenu de respecter les normes internationales du travail, ainsi que les normes environnementales et les droits de propriété intellectuelle

* 25 Source:Aggarwal, 1985; Finger and Harrison, 1996

* 26 On va voir le cas avec l'UE et avec l'USA.

* 27 Selon les prévisions de FMI.

* 28 Comme le cas de la Tunisie pour l'UE et le Mexique pour l'USA.

* 29 D'après la lettre des économistes de l'AFD N°11 de janvier 2006.

* 30 D'après la lettre CTCOE.

* 31 Lettre CTCOE.

* 32 D'après Gaylon Booker de National Cotton Concil.

* 33 D'après les données de l'EUROSTAT.

* 34 Selon le Centre de promotion des exportations -CEPEX

* 35 Chiffre de l'API, avril 2005.

* 36 Description complète du modèle dans Hertel (1997).

* 37 L'unité est le dollar.

* 38 Cet accord a été paraphé en 2004.

* 39 Mesure approuvée par le Conseil d'Association UE-Tunisie du 14 juillet 2005.

* 40 Accord signé le 25 février 2004.






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