WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo

( Télécharger le fichier original )
par Eder Kitapandi Luzau
Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 5 : LD KABILA et le dialogue intercongolais

Le volte face de LD Kabila vis-à-vis de ses anciens alliés et des puissances étrangères dont il n'a pas garanti les intérêts, d'une part, la déception d'une fraction de l'AFDL et d'autres composantes des forces sociopolitiques internes, d'autre part, ont débouché sur le déclenchement de la guerre « d'agression-rebellion » le 02 août 1998. Sous la pression de la communauté internationale, les belligérants, après moult tergiversations, se sont retrouvés à Lusaka où ils avaient signé un accord de cessez-le-feu, connu désormais sous l'appellation de l'Accord de Lusaka. Cet accord, outre les modalités de désengagement des troupes qu'il avait fixées, prévoyait dans son chapitre 5 la tenue du dialogue entre congolais. Le dialogue devait déboucher sur la mise en place des institutions devant conduire la période de transition. C'est dans ce contexte que l'ancien président botswanais, Ketumire Masire, avait été désigné comme facilitateur.

L'ancien Président botswanais, Ketumire Masire, aura été l'homme de l'année 2000 vu sous l'angle de la crise congolaise. Il a inscrit son nom sur longue lignée de ceux qui, périodiquement et depuis quatre décennies, interviennent dans les affaires de la RDC. Bien avant lui, des personnalités comme le suédois dag Hammarskjöld, le birman Sithu Uthant, le sénégalais Abdoulaye Wade, le sud - africain Nelson Mandela et l'américain Bill Richardson, ont eu à s'impliquer dans la résolution des conflits ayant émaillé l'histoire de ce pays. L'itinéraire du botswanais Masire a connu des moments à la fois intenses en activité et très tumultueux, déprimants à la limite. Désigné facilitateur conformément à l'accord de Lusaka, Masire a reçu la gestion d'un dossier complexe en tout point de vue.

Malgré les réticences constatées au départ, il a été finalement accepté par toutes les parties. Les contacts avec le pouvoir en place à Kinshasa, l'opposition non armée et la société civile seront ponctués de quelques malentendus et incompréhension. Ceux-ci vont se révéler avec le temps, très néfastes envers lui. Son plan de travail divulgué en Avril 2000 va diviser la classe politique congolaise.

L'opposition non armée (avec E. Tshisekedi wa Mulumba notamment) semble adopter son approche. Il n'en a pas été le cas de L D Kabila et de son gouvernement. Intervenant sur RFI le 23 avril 2000, A. Yerodia Ndombasi, alors ministre des affaires étrangères donnera la position du gouvernement : refus de voir les consultations préparatoires au dialogue intercongolais se dérouler en présence de quelques chefs de missions diplomatiques ; rejet de la proposition d'organiser ces assises hors de Kinshasa (1). Loin de baisser les bras, Masire rencontre la classe politique le 14 mai 2000 au grand hôtel de kinshasa. A l'occasion, la pomme de discorde réside dans la constitution du comité organisateur de 16 à 20 membres. Cette proposition du facilitateur sème zizanie dans la classe politique. L'UDPS menace même de désavouer Ketumire Masire pour qui le dialogue intercongolais n'était l'affaire que des belligérants.

Emaillé de diverses incompréhensions, le séjour kinois du facilitateur se terminera en queue de poisson. Non seulement LD Kabila refuse de le recevoir, mais encore il se fait  tancer  par Abdoulaye Yerodia Ndombasi. Cette mauvaise humeur du gouvernement de L.D Kabila aurait été provoquée par les déclarations du facilitateur qui a trouvé la création de L' ACLPT comme une initiative susceptible de bloquer la tenue du dialogue intercongolais. Masire quitte Kinshasa le 23 mai 2000. Pendant que Kinshasa boude Masire, celui - ci s'efforce d'organiser une réunion du comité à Cotonou (Bénin).

Cette rencontre n'aura pas lieu faute des composantes de l'intérieur (pouvoir et opposition non armée). Le facilitateur prend acte de cette défection et fixe un nouveau rendez - vous à Gaborone en juillet 2000. Il n'aura pas le temps de réaliser ce projet. Car, dès le 9 juin 2000, une sérieuse brouille se crée entre lui et le gouvernement de LD Kabila. La déclaration officielle lue le même jour par M. Didier Mumengi, ministre de l'information et porte parole du gouvernement à l'époque, est explicite. Le désaveu infligé à Masire repose sur trois raison : son silence sur les affrontements entre rwandais et ougandais à Kisangani, son obstination à organiser des rencontres pendant que « le peuple congolais est préoccupé à compter ses morts et à les enterrer », et son manque d'expertise sur le dossier de la RDC et sur les réalité de la sous région des Grands lacs.

Pour le gouvernement de LD Kabila, il faut que L'OUA désigne un autre facilitateur en lieu et place de Masire dont la crédibilité et la neutralité ont été mises en cause. Le 20 juin 2000, son bureau est scellé.

La récusation du Botswanais Masire a soulevé indignations et réactions tant à l'intérieur qu'a l'extérieur. Les Etats-Unis et la grande Bretagne n'avaient guerre apprécié ce désaveu. Le Département d' Etat américain l'a précisé dans sa déclaration du 21 juin 2000. Celui - ci a réaffirmé son soutien à M. Masire. A l'instar d'une réponse du berger à la bergère, le gouvernement congolais par la bouche de M. Mwenze Kongolo, ministre de la justice et garde des sceaux, réagit vigoureusement deux jours plus tard. Outre les récriminations contre les deux grandes puissances et l'explication de la décision prise, la déclaration de Kinshasa spécifie que «la fermeture du bureau de M. Masire est un acte de souveraineté posé par le gouvernement de la RDC. Celui - ci se réserve le droit de lever cette mesure à n'importe quel moment de son choix, sans contrainte»36(*)

C'est dans cette confusion autour de la tenue du Dialogue Intercongolais que succombera M'Zee LD Kabila.

Conclusion partielle

A tout prendre, le Président L. D. Kabila avait inscrit son action politique, économique et diplomatique dans la perspective d'une autonomie politique et économique. Il est resté attaché à son idéologie révolutionnaire forgée dans les années 60 à l'époque de la guerre froide où les deux grandes puissances mondiales (USA et URSS) cherchaient à étendre leurs influences respectives dans certaines régions en s'appuyant sur des régimes politiques qu'elles soutenaient. Mais le contexte dans lequel L.D. Kabila a exercé son pouvoir ne se prêtait pas à une telle idéologie. Avec le capitalisme triomphant qui a universalisé ses valeurs depuis la chute du mur de Berlin, il s'avère utopique de croire édifier une société qui serait entièrement hors de son emprise.

C'est ainsi que, sur le plan interne, L.D. Kabila n'a pas obtenu le consensus des forces sociopolitiques autour des modalités d'aménagement du champ politique congolais. Aussi, pris au dépourvu par les contradictions internes à son propre régime, il n'a pas pu restaurer l'Etat démocratique et de droit souhaité par tout le peuple congolais. Honoré Ngbanda souligne quelques faits relatifs au régime Kabila, notamment « la corruption, le tribalisme, la misère, l'injustice, le détournement des fonds publics, le favoritisme, le trafic d'influence, la pratique de la politique d'exclusion, la non démocratisation du régime Kabila... »37(*)

Sur le plan externe, ses relations tumultueuses avec la France, la Belgique, les USA, les autres pays occidentaux et les institutions de Breton Wood lui ont privé leur soutien dont il avait pourtant besoin pour la reconstruction nationale.

Toutefois, son rêve d'un Congo grand, indépendant et souverain reste un projet à inscrire dans les ambitions de tous les dirigeants, actuels et futurs, si l'on tient à ce que ce pays soit respecté dans le concert des nations. Nous devons, nous tous, comme nous recommande notre hymne national, assurer la grandeur de la mère patrie, prêter serment de liberté à léguer pour toujours à notre postérité. M'zee LD Kabila, quelles que soient ses incohérences, l'avait compris et réaffirmé dans l'hymne dédié aux opprimés : « Il n' y a point de doute d'abattre l'exploitation et de créer une juste société... Tenons bien nos armes dans nos mains...Quoi qu'il en coûte, jamais de servitude. »

* 36 La Référence Magazine n° 38, p.37

* 37 H. Ngbanda, cité par Mbepongo, Op-cit, p.36

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire