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De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo

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par Eder Kitapandi Luzau
Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006
  

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5. Le sabordage des « acquis » de la révolution du 17 mai

Nombre d'observateurs et d'analystes ont salué le style de gouvernance du président Joseph Kabila. Pour les uns et les autres, Joseph Kabila a réussi à restaurer la paix, à unifier le pays déchiré par une guerre de cinq ans, à remettre le Congo sur la scène internationale. Ce qui a sauvé la RDC de la partition à laquelle l'exposait la belligérance qui a prévalu depuis 1996.

Dans la foulée de la recherche des voies et moyens pour restaurer la paix en RDC, le Président Joseph Kabila avait sabordé ce que l'on peut qualifier d' « acquis » de la révolution du 17 mai que les compagnons de son défunt père et prédécesseur pensaient qu'il préserverait. Nous pouvons noter au passage la suppression des CPP, des FAP, de BNPS ; l'abandon jusqu'à la faillite totale des Cantines populaires, de la Réserve stratégique et de Service national. Il s'agit là des instruments mis en place par M'zee LD Kabila dans la perspective de la mobilisation des masses populaires, de l'autodéfense populaire et de l'autoprise en charge collective. Leur suppression symbolise la fin de la révolution du 17 mai.

Si de manière générale, la majorité des compagnons de LD Kabila se sont simplement rangés dans la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Président, espérant évidemment que cette position les mettrait en situation favorable dans la course aux privilèges, quelques uns ont cependant réagi ou même dénoncé ouvertement le sabordage des acquis de la révolution du 17. C'est ainsi que Mwenze Kongolo, ancien ministre de l'Intérieur et de la Justice sous LD Kabila avait, au cours d'un point de presse tenu à l'occasion de l'inauguration du mouvement (ou parti) politique qu'il venait de créer, l'abandon de l'héritage de M'zee par le nouveau pouvoir. Il assignait à son mouvement (ou parti), « Patriotes Kabilistes » (PK), la lourde mission de pérenniser la pensée du soldat du peuple qu'était LD Kabila. Et au cours d'une interview qu'il avait accordée au quotidien le potentiel dans sa publication du 19 septembre 2005, il stigmatisait le fait que l'actuel président, donc Joseph Kabila, ne faisait pas de la souveraineté nationale son cheval de bataille comme c'est fut le cas avec M'zee LD Kabila. A la question de savoir ce qui le (Mwenze Kongolo) différenciait avec Joseph Kabila, il répondit en substance : «Je ne veux pas, une nouvelle une fois, engager une polémique avec le président de la République. Mon seul souci est de voir le pays dirigé comme il faut. J'ai apprécié comment M'zee dirigeait le pays : il tenait à ce que le peuple se l'approprie pour le sortir d'une crise de plusieurs décennies. Moi je ne m'en tiens qu'à cette vision. Je constate tout simplement que le président J. Kabila ne tient pas à la même valeur. C'est cela qui nous différencie. Tant qu'il maintiendra ce cap, nous marcherons toujours sur des voies parallèles.»

De leur part, en réaction à la suppression des CPP, Edouard Dominique Longandjo et Vincent Mutomb Tshibal, respectivement ancien Secrétaire général Adjoint des CPP et ancien Secrétaire général de l'AFDL, avec quelques uns de leurs « camarades » ont créé leur parti politique dénommée Mouvement des Comités du Pouvoir Populaire (MCPP) dans le but de continuer la lutte amorcée par M'zee LD Kabila. On connaît également un autre parti politique dénommé Mouvement du 17 Mai (M17) créé par Victor Mpoyo (proche de LD Kabila) et dirigé par Augustin Kikukama qui ne cesse de dénoncer le déviationnisme de l'actuel Président et son parti le PPRD. Dans une interview donnée au quotidien Laconscience dans sa parution du 3 décembre 2005, Augustin Kikukama faisait remarquer que «  notre organisation ne nourrit aucune haine contre la personne de Joseph Kabila. En revanche, les kabilistes sont désabusés par la politique qu'il conduit. Une politique qui ne cadre plus avec les idéaux qui animaient ceux qui avaient chassé Mobutu du pouvoir. La majorité de la population congolaise paraît déçue par la mauvaise gouvernance qui règne au sommet de l'Etat. »

Tous ces partis et mouvements qui se réclament du Kabilisme authentique, n'ont jamais bénéficié du soutien du Président Joseph Kabila ni de son entourage. C'est qui présage un divorce entre ces deux groupes.

La question principale est celle de savoir pourquoi Joseph Kabila a-t-il pris une telle distance vis-à-vis de l'orientation politique de son père ? Au-delà des contraintes de l'environnement dans lequel il avait pris le pouvoir, il y a lieu d'affirmer que Joseph Kabila devait s'affranchir du cercle et de la philosophie de L.D. Kabila pour s'affirmer en tant que nouveau leader avec qui il fallait désormais compter. Il devait ainsi procéder symboliquement au « meurtre du père » pour éviter que l'ombre de ce denier entrave l'action qu'il projetait de mener en tant que chef d'Etat. Ensuite, il sied de reconnaître que Joseph Kabila n'est pas aussi imprégné de l'idéologie maoïste qui a éclairé depuis des années entières son prédécesseur. A ce titre, il ne se sent probablement pas héritier politique et idéologique de son défunt père. Surpris par l'assassinat de son père, Joseph Kabila n'a pas eu le temps de se forger sa propre ligne politico-idéologique pouvant le singulariser dans le champ politique. Par conséquent, il ne pouvait que s'abriter sous le parapluie des maîtres du monde pour préserver son pouvoir.

Nous pensons que s'il est vrai que la gouvernance de Joseph Kabila a, dans une certaine mesure, ramené la paix, la réunification et le retour du Congo sur la scène internationale. Elle a néanmoins mis en péril la souveraineté de notre pays à telle enseigne que la R.D. Congo est devenue un « Etat bébé », selon la formule du professeur Emile Bongeli.41(*)

* 41 E. Bongeli Y.A, « L'Etat bébé. Lutte contre la pauvreté : nouveau mythe onusien », in Analyses sociales, Volume X, numéro unique, janvier - décembre 2004

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