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De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo

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par Eder Kitapandi Luzau
Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006
  

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2. Problématique

L'émancipation des Etats dominés de la tutelle des puissances euro-américaines a été, depuis de lustre, au centre de préoccupation des scientifiques, des politiques et des agents de développement. Elle a forgé tout un courant des pensées, mieux toute une tradition en sociologie dénommée « sociologie de l'impérialisme.» « Celle-ci se réalise comme un courant théorique de la sociologie du développement qui s'attache à étudier la dialectique de l'impérialisme et les mouvements nationaux. Elle se préoccupe fondamentalement de l'élaboration des réflexions critiques sur la vie sociale dans les ensembles économico - politiques et idéologiques de domination et d'exploitation des peuples en liaison avec la formation historique concrète de ces ensembles.»7(*)

En clair, la sociologie de l'impérialisme analyse les mécanismes de domination et d'exploitation mis en place par le capitalisme à l'échelle mondiale. Par ces mécanismes, le capitalisme devenu impérialisme et se constituant en centre, subjugue, par les bourgeoisies locales interposées, les peuples entiers de la périphérie pour assurer sa propre survie.

Ce courant de pensée a été marqué par les travaux des sociologues de renommée mondiale tels que Samir Amin, Abdel Malik, Peter Sweezy, André Gunder Frank, Jean Ziegler, et au niveau national par des sociologues tels que  Edouard Dominique Longandjo O., Matthieu Kalele ka Bila, Clément Mwabila Malela, Emile Bongeli Yeikelo a Yato, Kankwenda Mbaya, Mabika Kalanda, etc.

Pour ces sociologues, l'impérialisme a soumis à sa logique les Etats du sud et impose dans ces Etats ses représentants comme le montre Jean Ziegler dans son ouvrage intitulé « Main basse sur l'Afrique ». La seule arme que les peuples dominés d'Afrique disposent pour se libérer de l'humiliation, de l'asservissement que leur inflige le dominateur impérialiste est la lutte de libération nationale.

Ainsi donc, la thèse fondamentale de la sociologie de l'impérialisme est que pour se libérer, le peuple dominé n'a qu'une seule possibilité, la révolution.

Cette thèse a trouvé une audience particulière dans les milieux politiques des nouvelles sociétés issues de la décolonisation avec notamment Nkwame Nkrumah, Sekou Toure et Patrice Emery Lumumba à ce qui concerne la RDC.

Ce dernier constatant au lendemain de l'indépendance que la tutelle belge continuait à peser sur le nouveau Etat dont il était premier ministre, avança quatre idées maîtresses pour libérer le Congo de ladite tutelle :

1. il n'y a pas de compromis possible avec l'impérialisme, la lutte entre le nationalisme authentique et l'impérialisme est une lutte à mort ;

2. seule la mobilisation des masses populaires permet de constituer une force capable de l'emporter sur l'impérialisme ;

3. la domination de l'impérialisme étant basée sur l'emploi des armes, la libération passe nécessairement par la victoire de la résistance armée ;

4. la lutte contre l'impérialisme ne peut aboutir qu'à condition d'être liée à la lutte contre les collaborateurs de l'impérialisme.8(*)

De par ses idées, P.E. Lumumba rêvait de construire un Congo dont la dynamique devait contrarier, par son indépendance et sa souveraineté, les intérêts du capitalisme mondial. La logique de la domination internationale a rendu impossible l'apparition d'un tel Etat en organisant l'assassinat de P.E. LUMUMBA dans les conditions aujourd'hui connues.

Au lendemain de sa prise de pouvoir, après avoir démantelé le régime Mobutu considéré comme allié de l'impérialisme à la suite d'une « guerre de libération », le Président L.D. Kabila reprit pour son compte ce catéchisme révolutionnaire légué par P.E. Lumumba.

Il dit en substance le 29/05/1997 à l'occasion de sa prestation de serment comme président de la nouvelle RDC, que la « troisième République », inaugurée par son avènement au pouvoir, était l'anti-thèse de la deuxième République. Cela signifie qu'un changement profond devait se faire. Il déclarait également que le Congo ne pouvait recevoir aucun dictat fut-il de soit disantes puissances du monde ou de la communauté internationale.

Pour joindre l'acte à la parole, M'zee L.D. Kabila avait entrepris, d'une part, de défaire toutes les forces sociopolitiques supposées être alliées locales de l'impérialisme afin que, selon lui, s'instaurasse la véritable démocratie et, d'autre part, de contrer la logique de la domination internationale pour que la RDC devienne véritablement un Etat souverain dans le concert des nations. C'est dans cette perspective que les partis politiques ont étaient suspendus, que les CPP ont été créés comme creuset de la démocratie directe et que les relations avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux traditionnels de la RDC (France, Belgique, USA, FMI, BM) ont été dénoncées et revisitées.

Suite à cette prise de position politique, constate Colette Braeckmann, « les puissances qui avaient porté à bout de bras la révolution de L.D. Kabila depuis les montagnes du Kivu jusqu' à Kinshasa n'ont pas tardé à se rendre compte qu'elles avaient misé sur un mauvais cheval.»9(*) Un tel  pouvoir aussi peu orthodoxe que celui de LD.Kabila, poursuit Colette Braeckmann, ne pouvait que susciter la méfiance des occidentaux. Les pays voisins, quant à eux, constatent rapidement que le nouveau maître du Congo n'est pas un allié docile qui pouvait garantir leurs intérêts. Profitant du fait que le nouveau régime n'a pas encore eu le temps de créer une armée nationale, ils décident de revoir la copie. »10(*)

C'est pourquoi, il n'a suffit qu'une année et deux mois au régime de LD.Kabila pour déboucher sur un nouveau conflit militaire qui a occasionné l'occupation des territoires de l'Est par des forces armées rwandaises, ougandaises et burundaises et plusieurs mouvements rebelles congolais.

Devenu l'homme à battre, L.D. Kabila fait l'objet d'enquêtes sur les violations massives des droits de l'homme perpétrées par ses troupes pendant la campagne militaire menée contre le Président Mobutu. Le président LD. Kabila est désormais un homme seul et il sera assassiné le 16 janvier 2001.

A son arrivée aux affaires de l'Etat, le président Joseph Kabila, son fils et son successeur, avait pris l'engagement de poursuivre et de parachever l'oeuvre « salvatrice » de son père. Mais ses actions politiques ont suffisamment montré qu'il a pris une distance vis-à-vis de la politique de son prédécesseur. En effet, il a réchauffé les relations difficiles que LD Kabila avait avec la communauté internationale et petit à petit, il s'est débarrassé des anciens collaborateurs de son père et a sabordé les « acquis » de la révolution du 17 mai.

Ce sont ces contradictions qui s'observent entre ces deux figures du mouvement politico-militaire AFDL qui ont attiré notre attention.

De tout ce qui précède, trois questions principales constituent l'essentiel de notre étude à savoir :

- le président L.D. Kabila et son régime « révolutionnaire » du 17 mai avaient-ils réussi à libérer le Congo de la tutelle impérialiste ?

- pourquoi Joseph Kabila n'a pas poursuivi le schéma « révolutionnaire » de son père ?

- s'agit-il d'une stratégie pour la survie du régime ou d'un réalisme politique à cette période de mondialisation ou encore  d'une reddition mettant fin aux illusions d'un régime qui s'est voulu révolutionnaire?

* 7 J.P. Mpiana T., Discriminations et conflits. Contribution à l'étude de la « conscience de condition » de la population de Ngaba, Mémoire de D.E.S en sociologie, UNIKIN, 2004.

* 8 Ludo M. cité par A. Mwaka, C. Ngoy et J.P., « R.D.Congo : Dialoguer avec les maîtres du monde », in M.E.S., n°10, mars-avril 2003, p.42

* 9 C. Braeckmann, L'enjeu congolais : l'Afrique centrale après Mobutu, éd. Fayard, Paris, 1999, p.331

* 10 Idem

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand