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Caractéristiques cliniques et épidémiologiques de l'insuffisance cardiaque congestive à Lomo Medical

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par Lydie MUPINSIE
Université Simon KIMBANGU - Docteur en médecine 2005
  

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CHAPITRE 4. DISCUSSION

Fort ambitieux, le présent travail a décrit le profil épidémiologique, clinique, thérapeutique et pronostique de l'insuffisance cardiaque congestive en pratique libérale dans la ville de Kinshasa. Elle vient compléter l'étude de KAMBALE (12) ayant déterminé la place de l'hypertension artérielle, du sexe, de l'âge, des composantes de la pression artérielle et de l'anthropométrie dans l'insuffisance cardiaque congestive.

4.1. CARACTERISTIQUES SOCIO- DEMOGRAPHIQUES

4.1.1. SEXE

Contrairement aux données antérieures de la littérature rapportant la vulnérabilité des hommes dans l'hospitalisation pour l'insuffisance cardiaque congestive (22,23), la présente étude, celle de KAMBALE (12) et d'autres études (24) démontrent la vulnérabilité des femmes. Ceci se justifie par le fait que les femmes présentent des valeurs des pressions pulsées et d'IMC plus élevées que celles des hommes.

4.1.2. AGE

Les âges moyen et médian de la population étudiée et en insuffisance cardiaque congestive, respectivement > 60 ans, reflètent le vieillissement. En effet, il s'agit d'une population urbaine en cours de transition épidémiologique (25), concomitante à la transition démographique (26,27). Du reste, l'expérience de vie des Congolais est passée de 40 ans autour de 1950 à 53 ans en 1990 (28).

La tendance à l'augmentation de l'incidence de l'insuffisance cardiaque congestive et de l'hospitalisation pour l'ICC aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, est influencée par le vieillissement (12, 23, 29, 30-33). L'amélioration du traitement de l'hypertension artérielle et de cardiopathies ischémiques permet aussi aux individus de vivre plus longtemps et de développer l'insuffisance cardiaque congestive (29,34).

4.1.3. ETAT CIVIL

La surreprésentation des mariés s'explique par le fait que les congolais se marient de plus en plus à un âge avancé (35). Ce qui peut aussi diminuer la mortalité maternelle chez ces femmes congolaises qui jadis se mariaient autour de la puberté et de l'adolescence.

4.1.4. PROFESSION

Les chômeurs sont les plus représentés dans cette population avec insuffisance cardiaque congestive. Ils seraient peut- être les plus enclins au stress, facteur de risque cardiovasculaire important (36). L'absence de sécurité sociale (caisse maladie) rend aléatoire l'observance et la prise en charge médicale de ces chômeurs avec concentration de l'hypertension artérielle et de l'obésité.

4.1.5. ETHNICITE

Comme il fallait s'y attendre, l'ethnicité KONGO tend à représenter les deux tiers de cette population. C'est l'ethnicité autochtone de l'ancienne province de Léopoldville éclatée en provinces actuelles du Bas-Congo et de Bandundu. L'absence d'un groupe témoin n'a pas permis de préciser le rôle de l'ethnicité dans l'incidence de l'ICC.

Mais aux Etats -Unis, l'ethnicité (race) influence le taux d'hospitalisations pour l'ICC : les Noirs sont plus vulnérables que les blancs (37).

4.2. ANTHROPOMETRIE

La présente étude confirme l'association existant entre le surpoids/obésité et la présence de l'insuffisance cardiaque

( 38,39-42). En effet, dans la présente étude 43,2 % des patients présentent un excès de poids et de graisse : 25,2% avec surpoids et 18 % avec obésité. Ces taux de surpoids et d'obésité semblent épidémiques en comparaison avec le taux antérieur de 2% en Afrique sub-Saharienne (14, 15,38, 40). Le mode de vie sédentaire, l'inactivité physique en milieu urbain de Kinshasa et la surconsommation d'aliments riches en graisses expliqueraient ces taux épidémiques de surpoids/obésité actuellement observés à Kinshasa (39,40). En Afrique sub-Saharienne, et pour de raisons culturelles et la crainte de systématisation liée à la pandémie à VIH/SIDA, les gens refusent de perdre du poids ; l'obésité est du reste considérée comme le reflet de l'accomplissement social des Noirs africains (41).

La présence de 6,3 % des patients avec dénutrition s'expliquerait par la prise de diurétiques, le régime sans sel et la cachexie décrite dans l'ICC avancée (42). En dehors de ces situations, les taux élevés et concomitants de dénutrition et d'obésité traduisent la présence de la transition nutritionnelle (42).

4.3. ETIOLOGIE

Dans ce travail, seules deux causes sous-jacentes de l'ICC sont identifiées : il s'agit de l'HTA essentielle dans la majorité des cas (78 %) contre 21,6% des cas de cardiomyopathie dilatée ischémique. Ces résultats sont à mi-chemin de ceux des pays développés et des pays Africains. L'HTA et la cardiopathie ischémique de type infarctus du myocarde constituent les deux principaux facteurs de risque d'IC dans les pays développés (32, 35, 43-45) : les cardiopathies ischémiques occupant la première place.

Par contre, En Afrique sub-Saharienne, l'HTA reste en tête de l'ICC avec une proportion moindre estimée à 42,5%, suivie de cardiomyopathie idiopathique à raison de 20,6% et de cardiopathie rhumatismale de l'ordre de 14,4% (46).

Aucun cas de cardiopathie rhumatismale n'est rapporté dans la présente étude. Ceci s'explique par le vieillissement de la population encline à l'HTA (9) et par l'émergence des cardiopathies ischémiques (maladie coronaire ) estimées dans des proportions identiques à celles rapportées au NIGERIA (46). Dans les pays développés, l'atteinte coronaire, incriminée dans 25 à 50 % des cas, est souvent associée à une HTA (1-5, 47-49). En effet, l'HTA entraîne l'hypertrophie du ventricule gauche d'une part, et l'infarctus du myocarde d'autre part. L'hypertrophie ventriculaire gauche détermine directement soit une dysfonction diastolique, soit un infarctus du myocarde qui entraîne une dysfonction systolique. Par la suite, la dysfonction diastolique, la dysfonction systolique ou la combinaison de la dysfonction diastolique et de la dysfonction systolique aboutissent à l'ICC (45). Si hier l'HTA était une affection rare en Afrique noire, elle constitue aujourd'hui un réel problème de santé publique (17) et les experts internationaux réunis dernièrement à Bruxelles (18) signalent que d'ici l'an 2020, plus de 25 millions des noirs africains souffriront de maladies cardiovasculaires dont l'HTA, l'accident vasculaire cérébral et les cardiopathies ischémiques. Depuis les observations initiales de DONNISON en 1929 (50), un long chemin a réellement été parcouru jusqu'à nos jours. Plusieurs travaux reflètent la situation actuelle de la recherche dans l'HTA sur le continent africain en général (51) et en RDC en particulier (52,53).

4.4. TABLEAU CLINIQUE ET DIAGNOSTIC DE L'ICC

La toux et les palpitations cardiaques respectivement rapportées comme motif de consultation par les patients à raison de 51 % des cas, viennent avant l'orthopnée rapportée par 25 % des patients. Ceci suggère que les symptômes fonctionnels ne sont ni sensibles, ni spécifiques. Le faible taux d'orthopnée s'expliquerait par le taux le plus bas des patients au stade IV de la NYHA. En effet, la relation entre symptôme et gravité de l'IC reste médiocre (54).

L'échocardiographie Doppler, test plus objectif, a permis de confirmer la suspicion clinique d'ICC. Comme il fallait s'y attendre, la majorité des patients (73 %) présentent une dysfonction systolique.

Quoique instrument de routine pour le diagnostic optimal de l'IC (55), l'interprétation des paramètres échocardiographiques de la fonction ventriculaire diastolique reste complexe (55). L'IC diastolique est de plus en plus fréquente avec des symptômes trompeurs.

4.5. INFLUENCE DU SEXE SUR LES DETERMINANTS DE L'ICC

Il est difficile d'interpréter l'absence d'association significative entre l'âge, le poids, la PAS, la PAD, la FC et le sexe.

La valeur moyenne de la taille de la femme inférieure à celle de l'homme, confirme la réalité observée dans la population Congolaise (56). Et comme notée dans la population Congolaise (56), les femmes présentent un IMC plus élevé que les hommes. La petite taille (57) et le surpoids (58), facteurs de risque des maladies coronaires, expliqueraient la proportion plus élevée des cas d'athérosclérose pré-clinique chez les femmes que chez les hommes de cette étude. L'athérosclérose pré-clinique, définie par la pression pulsée supérieure ou égale à 60 mmHg, vient d'être identifiée comme facteur de risque de cardiomyopathie diabétique (59) et de rétinopathie diabétique (60). Cette pression pulsée est aussi connue comme facteur de risque d'Insuffisance cardiaque congestive dans l'étude de Chae et al. (61).

L'excès d'athérosclérose pré-clinique précédent la maladie coronaire exclusivement observée chez les femmes, expliquerait la prédominance de la dysfonction diastolique chez ces femmes. Et comme l'HTA était présente de manière identique chez les hommes et chez les femmes de cette étude, l'HTA par le biais de l'hypertrophie du ventricule gauche, contribuerait aussi plus à développer la dysfonction diastolique chez la femme que chez l'homme. Comme dans l'étude de Framingham (62), la présente étude démontre que la femme est plus vulnérable devant la dysfonction systolique en comparaison avec l'homme.

Le taux de la dysfonction diastolique de la présente étude est difficile à comparer aux taux rapportés en Afrique (63) et ailleurs (64). La présente étude n'a évalué que le rapport

E/A < 1 ; le rapport E/A = 1 -2, le rapport E/A > 2 et le temps de décélération seront analysés ulterieurement.

4.6. TRAITEMENT MEDICAMENTEUX

Le traitement médicamenteux de l'ICC prescrit chez ces patients va dans le sens de progrès réalisés au cours de vingt dernières années. En effet, les IEC sont plus prescrits que les digitalliques même si les vasodilatateurs et les diurétiques de l'anse sont prescrits à la majorité des patients (65,66). Le traitement classique de l'insuffisance cardiaque congestive a longtemps reposé sur l'association digitalo-diurétique renforcée par une restriction sodée. Certains auteurs ont remis en question l'efficacité des digitaliques dans certaines formes d'ICC (67,68).

Le traitement de la dysfonction systolique par les IEC de l'angiotensine est devenu incontournable à cause de la diminution de la morbidité et de la mortalité (65). L'Enalapril, inhibiteur de l'enzyme de conversion avec une action de longue durée prescrit dans la présente étude, a démontré un meilleur contrôle de la symptomatologie et de la mortalité au cours de l'insuffisance cardiaque congestive (16,66,69-72). Les IEC du l'angiotensine sont des vasodilatateurs mixtes. Les autres vasodilatateurs veineux dinitrate d'isosorbide et artériels étaient respectivement prescrits dans 65,8% et dans 32,4% des cas. Les vasodilatateurs veineux (dérivés nitrés) sont moins puissants que les IEC de l'angiotensine (73). Quant aux anticalciques, vasodilatateurs artériels dotés de réflexe tachycardisant, ils n'ont démontré aucune efficacité sur la réduction de la morbidité et de la mortalité liées à l'IC (74,75).

Les Bêtabloquants ne sont prescrits qu'à 35,1% des patients ; ceci s'explique par l'existence de controverses sur leur indication dans l'insuffisance cardiaque chronique (76,77).

L'intérêt du traitement diurétique de l'anse est évident puisqu'il stimule la sécrétion de renine et potentialise l'effet des IEC. Les diurétiques de l'anse et les thiazidiques nécessitent un contrôle régulier d'ionogramme. C'est pourquoi la spironolactone, diurétique epargneur de potassium, a été prescrit à 52,3% des patients. Toutefois, il faut être prudent lors de l'association d'un diurétique epargneur de potassium à un IEC pourvu d'effet hypokalémiant. L'administration de diurétique epargneur de potassium exige un contrôle régulier de la fonction rénale. Les autres médicaments comme les antagonistes de récepteurs à l'angiotensine II ne sont pas encore de pratique très courante en République Démocratique du Congo.

Les anticoagulants étaient plus administrés en cas d'ICC liée à l'HTA. Ceci se justifie par le risque emboligène très élevé chez les patients longtemps alités.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille