WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Caractéristiques des atteintes cardiaques au cours de l'immunodéficience liée au VIH en Afrique centrale : évolution naturelle

( Télécharger le fichier original )
par Benjamin LONGO-MBENZA
Université Libre de Bruxelles - Agrégé de l'enseignement supérieur 1996
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.3. DISCUSSION

En Afrique subsaharienne, la fréquence élevée des péricardites liquidiennes associées à l'infection VIH est de plus en plus rapportée au cours du temps. Ce type de péricardites survient aux stades précoces de l'infection VIH dans la majorité des travaux réalisés en Afrique noire (MALU K. et al., 1988 ; CEGIELSKI J.P. et al., 1990 ; TAELMAN H. et al., 1990 ; KAGAME et al., 1991). Mais deux études, une première menée au Congo (BOURAMOUE C. et al., 1992) et une deuxième au Zaïre (TONDUANGU K. et al., 1995), ont révélé la survenue des péricardites liquidiennes au stade SIDA (CDC, 1993) chez le Noir africain.

En étudiant de manière rétrospective les aspects cliniques et étiologiques des péricardites aiguës chez 34 patients zaïrois infectés par le VIH admis entre 1985 et 1986, nous avons noté leur prévalence portée à 12,4%, taux six fois plus élevé que celui d'avant l'épidémie du SIDA à Kinshasa (BEHEYT et al., 1977 ; MBARAGA N. et al., 1984) et taux tendant au double de celui observé en 1968 (7%) à Abidjan (BERTRAND Ed. et al., 1968).

Au plan étiologique des péricardites, le Mycobacterium tuberculosis qui dominait le tableau étiologique de ces affections chez le sujet noir masculin avant l'explosion des cas infectés par le VIH, a cédé la place au rôle probable du VIH au stade aigu de la péricardite associée aux stades précoces de l'infection VIH. Aussi 50% de péricardites rapportées en 1988 par le Zaïre (MALU K. et al., 1988) et 72% en 1990 par la Tanzanie (CEGIELSKI J..P. et al., 1990) sont étroitement associées à la présence de l'infection VIH. Cependant, au fur et à mesure que l'infection VIH progresse en Afrique, l'association de la tuberculose et de l'infection VIH devient on ne peut plus significative. Parmi les péricardites tuberculeuses confirmées, il a été noté 91% de cas chez des sujets rwandais au stade non défini de l'infection VIH (KAGAME et al., 1991), 72% (60% à l'état non précisé de l'infection VIH et 12% au stade SIDA de CDC 1993) chez des patients de Tanzanie (CEGIELSKI J.P. et al., 1990) et 91,3% chez des patients au stade SIDA du Zaïre (TONDUANGU K. et al., 1995).

Dans le milieu hospitalier du Zaïre, cette forme de péricardite-VIH semble frapper surtout le sujet du sexe féminin. Elle passe inaperçue pour un clinicien non averti. L'amaigrissement dans 100% des cas, la fièvre dans 88,2%, la pneumopathie à pneumocystis carinii dans 29,4% et la candidose buccopharyngée dans 29,4% constituent le tableau clinique de l'infection à VIH. Les aspects échocardiographiques de ces péricardites-VIH montrent un espace clair postérieur ne dépassant pas 5 mm.

Aux Etats-Unis, la péricardite avec ou sans signes de tamponnade a été la première manifestation cardiaque rapportée chez les patients atteints de SIDA (HERSKOWITZ A.H. et al., 1989) comme nous l'avons noté aussi. Le mérite des études américaines réside dans le fait d'avoir isolé plusieurs agents étiologiques :

- cancers (CAMMAROSANO C. et al., 1985)

- cyptococcus neoformans (BRIVET F. et al., 1987)

- mycobacterium tuberculosis (D'CRUZ I.A. et al., 1986)

- mycobacterium avium-intracellulare (WOODS G. et al., 1989)

- herpes simplex (FREEDBERG R.S. et al., 1987)

- nocardia asteroides ou actinomycetales (HOLTZ M.A. et al., 1985).

Notre étude rapporte la présence des péricardites au cours de l'infection à VIH. Le mécanisme d'action du VIH sur le péricarde nous paraît obscur. Deux hypothèses peuvent être avancées : la présence des infections opportunistes à affinité cardiaque et l'atteinte immunologique par complexes immuns des tuniques cardiaques. Aucune péricardite fungique n'a été constatée dans notre série contrairement à l'atteinte fungique du péricarde des séries de la littérature (CAMMAROSANO C. et LEWIS, 1985 ; OLUWOLE et al., 1985 ; ACIERNO L.J., 1989). Il n'a pas été possible d'isoler certains virus opportunistes tels que le cytomegalovirus. Le cytomegalovirus a été incriminé comme agent étiologique d'une péricardite avec tamponnade au cours du SIDA en Amérique (NATHAN P.E. et al., 1991). L'invasion néoplasique par le sarcome de Kaposi généralisé a été observée chez deux de nos patients. Le liquide péricardique est stérile chez 100% de nos patients comme l'a rapporté aussi Auringer (AURINGER S.T. et al., 1993).

Au plan clinique, la douleur thoracique atypique (94%), la fièvre (88%), l'amaigrissement (100%) et le frottement péricardique (59%) sont des signes habituellement présentés par les patients.

L'hypothèse de travail de la partie prospective menée de 1991 à 1994 était de démontrer que la recrudescence des péricardites liquidiennes était liée à l'augmentation de l'incidence de la tuberculose en association avec l'infection VIH dans les pays en voie de développement en général et dans les pays africains en particulier (BLASER M.J., 1986 ; QUINN T.C. et al., 1986) et que la prévalence des cas de tuberculose extra-pulmonaire était la plus élevée parmi les sujets infectés par le VIH (CHAISSON R.E. et al., 1987 ; PITCHENIK A.E. et al., 1984 ; PITCHENICK A.E. et al., 1987 ; NOBLE O., FOWLER, 1991 ; DALLI E. et al., 1987 ; TONDUANGU K. et al., 1995). Cette hypothèse demeure spéculative à l'état actuel de nos connaissances sur le VIH et surtout de l'infrastrusture sanitaire défavorisée de l'Afrique noire incapable d'évaluer l'étiologie exacte de ces péricardites. En relation avec la misère de la population africaine aggravée par l'infection VIH ne permettant pas à l'Afrique subsaharienne de poser souvent le diagnotisc indirect (sérologie VIH par ELISA, Radio-immunoprécipitation ou RIPA, Western Blot) ou le diagnostic direct (détection des antigènes VIH par PCR) de l'infection par le VIH et en prenant le nombre de CD4 comme référence, de nouveaux facteurs pronostiques de la biologie sanguine de très bon marché ont été recherchés dans la péricardite associée à l'infection VIH.

Le tableau clinique des péricardites associées à l'infection par le VIH diffère de celui des péricardites survenant chez des sujets séronégatifs : apparition aux stades précoces de l'infection VIH de sudations nocturnes et d'une dilatation du ventricule gauche. La radiographie du thorax (peu sensible) et l'électrocardiogramme (peu sensible) sont superflus dans l'exploration fonctionnelle d'une péricardite associée à l'infection par le VIH ; mais ces examens détectent comme d'habitude la cardiomégalie (radiographie du thorax) et le sus-décalage du segement ST avec concavité supérieure (ECG) dans la péricardite survenue chez les séronégatifs pour le VIH.

Les facteurs étiologiques des péricardites associées au VIH varient selon le temps et le degré du déficit immunitaire : aux stades pre-SIDA d'infection par le VIH (IVA-IVB), le VIH (65,7%) et la tuberculose (25%) en sont les principales causes alors qu'au stade CDC du SIDA la tuberculose (90,5%) en est presque l'unique cause. Le sarcome de Kaposi détermine la péricardite associée au VIH dans des proportions similaires dans l'état d'infection VIH (9,3%) et dans l'état de SIDA (9,5%).

La tuberculose est incriminée dans 75% des péricardites survenues chez les patients séronégatifs pour le VIH. La prévalence très élevée (90,5%) de la tuberculose dans la péricardite associée au SIDA dans la présente étude confirme par ailleurs certaines études antérieures menées en Tanzanie, au Rwanda et au Congo (CEGIELSKI J.P. et al., 1990 ; TAELMAN H. et al., 1990 ; BOURAMOUE C. et al., 1992). Cette forte prévalence de la tuberculose comme étiologie des péricardites du Zaïrois avec ou sans SIDA confirme son lien fort étroit avec l'infection par le VIH comme rapporté aux Etats-Unis d'Amérique (CDC, 1988 ; HANDWERGER S. et al., 1987) et surtout dans les pays en voie de développement (BLASER M.J., 1986 ; QUINN T.C. et al., 1986), tout comme la tuberculose extrapulmonaire est si fréquente chez les sujets infectés (CHAISSON R.E. et al., 1987 ; PITCHENIK A.E. et al., 1984 ; PITCHENIK A.E. et al., 1987).

L'ascite a été plus rencontrée (50%) dans les péricardites tuberculeuses des sujets séronégatifs que dans celles associées à l'infection par le VIH (10%). Dans ce contexte l'ascite signe l'apparition de la péricardite constrictive due à la tuberculose comme souvent rapportée dans les pays en voie de développement (LORELL B.H., BRAUNWALD E., 1988).

Le fait que 18% des patients infectés par le VIH développent une anergie tuberculinique, proportion du reste statistiquement non différente de ceux des patients séronégatifs pour le VIH (25%) et de la population générale de l'Afrique noire, suggère que les patients ont été examinés aux stades précoces de leur immunodéficience acquise liée au VIH.

Au cours de l'infection par le VIH les péricardites persistent au-delà d'une moyenne de 10 semaines d'hospitalisation chez 65,7 % de patients infectés au stade de SIDA.

L'évolution des péricardites est stable chez 80% (17/21 patients) des patients infectés par le VIH et traités par une quadruple association constituée de Rifampicine, d'Isoniaziole, d'Ethambutol et de Pyrazinamide pendant deux mois et de la bi-association Rifampicine et Isoniazide les quatre mois restants.

Il est recommandé de situer le stade de l'infection VIH en cas de tuberculose afin de rendre efficient le traitement antituberculeux des patients séropositifs pour le VIH (RUBIN R.H., 1991). Malheureusement il n'est pas aisé d'obtenir chez tous les patients de l'Afrique subsaharienne le compte de CD4 qui est étroitement correlé au degré du déficit immunitaire (STEIN et al., 1992). Le taux de lymphocytes et le nombre absolu des CD4 restent dans les limites normales chez les tuberculeurx séronégatifs. Cependant il est noté une baisse significative des lymphocytes et des CD4 chez les tuberculeurx infectés par le VIH.

Plusieurs constantes hématologiques sont altérées d'une manière significative chez les infectés par le VIH : l'anémie, la diminution des éosinophiles et des basophiles. Seule la numération des éosinophiles donne une corrélation positive avec le compte des CD4 chez les patients avec une infection par le VIH. En Afrique subsaharienne l'éosinophilie accompagne souvent différentes helminthiases. Les deux groupes de patients infectés ou non par le VIH sont comparables devant le risque de l'infestation parasitaire. L'hyperéosinophilie est plutôt observée dans la tuberculose résistante (YONG A.J. et al., 1989). La diminution des éosinophiles des patients VIH positifs serait probablement déterminée par l'infection VIH. Les éosinophiles seraient probablement de nouvelles cibles du VIH qui in vitro y subirait une replication (FREEDMAN et al., 1991). En outre, les cytokines (granulocyte/macrophage colony stimulating factor et interleukin 5 ou IL-5) jouent un rôle non négligeable dans la physiologie des éosinophiles (CLUTTERBUCK et al., 1989). L'anomalie de la production de IL-5 pourrait augmenter le rythme pré-établi de la mort cellulaire au niveau des éosinophiles de l'homme (STERN M. et al., 1992). Ainsi, l'infection par le VIH pourrait induire la baisse du nombre des éosinophiles au niveau du sang périphérique par un dérèglement de la synthèse des cytokines (CLERICI M., 1993) ou par une destruction directe des éosinophiles, sinon par les deux mécanismes. Cette diminution des éosinophiles progresse avec l'évolution de l'infection à VIH. L'intérêt des éosinophiles est aussi grand dans l'évaluation du taux de passage des patients de l'état de séropositif VIH au stade SIDA en prenant le nombre des CD4 comme référence. La proportion des patients passés au stade de SIDA selon le taux initial des éosinophiles (16 patients) est plus importante quand le nombre des éosinophiles devient inférieur à 250/mm3.

Au cours du temps l'incidence de péricardites associées à l'infection par le VIH épouse une allure épidémique alors que celle des péricardites des sujets séronégatifs tend à décroître. La mortalité est identique dans les deux types de péricardites.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon