UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI (UEH)
INSTITUT NATIONAL D'ADMINISTRATION DE GESTION ET DES
HAUTES ETUDES INTERNATIONALES (INAGHEI)
DEPARTEMENT DES SCIENCES ADMINISTRATIVES
Microfinance et Petites et Moyennes Entreprises (PME) en
Haïti dans le courant des années 2000 à 2006 :
Cas de Sogesol et ACME
Par :
Donija AUGUSTIN
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du grade de licencié en Sciences
Administratives
OPTION : GESTION DES
AFFAIRES
Port-au-Prince, Juillet 2008
Remerciements et dédicaces
Ce mémoire, couronnant la fin de mes études
universitaires de premier cycle, ne saurait être réalisé
sans la contribution éminente de certaines personnes dont l'Architecte
de l'univers qui m'a donné l'intelligence fertile pour penser et
écrire des idées consistantes. Je le remercie grandement de
m'avoir accordé cette faveur.
Je dédie ce travail à deux personnes qui m'ont
bercé depuis le jour de ma naissance jusqu'à la présente
minute. Ce sont ma Mère, Mme Marie Christanna
AUGUSTIN et mon Père, le Rév. Past.
Lemoine AUGUSTIN.
Mes remerciements vont aussi à mes frères
ainés Robenson - qui n'a jamais fait économie de ses
efforts pour me soutenir tout au long de mes études académiques -
et Micael.
Je le dédie aussi à :
Mes soeurs : Annechise, Florence, Gina et Marie
Sonie
Mon Ame soeur : Flore Medjine
Jean
Mes amis : Idson Saint-Fleur, Pierre
Ornan Audain, Gétho Oxéus et
Martine Berjeau.
Mes neveux : Jéhuchaël, Lensgothy, Dorley,
Vierry, Ted et ma nièce, Endy Viode
J'exprime aussi ma gratitude à l'égard de mon
encadreur M. Eddy Labossiere et de la Direction de la
Recherche de l'INAGHEI, particulièrement M. Smith
Metellus qui, n'ayant pas ménagé ses efforts, m'a
soutenu dès le début jusqu'à la fin. Malgré son
mauvais état de santé, il a accepté de me rencontrer et de
me faire, après plusieurs lectures, des suggestions pour parfaire le
travail. Je félicite la direction de la Recherche pour le PEMTS qui
donne aux Etudiants finissants la possibilité de préparer leurs
mémoires de sortie avec un encadrement efficace. Chapeau ! A la
direction pour ses bonnes intentions. En revanche, je tiens à lui
reprocher la longueur excessive enregistrée dans le processus. Il y a
une partie de l'encadrement qui a absorbé trop de temps. La
période accordée pour la rédaction proprement dite est
trop courte. Beaucoup de camarades ne sont pas en mesure de remettre leur
travail à temps et moi, j'ai dû me dédoubler en passant
plusieurs nuits blanches pour être parmi les premiers à
présenter.
Table des matières
Pages
i- Remerciements et
dédicaces...............................................iii-iv
ii- Liste des sigles et acronymes
.............................................viii-ix
iii- Table des matières
.........................................................v-vii
iv- Liste des tableaux
.............................................................x
v- Sommaire
..................................................................xi-xv
vi-
Introduction..................................................................16-22
CHAPITRE I- MICROFINANCE ET PME EN HAÏTI :
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
HISTORICITÉ ET OPÉRATIONNALISATION
DES CONCEPTS.........................23-45
1-1- Microfinance :
Généralité.....................................................................24
1-1-1 Historicité de la
Microfinance.....................................................25-27
1-1-2 Microfinance dans les différentes régions
du monde.............................27
a) Amérique du Nord et Europe de
l'Ouest..................................27
b) Asie et
Pacifique..............................................................28
c) Afrique
Sub-saharienne......................................................28
d) Europe de l'Est et Asie
Centrale............................................29
e) Moyen-Orient et Afrique du
Nord..........................................29
f) Amérique latine et les
Caraïbes..............................................30
1-2- Microfinance en Haïti : ses
étapes
évolutives.................................................31-32
1-2-1- Vue panoramique des institutions financières
haïtiennes.......................... 33
1-2-1- Les banques
commerciales..............................................................33
1-1-4-2- Les institutions non-bancaires
réglementées.......................................34
1-1-4-3- Les institutions non-coopératives pratiquant
la microfinance..................34-36
1-1-5- Méthodologie de crédit
.................................................................36
a) le groupe solidaire
...................................................................36
b) le crédit
individuel....................................................................36
c) banques
communautaires...........................................................37
d) les mutuelles de
solidarité..........................................................37
2- Opérationnalisation des concepts
....................................................38
2-1- La Microfinance
...........................................................................38
2-1-2- Développement de la microfinance
................................................39-40
2-2-1- La notion de PME : historique et définition
........................................40-44
2-2-2- Expansion des Petites et Moyennes Entreprises
..................................44-45
CHAPITRE II-LA MICROFINANCE : LES GRANDS COURANTS DE
PENSÉES .............46-54
3- Les courants de
Pensées...................................................................47-54
CHAPITRE III- SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
D'HAÏTI DE 2000 À 2006......55-68
3-1- Situation
Economique....................................................................56
3-1-1- Situation macroéconomique
globale..................................................57
3-1-2- Déterminants du marasme économique de
2000 à 2006...........................57-60
3-1-3- Anatomie des différents secteurs de
l'économie.......................................60
a) Le secteur
Primaire.....................................................................60
b) Le secteur
Secondaire..................................................................61
c) Le secteur
Tertiaire...................................................................61-62
3-1-4- Niveau de développement
humain.....................................................62-63
3-1-5- Problématique de la distribution du
crédit formel dans l'économie..............63-65
3-2- Situation
sociale..........................................................................66
3-2-1- Inégalités et
pauvreté....................................................................66-68
CHAPITRE IV- LES PME À PORT-AU-PRINCE DANS LE
COURANT DES ANNÉES 2000 À
2006.............................................................................................55-68
4-1- Rôle économique des
PME..............................................................70-71
4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à
Port-au-Prince................................71-72
4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et
managériales ...............................72-74
4-3- Impacts de la microfinance sur les PME à
Port-au-Prince de 2000 à 2006 .......74-75
4-3-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à
2006.................................76
a) Aspect
multiplicatif....................................................................76
b) Dynamisation en termes de chiffre
d'affaires......................................76
b-1) La catégorie
I.....................................................................76-78
b-2) la catégorie
II......................................................................79-80
c) Création
d'emplois....................................................................80-81
4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la
dynamisation des
PME............................................................................................81-82
CHAPITRE V- LES ACTIVITÉS DE MICROFINANCE EN
HAÏTI, PARTICULIÈREMENT À PORT-AU-PRINCE DANS LE COURANT DES
ANNÉES 2000 à
2006....................................83-90
5-1- L'offre institutionnelle des services de
microcrédit................................84
5-1-1- Sogesol
.....................................................................................
84
a) L'institution et ses Produits
......................................................... 84-85
b) l'évolution des activités de
microcrédit de 2000 à 2006.......................85-86
c) Structure de portefeuille, maturités des
prêts et taux d'intérêts............... .86-87
5-1-2-
ACME.....................................................................................87
a) L'institution et ses
Produits.........................................................87-88
b) l'évolution des activités de
microcrédit de 2000 à 2006.......................88-89
c) Structure de portefeuille, maturités des
prêts et taux d'intérêts................89-90
-
Conclusion................................................................................
91-92
-
Recommandations........................................................................
.93-98
- Bibliographie
................................................................................
.99-104
-
Questionnaire........................................................................................................
105-110
Liste des Sigles et acronymes
ACME : Association pour la
coopération avec la Micro Entreprise
ADA : Action pour le
Développement Alternatif
ADIE : Association pour le Droit
à l'Initiative Economique
ANIMH : Association Nationale des
Institutions de Microfinance d'Haïti
BDS: Business Development services
BRI: Banque Rakiat Indonesia
BRH : Banque de la République
d'Haïti
CCI : Cadre de coopération
Intérimaire
CEPALC : Commission Economique pour
l'Amérique Latine et les Caraïbes
CFI : Centre de Facilitation des
Investissements
CGAP : Groupe Consultatif d'Assistance
aux Pauvres
CGPME : Confédération
Générale des Petites et Moyennes Entreprises
CNC : Conseil National des
Coopératives
DSNCRP : Document de Stratégie
Nationale pour la Croissance et la
Réduction de la Pauvreté
ECVH : Enquête sur les Conditions
de Vie en Haïti
FENU : Fonds d'Equipements des Nations
Unies
FHAF : Fondation Haïtienne d'Aide
à la Femme
FHD : Fondation Haïtienne de
Développement
FONKOZE : Fondasyon Kole Zepol
GRET : Groupe de Recherche et d'Echanges
Technologiques
(Association de Solidarité et de Coopération
Internationale)
HTG : l'Unité Monétaire
Haïtienne (La gourde)
IDH : Indice de Développement
Humain
IHSI : Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatiques
IMF : Institution de Microfinance
INAGHEI : Institut National
D'Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales
IPC : Indice des Prix à la
Consommation
MCN : Micro Crédit National
MIX : Microfinance Information
eXchange
MPCE : Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe
OMD : Objectifs Mondiaux du
Millénaire pour le Développement
ONG : Organisation
Non-Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PAS : Programme d'Apaisement Social
PEMTS : Programme d'Encadrement pour
Mémoire ou Travail de Sortie
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
Sogesol : Société
Générale de Solidarité S.A
USD : Unité Monétaire des
USA (Dollar Américain)
Liste des Tableaux
Pages
1- Tableau 1 : Evolution du taux de croissance de
l'agriculture et sa part en % dans le PIB de 2000 à 2006
............................................................................................59
2- Tableau 2 : Part en % du secteur secondaire dans le PIB
de 2000 à
2006
........................................................................................................60
3- Tableau 3 : Contribution du secteur tertiaire dans le PIB
.......................................61
4- Tableau 4 : Classement de Haïti selon l'IDH de 2000
à 2006 .................................62
5- Tableau 5 : Tableau illustratif du nombre d'emprunteurs
et de déposants dans le système bancaire de 2000 à
2006.................................................................................................64
6- Tableau 6 : Résumé de la
catégorisation des entreprises opérée
............................. 74
7- Tableau 7 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et
du portefeuille de prêts actifs de 2000 à
2006.................................................................................................84
8- Tableau 8 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et
du portefeuille de prêts actifs de 2000 à
2006.............................................................................................87
Sommaire
Depuis la conquête de l'indépendance
d'Haïti, elle se trouve confrontée à une situation de
pauvreté ne cessant, à un rythme alarmant, de croître.
Selon les rapports les plus récents émis sur Haïti, elle est
classée le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental
et la majorité de sa population vit en dessous du seuil de
pauvreté, ne disposant que de moins de un (1) dollar par jour. Au fil
des ans, la détérioration se fait beaucoup plus menaçante.
Considérant les dernières années, le taux de croissance
démographique dépasse largement le taux moyen annuel de la
croissance du PIB. Ainsi, les biens et services auxquels la population doit
avoir accès, pour satisfaire ses besoins, sont quasi inexistants en
raison de la faiblesse de la structure de production.
Toutes les interventions traditionnelles haïtiennes ou
internationales, pour éliminer la pauvreté, se sont
révélées inefficaces. Le programme en cours
d'implémentation en Haïti est le DSNCRP, sur demande des
institutions de Bretton Woods, qui se veut une large participation pour
profiter à tous les secteurs de la vie nationale. A coté du DSRP,
il y a les OMD qui sont un ensemble d'objectifs stratégiques dont la
vision est la réduction de la pauvreté de moitié d'ici
2015. Ces objectifs sont soutenus par le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD). Beaucoup de pays en développement
intègrent ces objectifs, de manière opérationnelle, dans
leur document stratégique de réduction de la pauvreté
(DSRP).
Le succès de la Grameen Bank, au Bengladesh,
dans la microfinance, canalise beaucoup d'organismes de développement
vers cette nouvelle niche de marché. Désormais, plusieurs d'entre
eux considèrent la microfinance comme un levier de croissance et de
développement économique en faveur de pauvres inclusivement.
C'est le cas de l'Organisation des Nations Unies qui est venu avec le
programme consistant à construire un secteur financier accessible
à tous et qui désigne, par cet effet, l'année 2005 :
année internationale de la microfinance avec l'objectif d'atteindre plus
de 100 millions de pauvres. Le consensus de Monterey reconnait explicitement
que les financements et les crédits accordés aux petites et
moyennes entreprises peuvent contribuer à amplifier les retombées
sociales et économiques du secteur financier. Pour la Banque Mondiale,
elle est un instrument permettant de stimuler la croissance et de
réduire l'écart entre les riches et les pauvres. En Haïti,
où vivent plus de quatre millions de pauvres, l'accession aux services
financiers pour les activités entrepreneuriales pourrait leur permettre
d'améliorer leur sort en devenant des acteurs économiques
à fort potentiel.
Ce travail porte sur la microfinance et les petites et
moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à
Port-au-Prince de 2000 à 2006.
L'objectif de cette étude est de montrer la
contribution réelle de la microfinance dans l'expansion des Petites et
Moyennes Entreprises (PME) en Haïti, particulièrement à
Port-au-Prince. Ce travail contribuera à enrichir les réflexions
pour trouver les instruments à mettre en oeuvre pour arriver
réellement à réduire la pauvreté en Haïti. Il
ne se situe pas copieusement dans le prolongement des travaux
antérieurs. Nous faisons le tandem avec la microfinance et les PME et
nous montrons qu'un renforcement de la microfinance peut être un
élément catalyseur de la croissance des PME en Haïti. En
termes d'impacts économiques et sociaux, c'est que, par un
système financier inclusif solide, les pauvres trouveront la
possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de
construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré
pour investir dans l'amélioration de leur habitat, l'éducation
des enfants, les soins de santé, bref, pour assurer une vie
décente. Cela permettra aux exclus sociaux de s'intégrer dans la
société en se valorisant et pour être capable de jouer
pleinement leur rôle.
L'on se pose la question suivante : La microfinance
contribue-t-elle à l'expansion des PME en Haïti ?
Nous supposons que le développement de la microfinance
favorise l'expansion des petites et moyennes entreprises en Haïti,
particulièrement à Port-au-Prince.
Le concept « développement de la
microfinance », utilisé dans le cadre de ce travail, est
accepté comme un renforcement des activités de la microfinance
qui se mesure par l'évolution du nombre d'emprunteurs et
l'évolution du volume de crédit octroyés sur la
période. Ainsi, selon les données disponibles sur la microfinance
en Haïti, nous avons constaté une augmentation continuelle des
activités, que ce soit en termes du nombre d'entreprises et des
emprunteurs actifs. Et, par expansion des PME nous entendons une dynamisation
du point de vue quantitatif, du chiffre d'affaires et du nombre d'emplois
créés. Compte tenu de l'absence de statistiques officielles sur
les PME en Haïti, et celle d'un cadre réglementaire, nous ne sommes
pas en mesure de donner des chiffres exacts sur le nombre de PME qui s'y
trouvent. Mais, en procédant par une logique déductive, nous
avançons que les PME se sont beaucoup multipliées de 2000
à 2006 vu que le nombre d'emprunteurs des IMF augmentent
considérablement sur la période.
Pour l'édification de ce travail, nous avons
exploré plusieurs courants de pensées que nous pouvons
résumer ainsi : l'organisation des Nations, à travers la
vision des secteurs financiers accessibles à tous, soutient que la
microfinance peut émanciper les personnes pauvres sur les plans
économique et social et leur permettre aussi de se prémunir
contre les chocs économiques. Pour Nicolas Blondeau, la microfinance
permet à ses bénéficiaires d'augmenter leurs revenus, de
réduire leur vulnérabilité, d'accéder aux soins de
santé, à l'éducation, au logement, à une hausse de
confiance et de l'estime de soi ; moyennant qu'elle s'accompagne de
politiques clairement définies. Asli Deminguc-Kunt considère la
microfinance comme un élargissement du crédit privé et
acquiesce à l'idée que l'élargissement des services
bancaires aux pauvres permet d'accroitre le niveau des activités
économiques en créant plus d'emplois chez les pauvres. Mia Adams,
de son côté, soutient que la microfinance donne les moyens aux
pauvres de mettre à profit leur capacité en faveur du
développement économique durable. Pour Axel de ville, la
prestation des services financiers aux pauvres, par le biais de la
microfinance, constitue un moteur de croissance pour les économies.
Constituant la majeure partie des gens vivant en dessous du seuil de
pauvreté, les femmes, au moyen de la microfinance, peuvent ériger
leurs affaires, transformer leurs vies économiques et leurs
représentations sociales.
Sebastien Boyé, Jérémy Hajdenberg et
Chritine Poursat avancent que la microfinance peut contribuer au
développement d'une filière de production d'une ville, d'une
région, ou d'un pays. Elle permet de créer du travail,
d'augmenter la bancarisation de la population. Elle constitue l'un des
éléments à mettre en oeuvre dans la formulation des
stratégies de développement. Sabrina Djéfal s'accroche
à l'idée que la microfinance peut devenir un véritable
catalyseur de développement économique dans ses zones
d'implantation moyennant qu'elle sache concilier son rôle
économique et son rôle financier. Pour cela, les IMF doivent
construire un système d'information sur le milieu des affaires et
orienter les emprunteurs vers des créneaux porteurs en identifiant les
opportunités économiques. Enfin, Isabelle Guérin affirme
que la microfinance est un outil qui peut favoriser l'autonomie et la
liberté des femmes. En accordant des crédits à ces
dernières, même de faible montant, on leur permet de stabiliser
leurs activités et d'en créer de nouvelles. La microfinance est
une arme dont disposent les femmes pour lutter contre leur dépendance de
leur entourage et aussi des usuriers. Elle leur permet aussi de faire face aux
dépenses imprévues ou aux situations difficiles en
évitant la décapitalisation de l'unité familiale. Par cet
effet, la microfinance crée un cercle vertueux et une dynamique sociale
par lesquels les femmes s'émancipent, se valorisent et deviennent
libres. Cette liberté est entendue comme la capacité des femmes
à convertir leurs ressources et leurs droits en de réelles
potentialités.
Comme méthodologie, nous avons utilisé une
approche structurale consistant à rechercher les relations existant
entre la prestation des services financiers et l'expansion des PME en
Haïti. Le schéma méthodologique comporte deux parties :
une recherche documentaire et une enquête de terrain.
L'enquête nous a permis de catégoriser les PME en
deux groupes. On a opéré une première catégorie
(catégorie I) qui comprend les très petites
entreprises qui, en majorité, exercent leurs activités dans la
commercialisation d'un ensemble de produits de premières
nécessités importés ou locaux. Ce sont les petits
détaillants, les étalagistes, les marchands ambulants, les
très petites entreprises de production ou de services qui ont un modeste
niveau de capitalisation et une faible capacité d'emprunt. Leurs
propriétaires appartiennent aux couches défavorisées et/ou
ont de faibles niveaux d'éducation
La deuxième catégorie (catégorie
II) comprend les petites ou moyennes entreprises de production, de
commerce ou de services. Ces entreprises ont un espace physique plus ou moins
aménagé pour leurs activités d'exploitation. Elles ont du
personnel, un niveau de capitalisation relative d'une certaine envergure, une
capacité d'emprunt supérieure à la catégorie I.
Pour les entreprises de production, elles utilisent les matières
premières locales ou importées pour produire des biens et
services destinés au marché local ou régional. Leurs
propriétaires sont généralement des professionnels,
employés ou anciens employés révoqués ou
retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires
diplômés.
Compte tenu des contraintes internes et externes des PME, on a
abouti à la conclusion suivante : le développement de la
microfinance a contribué à l'expansion des PME à
Port-au-Prince, dépendamment de leur degré de structuration et
des caractéristiques socio-économiques de leurs promoteurs. Il
ressort de l'étude que les Petites et moyennes entreprises
non-structurées, et dont les propriétaires sont des gens ayant un
très faible niveau d'éducation, connaissent une expansion
non-significative grâce à la microfinance. Les autres PME, par
contre, qui sont plus ou moins structurées et dont les
propriétaires ont un certain niveau de développement
socio-économique et une attitude plus entrepreneuriale, connaissent une
expansion plus significative que les premières. Il y a aussi d'autres
facteurs supplémentaires qui déterminent le poids des impactes de
la microfinance sur le développement des PME. Ainsi retient-on :
l'âge de l'entreprise, son niveau de capitalisation, le nombre de
prêts contractés ou le cumul de prêts déjà
obtenus et la dimension des activités de l'entreprise.
Introduction
Depuis son accession à l'indépendance,
Haïti connait une situation de pauvreté qui ne cesse de s'aggraver.
Selon les derniers rapports sur le développement, Haïti est le pays
le plus pauvre de la région et la moitié de sa population vit en
dessous du seuil de pauvreté, avec moins de (1) un dollar par jour. De
plus en plus, l'haïtien voit son niveau de vie se
détériorer. Sur les vingt cinq (25) dernières
années, le taux de croissance moyen annuel du PIB est de -0.78%1(*) versus un taux de croissance
démographique de plus de 2%. Les structures de production s'effritent
comme une peau de chagrin et ne sont pas en mesure de produire la
quantité de biens et services nécessaire pour subvenir aux
besoins de la population. Le niveau actuel de production ne représente
qu'à peine 70% de celui de 1980, soit une chute de plus de 12%2(*) sur la période.
Pour enrayer le problème de la pauvreté en
Haïti, plusieurs programmes ont été mis en
oeuvre, entre autres, les programmes d'ajustements structurels, le Cadre
de Coopération Intérimaire (CCI), le programme d'apaisement
social (PAS) ; mais tous n'ont pas abouti à produire les
résultats escomptés. Dans la plupart des cas, les projets, loin
d'améliorer le sort des pauvres, produisent des effets contraires et les
enfoncent davantage dans la misère. Le constat est donc évident
de l'échec des actions des organisations internationales dans leurs
approches des problèmes de pauvreté en Haïti.
Voulant changer de paradigme, les organisations
internationales, fondamentalement les institutions de Bretton Woods (Banque
Mondiales, Fonds Monétaire Internationale), cherchent d'autres
instruments d'opérationnalisation des politiques de
développement. Ainsi, en accord avec les secteurs de la vie nationale,
le gouvernement élabore un document stratégique de
réduction de la pauvreté (DSRP) qui constitue, désormais,
le cadre de référence des projets de développement.
Le Programmes des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) fait la promotion des Objectifs Mondiaux du Millénaire pour le
Développement (OMD) qui sont un ensemble d'objectifs en huit (8) points
fondamentaux signés par plusieurs gouvernements, en majorité des
pays en développement, lors du sommet des Chefs d'Etats en 2000. Ils ont
été élaborés et servent de fils conducteurs pour
arriver à réduire la pauvreté de moitié d'ici
2015.
Les objectifs peuvent intégrer, de manière
opérationnelle, le document stratégique de réduction de la
pauvreté. Ils sont résumés et formulés ainsi:
1- Réduire de moitié l'extrême
pauvreté et la faim en ciblant les populations dont le revenu est
inférieur à un dollar par jour.
2- Assurer l'éducation primaire pour tous en permettant
à tous les enfants (garçons et filles), partout dans le monde,
d'achever un cycle complet d'études primaires.
3- Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomie des femmes.
4- Réduire la mortalité infantile, en
réduisant de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité
des enfants de moins de cinq ans.
5- Améliorer la santé maternelle en trois quart,
entre 1990 et 2015, et faire baisser le taux de mortalité maternelle.
6- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies en
augmentant radicalement l'accès aux soins de santé.
7- Assurer un environnement durable par la réduction,
de moitié, de la population n'ayant pas d'accès à l'eau
potable, aux services d'hygiène et de stabilité.
8- Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
En effet, l'idée du DSRP est de faire des
bénéficiaires des projets des acteurs directement
impliqués dans la lutte contre la pauvreté. On plaide aussi, dans
les pays en développement, en faveur des initiatives individuelles
permettant aux pauvres d'améliorer leurs conditions de vie
socio-économiques.
S'inspirant du succès de la Grameen Bank, au
Bengladesh, les organismes comme le PNUD et la Banque Mondiale croient que les
pays en développement peuvent atteindre les objectifs du
millénaire par le biais des initiatives privées. Les Nations
Unies viennent avec le programme consistant à construire des
secteurs financiers inclusifs ayant pour mission le financement des
activités génératrices de revenus des pauvres exclus du
système bancaire traditionnel et désignent, par cet effet,
2005 : l'année internationale de microfinance avec l'objectif
d'atteindre plus de 100 millions de pauvres. Dans la littérature
économique, le concept désignant ces pratiques est la
microfinance. Le consensus de Monterey reconnait explicitement que les
financements et les crédits accordés aux petites et moyennes
entreprises peuvent contribuer à amplifier les retombées sociales
et économiques du secteur financier.
Plusieurs pays en développement accordent une place
prépondérante à la microfinance et aux petites et moyennes
entreprises dans leurs stratégies nationales de réduction de la
pauvreté. Certains pays de l'Afrique conçoivent la microfinance
comme un puissant levier de développement économique et social en
faveur des couches les plus défavorisées. Pour la Banque
Mondiale, elle est un instrument permettant de stimuler la croissance et de
réduire l'écart entre les riches et les pauvres.
En Haïti, où vivent plus de quatre millions de
pauvres, l'accession aux services financiers pour les activités
entrepreneuriales pourrait permettre à ceux là d'améliorer
leur sort en devenant des acteurs économiques à fort
potentiel.
Le présent travail porte sur la microfinance et les
petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à
Port-au-Prince de 2000 à 2006.
L'objectif de cette étude est de montrer la
contribution réelle de la microfinance dans l'expansion des Petites et
Moyennes Entreprises (PME) en Haïti, particulièrement à
Port-au-Prince. Cette étude est limitative. Elle se borne à
l'étude de cas de deux institutions de microfinance qui ont un volume
d'activité significatif du secteur non-coopératif dont Sogesol et
ACME. L'étude s'étend sur la période de 2000 à
2006.
A un moment où l'on cherche les moyens de
réduire la pauvreté massive qui gangrène la population, ce
travail contribuera à enrichir les réflexions pour trouver les
instruments à mettre en oeuvre pour arriver réellement à
réduire la pauvreté en Haïti. Beaucoup de travaux de
recherche ont été effectués sur ce thème. Des
articles de journaux, des travaux des chercheurs, des mémoires
d'étudiants, etc. Tous ont porté, soit sur la microfinance, soit
sur les PME séparément. Notre travail ne se situe pas
copieusement dans le prolongement de ces travaux. Nous faisons le tandem avec
la microfinance et les PME et nous montrons qu'un renforcement de la
microfinance peut être un élément catalyseur de la
croissance des PME en Haïti.
Les premières retombées positives d'un
système financier inclusif solide, c'est que les pauvres trouveront la
possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de
construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré
pour investir dans l'amélioration de leur habitat, l'éducation
des enfants, les soins de santé, bref, pour assurer une vie
décente. Cela permettra aux exclus sociaux de s'intégrer dans la
société en se valorisant et pouvant jouer pleinement leur
rôle.
L'on se pose les questions suivantes : La microfinance
contribue-t-elle à l'expansion des PME en Haïti ?
Les activités de microcrédits, en termes de
distribution de crédit, ont-elles été renforcées en
Haïti pendant la période de 2000 à 2006 ?
Les PME ont-elles connu une expansion en Haïti de 2000
à 2006 ?
Dans le cadre de ce travail, nous formulons les
hypothèses suivantes :
Hypothèse
générale : Le développement de la
microfinance favorise l'expansion des petites et moyennes entreprises en
Haïti, particulièrement à Port-au-Prince.
Hypothèse spécifique 1 :
Les activités de microfinance, en termes de distribution de
microcrédit, ont été renforcées en Haïti
entre les années 2000 à 2006.
Hypothèse spécifique 2 :
De 2000 à 2006, on a constaté une expansion de petites et
moyennes entreprises en Haïti.
Pour arriver à la validation de ces hypothèses,
plusieurs instruments sont mis en oeuvre. Ils sont explicités dans les
paragraphes suivants.
Comme approche méthodologique, nous utilisons une
approche structurale consistant à rechercher les relations
réelles existant entre la prestation des services de microfinance et
l'expansion des petites et moyennes entreprises de la commune de
Port-au-Prince. Les indicateurs retenus sont le volume de prêts
octroyés sur la période et l'évolution du nombre de
clients qui en bénéficient d'une part, pour les IMF. D'autre
part, on retient comme indicateurs d'expansion des PME : le nombre de PME
créées, la quantité d'emplois générés
par leurs activités et l'augmentation du chiffre d'affaires.
Nous avons suivi un schéma
méthodologique comportant deux parties. La recherche documentaire et une
enquête de terrain.
Pour les techniques documentaires, nous avons utilisé
les sources primaires et secondaires. Comme sources primaires, nous avons, d'un
coté, consulté des documents officiels de la République
d'Haïti : des études effectuées par le Ministère
de la Planification et de la Coopération Externe, du Ministère de
l'Economie et des Finances, de l'Institut Haïtien de Statistiques et
d'informatiques. Puis, nous nous sommes servi également des documents de
l'Organisation des Nations Unies et de certains organismes la constituant, tels
le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds
d'Equipements des Nations Unies (FENU). D'un autre côté, il y a
aussi le Portail Microfinance qu'on peut consulter à l'adresse URL (
http://www.microfinancegateway.org).
Cet organisme a un web site très équipé qui donne le
journal de la microfinance dans le monde, des dossiers thématiques. Il
dispose d'une bibliothèque on-line dans laquelle on peut trouver plus
d'un millier de titres sur la microfinance, principalement, et d'autres
études complémentaires. Il y a aussi l'Action pour le
Développement Alternatif (ADA), au Luxembourg, qu'on peut consulter
à l'adresse URL (http://
www.microfinance.lu) qui donne
aussi un volume d'information sur la microfinance. Le Groupe Consultatif
d'Assistance aux Pauvres (CGAP) dont l'adresse URL (
http://www.cgap.org) est un autre
organisme qui fait des études spéciales sur la microfinance et
qui dispose d'un volume important de titres sur ce thème. Il y a encore
le Microfinance Information eXchange (MIX) qui est un organisme,
à but non lucratif, basé aux Etats-Unis dont la mission est
d'aider à la création d'infrastructure de marché en
offrant des services de sources de données, des benchmarks, des outils
de suivi, de performance et des services d'informations
spécialisées. Le MIX MARKET est la plateforme internet
globale qui permet l'échange d'informations entre les différents
acteurs de la microfinance (IMF, bailleurs de fonds, investisseurs et
prestataires de services). La MIX est accessible à partir de l'adresse
URL : http://themix.org. Toutes ces institutions
cumulent une somme très importante d'ouvrages, d'études et de
documents de toutes natures sur ce sujet. Il y a aussi d'autres institutions
dont les liens sont présentés (supra, page 104) dans la
bibliographie à la rubrique web sites.
Comme sources secondaires, nous avons utilisé des
oeuvres d'auteurs, des mémoires d'étudiants, des articles de
journaux disponibles dans différentes bibliothèques de la
place.
Pour l'enquête de terrain, nous avons utilisé une
première démarche qui consistait à repérer quelques
petites et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince qui ont
bénéficié des services de microfinance. Une
deuxième démarche par laquelle nous leur avons soumis un
questionnaire qui nous a permis de collecter des informations pertinentes sur
l'utilisation de ces services financiers. L'enquête fournira des
informations sur les emplois créés, le chiffre d'affaires, les
revenus générés, le niveau d'investissement. Le
questionnaire est dans l'annexe du document. (Supra page 105-110)
Nous avons choisi un échantillon de vingt (20) petites
et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince qui exercent leurs
activités économiques dans les secteurs commerce, production et
services.
Le présent travail est divisé en cinq (5)
chapitres. Le premier présente des généralités sur
la microfinance en retraçant son histoire et son évolution
à travers le monde et en Haïti, et l'opérationnalisation des
concepts. Le deuxième chapitre est une révision de
littérature sur la contribution de la microfinance au
développement économique et personnel des gens pauvres exclus du
système financier traditionnel. Le troisième chapitre est une
description de la situation économique et sociale d'Haïti sur la
période allant de 2000 à 2006. Le quatrième chapitre
présente une analyse économique et financière de la
situation des petites et moyennes entreprises bénéficiant des
services de microfinance à Port-au-Prince en décelant la
contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des petites
et moyennes entreprises en Haïti. Enfin, le cinquième chapitre
présente une analyse de l'offre de microfinance dans les deux
institutions de microfinance parmi celles ayant un volume d'activités
significatives et sur lesquelles porte notre étude.
Chapitre I
Microfinance et PME en Haïti :
Considérations générales
Historicité et Opérationnalisation
des concepts
2-1- Microfinance :
Généralité
1-1-3 Historicité de la Microfinance
1-1-4 Microfinance dans les différentes régions
du monde
g) Amérique du Nord et Europe de l'Ouest
h) Asie et Pacifique
i) Afrique et Sub-saharienne
j) Europe de l'Est et Asie Centrale
k) Moyen-Orient et Afrique du Nord
l) Amérique latine et les Caraïbes
1-2- Microfinance en Haïti : ses
étapes évolutives
1-2-1- Vue panoramique des institutions financières
haïtiennes
1-2-1- Les banques commerciales
1-1-4-2- Les institutions non-bancaires
réglementées
1-1-4-3- Les institutions non-coopératives pratiquant
la microfinance
1-1-5- Méthodologie de crédit
a) le groupe solidaire
b) le crédit individuel
c) banques communautaires
d) les mutuelles de solidarité
3- Opérationnalisation des concepts
2-1- La Microfinance
2-1-2- Développement de la microfinance
2-2-1- La notion de PME : historique et
définition
2-2-2- Expansion des Petites et Moyennes Entreprises
1-1- Microfinance :
Généralité
La microfinance est au coeur des politiques de lutte contre la
pauvreté dans plusieurs pays en développement. Pour la
compréhension du concept et de la place qu'il s'est taillée
actuellement, le premier chapitre du travail se propose de présenter des
généralités sur la microfinance. Il retrace l'histoire des
pratiques de la microfinance en présentant aussi un état des
lieux actuel dans les différentes régions du monde. Il met
l'accent sur les étapes évolutives de la microfinance en
Haïti et décrit, de manière laconique, les
différentes composantes du système financier haïtien. En
dernier lieu, il présente l'opérationnalisation des concepts
constituant l'hypothèse générale.
1-1-1- Historicité de la
Microfinance
La fourniture des services financiers aux pauvres, exclus du
système financier formel, désignée sous le thème de
microfinance, ne date pas d'aujourd'hui. Ces pratiques ont connu leur
début en Europe et connaissent différents moments dans
l'histoire. Au moyen-âge, en 1462, un moine italien a créé
la première boutique de prêt sur gage pour lutter contre les
usuriers. En 1515, le Pape Léon X autorise ces boutiques à
facturer des intérêts pour couvrir leurs coûts de
fonctionnement3(*). La
dynamique est suivie en Irlande, au 18ème siècle,
où Jonathan S., par le biais des associations de bienfaisance
spécialisées en crédits sans intérêts,
accordait des prêts de petit montant aux fermiers pauvres qui n'avaient
pas de garanties à offrir. Ces associations utilisaient la
méthodologie groupale de crédit, très à la mode
dans le secteur jusqu'à date, et la pression solidaire en cas de non
paiement. Elles prenaient le nom d'Irish Loan Funds qui
pourraient collecter de l'épargne. Suite à la décision du
gouvernement Irlandais, en 1843, d'instaurer un taux d'intérêt
plafond, ces Loan Funds disparaissent complètement en 1850.
Puis, en Allemagne, les caisses d'épargnes et de crédit,
basées sur le principe d'entraide, furent fondées par
Friedrich Wilhem Raiffeisen qui fut maire dans la
commune de Westerwald dans le commencement de la deuxième
moitié du 19eme siècle. Le modèle
développé par Raiffeisen fait école en Europe, et attire
beaucoup de monde dans la démarche et constitue le cadre de
référence du mouvement coopératif international que l'on
connaît aujourd'hui.
Ces sociétés d'intermédiation
financière permettaient à la population locale d'épargner
et de cumuler des actifs financiers pour améliorer leur bien-être.
Elles les affranchissaient du même coup des usuriers qui exigeaient, dans
les quartiers pauvres, des taux d'intérêts quotidien de 2%
à 700% annuel. Au 20ème Siècle, des formes
adaptées de ces modèles commencèrent à faire leur
apparition dans les zones rurales de l'Amérique Latine, dans le souci
de moderniser le secteur agricole, de mobiliser l'épargne improductive
et d'augmenter l'investissement.
Entre les années 1950 et 1970, les gouvernements et les
bailleurs de fonds ont tenté d'élargir l'accès au
crédit agricole en érigeant des institutions publiques de
développement ou coopératives de fermiers. Elles devaient offrir
des prêts à des taux inférieurs à ceux du
marché. Ces institutions étaient tombées en
décrépitude, du fait de l'érosion de leur capital, car le
taux d'intérêt pratiqué ne leur permettait pas de couvrir
les coûts de fonctionnement.
La microfinance s'engage dans le quotidien des gens, à
proprement parler, dans les années 70, sous la houlette du Professeur
Bangladais Muhammad Yunus de l'Université de
Chittatong. Ce dernier, las de voir la misère qui sévit dans son
pays, a cherché à soulager la misère des villageois. Mais
les théories économiques lui paraissaient inefficaces pour y
parvenir. Son diagnostic révèle que le non-accès au
crédit constitue un handicap majeur au développement
économique de ces pauvres, les privant ainsi de la possibilité
d'entreprendre ou d'augmenter la productivité de leur travail. Il
était allé chercher de l'argent dans le système bancaire
pour venir en aide à la population. Mais, du fait que cette
dernière ne peut présenter aucune caution de garantie, les
banques refusent catégoriquement de lui avancer de prêts. Alors,
il décida de prêter de sa propre poche en substituant la garantie
matérielle à la garantie sociale à travers une
méthodologie de crédit qui fonctionne avec des groupes de
personnes solidaires constituant une garantie les unes pour les autres. Il
constate que tous les crédits sont remboursés normalement. Ainsi,
l'idée que les pauvres sont bancables est née et la manifestation
concrète est la Grameen Bank qui ne prête qu'aux pauvres,
principalement les femmes qui représentent d'ailleurs 95 % des clients.
Ainsi, Acción International emboite le pas en Amérique
Latine tout comme la Self Employed Women Bank en Inde.
Le succès de la Grameen Bank fait
tâche d'huile dans le monde entier et la microfinance se développe
considérablement et devient, depuis plusieurs décennies, pour
les organisations internationales oeuvrant dans le développement, un
instrument de réduction de la pauvreté. Au tournant des
années 1980, les activités de microcrédit fonctionnent
partout dans le monde et l'affinage des méthodologies permet de
défier les raisonnements traditionnels dans le domaine du financement
des activités des pauvres. Le microcrédit s'effectue non sur une
base caritative mais sur celle de la pérennité avec des taux de
remboursement très élevés. Depuis, le terme
microcrédit cède la place à celui de la microfinance, dans
les années 90, désignant tout un éventail de services
financiers offerts aux pauvres. Maintenant, au 20ème
siècle, on parle de secteur financier accessible à tous
dont la vision correspond à la prestation des services financiers
solides sans rien à envier aux banques traditionnelles du secteur
formel. D'ailleurs, selon Christina Barrineau, conseillère en chef
auprès de l' «Année Internationale du
Microcrédit », les pauvres ont besoin des services financiers
leur permettant de gérer leur patrimoine. « La microfinance
est micro uniquement parce que le patrimoine des pauvres est micro4(*) »
Dans cette perspective, l'Organisation des Nations Unies (ONU)
a déclaré 2005, l'année internationale de la microfinance
et lui accorde une place prépondérante dans l'atteinte des
Objectifs Mondiaux du Millénaire (OMD). De nos jours, la microfinance se
développe sur tous les continents et les banques commerciales
traditionnelles y voient une nouvelle niche de marché ayant une
potentialité hautement économique et commerciale.
1-1-2 Microfinance dans les différentes
régions du monde
Depuis son affirmation comme instrument de lutte contre la
pauvreté, la microfinance gagne plusieurs pays à travers le
monde. Toutefois, toutes les régions ne connaissent pas le même
niveau d'activité et non plus le même modèle de croissance.
Voici une description succincte de la microfinance dans quelques régions
dans le monde.
a) Amérique du Nord et Europe de
l'Ouest
Ces zones géographiques logent les pays les plus riches
du monde. La microfinance y est très développée, notamment
aux Etats-Unis, en France et au Québec. La microfinance est, dans cette
région, un moyen de résorber le chômage. Aux Etats-Unis, le
secteur a connu sa croissance dans les années 80 grâce aux
congrégations religieuses et aux autorités publiques. Il est
maintenant en stagnation à cause du retrait des organisations qui le
soutenaient et de la baisse du chômage. Au Québec, ville
réputée mondialement pour le mouvement coopératif, la
microfinance est un instrument de développement et s'inscrit dans ce que
les québécois appellent la nouvelle économie sociale. La
France est l'un des pays où l'offre de microfinance est la plus riche,
à la fois, en termes de diversité et de quantité.
L'association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) en
France, avec plus de 3000 prêts par an, est, à l'heure actuelle,
l'un des opérateurs les plus ciblés pour les pauvres5(*). Le Mexique a connu un
événement historique avec l'introduction en bourse de
Compartamos, une des IMF les plus importantes de ce pays.
b) Asie et Pacifique
Dans la région Asie et pacifique, la microfinance a une
orientation sociale. Ce continent a vu le succès
phénoménal de la microfinance au Bengladesh
précisément. C'est l'endroit où l'offre de la microfinance
est plus élevée au monde, soit 84% des comptes6(*). La chine, l'Inde et
l'Indonésie sont les pays où l'offre est majoritairement
concentrée. La plus grande institution de microfinance du monde est la
Banque Rakiat Indonesia (BRI), une société affiliée
à une banque publique restructurée fonctionnant sur une base
commerciale.
c) Afrique Sub-saharienne
La microfinance, en Afrique sub-saharienne, est en pleine
expansion comme pour d'autres régions du monde. Les IMF offrent des
produits qui semblent répondre aux besoins financiers des clients. Plus
de 70% d'entre-elles offrent l'épargne, comme produit
complémentaire, et qui constitue pour elles une source importante de
fonds pour les prêts. Le niveau de rentabilité est, par contre,
très bas en raison du niveau élevé des coûts
opérationnels. Les prestataires sont des coopératives, des
institutions non-bancaires, des banques rurales, des caisses d'épargne
postale et des banques commerciales qui font de plus en plus leur entrée
dans le secteur. On commence à intégrer la technologie pour
moderniser les services et toucher plus de gens possibles. Selon un journal
africain `` allafrica'' titré la microfinance
impose ses marques publié sur le web le 13 septembre
2007 « la microfinance devient les plus forts et entre, de
plein pieds, dans le monde de la finance7(*) ». Cet article relate des progrès
significatifs de la microfinance en termes de produits financiers et de
technologie. L'equity Bank au Kenya a ouvert plus de 200 000 comptes
d'épargne en un an, l'utilisation de la carte de paiement au
Sénégal et en Tanzanie, la dissémination des terminaux
points de vente transformant les caisses enregistreuses des boutiques en
agences bancaires virtuelles. Selon l'article au Kenya et au Zambie, on
exploite le téléphone portable pour faire des transactions comme
retrait et dépôt ou transfert via un système de messagerie
courte. D'autres institutions de microfinance africaines commencent à
constituer des réseaux de guichets automatiques ou installent des
systèmes à pile de faible fonctionnalité pour atteindre
les plus pauvres.
d) Europe de l'Est et Asie Centrale
La région de l'Europe de l'Est et l'Asie centrale vient
de découvrir la microfinance. On y constate une domination des ONG et
d'autres institutions qui privilégient l'offre de crédit. La
microfinance se développe de façon différente des autres
régions du monde. Un niveau plus élevé d'instruction et de
revenu explique en partie la taille la plus importante des prêts. Les
institutions sont indépendantes des bailleurs de fonds. Le défi
des IMF est la diminution des coûts opérationnels pour atteindre
la viabilité financière8(*).
e) Moyen-Orient et Afrique du Nord
Dans cette partie du monde les activités de
microfinance fonctionne sur une base caritative. La quasi-totalité des
IMF sont des ONG qui sont dépendantes du financement des bailleurs. Le
secteur connaît un fort taux de croissance annuel et les banque
commerciales commencent à investir le secteur en adaptant leurs produits
aux besoins de la clientèle pauvre.
f) Amérique latine et les
Caraïbes
En Amérique latine et les Caraïbes, la
microfinance est dominée par l'approche commerciale et, dans de nombreux
pays, il se développe un véritable marché de la
microfinance. L'approche commerciale est définie comme l'offre d'une
gamme variée de services financiers à des personnes pauvres
à faibles revenus par un ensemble d'institutions rentables et
réglementées. Les institutions dans la région sont les
plus rentables au monde9(*).
Certaines accusent des taux de rentabilité même supérieurs
aux banques traditionnelles. Comparées à la rentabilité
des autres IMF dans le monde, celles de l'Amérique Latine sont plus
compétitives. La typologie des IMF se présente en deux grandes
catégories : les IMF règlementées qui se subdivisent
en ONG de microcrédit transformées, institutions de microfinance
dotées d'un agrément spécial, les banques
traditionnelles ; et les IMF non règlementées. Les ONG de
microcrédit transformées sont des institutions
transformées en IMF agrées et obtenant le même statut
juridique que les banques ou sociétés financières
traditionnelles. C'est le cas de Prodem transformée en Bancosol en
Bolivie ; Finansol devenu Corposol en Colombie, etc. Les IMF
dotées d'un agrément spécial sont aussi d'anciennes ONG
spécialement agrées comme coopératives de crédit ou
intermédiaires non bancaires locaux appelés cajas. Les
IMF sont placées majoritairement dans le milieu rural. Les banques et
les sociétés traditionnelles, dominantes dans le système,
sont celles qui voient, dans le microcrédit, une source
supplémentaire de bénéfices. On désigne, dans la
littérature, cette intervention sous le thème de
downscaling. C'est le cas de la Sogebank en Haïti qui a
créé Sogesol, de Banco del Pinchincha qui a créé
CREDIFE en Equateur.
Il faut préciser qu'en Amérique latine, les pays
les plus économiquement lotis ne développement pas des
activités d'envergure de microfinance sur leur territoire. Ce sont les
cas du Brésil et de l'Argentine.
1-1-3- Microfinance en Haïti : ses
étapes évolutives
Les services financiers dans le secteur de la Microfinance en
Haïti sont assurés fondamentalement par deux grandes
catégories d'institutions. Celle de type coopératif et la
catégorie non coopérative. A coté de ces deux
catégories, se trouvent d'autres circuits, très divers, informels
et peu étudiés, qui sont les tontines, les prêts personnels
à taux nul ou sol, et les usuriers chez qui on dépose des objets
de valeurs pour contracter de prêts.
Historiquement, le début des opérations de
microfinance en Haïti remonte à 1937. Cette date coïncide avec
l'élaboration de la première loi sur les coopératives en
Haïti. Jusqu'à 1993, ces institutions utilisaient la
méthodologie de caisse populaire. En 1995, la décision de la
Banque de la République d'Haïti (BRH) de libéraliser les
taux d'intérêt marque un tournant décisif dans le secteur.
Des coopératives dites d'investissement et de placement voient le jour.
Ces institutions se multiplient massivement dans les années 2000 - 2001,
avec une campagne publicitaire déchaînée, et offrent des
taux faramineux situant entre 10 à 15% et ceci, à contre courant
de la loi de 1981 sur les coopératives. Le secteur se fragilise
de plus en plus puisqu'à être incapable de répondre
à ses promesses dans un environnement macroéconomique très
corsé. Le système n'inspire pas confiance, la mauvaise gestion
gangrène les institutions et c'est la débâcle. Cette
situation a concouru à la décapitalisation de quasiment toutes
les couches de la population haïtienne, principalement la classe moyenne,
la diaspora et les plus défavorisés qui voient dans ce mouvement
un moyen d'accéder à des services financiers auxquels ils
n'avaient jamais eu le droit. Cette situation a porté le gouvernement
à prendre les mesures visant à renforcer la capacité
institutionnelle du Conseil National des Coopératives (CNC)- structure
de régulation des coopératives- en accord avec la BRH pour
sauvegarder le mouvement coopératif Haïtien.
Les coopératives représentent la majeure partie
des prestataires de services de Microfinance en Haïti. Leur nombre est
estimé en 1999 à 37010(*) et elles disposent d'une législation leur
permettant de collecter volontaire de ses membres.
Le secteur non coopératif, de son coté, est
constitué d'un ensemble disparate d'institutions qui se diffèrent
non seulement par leurs statuts, mais aussi par leur méthodologie de
crédit. Ce secteur a débuté ses opérations en
Haïti en 1979 avec la création de la Fondation Haïtienne de
Développement (FHD) qui octroyait des financements aux petites et aux
microentreprises qui n'avaient pas accès au système bancaire
traditionnel11(*). Puis en
1983, la Fondation Haïtienne d'Aide à la Femme (FHAF) emboîte
le pas avec le soutien d'une institution internationale
spécialisée dénommée women World Banking.
La FHAF accordait des crédits aux femmes commerçantes de la
Capitale.
Dans les années 90 beaucoup d'institutions de
microfinance (IMF) naissent tant en milieu rural qu'urbain. Ce secteur a connu
pendant cette période l'entrée des banques commerciales
traditionnelles sur ce marché. Les prestataires dans ce segment sont,
d'après l'Association Nationale des Institutions de Microfinance
d'Haïti (ANIMH), au nombre de 2212(*) qui ont un volume d'activités plus ou moins
important. Elles sont de plusieurs types : Associations, Fondations,
Organisations non Gouvernementales (ONG), Unités de microfinance au sein
des banques gouvernementales, Filiale de banques commerciales et des
sociétés religieuses ou de droit privé13(*). Les méthodologies de
crédit utilisées sont le crédit individuel, Groupe
solidaire, Banque Communautaire et mutuelle de solidarité.
Les études sur le secteur font état d'une forte
demande contre une offre très faible en raison de beaucoup de
contraintes qui caractérisent le secteur non coopératif,
fondamentalement, l'absence d'un cadre règlementaire qui permettrait aux
IMF de ce secteur de collecter l'épargne publique.
1-1-4- Vue panoramique des institutions
financières haïtiennes
Le système financier haïtien est coiffé par
la Banque de la République d'Haïti (BRH) qui assure la
supervision du système financier formel, en général, et la
politique monétaire de l'Etat. Le système est composé
d'institutions bancaires et non-bancaires. Les institutions bancaires sont
régies par la loi du 14 novembre 1980 qui définit le
métier de la banque en Haïti et les conditions à respecter
par les opérateurs et ceux désirant rentrer dans le
métier. Ainsi, le système est-il composé de banques
commerciales, des institutions non-bancaires réglementées et
non-réglementées.
1-1-4-1- Les banques commerciales
Celles-ci regroupent :
- Deux banques commerciales d'Etat :
. Banque Nationale de crédit (BNC)
. Banque Populaire haïtienne (BPH)
- Banques Commerciales à Capitaux privés
Haïtiens :
. Capital Bank
. Banque Industrielle et commerciale d'Haïti (BICH)
. Banque de l'Union Haïtienne (BUH)
. Banque de promotion commerciale et industrielle
(PROMOBANK)
. Société caribéenne de banques
(SOCABANK)
. Société générale des banques
(SOGEBANK)
. Unibank
- Succursales des banques commerciales
étrangères
.Bank of Nova Scotia (Scotia bank)
. Citibank N.A (CBNA)
- Banques d'épargne et de logement à capitaux
privés haïtiens
. Société caribéenne des banques
d'épargne et de logement (Socabel)
. Société générale haïtienne
des banques d'épargne et de logement14(*) (Sogebel)
1-1-4-2- Les institutions non-bancaires
réglementées
. Le Fonds de Développement Industriel (FDI),
. La Société Financière Haïtienne de
Développement Economique et Social (SOFIHDES)
. Une initiative de l'Etat haïtien : le Bureau du
Crédit Agricole (BCA)
. Deux quasi-banques : Société
Haïtienne d'épargne et de crédit (SHEC), le crédit
coopératif (CREDICOOP) qui sont des coopératives offrant des
services bancaires.
. Les coopératives, coiffées par le conseil
national des coopératives (CNC).
1-1-4-3- Les institutions non-coopératives
pratiquant la microfinance
Ce groupe est hétérogène. D'une part, on
distingue les circuits financiers informels ou autonomes qui regroupent les
systèmes de tontine appelés sabotage (tour quotidien) ; les
prêts personnels à taux nul ou sol (tour hebdomadaire ou mensuel)
et les usuriers chez qui on fait le dépôt des objets de valeur en
vue de contracter des prêts personnels. Et, d'autre part, quelques
institutions qui revêtent diverses formes. Dans cette
sous-catégorie, on distingue :
a) des associations qui sont :
. Le Groupe Technologique Intermédiaire d'Haïti
(GITH) créé en 1997.
. L'association pour la Coopération avec la Micro
Entreprise (ACME) créée en 1997.
. Les ateliers pilotes de technologie-crédit
(APTECH)
. Le collectif de développement (CODE)
. Le groupe d'Appui pour l'intégration de la femme du
secteur informel (GRAIFSI), créé en 1992, intègre la
microfinance en 1995.
b) des Fondations qui sont :
. La Fondation Hattienne de développement (FHD) qui a
démarré ses activités en 1981 avec les fonds de
l'USAID.
. Le FONDEPE
. La « Fondation Kole Zepòl »
FONKOZE, créée en 1996.
c) des Organisations Non-gouvernementales :
. Les Fonds Haïtien d'aide à la Femme (FHD)
créée 1982
. L'Action contre la misère (ACLAM) lancée
1993
. MEDA (1996)
. Catholic Relief Services (CRS) créée 1997
. Service and development Agency Inc (SADA) en 2000
. Concern Worlwide Haïti
. << Program Fomasyon pou oganization dyakona
. World relief/ MED
. Initiative Développement program St Martin (CID)
d) des banques qui :
. La banque de l'Union Haïtienne (BUH) avec le produit
« Kredi Popilè » (crédit populaire)
lancé en 1997.
. Micro Crédit National (MCN), une filiale du groupe
Financier National, créé 1999 avec un fort actionnariat de la
Unibank.
. Société générale de
solidarité S.A (Sogesol), une filiale du groupe Sogebank lancée
en 2000.
. Banque populaire haïtienne (BPH) qui a
créé un département de microfinance dans sa structure.
e) des institutions religieuses qui sont :
. Coordination de l'Eglise catholique d'Haïti (COD-EMH)
créée en 1992
. CRS de l'église catholique15(*).
Ces institutions, non seulement qu'elles se diffèrent
par leur statut mais aussi, par leur structure organisationnelle. De ce point
de vue, on répertorie des institutions dans lesquelles la gestion se
fait sans participation des bénéficiaires à partir d'une
organisation entrepreneuriale, indépendamment du statut légal.
C'est le cas de ACME, FONKOZE et les filiales des banques commerciales.
D'autres institutions sont gérées à la base par les
bénéficiaires dans des groupes de base autogérés,
regroupés en réseaux, gérés ou appuyés par
de ONG16(*).
1-1-5- Méthodologie de crédit
Depuis la fondation de la Grameen Bank, la
méthodologie de crédit est importante en termes de gestion des
activités de crédit. On en distingue plusieurs
types appliqués par les institutions de microfinance
haïtienne:
a) Le groupe solidaire qui consiste à
accorder le crédit à un groupe de personnes,
généralement des femmes, qui se portent garantes l'une de l'autre
pour le remboursement. Le groupe peut contenir 5 à 10 personnes. Les
conditions de crédit sont fixées par les institutions de
microfinance, le montant du prêt à accorder à chaque membre
du groupe est fixé par eux-mêmes. Cette méthodologie de
crédit est utilisée par FONKOZE en milieu rural.
b) Le crédit direct ou individuel est
assimilable à la forme de crédit bancaire classique par laquelle
les prêts sont consentis directement aux individus. Les officiers de
crédit des IMF effectuent des visites dans les établissements des
entrepreneurs pour évaluer leurs affaires, leur moralité et leur
capacité de remboursement. Parmi les institutions qui utilisent cette
méthodologie, on peut citer ACME, GITH et les filiales des banques
commerciales. Les institutions de crédit, utilisant cette
méthodologie, offrent des montants de crédit plus
élevés.
c) Banques communautaires : ce sont des
institutions locales formées de 20 à 35 personnes qui se mettent
ensemble pour constituer un fonds utilisable pour chacun de ses membres. Les
organisations de microfinance fournissent l'encadrement nécessaire au
groupe, coordonnent les activités et déterminent les
règles de fonctionnement. Les membres se portent mutuellement garants,
les impayés des uns deviennent les responsabilités des autres
lors des réunions de remboursement. Ces institutions sont COD-EMH, CRS
et ACLAM.
d) Les mutuelles de solidarité :
Une mutuelle de solidarité est un groupe de personnes
socialement homogènes qui se connaissent et qui mettent ensemble leurs
ressources en vue d'atteindre des objectifs communs ou de transformer les
sommes collectées en crédit rotatif entre ses membres. Le
complément de fonds externe est apporté par les IMF qui
organisent une formation initiale ainsi qu'un encadrement continu pour les
membres. Après une certaine période de maturité, la
mutuelle se structure, se donne une raison sociale et devient une institution
de microfinance qui, à son tour, accorde des financements à leurs
membres. Les institutions qui encadrent les mutuelles sont, entre autres,
GRAIFSI, KOFIP, FONSUP, CARITAS et le KNFP.
Les deux dernières méthodologies de
crédit sont utilisées plus en milieu rural.
2- Opérationnalisation des concepts
Par opérationnalisation des concepts on entend le
mécanisme par lequel on associe au concept un ou plusieurs indicateurs
qui permettent de distinguer avec exactitude les variations observées
dans la réalité du concept17(*). Dans la formulation de notre hypothèse
générale se dégagent deux concepts qui sont : 1)
développement de la microfinance ; 2) Expansion de
Petites et Moyennes Entreprises. Dans les paragraphes qui suivent, nous
procéderons à les opérationnaliser en fournissant les
indicateurs à partir des données observées dans la
réalité.
2-1- La Microfinance
Le concept de Microfinance est un thème à la
mode dans la littérature de la finance, et il est aujourd'hui
placé au coeur des politiques de développement dans les pays en
développement et les organisations internationales. Il y a un luxe de
définitions de ce concept. Mais, tous les acteurs dans ce domaine
s'entendent sur l'idée que les services de la microfinance visent
principalement les pauvres. Selon l'Organisation des Nations Unies, la
microfinance est la prestation de divers services financiers à des
populations pauvres et à faibles revenus18(*).
Historiquement, les pratiques de la microfinance remontent
à la période du Moyen-âge en Europe ; mais, le
concept rentre dans la terminologie de la finance dans les années 80
après le succès de la Grameen Bank sous l'auspice du
professeur Bangladais Muhammad Yunus. C'était d'abord le
microcrédit qui consistait à accorder des crédits de
faibles montants aux familles pauvres et aux petites entreprises exclues du
système bancaire pour conduire leurs activités
génératrices de revenus. De nos jours, au microcrédit sont
associés d'autres produits financiers comme l'épargne, assurance,
transfert de fonds, crédit bail, etc. D'où le terme de
microfinance englobant tous ces services financiers fournis au pauvres. Selon
la nature des institutions prestataires, la microfinance peut être
coopérative ou non coopérative. La première est
assurée par les coopératives, selon le modèle Raiffeisen
en Allemagne, dont les bénéficiaires sont les épargnants
exclusivement. La deuxième est assurée par un ensemble disparate
d'institutions dont certaines organisations non-gouvernementales (ONG), des
institutions spécialisées et certaines banques commerciales.
Concept 1 : Développement de la
microfinance.
Depuis le lancement des premières associations de
coopératives en Haïti (1936) passant par l'implantation de la
fondation haïtienne de développement (FHD) en 1979, les
activités de microfinance n'ont pas arrêté de
s'intensifier. La période de l'embargo et la misère qui s'en
dégageait, ont permis aux activités de microcrédit de
connaitre un regain énorme, que ce soit dans le secteur
coopératif ou celui non coopératif. Sur le plan institutionnel,
beaucoup de prestataires ont vu le jour. Même les banques commerciales
ont subi l'effet d'entrainement et font leur entrée sur ce segment du
marché financier. Du point de vue de la prestation des services, les
montants de crédit ont augmenté et le nombre de clients
bénéficiaires ont aussi connu une forte expansion année
après année. Etant donné que juridiquement le secteur de
la microfinance ne jouit pas d'un statut, il n'y a pas une institution
nationale qui donne des statistiques officielles sur le secteur. Pour justifier
nos propos, nous nous référons aux données d'une
institution internationale qui travaille avec les institutions de microfinance
à travers le monde. C'est le Microfinance Information eXchange (MIX)
qui est un organisme à but non-lucratif basé aux Etats-Unis
dont la mission est d'aider à la création d'infrastructures de
marché en offrant des services de sources de données, des
benchmarks, des outils de suivi, de performance et des services d'informations
spécialisés. Le MIX MARKET est la plateforme internet
globale qui permet l'échange d'information entre les différents
acteurs de la microfinance (IMF, bailleurs de fonds, investisseurs et
prestataires de services). La MIX est accessible à partir de l'adresse
URL : http://themix.org. Selon les informations
contenues dans la base de données sur sept IMF haïtiennes, la
SOGESOL, qui est l'une des institutions de microfinance les plus importantes du
secteur, a vu le nombre de ses emprunteurs croître de 2200 en 2000
à 11 776 en 2006. Ses prêts sont passés de $US 6 441 329 en
2000 à $ US12 696 736 en 2006. C'est le même cas de figure pour
les autres IMF dans la base de données. L'Association pour la
Coopérative avec la micro-entreprise (ACME) a vu son nombre
d'emprunteurs actifs passer de 2051 en 2000 à 20 112 en 2006, les
montants des prêts sont passés de $US 814 833 en 2000 à $US
7 049 763 en 2006. Pour Fonkoze, le nombre d'emprunteurs actifs passe de 4 794
en 1999 à 20 916 en 2006. Le volume de prêts passe de $US 930 220
en 2000 à $US 3 411 705 en 2006. Le Micro Crédit National (MCN) a
vu le nombre de ses emprunteurs augmenter aussi, passant de 4 316 en 2002
à 12 045 en 2006, et le volume de prêts passe de $US 6 369 873 en
200619(*). Ses indicateurs
sont aussi en expansion continue pour les autres IMF (FINCA-HAITI et
Fondespoir) cataloguées dans la base de données. Ainsi, le
concept « développement des de la microfinance »,
utilisé dans le cadre de ce travail, est-il accepté comme un
renforcement des activités de la microfinance qui se mesure par
l'évolution du nombre d'emprunteurs et l'évolution du volume de
crédit octroyés sur la période.
2-2- La notion de PME : historique et
définition
On ne dispose pas de donnés classiques sur l'histoire
du concept PME, malgré les activités de ces formes d'entreprise
se situent loin dans le temps. Selon Rein Peterson, le concept PME est aussi
vieux que l'étude de l'économie elle-même20(*). Cette notion en France peut
remonter à 1946 lors de la création de la
Confédération Générale des Petites et Moyennes
Entreprise (CGPME). L'acronyme PME a connu sa première utilisation
officielle21(*).
Dans la littérature de la science économique, il
n'y a pas une définition classique du concept « Petites et moyennes
entreprises ». Cependant, selon le besoin, les définitions
font fortune, que ce soit dans les plans des gouvernements locaux ou dans les
travaux des chercheurs passionnés de ce domaine.
Depuis un bon bout de temps, le concept occupe une place
prépondérante dans les formulations de politiques
économiques de beaucoup de pays qui, chacun, donnent une
définition selon les caractéristiques de son environnement
économique.
En effet, plusieurs définitions ont été
proposées selon le contexte qui a prévalu. Il faut dire que la
majorité de ces définitions sont basées sur des
critères d'effectif, de chiffre d'affaires ou de bilan. Ainsi, au
Canada, la petite entreprise est-elle celle qui est possédée et
gérée d'une façon indépendante et emploie moins de
300 personnes [Rein Peterson, 1984] ; Pierre-André Julien et Michel
Marchesnay [1987] définissent les PME comme « toute entreprise
juridiquement sinon financièrement indépendante, opérant
dans les secteurs primaires, manufacturiers ou des services, et, dont les
fonctions de responsabilité incombent le plus souvent à une seule
personne, sinon à deux ou trois personnes, en général,
seuls propriétaires du capital22(*). » Elles se caractérisent par la
centralisation ou la personnalisation de la gestion, la faible
spécialisation du travail, un processus de décision fonctionnant
le plus souvent selon le schéma intuition-décision-action, un
système d'information interne et externe très simple, la
recherche d'environnement très stable et faibles barrières
à l'entrée.
Selon la commission économique européenne, les
PME sont des entreprises qui emploient moins de 250 personnes et dont le
chiffre d'affaires n'excède pas 50 millions d'euros ou le bilan est en
dessous de 43 millions d'euros. Ainsi, la Micro, petite et moyenne entreprise a
respectivement moins de 10 personnes, moins de 50 et moins de 250 personnes
comme effectif; moins de 2 millions, moins de 10 et moins de 50 millions
d'euros comme chiffre d'affaires ou moins de 2, moins de 10 et moins de 43
millions d'euros comme bilan23(*).
L'atelier de Ouagadougou [juin 1997] opère une
classification en retenant comme critères : les promoteurs, la
nature des activités, l'environnement, les barrières à
l'entrée et le potentiel d'évolution. En effet, il désigne
par micro entreprises celles dont les entrepreneurs ont une attitude
liée à l'acquisition de revenues de subsistance et n'ont pas de
compétences particulières et s'auto emploient. Les
activités peuvent être le commerce de détail ou autres
activités complémentaires temporaires ou saisonnières. Les
barrières à l'entrée sont très faibles ou
inexistantes: pas de site formel et, non plus, un capital de départ,
sauf un fonds de roulement de départ. Les potentiels d'évolution
sont très faibles ou inexistantes et ce sont généralement
des activités féminines.
Pour les moyennes entreprises, les propriétaires ont
une attitude plus entrepreneuriale avec une vision à moyen ou à
long terme. Ils ont une capacité technique et de gestion. Ils sont
patrons et ont du personnel. Les activités sont plus ou moins
spécialisées et s'exercent à titre professionnel. Elles
sont souvent enregistrées dans les chambres de commerce. A ce niveau,
les barrières à l'entrée existent au niveau des
technologies de production, des moyens de production et du capital de
départ. Elles ont un potentiel d'accumulation et de croissance.
L'autre segment de la catégorisation est les petites
qui s'écartent, un peu, des premières pour se rapprocher des
deuxièmes mentionnées ci-dessus24(*).
Selon l'Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques (INSEE)
Les petites et moyennes entreprises sont des entreprises dont
la taille, définie par un ensemble de critères, dont
essentiellement le nombre de salariés, ne dépasse pas certains
seuils. Les autres critères de taille sont le chiffre d'affaires et le
bilan et on utilise parfois, de plus, le critère d'indépendance
s'exprimant sous la forme de non-appartenance à un groupe
important25(*).
Toutes ces définitions sont adoptées dans le
cas des besoins particuliers, que ce soit le rapport de Bolton en Angleterre,
le Small Business Act aux Etats Unis, la Nouvelle définition des PME de
l'Union Européenne ou l'Atelier de Ouagadougou.
En Haïti, la littérature et les discours abondent
sur la notion de PME sans avoir jamais une définition officielle.
Yves Michel B. Canal opéra une classification en termes
de nombre de personnes employées. Ainsi, les micros entreprises
emploient-elles 1 à 5 personnes, les petites emploient 5 à 9 et
les moyennes 10 à 5026(*). Il s'accroche à l'idée que les PME ont
un rôle fondamental dans la création d'emploi et la dynamisation
de l'économie.
Yves Clément Jumelle ajoute au critère de nombre
d'employés le chiffre d'affaires. Ainsi, les micro-entreprises
emploient-elles 1 à 10 personnes et ont un chiffre d'affaires de 500 000
gourdes; les petites ont 10 à 20 personnes et un chiffre d'affaires
compris entre 500 000 et 5 000000 gourdes; et les moyennes entreprises ont plus
de 20 employés et un chiffre d'affaires supérieur à 5 000
0000 gourdes27(*).
Comme caractéristiques des PME, elle retient une fable
barrière à l'entrée, un capital de départ
limité, un processus de production simple basé sur la force de
travail essentiellement, une qualification acquise par apprentissage,
limitation de l'accès au crédit bancaire et utilisation de
financement informel, production de biens simples pour satisfaire les besoins
vitaux de leurs clients, grande concurrence du fait de l'absence de
barrières à l'entrée et la non spécialisation des
produits, un marché de proximité insuffisant, manqué de
représentativité et de regroupement par rapport aux autres
secteurs de l'économie.
De son coté Fred, Doura estime que les PME informelles
se différencient peu des formelles. Se basant prioritairement sur le
critère deffectif, il définit les PME comme ces entreprises du
secteur primaire, manufacturier ou des services dont les fonctions de
responsabilités incombent à une personne ou, tout au plus,
à deux ou trois personnes, seuls propriétaires du capital. Il les
assimile à la forme artisanale de l'entreprise déterminée
par la non-séparation des apports en capital et du travail. Elles
emploient 1 à 4 personnes pour la micro, généralement le
propriétaire et sa famille, 5 à 9 personnes pour les petites et
20 à 99 pour les moyennes. Il distingue les PME de production et de
transformation et les PME de services ou commerciales. Elles transforment les
matières premières locales et se trouvent dans la fabrication des
produits alimentaires, de boissons et de tabac; la fabrication des produits en
métal et d'un éventail d'autres produits variés28(*).
Toutes ces définitions sont carrément des
exercices intellectuels de leurs auteurs. Car au niveau officiel, c'est le flou
total. D'ailleurs, dans le Code d'Investissement haïtien, la notion de PME
ne fait l'objet d'aucune stipulation. Selon un cadre du Ministère
du Commerce et de l'Industrie avec qui nous avons un entretien, il y a un
problème de nomenclature des entreprises en Haïti.
Conséquemment, une entreprise, considérée comme grande en
Haïti, est une PME à l'étranger. Il arrive souvent que des
avantages demandés par la communauté internationale en faveur des
PME aillent aux grandes entreprises haïtiennes. Cela est dû
à deux facteurs principaux :
Premièrement, il y a une absence de cadre juridique
régissant et définissant le segment des PME.
Deuxièmement, il n'y a pas une politique nationale de
PME. Ces entreprises, malgré leur importance, leur capacité de
résistance dans les périodes de vache maigre de l'économie
et des troubles sociopolitiques, sont tout simplement ignorées dans les
programmes gouvernementaux. Abandonnées à elles-mêmes,
elles se débattent pour se tirer d'affaire.
La typologie retenue regroupe les PME du secteur formel ou
informel qui exercent une activité à but lucratif et qui ne sont
pas des filiales de grands réseaux d'entreprises nationales ou
internationales. Sont incluses les entités agissant à titre
artisanal, individuel, familial, associatif, et les petites affaires qui
exercent une activité économique. Notre typologie s'apparente
à celle de l'atelier de Ouagadougou mentionnée
antérieurement.
Concept 2 : Expansion des Petites et Moyennes
Entreprises
En absence des statistiques officielles sur
le secteur des petites et moyennes entreprises en Haïti, il s'avère
difficile de donner des chiffres sur l'évolution quantitative des PME
dans l'économie haïtienne. Si l'on se réfère à
des études et des estimations de certains chercheurs, ils ont
constaté leur forte proportion dans le tissu de l'économie. Selon
des estimations, elles représenteraient plus de 70% des activités
économiques en Haïti. Depuis la période de l'embargo, le
secteur est en pleine expansion. Elles constituent la forme
privilégiée de la résistance des ménages aux
dysfonctionnements de l'économie pendant les périodes des
perturbations politiques entravant le développement de l'économie
formelle. Elles constituent aussi les activités indépendantes qui
occupent, selon l'Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH),
81.2% des actifs occupés. Si nous opérons sur la base d'une
logique déductive : les institutions de microfinance, dont les
activités visent les PME strictement, ont connu une augmentation
soutenue de leurs emprunteurs chaque année. Or, nous savons que la
majorité des IMF haïtiennes ne financent pas les entreprises au
démarrage. Donc, on peut conclure, sans ambages, que les petites et
moyennes entreprises sont en forte croissance dans l'économie. Le
concept « expansion des petites et moyennes
entreprises », utilisé dans le cadre de ce travail, va
être mesuré en termes de la multiplication quantitative des PME
sur la période de 2000 à 2006, de l'évolution de leur
chiffre d'affaires et des emplois créés.
Chapitre II
Les grands courants de Pensées se rapportant
à la microfinance
3- Les courants de Pensées
S'agissant des impacts de la microfinance sur la vie des
bénéficiaires, les points de vue divergent. Plus d'uns sont
d'avis qu'elle peut améliorer durablement les conditions de vie des
pauvres et peut se révéler un outil de lutte contre la
pauvreté. D'autres s'accrochent à cette idée moyennant
qu'elle évolue dans un cadre externe adapté et d'autres pensent
que la microfinance n'a aucun effet sur la vie des gens qui en
bénéficient.
Nous nous arrangeons à côté de ceux qui
pensent que la microfinance peut être positive pour ses
bénéficiaires. Voici les points de vue de ceux qui vont dans le
même sens de notre préoccupation.
Les Nations Unies, à travers la
vision des secteurs financiers accessibles à tous, affirment
que : « l'accès à un système financier qui
fonctionne bien peut émanciper des personnes, en particulier des
pauvres, sur le plan économique et social, leur permettant ainsi de
mieux s'intégrer à l'économie de leur pays, de contribuer
à son développement et de se prémunir contre les chocs
économiques29(*). » Selon cette vision, ``l'inclusion
financière» est un instrument pour atteindre les objectifs du
millénaire et un facteur essentiel pour l'économie dans son
ensemble, et ceci, pour les raisons que voici: les paiements entre les acteurs
seront plus faciles à effectuer et avec plus de sécurité;
le système favorise les transferts des excédents de ressources
vers ceux qui en ont besoin bref, la transformation facile de l'épargne
en investissement; il rend aussi possible la formalisation de l'épargne
permettant aux ménages d'accumuler des actifs financiers pour saisir les
opportunités économiques éventuelles; et enfin, la
minimisation des risques par la prestation des services d'assurance et de
crédit.
Par ce système, au fur et à mesure que le niveau
de vie des ménages augmente et les PME ont la maturité
économique, les services financiers doivent s'adapter à leur
besoins. Cette « extension des services financiers aux pauvres fait
partie intégrante d'une politique de croissance économique et de
développement du secteur financier. L'élargissement et
l'approfondissement des services financiers aux pauvres doivent s'inscrire
[...] dans des stratégies d'allègement de la
pauvreté...30(*) »
S'accordant à la définition de la microfinance
comme la prestation des services financiers aux exclus du système
financier formel, Nicolas Blondeau croit que, outre le
microcrédit, elle inclut l'épargne, les services d'assurance, de
transfert d'argent ; des produits adaptés aux besoins des familles
pauvres d'Afrique, de l'Amérique latine, de l'Asie, de l'Europe et des
Etats-Unis. Il pense, en termes d'impacts, que la microfinance permet aux
clients d'augmenter leurs revenus, de réduire leur
vulnérabilité, d'accéder aux soins de santé,
à l'éducation, au logement, à une hausse de confiance et
de l'estime de soi.
Il appuie ses propos sur la base des études
réalisées sur l'impact de la microfinance sur le niveau de vie
des clients, notamment celle de Jeffrey Sachs au Bengladesh dont la conclusion
reconnait que la microfinance réduit la vulnérabilité des
clients. Les petits entrepreneurs trouvent, dans cet outil, les moyens
d'investir dans leurs familles ou dans leurs entreprises et aussi d'augmenter
leurs revenus. En conclusion, Nicolas Blondeau reconnait que le
microcrédit peut faire reculer la pauvreté moyennant qu'elle
s'accompagne de politique de santé, d'éducation, d'environnement
et d'infrastructures31(*).
De son côté, Asli Demirguc Kunt,
dans un article intitulé « le développement du secteur
financier: un élément pour atteindre les OMD »,
souligne l'importance de la microfinance comme partie de la finance globale.
Selon lui, « la finance en faveur des pauvres » est une
composante de l'élargissement de la finance privée dont la
contribution à l'économie est sans conteste. Son hypothèse
est la suivante: « Dans les pays possédant des secteurs
financiers bien développés où le crédit
privé représente une grosse part du PIB, les pauvres
bénéficient d'une accélération de leurs revenues
grâce à la croissance32(*). » Il appuie ses propos sur une
étude de la Banque Mondiale qui concluait que la proportion du
crédit privé disponible stimule la croissance de toute
l'économie en augmentant plus rapidement le revenu des pauvres et
constitue un instrument puissant pour atteindre les OMD. Il prend, en exemple,
une étude comparative des taux de croissance annuels moyens de la
pauvreté et la part du crédit privé dans le PIB sur 20
ans. Il est démontré qu'il y a une relation inversement
proportionnelle entre le niveau du crédit privé et le niveau de
la pauvreté. Il prend l'exemple du Chili où, avec un
crédit privé de 54% du PIB, la quantité des gens vivant
avec moins d'un dollar par jour diminue de 14% par an de 1987 à 2000. Le
Pérou a vu diminuer de 19% les personnes en dessous du seuil de la
pauvreté avec un crédit de 13% du PIB de 1985 à 2000. Ce
même mode de calcul relate des résultats décevants pour
l'économie brésilienne, de 1960 à 1999, qui n'a pas
augmenté le revenu moyen des pauvres comparativement à
l'économie coréenne dont le crédit privé est de 74%
du PIB contre 28% de celui du Brésil.
Donc, suivant l'idée de l'auteur, un secteur financier
dynamique, qui élargit les services bancaires et de crédit
à tous les entrepreneurs incluant les pauvres, permet d'accroître
le niveau d'activités économiques en créant plus d'emplois
et de revenus chez les pauvres. Cette croissance qui en résulte
réduit les inégalités et apporte aussi une réponse
au problème de la redistribution de la richesse.
Pour Mia Adams, la microfinance c'est
« donner accès aux moyens de financement à un maximum
de pauvres et leur permettre de mettre à profit leurs capacités
en faveur d'un développement durable33(*). » Suivant cette définition,
Mia Adams identifie, en la microfinance, une porte de sortie
pour l'intégration économique et sociale des pauvres qui ne sont
pas en mesure de bénéficier de la mondialisation. Etant
fondée sur les compétences propres de l'individu pauvre, la
microfinance crée un « cycle vertueux» au cours duquel le
petit entrepreneur trouve le crédit, l'investit et le rembourse.
Conséquemment, il augmente son pouvoir d'achat, sa reconnaissance
sociale, le bien-être de sa famille et se doter de la confiance en soi.
Les femmes, particulièrement, arrivent à surmonter certains
obstacles d'ordre administratif, légal, éducatif et ont un
rôle plus actif dans leurs familles. En résumé,
malgré toutes les vertus énumérées ci-dessus,
l'auteure affirme qu'en matière de lutte contre la pauvreté, la
microfinance, à elle seule, n'est pas une panacée. Pour rendre
ses actions efficaces, elle doit, outre le microcrédit, s'associer
à d'autres instruments financiers comme l'épargne, l'assurance en
équilibrant la mission sociale et la pérennité
financière.
En se référent à une étude de la
Banque Mondiale concluant que les inégalités des gens constituent
un frein au développement économique des pays en
développement, Axel de Ville cherche le lien entre le
développement économique et le financement des activités
économiques des femmes. Il prouve, en effet, que prêter les
services financiers aux femmes pauvres, par le biais de la microfinance, peut
constituer un moteur de croissance pour les économies.
Représentant le plus fort pourcentage des gens vivant avec moins de un
(1) dollar par jour, les femmes sont transformées en des actrices
économiques. Leurs revenus augmentent et la pauvreté des leurs
familles se réduit.
Il affirme aussi, outre les transformations
économiques, la microfinance permet aux femmes d'être
représentatives socialement en renforçant leur empowerment,
terme anglo-saxon qu'il définit comme « processus par lequel
les individus ou des groupes vulnérables, qui n'ont, au départ,
pas ou peu de pouvoir, s'affirment, se renforcent et deviennent capables de
faire des choix qui affectent leur existence34(*).»
En termes d'indicateurs d'empowerment des femmes, il retient
une plus grande habilité à la prise de décision, davantage
de confiance en soi, de meilleures relations au sein des ménages, de
réductions des violences domestiques ; la possibilité
d'augmenter leur capital de travail en développant leurs entreprises
selon leurs besoins à divers horizons temporels et en entretenant des
relations professionnelles, des meilleurs relations dans les familles bref, un
plus grand rôle au sein de la communauté.
Dans leur ouvrage conjoint: Le guide de la microfinance:
microcrédit et épargne pour le développement,
Sebastien Boyé, Jérémy
Hajdenberg et Chritine Poursat soutiennent
l'idée que la microfinance a un impact positif sur la vie de
bénéficiaires et peut se révéler un instrument de
lutte contre la pauvreté mais indirectement. Pour convaincre, les
auteurs appuient leur argumentaire sur un ensemble d'études
réalisées dans plusieurs pays de l'Amérique latine et de
l'Afrique tels que la Bolivie, le Ghana, le Bengladesh etc. Toutes ces
études relatent des contributions significatives de la microfinance sur
la vie des ménages bénéficiaires35(*).
De manière plus détaillée, ils
étalent comme bénéfice social de la microfinance, le fait
qu'elle a un impact sur la capacité des individus à prendre en
main leur propre situation. « La possibilité d'emprunter et
d'investir, d'épargner, de travailler a une valeur en soi: celle
d'élargir les options disponibles36(*). » Les femmes bénéficiaires
connaissent une amélioration de leur statut au sein des familles par le
renforcement de leur estime d'elles-mêmes, de leur capacité
d'organisation, d'expression et de revendication.
Comme bénéfice économique, la
microfinance peut contribuer à développer une filière de
production d'une ville, d'une région ou d'un pays. Ainsi, au niveau
« méso économique », elle influence le
marché foncier et celui du travail par la disponibilité de
capital financier qui permet aux paysans d'exploiter leurs terres et aussi,
à tous les autres clients des IMF, de créer du travail sur le
marché. Au niveau macroéconomique, elle permet d'accroitre la
bancarisation de la population. De ce fait, la microfinance peut être
« l'un des éléments à mettre en place dans le
cadre des stratégies de développement plus larges, impliquant la
mise en oeuvre de politiques sociales (de santé et d'éducation),
des réformes économiques et politiques au niveau national
(démocratie et bonne gouvernance) ou international notamment dans
l'équité des règles de commerce37(*). »
Comme instrument de lutte contre la pauvreté, les
auteurs s'alignent sur les conclusions de certaines études soutenant que
la microfinance ne peut pas toucher les « plus pauvres des
pauvres » au sens strict parce que ces derniers ont les moyens
financiers humains et techniques qui leur font toujours défaut. Par
contre, les ménages non vulnérables, juste en dessous ou juste au
dessus du seuil de pauvreté, ont la capacité de développer
une micro entreprise. Dans cette perspective, la microfinance n'est qu'un
instrument indirect car « les individus non pauvres et les
entreprises qui bénéficient des opportunités de
croissance, grâce au microcrédit, peuvent, par la suite,
créer des opportunités économiques pour les pauvres
(emplois, travail en sous-traitance)38(*). »
Dans la même lignée des auteurs cités
précédemment, Sabrina Djefal présente un
état de fonctionnement de la microfinance, après vingt ans de
pratique, et son rôle dans le développement économique. Son
propos se situe dans une double dynamique : d'abord, mettre fin au
débat houleux sur la question de pérennité versus
utilité sociale des IMF; et deuxièmement, reconnaître le
rôle de la microfinance dans le développement économique en
proposant un cadre opérationnel de fonctionnement pour atteindre cet
objectif.
Elle a souligné en passant les faiblesses dans la
pratique de la microfinance et les erreurs à éviter par les IMF
si elles veulent créer une dynamique économique chez les pauvres
pour sortir de la pauvreté. L'idée est que, par l'effet de levier
créé pour les emprunteurs, la microfinance peut devenir un
véritable catalyseur de développement économique dans ses
zones d'implantation moyennant qu'elle sache concilier son rôle
économique et son rôle financier39(*). Selon le modèle proposé, on y
parviendra en relevant ces deux défis: l'accompagnement des
emprunteurs et le développement des synergies entre les
IMF. L'accompagnement suppose, en clair, que les IMF construisent un
système d'information sur le milieu des affaires, en
général, et orientent les emprunteurs vers les créneaux
porteurs en identifiant les opportunités économiques. Ainsi:
Les organisations de microfinance améliorent les
chances de pérennité de l'entreprise qu'elles soutiennent, celles
d'avoir un impact important en termes de développement économique
et celle d'un remboursement sans défaillance. Elles peuvent contribuer
à une meilleure distribution des rôles entre les emprunteurs,
voire initier des activités innovantes en fonctions des besoins
constatés localement40(*).
Ce faisant, les IMF jouent un rôle de conseiller
régulateur et renforcent sa position d'outil d'entraide et de
développement.
L'autre défi, qui est la synergie, suppose une
articulation des politiques entre les IMF dans l'optique de l'accompagnement.
Certaines s'assurent du financement et d'autres d'une formation en
conséquence.
De son côté, Isabelle
Guérin cherche à jauger les impacts de la microfinance
sur l'autonomie des femmes41(*). Elle affirme que la microfinance est un outil qui
peut favoriser l'autonomie et la liberté des femmes. En accordant des
crédits à ces dernières, même de faible montant, on
leur permet de stabiliser leurs activités, d'en créer de
nouvelles. La microfinance est une arme dont disposent les femmes pour lutter
contre leur dépendance de leur entourage et aussi des usuriers. Elle
leur permet aussi de faire face aux dépenses imprévues ou aux
situations difficiles en évitant la décapitalisation de
l'unité familiale. Par cet effet, la microfinance crée un cercle
vertueux et une dynamique sociale par lesquels les femmes s'émancipent,
se valorisent et deviennent libres. Cette liberté est entendue comme la
capacité des femmes à convertir leurs ressources et leurs droits
en de réelles potentialités.
Dans la perspective de la réduction de la
pauvreté, elle reconnait que la microfinance n'est pas une
solution-miracle, car la privation des services financiers n'est qu'une facette
de la pauvreté et ses études révèlent que les
programmes de microfinance ne donnent pas les mêmes résultats dans
toutes les couches de la population.
De la revue de la littérature présentée,
la conclusion qui se dégage, est que tous les auteurs se mettent
d'accord sur le principe que la microfinance peut avoir des retombées
positives sur la vie de ses bénéficiaires. A part les nations
Unies, à travers le système financier inclusifs, Asli
Deminrguc-Kunt, et Sabrina Djéfal qui sont affirmatifs que l'idée
que la microfinance peut réduire la pauvreté et peut aboutir au
développement, les autres formulent à ce sujet, des
réserves sans nier ses vertus pour les gens à faibles revenus. La
critique qui peut être formulée à l'endroit de ses travaux,
est que la plupart des points de vue exprimés partent des conclusions
d'autres études réalisées dans le domaine. Isabelle
Guérin a extrapolé à partir des études qu'elle a
faites. Elle n'a pas précisé les caractéristiques
sociales, économiques et culturelles des pays qui
bénéficient des services de la microfinance et qui n'arrivent pas
à les utiliser de manière efficiente dans une perspective de
lutte contre la pauvreté. Les auteurs ont notés les
potentialités et les conséquences positives que la microfinance
peut avoir sans présenter un modèle de fonctionnement qui
pourrait permettre d'éliminer l'exclusion sociale, de dynamiser les
économies nationales en créant plus de riches en faveur des
pauvres, grâce à la microfinance. Les propositions de Sabrina
Djéfal semblent, de manière opérationnelle, être
très appropriées pour permettre à la microfinance
d'atteindre son objectif. Sa limite, c'est qu'un système qui
fonctionnera de cette manière peut être très couteux et
l'auteure n'a pas précisé comment va-t-il faire face aux
coûts que cela va engendrer. On sait que les couts supplémentaires
vont provoquer les taux d'intérêt, un facteur négatif pour
les investissements. Dans le cadre ce travail nous choisissons les propositions
de Sabrina Djéfal comme référence théorique. Nous
allons les mettre en rapport avec les réalités
socio-économiques haïtiennes et montrer comment la microfinance
peut-être un levier de développement des petites et moyennes
entreprises et que les pauvres, par cet effet, peuvent s'appliquer à
améliorer leurs conditions de vie en réduisant leur
pauvreté.
Chapitre III
La situation socio-économique d'Haïti (2000
à 2006)
3-1- Situation Economique
3-1-1- Situation macroéconomique globale
3-1-2- Déterminants du marasme économique 2000
à 2006
3-1-3- Anatomie des différents secteurs de
l'économie
a) Le secteur Primaire
b) Le secteur Secondaire
c) Le secteur Tertiaire
3-1-4- Niveau de développement humain
3-1-5- Problématique de la distribution de
crédit formel dans l'économie
3-2- Situation sociale
3-2-1- Inégalités et pauvreté
3-1- Situation Economique
Le fonctionnement des Petites et Moyennes Entreprises en
Haïti n'est pas différent de celui de l'économie dans son
ensemble. Pour saisir les mécanismes de fonctionnement des PME sur la
période, il s'avère nécessaire de faire une description,
plus ou mois, succincte de l'économie haïtienne de 2000 à
2006. En outre, l'économie haïtienne connaît un
phénomène de pauvreté séculaire durement lié
aux conditions d'accès à l'indépendance du pays et
combiné à des facteurs d'ordre sociologique et politique. Depuis
la proclamation de la souveraineté nationale, l'on cherche les moyens
à assurer un niveau de vie adéquat à la population.
Jusqu'à présent, les haïtiens succombent sous le poids de la
misère et du sous-développement. Les politiques
économiques incohérentes, les chocs sur le marché
international, les turpitudes politiques, l'explosion démographique, les
cataclysmes sont autant de facteurs qui inhibent le développement
économique de ce pays. Par voie de conséquence, Haïti
occupe, en permanence, la position du plus pauvre de l'hémisphère
occidental, avec le revenu per capita le plus bas de la région, et est
classée parmi les pays les plus pauvres du monde. Elle est toujours
parmi les lanternes rouges dans tous les classements du développement.
Dans les paragraphes qui suivent, nous ferons une description plus
détaillée de la situation économique et sociale
d'Haïti, principalement sur la période allant de 2000 à
2006.
3-1-1- Situation macroéconomique
globale
En 2006, l'économie a affiché un taux de
croissance de 2,30%, dans le prolongement du taux de croissance positif de 1,8%
enregistré en 2005, mettant ainsi fin au cycle de ses croissances
négatives qu'elle a connues depuis 2001. Avec la transition de 2004,
elle commence à se remettre des situations de troubles socio-politiques
qui, dorénavant, constituent une constante de notre histoire. La
période 2000 à 2006 n'est pas différente des autres
années très pénibles que connait l'économie depuis
1986. Pour un taux de croissance démographique de plus de 2%, le taux de
croissance moyen annuel du PIB de 0.085% sur la période n'arrive pas
à répondre aux besoins nés de l'augmentation de la
population. Le taux d'inflation est maintenu à deux chiffres en
connaissant une montée vertigineuse en 2003 avec un taux de 42.46% pour
se maintenir à 12.41% en 200642(*). L'Indice des Prix à la Consommation(IPC), qui
mesure le prix d'un panier de biens, est sans cesse croissant passant de 156.52
en 2000 à 193,54 en 200243(*). Le taux de chômage est estimé à
30% pour l'ensemble du pays et est le plus important en milieu urbain. Le
faible niveau d'investissement témoigne l'étroitesse du
marché du travail. Sur l'ensemble des actifs occupés 12,7% sont
des employés et 82,1% sont des travailleurs indépendants44(*), généralement
assimilables aux activités de débrouillard pour assurer la survie
à cour terme. Le PIB/capita est estimé en 2004 à US$
41145(*), le plus bas de
la région.
3-1-2- Les causes du marasme économique de 2000
à 2006
Depuis 1986 jusqu'à nos jours, l'économie
nationale a subi des chocs dont elle n'arrive pas encore à s'en
remettre. Les conséquences pèsent encore lourd sur le
fonctionnement des activités économiques. Selon les
économistes haïtiens, les causes de la misère de
l'économie nationale sont liées à plusieurs facteurs. On
retient d'abord les chocs exogènes venant de l'économie mondiale.
Dans les années 80, l'économie mondiale a connu une
récession dont les retombées sont très négatives
sur l'économie haïtienne dont le modèle de croissance est
orienté vers les exportations et le tourisme. La
détérioration des termes de l'échange a porté un
coup fatal aux principales denrées d'exportations et l'économie
entame un cycle de récession. En 1991, Haïti a fait l'objet d'un
embargo commercial qui a contribué à affaiblir davantage les
structures de l'économie. Tous les secteurs étaient durement
touchés par cette situation qui a fait monter d'un cran le
chômage. Les ressorts de l'économie sont brisés et elle
n'arrive jamais à reprendre son niveau de croissance antérieur. A
cela s'ajoutent l'élimination du cheptel de porc et la campagne du
gouvernement américain par l'association au peuple haïtien du virus
du SIDA (Syndrome Immunodéficience Acquis). Par l'effet de cette
dernière, le tourisme, qui faisait la force de l'économie dans
l'année 70, a reculé complètement. Haïti a perdu,
désormais, la position de super destination touristique des
caraïbes. Le modèle de croissance économique, assise sur
l'exportation et le tourisme, n'est plus de mise. La combinaison de ces
facteurs a contribué à maintenir le pays dans la pauvreté
que nous connaissons maintenant.
En suite, il y a le facteur d'instabilité politique.
Les troubles politiques sont monnaies courantes dans la vie sociopolitique et
économique des haïtiens depuis 1986. Suite à l'embargo de
1991, le retour à l'ordre constitutionnel, en 1994, constitue un facteur
de reprise pour l'économie. En témoignent les taux de croissance
positifs enregistrés soit 2.7% en 1997, 2.2% en 1998, 2.7% en 1999 qui,
on doit le préciser, sont loin de pouvoir assurer un niveau de
bien-être à la population. On a assisté, par contre,
à un retournement de la réalité en 2000 suite au
pourrissement de la situation sociopolitique résultant des
élections contestées du 21 mai 2000. Les conséquences sont
visibles sur l'économie. Le taux de croissance du PIB a chuté
à 0,9% en 2000, puis, est négatif, soit -1.1% en 2001, -0,9 en
2002, 0,4 en 2003 et -3,446(*) en 2004. La dégradation de la situation de
2000 à 2004 a annihilé les efforts de redressement
effectués à partir de 1995. Le PIB s'est fortement
contracté et, entre 2001 et 2004, il ne représente que 42,93% de
ce qu'il a été entre 1981 et 198547(*). Les investissements publics ont baissé
considérablement. L'apport de la coopération externe, dans le
financement des secteurs productifs et des infrastructures, représente
16,85% de ce qu'il a été entre 1956 et 1991. Les investissements
étrangers ont tout simplement rebroussé chemin pour esquiver le
climat de turpitude politique d'Haïti. De 1990 à 2002,
l'investissement direct étranger représente moins de 1%48(*) de l'ensemble des capitaux
investis dans les caraïbes. La fameuse << opération
Bagdad49(*) >>
et la vague d'incendie, de kidnapping et de meurtre qui s'en suivaient, ont
contribué, en moins d'un an, à la fermeture de plusieurs
entreprises accentuant ainsi la descente aux enfers de l'économie sur la
période.
Les économistes notent aussi les effets des politiques
d'ajustement structurel dont le contenu visait un ensemble d'objectifs
fondamentaux qui sont, entre autres : la réalisation des grands
équilibres macroéconomiques, la libéralisation des
échanges c'est-à-dire la régulation par les marchés
et la réduction des rôles de l'Etat dans l'économie, la
priorité accordée à l'investissement international et
à la privatisation, une économie tournée vers les
exportations, la flexibilité et la pression sur les salaires ainsi que
la réduction des systèmes de protection sociale, la
réduction des dépenses budgétaires de l'Etat et la
dévaluation de la monnaie. Ces politiques économiques,
appliquées en Haïti en deux occasions, ont aussi contribué
à basculer l'économie dans les gouffres parce qu'elles
n'étaient pas accompagnées des mesures complémentaires. La
libéralisation outrancière de l'économie qui est l'une des
filles de ces politiques, suivant une stratégie de promotion des
exportations, a produit des résultats inverses par rapport aux objectifs
fixés. Paradoxalement, les exportations ont chuté et les
importations augmentent sans cesse. La production locale, n'étant pas en
mesure de faire face à la concurrence des produits importés qui,
dorénavant, sont astreints à un niveau plus bas de taxation,
s'amenuise considérablement. Les effets de ces politiques ne
disparaissent pas encore. Le taux de couverture des importations par les
exportations en Haïti est de 33% en 200650(*).
D'autres causes sont aussi évoquées pour
expliquer le drame terrible de l'économie haïtienne comme la
faiblesse des dépenses d'investissement dans le budget de l'Etat. Le
budget de fonctionnement a toujours la part du lion. Cet état de fait
est à la base de l'absence quasi-totale des infrastructures publiques
comparativement aux voisins de la région. Ce qui rentre dans l'ordre des
facteurs structurels qui expliquent le drame de l'économie. Le faible
niveau de capital physique, en termes de moyens de transport, de
télécommunications, d'électricité, de ports et
d'aéroports, combiné au faible niveau de capital humain
expliquent la faible productivité et la faible
compétitivité de l'économie haïtienne51(*).
3-1-3- Anatomie des différents secteurs de
l'économie
a) Le secteur primaire
Selon la classification des comptes nationaux de l'Institut
Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI), le secteur primaire
regroupe l'agriculture, la sylviculture, l'élevage, la pêche et
les industries extractives. Depuis plusieurs années, le secteur primaire
est en décroissance. Sa contribution dans le produit intérieur
brut s'amenuise de plus en plus. Cela s'explique par la baisse continue de la
production agricole. En raison des faiblesses structurelles qui la
caractérisent et sous l'effet de la libéralisation de
l'économie, l'agriculture est évincée et n'arrive pas
à résister à la concurrence des produits importés.
La part de l'agriculture dans le PIB est passée de plus de 50% en
1975/76 à moins de 30% en 200652(*). Paradoxalement, le secteur primaire, principalement
l'agriculture, emploie la majorité de la population active. Le taux de
croissance de la production agricole et sa part, dans le produit
intérieur brut, est donné dans le tableau suivant :
Tableau 1 : Evolution de taux de croissance de
l'agriculture et sa part en % dans le PIB de 2000 à 2006
Années
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
06
|
Taux de croissance
|
-3,62%
|
0.90%
|
-3,72%
|
0.24%
|
-4,81%
|
2.60%
|
1,71%
|
Part du PIB
|
26,2
|
26,7
|
25,8
|
25,7
|
25,4
|
25,6
|
25,4
|
Source : http://www.brh.net
b) Le secteur secondaire
Ce secteur, regroupant, entre autres, les industries
manufacturières, électricité et eau, bâtiment et
travaux publics, ne représente pas une grosse composante du PIB en
raison de la faiblesse du niveau d'investissement en Haïti, que ce soit
l'investissent direct étranger ou l'investissement local. Sur les dix
dernières années, ce secteur n'a pas contribué amplement
à la croissance du PIB. Sa part du PIB reste, en moyenne, autour de 15%.
Ce secteur n'est pas non plus un grand pourvoyeur d'emplois dans
l'économie. Sa contribution dans le PIB est synthétisée
dans le tableau ci-dessus.
Tableau 2 : Part en % du secteur secondaire dans
le PIB de 2000 à 2006
Années
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
06
|
% du PIB
|
15,3
|
15,03
|
15,6
|
15,7
|
15,9
|
16,0
|
15,09
|
Source : http://www.brh.net
c) Le secteur tertiaire
Regroupant selon les comptes nationaux, le commerce,
restaurants et hôtels, transport et communications, autres services
marchands ; le secteur tertiaire est celui qui supporte l'économie. La
contribution au PIB est en constante croissance. L'entrée sur le
marché des nouveaux opérateurs dans le secteur de la
communication contribue à amplifier le dynamisme du secteur. A
coté de cela, les activités du secteur informel favorisent
beaucoup la croissance du secteur. Le fait divers à signaler est que,
dans tous les pays où le secteur tertiaire est en évolution, il a
un effet d'entrainement sur les autres secteurs. Ironie du sort, en Haïti,
le secteur tertiaire évolue en déconnexion avec les autres
secteurs. Cela peut s'expliquer par la prépondérance des
activités de commerce des produits importés et l'utilisation de
ces produits comme matières premières dans le secteur de la
restauration. Les activités de commerce, restaurant et hôtel
représentent plus de 50% des activités économiques dans le
secteur. Sa contribution dans le PIB est donnée dans le tableau
suivant.
Tableau 3 : Contribution du secteur tertiaire
dans le PIB
Années
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
06
|
% du PIB
|
50,8
|
50,9
|
51,6
|
51,5
|
51,4
|
51,1
|
51,3
|
Source : http://www.brh.net
3-1-4- Niveau de développement
humain
Le développement humain est un concept récent de
la littérature des sciences économiques. Fruit des oeuvres de
l'économiste indien Amartya Sen (prix Nobel
d'économie de 1998), ce concept est instrumentalisé par le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dans les
années 90, pour déterminer le niveau des avancées
générales des aspects fondamentaux du niveau de vie des humains
à travers le monde. Il construit, à cet effet, un indicateur
dénommé Indice de Développement Humain (IDH) qui est une
mesure chiffrée du développement. Il prend en compte les
critères de longévité et de santé mesurés
par l'espérance de vie à la naissance ; le niveau
d'éducation mesuré par l'alphabétisation des adultes et la
scolarisation au niveau primaire, secondaire et supérieur ; et le
niveau de vie décent mesuré par le niveau du revenu per capita en
parité du pouvoir d'achat (PPA). Un rapport global est publié
chaque année pour beaucoup de pays à travers le monde. Ainsi,
dans les différents classements généraux, Haïti
est-elle toujours classée parmi les pays où les gens vivent en
dessous du niveau moyen de développement. Selon le recensement
général de la population et de l'habitat de 2003, le degré
d'alphabétisme de la population de 10 ans et plus est de 61,0% dans
l'ensemble du pays. Sur l'ensemble de la population de 5 ans et plus 37,4%
n'ont aucun niveau, 35,2% ont atteint le niveau primaire, 21,5% ont le niveau
secondaire et 1,1% ont le niveau universitaire dont 1, 04% hommes et 0,7%
femmes. Les indicateurs démographiques sont très alarmants. Le
taux de natalité est de 28 naissances vivantes pour 1000 habitants dans
l'ensemble du pays. L'indice synthétique de fécondité est
de 4,0 enfants par femme. Le taux de mortalité infantile est 68.3.
L'espérance de vie à la naissance est de 49,1 ans pour les hommes
et 55,0 ans pour les femmes53(*). Le revenu per capita en 2004 est de $US 41154(*) en parité du pouvoir
d'achat. Il y a un très grand écart de ces indicateurs de
développement par rapport à l'ensemble des pays de la
région. Voici un tableau présentant l'évolution de l'IDH
en Haïti, selon le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD).
Tableau 4 : Classement de Haïti selon l'IDH
de 2000 à 2006
Années
|
Rang
|
IDH
|
00
|
150
|
0,440
|
01
|
134
|
0,467
|
02
|
146
|
0,471
|
03
|
150
|
0,467
|
04
|
153
|
0,463
|
05
|
153
|
0,48
|
06
|
154
|
0,482
|
Source : Programme des Nations Unies pour le
Développement, Rapport mondial sur le développement humain (pour
les différentes années ci-dessus mentionnées)
On doit préciser que selon l'appréciation de la
valeur de l'IDH, les pays, ayant un indice en dessous de 0.5, ont un
très bas niveau de développement humain, le niveau du
bien-être est très faible.
3-1-5- Problématique de la distribution du
crédit formel dans l'économie
Le système financier haïtien est composé
des institutions bancaires et non bancaires et d'autres structures informelles.
Dans cette partie, nous analyserons la distribution du crédit au niveau
du système bancaire formel. Dans le chapitre 5, nous parlerons en
détail de la distribution du crédit dans les institutions de
microfinance.
L'analyse des données relatives au fonctionnement du
système bancaire haïtien permet de constater des tendances lourdes
suivantes :
a) la priorité est accordée à un seul
secteur dans l'encours de crédit,
b) Faible nombre d'emprunteurs relativement au nombre de
déposants,
c) Une faible quantité d'emprunteurs
bénéficient presque de la totalité de l'encours des
prêts.
En 2005, selon la BRH, 10% des emprunteurs du système
bancaire ont bénéficié approximativement de 80% du
crédit total. Les crédits, dont bénéficie cette
minorité, se situent dans la tranche de prêt supérieure
à 5000 000 de gourdes. Paradoxalement, les déposants, incluant
les pauvres, voient leurs comptes rémunérés à un
taux négatif, compte tenu du taux d'inflation. Fritz Deshommes parle
« d'une subvention implicite des riches emprunteurs par les petits
épargnants55(*) ».
Gerald Germain et Dal Brodhead parlent d'un conservatisme, au
niveau du système bancaire, qu'ils expliquent par le fait de la
concentration des crédits au niveau de la même minorité de
bénéficiaires, dans la même géographie et dans le
même secteur d'activité56(*). Ils appuient leur point de vue sur la base d'une
enquête réalisée sur le système bancaire qui
avançait que 90% des prêts sont concentrés dans la zone
métropolitaine de Port-au-Prince. Selon cette même enquête,
près de deux tiers des prêts, soit 62.8% sont octroyés
à des activités de commerce. Et, pour huit banques commerciales,
81% des crédits, en moyenne, se font à court terme. En fait, pas
de financement pour les petites et moyennes entreprises qui, selon les
banquiers de la place, présentent des risques trop
élevés.
Selon les données de la BRH, on a pu observer cette
tendance pour les années 2000 à 2006, période sur laquelle
s'étend notre étude. L'offre de crédit est quasi statique
sur la période considérée. Le tableau ci-dessous illustre
cet état de fait.
Tableau 5 : Tableau illustratif du nombre
d'emprunteurs et de déposants dans le système bancaire de 2000
à 2006.
Années
|
Nbre d'emprunteurs
|
Nbre de déposants
|
Ratio Emprunteurs/Déposants
|
00
|
6381
|
n/a
|
n/a
|
01
|
6223
|
375 386
|
0,0165
|
02
|
6124
|
404 470
|
0,0151
|
03
|
5963
|
487 470
|
0,0122
|
04
|
6462
|
580 276
|
0,0111
|
05
|
7138
|
680 374
|
0,010
|
06
|
7218
|
795 751
|
0,009
|
Source : BRH, Rapport Annuel pour les années
sus-indiquées.
Moins de 1%, en moyenne, de gens empruntent tout l'argent
déposé dans le système bancaire. Cette exclusion
financière concourt à l'essor prodigieux, en parallèle,
des institutions de microfinance et d'autres formes de crédits informels
qui, par nature, visent les couches pauvres en leur permettant de
bénéficier des prêts de faibles montants pour ériger
ou renforcer leurs petites affaires.
3-2- La situation sociale d'Haïti de 2000
à 2006
La situation sociale d'Haïti est aussi dramatique que la
situation économique. En effet, le tissu social haïtien est
déchiré par la pauvreté entretenue par de violentes
inégalités. Très peu de gens ont accès à
l'eau potable, aux soins de santé, à l'éducation et aux
infrastructures comme électricité et les technologies de
l'information et de la communication. En fait, Haïti est l'un des pays les
plus inégalitaires de la planète. L'image du pays montre un pays
à plusieurs vitesses ou plusieurs pays dans un seul, tellement les
disparités sont énormes. Les unités de la population se
diffèrent suivant les zones de résidence, les structures de
consommations, le niveau d'éduction, la distribution du revenu. Cette
réalité renforce les poches de la pauvreté qui
gangrène la population. Les paragraphes qui suivent mettront l'accent
sur les différents indicateurs de la pauvreté et des
inégalités qui caractérisent la société
haïtienne.
3-2-1- Pauvreté et
inégalités
La littérature des sciences économiques
catégorise deux niveaux de pauvreté : la pauvreté
extrême ou pauvreté absolue dans laquelle les gens vivent avec
moins de $US 1 par jour, en parité du pouvoir d'achat, et un autre seuil
de pauvreté dans lequel les gens vivent avec moins de $US 2 par jour, en
parité du pouvoir d'achat. En 2006, la population est
estimée à 9.6 millions d'habitants dont 56% vivent en dessous du
seuil de pauvreté absolue et 76% vivent avec moins de $US 2 par
jour57(*). La
pauvreté est plus accentuée en milieu rural avec un pourcentage
de 63%. Selon le type de pauvreté retenu, soit la pauvreté
humaine mesurée en termes de consommation des services sociaux de base
ou la pauvreté monétaire mesurée en termes de niveau du
revenu, la situation est alarmante. En Haïti, pour ce qui concerne la
pauvreté humaine, près de 24% des accouchements sont
assistés par un personnel médical, conséquemment les
risques pour un enfant de mourir avant 5 ans est de 86 %o, seulement 41% des
enfants entre 12 et 23 mois ont été complètement
vaccinés et 11% n'ont reçu aucun vaccin. Les maladies comme la
grippe, la pneumonie, la diarrhée, la malnutrition sont souvent les
causes principales de la mort des enfants. Le paludisme, la typhoïde, la
tuberculose et les autres infections sont très répandues et
constituent des maux majeurs qui gangrènent la population58(*). Le taux de couverture des
services d'eau potable est de 54% à Port-au-Prince et 46% dans les
villes secondaires et le milieu rural59(*). Malgré la diminution qu'il a connue ces
dernières années, le taux de prévalence du VIH/SIDA est
encore très élevé en Haïti. Cette situation de
pauvreté constitue un facteur de blocage sérieux à
l'épanouissement physique et humain de la population. Elle crée
des marginaux, des gens qui n'arrivent jamais à s'intégrer dans
la société en jouant pleinement leur rôle
économique, politique et social. La lutte pour la survie est leur
principale préoccupation. En corollaire, leurs actions contribuent
davantage à dégrader l'environnement face à un Etat
faible, dépourvu de la capacité à promouvoir le bien
être de la population et aussi à assurer ses fonctions
régaliennes.
Les inégalités se présentent en
Haïti sous quatre formes : les inégalités spatiales
suivant la dichotomie « rural/urbain », les
inégalités de genre, les inégalités pauvres et non
pauvres, et les inégalités liées aux catégories
socioprofessionnelles60(*). La manifestation concrète de ces
inégalités est reflétée dans la distribution de la
richesse nationale et la consommation des biens et services. Ainsi, selon le
Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la
Réduction de la Pauvreté (DSNCRP), sur 10 personnes, environ 7,6
sont considérées pauvres, ne disposant pas de $US 2 par jour par
personne. Les 40% des plus pauvres de la population n'ont accès
qu'à 5,9% du revenu total ; ce qui traduit une forte concentration
de la population dans les couches pauvres, tandis que 20% des plus nantis
captent 68%. Donc, 80% de la population ne disposent que de 32% du revenu total
contre seulement 2% des plus riches disposant de 26%61(*). Le coefficient de Gini, qui
mesure le degré d'inégalité de la distribution du revenu
dans une société, est de 0.65362(*). Dans les pays développés, la part du
profit dans la valeur ajoutée se situe entre 33 et 37% ; tandis
qu'en Haïti, elle est entre 56 à 66%63(*). Au niveau de la consommation
des biens et services, les inégalités sont aussi très
poussées. Il ressort des études réalisées sur
Haïti que les dépenses alimentaires représentent la majeure
partie du budget des ménages pauvres, soit 53,4%64(*), puis les dépenses
d'éducation. Les dépenses de santé et de loisir y sont
pour un faible pourcentage. Ce qui laisse voir qu'un taux élevé
de croissance du PIB ne peut rien signifier en termes de réduction de la
pauvreté, car la richesse créée par cet effet serait
toujours captée par la petite minorité. D'où la
nécessité d'une politique économique cohérente,
suivant une vision claire et bien définie dont les retombées
profiteraient à tous indistinctement. Sans nous opposer aux efforts
d'augmenter le niveau d'investissement au niveau de grandes firmes, il ne fait
pas l'ombre d'un doute qu'une politique de promotion des petites et moyennes
entreprises serait de nature à assurer une redistribution plus
équitable de la richesse nationale.
Chapitre IV
Les PME à Port-au-Prince dans le courant des
années 2000 à 2006
4-1- Rôle économique des PME
4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à
Port-au-Prince
4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et
managériales
4-2-2- Impacts de la microfinance sur les PME à
Port-au-Prince
4-2-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à
2006.
a) Aspect multiplicatif
b) Dynamisation en termes de chiffre d'affaires
b-1) La catégorie I
b-2) la catégorie II
c) Création d'emplois
4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la
dynamisation des PME
4-1- Rôle économique des PME
Les PME constituent une source d'emplois importante et
contribuent fortement à la croissance économique tant dans les
pays industrialisés que dans les pays en développement. Dans ces
économies, les PME se voient attribuées un rôle
d'intégration économique et sociale et aussi un rôle de
redistribution de la richesse. Selon Alicia T, les PME ont un rôle
économique et social prépondérant. Elles sont pourvoyeuses
d'emplois et de formation. Dans les années 90, elles
représentaient 50 à 80% des emplois non-agricoles, plus de 60% de
l'emploi urbain et 90% des nouveaux emplois en Afrique65(*). Elles contribuent au PIB et
à la croissance économique avec une fonction d'intégration
pour les populations les plus démunies dont les jeunes et les femmes.
Enfin, elles ont une fonction de redistribution. Donc, l'économie
informelle exerce également les rôles d'intégration et de
régulation sociale quand l'Etat s'est révélé
défaillant ou impuissant dans ses fonctions. Plus loin, Alicia T. pense
qu'en produisant des biens et services de proximité, à des prix
très abordables, les PME contribuent à des objectifs plus larges
de santé publique ou d'amélioration du cadre de vie66(*). Constatant l'ampleur des PME
dans l'économie de la zone euro, on les considère comme le moteur
de l'économie de la zone. D'ailleurs, elles représentent 99% des
entreprises et 27 millions de PME fournissent 75 millions d'emplois. La
dynamique des PME crée l'esprit d'entreprise, l'innovation, stimule la
croissance économique, crée des emplois et la cohésion
économique et sociale67(*). Le modèle de développement
économique italien repose sur les PME et il est reconnu dans le monde
entier comme un modèle de croissance endogène. D'ailleurs, 98%
des entreprises industrielles italiennes comprennent moins de 100
employés. Elles exportent des produits de haute qualité et font
la force de l'économie nationale. Ce dynamisme et cette
compétitivité, doit-on le préciser, ne sont pas le fruit
d'un phénomène aléatoire. Cela est dû à un
mode de regroupement désigné cluster
dans la littérature des sciences de la gestion68(*). Les PME présentent les
avantages suivants :
- Elles utilisent une forte main-d'oeuvre et des techniques de
production relativement simples, ce qui convient à l'abondance de
main-d'oeuvre et de la pénurie des capitaux dans la plupart des pays en
développement.
- Elles sont réputées plus efficaces en
matière d'utilisation des capitaux et profitent de l'épargne, du
talent pour entreprendre, et d'autres ressources qui, autrement, ne serviraient
à rien.
- Elles peuvent être d'utiles fournisseurs des grandes
entreprises
- Elles réussissent quelques fois en fournissant des
marchés limités ou spécialisés, peu attrayants pour
les grandes entreprises.
- Elles peuvent apporter plus de stabilité à la
collectivité locale que les grosses entreprises dont les
intérêts s'étendent par delà des frontières
régionales et internationales.
- Les petites affaires sont plus aptes à élever
le niveau de participation populaire dans l'économie69(*).
4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à
Port-au-Prince
Les petites et moyennes entreprises, en Haïti, sont les
unités qui exercent leurs activités, le plus fréquemment,
dans le segment inferieur du marché de l'offre des biens et services.
Elles sont très nombreuses et versées dans les différentes
activités. On peut essayer d'esquisser quelques unes parmi les plus
communes, sans avoir la prétention d'être exhaustif. On peut
recenser des boutiques, des quincailleries, des prêts-à-porter,
des boulangeries, des studios de beauté, des pâtisseries, des
studios de photo, barber shop, cyber café, épiceries,
cordonneries, imprimeries, services de photocopie, ateliers de fabrication de
meubles, des ferronneries, des étalagistes dans les trottoirs des
grandes rues ou dans les marchés publics, les marchands ambulants,
ateliers de couture, etc. Ce sont, entre autres, des petites et moyennes
entreprises auxquelles nous avons soumis des questionnaires pour collecter les
informations.
4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et
managériales
Les sciences de la gestion retiennent quatre fonctions
fondamentales de l'entreprise : la fonction de production, la fonction
marketing, la fonction finance et la fonction Ressources Humaines. Ce sont ces
fonctions classiques qui déterminent, de manière
opérationnelle, ce que font quotidiennement les entreprises. Au niveau
des petites et moyennes entreprises haïtiennes, ces fonctions n'existent
presque pas et celles qui en tiennent compte confondent toutes les fonctions.
La fonction de production concerne les entreprises de production. Ces
dernières sont peu nombreuses par rapport aux entreprises commerciales
et faiblement capitalisées en termes d'actifs. Les équipements
sont très simples et de faible technicité. Il n'y a pas, à
proprement parler, des procédures et une définition scientifique
de la production. Dans les unités les plus petites, on produit pour
satisfaire la demande de proximité sans se soucier du seuil de
rentabilité, du délai d'écoulement des stocks, du stock de
sécurité etc. Dans les unités les plus grandes, il y a
comme élément de différenciation, une extension de
marché résultant d'une plus grande capacité relative de
production. Mais, l'aspect scientifique de la production est ignoré. Le
management des stocks, des approvisionnements, de la qualité n'est pas
rigoureusement assuré.
En termes de conception et d'organisation du système de
production, il n'y a pas une approche systémique. Tout se fait sur la
base routine. Les produits sont conçus par imitation, sans avoir aucun
élément de différenciation par rapport à la
concurrence et sans aussi tenir compte des risques perçus par les
consommateurs. Les procédés sont généralement
manuels et, dans de rares cas, mécanisés pour les entreprises qui
ont un plus haut niveau de capitalisation. La capacité de production est
ignorée car on produit pour un marché dont les contours ne sont
pas entièrement connus. Le choix de la localisation n'est pas
déterminé scientifiquement mais en fonction, des fois, d'un effet
d'entrainement de tout le monde vers le lieu où les activités
économiques sont denses, ou en fonction des prix du loyer dans une zone
ou lieu de résidence des promoteurs. Cet état de fait explique la
situation qui présente souvent qu'une PME choisit
décidément de rentrer en concurrence directe avec une autre.
L'aménagement et l'organisation du travail sont arbitraires et ne
respectant aucune norme de gestion des opérations de la production.
Pour ce qui a rapport à la fonction marketing, on fait
des choses sans pour autant appliquer un mix marketing de manière
formelle. Le manque de qualification des ressources humaines et l'absence d'un
personnel préposé, à cet effet, expliquent le fait que ces
notions sont ignorées. Pour s'assurer de l'augmentation du volume des
ventes ou pour se tailler une place du marché, elles se fient à
la superstition suivant un ensemble de croyances populaires plutôt qu'a
une rationalité basée sur une intelligence marketing. La fonction
commerciale ou marketing n'existent pas de manière académique. La
relation entreprise-produit-client est déterminée par le hasard
suivant les caprices du marché.
Pour la fonction finance au niveau des petites et moyennes
entreprises, il n'en existe pas une, à proprement parler. La raison est
qu'il y a l'absence de la tenue de livre ou d'un système comptable qui
assure l'enregistrement et le traitement des informations financières.
Il n'y a pas, non plus, un système d'information et de gestion qui
permette de rationnaliser les décisions d'investissement et de
financement. Encore, c'est le propriétaire qui exécute le
rôle de caissier et de trésorier, un rôle qui n'a rien
à voir avec une fonction de gestionnaire financier ou d'analyste
financier interne à l'entreprise.
En matière de ressources humaines, une trop grande
attention n'est pas accordée à ce facteur. Le personnel est
formé, pour la majeure partie des PME, du propriétaire qui,
dès fois, assisté de certains proches, fait tout. Il n'y a pas,
dans ces structures, une politique de ressources humaines. Les impacts
négatifs se font remarquer dans la structure administrative très
faible. Pas de répartition scientifique du travail, ni une
évaluation ex-post.
Quant aux caractéristiques managériales des PME,
le processus de planification, d'organisation, de direction et de
contrôle n'est jamais rigoureusement suivi, mais est souvent
court-circuité. Puisque les PME n'ont pas de stratégie, la
gestion du court terme est la seule préoccupation. A cet effet, la
nécessité de planifier ne s'impose pas. Les décisions sont
ordinaires et n'affectent pas la vie de l'entreprise à une longue
échéance. Le seul aspect que l'on retrouve est la direction qui
se résume à toutes les orientations possibles qui peuvent
être données à l'entreprise par son propriétaire.
La direction est centralisée et il n'y a pas de statut qui
définit les responsabilités, ni délégation de
pouvoir.
4-3- Impacts de la microfinance sur les PME à
Port-au-Prince de 2000 à 2006
En ce qui a trait aux impacts des activités de
microcrédit sur les PME à Port-au-Prince, les résultats
sont nuancés suivant plusieurs facteurs qui peuvent entrer en ligne de
compte. D'après l'enquête effectuée sur les PME qui
bénéficient du microcrédit, il est nécessaire de
procéder à une catégorisation selon les critères de
niveau d'investissement, du volume de prêts contractés et des
caractéristiques socio-économiques des
bénéficiaires de la prestation des services.
On a opéré une première catégorie
(catégorie I) qui comprend les très petites
entreprises qui, en majorité, exercent leurs activités dans la
commercialisation d'un ensemble de produits de premières
nécessités, importés ou locaux. Ce sont les petits
détaillants, les étalagistes, les marchands ambulants, les
très petites entreprises de production ou de services qui ont un modeste
niveau de capitalisation et une faible capacité d'emprunt. Leurs
propriétaires appartiennent aux couches défavorisées et/ou
ont un faible niveau d'éducation.
La deuxième catégorie (catégorie
II) comprend les petites ou moyennes entreprises de production, de
commerce ou de services. Ces entreprises ont un espace physique plus ou moins
aménagé pour leurs activités d'exploitation. Elles ont du
personnel, un niveau de capitalisation relatif d'une certaine envergure et une
capacité d'emprunt supérieure à la catégorie I.
Pour les entreprises de production, elles utilisent les matières
premières locales ou importées pour produire des biens et
services destinés au marché local ou régional. Leurs
propriétaires sont généralement des professionnels,
employés ou anciens employés révoqués ou
retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires
diplômés.
Tableau 6 : Résumé de la
catégorisation des entreprises opérée
Catégories
|
Entreprises
|
Activités Principales
|
Niveau de capitalisation
|
Niveau et capacité d'emprunts
|
Caractéristiques socio-économiques des
propriétaires
|
I
|
Très petites entreprises
|
Marchands Ambulants, détaillants de multi produits, petits
métiers rudimentaires de faible technicité,
|
De 1000 HTG à 30 000 HTG
|
De 1000 HTG à 15 000 HTG
|
Gens appartenant aux couches défavorisées, faibles
niveau d'éducation,
|
II
|
Petites ou moyennes entreprises
|
Entreprises de production, de commerce ou de services
|
Supérieur à 30 000 HTG
|
De 15 000 HTG à 125 000 ou plus
|
Professionnels, Employés ou anciens employés
révoqués ou retraités, héritiers des entreprises
familiales, Universitaires diplômés,
|
4-3-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000
à 2006.
a) Aspect multiplicatif
Par l'aspect multiplicatif nous entendons l'augmentation du
nombre de PME créées grâce aux activités de
microfinance. Notre enquête nous a révélé que le
microcrédit ne contribue pas à la multiplication quantitative des
PME. La totalité des unités touchées soutiennent que
l'investissement de départ ou initial a été retiré
de leurs fonds personnels ou du fonds des parents qui ont légué
l'entreprise. D'ailleurs, pour obtenir le premier prêt, les agents du
prestataire des services viennent effectuer la visite des affaires
déjà existantes et la visite du patrimoine du propriétaire
pour évaluer la capacité morale, économique et
financière de contracter l'emprunt. Ce qui, pour l'institution,
représente une forme de garantie. Sur la période de 2000 à
2006, beaucoup de PME ont vu le jour effectivement. Mais, suivant notre
constat, cela est dû, dans une faible proportion, au microcrédit.
On sait aussi que la majorité des institutions de microfinance ne
financent pas les entreprises au démarrage.
b) Dynamisation en termes de chiffres
d'affaires
L'indicateur principal de mesure des impacts de la
microfinance sur les PME est le chiffre d'affaires. Ceci est un outil comptable
qui permet de mesurer les avancées significatives des activités
d'exploitation de l'entreprise sur les différents exercices. La
cueillette des informations nous a été très difficile
compte tenu de la structure administrative et de l'absence de la gouvernance
financière de ces entreprises.
Par dessus tout, les informations recueillies nous permettent
de constater ces états de fait explicités dans les
paragraphes suivants.
b-1) La catégorie I
Au niveau de la catégorie I, les
entreprises, sur lesquelles ont été menées les
enquêtes, ont connu une augmentation de leur chiffre d'affaire. Les
crédits obtenus leur ont permis d'offrir plus de produits et de
dégager un chiffre d'affaires supérieur à celui des
exercices précédents. On n'est, cependant, pas en mesure de
mesurer les variations, en pourcentage, du fait du non enregistrement des
transactions et du caractère très informel des activités
dans ce segment.
Cependant, ces entreprises ont certaines choses qui jouent en
leur défaveur. Premièrement, on constate une sorte de
mimétisme caractérisé par la dissémination des
mêmes types d'affaires dans le même espace géographique.
Elles sont souvent séparées par quelques centimètres. Le
choix d'un offreur fait par un acheteur a une base purement aléatoire.
De ce fait, la concurrence est vive et acharnée. Les produits sont les
mêmes sans aucun élément de différenciations. La
stratégie de vente est la capacité d'élocution du vendeur
qui représente la seule forme de communication marketing avec la
clientèle. A ce facteur s'ajoute ce que nous appelons « multi
produits ». Nous désignons, par ce concept, le fait pour
l'offreur d'étaler une quantité indéfinie de produits sur
un tréteau ou un étalage. Ces produits ne dégagent pas une
marge de profits significatifs pour faire fructifier les affaires. La
priorité du propriétaire est de maintenir l'investissement
initial appelé « manmnan lajan70(*) ». La finalité est la survie
à court terme. Si l'on se réfère à la logique,
à la base, du capitalisme qui est l'accumulation, ces entreprises sont
condamnées à faire du sur-place parce que la vision ou la
stratégie n'est pas de grossir mais d'assurer la pérennité
existentielle dans le temps. Il y a aussi la période d'écoulement
de stock du produit qui pose problème. Avec un cycle très long,
elle font face à un problème de fonds de roulement. Elles
confrontent aussi un problème de saturation de marché à
cause de la multiplicité des offreurs et de la faible marge de profit
dégagée par les activités et de plafonnement rapide des
activités. Donc, en fonction de ces contraintes, leur potentiel de
croissance et d'accumulation est quasi nul.
Sur le plan externe, ces entreprises font face aux
difficultés caractéristiques de l'économie et à
celle du ménage propriétaire. Les facteurs venant de
l'économie sont l'absence du pouvoir d'achat de la clientèle,
l'inflation, le niveau du chômage. Tous influencent négativement
la marche des affaires, annihilant ainsi tout effort de rentabilité. Les
problèmes venant des ménages propriétaires se rapportent
aux pressions exercées par les besoins personnels sur les ressources de
l'entreprise. Généralement, les maigres profits
générés sont tout simplement captés par ces
besoins. Donc, le gonflement d'un cash-flow, dans les perspectives de saisir
les opportunités de marché ou d'élargissement, est non
envisagé. Les crédits bénéficiés par les PME
permettent, certes, d'augmenter l'offre, mais le profit
généré n'est pas cumulé pour constituer une
capacité résiduelle de financement et pour financer un
éventuel élargissement des activités.
Bizarrement, ces entreprises remboursent les crédits
contractés. Le fait est simple, le montant des mensualités
à savoir, intérêt plus principal, est calculé par
l'IMF qui octroie le prêt. Ce montant, déterminé au
préalable, est la partie intouchable des ressources de l'entreprise. Le
remboursement des dettes est la condition sine qua non du renouvellement du
crédit. Des fois, elles ont recours à d'autres sources d'argent
pour rembourser les prêts. Elles font tout ça parce que le
crédit de l'institution financière permet de faire face au besoin
de fonds de roulement qui constitue, à son tour, la plaque tournante des
affaires.
Il faut noter, par contre, que toutes les entreprises de la
catégorie I ne sont pas prises dans cette spirale.
Certaines ont pu franchir cet état avec succès pour
connaître une expansion de leurs activités. Elles ne sont
généralement pas dans le commerce, mais dans la production ou les
services. Les propriétaires ont une attitude plus entrepreneuriale et un
certain niveau de développement socio-économique
différentiel. Leurs comportements sont moins prédateurs sur les
ressources de l'entreprise. Eux, ils profitent plus de la microfinance pour
renforcer leurs activités que les autres types.
Sur le plan financier, ces entreprises présentent un
niveau de risque plus élevé pour les IMF. Par suite, elles sont
astreintes à un taux d'intérêts plus élevé,
ce qui amoindrit davantage les revenus générés par leurs
activités.
b-2) La catégorie II
Les entreprises de la catégorie II connaissent aussi
une augmentation plus soutenue de leur chiffre d'affaires et profitent mieux de
la microfinance que celles de la première catégorie. L'effet est
d'importance, dépendamment de deux facteurs : l'âge de
l'entreprise et le nombre de prêts déjà obtenus. Celles qui
sont plus anciennes ont déjà un certain niveau d'activité
qui leur permet de bénéficier des montants de crédits plus
élevés. Elles empruntent non seulement pour leur fonds de
roulement mais aussi, pour saisir les opportunités de marché ou
pour l'achat d'un nouvel équipement. Dans ce cas, les prêts
contractés permettent un renchérissement des activités, un
renforcement de la capacité de production pour les entreprises de
production, une augmentation de l'offre pour les entreprises commerciales ou de
services. Pour les entreprises très jeunes, par contre, elles ne
bénéficient pas d'un montant de crédit
élevé, surtout les premiers emprunts. Elles les investissent pour
renforcer leur fonds de roulement et les crédits reçus
contribuent légèrement à la rentabilité de
l'entreprise.
Pour ce qui a rapport au nombre de prêts obtenus, plus,
on bénéficie de prêts, plus, on rembourse, plus, on obtient
des montants de crédits plus élevés et moins, les
intérêts sont élevés. Les PME, qui
bénéficient d'une succession de crédits, profitent, aussi
mieux, du microcrédit pour renforcer leurs activités. Les
bénéfices successifs générés sont à
même de maintenir l'entreprise dans le temps et financer l'expansion.
En termes de dynamisme, les entreprises de cette
catégorie ont un fort potentiel de croissance. Les crédits
viennent en complément des ressources propres et permettent de stimuler
le développement des affaires.
Certains facteurs inhibent leur croissance. Comme la
première catégorie, on constate le mimétisme dans les
activités, avec la ruée de tout le monde vers une seule niche de
marché. On dirait qu'il n'y a pas d'autres créneaux porteurs dans
l'économie haïtienne. Cela engendre une concurrence très
vive entre les unités ayant souvent entre elles une grande
proximité. On copie les grandes entreprises haïtiennes dans la
concentration des activités sur le commerce des produits
importés. Le même problème de saturation de marché
et de plafonnement des activités sont les mêmes difficultés
auxquelles font face les Petites et moyennes entreprises de la catégorie
II. Ceci constitue un frein à l'innovation et aussi à une
extension des activités des PME.
En termes d'engagement sur la durée, elles se
caractérisent par l'absence de stratégie d'entreprise, une vision
claire, la fixation des objectifs généraux pour étendre
les activités. Les moyens existent, car elles font du profit ;
elles se transforment sans avoir la volonté de devenir grandes. Ce choix
s'explique par des facteurs d'ordre culturel.
Ces entreprises sont privilégiées par rapport
à la catégorie I, car elles bénéficient des
crédits à des taux d'intérêts plus bas
renforçant ainsi leur capacité de profiter de l'effet de levier
provoqué par les fonds empruntés.
d) Création d'emplois
Le secteur des PME en Haïti est très immense et
emploie beaucoup de gens. Il est à signaler un fait
révélateur au niveau des emplois créés, grâce
aux activités économiques dans ce segment de marché de
l'offre. L'enquête nous a permis d'avancer ce qui suit : Les PME ont
une faible propension à créer de l'emploi, dépendamment du
secteur d'activité. Dans la catégorie I, la
quantité d'emplois est proportionnelle à la quantité de
petites entreprises existantes. Il y en a quelques unes, par contre, pour
lesquelles le nombre d'emplois évolue, en augmentant de plus d'un
employé sur la période considérée. Elles sont
généralement dans le secteur de la production ou des services.
Cette faible propension à la création d'emplois s'explique par
leur faible potentiel de croissance et l'absence de structure organisationnelle
pour assurer la gestion rationnelle de l'entreprise et planifier son avenir.
Dans la catégorie II, ces entreprises
emploient plus de personnes que les premières. Mais l'offre d'emploi est
plus importante pour les entreprises de production et les entreprises de
services. Du fait de l'importance des activités dans ces entreprises, la
nécessité de disposer des ressources humaines s'impose. Dans les
PME de commerce, ce sont les propriétaires qui, assistés par
quelques membres de la famille, font tout. Dans les PME, il faut relativiser
quant à la qualité des emplois créés. Dans la
plupart des cas, ce sont des emplois très précaires qui ne sont
pas en mesure d'assurer le minimum existentiel à leur
bénéficiaire. Car ce sont, dans la majorité des cas, des
taches routinières qui n'exigent aucune compétence
spécifique. L'augmentation des emplois constatée est plus
importante dans les entreprises de production et de services que dans les
entreprises commerciales.
On doit remarquer que, dans les grandes entreprises
traditionnelles, le besoin de recruter de la main-d'oeuvre se fait sentir quand
l'entreprise révise ses stratégies en opérant, par
exemple, une intégration verticale ou horizontale, en conquérant
un nouveau marché ; et lance un nouveau produit, diversifie les
activités, veut se renforcer dans le milieu concurrentiel et veut
profiter d'une nouvelle technologie. Les petites et moyennes entreprisses
haïtiennes se perdent dans la gestion du court terme sans vision
stratégique. Voila pourquoi, la création d'emploi n'est pas
massive dans les PME vue la grande quantité de ces entreprises dans le
milieu des affaires haïtien.
4-3- Contribution réelle de la microfinance
dans la dynamisation des PME
Compte tenu de la rareté des ressources
financières sur le marché des capitaux haïtien et des
difficultés à trouver du financement pour les projets, les
ressources financières des institutions de microfinance sont
nominalement un élément important dans la vie des petites et
moyennes entreprises en Haïti. Les faiblesses internes et les contraintes
de l'environnement externe constituent un facteur de rétention de leur
croissance.
Les contraintes externes sont aussi liées aux
conditions de crédit des institutions de microfinance. Selon les clients
interrogés, ils ont un problème de maturité des
prêts et les montants sont souvent trop inferieurs à leur
requête. Le financement est à court terme et ne peut servir,
généralement, qu'à financer le fonds de roulement. Les PME
n'arrivent pas à profiter entièrement de l'effet de levier qui
serait provoqué par les fonds empruntés. La règle de la
synchronisation des échéances ou règle de
l'équilibre des maturités veut qu'on ne finance pas des
investissements à long terme par des ressources à court terme. Le
microcrédit ne contribue pas au renforcement du stock de capital
physique des PME. Ce qui réduit la possibilité de constituer une
capacité de production à long terme. On comprend pourquoi le
microcrédit en Haïti se tourne vers les activités de
commerce au détriment du secteur des services et de la production.
Chapitre V
Les activités de microfinance en Haïti,
particulièrement à Port-au-Prince dans le courant des
années 2000 à 2006
5-1- L'offre institutionnelle des services de
microcrédit
5-1-1- Sogesol
a) L'institution et ses Produits
b) l'évolution des activités de
microcrédit de 2000 à 2006
c) Structure de portefeuille, maturités des
prêts et taux d'intérêts
5-1-2- ACME
5-1- L'offre institutionnelle de microcrédit
a) L'institution et ses Produits
b) l'évolution des activités de
microcrédit de 2000 à 2006
c) Structure de portefeuille, maturités des
prêts et taux d'intérêts
5-1- L'offre institutionnelle des services de
microcrédit
Les activités de microcrédit se
développent de manière très accélérée
en Haïti depuis plusieurs années. Nous avons
sélectionné, pour notre étude, deux institutions de
microfinance qui sont parmi les plus importantes, en termes de couverture de
marché et de dimensions des activités fonctionnant à
Port-au-Prince. Voici une description de ces IMF et l'évolution des
activités sur la période de 2000 à 2006.
5-1-1- Sogesol
a) L'institution et ses Produits
Société Générale de
Solidarité SA (Sogesol) est une société
de droit privé créée en 1999 par une banque privée
haïtienne, la Sogebank. Elle vise exclusivement le secteur des
micro-entrepreneurs en leur offrant l'accès au crédit et quelques
services connexes. Sa mission est de promouvoir l'entreprenariat haïtien
en adaptant les services bancaires traditionnels aux besoins de la
clientèle des micro-entrepreneurs, tout en respectant les standards de
rentabilité et d'efficience71(*). Elle est détenue à 47.34% par le
groupe Sogebank en partenariat avec deux organismes internationaux :
ACCION International à 9.64% et PROFUND à 5.07% et le reste des
actions est détenu par des particuliers dans le secteur privé.
Elle est étendue dans beaucoup de points sur le territoire national avec
6 succursales dans la zone métropolitaine et 8 en province. Ses produits
sont les suivants :
1) Prêt aux micro et petits entrepreneurs du secteur
informel : Fonds de roulement
2) Financement pour acquisition de stock pour les plus
micro : cash rapid
3) Prêts à la consommation, spécialement
développés pour la clientèle d'ouvrier d'usine et du
commerce : Prêts aux salariés
4) Prêts pour l'amélioration de l'habitat des
micro et petits entrepreneurs : kredi kay
5) Prêts pour l'achat d'actifs immobilisés pour
le commerce : Byen pam
Et un produit d'épargne spéciale, conçu
en collaboration avec la Sogebank, est aussi offert à la
clientèle à travers laquelle sont possibles des
décaissements et des remboursements automatiques sur compte72(*).
La Sogesol est affiliée au réseau Accion
International, au réseau Microfinance Network, et est membre de
l'Association Nationale des Institutions de Microfinance d'Haïti (ANIMH).
La méthodologie de crédit utilisée est le crédit
individuel en milieu urbain.
b) l'évolution des activités de
microcrédits de 2000 à 2006
Sur la période de 2000 à 2006, les
activités de la Sogesol sont très dynamiques. On a
constaté que tous les indicateurs de performance sont à la
hausse, année après année. Le tableau ci-dessous
résume l'évolution des activités en mettant l'accent sur
le nombre d'emprunteurs actifs et le portefeuille de prêt actif.
Tableau 7 : Evolution du nombre d'emprunteurs
actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à
2008.
Années
|
Nombre d'emprunteurs actifs
|
Portefeuille de prêts actifs en USD $
|
Taux de change pour la conversion en HTG
|
Taux d'intérêt*
min et max
|
00
|
2 200
|
1 986 881
|
24,166
|
n/a
|
01
|
6 049
|
3 822 969
|
27,701
|
3,5%
|
02
|
7 534
|
6 817 853
|
38,462
|
3,5%
|
03
|
8 208
|
6 713 974
|
35,25
|
3,5% et 4,5%
|
04
|
6 896
|
7 780 924
|
41,883
|
3,5% et 4,5%
|
05
|
10 164
|
13 746 436
|
38,106
|
3% et 4,5%
|
06
|
11 776
|
17 112 016
|
35,558
|
2,5% et 5%
|
Sources : The Mix Market
Exchage
Disponible sur : http://www.mixmarket.org. Page
consultée le 13/08/08
*http :
//www.sogebank.com/sogesol/chiffres.clefs.html.
Page consultée le 10/09/2008
c) Structure de portefeuille, maturités des
prêts et taux d'intérêts
La structure de portefeuille de la Sogesol est composée
de la manière suivante : 13% de l'encours des prêts est dans
la tranche de 2 500 HTG à 12 500 HTG ; 23% de l'encours est dans la
tranche de 12 500 HTG à 25 000 ; 49% de l'encours est dans la
tranche de 25 000 HTG à 125 000 HTG et 15% dans la tranche
supérieure à 125 000 HTG73(*).
En ce qui concerne la maturité des prêts et le
taux d'intérêts pratiqué, les prêts alloués au
fonds de roulement sont rémunérés à un taux compris
entre 3% minimum et 4,5% maximum sur une période de 12 mois. Ceux
alloués aux activités d'investissement sont
rémunérés à un taux compris entre 3% et 3,5% pour
une période de 18 mois. Sur ceux alloués à la
consommation, le taux d'intérêts est de 3,5% pour une
période de 18 mois74(*).
Plus de 55% de la clientèle est constituée de
femmes avec la majorité dans les activités de petit commerce.
5-1-2- ACME
a) L'institution et ses Produits
ACME, dénommée Association pour la
coopération avec la Micro Entreprise, est une association, à but
non lucratif, enregistrée comme telle à la mairie de
Port-au-Prince et au Ministère des Affaires Sociales. Elle a
été créée en 1997 avec la mission d'aider les
micro- entrepreneurs qui n'ont pas accès au crédit bancaire
à développer leurs activités en leur fournissant des
prêts sans garantie75(*).
Le produit offert est le microcrédit divisé de
manière opérationnelle sous différents labels76(*) :
1) Le prêt traditionnel de 1000 à 75 000 HTG
2) Le prêt bouquiniste saisonnier, terme maximal
autorise 4 mois
3) Le gros prêt à partir de 250 000 HTG
4) Le prêt projet spécial de GESKIO en fonction
de la capacité de gestion du client
5) Le prêt maraicher de 2000 à 50 000 HTG
ACME est l'une des plus grandes institutions de
microfinance d'Haïti en termes de volume d'activités. Elle offre
des services de crédit dans 14 agences dont 12 réparties dans la
zone métropolitaine. Les financements s'étendent à un
éventail, très large, de PME dans les secteurs du commerce, de la
production et des services. La clientèle est composée de 69% de
femmes. Pour bénéficier du crédit, le client doit
posséder une activité située dans un emplacement fixe, le
prêt reçu ne dépassera pas 60% du fonds de
roulement77(*).
La méthodologie de crédit est le crédit
individuel78(*).
c) l'évolution des activités de
microcrédit de 2000 à 2006
Selon les données disponibles, sur la période de
2000 à 2006, les activités de microcrédit de ACME ne
s'arrêtent pas de croître. Le nombre d'emprunteurs actifs est
multiplié par dix. Le portefeuille de prêt croît presqu'au
même rythme ainsi que les autres indicateurs de performance. Ce tableau
résume l'évolution des activités sur la période
considérée avec les indicateurs intéressant notre
propos.
Tableau 8 : Evolution du nombre d'emprunteurs
actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à
2008.
Années
|
Nombre d'emprunteurs actifs
|
Portefeuille de prêts actifs en USD $
|
Taux de change pour la conversion en HTG
|
00
|
2 501
|
1 064 984
|
24,166
|
01
|
4 283
|
1 686 067
|
27,701
|
02
|
4 600
|
2 208 256
|
38,462
|
03
|
6 435
|
4 234 810
|
35,25
|
04
|
7 281
|
3 994 004
|
41,883
|
05
|
11 216
|
6 809 168
|
38,106
|
06
|
20 112
|
8 916 795
|
35,558
|
Sources : The Mix Market
Exchage
Disponible sur : http://www.mixmarket.org. Page
consultée le 13/08/08
c) Structure de portefeuille, maturités des
prêts et taux d'intérêt
La structure du portefeuille de crédit est ainsi
composé : 0,06% de l'encours des prêts est dans la tranche
inferieure à 2 500 HTG ; 11,68% de l'encours est dans la tranche de
2500 à 12 500 HTG ; 15,18% est dans la tranche de 12 500 à
25 000 HTG ; 48,82% de l'encours est dans la tranche de 25 000 à
125 000 HTG et 24,27% de l'encours est supérieur à 125 000
HTG79(*).
En ce qui concerne la maturité des prêts et le
taux d'intérêt, les crédits octroyés pour le
financement du fonds de roulement et les activités d'investissement sont
rémunérés à un taux de 3,5% pour une
période de 6 mois80(*).
En décembre 2006, les crédits
étaient alloués de la manière suivante : 92,5% dans
le commerce ; 2,5% dans la production ; 3,7% dans les services ;
1,3% dans les crédits aux staffs81(*).
Conclusion
Au demeurant, ce travail réalisé sur la
microfinance et les PME en Haïti nous a permis de rapprocher les deux
concepts pour évaluer, en réalité, les impacts des
activités de microcrédit sur la dynamisation des PME à
Port-au-Prince de 2000 à 2006.
La revue de la littérature a dégagé les
points de vue de certains penseurs sur la contribution potentielle de la
microfinance dans le développement des affaires en faveur des pauvres et
dans une perspective plus large de réduction de la pauvreté. Dans
cette étude, il a été question de montrer la contribution
réelle de la microfinance dans l'expansion des PME en Haïti,
particulièrement à Port-au-Prince de 2000 à 2006. Nous
avons posé comme hypothèse que le développement de la
microfinance favorise l'expansion des PME en Haïti sur la période
mentionnée. Pour la validation, nous avons procédé
à la cueillette des informations au moyen d'une enquête de terrain
par laquelle on a soumis un questionnaire aux PME utilisant le
microcrédit. On a constaté que les activités de
microfinance, en termes de distribution de crédit, sont en progression
continuelle sur la période de 2000 à 2006. Les indicateurs
retenus, comme le nombre d'emprunteurs actifs et le volume de crédit,
sont en nette augmentation, année après année. C'est le
même cas de figure pour les PME. En termes d'impacts des activités
de microfinance sur l'expansion des PME en Haïti, mesurés en termes
de multiplication quantitative, de chiffre d'affaires et de création
d'emplois. L'étude nous a permis de dégager les conclusions
suivantes : la microfinance a contribué réellement à
l'expansion des PME à Port-au-Prince, dépendamment du
degré de structuration de l'entreprise bénéficiaire et du
niveau de développement socio-économique des promoteurs. D'autres
facteurs supplémentaires déterminent le poids des impacts
positifs du microcrédit sur le développement des affaires. Ainsi
a-t-on retenu : l'âge de l'entreprise, son niveau de capitalisation,
le nombre de prêts contractés ou le cumul de prêts
déjà obtenus et la dimension des activités de
l`entreprise.
En outre, que ce soit dans le secteur du commerce, de
production ou des services, les PME profitent mieux de la microfinance pour
dynamiser le rendement et la croissance des activités si une importance
est, plus ou moins, accordée aux fonctions classiques de l'entreprise et
celles du management. Cela s'associe à une attitude plus
entrepreneuriale des propriétaires. En fait, la microfinance
pratiquée en Haïti est faite sur une approche de
rentabilité. Elle favorise certaines entreprises par rapport à
d'autres. Malheureusement, ce sont les plus pauvres des pauvres qui n'en
bénéficient pas, contrairement à la finalité
première de cet instrument financier dont les vertus ont
été mises en relief par la Grameen Bank. Nous sommes
d'accord qu'on ne peut pas faire la finance sur une base caritative ; car
suivant l'approche de la pensée économique néo-classique,
l'argent est une ressource rare. Comme telle, il doit être utilisé
de manière optimale, c'est-à-dire être investi dans des
projets capables d'augmenter la richesse des promoteurs et de
rémunérer les facteurs. A ce moment là, les IMF pourront
contribuer à dynamiser les entreprises et à assurer, du
même coup, leurs viabilités financières. Cependant, tel que
se développent les activités de microfinance en Haïti
actuellement, on craint une dérive de l'objectif premier de cet outil
financier. Au lieu d'avoir des impacts directs sur la vie des pauvres, la
façon dont elle imite le système bancaire traditionnel, elle
pourrait arriver à créer une autre classe de
privilégiés en creusant, davantage, l'écart entre les plus
pauvres des pauvres et les plus lotis économiquement parmi les pauvres.
Le rôle d'intégration économique et sociale de la
microfinance et les PME sera tout simplement vilipendé. Les nantis
pourront toujours disposer de cet instrument pour faire leurs choux gras au
détriment des pauvres en créant plus de marginaux. Nous faisons
les recommandations suivantes pour arriver, suivant la vision de la
construction du secteur financier accessible à tous, à
intégrer les pauvres dans la vie économique et sociale du pays en
tant qu'individus à part entière.
Recommandations
La microfinance représente un élargissent du
crédit privé. Les IMF, les PME, l'Etat et les institutions
partenaires internationales sont les acteurs impliqués dans le
développement du système financier inclusif dont la mission
première est d'étendre les services financiers aux pauvres pour
leur permettre de briser le spectre de la pauvreté. Au terme de ce
travail, nous nous évertuons à faire les recommandations
suivantes pour que le système financier accessible à tous,
prôné par les nations unies, soit une réalité en
Haïti, et les PME soient devenues de vraies entreprises, capables de
contribuer à une croissance économique durable.
- Au niveau des Petites et Moyennes Entreprises
C'est un fait avéré que les PME ont un poids
énorme dans le tissu des entreprises haïtiennes et qu'elles peuvent
amplement promouvoir la croissance économique. Telles qu'elles sont
maintenant, avec toutes ces faiblesses qui les caractérisent, leur
assigner une tâche pareille est illusoire. Pour atteindre un seuil
appréciable de productivité et de compétitivité,
nous envisageons certaines révisions au niveau de leur fonctionnement.
Celles portent, en effet, sur :
D'abord, une restructuration sur le plan organisationnel et
managérial. Cela implique pour les PME de se doter du statut
d'entreprise et d'intégrer, de manière formelle, les fonctions
fondamentales de l'entreprise. Car, il y a une interrelation entre les
différentes fonctions, la convergence des orientations concourent
à la rentabilité des affaires. Sans peur d'être taxé
d'orthodoxie, nous avançons que les conditions d'expansion des PME
haïtiennes doivent passer par une restructuration sur le plan
managérial et organisationnel.
Nous savons aussi que les PME font face à des
problèmes de qualifications des ressources humaines. Donc, pour
appliquer ces principes, il faut des compétences. Les bons plans ne
servent à rien s'il n'y a pas de bons esprits pour les appliquer.
Là, nous retrouvons Sabrina Djéfal dans l'effet de synergie et
d'accompagnement auquel elle fait allusion en décrivant le rôle de
la microfinance dans le développement. Nous sommes d'avis qu'il doit y
avoir un transfert de compétence.
Deuxièmement, nous envisageons une diversification des
activités économiques. Dans les pages antérieures, nous
avons mentionné le phénomène de mimétisme
considéré comme un facteur de blocage à l'expansion des
PME. La présence de plusieurs opérateurs, dans une seule niche de
marché, attise la concurrence et plafonne les activités dans ce
segment. Ceci constitue un obstacle à l'innovation. Donc,
l'identification des créneaux porteurs permet de résoudre le
problème de saturation de marché en ouvrant de larges
possibilités pour d'autres PME de se présenter sur le
marché de l'offre des biens et services. Issa Barro
considère comme un créneau porteur ce qui permet d'atteindre des
objectifs techniques, économiques et sociaux en termes de
création de la valeur ajoutée, la rentabilité
économique et/ou financière, la création d'emplois
durables et rémunérés, la valorisation des ressources ou
d'un savoir-faire local, la promotion de l'économie par l'apport en
devise et l'intégration avec d'autres secteurs créateurs
d'emplois et de valeur ajoutée82(*). La diversification des activités et le choix
des créneaux porteurs constitueraient un facteur d'explosion des PME et
créeraient un effet d'entrainement sur les autres secteurs de
l'économie.
Troisièmement, la spécialisation. Après
avoir installé les activités dans le créneau porteur, les
PME peuvent choisir de se spécialiser. A ce stade, l'entreprise choisit
de faire ce qu'elle peut faire le mieux en choisissant un segment de
marché dont elle connait tous les contours.
Quatrièmement, le regroupement ou cluster. Le concept
de cluster est développé par un des maîtres à penser
des sciences de la gestion, c'est l'américain Michael
Porter, pour désigner un mode de regroupement des entreprises
dans le souci d'exploiter les opportunités économiques. Ce qui
fait, maintenant, la force de l'économie italienne. Un des
modèles de regroupement d'entreprises les plus célèbres au
monde est la Silicon Valley, en Californie, où sont
installés des géants mondiaux dans le domaine de la technologie.
Ce modèle est trop sophistiqué pour Haïti. Mais le fait qui
doit retenir l'attention est sa cohérence interne qui doit s'appliquer
à tous les modèles de regroupement quelle que soit la taille.
Le regroupement permet de développer des produits
suivant une chaine. Cela permet, non seulement de rationnaliser les
approvisionnements pour faire baisser les coûts opérationnels mais
aussi, d'assurer une économie d'échèle ou de volume. Ces
entreprises constitueraient des pôles de croissance économiques,
des consortia de production. Les concepts de productivité retrouveraient
leurs lettres de noblesse et la compétitivité de
l'économie serait aussi améliorée pour donner à
Haïti une place plus ou mois concurrentielle dans la région. On
formerait des clusters agricoles, des clusters touristiques, des clusters
technologiques etc. Tous auraient des retombées positives pour les
promoteurs qui augmenteraient leurs revenus, pour les pauvres qui trouveraient
du travail pour accéder au revenu et s'épanouir comme des
individus à part entière, pour l'Etat qui trouverait la
possibilité d'augmenter ses recettes pour investir dans les
infrastructures et les services publics au profit de la société
en général.
- Au niveau des Institutions de microfinance
Aux Institutions de Microfinance, nous faisons les
recommandations suivantes :
1- Intégrer d'autres produits financiers dans la gamme
de services offerts, sur une base de pérennité, suivant la vision
du système financier accessible à tous, prôné par
les Nations Unies et le CGAP. Vision selon laquelle : « un monde
dans lequel les pauvres bénéficient d'un accès permanent
à une large gamme de services financiers de qualité,
délivrés par différents types d'institutions par le biais
d'une variété de mécanismes adaptés83(*) ». Ces services sont
entre autres : la micro assurance, l'épargne, crédit-bail,
financement de l'habitat et d'autres services non-financiers comme un
encadrement technique pour la bonne conduite des affaires. Car d'après
le principe numéro #1 des principes clés du CGAP: « les
pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non seulement
des prêts, des services d'épargne, d'assurance et de transfert
d'argent84(*) »
2- Offrir des montants de crédits plus flexibles pour
les PME.
3- Etendre le financement sur d'autres secteurs de
l'économie, à côté du secteur du commerce.
4- Augmenter la maturité des prêts en
diversifiant des prêts à court terme, à moyen terme et
à long terme, donc, des prêts très adaptables aux besoins
des PME.
5- Augmenter le volume du portefeuille de crédit pour
toucher plus de clients possibles.
6- Développer des services financiers spéciaux
pour les étudiants, diplômés des écoles de sciences
économiques et des sciences de la gestion ou autres, désireux de
trouver du financement pour se lancer en affaires. Cela sera possible en
construisant un partenariat avec les écoles et les universités de
la place.
- Au niveau de l'Etat
Dans la perspective de la construction du système
financier inclusif et pour la dynamisation des PME en Haïti, l'Etat doit
jouer sa partition dans les niveaux suivants :
1- Mettre en oeuvre un cadre règlementaire
adéquat. On a révélé que le secteur de la
microfinance non-coopérative et les PME ne font l'objet d'aucune
disposition légale. Ce qui constitue un goulot d'étranglement au
fonctionnement efficace du système. Claude Falgon, dans son étude
intitulée « Cadre juridique des Institutions de microfinance
non-coopératives », fait une esquisse complète des
recommandations en faveur d'une législation des activités de
microfinance, particulièrement dans le secteur non-coopératif.
2- Intensifier les infrastructures et les services publics.
Les infrastructures adéquates sont des éléments
indispensables à la vie de l'entreprise au niveau de son environnement
externe. Ce déficit est un mal chronique dont souffre l'économie
haïtienne. Pour un développement substantiel des activités
de microfinance et une expansion des PME, l'Etat doit intensifier les
infrastructures comme les routes, l'électricité, l'eau, les
aéroports pour ne citer que ceux-là.
En termes de services publics, on peut noter, entre
autres : la sécurité et les facilités pour les
formalités administratives et légales.
3- Changer sa perception par les PME. En effet, beaucoup de
PME préfèrent ne pas se formaliser, parfois, pour fuir le fisc
mais aussi pour éviter l'Etat. On lui reproche son comportement de
prédateur. Dès fois, au lieu de faire marcher les affaires, les
interventions publiques les handicapent. Dans cette situation, les acteurs et
l'Etat jouent le chat et la souris. Conséquemment, il est impossible
d'impulser un mouvement de croissance économique durable.
4- Elaborer une politique nationale de microfinance et aussi
intégrer la notion de PME dans la formulation de politiques
économiques.
5- Créer une instance publique d'accompagnement des
PME. On sait qu'en Haïti les choses publiques s'offrent un problème
de gouvernance, mais ce serait une chose très importante pour le
renforcement des PME. Dans certains pays en développement, il y a ces
instances comme le Sénégal qui a un ministère des PME, de
l'entreprenariat féminin et à la microfinance. Ce rôle
pourrait intégrer la mission du Centre de facilitation des
investissements (CFI)
- Au niveau des Institutions partenaires
internationales
Les institutions partenaires internationales devront agir en
ces termes :
1- Apporter des capacités techniques pour un transfert
de compétence, en partageant d'autres expériences qui ont
réussi ailleurs, aux acteurs locaux.
2- Participation au capital des IMF pour toucher plus de PME
possibles, particulièrement celles qui sont dans des secteurs à
fort potentiel de développement économique et social.
3- Financement des projets-pilotes. On sait que les IMF
haïtiennes n'offrent que, dans leur quasi-totalité, le
microcrédit. Pour lancer d'autres produits financiers au public, il faut
les tester. On sait aussi que les IMF font face à des problèmes
de moyens. Dans ce cas, les institutions partenaires internationales, dans le
cadre d'une coopération, supporteraient ces projets.
Bibliographie
Section I- Ouvrages
1- BONFIGLIOLI, Angelo, Le pouvoir des pauvres; la gouvernance
locale pour la réduction de la pauvreté, Fonds
d'équipement des Nations Unies (FENU), New York, 2003,168 p.
2- BOURGUINAT, Elisabeth, Bâtir un secteur financier
ouvert à tous, Haut conseil pour la coopération internationale
(HCI), contribution à la conférence nationale de Paris 20-21 juin
2005, 72p.
3- BOYE, Sébastien et al. Le guide la microfinance:
microcrédit et épargne pour le développement, Paris,
éd. d'organisations, 2006, 290p.
4- BROUILLET, Anne-Sophie, BIM- Microfinance et lutte contre
la pauvreté : regard du Réseau Impact, Paris, mars 2004, 8
p.
5- CAMILLERI, Jean-Luc, Microentreprises et Microfinance en
Afrique, le soutien aux entreprises dynamiques : une arme efficace de
lutte contre la pauvreté, Bruxelles, Institut Thomas More, les notes
#4/Fr., 25 janvier 2005, 25p.
6- CGAP, Guide de bonnes pratiques pour les organisations qui
financent la microfinance, Directives concertées en microfinance, 2
ème Ed., Washington, 2006, 57p.
7- CGAP, Microfinance, Subventions et instruments non
financiers dans le cadre de la réduction de la pauvreté :
Quelle est le rôle du microcrédit ? Note Focus, #20, 17p.
8- CGAP, Offrir aux pauvres des services d'épargne
sûre et accessible dans le système financier formel, note focus
#37, septembre 2006, 20 p.
9- CGAP, Commercialisation et dérive de la mission des
IMF, la transformation de la mission en Amérique Latine, Etude
Spéciale #5, mars 2001, 23p.
10- CHERY, Fréderic-Gerald et al., Statistiques
économiques inventaires 2003, MPCE, Port-au-Prince, juin 2005, 98p.
11- DOURA, Fred, L'économie d'Haïti:
Dépendance, Crises et Développement, Montréal, Ed. dami,
2001, 251p.
12- DOURA, Fred, L'économie d'Haïti:
Dépendance, Crises et Développement, Montréal Ed. dami,
2002, 347p.
13- DOURA, Fred, L'économie d'Haïti:
Dépendance, Crises et Développement, Montréal, Ed. dami,
2003, 481p.
14- DESHOMMES, Fritz, Politique économique en
Haïti, Rétrospectives et perspectives, Port-au-Prince, Ed. cahiers
universitaires, 2005,234 p.
15- FALGON, Claude et GUSTAVE, William, Cadre juridique des
institutions de microfinance non-coopérative, (PRET/DAI/USAID),
Port-au-Prince, 1999, 3p.
16- FORUM LIBRE, Finance populaire en Haïti, #23,
Port-au-Prince, 1998, 52p.
17- FORUM LIBRE, Le secteur informel dans l'économie
Haïtienne, #3, Port-au-Prince, 1989, 109p.
18- GALEN, Spencer-Hull, La petite entreprise à
l'ordre du jour, Paris, l'Harmattan, col. Nouveaux horizons, 1987, 174p.
19- GUERIN, Isabelle, Microfinance et Autonomie
Féminine, Document de travail #32, Programme finance et
solidarité, Secteur de l'emploi de l'organisation Internationale du
travail, Genève, 69p.
20- HELMS, Brigit, La finance pour tous, construire des
systèmes financiers inclusifs, Montréal (Québec), Ed.
Saint-Laurent, 2006, 180p.
21- JOSEPH, Jean-Robert, LALEAU, Marie-France, C. PROPHETE,
Fatima Léonne, Inégalités et pauvreté en
Haïti, Ministère de la Planification et de la Coopération
Externe, Port-au-Prince, mars 2006, 165p.
22- JULIEN, Pierre-André, MARCHESNAY, Michel, La
petite entreprise : principes d'économie et de gestion, Ottawa,
Vuibert, 1987,288p.
23- LAFOURCADE, Anne Lucie, ISERN, Jennifer, MWANGI, Patricia
et BROWN, Matthew, Etude sur la portée et les performances
financières des institutions de Microfinance en Afrique, Pensylvania,
Microfinance Information eXchange (MIX), avril 2005, 23p.
24- LOPEZ, Elizabeth, JOSE, Muchnik, Petites entreprises et
Grands enjeux de développement agro-alimentaire local, Paris,
l'Harmattan, tomme II, 355p.
25- LUSTIN, Danielle, La microfinance et son rôle
potentiel dans l'allègement de la pauvreté et le
développement en Haïti, Port-au-Prince, CEPALC, 74p.
26- MATHELIER, Richard et DUMAIS, Gilles, Des besoins du
secteur de la microfinance non-coopérative en Haïti,
Port-au-Prince, PNUD, 2004, 60p.
27- MONTAS, Rémy, La pauvreté en
Haïti : situation, causes et politiques de sortie, Port-au-Prince,
CPALC, 2005, 61p.
28- ONU, Construire des secteurs financiers accessibles
à tous, New York, Nations-Unies, 2006, 202p.
29- PIARD, Frantz, Construire le mémoire de sortie,
méthodes, procédés et procédures, Port-au-Prince,
Ed. Duvalsaint, 2004, 300p.
30- REPUBLIQUE D'HAITI, Document de Stratégie Nationale
pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté DSNCRP
(2008-2010), POUR REUSSIR LE SAUT QUALITATIF, 2007, 167P.
31- REPUBLIQUE D'HAITI, Ministère de la Planification
et de la Coopération Externe, Politique Macroéconomique et
Pauvreté en Haïti (1981-2003), Port-au-Prince, 2006, 151p.
32- REPUBLIQUE D'HAITI, Ministère de l'Economie et des
Finances, Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique, Enquête
sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), Port-au-Prince, vol II,
2001, 408p.
33- REPUBLIQUE D'HAITI, Une fenêtre d'opportunité
pour Haïti, Stratégie Intérimaire pour la réduction
de la Pauvreté (DSRP-I), 2006, 57p.
34- SACHS, Jeffrey D, (sous la direction), Investir dans le
développement, plan pratique pour réaliser les objectifs du
millénaire pour le développement, New York, millenium Project,
2005, 99p.
35- SAM, Daley-Harrs, (sous la dir.), Etat de la campagne du
sommet du microcrédit, Rapport 2006, 165p.
36- WORLDBANK, Finance for all? Policies and Pitfalls in
expending Access, Washington DC, a World Bank policy research report, Nov.
2007, 246p.
37- YVES, Clément Jumelle, Identification de mesures et
mécanismes à privilégier pour la promotion des micro,
petites et moyennes entreprises, Ministère de la Planification et de la
Coopération Externe, Port-au-Prince, 2000, 56p.
Section II- Documents électroniques
1- ABRAHAM, Jacques. La petite et moyenne (PME) en
Haïti, quelques considérations stratégiques, (Page
consultée le 15/05/08), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=30418.
2- JOACHIM, Dieudonné. Qui fiance les PME en
Haïti ? (Page consultée le 15/05/08), [En-ligne], Adresse
URL : http :
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=48913.
3- Le Nouvelliste. La question de financement rural : un
passé de 150 ans, (Page consultée le 10/03/07), [En-ligne],
Adresse URL :
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=19039.
4- Le Nouvelliste. Le microcrédit pour sortir du
chômage et de la misère en Haïti, (Page consultée
le 26/09/07), [En-ligne], Adresse URL :http : lenouvelliste.com.
5- MAGLOIRE, Rachèle. Haïti gagne le
1er prix à un concours d'innovation sociale au Chili,
(Page consultée le 02/08/0/), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=22538.
Section IiI- Web sites
1- http://www.cgap.org
2-
http://www.lenouvelliste.com
3-
http://www.lamicrofinace.org
4-
http://www.microfinancegateway.com
5-
http://www.microfinance.lu
6-
http://www.reseau.impact.org
7- http://www.uncdf.org
8- http://www.oikocredit.org
9-
http://www.globalmicrocreditsmmit.org
10- http://www.animhaiti.org
11- http://www.haiti.info.com
12- http://fr.allafrica.com
13- http:///www.gret.org
14- http://europa.eu
15-
http://www.web.wordbank.org
16- http://www.insee.fr
17- http://www.pme.gouv.fr
18- http://www.mpce.gouv.ht
19-
http://www.pme.service.public.fr
20- http://www.knfp.org
QUESTIONNAIRE RELATIF A L'ENQUETE SUR L'IMPACT DE LA
MICROFINANCE SUR LES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES A
PORT-AU-PRINCE
A- L'Institution
1- Raison sociale................................
2- Statut de l'entreprise....................
3- Date de création ...................
4- Activité principale.........................
B- Le propriétaire
5- Niveau d'Etude...........................
6- Profession.....................
7- Vous êtes l'unique propriétaire de
l'entreprise ? a) oui b) non
8- Travaillez-vous à plein temps dans votre
entreprise ? a) oui b) non
9- Si non, quelles sont vos autres
occupations ?......................................................
10- Combien de temps accordez-vous à votre
entreprise ?...........................
11 Avez-vous d'autres sources de revenus en plus de votre
entreprise ? a) oui b) non
Si oui,
spécifiez.................................................
12- Quel pourcentage de vos revenus tirez-vous de
l'entreprise ?...........................
13- Votre entreprise est-elle enregistrée à la
DGI ? a) oui b) non
C- Capitalisation
14- L'investissement de départ, vous l'avez :
a) emprunté b) retiré de vos fonds
personnels c) autres
15- Quel nombre de prêts avez-vous reçus ?
N° du prêt
|
Montant
|
Utilisation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
16- Quels montants de vos ressources personnelles qui sont
investies dans l'entreprise ?
N° des investissements
|
Montant
|
|
|
|
|
|
|
|
|
17- A quel taux avez-vous emprunté ?
18-Remboursez-vous ?
a) chaque semaine b) chaque mois c) chaque
trimestre d) chaque six mois
e) chaque année f) autre
19- Quelles informations vous a-t-on demandées lors de
votre premier emprunt ?
..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
20- Quelle garantie vous a-t-on exigée ?
............................................................................................................
26- Quel a été l'objet de votre premier
emprunt ?
a) Nouvel Investissement
b) Fond de roulement (FR)
D- Investissement
28- Description des matériels de l'entreprise :
........................................................................................................................................................................................................................
29- Valeur des équipements :
a)........................b) .................c)...............d).....
30- Leurs durées de
vie :a)..........b)..........c)...............d)............
31- Vos équipements, les achetez-vous ? a) oui
b) non
E- Description de l'activité
32- Produits
offerts....................................................
33- Segment de marché desservi
a) local b) exportation c) les deux
34- A combien s'élèvent vos dépenses
mensuelles ?
35- L'évolution de votre chiffre d'affaires mensuel
36- De combien sont vos bénéfices
mensuels ?
35- Constatez-vous une augmentation de vos
bénéfices après avoir utilisé l'argent
emprunté ? a) oui b) non
Si oui à quel rythme ? a) légèrement
b) fortement c) plus ou mois
36- Le nombre d'employés
37- Faites vous des réserves pour le renouvellement des
actifs ou pour saisir une opportunité de marché ? a) oui
b) non
38- Que reprochez-vous à votre
prêteur ?.................................................................................................................................................................................................................................................................................
39- Les crédits qu'on vous offre, les estimez-vous
adaptés à votre besoin ?
a) oui b) non
40- Désiriez-vous que votre préteur vous offre
d'autres produits comme épargne, assurance ou d'autres services
techniques pour faire fructifier votre affaire ?
a) oui b) non
41- Si oui, avez-vous les moyens de les payer ? a) oui
b) non
42- Votre entreprise a-t-elle maintenant la capacité de
fonctionner toute seule, sans avoir besoin de microcrédit, sinon
des emprunts bancaires classiques? a) oui b) non
43- Quel est le cycle de production de votre
activité ?
a) Chaque jour b) Chaque 15 jours
c) Chaque semaine d) Chaque mois
* 1 REPUBLIQUE D'HAITI,
Ministère de la Planification et de la Coopération Externe,
Politique Macroéconomique et Pauvreté en Haïti
(1981-2003), Port-au-Prince, 2006, p.5.
* 2 Une fenêtre
d'opportunité pour Haïti, (Page consultée le 11/11/2007),
[En-ligne], Adresse URL :
http://www.haiti_info.com/spp.php?article3499
* 3 Brigit Helms, La
finance pour tous, construire des systèmes financiers inclusifs,
Montréal (Québec), Ed. Saint-Laurent, 2006, p-p 3-4
* 4 Microfinance Matters, #16,
sept 2005, p.16 disponible sur : (http://www.uncdf.org/mfmatters)
* 5 Isabelle Guérin, La
microfinance dans les pays industrialisés, Paris, ADA, Dialogue #31,
mars 2003, p7-8.
* 6 Brigit Helms, op cit,
p.7.
* 7 Allafrica. La
microfinance impose ses marques, (Page consultée le
15/09/07),[En-ligne], Adresse URL : http : //
fr.allafrica.com/stories/200709130176.html
* 8 Brigit Helms, op cit,
p.7.
* 9 CGAP, Commercialisation
et dérive de la mission des IMF, la transformation de la mission en
Amérique Latine, Etude Spéciale #5, mars 2001, p.7.
* 10 Falgon CLAUDE, Cadre
juridique des institutions de Microfinance non coopératives, (KNFP,
PRET, DAI/ USAID), 1999, P.5.
* 11 Le Nouvelliste. La
question de financement rural : un passé de 150 ans, (Page
consultée le 10/03/07), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=19039
* 12 ANIMH. La microfinance
en Haïti, (Page consultée le 03 avril 2008), [En-ligne],
Adresse URL :
http://www.animhaiti.org/index.php?option=com_content&task=view&id=45&Itemid=68
* 13 RICHARD, Matelier, Des
besoins du secteur de la microfinance non coopérative en
Haïti, PNUD, 2004, p 11.
* 14 Source :
BRH, Rapport Annuel, 2005, p.49.
* 15 Source: Danielle Lustin,
La microfinance et son rôle potentiel dans l'allègement de la
pauvreté et le développement en Haïti, Port-au-Prince,
CEPALC, p13-20.
* 16 Matelier Richard, op. cit,
p 12.
* 17 André Lemelin,
Méthodes quantitatives,
* 18 ONU, construire des
secteurs financiers accessibles à tous, New York, Nations Unies,
p.5. (Page consultée le 08/05/08), [En-ligne], Adresse URL : http:
//www.uncdf.org/bluebook
* 19 Source :
http://www.mixmarket.org (Page consultée le 14 Aout 2008).
* 20 Peterson Rein, La
petite entreprise pour une économie équilibrée,
Canada, 1984, p77
* 21 Source: Regard sur les
PME no 15, observatoire des PME, OSEO, France, 2007, p77.
* 22 Pierre-André julien
et Michel Marchesnay, La petite entreprise: principes d'économie et
de gestion, Paris, Vuibert, 1987, p56.
* 23 Commission
économique européenne. La nouvelle définition des PME,
guide de l'utilisateur et mode de déclaration, 2006, p35, art. 2.
(Page consultée le 14/05/08), [En-ligne], Adresse URL :
http://europa.eu.mtinterprise/interprise_policy_/sme_definition/index_frhtm.
* 24 Portail Microfinance.
Dossiers thématiques, diversification des produits en microfinance,
(Page consultée le
15 avril 2008), [En-ligne], Adresse URL:
http://www.lamicrofinance.org/ressource_center/diversification/produits/cr_dits_tpe
* 25Institut National de la
Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Petites et moyennes entreprises/
PME, (Page consultée le 18 mars 2008), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.insee.fr/fr/nom_def_net/definitionhtm/petites_moyennes_entreprises.htm.
* 26 FORUM LIBRE, Le secteur
informel dans l'économie Haïtienne, #3, Port-au-Prince, 1989, p-16.
* 27 Clément Jumelle
Yves, Identification de mesures et mécanismes à
privilégier pour la promotion des micros, petites et moyennes
entreprises, Ministère de la Planification et de la
Coopération Externe, Port-au-Prince, 2000, p16.
* 28 Fred Doura,
L'économie d'Haïti: Dépendance, Crises et
Développement, Ed. DAMI, Montréal, p.
* 29 ONU, Construire des
secteurs accessibles à tous, New York, Nations Unies, 2006, p 4.
* 30 Ibid., p 6-7.
* 31 Nicolas Blondeau,. La
microfinance. Un outil de développement durable? Etudes, sept 2006.
(Page consultée le 25/01/08), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMF/pdf/0408_LamicrofinanceUnoutildedeveloppementdurabledeNicolasBlondeau.pdf
* 32 Asli Demirguc-Kunt.,
Le développement du secteur financier: un élément
déterminant pour atteindre les OMD, Microfinance MTTERS, #16,2005,
p.18. (Page consultée le 15/08/08), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.uncdf.org/francais/microfinance/pubs/newsletter/pages/2005_09/index.php.
* 33Mia Adams, La
microfinance: un outil de lutte contre la pauvreté, ADA dialogue
31, Mars 2003, p17. (Page consultée le 15/08/08), [En-ligne], Adresse
URL :
http://www.lamicrofinance.lu/ada/internal.php?cn=269&SID=a8f726ae567ce9e1513f8f8a676b560f
* 34 Idem, p
* 35Sébastien
Boyé, Jérémy Hajdenberg et Christine Poursat, Le
guide de la microfinance: microcrédit et épargne pour le
développement, Paris, Ed d'organisations, 2006, pp 93-96.
* 36 Ibid.
* 37 Idem, p. 100
* 38 Idem, p.105
* 39 Sabrina Djéfal,
Après vingt ans de pratique: la microfinance, un catalyseur du
développement économique, p.40. (Page consultée le
15/05/08), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.lamicrofinance.org/files/18919_file_TED78_article_DJEFAl.pdf
* 40 Ibid., p.41
* 41Isabelle Guérin,
Microfinance et autonomie féminine, Document de travail #32,
Programme fiance et solidarité, Secteur de l'emploi, Genève,
Organisation Internationale du Travail, p. (Page consultée le 25/04/08),
[En-ligne], Adresse URL : http: //
www.lamicrofinance.org/files/14606_autonomiefeminine.pdf.
* 42 BRH, Rapport annuel
2006
* 43 BRH, Rapport annuel 2002,
p 146.
* 44 http:// www.ihsi.ht.
* 45 http://
www.lamicrofinace.org
* 46 BRH, Rapport annuel 2005,
p 141
* 47Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe, Politique
Macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003),
Port-au-Prince, 2006, p19.
* 48 Ibid., p19.
* 49 Désignation, par
leurs auteurs, des activités de violences urbaines effectuées
après le départ pour l'exil de Jean Bertrand Aristide en 2004 et
2005.
* 50 Calcul effectué
à partir de données de la BRH.
* 51 Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe, Politique
Macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003),
Port-au-Prince, 2006, p29.
* 52 Wilson Laleau, Vingt
cinq ans de reformes économiques en Haïti : les défis
pour l'avenir, Pour le dialogue national, Port-au-Prince, 2006, p
5.
* 53 Etat du monde, Annuaire
économique et géopolitique mondiale, Paris, éd. la
découverte et Syros, 2003, p 607.
* 54 http://
www.lamicrofinance.org
* 55 Fritz Deshommes,
Politique économique en Haïti, Rétrospectives et
perspectives, Port-au-Prince, Ed. Cahiers universitaires, 2005, p95.
* 56 Dal Brodhead et Gerald
Germain, UNDP microfinance Assement, Microstart Feasibility Mission,
Port-au-Prince, May 1997. (www.uncdf.org)
* 57 République
d'Haïti, Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et
la Réduction de la Pauvreté DSNCRP (2008-2010), POUR REUSSIR
LE SAUT QUALITATIF, 2007, P31-32
* 58 Ibid, p39.
* 59 Ibid.
* 60 Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe, Inégalités
et Pauvreté en Haïti, p13.
* 61 République
d'Haïti, Document de Stratégie Nationale pour la croissance et
la reduction de la pauvreté DSNCRP (2008-2010), 2007,p 31.
* 62 Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe,
Inégalités..., p15.
* 63 Wilson Laleau, vingt
ans de réformes économiques en Haïti : les défis
pour l'avenir, Pour le dialogue national, Port-au-Prince, 2006, p 17.
* 64 République
d'Haïti, Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et
la Réduction de la Pauvreté DSNCRP (2008-2010), POUR REUSSIR
LE SAUT QUALITATIF, 2007, p 32.
* 65 Alicia T, Le Gret et
l'appui aux petites entreprises : pratiques et perspectives, Paris,
coll. Etudes et travaux, série en ligne #17, Ed. du Gret,
www.gret.org., av. 2008, p13.
* 66 Ibid.
* 67 Commission
économique européenne, la nouvelle définition des PME,
guide de l'utilisateur et mode de déclaration, 2006, p35.
* 68 Patrizio Bianchi, Lee M.
Miller et Silviano, Bertini, Cluster: l'expérience italienne et ses
enseignements pour les pays émergents, in Les BDS (Business
Developpment Services), l'actualité des services aux entreprises,
clusters et réseaux d'entreprises, #4, France, février 2003,
p.6.
* 69 Spencer-Hull Galen,
La petite entreprise à l'ordre du jour, Paris, l'Harmattan,
col. Nouveaux horizons, 1987, p 76.
* 70 Expression créole
désignant le montant de l'investissement dans l'entreprise.
* 71 Source:
http://www.sogebank.com/groupe/sogesol.html. Page consultée le
09/11/2008.
* 72
http://www.sogebank.com/sogesol/produits.html.
* 73 ANIMH,
caractérisation des membres. (Page consultée le 08/09/08),
[En-ligne], Adresse URL :
http://www.animhaiti.org/images/docs/caracterisation%20membres%20avril%2006.pdf.
* 74 Ibid.
* 75 http://www.acme.org
* 76 ACME, Rapport de 10 ans,
Port-au-Prince, p.23. (Page consultée le 10/08/08), [En-ligne], Adresse
URL :
http://www.acmehaiti.org/documentspdf/acme_annualreport_fianl.pdf.
* 77 Ibid., p
* 78 Microstart Haïti,
Rapport final, juin 1999-sept 2002, p. 17.
* 79 ANIMH,
caractérisation des membres. (Page consultée le 08/09/08),
[En-ligne], Adresse URL :
http://www.animhaiti.org/images/docs/caracterisation%20membres%20avril%2006.pdf.
* 80 Ibid.
* 81 Microfinanza Rating. (Page
consultée le 17/09/08), [En-ligne], Adresse URL :
http://www.acmehaiti.org/DocumentsPdf/Rating2007.pdf 2007, P.19.
* 82 Issa Barro, Diagnostic
approfondi du secteur de la microfinance et analyse des opportunités
d'investissement, Microfinance et financement des PME et MPE,
Sénégal, 2004, p15.
* 83CGAP, Guide de bonnes
pratiques pour les organisations qui financent la microfinance, Directives
concertées en microfinance, Washington, 2 ème
Ed.,2006, p. viii.
* 84 Ibid., p ii.
|