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Microfinance et Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti dans le courant des années 2000 à 2006 : Cas de Sogesol et ACME

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par Donija AUGUSTIN
Université d'Etat d'Haiti, Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI) - Licence en Administration, option Gestion des Affaires 2008
  

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UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI (UEH)

INSTITUT NATIONAL D'ADMINISTRATION DE GESTION ET DES HAUTES ETUDES INTERNATIONALES (INAGHEI)

DEPARTEMENT DES SCIENCES ADMINISTRATIVES

Microfinance et Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti dans le courant des années 2000 à 2006 : Cas de Sogesol et ACME

Par :

Donija AUGUSTIN

Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de licencié en Sciences Administratives 

OPTION : GESTION DES AFFAIRES

Port-au-Prince, Juillet 2008

Remerciements et dédicaces

Ce mémoire, couronnant la fin de mes études universitaires de premier cycle, ne saurait être réalisé sans la contribution éminente de certaines personnes dont l'Architecte de l'univers qui m'a donné l'intelligence fertile pour penser et écrire des idées consistantes. Je le remercie grandement de m'avoir accordé cette faveur.

Je dédie ce travail à deux personnes qui m'ont bercé depuis le jour de ma naissance jusqu'à la présente minute. Ce sont ma Mère, Mme Marie Christanna AUGUSTIN et mon Père, le Rév. Past. Lemoine AUGUSTIN.

Mes remerciements vont aussi à mes frères ainés Robenson - qui n'a jamais fait économie de ses efforts pour me soutenir tout au long de mes études académiques - et Micael.

Je le dédie aussi à :

Mes soeurs : Annechise, Florence, Gina et Marie Sonie

Mon Ame soeur : Flore Medjine Jean

Mes amis : Idson Saint-Fleur, Pierre Ornan Audain, Gétho Oxéus et Martine Berjeau.

Mes neveux : Jéhuchaël, Lensgothy, Dorley, Vierry, Ted et ma nièce, Endy Viode

J'exprime aussi ma gratitude à l'égard de mon encadreur M. Eddy Labossiere et de la Direction de la Recherche de l'INAGHEI, particulièrement M. Smith Metellus qui, n'ayant pas ménagé ses efforts, m'a soutenu dès le début jusqu'à la fin. Malgré son mauvais état de santé, il a accepté de me rencontrer et de me faire, après plusieurs lectures, des suggestions pour parfaire le travail. Je félicite la direction de la Recherche pour le PEMTS qui donne aux Etudiants finissants la possibilité de préparer leurs mémoires de sortie avec un encadrement efficace. Chapeau ! A la direction pour ses bonnes intentions. En revanche, je tiens à lui reprocher la longueur excessive enregistrée dans le processus. Il y a une partie de l'encadrement qui a absorbé trop de temps. La période accordée pour la rédaction proprement dite est trop courte. Beaucoup de camarades ne sont pas en mesure de remettre leur travail à temps et moi, j'ai dû me dédoubler en passant plusieurs nuits blanches pour être parmi les premiers à présenter.

Table des matières

Pages

i- Remerciements et dédicaces...............................................iii-iv

ii- Liste des sigles et acronymes .............................................viii-ix

iii- Table des matières .........................................................v-vii

iv- Liste des tableaux .............................................................x

v- Sommaire ..................................................................xi-xv

vi- Introduction..................................................................16-22

CHAPITRE I- MICROFINANCE ET PME EN HAÏTI : CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

HISTORICITÉ ET OPÉRATIONNALISATION DES CONCEPTS.........................23-45

1-1- Microfinance : Généralité.....................................................................24

1-1-1 Historicité de la Microfinance.....................................................25-27

1-1-2 Microfinance dans les différentes régions du monde.............................27

a) Amérique du Nord et Europe de l'Ouest..................................27

b) Asie et Pacifique..............................................................28

c) Afrique Sub-saharienne......................................................28

d) Europe de l'Est et Asie Centrale............................................29

e) Moyen-Orient et Afrique du Nord..........................................29

f) Amérique latine et les Caraïbes..............................................30

1-2- Microfinance en Haïti : ses étapes évolutives.................................................31-32

1-2-1- Vue panoramique des institutions financières haïtiennes.......................... 33

1-2-1- Les banques commerciales..............................................................33

1-1-4-2- Les institutions non-bancaires réglementées.......................................34

1-1-4-3- Les institutions non-coopératives pratiquant la microfinance..................34-36

1-1-5- Méthodologie de crédit .................................................................36

a) le groupe solidaire ...................................................................36

b) le crédit individuel....................................................................36

c) banques communautaires...........................................................37

d) les mutuelles de solidarité..........................................................37

2- Opérationnalisation des concepts ....................................................38

2-1- La Microfinance ...........................................................................38

2-1-2- Développement de la microfinance ................................................39-40

2-2-1- La notion de PME : historique et définition ........................................40-44

2-2-2- Expansion des Petites et Moyennes Entreprises ..................................44-45

CHAPITRE II-LA MICROFINANCE : LES GRANDS COURANTS DE PENSÉES .............46-54

3- Les courants de Pensées...................................................................47-54

CHAPITRE III- SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE D'HAÏTI DE 2000 À 2006......55-68

3-1- Situation Economique....................................................................56

3-1-1- Situation macroéconomique globale..................................................57

3-1-2- Déterminants du marasme économique de 2000 à 2006...........................57-60

3-1-3- Anatomie des différents secteurs de l'économie.......................................60

a) Le secteur Primaire.....................................................................60

b) Le secteur Secondaire..................................................................61

c) Le secteur Tertiaire...................................................................61-62

3-1-4- Niveau de développement humain.....................................................62-63

3-1-5- Problématique de la distribution du crédit formel dans l'économie..............63-65

3-2- Situation sociale..........................................................................66

3-2-1- Inégalités et pauvreté....................................................................66-68

CHAPITRE IV- LES PME À PORT-AU-PRINCE DANS LE COURANT DES ANNÉES 2000 À 2006.............................................................................................55-68

4-1- Rôle économique des PME..............................................................70-71

4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à Port-au-Prince................................71-72

4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et managériales ...............................72-74

4-3- Impacts de la microfinance sur les PME à Port-au-Prince de 2000 à 2006 .......74-75

4-3-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à 2006.................................76

a) Aspect multiplicatif....................................................................76

b) Dynamisation en termes de chiffre d'affaires......................................76

b-1) La catégorie I.....................................................................76-78

b-2) la catégorie II......................................................................79-80

c) Création d'emplois....................................................................80-81

4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des PME............................................................................................81-82

CHAPITRE V- LES ACTIVITÉS DE MICROFINANCE EN HAÏTI, PARTICULIÈREMENT À PORT-AU-PRINCE DANS LE COURANT DES ANNÉES 2000 à 2006....................................83-90

5-1- L'offre institutionnelle des services de microcrédit................................84

5-1-1- Sogesol ..................................................................................... 84

a) L'institution et ses Produits ......................................................... 84-85

b) l'évolution des activités de microcrédit de 2000 à 2006.......................85-86

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêts............... .86-87

5-1-2- ACME.....................................................................................87

a) L'institution et ses Produits.........................................................87-88

b) l'évolution des activités de microcrédit de 2000 à 2006.......................88-89

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêts................89-90

- Conclusion................................................................................ 91-92

- Recommandations........................................................................ .93-98

- Bibliographie ................................................................................ .99-104

- Questionnaire........................................................................................................ 105-110

Liste des Sigles et acronymes

ACME : Association pour la coopération avec la Micro Entreprise

ADA : Action pour le Développement Alternatif

ADIE : Association pour le Droit à l'Initiative Economique

ANIMH : Association Nationale des Institutions de Microfinance d'Haïti

BDS: Business Development services

BRI: Banque Rakiat Indonesia

BRH : Banque de la République d'Haïti

CCI : Cadre de coopération Intérimaire

CEPALC : Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes

CFI : Centre de Facilitation des Investissements

CGAP : Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvres

CGPME : Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises

CNC : Conseil National des Coopératives

DSNCRP : Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la

Réduction de la Pauvreté

ECVH : Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti

FENU : Fonds d'Equipements des Nations Unies

FHAF : Fondation Haïtienne d'Aide à la Femme

FHD : Fondation Haïtienne de Développement

FONKOZE : Fondasyon Kole Zepol

GRET : Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques

(Association de Solidarité et de Coopération Internationale)

HTG : l'Unité Monétaire Haïtienne (La gourde)

IDH : Indice de Développement Humain

IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatiques

IMF : Institution de Microfinance

INAGHEI : Institut National D'Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales

IPC : Indice des Prix à la Consommation

MCN : Micro Crédit National

MIX : Microfinance Information eXchange

MPCE : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe

OMD : Objectifs Mondiaux du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PAS : Programme d'Apaisement Social

PEMTS : Programme d'Encadrement pour Mémoire ou Travail de Sortie

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

Sogesol : Société Générale de Solidarité S.A

USD : Unité Monétaire des USA (Dollar Américain)

Liste des Tableaux

Pages

1- Tableau 1 : Evolution du taux de croissance de l'agriculture et sa part en % dans le PIB de 2000 à 2006 ............................................................................................59

2- Tableau 2 : Part en % du secteur secondaire dans le PIB de 2000 à

2006 ........................................................................................................60

3- Tableau 3 : Contribution du secteur tertiaire dans le PIB .......................................61

4- Tableau 4 : Classement de Haïti selon l'IDH de 2000 à 2006 .................................62

5- Tableau 5 : Tableau illustratif du nombre d'emprunteurs et de déposants dans le système bancaire de 2000 à 2006.................................................................................................64

6- Tableau 6 : Résumé de la catégorisation des entreprises opérée ............................. 74

7- Tableau 7 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à 2006.................................................................................................84

8- Tableau 8 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à 2006.............................................................................................87

Sommaire

Depuis la conquête de l'indépendance d'Haïti, elle se trouve confrontée à une situation de pauvreté ne cessant, à un rythme alarmant, de croître. Selon les rapports les plus récents émis sur Haïti, elle est classée le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental et la majorité de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté, ne disposant que de moins de un (1) dollar par jour. Au fil des ans, la détérioration se fait beaucoup plus menaçante. Considérant les dernières années, le taux de croissance démographique dépasse largement le taux moyen annuel de la croissance du PIB. Ainsi, les biens et services auxquels la population doit avoir accès, pour satisfaire ses besoins, sont quasi inexistants en raison de la faiblesse de la structure de production.

Toutes les interventions traditionnelles haïtiennes ou internationales, pour éliminer la pauvreté, se sont révélées inefficaces. Le programme en cours d'implémentation en Haïti est le DSNCRP, sur demande des institutions de Bretton Woods, qui se veut une large participation pour profiter à tous les secteurs de la vie nationale. A coté du DSRP, il y a les OMD qui sont un ensemble d'objectifs stratégiques dont la vision est la réduction de la pauvreté de moitié d'ici 2015. Ces objectifs sont soutenus par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Beaucoup de pays en développement intègrent ces objectifs, de manière opérationnelle, dans leur document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP).

Le succès de la Grameen Bank, au Bengladesh, dans la microfinance, canalise beaucoup d'organismes de développement vers cette nouvelle niche de marché. Désormais, plusieurs d'entre eux considèrent la microfinance comme un levier de croissance et de développement économique en faveur de pauvres inclusivement. C'est le cas de l'Organisation des Nations Unies qui est venu avec le programme consistant à construire un secteur financier accessible à tous et qui désigne, par cet effet, l'année 2005 : année internationale de la microfinance avec l'objectif d'atteindre plus de 100 millions de pauvres. Le consensus de Monterey reconnait explicitement que les financements et les crédits accordés aux petites et moyennes entreprises peuvent contribuer à amplifier les retombées sociales et économiques du secteur financier. Pour la Banque Mondiale, elle est un instrument permettant de stimuler la croissance et de réduire l'écart entre les riches et les pauvres. En Haïti, où vivent plus de quatre millions de pauvres, l'accession aux services financiers pour les activités entrepreneuriales pourrait leur permettre d'améliorer leur sort en devenant des acteurs économiques à fort potentiel.

Ce travail porte sur la microfinance et les petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince de 2000 à 2006.

L'objectif de cette étude est de montrer la contribution réelle de la microfinance dans l'expansion des Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince. Ce travail contribuera à enrichir les réflexions pour trouver les instruments à mettre en oeuvre pour arriver réellement à réduire la pauvreté en Haïti. Il ne se situe pas copieusement dans le prolongement des travaux antérieurs. Nous faisons le tandem avec la microfinance et les PME et nous montrons qu'un renforcement de la microfinance peut être un élément catalyseur de la croissance des PME en Haïti. En termes d'impacts économiques et sociaux, c'est que, par un système financier inclusif solide, les pauvres trouveront la possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré pour investir dans l'amélioration de leur habitat, l'éducation des enfants, les soins de santé, bref, pour assurer une vie décente. Cela permettra aux exclus sociaux de s'intégrer dans la société en se valorisant et pour être capable de jouer pleinement leur rôle.

L'on se pose la question suivante : La microfinance contribue-t-elle à l'expansion des PME en Haïti ?

Nous supposons que le développement de la microfinance favorise l'expansion des petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince.

Le concept « développement de la microfinance », utilisé dans le cadre de ce travail, est accepté comme un renforcement des activités de la microfinance qui se mesure par l'évolution du nombre d'emprunteurs et l'évolution du volume de crédit octroyés sur la période. Ainsi, selon les données disponibles sur la microfinance en Haïti, nous avons constaté une augmentation continuelle des activités, que ce soit en termes du nombre d'entreprises et des emprunteurs actifs. Et, par expansion des PME nous entendons une dynamisation du point de vue quantitatif, du chiffre d'affaires et du nombre d'emplois créés. Compte tenu de l'absence de statistiques officielles sur les PME en Haïti, et celle d'un cadre réglementaire, nous ne sommes pas en mesure de donner des chiffres exacts sur le nombre de PME qui s'y trouvent. Mais, en procédant par une logique déductive, nous avançons que les PME se sont beaucoup multipliées de 2000 à 2006 vu que le nombre d'emprunteurs des IMF augmentent considérablement sur la période.

Pour l'édification de ce travail, nous avons exploré plusieurs courants de pensées que nous pouvons résumer ainsi : l'organisation des Nations, à travers la vision des secteurs financiers accessibles à tous, soutient que la microfinance peut émanciper les personnes pauvres sur les plans économique et social et leur permettre aussi de se prémunir contre les chocs économiques. Pour Nicolas Blondeau, la microfinance permet à ses bénéficiaires d'augmenter leurs revenus, de réduire leur vulnérabilité, d'accéder aux soins de santé, à l'éducation, au logement, à une hausse de confiance et de l'estime de soi ; moyennant qu'elle s'accompagne de politiques clairement définies. Asli Deminguc-Kunt considère la microfinance comme un élargissement du crédit privé et acquiesce à l'idée que l'élargissement des services bancaires aux pauvres permet d'accroitre le niveau des activités économiques en créant plus d'emplois chez les pauvres. Mia Adams, de son côté, soutient que la microfinance donne les moyens aux pauvres de mettre à profit leur capacité en faveur du développement économique durable. Pour Axel de ville, la prestation des services financiers aux pauvres, par le biais de la microfinance, constitue un moteur de croissance pour les économies. Constituant la majeure partie des gens vivant en dessous du seuil de pauvreté, les femmes, au moyen de la microfinance, peuvent ériger leurs affaires, transformer leurs vies économiques et leurs représentations sociales.

Sebastien Boyé, Jérémy Hajdenberg et Chritine Poursat avancent que la microfinance peut contribuer au développement d'une filière de production d'une ville, d'une région, ou d'un pays. Elle permet de créer du travail, d'augmenter la bancarisation de la population. Elle constitue l'un des éléments à mettre en oeuvre dans la formulation des stratégies de développement. Sabrina Djéfal s'accroche à l'idée que la microfinance peut devenir un véritable catalyseur de développement économique dans ses zones d'implantation moyennant qu'elle sache concilier son rôle économique et son rôle financier. Pour cela, les IMF doivent construire un système d'information sur le milieu des affaires et orienter les emprunteurs vers des créneaux porteurs en identifiant les opportunités économiques. Enfin, Isabelle Guérin affirme que la microfinance est un outil qui peut favoriser l'autonomie et la liberté des femmes. En accordant des crédits à ces dernières, même de faible montant, on leur permet de stabiliser leurs activités et d'en créer de nouvelles. La microfinance est une arme dont disposent les femmes pour lutter contre leur dépendance de leur entourage et aussi des usuriers. Elle leur permet aussi de faire face aux dépenses imprévues ou aux situations difficiles en évitant la décapitalisation de l'unité familiale. Par cet effet, la microfinance crée un cercle vertueux et une dynamique sociale par lesquels les femmes s'émancipent, se valorisent et deviennent libres. Cette liberté est entendue comme la capacité des femmes à convertir leurs ressources et leurs droits en de réelles potentialités.

Comme méthodologie, nous avons utilisé une approche structurale consistant à rechercher les relations existant entre la prestation des services financiers et l'expansion des PME en Haïti. Le schéma méthodologique comporte deux parties : une recherche documentaire et une enquête de terrain.

L'enquête nous a permis de catégoriser les PME en deux groupes. On a opéré une première catégorie (catégorie I) qui comprend les très petites entreprises qui, en majorité, exercent leurs activités dans la commercialisation d'un ensemble de produits de premières nécessités importés ou locaux. Ce sont les petits détaillants, les étalagistes, les marchands ambulants, les très petites entreprises de production ou de services qui ont un modeste niveau de capitalisation et une faible capacité d'emprunt. Leurs propriétaires appartiennent aux couches défavorisées et/ou ont de faibles niveaux d'éducation

La deuxième catégorie (catégorie II) comprend les petites ou moyennes entreprises de production, de commerce ou de services. Ces entreprises ont un espace physique plus ou moins aménagé pour leurs activités d'exploitation. Elles ont du personnel, un niveau de capitalisation relative d'une certaine envergure, une capacité d'emprunt supérieure à la catégorie I. Pour les entreprises de production, elles utilisent les matières premières locales ou importées pour produire des biens et services destinés au marché local ou régional. Leurs propriétaires sont généralement des professionnels, employés ou anciens employés révoqués ou retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires diplômés.

Compte tenu des contraintes internes et externes des PME, on a abouti à la conclusion suivante : le développement de la microfinance a contribué à l'expansion des PME à Port-au-Prince, dépendamment de leur degré de structuration et des caractéristiques socio-économiques de leurs promoteurs. Il ressort de l'étude que les Petites et moyennes entreprises non-structurées, et dont les propriétaires sont des gens ayant un très faible niveau d'éducation, connaissent une expansion non-significative grâce à la microfinance. Les autres PME, par contre, qui sont plus ou moins structurées et dont les propriétaires ont un certain niveau de développement socio-économique et une attitude plus entrepreneuriale, connaissent une expansion plus significative que les premières. Il y a aussi d'autres facteurs supplémentaires qui déterminent le poids des impactes de la microfinance sur le développement des PME. Ainsi retient-on : l'âge de l'entreprise, son niveau de capitalisation, le nombre de prêts contractés ou le cumul de prêts déjà obtenus et la dimension des activités de l'entreprise.

Introduction

Depuis son accession à l'indépendance, Haïti connait une situation de pauvreté qui ne cesse de s'aggraver. Selon les derniers rapports sur le développement, Haïti est le pays le plus pauvre de la région et la moitié de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de (1) un dollar par jour. De plus en plus, l'haïtien voit son niveau de vie se détériorer. Sur les vingt cinq (25) dernières années, le taux de croissance moyen annuel du PIB est de -0.78%1(*) versus un taux de croissance démographique de plus de 2%. Les structures de production s'effritent comme une peau de chagrin et ne sont pas en mesure de produire la quantité de biens et services nécessaire pour subvenir aux besoins de la population. Le niveau actuel de production ne représente qu'à peine 70% de celui de 1980, soit une chute de plus de 12%2(*) sur la période.

Pour enrayer le problème de la pauvreté en Haïti, plusieurs programmes ont été mis en oeuvre, entre autres, les programmes d'ajustements structurels, le Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), le programme d'apaisement social (PAS) ; mais tous n'ont pas abouti à produire les résultats escomptés. Dans la plupart des cas, les projets, loin d'améliorer le sort des pauvres, produisent des effets contraires et les enfoncent davantage dans la misère. Le constat est donc évident de l'échec des actions des organisations internationales dans leurs approches des problèmes de pauvreté en Haïti.

Voulant changer de paradigme, les organisations internationales, fondamentalement les institutions de Bretton Woods (Banque Mondiales, Fonds Monétaire Internationale), cherchent d'autres instruments d'opérationnalisation des politiques de développement. Ainsi, en accord avec les secteurs de la vie nationale, le gouvernement élabore un document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) qui constitue, désormais, le cadre de référence des projets de développement.

Le Programmes des Nations Unies pour le Développement (PNUD) fait la promotion des Objectifs Mondiaux du Millénaire pour le Développement (OMD) qui sont un ensemble d'objectifs en huit (8) points fondamentaux signés par plusieurs gouvernements, en majorité des pays en développement, lors du sommet des Chefs d'Etats en 2000. Ils ont été élaborés et servent de fils conducteurs pour arriver à réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015.

Les objectifs peuvent intégrer, de manière opérationnelle, le document stratégique de réduction de la pauvreté. Ils sont résumés et formulés ainsi:

1- Réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim en ciblant les populations dont le revenu est inférieur à un dollar par jour.

2- Assurer l'éducation primaire pour tous en permettant à tous les enfants (garçons et filles), partout dans le monde, d'achever un cycle complet d'études primaires.

3- Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes.

4- Réduire la mortalité infantile, en réduisant de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

5- Améliorer la santé maternelle en trois quart, entre 1990 et 2015, et faire baisser le taux de mortalité maternelle.

6- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies en augmentant radicalement l'accès aux soins de santé.

7- Assurer un environnement durable par la réduction, de moitié, de la population n'ayant pas d'accès à l'eau potable, aux services d'hygiène et de stabilité.

8- Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

En effet, l'idée du DSRP est de faire des bénéficiaires des projets des acteurs directement impliqués dans la lutte contre la pauvreté. On plaide aussi, dans les pays en développement, en faveur des initiatives individuelles permettant aux pauvres d'améliorer leurs conditions de vie socio-économiques.

S'inspirant du succès de la Grameen Bank, au Bengladesh, les organismes comme le PNUD et la Banque Mondiale croient que les pays en développement peuvent atteindre les objectifs du millénaire par le biais des initiatives privées. Les Nations Unies viennent avec le programme consistant à construire des secteurs financiers inclusifs ayant pour mission le financement des activités génératrices de revenus des pauvres exclus du système bancaire traditionnel et désignent, par cet effet, 2005 : l'année internationale de microfinance avec l'objectif d'atteindre plus de 100 millions de pauvres. Dans la littérature économique, le concept désignant ces pratiques est la microfinance. Le consensus de Monterey reconnait explicitement que les financements et les crédits accordés aux petites et moyennes entreprises peuvent contribuer à amplifier les retombées sociales et économiques du secteur financier.

Plusieurs pays en développement accordent une place prépondérante à la microfinance et aux petites et moyennes entreprises dans leurs stratégies nationales de réduction de la pauvreté. Certains pays de l'Afrique conçoivent la microfinance comme un puissant levier de développement économique et social en faveur des couches les plus défavorisées. Pour la Banque Mondiale, elle est un instrument permettant de stimuler la croissance et de réduire l'écart entre les riches et les pauvres.

En Haïti, où vivent plus de quatre millions de pauvres, l'accession aux services financiers pour les activités entrepreneuriales pourrait permettre à ceux là d'améliorer leur sort en devenant des acteurs économiques à fort potentiel.

Le présent travail porte sur la microfinance et les petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince de 2000 à 2006.

L'objectif de cette étude est de montrer la contribution réelle de la microfinance dans l'expansion des Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince. Cette étude est limitative. Elle se borne à l'étude de cas de deux institutions de microfinance qui ont un volume d'activité significatif du secteur non-coopératif dont Sogesol et ACME. L'étude s'étend sur la période de 2000 à 2006.

A un moment où l'on cherche les moyens de réduire la pauvreté massive qui gangrène la population, ce travail contribuera à enrichir les réflexions pour trouver les instruments à mettre en oeuvre pour arriver réellement à réduire la pauvreté en Haïti. Beaucoup de travaux de recherche ont été effectués sur ce thème. Des articles de journaux, des travaux des chercheurs, des mémoires d'étudiants, etc. Tous ont porté, soit sur la microfinance, soit sur les PME séparément. Notre travail ne se situe pas copieusement dans le prolongement de ces travaux. Nous faisons le tandem avec la microfinance et les PME et nous montrons qu'un renforcement de la microfinance peut être un élément catalyseur de la croissance des PME en Haïti.

Les premières retombées positives d'un système financier inclusif solide, c'est que les pauvres trouveront la possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré pour investir dans l'amélioration de leur habitat, l'éducation des enfants, les soins de santé, bref, pour assurer une vie décente. Cela permettra aux exclus sociaux de s'intégrer dans la société en se valorisant et pouvant jouer pleinement leur rôle.

L'on se pose les questions suivantes : La microfinance contribue-t-elle à l'expansion des PME en Haïti ?

Les activités de microcrédits, en termes de distribution de crédit, ont-elles été renforcées en Haïti pendant la période de 2000 à 2006 ?

Les PME ont-elles connu une expansion en Haïti de 2000 à 2006 ?

Dans le cadre de ce travail, nous formulons les hypothèses suivantes :

Hypothèse générale : Le développement de la microfinance favorise l'expansion des petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince.

Hypothèse spécifique 1 : Les activités de microfinance, en termes de distribution de microcrédit, ont été renforcées en Haïti entre les années 2000 à 2006.

Hypothèse spécifique 2 : De 2000 à 2006, on a constaté une expansion de petites et moyennes entreprises en Haïti.

Pour arriver à la validation de ces hypothèses, plusieurs instruments sont mis en oeuvre. Ils sont explicités dans les paragraphes suivants.

Comme approche méthodologique, nous utilisons une approche structurale consistant à rechercher les relations réelles existant entre la prestation des services de microfinance et l'expansion des petites et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince. Les indicateurs retenus sont le volume de prêts octroyés sur la période et l'évolution du nombre de clients qui en bénéficient d'une part, pour les IMF. D'autre part, on retient comme indicateurs d'expansion des PME : le nombre de PME créées, la quantité d'emplois générés par leurs activités et l'augmentation du chiffre d'affaires.

Nous avons suivi un schéma méthodologique comportant deux parties. La recherche documentaire et une enquête de terrain.

Pour les techniques documentaires, nous avons utilisé les sources primaires et secondaires. Comme sources primaires, nous avons, d'un coté, consulté des documents officiels de la République d'Haïti : des études effectuées par le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, du Ministère de l'Economie et des Finances, de l'Institut Haïtien de Statistiques et d'informatiques. Puis, nous nous sommes servi également des documents de l'Organisation des Nations Unies et de certains organismes la constituant, tels le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds d'Equipements des Nations Unies (FENU). D'un autre côté, il y a aussi le Portail Microfinance qu'on peut consulter à l'adresse URL ( http://www.microfinancegateway.org). Cet organisme a un web site très équipé qui donne le journal de la microfinance dans le monde, des dossiers thématiques. Il dispose d'une bibliothèque on-line dans laquelle on peut trouver plus d'un millier de titres sur la microfinance, principalement, et d'autres études complémentaires. Il y a aussi l'Action pour le Développement Alternatif (ADA), au Luxembourg, qu'on peut consulter à l'adresse URL (http:// www.microfinance.lu) qui donne aussi un volume d'information sur la microfinance. Le Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvres (CGAP) dont l'adresse URL ( http://www.cgap.org) est un autre organisme qui fait des études spéciales sur la microfinance et qui dispose d'un volume important de titres sur ce thème. Il y a encore le Microfinance Information eXchange (MIX) qui est un organisme, à but non lucratif, basé aux Etats-Unis dont la mission est d'aider à la création d'infrastructure de marché en offrant des services de sources de données, des benchmarks, des outils de suivi, de performance et des services d'informations spécialisées. Le MIX MARKET est la plateforme internet globale qui permet l'échange d'informations entre les différents acteurs de la microfinance (IMF, bailleurs de fonds, investisseurs et prestataires de services). La MIX est accessible à partir de l'adresse URL : http://themix.org. Toutes ces institutions cumulent une somme très importante d'ouvrages, d'études et de documents de toutes natures sur ce sujet. Il y a aussi d'autres institutions dont les liens sont présentés (supra, page 104) dans la bibliographie à la rubrique web sites.

Comme sources secondaires, nous avons utilisé des oeuvres d'auteurs, des mémoires d'étudiants, des articles de journaux disponibles dans différentes bibliothèques de la place.

Pour l'enquête de terrain, nous avons utilisé une première démarche qui consistait à repérer quelques petites et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince qui ont bénéficié des services de microfinance. Une deuxième démarche par laquelle nous leur avons soumis un questionnaire qui nous a permis de collecter des informations pertinentes sur l'utilisation de ces services financiers. L'enquête fournira des informations sur les emplois créés, le chiffre d'affaires, les revenus générés, le niveau d'investissement. Le questionnaire est dans l'annexe du document. (Supra page 105-110)

Nous avons choisi un échantillon de vingt (20) petites et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince qui exercent leurs activités économiques dans les secteurs commerce, production et services.

Le présent travail est divisé en cinq (5) chapitres. Le premier présente des généralités sur la microfinance en retraçant son histoire et son évolution à travers le monde et en Haïti, et l'opérationnalisation des concepts. Le deuxième chapitre est une révision de littérature sur la contribution de la microfinance au développement économique et personnel des gens pauvres exclus du système financier traditionnel. Le troisième chapitre est une description de la situation économique et sociale d'Haïti sur la période allant de 2000 à 2006. Le quatrième chapitre présente une analyse économique et financière de la situation des petites et moyennes entreprises bénéficiant des services de microfinance à Port-au-Prince en décelant la contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des petites et moyennes entreprises en Haïti. Enfin, le cinquième chapitre présente une analyse de l'offre de microfinance dans les deux institutions de microfinance parmi celles ayant un volume d'activités significatives et sur lesquelles porte notre étude.

* 1 REPUBLIQUE D'HAITI, Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Politique Macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003), Port-au-Prince, 2006, p.5.

* 2 Une fenêtre d'opportunité pour Haïti, (Page consultée le 11/11/2007), [En-ligne], Adresse URL :  http://www.haiti_info.com/spp.php?article3499

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