WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La conférence de rédaction comme outil d'auto-régulation et espace de communication organisationnelle

( Télécharger le fichier original )
par Anicet Laurent QUENUM
Université Cheickh Anta Diop de Dakar - UCAD - DESS 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 1

I. LE JOURNALISTE DE RADIO-BENIN DANS LA MOUVANCE PLURALISTE

1.1 Genèse et évolution de Radio-Bénin

La Radiodiffusion du Bénin (Radio-Dahomey à l'origine) a vu le jour le 07 mars 1953 dans un local des PTT6 avec un petit effectif de cinq (05) personnes dont un directeur et sa secrétaire, un technicien locuteur en langue nationale Fon7. Le programme quotidien à l'époque était de 75 minutes.

La Radiodiffusion nationale va connaître une évolution grâce au développement spectaculaire de la radio rurale. D'une seule langue nationale au départ, elle est passée progressivement à six (06) langues à douze (12) et enfin à dix-huit (18) en 1977, année au cours de laquelle le gouvernement révolutionnaire d'alors a eu recours aux langues nationales pour populariser la loi fondamentale.

Les programmes de la Radiodiffusion du Bénin tiennent compte du caractère de service public de l'organe. Avec l'avènement de la démocratie, la liberté de l'information y a atteint un niveau appréciable. Beaucoup d'émissions traduisent dans les faits la pluralité des courants d'opinions et l'accès équitable des partis politiques, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition.

Radio-Bénin promeut les valeurs culturelles nationales. De par son statut de d'organe de service public, elle appartient à tous et est au service de tous : Etat (gouvernement, institutions républicaines), partis politiques, société civile, paysans, éleveurs, pêcheurs, hommes, femmes, enfants, etc. Ce qui rend indispensable la recherche constante d'un certain équilibre dans le traitement de l'information.

6 Postes, Téléphone et Télécommunications

7 Langue la plus parlée au Sud du Bénin

1.2 Radio - Bénin dans le paysage radiophonique

Au Bénin, la libéralisation très tardive de la radio (seulement en 1997) a placé ce média du service public au coeur du débat politique avec la revendication de l'accès à ses micros, de toutes les tendances politiques. Au sein de l'ORTB, Office de radiodiffusion et télévision du Bénin, réorganisé en décembre 1991, il y a six directions dont les directions techniques et relations publiques communes et les deux directions de Radio-Cotonou et Radio Parakou.

Radio-Cotonou8 avec son centre émetteur d'Abomey-Calavi9, couvre tout le territoire national grâce à deux émetteurs en ondes courtes, deux en ondes moyennes et deux en FM.

La station régionale de Parakou10 créée le 1er avril 1983 fonctionne avec deux émetteurs ondes moyennes et deux émetteurs ondes courtes. Elle a une section rurale importante qui produit 50% des émissions. Elle diffuse le journal parlé de 20 h de Radio-Cotonou. Elle émet en Français et dans différentes langues africaines.

Le vote en juillet 1997 de la loi sur la libéralisation de l'Audiovisuel a ouvert les vannes du pluralisme radiophonique au Bénin. En application de cette loi, la HAAC a autorisé l'implantation de neuf (09) radios commerciales et de dix-sept (17) radios noncommerciales. C'est donc dans ce contexte d'émulation et pour faire face à la concurrence que l'ORTB crée en 1995 une station en FM, Atlantic FM émettant à Cotonou11. Selon une étude réalisée sur l'état des médias au Bénin, trente-cinq (35)

8 98.2 Mhz

9 Localité à la périphérie de Cotonou, située à une vingtaine de kms du centre ville

10 92.5 Mhz

11 92.2 Mhz

stations de radios avaient pignon sur rue en Juin 2001. Evidemment, depuis lors, ce chiffre est allé crescendo.

C'est aussi dans cet environnement compétitif que la Rédaction de Radio-Bénin se bat pour garder la tête haute tant du point de vue de la qualité de ses prestations que de la préservation de son image d'aînée, respectueuse de la déontologie et capable de montrer l'exemple. Elle s'emploie à atteindre cet idéal grâce à un personnel d'une vingtaine de professionnels dont la moyenne d'âge est de 35 ans. La plupart d'entre eux côtoient les quinze années d'expériences avec un niveau de qualification qui oscille entre le Baccalauréat et le Diplôme d'études approfondies (DEA).

1.3 Le nouvel environnement institutionnel : source de contraintes professionnelles

Le Bénin est ce petit pays d'Afrique occidentale qui a inauguré, en février 1990, la valse des Conférences nationales en Afrique, amorçant du coup une expérience démocratique qui a fait beaucoup d'émules. En effet, le Bénin a connu à deux reprises (1991 et 1996) des alternances au terme d'élections pacifiques (de Kérékou à Soglo, puis de Soglo à Kérékou). On considère par ailleurs que « la présence active de la société civile dans le forum public et les alternances successives à la tête de l'Etat n'ont permis à aucun gouvernement de contrôler la presse ou de la soumettre »12. Mieux, ce contexte a favorisé un bouillonnement médiatique inattendu avec, bien entendu, ses exigences en termes de savoir-faire et de professionnalisme.

Certes, aujourd'hui comme hier, le journaliste ne cesse pas d'être un médiateur entre le
pouvoir et le peuple, mais le pluralisme lui commande d'être un observateur loyal et
fidèle de la vie citoyenne et un serviteur impartial de l'opinion publique dans toutes ses

composantes. Cela appelle de la part du journaliste davantage de discernement et de dépassement personnel en même temps qu'il lui faudra se départir des schémas d'appréciation officiels du fait politique. En conséquence, c'est toute la philosophie même du traitement de l'information qui est en cause.

Ainsi, le discours officiel prononcé solennellement par le président de la République ou le président de l'Assemblée nationale n'est plus forcément applaudi à l'unisson. Mais au contraire, il était devenu tout à fait concevable qu'un tel discours puisse faire l'objet de contradictions, de critiques de la part des médias et des citoyens qui ont le droit d'y relever des contre-vérités. Cela est même souhaitable pour la vitalité de la démocratie. Il n'y avait donc plus rien d'étonnant à ce qu'un journaliste tende son micro à un leader de l'opposition ou à un syndicaliste qui trouve à redire sur les déclarations d'un ministre. Fini, le monopole de la vérité, d'où qu'elle vienne !

1.4 Rapport médias-gouvernants : le temps des désillusions

C'est par pure illusion que l'on a pu penser dans certains milieux que c'est le parfait amour qui caractériserait les relations entre les médias et les gouvernants à l'avènement du pluralisme et de la démocratie. Les médias béninois, très jaloux de la liberté retrouvée, n'ont pas hésité à utiliser cette nouvelle arme contre les anciensnouveaux maîtres, donnant ainsi l'impression qu'ils n'ont fait que changer le fusil d'épaule pour dénoncer les abus du pouvoir. Cela aussi est dans l'ordre normal des choses quand on sait que, même dans un régime démocratique, qui détient le pouvoir, a une tendance naturelle à en abuser. D'où le rôle de garde-fou dévolu à la presse.

Si à l'inverse de la presse privée, la presse officielle est souvent mal lotie pour assumer

autre pouvoir qui n'est autre que l'exécutif. A preuve, c'est au niveau de la presse indépendante que ce rôle de contre-pouvoir a été véritablement assumé avec courage pendant que la presse officielle voyait se resserrer par moments, l'étau de la liberté d'expression. Simple désillusion : le voeu secret de tout pouvoir est d' « apprivoiser » la presse. Jean-Louis Servan-Schreiber ne le pense pas moins: « dans la plupart des démocraties, les rapports de force entre l'Etat et la presse sont aussi feutrés que permanents. Le pouvoir exécutif juge indispensable l'existence du quatrième pouvoir comme courroie de transmission entre lui-même et l'opinion. Mais, le droit d'enquête et d'interrogation que s'attribuent les médias gène et irrite tous les gouvernements sans exception »13.

Il n'est pas si rare que le pouvoir emprunte la manière forte contre ses adversaires pour faire triompher ses vues et tenter à coups d'intimidations et de pressions de faire rentrer dans les rangs certains journalistes trop frondeurs. A ce propos, on n'oubliera pas les mésaventures de ce confrère béninois, alors rédacteur en chef d'un organe de presse officielle autour des années 1991-1992, qui s'est fait limoger pour avoir osé braver le pouvoir en s'insurgeant contre les intrusions de l'autorité politique dans la vie rédactionnelle de cet organe.

A bien y regarder, c'est finalement un leurre que d'avoir cru que la démocratisation effacerait toutes les servitudes et vicissitudes du journaliste béninois. Aujourd'hui, avec un peu de recul, bien des journalistes ont le sentiment que la démocratie, en tant que système politique ou modèle institutionnel, n'incarne pas un espoir absolu pour la presse et que, mieux vaudrait travailler continuellement à l'émergence d'une réelle culture démocratique à tous les paliers de la vie sociale.

13 SERVAN-SCHREIBER (Jean-Louis), Le pouvoir d'informer, éditions Robert Laffont, p. 334

A l'évidence, la Rédaction de Radio-Bénin a fait, à la faveur du Renouveau démocratique, un progrès notable en matière de gestion plurielle de l'information. Sauf, qu'à certaines occasions, des relents de censure et d'autocensure, entretenus par des journalistes trop frileux, zélés ou partisans, ont eu raison de la recherche de la vérité et du professionnalisme. Ainsi, à un moment ou à un autre de sa carrière, tout journaliste est amené à mesurer le caractère appauvrissant et frustrant de cette forme de censure qui inhibe toute motivation et étouffe toute initiative professionnelle pour peu qu'elle soit osée voire innovante. A tout cela, s'ajoute la gestion pas aisée des communiqués et contre-communiqués engagés qui « atterrissent » dans les Rédactions des organes de presse officielle, in extremis, à quelques minutes du journal parlé ou télévisé et dont la diffusion n'est pas négociable.

Là réside en effet l'hypocrisie et la duplicité de régimes dits démocratiques qui, tout en clamant urbi et orbi leur attachement à la liberté d'expression, sont foncièrement mus par l'intention inavouée d'avoir la main haute sur les médias officiels. Juste une manière subtile et insidieuse de récupérer par la main droite ce qu'ils ont concédé par la main gauche. Ce qui a pu laisser craindre, à tort ou à raison, la résurgence d'un certain dirigisme dont l'une des manifestations les plus courantes est la tendance à confondre le statut du journaliste exerçant dans un média d'Etat avec celui de journaliste du gouvernement.

En tout état de cause, il n'appartient pas au journaliste d'étouffer, d'immerger le message du gouvernement dans toute la rhétorique politique nationale où foisonnent et s'entrechoquent les discours les plus contradictoires. Dans certains organes, ce risque est quelque peu pallié par la diffusion hebdomadaire dans les organes officiels d'un commentaire exposant les vues du gouvernement sur des aspects brûlants de la vie

sociale et politique nationale. De la même manière, le pouvoir a tout à fait raison d'être sur le qui-vive pour veiller à ce que les libertés retrouvées au sortir des conférences nationales ne soient pas interprétées comme devant réduire le gouvernement au silence ou le reléguer à un rôle de figurant sur la scène politique nationale. Il ne saurait non plus être question d'ériger, en principe, l'idée déjà controversée d'une prépondérance de la voix du gouvernement dans les médias officiels ; ce qui ne ferait qu'aggraver le caractère suspect de l'information officielle. Rien ne vaut la vérité qui équivaut ici à une restitution fidèle des faits, non pas tels qu'on souhaite les voir mais plutôt comme ils se présentent.

En clair, on ne cesse pas d'être journaliste crédible lorsqu'on s'applique à rapporter fidèlement les actions et les performances du gouvernement et que l'on se fait le devoir d'expliquer à l'opinion publique les intérêts et les objectifs poursuivis. Honnêteté oblige, à défaut de l' «impossible» objectivité qui est pourtant perçue sous certains cieux (Etats-Unis d'Amérique), comme la marque du journaliste compétent et expérimenté.

Pour avoir oeuvré, parmi tant d'autres acteurs, au difficile accouchement de la démocratie, l'on comprend que les journalistes béninois veuillent bien être les témoins de sa gestion et de sa croissance. Car, dans le processus de démocratisation, forcément progressif et continu, où rien n'est définitivement acquis, les journalistes plus exposés que d'autres, savent qu'ils n'ont pas intérêt à ce que les choses s'arrêtent en si bon chemin.

Heureusement qu'avec liberté d'expression, la presse ne se fait pas prier pour forcer la
main à un pouvoir qui ne prend presque jamais tout seul l'initiative du changement,
même parfois lorsqu'il s'agit de prescriptions constitutionnelles. On retiendra par

exemple que l'installation, le 07 juin 1993, au Bénin, de la Cour constitutionnelle est, dans une certaine mesure, le résultat d'un battage médiatique auquel s'est livrée la presse, s'illustrant ainsi dans son rôle de relais et de porte voix de la volonté populaire. Aussi, s'est-elle impliquée dans la campagne de harcèlement politique ayant conduit au remaniement du 07 septembre 1993.

Autant de raisons de penser que la presse est un élément régulateur de la démocratie. De la qualité de la presse, dépendent la qualité et l'avenir de la démocratie, qui à son tour est également tributaire de la liberté d'expression et de la faculté des journalistes à en jouir de façon responsable.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo