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Problématique de la disparition des loisirs traditionnels au bénin: cas de la ville d'abomey

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par Mathieu GUEDENON
Université d'Abomey-Calavi Bénin - conseiller principal de jeunesse et d'animation option Récréalogie (CPJA) 2001
  

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Avec des loisirs modernes, les jeunes citadins n'arrivent plus à adhérer aux séances de divertissement traditionnel puisque l'école a transformé les facteurs socio-traditionnels de créativité. Rappelons que notre société s'était montrée à l'attention du colonisateur la plus assimilée et la plus intellectuelle ce qui a valu au Dahomey l'appellation  " Quartier Latin".

L'élève, l'étudiant se trouvent ainsi dans un dilemme. S'ils s'attardent aux distractions de son milieu d'origine, ils ne représentent dans son nouveau milieu qu'un individu dépassé. En adoptant les distractions modernes, ils perdent ce qui faisait jusqu'alors son originalité. Cependant c'est à une assimilation qu'on assiste. Le pire est la dépravation des moeurs due à la prolifération des films érotiques, à la fréquentation des boîtes de nuit, à la fréquentation des lieux d'ivrognerie, des machines à sous, des lieux de violence, de prostitution et de procuration de drogue d'où la délinquance juvénile.

La prolifération de certains loisirs engendre l'une des formes d'acculturation, de dépersonnalisation et de déracinement progressifs qui se traduisent de nos jours et parmi d'autres cas par l'oubli quasi total de nos distractions traditionnelles. Cela nous conduit à dire que notre société est peu à peu dénuée de ses valeurs ce qui, s'il est continuel finira par la priver de son identité culturelle. L'attachement et la fidélité à la culture d'origine engage l'individu dans le courant de sa société qui le dote d'un modèle de comportement. L'identité culturelle en tant que force vivante se révèle finalement comme une puissance forte de résistance contre les influences culturelles dominantes. Elle protège contre l'unicité de sa propre culture, de sa langue ainsi que les systèmes de valeurs qui s'y rattachent. « L'identité culturelle est l'expression de la place de chacun dans le monde. Chaque personne porte en soi la conscience de son identité » UNESCO (1996, p.16).

« Lorsque les êtres humains perdent confiance en leur propre culture, lorsque les jeunes se coupent des traditions de leur communauté, ils se privent de l'éventail de choix qu'ils pourraient tirer des réalisations de leur propre culture, ils choisissent librement les éléments d'autres cultures qui leur conviennent. » UNESCO (1998).

Par ailleurs la pratique des activités de distraction moderne peut être utile dans le développement et la maturité de l'individu et de la société. Pris sous cet angle, les loisirs étrangers interviennent dans l'ouverture de notre société sur le monde étranger. Aucun groupe ne peut vivre dans une autarcie, dans une introversion culturelle. Ce qui explique l'avantage non moins précieux de l'introduction des loisirs modernes dans notre société.

3.4- SUGGESTIONS

Toute volonté de réaliser un développement endogène passe par la prise de conscience des valeurs culturelles et par de nouvelles initiatives qui prennent racine dans l'affirmation de l'identité culturelle. Ainsi les valeurs sont reconnues comme étant une composante essentielle du développement intégral des individus et des communautés. « Il est bon de retirer quelque chose de l'expérience des autres malgré les différences particulières quitte à faire un tri judicieux et à adapter les apports tout en étant jaloux de sa propre tradition : le Japon la Chine et l'Inde en portent témoignage. » UNESCO (1990, P 26).

Pour ce qui concerne les loisirs traditionnels, il faut procéder de la façon suivante :

q Restaurer à la mémoire collective lesdits loisirs,

q Faire leur analyse fonctionnelle,

q Faire leur transcription et leur codification,

q Elaborer leur mise en outil didactique,

q Créer une unité de production des matériaux ludiques

Il ne s'agira pas de les préserver de la disparition et de les sauvegarder en les traitant comme archives. Il faudra leur assurer une large diffusion au moyen des livres et de la presse. Il faudrait accorder une place importante aux loisirs traditionnels.

A la radio et à la télévision il serait bon de diffuser des émissions ludiques, des contes et des devinettes ou de danses traditionnelles, promouvoir les musiques du terroir comme CONAVAB (Coupe Nationale des Vainqueurs de la Musique Béninoise ) et la quinzaine de la musique béninoise sur la radio nationale.

Cela suppose qu'il faut accorder plus de chance aux activités de distraction traditionnelle dans les centres de loisirs, les maisons des jeunes, les espaces aménagés en organisant des compétitions de loisirs traditionnels.

Dans le milieu scolaire ou universitaire, il faut décoloniser l'esprit de l'enseignement par la révision des programmes. Il faut insérer dans ces programmes des distractions traditionnelles en tant que disciplines d'éveil (cas des écoles maternelles) ou en Education Physique et Sportive. L'école doit désormais être le milieu de rencontre des cultures traditionnelles et modernes et non un lieu de rupture, afin d'assurer la continuité du développement psychomoteur, affectif et cognitif de l'enfant.

Dans les familles, il faut axer l'éducation sur l'amour du patrimoine culturel, organiser des séances de divertissement traditionnel à l'image de celle de ludo, de belote ou de dame etc....Nous souhaitons qu'il soit fait de l'école et de la famille des lieux de préservation de l'identité béninoise.

« Etant donné que la culture est une entité vivante qui doit être soigné et nourrie pour survivre, il est nécessaire que les traditions nationales soient intégrées dans les plans de développement. » WANDE ABIMBOLA (1983, P 20).

En somme, il faut que les structures étatiques ou privées d'offre de loisirs organisent périodiquement des jeux traditionnels, de manifestations culturelles itinérantes, de séances de contes pour enfants, de festivals de musique et des poésies ; on donnera à ces oeuvres issues de la tradition orale des possibilités d'une promotion moderne et systématique à travers la radio et la télévision.

Nous apporterons sans doute beaucoup au monde au point de vue de la chorégraphie et de la musique en revalorisant nos chansons, nos danses comme le font déjà les Ivoiriens, les Sénégalais, les Maliens, les Camerounais, les Congolais pour ne citer que ces pays.

Nous sommes dans un contexte de vie de plus en plus difficile au plan économique où la distraction n'a plus de valeur pour certains. Il faudrait donc que ces personnes aient une certaine considération pour la notion de divertissement pour leur épanouissement et leur développement.

Certes, pour concrétiser toutes les idées que nous avons émises il faut formuler un programme d'action. Dans cette tâche de réhabilitation et de sauvegarde, le Service des Opérations et celui de la Prospection et du Développement de la Direction Nationale des Loisirs (DNL) qui ont respectivement en charge de vulgariser et de développer les jeux traditionnels et de stimuler et encourager la recherche dans le domaine des loisirs traditionnels et d'en constituer une banque de données, doivent jouer leur partition.

CONCLUSION

Au terme de ce travail, nous constatons que Abomey dispose d'une variété d'activités de loisirs dont les fonctions sociales sont indéniables. Ces activités concourent aussi à la détermination de l'identité culturelle. Les loisirs traditionnels constituent un volet du patrimoine culturel. Le patrimoine culturel s'impose donc comme une source de richesse ou de fécondité. Il ressort de nos investigations et analyses que ces loisirs traditionnels peuvent jouer le même rôle que les loisirs modernes après leur mise en outil didactique.

Malheureusement, ce qui retient l'attention de nos jours, c'est la prolifération et la prédominance des loisirs étrangers tant dans les centres urbains ainsi que les centres ruraux.

D'une façon générale, c'est presque toute la culture traditionnelle qui est menacée de disparition : les langues, les religions traditionnelles, les modes d'habillement, la médecine traditionnelle ...

Ainsi, les loisirs traditionnels ont perdu de leur valeur fondamentale et sont devenus l'apanage de quelques uns. En effet, les quelques rares activités de distraction traditionnelles préservées jusqu'à nos jours sont détachées de leur contexte et assument d'autres fonctions.

Que nous le voulions ou non, nos civilisations sont désormais engagées dans un monde nouveau où la science et la technologie prennent de plus en plus de place. Mais quoi qu'il en soit, l'organisation des loisirs doit tenir compte de nos réalités socioculturelles « car il n'y a pas de modèles universellement acceptables de culture, de même n'y a-t-il pas de schémas universellement valables ou partout adaptables de développement » UNESCO (1990, P 102).

Pour vivre en symbiose avec d'autres civilisations, nous devons rester fidèles à notre identité culturelle.

Nous n'avons pas la prétention d'avoir cerné tous les aspects de la question des loisirs traditionnels encore moins d'avoir proposé des solutions magiques. Quant à la résolution des multiples et complexes problèmes que pose l'aspect sur lequel nous nous sommes penché, c'est juste comme une porte largement ouverte vers l'avenir.

En dépit de leur caractère spectaculaire, les ruptures provoquées par la présence européenne n'ont pas détruit la composition urbaine d'Abomey telle qu'elle a été élaborée par la royauté. En effet, Palais, Temples et places publiques, en dépit de leur état matériel plus ou moins délabré, gardent leurs usages et significations originels dont la pertinence est aujourd'hui encore largement affirmée au niveau des diverses composantes sociales de la ville.

Nous serons loin d'être à la veille d'une autonomie culturelle tant que les gouvernants n'attachent pas à la question, l'importance nationale qu'elle mérite. Notre pays a-t-il besoin d'un programme d'ajustement culturel ?

  Comme l'a affirmé Senghor (Cité par HODONOU), « la véritable indépendance on ne s'en convaincra jamais trop est l'indépendance culturelle ».

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :

1- AGUESSY H. cultures vodoun 382 pages.

2- ANIGNIKIN S. et ANIGNIKIN M. B. Etude sur l'évolution historique sociale et spatiale de la ville d'Abomey, 1986, 43 pages.

3- Direction des loisirs : Politique de développement des loisirs en République Populaire du Bénin. 1987, 65 pages.

4- DUMAZEDIER J. Vers une civilisation du loisir ? Editions du Seuil, Paris, 1962, 293 pages

5- ETOUNGA-MANGUELLE D. L'Afrique a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel ? Editions Nouvelles du Sud. 1990,140 pages.

6- HOURDIN G. Une civilisation des loisirs, Editions Calmann-Lévy, Paris.1961.

7- PASSOT B. Le Bénin, Editions l'Harmattan, Paris, 1993, 335 pages.

8- SUE R. Le loisir. Que sais-je ? N° 1871, Editions PUF, Paris, 1983, 127 pages.

9- UNESCO Tradition et développement dans l'Afrique d'aujourd'hui Paris, 1990, 144 pages.

10- UNICEF : Jeux et Jouets traditionnels du BENIN. Cotonou, 1990, 158 pages

Mémoires

a- AHOYO C.P. Environnement et problème de santé : cas de la ville d'Abomey. Mémoire de maîtrise en Sociologie Anthropologie. UNB/FLASH, 1997, 99 pages.

b- HOUNZANDJI D. Pour une politique des loisirs en République Populaire du Bénin. Mémoire CRAC - LOME, 1981, 64 pages

c- KPADE C. E. Approche opérationnelle d'une politique de loisirs éducatifs au Bénin : Réalisation d'un complexe pilote au Bénin, Mémoire CRAC/ICA LOME, 1987, 118 pages

d- HODONOU D. Pour une politique des loisirs traditionnels au Sud de la République Populaire du Bénin : Cas de la Province de l'Atlantique, Mémoire en philosophie, UNB / FLASH, 1989, 159 pages

RAPPORTS DE SEMINAIRES

§ Séminaire National sur la problématique du loisir en République Populaire du Bénin, INFOSEC - Cotonou du 13 au 17 Février 1984.

§ Séminaire National sur l'organisation du repos, des cures de repos et des loisirs en République Populaire du Bénin. INFOSEC - Cotonou du 27 au 31 Décembre 1986.

§ Séminaire National sur le développement du loisir au Bénin. INFOSEC - Cotonou du 23 au 25 Mai 2000.

REVUES ET AUTRES

- Rapport mondial sur la culture. Edition UNESCO (1998), Paris, 528 pages.

- Culture, tourisme et développement : les enjeux du 21ème siècle. Table ronde d'experts organisée à Paris les 26 et 27 Juin 1996, Collection culture et développement UNESCO, 30 pages.

- AHOUISSOU A. C. M. : Recueil de jeux, Ministère de l'Education Nationale, 22 pages.

- MJSL : Charte des loisirs en République du Bénin, 1999, 7 pages

- MISAT : Monographie concernant Abomey, collectivité territoriale, 1997, 2 pages.

- MISAT : Atlas monographique des circonscriptions administratives du BENIN, première édition, Avril 1997.

- MJSL : Arrêté portant attribution, organisation et fonctionnement de la Direction Nationale des Loisirs, 1998, 5 pages.

ANNEXES

I- Le questionnaire et les guides d'entretien.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault