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Tap-tap bwafouye face a l'urbanisation de port-au-prince (une approche ethnosociologique du transport collectif a port-au-prince)

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par Theuriet DIRENY
Université d'état d'Haiti - Licence en anthropo-sociologie 2000
  

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TROISIEME PARTIE : CADRES EPISTEMOLOGIQUE ET ETHNOGRAPHIQUE

CHAPITRE IV.- PORT-AU-PRINCE : UNE VILLE EN PORTE A FAUX

Dans un souci de présenter la réalité à laquelle sont confrontées les théories évoquées en matière d'urbanisation et de transport collectif urbain, nous avons élaboré ce chapitre dont l'objet consiste à partir à la rencontre de Port-au-Prince à travers le temps, tout en considérant le mode d'organisation économique, politique et démographique de son espace comparé à celui d'autres espaces du tiers-monde qualifiés de villes. Cependant, pour une claire compréhension de l'exposé, nous partons des généralités sur la ville.

4.1.- LA VILLE: SON HISTOIRE ET SES FONCTIONS

4.1.1.- GENERALITES

Les temps historiques ont vu l'émergence de la ville dont la fonction première consistait à rassembler un collectif d'hommes sur un même espace. C'est d'ailleurs ce qui pousse plusieurs spécialistes en matière urbaine à considérer la sédentarisation comme déjà une tendance à l'édification de la ville. « Pour la Bible et les historiens des premiers siècles, c'est à Babylone, en Mésopotanie, que l'on attribua le statut de première ville (...). Elle prend forme au début du IIème millénaire avant J.C.» (Y.H. Bonello, 1996, 7)

A chaque période des temps historiques la ville présente ses caractéristiques propres et remplit des fonctions spécifiques en dehors de son rôle de rassembleur qui sous-tend une gestion et une vision d'ensemble de la chose collective appelée à être bénéfique à tous. « La ville capitaliste est donc, avant d'être le lieu de résidence de la classe dominante et le siège des pouvoirs politique et religieuse (Antiquité) ou un lieu de protection et d'échange (Moyen âge), le lieu du développement de la production capitaliste». Cet aspect d'une grande importance pour les villes de l'époque contemporaine (la production capitaliste) apporte selon certains spécialistes de profondes modifications à la vie citadine au point qu'elle soit dépouillée, en partie de ses éléments les plus fondamentaux.

Selon J.P. Lacaze « Les villes d'aujourd'hui... semblent perdre peu à peu ce qui faisait leur force et leur originalité: la capacité à rassembler les hommes autour d'idéaux communs, à produire de la convivialité, de la sociabilité, de la tolérance, à permettre la coexistence tranquille de destins individuels contrastés, à protéger, à faire rêver et à stimuler l'innovation» ( J.P. Lacaze, 1995, 6 )

L'espace de la ville, en ce sens, charrie à sa base tout un projet de civilité qui rend possible et agréable la cohabitation d'une communauté d'hommes ayant des aspirations différentes mais qui, dans le champ des actions respectives, sont réciproques, complémentaires, interactives et concourent toutes au bon fonctionnement. De ce fait, l'individualisme devrait se noyer dans le collectif jusqu'à emprunter sa marque. « La grande ville joue globalement le rôle d'initiateur et d'accélérateur des dynamismes collectifs « (G. Burgel, 1993, 73).

Agir sur le comportement humain, est effectivement l'une des tâches dévolues à la ville qui doit sa naissance non seulement à la sédentarisation mais surtout à la familiarisation ou à la domestication (la maîtrise) de certains éléments de la nature. Deux faits majeurs qui font appel simultanément au processus d'adaptation et d'éducation et qui traduisent le passage de la nature à la culture.

En fondant la ville l'homme s'est doté à la fois d'un espace pouvant lui permettre de prendre sa distance par rapport à la nature et aussi d'un espace d'expérimentation des progrès et découvertes de la technologie et de la science. L'espace de la ville a été le plus propice à la révolution industrielle: outil de transformation massive de la matière première.

L'ensemble des biens, produits au moyen de l'industrie sont quantitativement et qualitativement, loin d'être comparables à la production découlant, jadis, des méthodes empiriques. Le surplus de la production engendré par l'industrie a pu, en conséquence, susciter un mode de gestion impliquant un nombre incalculable de services. « La ville contemporaine est fille des révolutions industrielles et tertiaires» écrit G. Burgel. Les fonctions de services et la méritocratie sont pour l'auteur les clefs de compréhension de la ville contemporaine.

J.P. LACAZE ingénieur et professeur d'urbanisme, et G.BURGEL professeur de géographie urbaine sont d'accord pour affirmer que la réalité des villes ne peut être cernée en dehors de leur histoire.

« Une ville n'est autre chose que la collection des objets physiques qui la composent, c'est-à-dire le produit de sa propre histoire matérialisé en formes architecturales.

« (...) Chacun d'entre nous vit cette ville au rythme de la quotidienneté la plus immédiate, celui du temps qu'il fait, des touts petits événements de la vie familiale et professionnelle, sans souci du temps des historiens et des économistes.

« La ville ne peut donc se penser sans faire référence à l'articulation constante de ces rythmes temporels différents. Et son avenir ne peut être organisé efficacement que si l'action d'urbanisme sait composer avec ces rythmes par des méthodes adéquates, bien en phase avec les évolutions économiques, sociales et culturelles profondes qui déterminent son destin ».22(*)

La ville comme telle n'a rien d'imprévisible dans son édification. Elle prend forme à partir des réalisations concrètes et manifestes résultant de l'action de l'homme qui chaque jour pour son confort et sa convenance entre en lutte et avec lui-même et avec la nature. Cette transformation de soi par rapport à son environnement et vice-versa, va jusqu'à transcender le temps et stigmatiser l'espace physique. En effet, celui-ci à chaque période d'innovation voit son statut se renouveler.

Déjà au paléolithique l'homme a eu un type de questionnement vis-à-vis de l'espace. Et en réponse il a trouvé le nomadisme, les grottes, le feu, la cueillette. Au néolithique, la réponse est claire: la sédentarisation et la familiarisation; l'agriculture est créée, le monde rural est né. «  Pourtant, après des siècles de civilisation rurale, la ville est devenue cet espace d'innovation et de culture qui porte un nom de rêve: l'urbanité. »23(*)

Bref ! Qu'est-ce qu'une ville? Notre intention ici n'est pas de la définir mais de présenter une définition qui semble bien en accord à notre vision et qui recèle à la fois une approche prospective et planificatrice; un schéma théorique. La ville « c'est un lieu de résidence où siège l'autorité chargée d'arbitrer entre les pouvoirs des corps sociaux.

On accède au statut urbain lorsqu'il existe sur un territoire, des groupes exerçant des activités distinctes, les services n'étant plus assurés par les agriculteurs, mais par des personnes entretenues grâce au surplus de la production. »24(*)

Cela sous-entend, que la ville en soi est un espace qui, en principe, marque la rupture avec l'économie de subsistance et, en même temps, promeut l'abondance sous toutes les formes: activités, services, production. Mais, il ne faut pas croire que ce trait caractériel (l'abondance) soit inhérent, au même degré, à toutes les villes. En d'autres mots, si dans des sociétés ces « paramètres de l'abondance » sont agencés de sorte que la ville soit conviviale, dans d'autres ils sont en parfaite désarticulation et réduisent la ville en un lieu de grandes frustrations (chômage, délinquance, insalubrité, incommodité...). « Les villes sont à la fois, le produit et le reflet des sociétés qui les font naître ».25(*)

* 22) P. LACAZE, p.8

* 23) Y.H. BONELLO, p.4

* 24) ibid, p.5

* 25) G.BURGEL, p.11

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille