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Construction du cadre éducatif et mise en autonomie des élèves

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par Emmanuel FOUCHEROT
IUFM de Nevers - 2ème année de Professeur des Ecoles 2010
  

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4. Les ateliers autonomes en petite section : analyse de pratique

Une rentrée à tâtons

Je traiterai ici de la manière dont j'ai fait évolué mes ateliers durant mon stage filé en petite section de maternelle. Au début de l'année scolaire, c'est avant tout l'effectif chargé de la classe qui m'a inquiété : 29 élèves. Plus que démuni face à un tel public et dépourvu d'une quelconque expérience en termes de gestion de classe, j'en suis arrivé à la première hypothèse que les ateliers n'avaient pour autre but que de permettre à l'enseignant de se débarrasser du plus grand nombre afin de pouvoir se consacrer à un petit groupe.

Mes matinées furent donc rapidement établies autour d'un déroulement identique (cf. Annexe 1). Après les rituels et les activités physiques et sportives, je divisais la classe en deux. Je confiais la première moitié à mon ATSEM sur des travaux d'arts visuels, tandis que je prenais la seconde avec moi sur des apprentissages dont je m'estimais alors le seul et légitime garant. En effet, n'étant pas très versé dans les arts, cette solution me permettait de me délester d'une matière que je n'envisageais que peu ou prou comme vectrice d'apprentissages.

J'appris bien évidemment qu'un tel raisonnement était absurde. Ce sentiment de me débarrasser d'une matière, et par conséquent d'une partie des élèves, était très amplement perçu par ces derniers. Outre le fait que je ne prenais pas suffisamment de temps pour faire entrer les élèves dans l'activité, le fait que je ne prenne pas le temps de m'intéresser à leurs travaux ne les encourageait pas à fournir un travail appliqué, ce malgré l'énergie déployée par l'ATSEM que j'avais lâchement abandonnée à ce triste compromis. Il résulta de tout ceci des travaux le plus souvent ratés, ou plus exactement traités autrement que les objectifs que j'avais fixés.

Avec la seconde moitié de classe, que j'avais placée sous ma responsabilité, les résultats demeurèrent mitigés mais néanmoins encourageants pour la poursuite de ma réflexion sur l'autonomie. En début d'année, j'avais décidé de me pencher particulièrement sur le graphisme. Ainsi les ateliers que j'ai proposés en première période se sont portés sur la ligne. Avec le recul, je sais que proposer une notion si abstraite à des petites sections était ambitieux. En effet, dès les premières séances, j'ai particulièrement peiné à me faire comprendre de mes élèves sur ce que j'attendais d'eux. Nous avons tendu des ficelles dans la salle de motricité, tracé des lignes avec le doigt dans le vide, dans de la farine, sur le tableau avec des craies... Rien n'y faisait, le concept de ligne ne faisait pas mouche dans l'esprit des élèves.

Je crois aujourd'hui que ces échecs étaient, outre mon inexpérience, dus au fait que je cherchais trop à guider les élèves dans leurs manipulations. En effet, quel ne fut pas mon contentement d'observer que le déclic se fit un jour où j'avais décidé de me mettre en retrait des élèves. J'avais confié aux élèves de la pâte à modeler et un jeu d'assemblage en forme de chenille. J'avais formé un colombin de pâte à modeler à l'extrémité d'une grande table, positionné la chenille à côté, et placé une pomme à l'autre extrémité de la table. Ma consigne avait alors été la suivante : « La petite chenille a très faim ! Elle a envie d'aller croquer la pomme à l'autre bout de la table. Vous allez l'aider en lui montrant le chemin qu'elle doit suivre avec la pâte à modeler ». Les élèves devaient donc à leur tour faire des colombins et les aligner de telle sorte entre eux qu'ils forment une ligne de pâte à modeler reliant la chenille à sa pomme. Mon rôle consistait uniquement à faire grandir la chenille, avec de plus en plus d'éléments amovibles, au fur et à mesure que la ligne s'étirait.

Cette séance fut un succès. Non seulement la chenille put arriver sans encombres vers sa pomme en suivant une ligne relativement droite, mais je fus surtout enthousiasmé par la manière dont cette activité mobilisa tous les élèves. Chacun s'affairait avec sa pâte à modeler et venait petit à petit apporter sa contribution à la réalisation commune, le tout sans chamailleries, bousculades ou

chapardages. J'en vins donc à la conclusion que des temps d'autonomie, sous le regard bienveillant du maître, étaient incontournables dans certains apprentissages et je décidai alors de refondre l'organisation et le contenu de mes ateliers.

Un casse-tête rotatif

A partir de novembre et au vu de mes observations précédentes, j'ai remanié le déroulement de mes séances et de la mise en apprentissage des élèves. J'ai conservé la scission en deux groupes classe distincts, l'un avec l'ATSEM et l'autre sous ma responsabilité. Cependant, j'ai divisé ce second ensemble en trois petits groupes, d'environ cinq élèves, que je faisais tourner durant la demi-heure que je leur consacrais.

Ainsi, pendant que le premier ensemble faisait des arts visuels, et ce malgré les inconvénients cités précédemment, je poussais plus avant ma réflexion sur l'autonomisation des élèves des trois « sousgroupes ». Je me consacrais au premier pour un temps de langage oral, autour d'un album ou encore de jeux en numération. Je chargeais le deuxième groupe d'un petit travail sur fiche, généralement du graphisme ou de la discrimination visuelle. Je laissais aux cinq élèves restants un temps de libre manipulation d'albums au coin lecture, ayant soin de proposer dans les oeuvres à disposition les livres lus ensemble dans la matinée.

Cette formule m'est apparue dès le premier essai comme amplement plus satisfaisante que mes expériences précédentes. Cela me permettait de jouir d'un effectif plus confortable en termes de gestion et de faire passer l'ensemble des élèves sur les activités que j'avais fixées. Il me restait par ailleurs suffisamment de temps à la fin des rotations pour prendre un moment d'observation sur les travaux fournis en autonomie sur fiche. Ce mode de fonctionnement nécessite néanmoins une réelle rigueur quant à la constitution des groupes et à la gestion des rotations.

En effet, il m'est bien souvent arrivé de perdre le fil de ce que les élèves avaient réalisé dans la matinée ou non. Je n'avais alors pas pris en compte les rythmes de chacun et je me suis retrouvé débordé par des élèves qui avaient fini avant les autres les arts visuels ou leurs fiches et qui venaient me réclamer un autre travail, alors même que j'étais en plein atelier de langage avec d'autres. Une autre difficulté résidait dans le fait que je perdais beaucoup de temps à passer des consignes différentes d'un atelier à l'autre, consignes qu'il fallait répéter trois fois dans la matinée.

Il n'en demeure pas moins que les élèves ont vite adopté ce fonctionnement, en rien semblable avec celui de leur titulaire. Le temps au coin lecture était perçu par eux comme un moment de plaisir bienvenu, alors que je le mettais au service de la découverte de l'écrit et de l'apprentissage du respect des livres.

Un dispositif qui fait son chemin

De janvier à mars, j'ai continué à travailler suivant ce modèle rotatif, en veillant au fur et à mesure à en gommer les dysfonctionnement. J'ai dans un premier temps fait évoluer les activités confiées à l'ATSEM et ce dans un esprit d'échange constructif avec celle-ci. Je ne lui déléguais plus des tâches que je considérais de dégagement, mais je lui exposais, dès le matin à mon arrivée à l'école, les apprentissages que je cherchais à mettre en jeu dans la journée. Ainsi, je lui confiais des activités sur fiches, principalement en numération ou en discrimination visuelle et prélecture, en lui demandant bien de renoncer à ses instincts protecteurs qui consistaient à ce que tous les élèves réussissent et donc à corriger leurs travaux avant que je ne les voie. J'avais au contraire besoin de son regard objectif pour être en mesure d'évaluer exactement les points forts ou les lacunes de mes élèves.

Un autre écueil subsistait cependant : la passation des consignes. Je perdais encore trop de temps à répéter et à lancer les ateliers. J'ai donc abandonné l'idée de proposer de multiples domaines d'activités en une matinée pour finalement concentrer l'énergie de tous sur un même thème. C'est pourquoi depuis mars les journées suivent ce déroulement : activité de découverte ou de réinvestissement en groupe classe entier au coin regroupement, puis explication de tous les ateliers qui vont être réalisés à l'ensemble des élèves et enfin, répartition des élèves dans chaque atelier (cf. Annexe 2). Ce schéma a pour l'instant le mérite d'être applicable à tous les champs disciplinaires proposés à l'école maternelle.

En guise d'exemple concret, je m'appuierai sur l'une de mes dernières séquences de découverte de l'écrit autour d'un album, Le Piano des Bois, de Kazuo Iwamura, avec lequel je travaille en transversalité un éveil à la discrimination auditive et à la découverte d'instruments de musique(cf. Annexe 3).

Au début de la séance, la troisième de la séquence consacrée à l'album, je demande à tous les élèves
de me rappeler le nom des instruments de musique figurant dans l'histoire. Au fur et à mesure,
j'inscris les réponses au tableau en lettres capitales et j'affiche l'image correspondante à côté du mot,

puis je passe un court extrait sonore de l'instrument cité. Une fois cet exercice accompli, j'annonce aux élèves que je vais relire l'album et leur demande que, à chaque fois qu'ils entendront le nom d'un instrument, ils lèvent la main et viennent le pointer au tableau.

Dans un second temps, je distribue à chaque élève une carte sur laquelle figure un instrument de musique. Je passe alors un extrait sonore et les élèves reconnaissant l'instrument figurant sur leur carte doivent la lever en l'air. A noter ici que je veille depuis peu à favoriser une entrée ludique à chacune des activités que je propose par la suite, que ce soit en littérature, en numération ou autre, favorisant ainsi l'adhésion des élèves. Il est ainsi plus aisé de procéder à la répartition des élèves dans les différents ateliers.

Dans le cas de cette séance, le premier demi-groupe avec l'ATSEM avait pour travail une activité de prélecture autour des noms des instruments de musique. Ils devaient découper et coller des étiquettes en face des mots identiques. Pendant ce temps, les trois ateliers rotatifs du second demigroupe avaient respectivement pour tâches : de dicter à l'enseignant un court texte à partir de l'image de la quatrième de couverture de l'album, de repérer et entourer les instruments de l'histoire sur une fiche en autonomie, et de manipuler librement l'album au coin lecture.

Ce système me semble fonctionner d'autant mieux depuis que j'ai établi des groupes de niveaux au sein de ma classe. Je veille donc à répartir les élèves au sein de ces divers ateliers suivant l'homogénéité de leurs niveaux respectifs. Je tente également depuis peu d'instaurer une forme de tutorat entre les élèves les plus doués, finissant leur travail en avance, à destination de ceux qui peinent. Cette forme de responsabilisation des élèves semble porter ses fruits et renforce la cohésion de groupe. De plus, les élèves ainsi répartis ne viennent plus que très peu réclamer mon aide. Évalués en temps réel, ils savent, une fois leur travail validé par mes soins, à quels droits ils ont accès : faire un dessin ou un coloriage, accéder au coin lecture en respectant un système de collier ou aider un de leur camarade en difficulté.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King