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Management de l'innovation - holisme organisationnel

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par Jérémy Gain
NEGOCIA CCIP - Master 2 2010
  

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Partie 2 : La stratégie organisationnelle de l'innovation

I Les apports de la théorie des organisations

L'étude des organisations est un phénomène relativement récent qui a pris forme à la fin du XIXe siècle (Bélanger & Mercier, 2006). Richard Scott (1998) fait remarquer que cet engouement s'explique par la division du travail qui fut encouragée par les évolutions technologiques (progrès techniques) et économiques (concentration des lieux de production et des sources d'énergies) liées aux premières révolutions industrielles. L'auteur va même jusqu'à déclarer que la majeure partie des connaissances des organisations provient de l'expérience des dernières décennies du XXe siècle, essentiellement dans des pays démocratiques et capitalistes. Le développement de la théorie des organisations en tant que discipline va donc de pair avec l'avènement du capitalisme dans les sociétés industrielles.

Il s'agit d'une discipline singulière, faisant appel à un corpus de connaissances aussi étendu que disparate33(*). Il est donc évidemment difficile d'en extraire une définition unanime et synthétique. De façon générale, une organisation apparait comme « une réponse structurée à l'action collective, un ensemble relativement contraignant pour les personnes et, simultanément comme une construction collective dynamique favorisant l'accomplissement de projet commun. » (Plane, 2003).

D'après Scott et Mitchell (1976), «une organisation est un système d'activités coordonnées d'un groupe de personnes, travaillant en collaboration pour atteindre des fins communes sous une autorité ».

Khandwalla (1976) repère comme facteurs constitutifs de l'organisation les éléments suivants :

- Une hiérarchie,

- Des règles, des procédures,

- Des communications formalisées,

- Une spécialisation des rôles,

- L'emploi de personnel qualifié,

- Des objectifs spécifiques.

Nous retiendrons donc que l'organisation se compose d'une structure dotée d'un capital humain travaillant sous la coordination d'une autorité suivant une logique propre pour l'atteinte d'un objectif spécifique. Par métonymie, l'organisation sera exclusivement analysée sous l'angle de l'entreprise marchande visant l'objectif fondamental de sa survie par l'acquisition d'un avantage concurrentiel.

Nous allons, tout au long de cette première partie, analyser de manière synthétique les écoles et les courants de pensées qui ont fait avancer la théorie. Une attention particulière sera néanmoins portée aux modèles théoriques ayant contribué à l'approfondissement du cadre conceptuel de l'innovation dans les organisations.

A- Les principaux courants de pensées

Les exigences engendrées par l'émergence de la société industrielle au XVIIIe siècle ont posé les bases de la science des organisations et ont donné naissance à l'école classique. Adam Smith (1976) introduisit dans son ouvrage phare : "Richesse des nations" le principe de la division du travail tandis que David Ricardo (1817) prônait la nécessité d'une spécialisation des tâches. Ces deux économistes classiques ont fortement influencé le courant rationnel de la théorie des organisations qui s'émancipa au travers des réalisations successives de Taylor (rationalisation scientifique du travail), Ford (travail à la chaine), Fayol (organisation administrative de l'entreprise) et Weber (inventeur de l'organisation bureaucratique).

L'ingénieur américain Frederick Wilson Taylor (1911) sera animé par une volonté de gestion scientifique du travail au sein des organisations. Ses postulats sont avant tout mécanistes (« l'entreprise est une gigantesque machine composée de milliers de pièces. Les ouvriers ne sont que des rouages du mécanisme global ») et rationalistes (« l'entreprise est composée d'éléments humains et matériels qui peuvent être dominés par l'esprit de l'organisateur »).

Il mettra en place l'Organisation Scientifique du Travail (OST) qui repose principalement sur une division minutieuse des tâches (division horizontale) et une séparation radicale entre ceux qui conçoivent et ceux qui produisent (division verticale)34(*).

Figure 5 : L'école classique et ses conséquences sur la productivité (Brunet & al, 2005)

Cette organisation rationnelle du travail sera à la base de la seconde révolution industrielle. Cela renforça la conviction de Taylor et des auteurs classiques sur l'existence d'une organisation idéale et optimale pour les entreprises marchandes35(*).

Pourtant, et bien que Taylor eut suggéré la collaboration entre experts et exécutants (1911), il résultat de son modèle un appauvrissement du potentiel humain dans l'entreprise et une remise en cause progressive de ses méthodes qui déclineront avec l'apparition de la société de la société de consommation36(*) et les bouleversements macroéconomique qui suivirent.

Ainsi avec l'essor de la nouvelle économie et de l'innovation en tant que moteur majeur de la croissance, les décideurs et dirigeants d'entreprises ont cherché des moyens pour favoriser et accroître son développement. Ils ont pour cela, largement puisé dans les enseignements dispensés par l'école des Relations Humaines.

Ce courant de pensée est né en réaction aux efforts de rationalisation et d'efficacité amorcés par Taylor, Fayol et Weber. Son fondateur, George Elton Mayo (1933), professeur de psychologie industrielle, chercha à valoriser le facteur humain et la dimension sociale dans les organisations. Il réalisa pour cela une célèbre expérience menée à la Western Electric de Chicago en 1924 dont le but initial était de démontrer que l'augmentation de la productivité résultait de l'amélioration globale des conditions de travail des ouvriers. Mais, les résultats de son observation mirent surtout en évidence l'importance des relations interpersonnelles qui existent au sein d'un groupe de travail et la prépondérance de réseaux informels qui échappent de facto, au contrôle hiérarchique (existence de leaders informels).

Ce que l'on nomma par la suite "l'effet Hawthorne"37(*) démontra ainsi que le seul fait de porter de l'intérêt aux conditions de travail des salariés influençait positivement la productivité de ces derniers.

Le tableau descriptif proposé ci-dessous propose un bilan synthétique des différences essentielles entre l'école classique et l'école des relations humaines :

Figure 6 : Tableau comparatif entre l'école classique et l'école des relations humaines

Pourtant, même si l'école des relations humaines constitue une ressource de savoir pertinente pour le management de la créativité des individus et de l'innovation, elle ne peut, par son caractère avant tout "productiviste" et "industriel", être considérée comme un aboutissement en soi.

Les travaux d'Elton Mayo inspirèrent d'autres courant dans les théories managériales des organisations avec notamment les théories de la contingence structurelle et l'approche sociotechnique des organisations.

L'ouvrage précurseur de Burns et Stalker (1963) : "The Management of Innovation" montre que la structure d'une organisation dépend avant tout de son environnement externe qui est « complexe et incertain ». Ils distinguent deux types de structures, l'une formalisée et centralisée qui est adaptée à un environnement stable, la seconde, plus flexible est adaptée à un environnement mouvant. Il s'agit respectivement des structures "mécanistes" et "organiques". À travers leurs travaux et recherches, ils appuient l'idée que la structure d'une organisation est liée aux mutations de l'environnement socio-économique dont elle dépend.

L'approche sociotechnique est née au début des années 1970. Frederick Edmund Emery (1969) développe la thèse selon laquelle une entreprise est un système ouvert composé d'une dualité technique et sociale. Il dépasse les visions universalistes de Mayo et Taylor en argumentant qu'il peut exister plusieurs manières de s'organiser. Il n'existe donc pas une organisation idéale mais simplement « des combinaisons socio-productives plus efficaces que d'autres ».

La recherche en sociologie des organisations aboutie, quant à elle, en 1958 à travers l'ouvrage fondateur de James March et Herbert Simon (1958), intitulé "Organization". Selon eux « Toute théorie de l'organisation s'accompagne inévitablement d'une philosophie de l'être humain puisque les organisations sont composées de membres qu'il faut prendre en considération d'une manière ou d'une autre ». Leurs théories de la décision orientées sur les capacités cognitives des acteurs influenceront de manière décisive les différents courants du management moderne. Elles rejoignent par ailleurs la théorie de l'individu X et Y38(*) dépeinte par Douglas McGregor dans son livre "The Human Side of Enterprise" (1960).

Au sein de ce même courant de pensées, Renaud Sainsaulieu (1977), identifie quatre identités au travail ("la fusion", l'individu se fond dans le groupe de travail, car il n'a guerre d'autres ressources que le collectif ; "la négociation" acteurs qualifiés qui utilisent la négociation comme moyen de pression auprès de la hiérarchie ; "les affinités", individualités à la recherche de conquêtes professionnelle ; "le retrait", acteur faiblement investi, dépendance vis-à-vis du chef).

À partir de ce constat, il explique que ce sont les rapports sociaux au travail qui structurent l'identité individuelle et collective. Il y aurait donc un holisme organisationnel39(*) qui conditionnerait les comportements des acteurs au sein de l'organisation.

Henri Mintzberg (1982), professeur émérite de management à l'université canadienne de McGill, agrège et synthétise une partie des théories décrites ci-dessus en y présentant une approche globale de l'organisation qui est analysée en fonction des relations entre six de ses composantes et de leur poids respectif dans la structure.

Figure 7 : Les six composantes de l'organisation (Mintzberg, 1982)

Il définit la structure d'une organisation comme : « la somme totale des moyens utilisés pour diviser le travail entre tâches distinctes et pour assurer la coordination nécessaire entre ces tâches ».

- Le sommet stratégique : équipe dirigeante.

- Le centre opérationnel : unité d'exécution des tâches de production et de distribution.

- La ligne hiérarchique : qui relie le centre opérationnel au sommet stratégique.

- Technostructure : unité qui planifie et organise le travail.

- Fonction support : unités qui assurent des prestations qui ne sont pas le coeur de métier de l'entreprise.

- Culture d'entreprise (idéologie): traditions et croyances d'une organisation.

Prolongeant ses réflexions sur les organisations internes, Henri Mintzberg suggère une approche novatrice en matière de configuration organisationnelle. L'universitaire canadien distingue cinq configurations structurelles possibles40(*) allant de la structure simple à l'adhocratie :

- La configuration simple : C'est une organisation de petite taille ayant une activité réduite. Flexible et polyvalente, cette structure convient aux TPE/PME dont le chef d'entreprise assume l'ensemble des fonctions à responsabilité. Il est à la fois manager, responsable opérationnel, et superviseur de la structure. L'organisation vit sous le joug du leadership et de l'autorité de son dirigeant principal (ligne hiérarchique peu développée). Cette centralisation du pouvoir décisionnaire et hiérarchique présente l'avantage d'ancrer les orientations de l'entreprise dans une perspective axée sur le long-terme.

- La bureaucratie mécaniste : L'esprit de cette configuration est adapté aux entreprises industrielles (mono-activité, entreprises de grande taille relativement âgées) évoluant dans un environnement simple et stable. L'organisation est ainsi structurée de façon rationnelle en services spécialisés par fonctions. C'est la technostructure41(*) qui détient le pouvoir et qui coordonne l'ensemble des activités de façon standardisée et méthodique. Cette organisation est peu propice à l'innovation et ne laisse que peu de place à l'adaptabilité.

- La structure divisionnelle : Elle est la caractéristique des entreprises diversifiées. L'organisation est découpée en unités quasi-autonomes en fonction de critères mercatiques tels que le type de clientèle, la division produits et la zone géographique ciblée (structure matricielle). Le contrôle hiérarchique s'effectue en fonction des résultats atteints. Cette structure est particulièrement bien adaptée à la complexité croissante de l'entreprise ainsi qu'à l'impératif de flexibilité mais elle peut générer des difficultés de coordinations internes et être un frein à l'innovation de par sa trop grande diversification.

- La bureaucratie professionnelle : Elle se trouve dans les organisations où l'activité dépend de l'expertise et des savoirs de ses membres (cabinet d'avocats, expert-comptable, hôpital, etc.). L'organisation évolue dans un environnement complexe mais relativement stable. Bien que jouissant d'une grande autonomie, les membres de l'organisation demeurent soumis à un contrôle implicite de la profession à laquelle ils sont rattachés (standardisation des qualifications). La décentralisation de la structure ainsi que la flexibilité des choix offerts aux acteurs peut toutefois conduire à une multiplication des conflits internes.

- L'adhocratie : Selon Mintzberg, l'organisation innovante est une adhocratie. Ce néologisme désigne une organisation capable de s'adapter aux contraintes engendrées par un environnement complexe et instable. Cela entraîne une forte différenciation horizontale des tâches où la sélection se fait en fonction du degré d'expertise du personnel (membres hautement spécialisés travaillant par équipe de projet). Le cas de Google est une illustration parfaite de la configuration adhocratique.

Il convient enfin de mettre en lumière les travaux d'Alfred Dupont Chandler (1962), chercheur américain rendu célèbre pour ses études sur la gestion des grandes entreprises américaines qui explique que c'est bien la stratégie de l'organisation qui détermine sa structure interne. La structure de l'entreprise doit ainsi être envisagée comme l'exosquelette résultant d'une stratégie organisationnelle globale. Nous traiterons ces deux notions de façon distinctes mais le management de l'innovation sera abordé dans ce chapitre sous son aspect organisationnel et stratégique.

* 33 La théorie des organisations est une discipline située à la limite entre l'économie des organisations, la sociologie des organisations, la gestion et la science politique.

* 34 Source de la définition : Ressources en management des organisations et marketing (managmarket.com).

* 35 Qui se caractérisait par une recherche systématique du « one best way », c'est-à-dire de principes universels régissant la gestion des organisations.

* 36 Expression apparue à la fin des années 1960 pour désigner une organisation du mode de vie fondée sur le renouvèlement perpétuel des biens et des services utilisés par les ménages.

* 37 L'expression tire son nom d'une usine de la ville de Hawthorne, près de Chicago, dans laquelle Elton Mayo réalisa son étude empirique.

* 38Théorie X : l'employé n'aime pas travailler. Il est improductif s'il n'est pas surveillé, ne travaille que sous la contrainte. Théorie Y : l'employé aime travailler. Il a besoin d'autonomie, et sa créativité doit être suscitée.

* 39 En référence à l'holisme sociologique initié par Émile Durkheim dans son ouvrage "Règles de la méthode sociologique" de 1895.

* 40 Depuis 1989, Henri Mintzberg a ajouté deux autres configurations visant à compléter sa typologie des structures  (l'organisation idéologique et l'organisation politique).

* 41 La technostructure est l'ensemble des cadres dirigeants ou subalternes, des techniciens et des spécialistes qui participent à la prise de décision en groupe dans les grandes entreprises. Cette notion a été théorisée dans l'oeuvre principale de John Kenneth Galbraith : "Le Nouvel État Industriel" en 1967.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo