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Analyse des faits politiques en Afrique: cas de la Cote d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par Herphi Halerre Bouyoméka Mikolo et Pascaline AVLESSI
projet cerco du benin - Licence communication et relations internationales 2010
  

Disponible en mode multipage

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Dédicaces de Pascaline AVLESSI

Au plus profond de mon coeur, je dédie ce mémoire :

Ø A mon cher père Joseph AVLESSI et ma très chère feue mère Constance ABOKY qui ont consacré tant d'efforts pour assurer mon éducation. Recevez cette oeuvre en récompense et considérez-la comme le fruit de vos longues années de sacrifice.

Ø A mes frères et soeurs Huguette, Valérie, Raymond, Séraphine et Mathias AVLESSI pour l'amour et la fraternité qui nous unis.

Ø A mes amis Urbaine TOVIDAKOU, Pulchérie GBEMENOU et Jean Méjor ZANNOU pour leur encouragement répété et leur soutient.

Ø A tout le personnel du Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique en particulier Rachelle TOGNISSO, Thierry AZONHE, Aristide AGBOKOUNOU, Raymond FAFOUMI, Robert AHOSSI et Toussaint NOUDOGBESSI pour leur soutient

Ø A tous ceux qui m'aiment, je dédie ce mémoire.

Dédicaces de Herphi BOUYOMEKA MIKOLO

Je dédie ce travail,

Ø A mon feu père Ali MIKOLO NGOUAKA, qui avait toujours souhaité que la réussite pour moi, soit une priorité et que pour l'atteindre il était question de se battre. Ce travail restera le témoignage de cet effort et d'un sentiment profond et respectueux ressenti jusqu'aujourd'hui.

Ø A ma mère MAGHANDJI MANGUEDJI Amélie, qui n'a jamais cessé de m'encourager à surmonter les étapes et pour qui l'amour et la réussite d'un fils est une vertu, ce travail demeure le résultat de tes actes pour moi.

Ø A mes frères, soeurs, cousins, tantes, oncles, etc.... que le salut qui nous rend fort continue d'être la volonté de l'éternel tout puissant et que cette oeuvre justifie cette volonté.

Ø A mes amis, Dexter BOUKOUYA, NGOULOU Frère-Bruno, Prince BIYOGHE, etc.... tous au Benin, que ce travail soit le fruit de vos encouragements consentis pour moi.

REMERCIEMENTS

Ce thème a été conçu et développé avec le concours d'honorables personnes auxquelles nous tenons à témoigner toute notre gratitude.

Tout particulièrement :

· Aux autorités de l'Institut CERCO ;

· A nos professeurs pour l'enseignement reçu d'eux et leurs conseils clairs, concis et rigoureux ;

· A Monsieur James-William GBAGUIDI qui, malgré ses multiples occupations, nous a efficacement encadrés jusqu'au terme de ce travail. Qu'il trouve ici l'expression de toute notre gratitude pour sa disponibilité et son amabilité.

SIGLES ET ABREVIATIONS

IDH : Indice de développement Humain

SIR : Société Ivoirienne de Raffinage

BNI : Banque Nationale de d'Investissement

BFA : Banque de Financement Agricole

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

FRCI : Forces Républicaines de Cote d'Ivoire

QG : Quartier Général

RFI : Radio France Internationale

FANCI : Forces Armées Nationales de Cote d'Ivoire

MEBA : Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation

CONASUR : Comité National de Secours d'Urgence et de Réhabilitation

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PMI : Petite et Moyenne Industrie

FEC : Facilité Elargie de Crédit

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

BNETB : Bureau National d'Etudes Techniques et de Développement

CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest

FPI : Font Populaire Ivoirien

PDCI : Partie Démocratique de Cote d'Ivoire

ONU : Organisation des Nation Unies

RDR : Rassemblement Des Républicains

LMP : La Majorité Présidentielle

CEI : Commission Electorale Indépendante

CC : Cours Constitutionnelles

CC : Conseil Constitutionnel

CAISTAB : Caisse de Stabilisation

MPCI : Mouvement Patriotique de Cote d'Ivoire

SYNARES : Syndicat National de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur

ONUCI : Organisation des Nation Unies pour la Cote d'Ivoire

MINUL : Mission des Nation Unies au Libéria

UA : Union Africaine

SOMMAIRE

 

Pages

Introduction Générale

11

I : Les origines des conflits sociopolitiques en Cote d'Ivoire

13

I-1 : les causes endogènes des conflits Sociopolitiques

13

I-1-1 : Les causes lointaines

14

I-1- 2 : Les causes immédiates

18

I- 2 : les causes exogènes des conflits sociopolitiques

22

I-2-1 : les causes exogènes historiques

22

I-2-2 : les causes externes immédiates

25

II : Les conséquences de la crise en Cote d'Ivoire

31

II- 1 : Les conséquences politico-administratives

31

II-1-1 : Les conséquences politiques au plan interne

31

II-1- 2 : Les conséquences politiques au plan international

35

II-2 : Les conséquences socioéconomiques

38

II-2-1 : les conséquences sociales

38

II-2- 2 : les conséquences économiques

45

III : Les approches de solution pour la résolution des conflits socio

politiques en Cote d'Ivoire

50

III- 1 : Les solutions au plan politico-administratif

50

III-1- 1 : Les solutions envisagées dans le domaine politique

50

III-1- 2 : Les solutions dans le domaine administratif

53

III- 2 : Les solutions au plan socio-économique

55

III-2- 1 : les solutions au plan social

55

III-2- 2 : les solutions au plan économique

60

Conclusion Générale

66

Autobiographie de Pascaline AVLESSI

Née le 07 avril 1979 à Cotonou, d'une famille polygame de onze enfants de trois mères différentes, on m'appelle AVLESSI Vidjannagni Yabo Pascaline. Mon père Joseph AVLESSI a été un employé de l'hôtel et ma feue mère, Constance ABOKY, une ménagère. Troisième fille de ma mère et quatrième de mon père, j'ai sept soeurs et trois frères. Parmi les six enfants de ma mère, la plus grande, Huguette AVLESSI, vit en Belgique, celle qui la suit, Valérie AVLESSI en Italie et le benjamin, Mathias AVLESSI en Suisse. Originaire d'Agbalilamè dans le département du l'Ouémé, notre dialecte parlé est le « Wla ».

Très tôt j'ai connu le gout de l'école ou j'ai effectué, après une année à l'école Publique Maternelle Kpondéhou, mes études primaires à l'école Primaire Publique Agbodjèdo de 1987 à 1992.

Après mon obtention du Certificat d'Etude Primaire (C E P), j'ai été classé au Collège d'Enseignement Général Sègbèya ou j'y ai passé le premier cycle de mon cursus secondaire de 1992 à 1996.

De 1997 à 2000 j'ai fais le second cycle du secondaire au Collège d'Enseignement Technique JACKY ou j'ai eu mon Brevet d'Etude du Premier Cycle (B E P C), mon Diplôme d'Aptitude Professionnel niveau I (DAP 1) et mon Certificat d'Aptitude Professionnel (CAP) option Employé de Bureau en classe de 1ère. Je n'ai pas pu obtenir le Baccalauréat alors, je me suis inscrite en 2001 au Collège Bon Berger ou j'ai eu mon Baccalauréat série G1 et mon d'Aptitude Professionnel niveau II (DAP 2).

Après l'obtention de mon Baccalauréat, je me suis inscrite à l'Ecole Supérieur d'Enseignement Professionnel (ESEP) le Berger où j'ai eu en 2003, le Brevet de Technicien Supérieur (BTS) option Secrétariat Bureautique.

Au-delà de mon cursus scolaire, j'ai été admise en 1994 dans le grand rassemblement des Scout Laïc du Bénin où j'ai passé la majorité de mon adolescence. Choisi comme jeune fille dynamique et attentionnée, j'ai été sélectionnée pour une formation de recyclage des sachets plastiques à Porto-Novo par le groupe de théâtre « QUI DIT MIEUX » de Madame DOTOU Grâce.

Après ma soutenance de mon mémoire de Brevet de Technicien Supérieur en décembre 2003, j'ai été confronté à un moment donné aux dures réalités de la vie où en mars 2004, je perds ma très chère mère.

Après quelque mois de demande d'emploi dans les sociétés de la place, j'ai été sélectionnée par le Ministère de l'Industrie en avril 2004 pour bénéficier d'une bourse de formation de trente jeunes filles en administration réseau à AGENTIC Bénin.

Au cours de ma formation, j'ai été informé du concours de recrutement des Agents Contractuels de l'Etat auquel j'ai pris part. Admis, j'ai été mise à la disposition du Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle et affectée à la Direction de l'Inspection Pédagogique et de l'Innovation Technologique (DIPIT/METFP) ou j'ai servi en qualité de Secrétaire des Services Administratifs.

Après 8 mois de travail dans cette Direction, j'ai pris part au concours des de recrutement des Agents Permanents de l'Etat, session du 28 décembre 2004. Après mon admission, j'ai été mise à la disposition du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et affectée au Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique où j'y travail encore jusqu'à ce jour en qualité de Secrétaire des Services Administratifs.

Mon amour pour la connaissance et mon souci de rehausser mon niveau d'étude m'ont conduit à m'inscrire en Licence Communication et Relation Internationale à l'institut CERCO ou je poursuis actuellement mes études cumulativement avec ma fonction.

Autobiographie de Herphi BOUYOMEKA

Accepter de faire l'historique du parcours d'un combattant, c'est accepter de revivre les moments forts du passé. Soulignons que se projeter avec précision dans un passé lointain revêt d'un esprit sensible. Cela implique aussi un esprit scientifique surtout quand on sait qu'il faut organiser ou regrouper les idées de façon chronologique et évolutive. Dans le cas d'espèce, certains détails pourront être oubliés mais les plus disponibles seront recensés.

D'une famille vivant au GABON, originaire du Sud du pays, de la province de la Ngounié, je suis né à Libreville, Capitale politique du GABON. Naissance qui a eu lieu le 05/11/1981 d'un père de profession, assistant hydrologue et d'une mère en stage à l'Office de Poste et Télécommunication (OPT) du pays.

On m'appelle Bouyomeka mikolo herphi H. précédé au départ, du coté paternel par quatre soeurs dont les deux premières respectivement appelées, Dilalou Geantiane et Mikolo Alida, sont conçues d'une autre alliance de mon père et les deux autres, Mikolo Landrisse et Mikolo Orchide, sont issues directement de mes deux parents. Et du coté de la mère par un ainé qui est le premier au monde de ma mère, Ngonda Eudes- Kevin. Ce dernier est à la fois notre grand frère et en même temps le premier petit fils de mes grand parents maternels. En réalité mes parents ne sont pas restés toute leur vie ensemble. Les disputes et toute autre altercation ont finit par les séparer, bien qu'étant mariés à la coutumière. Mais jusque là, ma position est toujours unique au point que l'on n'ait nullement pas signalé l'existence d'un deuxième fils pour mon père ; j'ai demeuré le seul garçon. Au vue de tout, il y a encore la famille, mes successeurs qui sont au nombre de cinq, issus d'une autre alliance. Je suis conçu dans une famille très élargie et nous manifestons toujours l'amour fraternel.

Après la maternelle, à six ans, j'avais été inscrit dans une école primaire, Ecole pilote urbaine du centre de Libreville où j'ai commencé à apprendre convenablement les vertus de l'alphabet et à m'adapter à un univers scolaire que l'on ne connait point au début. C'étaient les classes de CP1, CP2, CE1. Ce qui fait que vers les années 1990, je me suis retrouvé dans mon village, M'bigou, chef lieu de département de la Boumi Louétsi, pour continuer mes études. Les raisons qui justifient cette position sont liées aux problèmes de famille. J'ai du être emmené du domicile de mon père pour continuer les cours primaires aux cotés des grand parents maternels. Remarquons bien que ce récit ne relate pas trop les faits avec précisions des dates, vu que les faits ont été vécus un peu loin de ma personne et que pour le faire, cela nécessite que l'on soit proche des sources comme par exemple, les bulletins de notes des classes primaires et des premières classes secondaires. Mais cela ne dispense en rien que la suite retrace en bref mon retour du village pour Libreville après l'obtention de mon concours d'entré en sixième et l'obtention de mon certificat d'étude primaire(CEP) en 1994-1995.

Inscrit en sixième au lycée koweitien, surtout connu sous le sigle AKMA qui signifie, Agence Koweitien des Musulmans d'Afrique en 1996 à Libreville. Comprenons que jusque là, l'adaptabilité à un autre univers donne lieu souvent à l'envie de découvrir. Nous rencontrions des nouvelles personnes, des nouveaux amis que deux ans après, j'ai repris la classe de cinquième en 1998. J'avoue qu'il est important de suivre les élèves chaque fois qu'ils quittent les classes. Le plus souvent on se trouve libre de tout faire lorsqu'on est avec les amis. Cela a peut-être eu un lien avec mes échecs mais je porte toujours en moi la responsabilité de mes actes. Après mon passage en classe de quatrième dans le même lycée, en 1999-2000, j'ai eu de suite, mon passage en troisième. Une chose est sure c'est que je ne dirai pas que mon parcoure respectait le temps mais je franchissais quand même des étapes de succès. C'est pourquoi, je le qualifie de parcoure de combattant.

L'année 2002-2003 me trouve en classe de première. Mais malheureusement, j'apprends le décès de mon père en novembre 2002 de cette même année académique. Ces événements se passaient, j'étais sous tutelle de ma mère. Tout commence à devenir compliqué sur mon parcoure. La manière de concevoir un décès peut être à l'origine de plusieurs anomalies. Ce qui me plonge dans un regret total dû à la perte d'un être cher de ma vie qui a toujours voulu me voir parvenir à mes fins. Toute l'année était passée sans plus avoir fais un tour au cours que je suivais, cette fois au Lycée Djoué Dabany, à Libreville. Précisons que les années qui ont précédé l'année de l'obtention de mon baccalauréat en 2006-2007, au Lycée Mouammar Al-Kadhafi, à Libreville étaient des moments de ré adaptabilité. D'ailleurs sur le plan moral que sur le plan scolaire il fallait rattraper le retard occasionné dans les années antérieures.

Mais il est judicieux de vous rappeler que ces années antérieures ne sont pas restées en marge : superviser les travaux de construction des bâtiments de ma mère, une formation dans la radio Campus, Campus-infos de la place qui avait durée à peine un an, faisaient partir de certaines activités pour lesquelles je m'occupais.

La décision de poursuivre une formation supérieure au Benin est indispensable pour moi. C'est à ce effet que je m'inscris premièrement à l'Ecole Supérieure des Gestions et d'Informatique et de sciences (ESGIS), en communication d'entreprise (CE). Je n'oublierai pas de mentionner que l'adaptabilité est ce à quoi nous devons toujours tenir très fort. Je m'explique en disant que je suis titulaire d'un baccalauréat de série B, et les nouvelles matières de première classe universitaire me paraissaient un peu difficile à assimiler. C'est peut être normale mais, il avait fallu que je m'adapte.

Mais apprenons aussi que donner un sens à sa vie, lorsque les choses paraissent confuses, fait partir de chacun de nous. J'avoue tout de même que tout au long de ma formation, j'ai été toujours motivé par un esprit guidé vers la communication dans les affaires politiques que par la suite je m'inscris en Communication et Relations Internationales (CRI) à CERCO, en Janvier 2010.

Introduction Générale

Le pays, connu d'antan sous le nom du « paradis» économique  est en guerre. Avec une superficie de 322 462 km2 et d'une population estimée à 21 058 798 habitants en 2010, la Côte d'Ivoire est un pays de l'Afrique de l'Ouest. Il est limité au Nord par le Mali et le Burkina-Faso, au Sud par l'Océan Atlantique, à l'Est par le Ghana et à l'Ouest par le Libéria et la Guinée. Elle a pour capitale politique et administrative Yamoussoukro et pour capitale économique Abidjan avec pour langue officielle le français et pour monnaie, le franc CFA. Le pays fait partie de la CEDEAO.

Elle regorge de plusieurs langues nationales dont le dioula reste le dialecte commerçant le plus employé. Son économie, essentiellement axée sur la production de café et de cacao, connaît au cours des deux premières décennies un essor exceptionnel, faisant d'elle un pays phare dans la sous-région ouest-africaine. L'exportation de ces matières premières lui ont permis de se développer et aux citoyens d'avoir un bon niveau de vie. Ce « paradis » économique et social d'antan, dans une Afrique pauvre, attire de nombreux immigrants des pays voisins. C'est ainsi que, notamment, les Burkinabè et Guinéens furent nombreux à s'établir dans la zone forestière au sud du pays. D'abord comme ouvriers sur les chantiers forestiers, dans les usines et villes de la côte, dans les plantations industrielles et individuelles, ils sont devenus par la suite producteurs agricoles pour certains. Mais aujourd'hui, ce paradis n'en est plus un. Conflit, guerre, crise depuis le début des années 1990 en ont fait un cas d'étude pour les politologues et les polémologues.

En effet, les problèmes qui engendrent les conflits en Côte d'Ivoire partent des années 1993, après la mort de l'ancien Président Félix Houphouët-Boigny et la prise de pouvoir par Henri Konan Bédié qui instaure le concept de l'ivoirité pour écarter son principal rival Alassane Ouattara le 22 octobre 1995.

Après une mutinerie qui se transforme en coup d'état militaire le 24  décembre  1999, Henri Konan Bédié fut renversé par l'armée et le Général Robert Guéï placé au pouvoir jusqu'à la tenue de nouvelles élections. C'est dans ces conditions que le 23  juillet  2000, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum. Elle stipule que seul les ivoiriens nés de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine peuvent se présenter à une élection présidentielle. Ce qui fait qu'une vaste « campagne d'identification », destinée à définir la véritable citoyenneté des ivoiriens, est entamée. Après les élections du 22 octobre 2000, Laurent Gbagbo s'autoproclame président de la république ce qui déclenche d'importantes manifestations de la population et plonge le pays dans une crise sans précédent. Les questions politiques, sociales et surtout identitaires qui ont longtemps été au centre des préoccupations en Côte d'Ivoire sont soudainement passées au second plan sous l'effet de l'explosion de la contestation populaire, laquelle a mis au jour les problèmes nationaux urgents et longtemps négligés.

Le 19  septembre  2002 Une tentative de coup d'État a été enregistré et pendant ce putsch, diverses tentatives d'assassinat ont eu lieu contre des personnalités politiques : Alassane Ouattara et Moïse Lida Kouassi, Ministre de la Défense.

Eu égard à tout ce qui précède, comment expliquer la récurrence des crises en Côte d'Ivoire ces dix dernières années ? Quelles en ont été les conséquences ? Quelles stratégies peut-on mettre en oeuvre pour résoudre les différentes crises?

L'analyse de cette étude va porter principalement sur trois chapitres dont le premier débouchera sur les origines internes et externes des conflits sociopolitiques en Côte d'Ivoire. Le second traitera quant à lui, des conséquences des différends tout en mettant l'accent sur les domaines politico administratif et socio économique et le troisième les approches de solutions pour palier aux crises.

Chapitre I : Les origines des conflits sociopolitiques en Côte d'Ivoire

Depuis 1993 après la mort du « Père de la Nation ivoirienne », le président Félix Houphouët-Boigny, la guerre de succession fait ressurgir des tensions. Elles sont utilisées par les prétendants au pouvoir, à l'image du concept d'« ivoirité » mis au point par Henri Konan Bédié qui a profondément divisé les ivoiriens. Cette dérive nationaliste, confirmée par la législation sur le domaine foncier rural menée par le même homme, écarte les « non-ivoiriens » de l'accession à la propriété. A ces problèmes identitaires s'ajoute l'influence des acteurs extérieurs, à commencer par la France, puissance tutélaire de la Côte d'Ivoire, qui a adopté tout au long de la guerre civile une attitude ambiguë, très critiquée par l'ensemble des ivoiriens, de nombreux africains et d'autres acteurs internationaux.

La Côte d'Ivoire, longtemps reconnue pour sa stabilité sociopolitique et économique, traverse depuis quelques années l'une des crises les plus sévères de son histoire marquées par le coup d'Etat de décembre 1999, la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002 et le déclenchement de la rébellion armée qui s'en est suivie. Les causes de cette crise sont complexes et s'entrecroisent à la fois dans l'espace et dans le temps.

A cet effet, nous analyserons les causes endogènes et les causes exogènes des conflits en Côte d'Ivoire.

Section 1 : les causes endogènes des conflits Sociopolitique en Côte d'Ivoire

Il s'agit des dysfonctionnements de l'Etat ivoirien postcolonial, des luttes pour le pouvoir et des ambitions personnelles, des dérapages d'un processus démocratique mal maîtrisé, de la gestion irresponsable de la question nationale et du jeu des puissances régionales africaines.

Ce qui fait que l'euphorie et le vent d'espoir que l'indépendance a engendré ont été de courte durée. Le désenchantement a été total ; ainsi l'histoire récente de la Côte d'Ivoire est un long tissu d'apocalypses de famines, ponctués par des conflits sanglants qui dressent les ethnies, les populations les unes contre les autres.

La bipartition du pays s'opère. Les pauvres populations étonnées dans certaines villes, soupirent avec nostalgie après la "paix coloniale" et se demandent à quoi a servi l'indépendance. La situation est grave car depuis au moins deux décennies, les conflits et la misère tendent à devenir endémique.

Mais reconnaissons tout de suite que la recherche des causes des conflits en Côte d'Ivoire a débouché bien souvent sur des conclusions aberrantes. Ainsi l'explication la plus courante sur les causes des conflits pose pour principe que « l'Etat ivoirien multiethnique est fondamentalement conflictuel, la stabilité exige donc la transcendance du tribalisme par la modernité ».

En réalité les causes de ces conflits sont à chercher partout ; l'affrontement des ethnies est un effet, l'effet d'une politique. Elles sont essentiellement dues à la mal gouvernance et à l'injustice qui frappent certaines catégories de la société. Ces frustrations, ce déni de justice est à l'origine de la plupart de ces conflits en Côte d'Ivoire.

Pour faire l'analyse de ces causes sociopolitiques, il est indispensable de préciser les causes endogènes historiques et les causes endogènes immédiates.

Paragraphe 1 : Les causes endogènes historiques

Malgré tous les efforts déployés par les Organisations sous régionales, l'Union Africaine et la Communauté Internationale, l'Afrique reste le continent des conflits.

La caractéristique principale de ces conflits, c'est qu'ils sont intra-étatiques, donc confinés à l'intérieur d'un même Etat. Ils revêtent très souvent un caractère d'une rare violence avec des actes de sauvagerie et de génocide. Ceux de la Côte d'Ivoire peuvent s'analyser sur deux plans.

A. Sur le plan socio politique

La crise politico-militaire que connaît la Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002 est la résultante de nombreuses turpitudes politiques observées au lendemain du décès du premier Président de la Côte d'Ivoire indépendante, Félix Houphouët Boigny. Ces turpitudes sont davantage liées aux mésententes relatives à l'accession à la magistrature suprême. Il s'en suivra une instabilité marquée par une succession de coups d'Etat ou de tentatives de coups d'Etat.

L'imbroglio politique a été occasionné par la présence d'antagonisme entre un premier Ministre en la personne du Docteur Alassane Dramane Ouattara et un Président de l'Assemblée Nationale, Henri Konan Bédié ; tous deux se sont sentis avec leurs hommes, successeurs de feu Félix Houphouët Boigny bien que la constitution en son article 11 ait prévu que le Président de l'Assemblée Nationale soit le successeur constitutionnel.

Dès lors, la vie politique se cristallisera en une opposition entre Bédié et Alassane Ouattara autour du concept « d'ivoirité » forgé par Bédié pour éliminer politiquement son rival Alassane Ouattara, présenté alors comme d'origine burkinabè. Au mois de décembre 1999, la polémique atteindra son paroxysme et suscitera des troubles communautaires entraînant le départ de nombreux ressortissants (Mali, Burkina et Niger en particulier) de la sous région.

Depuis ce moment, la Côte d'Ivoire, havre de paix, connaîtra les périodes troubles de sa jeune histoire, avec un coup d'Etat le 26 décembre 1999 et plusieurs tentatives de déstabilisation des différents régimes qui suivront.

Si on analyse les causes de ces conflits il y a toujours un problème de gouvernance, de dénégation des droits humains et sociaux les plus élémentaires. Rappelons brièvement qu'en décembre 1999 une délégation de l'armée ivoirienne est reçue par le Président Bédié et congédiée sans ménagement.

De retour dans leurs casernes, ils décident de prendre le pouvoir et d'installer le Général Guei à la tête de l'Etat. Mais avant cela le pays connaissait une situation tendue. La Côte d'Ivoire arrive à surmonter cette crise et organise des élections qui portent Laurent Gbagbo au pouvoir. Deux ans après, en 2002, on apprend que des forces armées venues du Nord avancent vers Abidjan. N'eut été l'intervention des troupes françaises, ces forces opposées au pouvoir légitime allaient réussir un coup d'Etat.

La médiation engagée par la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) réussit à imposer un cesser le feu que le président Gbagbo s'empresse de signer car, selon son propre aveu, les forces loyalistes n'avaient qu'une puissance de résistance de quelques heures faute de munitions et d'armement adéquats. Commence alors une série de médiations menées par le Sénégal, alors Président en exercice de la CEDEAO, puis le Président Eyadema, disparu, relayé par le Président John Kuofor du Ghana, remplacé par le Président Tabo Mbéki de l'Afrique du Sud. Tout ceci, jusqu'à présent sans résultats probants. Pourtant tous les éléments de la vie politique et sociale ivoirienne s'étaient mis d'accord à Linas Marcoussis en France sur un cadre de règlement de la crise. Pourquoi alors se trouve-t-on dans une situation de blocage ? En écoutant les propos des différents protagonistes, on peut deviner les causes de ce blocage. D'abord les propos du Président Gbagbo.

Les événements de 2002 ont trouvé le Président Gbagbo en visite officielle en Italie. De retour au pays, au lieu de lancer un rappel à l'union et au calme il déclare : « je suis venu prendre part à la bataille ». Quand les représentants des partis et de la société civile ont signé l'accord de Marcoussis, le Président Gbagbo, prié de donner son opinion déclare : « Que voulez-vous, je n'ai pas gagné la guerre ».

Dans une autre déclaration il affirme sa volonté de doter l'armée ivoirienne des moyens d'écraser la rébellion et de faire de la Côte d'Ivoire une puissance militaire régionale.

Les propos de Guillaume Soro ne sont pas plus pacifiques. Son ambition, maintes fois réitérée est de renverser Gbagbo. Pour lui, l'obstacle à la paix c'est le Président ivoirien. Tout son comportement est un défi à l'autorité du Président Gbagbo.

Les autres formations politiques se rangent dans l'un ou l'autre camp ; écraser la rébellion pour le Front Populaire Ivoirien (FPI), faire partir Gbagbo pour l'autre.

Le cessez le feu tient toujours. A part l'erreur monumentale de bombarder les positions françaises par l'aviation ivoirienne avec les conséquences que l'on sait, les textes de base dont Marcoussis avait demandé la révision sont en train d'être votés. Donc le Président Gbagbo a raison quand il dit qu'il applique la feuille de route. Mais selon le Ministre Adjoint Sud-Africain des Affaires Etrangères, le problème de la Côte d'Ivoire, c'est qu'en Afrique, plus personne ne croit Gbagbo.

En vérité, il ne peut pas y avoir d'accord s'il n'y a pas un minimum de confiance entre protagonistes. Il ne peut y avoir non plus d'accord si les coeurs ne sont pas apaisés et disposés à rechercher un compromis.

B. Sur le plans socio économique et culturel

La Côte d'Ivoire a développé depuis son indépendance une agriculture qui a longtemps constitué l'un des piliers fondamentaux de son économie. Ce qui a été possible grâce à une politique menée par le Président Félix Houphouët-Boigny. Selon lui, la terre appartient à celui qui la met en valeur.

Cependant, cette citation crée un flou juridique concernant l'usufruit des terres. En effet, tantôt l'Etat, à travers le décret du 20 mai 1955 et le décret de 1971 reconnaît les droits coutumiers, tantôt il s'arroge le droit de s'approprier et de gérer toutes les terres à travers la loi de 1962 et la loi de 1964.

Le discours de Félix Houphouët-Boigny du 30 octobre 1970 soulignera ces lois antérieures sur la propriété des terres. Il pensait que telle était la meilleure manière de garantir l'accès à tous ceux qui peuvent mettre la terre en valeur quelle que soit leur nationalité. Une décision qui réconfortera les ressortissants des pays limitrophes (Mali, Burkina en particulier) ainsi que ceux de la partie septentrionale de la Côte d'Ivoire, venus s'installer nombreux dans les zones forestières, à la recherche d'un mieux-être. De ce fait, de nombreux hectares de forêt furent investis par ceux-ci dans l'optique de les mettre en valeur.

Cependant, avec la crise économique des années 1980, l'on a assisté à un chômage grandissant, à une inflation du coût de la vie alors que les salaires sont restés stables. Il s'est posé un problème d'insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés, ce qui incitera l'Etat à initier une politique de retour des jeunes à la terre. Ce retour ne s'est pas fait sans heurts.

En effet, la majeure partie des terres avait été occupée par des ressortissants étrangers et des allochtones ; ce qui va entraîner divers conflits entre les propriétaires des plantations étrangères et les autochtones et entre ceux-ci et les allochtones. Eu égard aux nombreux conflits émanant de cette confusion liée à l'appartenance de la terre, l'Etat a opté pour une réforme de la loi foncière en vigueur, en vue de protéger les populations contre les risques et les opportunismes.

Dès lors une sécurisation foncière a été envisagée dans l'objectif de prendre en compte les pratiques coutumières réelles, qui clarifieraient les droits existants, pour ensuite les traduire dans un langage juridique. C'est en cela que la Côte d'Ivoire a initié un plan foncier rural à la fin des années 80.

Quand en 2000 le FPI accède au pouvoir, il n'hésite pas à préciser le nouveau contexte foncier en indiquant que désormais : « la terre appartient à son propriétaire et non à celui qui la met en valeur » comme l'avait signifié Félix Houphouët Boigny. Cette décision permet ainsi aux propriétaires terriens d'affirmer leur autochtonie et leurs droits. Ils l'interprètent comme un outil juridique permettant de chasser de leurs terres, les non-ivoiriens en général et les Burkinabè en particulier. Petit à petit, la « guerre foncière» est aussi orientée contre les non nationaux et d'autres ivoiriens non ressortissants du village dont ils exploitent les terres. Tous ceux qui vivent sur les terres des autochtones sont assimilés à des étrangers, même les allochtones (Baoulé, Malinké, Sénoufo, Abron, Koulango, etc.). Ils considèrent que les allochtones, bien qu'étant ivoiriens disposent d'un terroir dans leur milieu d'origine, alors, de leur point de vue, allochtones et non ivoiriens = étrangers. Ainsi, le problème foncier constituera l'un des foyers de tension entre les ivoiriens d'une part et les étrangers d'autre part.

Paragraphe 2 : Les causes immédiates

Nous nous intéresserons dans ce paragraphe aux raisons qui pourront préciser les sources internes des conflits. Pour ce faire, il nous sera nécessaire de structurer cette analyse sur deux plans.

A- Sur le plan sociopolitique

Au plus fort de la crise économique qu'a connue la Côte d'Ivoire à la fin de la décennie 1980, Houphouët-Boigny fit appel à Alassane Dramane Ouattara en 1990, fonctionnaire international peu connu dans son pays. Après la mort du « Vieux » en décembre 1993, Alassane Ouattara et ses hommes contestent au président de l'Assemblée Nationale Henri Konan Bédié, héritier prévu par la Constitution, l'accession automatique à la magistrature suprême. Malgré cette opposition, ce dernier viendra s'autoproclamer à la télévision nationale, Président de la République de Côte d'Ivoire. Dès lors, l'ancien premier Ministre rejoint une formation politique transfuge du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).

Dans le souci de se maintenir au pouvoir, le président Henri Konan Bédié crée le concept d'«ivoirité », qui n'aura de sens que celui voulu par son concepteur ou son utilisateur. Tantôt il désignait sur le plan culturel ce qui est propre à l'ivoirien ou qui détermine la marque identitaire d'ivoirien, tantôt il désignait un système socio- économique appartenant aux seuls ivoiriens de naissance, des ivoiriens de souche multiséculaire (qui ont leurs deux parents biologiques ivoiriens ainsi que leurs grands- parents eux-mêmes ivoiriens de naissance). Dans la pratique, ce concept a contribué à créer un sentiment de dédain vis-à-vis de l'autre, de celui qui n'était pas ivoirien ou chez des personnes ivoiriennes dont les patronymes avaient une consonance nordiste dont on retrouvait les mêmes appellations dans les autres pays de la sous-région.

Sur le plan politique il est utilisé comme arme par les tenants du pouvoir pour écarter des adversaires politiques et rejeter tous ceux qui critiquaient le pouvoir ou qui s'étaient érigés contre leur système de gouvernance au nombre desquels Alassane Ouattara, Djény Kobenan, Amadou Kourouma. De même, la nationalité des ressortissants de la partie septentrionale du pays sera remise en cause. Toute chose qui contribuera à instaurer un climat délétère. C'est dans ce contexte, que le 24 décembre 1999, le Général Robert Gueï, appuyé par l'armée, destituera le président ivoirien Henri Konan Bédié. A partir de cette date, la Côte d'Ivoire prit un rendez-vous avec l'instabilité politique. Sous la transition militaire, le concept d'ivoirité qui avait cours refait surface.

Ainsi, pendant les élections d'octobre 2000, tous les potentiels candidats des partis à forte obédience tels le PDCI et le RDR seront systématiquement rejetés par la cour suprême dirigée par Tia Koné. C'est donc seul que Laurent Gbagbo affrontera le général putschiste lors de ces élections présidentielles. A l'issue de ce scrutin, le Général Gueï s'autoproclame à la télévision nationale Président de la République, décision que contestera Laurent Gbagbo, en appelant ses militants à sortir massivement dans la rue pour faire échec à ce qu'il a appelé « un hold hup électoral ». Il fut finalement proclamé et investi Président le 26 octobre 2000.

Contestée à son tour par les militants d'Alassane Ouattara, pour la plupart originaires de la partie septentrionale du pays, cette élection donnera lieu à des affrontements entre adversaires politiques. Les « nordistes » sont l'objet d'une sanglante répression de la part des forces de l'ordre sur indication des sympathisants du FPI. Au cours de son mandat, Laurent Gbagbo reprend à son compte le concept d'« ivoirité » qui avait jusque-là envenimé la situation sociopolitique du pays. Ainsi de nombreux ressortissants du nord seront privés de leur droit civique. Certains verront leur carte d'identité confisquée par les forces de l'ordre pour nationalité douteuse, tandis que d'autres se verront refuser le certificat de nationalité. Cette situation a engendré au sein de la population nordiste des sentiments de frustration, de rejet tendant à faire d'eux des apatrides. Et, l'argument de l'exclusion et de la xénophobie est tout trouvé sous le vocable « assaillants venus du nord», lorsque le 19 septembre 2002, une tentative de coup d'Etat fut perpétrée et finira par devenir une rébellion avec pour base Bouaké. Celle-ci va se transformer en un conflit international pour impliquer de nombreuses nations.

La crise de légitimité à la tête de l'État est née du non-respect dans la proclamation des résultats des règles légales et des institutions républicaines de la Côte d'Ivoire par les partisans d'Alassane Ouattara et ses appuis extérieurs.

En effet, le 2 décembre 2010, les résultats provisoires, favorables à Alassane Ouattara (54,1 %), ont été annoncés, hors délai, par le seul président de la Commission Electorale Indépendante (CEI), que n'accompagnait aucun des commissaires, à l'Hôtel du Golf, devenu le siège du concurrent de Gbagbo, et non au siège de la CEI. Au lendemain du 3 décembre, conformément à la loi électorale, le Conseil Constitutionnel, seule juridiction habilitée à le faire, a proclamé les résultats définitifs, accordant la victoire au Président sortant Laurent Gbagbo, avec 51,45 % des suffrages.

Monsieur Choi, représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU dans ce pays, à peine annoncés les résultats du Conseil Constitutionnel, a décidé de valider les résultats de la CEI, se prévalant de son rôle de certificateur qui en aucune façon ne le plaçait au-dessus des institutions ivoiriennes. Pourtant, les résultats provisoires choisis par Monsieur Choi avalisent une fraude caractérisée.

En effet, sur les 20073 procès-verbaux de bureaux de vote, 1001 comportaient un nombre de votants supérieur au nombre d'inscrits, 807 comportaient plus de suffrages exprimés que d'inscrits, 1231 étaient dépourvus du sticker certifiant la validité du procès-verbal. Ces 3039 bureaux représentent 1 337 572 inscrits et 583 334 votants. Faut-il ajouter que, dans 1533 bureaux représentant 582 248 inscrits et 223 162 votants, le Président sortant Laurent Gbagbo a obtenu 3 ou moins de 3 voix. Les procès-verbaux douteux provenaient, pour l'essentiel, des cinq régions du nord du pays où le Conseil Constitutionnel a annulé les résultats de 7 départements dans trois régions du nord (Vallée du Bandama, les Savanes et Worodougou) où des recours, portant sur 600 000 voix environ, avaient été déposés par la majorité présidentielle.

A signaler que, faute de recours, le Conseil Constitutionnel a validé les surprenants résultats de la région du Denguélé où Alassane Ouattara l'emporte avec 97,85 % des suffrages, soit 70 357 voix, contre 2,15 % à Laurent Gbagbo, soit 1151 voix.

Le scrutin a été entièrement faussé dans les cinq régions du nord représentant 17 % de l'électorat national, en raison de la sortie des forces armées des Forces Nouvelles, ancienne rébellion qui n'avait pas été désarmée comme l'imposait pourtant l'Accord de Ouagadougou. Cette pression militaire, écartant les représentants de la LMP des bureaux de vote afin d'y organiser une fraude massive et pourchassant les éventuels électeurs favorables à Laurent Gbagbo, enlève toute crédibilité au scrutin dans cette partie du pays.

A noter que, dans les quatorze régions du reste du pays, représentant 83 % des inscrits, le candidat Ouattara n'a déposé aucun recours. Laurent Gbagbo y obtient 2 031 294 voix (53,86 %) contre 1739 945 (46,13 %) pour son adversaire.

Ainsi, il incombait au Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies de veiller au strict respect du verdict des urnes. Malgré l'unanimité apparente des différentes parties, la certification faite par le Représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU en Côte d'Ivoire, après la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle par la CEI et le Conseil Constitutionnel, sera remise en cause par le camp Gbagbo qui a accusé l'ONU d'être partiale. Et c'est le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara qui sera à l'origine de la crise postélectorale ivoirienne.

B- Sur le plans socio économique et culturel

La crise économique et le phénomène d'appauvrissement des populations constituent l'une des causes principales de l'instabilité en Côte d'Ivoire. Depuis l'indépendance en 1960 jusqu'au gouvernement d'Henry Konan Bédié en 1993, le café et le cacao constituent la base sociale et politique du parti au pouvoir (PDCI-RDA) qui a crée une « bourgeoisie de planteurs ».

La production générale des principaux produits a chuté en 1999 alors que les prix ont diminué depuis 1997 pour le coton, l'huile d'arachide et de palme, le sucre aussi bien que pour le cacao et le café. Les exportations du café ont diminué fortement. Ces difficultés économiques ont coïncidé avec la libéralisation de l'économie ivoirienne. Ce qui a provoqué une conjoncture sociale et économique particulièrement défavorable. La réforme de la caisse de stabilisation de soutien des prix de produits agricoles (CAISTAB) réalisée en 1999 et la libéralisation de la filière cacao ont provoqué le mécontentement des exportateurs car l'état ne pouvait plus apporter son soutien à ces derniers. La stabilisation des prix de cacao et la garantie des ventes anticipées par la Caistab avaient cessé dès août 1999.

La libéralisation des prix a emmené la concurrence parmi les producteurs et la fluctuation des cours s'est directement répercutée sur eux. En plus de ce facteur, l'Union Européenne a aussi autorisé l'utilisation d'autres matières que le cacao (le beurre de karité) dans la fabrication du chocolat à hauteur de 5%. C'est pourquoi les producteurs ivoiriens ont vendu le cacao à des prix historiquement bas en 1999. Cette situation économique a fini par des mouvements de grève, de blocage de la commercialisation du cacao et de la destruction de milliers de tonnes de cacao.

Ces mouvements de grève se sont étendus sur les autres producteurs locaux de coton (à cause de la fixation du prix du coton après la libéralisation de la filière en 1998) et de palmier à huile (contre des prix trop bas). Même les dockers du port d'Abidjan ont protesté contre la baisse de leurs salaires. Par ailleurs, l'augmentation des prix de certains produits de première nécessité comme le carburant répercutée sur les tarifs des transports en commun a provoqué la diminution du pouvoir d'achat de la population.

Le stimulateur de ces problèmes est lié au comportement d'Henry Konan Bédié dans la gestion des affaires publiques du pays qui a entraîné le gèle des financements en 1999 par les institutions de Bretton Woods. Ce qui se résume par :

· l'indifférence notoire du régime d'Henry Konan Bédié « aux évolutions du contexte international » ;

· la diminution de l'Aide Publique au Développement (ADP) par les bailleurs de fonds ;

· L'émergence de thèmes comme la « bonne gouvernance et la responsabilité » et leur ignorance par le régime de Bédié ;

· l'étendue de la fraude fiscale, l'absence de sanctions des individus convaincus de détournements, de substantielles dépenses ou de budget, ainsi que des dépenses non ordonnées.

Bref, en somme,  l'inertie du régime sur la lutte contre la pauvreté et l'inefficacité des dépenses publiques dans les secteurs sociaux  constituent parmi tant d'autres, les facteurs de déstabilisation du pouvoir de Bédié. Pour atteindre leurs objectifs politiques, certains politiciens ont utilisé la crise économique, le problème du foncier et celui des étrangers pour créer des sentiments de xénophobie au sein de la population forestière de la Côte d'Ivoire. C'est donc sur cette base qu'après la mort de Félix Houphouët Boigny en 1993 que la notion de l'« Ivoirité » fut politiquement exploitée par Bédié et ses partisans pour écarter son principal concurrent et premier Ministre Alassane Dramane Ouattara.

Section 2 : les causes exogènes des conflits sociopolitiques

L'une des origines du conflit en Côte d'Ivoire réside dans l'ingérence des acteurs étrangers dans la politique ivoirienne et la forte croissance de sa population, en grande partie due à l'immigration d'étrangers attirés par le « miracle » économique ivoirien. Les déclarations politiques des chefs d'Etats de la sous-région sont arrivées très vite après l'explosion de la crise. De manière générale, toutes les prises de positions officielles expriment le soutien des chefs d'Etats envers le pouvoir institutionnel ivoirien et condamnent la prise des armes à des fins politiques

Paragraphe 1 : les causes exogènes historiques

A- Les acteurs étrangers

La crise en cours met en scène plusieurs acteurs, dont les principaux sont les rebelles réunis au sein du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) et le Gouvernement ivoirien. Viennent ensuite le Burkina Faso, soupçonné du côté d'Abidjan de soutenir les rebelles et la France, dont certains qualifient la position d'ambiguë.

1. Le Burkina Faso

Les ressortissants burkinabés en Côte d' Ivoire sont de l'ordre d'un peu moins de trois millions dont environ 48% y sont nés, de parents immigrés. Les conditions d'acquisition de la nationalité ivoirienne sont si restrictives que très peu d'immigrés burkinabés ou leurs descendants ont pu acquérir la nationalité ivoirienne. Pour beaucoup d'entre eux, la nationalité ivoirienne est un droit qu'ils n'hésitent pas à revendiquer. Toute leur histoire, leur vie, leur patrimoine culturel ou économique se trouvent en Côte d'Ivoire. Ils n'ont plus de lien avec le Burkina Faso, qui ne reste que la terre d'origine de leurs ancêtres. Depuis 1999, cette population est au centre des convulsions politiques ivoiriennes. D'abord sous Konan Bédié, les soupçons de nationalité burkinabé que ce dernier faisait peser sur son adversaire politique Alassane Dramane Ouattara ont été l'occasion de mettre la communauté burkinabé dans le collimateur du pouvoir et d'une population fortement conditionnée. Un incident entre paysans dans le Sud-ouest offre le prétexte à « l'expulsion » de près de 12.000 Burkinabé. Le Burkina Faso est mis à l'index chaque fois qu'une crise sociale ou politique éclate en Côte d'Ivoire, le Président burkinabé Blaise Compaoré étant accusé de tout mettre en oeuvre afin de donner le pouvoir à son « compatriote » Alassane Dramane Ouattara.

Le Gouvernement ivoirien, dans la crise en cours, reproche au Burkina d'offrir de base arrière aux rebelles. Le Burkina pour montrer sa bonne foi, a non seulement déclaré avoir fermé ses frontières dès le déclenchement de la crise, mais a également admis avoir accordé refuge à des déserteurs de l'armée ivoirienne et ce pour des raisons humanitaires. « Ils ont quitté depuis lors le Burkina qui n'a plus aucun contrôle sur eux », ont avancé les autorités burkinabés.

2. La France

La France est liée à la Côte d'Ivoire par un accord de coopération militaire. Elle dispose dans la capitale ivoirienne d'une base militaire forte d'environ 600 hommes. L'armée française a vocation à intervenir en Côte d'Ivoire en cas d'agression extérieure. Dans la crise en cours, en plus de l'aide logistique à l'armée régulière, les soldats français assurent la surveillance du cessez-le-feu obtenu des rebelles par les négociateurs de la CEDEAO.

Cette contribution est loin de satisfaire les tenants du pouvoir. Le SYNARES, à travers une lettre ouverte adressée au Chef de l'Etat français s'est fait l'écho de cette préoccupation. La France est soupçonnée d'avoir laissé faire et de faire ainsi le jeu des rebelles en s'opposant à l'option militariste affichée dès les premières heures par le pouvoir en vue de mater la rébellion. Elle a imposé une solution négociée, attitude que le SYNARES ne s'explique pas : « Nous avons du mal à comprendre que la France, qui a mené une lutte acharnée contre les indépendantistes corses ou calédoniens... qui refuse toute idée d'amnistie pour les assassins du Préfet Erignac assassiné en Corse, insiste pour que la Côte d'Ivoire signe un accord avec les terroristes » s'indigne-t-il dans la lettre ouverte. L'indignation semble également de mise de l'autre côté de la ligne de front. La force tampon établie par l'armée française entre les forces gouvernementales et la rébellion a certainement eu le mérite d'éviter une extension du conflit à l'ensemble du territoire, en empêchant une avancée des rebelles.

De ce fait, chez les populations acquises à la cause des rebelles, la France et son armée sont prises à partie. Des slogans anti-français se sont fait entendre : « armée française dehors ! », « Français vous nous empêchez de faire tomber le pouvoir de Gbagbo ». La prise à partie de la France par les belligérants traduit ce que d'aucuns ont qualifié d'ambigu dans sa position. Du point de vue de Epiphane Zoro (journaliste), la France a affiché une attitude attentiste commandée par le « ni indifférence ni ingérence » de sa nouvelle politique africaine. Par une sorte de pragmatisme, elle privilégie le maintien de l'ordre, la sécurité de ses ressortissants et la préservation de quelques intérêts financiers dans le pré-carré, au détriment d'un engagement positif en faveur des principes démocratiques dont le caractère universel n'est plus contesté. Est-ce ce que Stephen Smith a qualifié « d'indolence postcoloniale » ? Une attitude qui, loin du discours de la Baule sur la démocratisation, consiste à s'accommoder de n'importe quel pouvoir, pourvu que l'ordre règne et que les intérêts soient saufs. La France a pris le relais de la CEDEAO en organisant du 15 au 24 janvier 2003 sur son territoire à Marcoussis une table ronde sur la crise. L'impact d'une telle rencontre sur le rétablissement de la paix risque d'être bien insignifiant au regard des réactions hostiles enregistrées depuis la signature des accords.

B- L'immigration

Depuis l'époque coloniale, des mouvements migratoires, spontanés ou organisés, se sont dirigés vers les zones de « mise en valeur » produisant des cultures de rente. Les migrants négociaient leur installation auprès des autochtones ou étaient installés sous la pression de l'Etat, ou dans des zones spécialement aménagées. Les anciens fronts pionniers, qui ont connu il y a une ou deux générations des arrivées massives de migrants et une saturation rapide des terroirs, connaissent aujourd'hui des tensions foncières. Voyant les terroirs saturés, les jeunes autochtones veulent remettre en cause les accords par lesquels leurs parents ont accordé la terre aux migrants, dans des logiques « d'installation » sans limitation de durée. Ils poussent à retirer la terre aux migrants, pour leur propre usage, ou bien pour reconstituer le patrimoine foncier et tirer une rente des migrants en leur louant la terre. C'est un des ressorts locaux de la crise en Côte d'Ivoire et un facteur de tensions dans l'ouest cotonnier du Burkina Faso. Comment négocier de nouvelles règles du jeu dans ce contexte, qui soient autant que possible « gagnant-gagnant » et qui ne se fondent, en tous cas, pas sur la force et sur des logiques d'exclusion de l'autre ? De nouveaux mouvements migratoires se dessinent dans de nouveaux fronts pionniers, où la compétition pour le contrôle de la terre, les pressions à la vente, les tentatives des autochtones pour contrôler les installations, suscitent aussi de fortes tensions. Comment réguler l'accès à la terre dans ces espaces ? Il existe plusieurs facteurs de diversité : les milieux naturels, les densités de population, les modes d'exploitation du milieu, les modes locaux de contrôle de la terre et des ressources, les politiques foncières et de gestion des ressources naturelles, l'existence ou non d'aménagements hydro-agricoles, l'influence des acteurs urbains ou des entrepreneurs agricoles, les politiques de décentralisation administrative, etc.

Paragraphe 2 : les causes externes immédiates

Les causes externes politiques, socioéconomiques et culturel marquent sur certains points les raisons conflictuelles de la Côte d'Ivoire. La présence d'une force vive quelconque ou d'une organisation sous régionale peut donner les faits inattendus.

A- Au point de vue politique

Les données dont les treize experts et le panel des cinq chefs d'Etat mandatés par l'Union Africaine ont pris connaissance lors de leur passage à Abidjan, ont sans doute suscité des divisions au sein du panel réuni auparavant à Nouakchot, le 20 février 2011 et le départ précipité pour Ouagadougou de l'ancien médiateur, le Président burkinabé Blaise Compaoré, qui a choisi de ne pas se rendre en Côte d'Ivoire le 21 février, a révélé de réels désaccords.

Le président sud africain Jacob Zuma et sa ministre des Affaires Etrangères Maité Nkoana Mashabane ont publiquement pris leurs distances par rapport aux positions rabâchées par le camp occidental depuis le 3 décembre 2010.

En effet, quelques heures à peine après la décision arbitraire de Monsieur Choi, bafouant le Conseil Constitutionnel de Côte d'Ivoire, le Président des Etats-Unis, Barack Obama et celui de la France, Nicolas Sarkozy, ont reconnu Alassane Ouattara comme président élu, avalisant précipitamment des résultats frauduleux. Dans son discours aux africains prononcé au Ghana le 12 juillet 2009, le Président américain avait pourtant affirmé que « l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions ...» Mais, quand les Etats-Unis et la France veulent imposer un homme, en l'occurrence Alassane Ouattara, que pèsent les institutions d'un Etat souverain et l'article 2 de la Charte de l'ONU reconnaissant le principe de la souveraineté de ses membres? 

Par leur prise de position immédiate dès les 3 et 4 décembre 2010, pratique bien inhabituelle par rapport à un scrutin organisé dans un pays d'Afrique, les Etats-Unis et la France, entraînant l'Union Européenne, ont pesé de tout leur poids sur la diplomatie africaine. C'est en fait la France qui a orchestré la partition européenne et celle de l'ONU, comme elle l'a fait depuis janvier 2003 avec la Conférence Internationale sur la Côte d'Ivoire tenue à Paris, les 25 et 26 janvier 2003, au Centre de Conférences International de l'avenue Kléber. 

Un véritable bras de fer s'est engagé entre l'ONU et le président Gbagbo. Dès la décision arbitraire prise le 3 décembre par le représentant du Secrétaire Général de l'ONU, Young-jin Choi, intervenant en visioconférence devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, la France a préparé tous les communiqués ou déclarations à la presse du Conseil. C'était le cas, le 8 et en particulier le 16 décembre, jour des manifestations à hauts risques appelées par Guillaume Soro et les partisans d'Alassane Ouattara pour investir la Radio diffusion Télévision Ivoirienne (RTI) et le Palais présidentiel.

Au regard du comportement des forces de l'ONUCI, ce jour-là ouvertement alliées aux éléments armés des Forces Nouvelles stationnés à l'Hôtel du Golf avec Alassane Ouattara et au regard de l'ultimatum du président Sarkozy, le 17, l'enjoignant de quitter le pouvoir dans les 48 heures, le président Gbagbo a demandé le départ de la mission onusienne ainsi que celui de la force française Licorne le 18 décembre.

Le 20 décembre, après audition du Secrétaire Général Adjoint aux opérations de maintien de la paix, le Français Alain Le Roy, le Conseil de Sécurité a adopté la résolution 1962 prorogeant de six mois le mandat de l'ONUCI. Dès le 21 décembre, malgré les réticences de la Russie, l'ONU a reconnu l'ambassadeur Youssouf Bamba nommé par Alassane Ouattara, Alcide Djédjé qui occupait ce poste étant Ministre des Affaires Etrangères dans le nouveau gouvernement ivoirien.  Les réserves de la Russie étant levées, l'ONU, par sa résolution 1967, a autorisé le 19 janvier 2011, le déploiement de 2000 militaires supplémentaires dans le cadre des forces de l'ONUCI jusqu'au 30 juin 2011 et elle a prolongé le déploiement des trois compagnies d'infanterie et d'une unité aérienne de la MINUL venue du Libéria en fin de période électorale pour renforcer l'ONUCI. La résolution 1968 du 16 février a prorogé de trois mois ce déploiement de la MINUL (trois bataillons et cinq hélicoptères, dont trois MI 24 de combat). Une nouvelle déclaration à la presse a été faite le 3 mars, après audition d'Alain Le Roy, stigmatisant l'escalade de la violence sans mentionner parmi les fauteurs de troubles l'ancien chef de la rébellion, Guillaume Soro, bras droit d'Alassane Ouattara qui avait appelé les populations d'Abidjan à la «révolution du 21 février » se référant aux mouvements démocratiques bouleversant le monde arabe !  

Au lendemain de l'investiture du Président Gbagbo, le 4 décembre 2010, par le Conseil Constitutionnel, tandis qu'Alassane Ouattara prêtait serment par lettre à une juridiction anonyme, l'Union Africaine a mandaté l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki pour une médiation à Abidjan les 5 et 6 décembre. Avant même que n'en soient donnés les résultats, un premier sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la CEDEAO sur la Côte d'Ivoire s'est réuni à Abuja, le 7 décembre et a reconnu Alassane Ouattara comme président.

Pour enfoncer le clou, le vendredi 17 décembre, le président français Nicolas Sarkozy, à l'issue du sommet de l'Union Européenne, a lancé, depuis Bruxelles, comme nous l'avons déjà mentionné, un ultimatum au président Gbagbo l'enjoignant de quitter le pouvoir avant le dimanche soir 19 décembre.

Un deuxième sommet de la CEDEAO, toujours réuni à Abuja, le 24 décembre, a accentué la pression. Reconnaissant Alassane Ouattara président légitime de la Côte d'Ivoire, il demandait à Laurent Gbagbo de transmettre pacifiquement le pouvoir. Il soutenait les sanctions prises par les institutions régionales et la communauté internationale et décidait d'envoyer une délégation de haut niveau en Côte d'Ivoire comme dernier geste à l'endroit de Laurent Gbagbo pour l'exhorter à une sortie pacifique du pouvoir. En cas de refus de sa part, la CEDEAO prendrait toutes mesures nécessaires, y compris «le recours à la force légitime» pour le contraindre à se retirer. Dans cette perspective, instruction avait été donnée au président de la Commission de la CEDEAO, le Ghanéen James Victor Gbeho, de convoquer une réunion des chefs d'Etat-major de la CEDEAO pour planifier les actions futures. Cette réunion, organisée le 17 janvier 2011 à Bamako, a traité des affaires courantes, mais n'a pas véritablement abordé la situation ivoirienne, l'option militaire chère au Nigeria, au Burkina Faso et au Sénégal n'ayant visiblement pas l'assentiment des autres membres de l'organisation régionale.

Entre-temps, composée des présidents du Cap Vert, Pedro Pires, de la Sierra Leone, Ernest Baï Koroma et du Bénin, Yayi Boni, la délégation de la CEDEAO s'est rendue à deux reprises à Abidjan, les 28 décembre 2010 et 3 janvier 2011, épaulée, lors de la seconde visite, par le Premier ministre kényan Raïla Odinga qui s'était illustré, le 16 décembre, par un appel à «déloger» par la force militaire le président Gbagbo. Cette médiation de la CEDEAO, traversée par de premières dissensions sur les options politique et militaire proposées, a échoué.

L'Union Africaine, à partir de son Conseil de paix et de sécurité, a repris le relais en mandatant, sans plus de succès, Raïla Odinga qui s'est rendu à Abidjan, le 17 janvier. Après l'échec de cette tentative, les chefs d'Etat de l'Union africaine, lors de leur sommet du 31 janvier, en présence de Nicolas Sarkozy, étrangement invité au titre de président du G 20, ont décidé d'envoyer des experts chargés de préparer la venue d'une délégation de haut niveau regroupant, sous la présidence du Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, cinq chefs d`Etat issus de l'ensemble du continent, à savoir le Sud africain Jacob Zuma pour l'Afrique australe, le Tanzanien Jakaya Kikwete pour l'Afrique orientale, le Tchadien Idriss Déby pour l'Afrique centrale et le Burkinabé Blaise Compaoré pour l'Afrique de l'Ouest. Les cinq chefs d'Etat avaient un mois pour proposer des mesures contraignantes permettant au pays de sortir de l'impasse.  Après leur passage, du 7 au 11 février à Abidjan, les experts ont remis leurs propositions au panel des cinq chefs d'Etat qui se sont rendus à Abidjan du 21 au 23 février pour y rencontrer Gbagbo au Palais présidentiel, Ouattara à l'Hôtel du Golf, Youn-jin Choi à la tête de l'ONUCI et le Conseil Constitutionnel à l'Hôtel Pullman.

Aucune proposition n'a filtré jusqu'à leur réunion en Mauritanie, le 4 mars, à Nouakchott, après la visite officielle du président sud africain Jacob Zuma à Paris, les 2 et 3 mars, où la question ivoirienne a été à l'ordre du jour des échanges avec Nicolas Sarkozy qui a tout fait pour infléchir les positions de son hôte. Toutefois, le panel s'est donné un mois supplémentaire pour achever sa mission et le 5 mars, le Gabonais Jean Ping, président de la Commission de l'UA, a été reçu à Abidjan porteur d'un message adressé au président Gbagbo et à Ouattara. Il a été proposé à ces derniers, ainsi qu'au président du Conseil Constitutionnel de se rendre à Addis-Abeba pour un sommet du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, le 10 mars. Le Président Gbagbo y a envoyé l'ancien Premier Ministre Affi N'Guessan, président du FPI et son Ministre des Affaires Etrangères, Alcide Djédjé, pour le représenter. Ouattara a, pour la première fois depuis la fin du mois de novembre 2010, quitté l'Hôtel du Golf. Ce 9 mars, le président Gbagbo a interdit le survol de l'espace ivoirien à l'ONUCI et à la Force française Licorne.

Depuis l'Hôtel du Golf, où il s'est établi à la fin du mois de novembre 2010, Alassane Ouattara n'a pratiquement pas de prise sur les réalités du pays. Les ambassadeurs nommés par lui, règnent sur des ambassades fantômes à l'image d'Ally Coulibaly à Paris qui bénéficie pourtant d'un soutien inconditionnel, tant politique que médiatique, de Nicolas Sarkozy

B- Au point de vue socio économique et culturel

L'économie de la Côte d'Ivoire repose essentiellement sur l'agriculture. Premier producteur mondial de cacao et cinquième producteur mondial de café, la Côte d'Ivoire a longtemps souffert des cours sur le marché mondial de ces produits hautement spéculatifs et a été contrainte a s'endetter lourdement, même si des programmes de diversification de cultures pérennes industrielles (hévéas, palmier à huile, anacarde) ont été initiées. La hausse importante des cours de café et du cacao en 1994 et la dévaluation du franc CFA en janvier de la même année avait permis à la Côte d'Ivoire de renouer avec la croissance. En 1999, le produit intérieur brut était de 6 833 milliards de francs CFA et le service de la dette représentait 10 % du PIB. Le taux de croissance économique était de 4,7 % pour l'année 1999 avec un taux d'inflation égal à 0,8 % contre 2,8 % en 1998 et 5,2 % en 1997. Cette embellie économique a été de courte durée car dès 2000 l'économie s'effondre à nouveau. Le coup d'Etat survenu le 24 décembre 1999 va priver la Côte d'Ivoire de financement extérieur et engendrer un marasme économique avec un taux de croissance négatif de - 2 % en 2000. De janvier 2000 à septembre 2002, la situation économique a connu une légère amélioration mais la crise sociopolitique que connaît le pays depuis le 19 septembre 2002 marquée par une rébellion armée, a entraîné une dégradation de l'économie (croissance à - 2 %). L'Indice de Développement Humain (IDH) estimé à 0,396 en 2001, classe le pays au 161ème rang sur 175.

De plus, avec les ingérences et les pressions diplomatiques extérieures, une première série de sanctions a été prise par le Conseil européen dès le 22 décembre 2010. Elles ont été renforcées et élargies, le 14 janvier 2011, à l'encontre de quatre vingt cinq personnalités du monde politique, juridique, économique et médiatique restées fidèles au président Gbagbo. Dans le but d'asphyxier l'économie du pays, mais par là même de s'en prendre à l'ensemble des populations vivant en Côte d'Ivoire, onze entités économiques ont été l'objet de sanctions de l'UE. Qu'on en juge ! Ce sont les ports d'Abidjan et de San Pedro, la Petroci et la SIR dans le domaine de l'approvisionnement en énergie, la Société de gestion du patrimoine de l'électricité, les banques nationales ivoiriennes (Banque nationale d'investissement (BNI), Banque pour le Financement de l'Agriculture (BFA) et Versus Bank), le Comité de gestion de la filière café et cacao, l'Association des producteurs de caoutchouc et enfin, la Radio diffusion Télévision Ivoirienne (RTI) ! Cette forme de blocus européen, tout à fait inédit pour réagir à un contentieux électoral en Afrique, a aujourd'hui des effets scandaleux sur la vie des populations, en passe d'être privées de médicaments après l'épuisement des stocks. 

Alassane Ouattara a pu compter sur l'appui des chefs d'Etat de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Depuis leur sommet du 22 janvier 2011, réuni à Bamako, la BCEAO ne reconnaît plus la signature du président Gbagbo. Uniquement préoccupé par l'asphyxie économique de la Côte d'Ivoire pour faire chuter Laurent Gbagbo, quelles qu'en soient les conséquences pour le peuple ivoirien, Alassane Ouattara a annoncé, le 24 janvier, l'interdiction de toute exportation de cacao pour un mois ; interdiction prolongée jusqu'au 15 mars. Cela a eu pour effet de mécontenter les planteurs, mais aussi de satisfaire les spéculateurs qui ont pu profiter d'un regain des cours du produit. Dans le même temps, le trafic du cacao, depuis la région de Vavoua vers Ouagadougou, au Burkina et le port de Lomé, au Togo, se poursuit au plus grand profit des anciens dignitaires de la rébellion du nord sans que l'UE n'y trouve à redire malgré ses mesures d'embargo.

Chapitre II : Les conséquences de la crise en Cote d'Ivoire

Section 1 : Les conséquences politiques

Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. C'est le cas des questions politiques négligées ou encore mises à males par certains autres hommes politiques qui ont entrainées la Cote d'Ivoire dans un chaos. Et les conséquences politiques observées mettent le peuple à genoux. Enumérons certaines :

Paragraphe 1 : Les conséquences politiques au plan interne

Aux événements survenus après le coup d'état manqué de 2000, les différents acteurs politiques se sont enlisés dans un massacre mettant sur scène des soldats de l'armée ivoirienne contre des factions de la rébellion et d'autres politiques responsables de beaucoup de représailles en cote d'ivoire. Le déroulement de manifestations donne lieu forcement à des conséquences politiques très importantes liées aux périodes de la crise de 2002-2004 et de 2010-2011.

A- Les conséquences politiques des crises de 2002 et 2004

La rébellion de 2002 en Côte d'Ivoire a divisé le pays en deux parties, avec le nord contrôlé par les rebelles des Forces Nouvelles, qui ont soutenu Alassane Ouattara et le sud aux mains du gouvernement dirigé par Laurent Gbagbo. Dès lors, la Côte d'Ivoire a eu deux gouvernements, deux administrations, deux armées, et deux leaders «nationaux».

De cette rébellion, la suite des événements qui ont suivi n'ont fait que présager des exactions de lourdes conséquences parmi lesquelles nous pouvons mentionner la mort de certains politiciens.

Le 20 septembre 2002, Aboubacar Dosso, aide de camp d'Alassane Dramane Ouattara, a été abattu à Abidjan par des individus non identifiés en tenues militaires.

Le 11 octobre 2002, le nommé Adama Cissé, responsable RDR de M'bahiakro, a été arrêté par des gendarmes et serait décédé le jour suivant de suite de blessures subies pendant sa détention.

Le 18 octobre 2002, Coulibaly Lanzeni et Coulibaly Seydou, deux membres de la famille du Secrétaire Général du RDR, Amadou Gon Coulibaly, ont été abattus au cimetière de Williamsville par des membres des forces de l'ordre.

Le 25 octobre 2002, le colonel Ouatara Oyenan a été exécuté car soupçonné de soutenir la rébellion.

Le 2 novembre 2002 vers 14h30, Téhé Emile, président du Mouvement Populaire Indépendant, un parti politique proche du RDR, a été enlevé de son domicile par des individus habillés en treillis militaires et fortement armés. Son corps a été retrouvé criblé de balles sur l'autoroute du nord, à la hauteur de Banco.

Le 2 février 2003, des individus en treillis militaires seraient arrivés au domicile de Camara Yerefin situé à Yopougon Sideci. La victime, un artiste populaire connu sous l'appellation de «H», a été enlevée et abattue.

Le mercredi 23 juin 2004, Dodo Habib, Secrétaire Général de la Jeunesse Communiste de Côte d'Ivoire (JCOCI), a été enlevé au domicile de Monsieur Ekissi Achi, leader du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire, situé à Yopougon Kotibet et assassiné par des présumés membres de la Fédération Estudiantine de Côte d'Ivoire (FESCI).

Cette liste de cas d'exécution sommaires d'individus pour des raisons politiques est loin d'être exhaustive et est simplement donnée à titre d'illustration.

Il est très complexe d'établir un bilan complet des affrontements, compte tenu surtout de la difficulté de vérifier l'authenticité des sources et la véracité des informations diffusées par les deux parties. Les estimations publiées font état d'un nombre de victimes qui oscille entre 1.000 et 2.000, tous bords confondus, même si dans la réalité ces chiffres pourraient bien être des approximations par défaut.

L'ampleur de la crise que la Côte-d'Ivoire a traversée se mesure également par le nombre de personnes déplacées ; selon les données, le nombre d'individus ayant fui s'élèverait à un total d'au moins 1.300.000. Les communautés les plus touchées sont celles d'origine étrangère, bien qu'un grand nombre d'Ivoiriens ait également dû abandonner les régions où les affrontements armés ont eu lieu. Parmi ces populations figurent aussi plusieurs centaines d'habitants d'Abidjan dépossédés de leurs logements suite à l'ordre du gouvernement de détruire certains quartiers précaires. Annoncée le 5 octobre 2002, cette mesure s'imposait selon le gouvernement afin de sécuriser les quartiers proches des camps militaires d'Abidjan, où des rebelles auraient trouvé refuge et caché des armes.

B- Les conséquences politiques de la crise post électorale de 2010 - 2011

Après la proclamation des résultats du second tour de l'élection présidentielle de novembre 2010 en Côte d'Ivoire, les conséquences de la crise postélectorale ont des impacts néfastes. Des exactions sont commises à Abidjan et à l'Ouest du pays par les partisans des deux camps.

Depuis le 12 janvier 2011 et jusqu'à fin mars 2011, des affrontements ont lieu à Abidjan. Ces affrontements opposent le "Commando Invisible", commandé par Ibrahim Coulibaly dit "IB", aux troupes loyales à Laurent Gbagbo. Ces affrontements ont lieu principalement à Abobo, un quartier ayant majoritairement voté pour Ouattara durant l'élection présidentielle. Mais des affrontements ont lieu aussi à Adjamé, au nord d'Abidjan, à Yopougon, à Koumassi ou à Treichville.

Le 6 mars après des combats, les Forces Nouvelles, pro-Ouattara, prennent Toulépleu à des miliciens et des mercenaires libériens qui avaient attaqués leurs positions.

Le 13 mars, Doké est contrôlé par les Forces nouvelles.

Le 21 mars, c'est Bloléquin http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_ivoirienne_de_2010-2011 - cite_note-47 après la création des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI).

Le 28 mars, c'est la ville de Duékoué qui tombe, ce qui permet aux FRCI d'avoir accès aux routes vers le port de San-Pedro et la capitale politique Yamoussoukro.

Le 28 mars, parallèlement à l'offensive sur Duékoué, les FRCI attaquent à Daloa, dans le centre-ouest et à Bondoukou à l'est http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_ivoirienne_de_2010-2011 - cite_note-50, qu'ils contrôlent le 29 mars.

Le 30 mars, les troupes pro-Ouattara prennent Soubré, Tiébissou, Gagnoa, Guibéroua, Bocanda, San-Pédro et entrent dans Yamoussoukro.

Le 31 mars, la capitale économique Abidjan est totalement encerclée par les forces pro-Ouattara. En quelques heures, l'armée, la gendarmerie et la police font défection, à l'instar du chef d'état-major, le Général Philippe Mangou qui se réfugie à l'ambassade d' Afrique du Sud avec sa famille. Tandis que les FRCI investissent la ville, le peu de troupes restées fidèles à Gbagbo, se redéployent notamment autour du palais présidentiel aux Plateaux et de la résidence présidentielle à Cocody.

Le même jour, des colonnes de soldats FRCI équipés de véhicules "tout-terrain" entrent dans Abidjan. D'autre parmi eux ont pour mission de rejoindre l'Hôtel du Golf pour y assurée une meilleur sécurité de ses occupants. Ouattara déclare un couvre-feu de trois jours. L'ONUCI prend le contrôle de l'aéroport suite au départ des forces de défense et de sécurité ivoiriennes. C'est le début de la bataille.

À ce stade de la bataille, sur les dix communes d'Abidjan, six sont sous le contrôle des FRCI et trois aux mains des forces pro-Gbagbo (Cocody, Plateaux et Yopougon sont les lieux principaux de la bataille). La commune d'Abobo est aussi restée sous contrôle du Commando invisible malgré les combats.

Le 11  avril  2011, après dix jours d'intenses combats et une attaque contre l'Hôtel du Golf par des pro-Gbagbo repoussée par les FRCI, l'assaut est finalement donné contre le palais présidentiel. Laurent Gbagbo est fait prisonnier en compagnie de son épouse Simone par les forces d'Alassane Ouattara, soutenues indirectement par l' ONUCI et la Force Licorne par l'application de la résolution 1975 du Conseil de sécurité. Ils ont été depuis placés en résidence surveillée dans le nord du pays et Odienné.

Le chef du Front Populaire Ivoirien (parti fondé par le Président Laurent Gbagbo) a été enlevé à l'hôtel Pergola, par des éléments de l'ONUCI et des FRCI (forces loyales à Ouattara), après avoir été empêché de lire une déclaration de son parti sur l'actualité politique devant la presse. Plusieurs sources concordantes ont rapporté qu'il serait « détenu » à l'hôtel du Golf, QG d'Alassane Ouattara.

Selon une source présente au sein de l'hôtel, censée être protégée par l'ONUCI et les FRCI, ceux-ci auraient « fait irruption dans la suite de Madame la Ministre Danielle Boni Claverie (nationalité ivoirienne et française) où devait se tenir ladite conférence de presse, et emporté manu militari le matériel de France 24 et de RFI, sous le prétexte qu'il fallait une autorisation avant de tenir la conférence en question.»

« Les personnalités de LMP (La Majorité Présidentielle, coalition politique qui a soutenu la réélection du Président Gbagbo) qui se trouvent en ce moment à l'hôtel La Pergola ne sont pas libres de leurs mouvements et de leurs actions politiques. Les communications téléphoniques y sont interdites».

Plusieurs personnalités dont le Ministre Tagro ont été assassinées suite à la capture du Président ivoirien Laurent Gbagbo par la coalition armée Licorne-ONUCI-FRCI qui soutient Ouattara. D'autres sont portées disparues, enlevées par les hommes de Ouattara. Des pillages et incendies de domiciles de proches du Président Gbagbo ont aussi été signalés.

Toutes ces violations des droits de l'homme s'ajoutent à celles déjà signalées à l'intérieur du pays, notamment à l'Ouest où près d'un millier, selon les organisations internationales, de personnes ont été systématiquement tuées par les FRCI.

Presque deux semaines après les douloureux événements du 11 avril 2011, la situation sociopolitique reste marquée par la persistance de l'insécurité et des atteintes aux libertés et aux droits de la personne humaine.

En l'absence des forces régulières de police et de gendarmerie, des combattants armés continuent de sévir dans les différents quartiers d'Abidjan et à l'intérieur du pays. Chaque jour, il est fait écho d'arrestations arbitraires et de détentions abusives sous le prétexte de la recherche de caches d'armes. Les violations de domiciles sont monnaies courantes et les actes de pillages continuent. Pour échapper aux exactions, voir à la mort, les cadres, militants et sympathisants du FPI et de LMP vivent dans la clandestinité, la peur et la précarité, séparés de leurs familles, femmes et enfants.

Le sentiment d'insécurité est renforcé à Abidjan en particulier par la poursuite des combats, notamment à Yopougon et à Abobo où entre groupes d'auto-défense, Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et partisans d'Ibrahim Coulibaly, on ne sait plus qui attaque qui. Le tout est que les populations fuient les quartiers, abandonnant leurs domiciles aux pilleurs. Ces pillages sont d'une telle ampleur et si systématiques qu'ils apparaissent comme une dimension du plan de conquête d'Abidjan.

Dans ce contexte de violence, l'Etat de droit et les libertés sont étouffés. L'arbitraire règne en maître. Les acquis démocratiques de la longue lutte du FPI sont aujourd'hui menacés.

"Notre Voie", le quotidien du FPI ne peut paraître ; les bureaux ont été saccagés, le matériel informatique et technique emporté et l'imprimerie d'un coût de près de cinq cent millions (500 000 000) FCFA incendiée. L'opposition est réduite au silence.

C'est le règne de la pensée unique dans l'audiovisuelle comme dans la presse écrite et une ambiance de dictature s'installe progressivement sur le pays. Elle alimente la peur et la méfiance des uns. Elle encourage les actes d'agression et d'humiliation perpétrés par les autres. Le pays est divisé : entre les vainqueurs du 11 avril et les autres.

Ce conflit a entraîné le déplacement de près d'un million de personnes. La destination de ces personnes est le Libéria, le Ghana, la Guinée, le Togo, le Mali, le Nigéria, le Niger, le Bénin et le Burkina Faso.

Paragraphe 2 : Les conséquences politiques au plan international

On peut, dans la mesure du possible, dire que les principales crises qui ont marqué la cote d'ivoire sont celles de la guerre civile et celle de la crise postélectorale de 2010-2011. Et en outre, ces guerres, bien qu'internes, ont causé chacune, de lourdes conséquences à l'international.

A- Les conséquences internationales de la guerre civile

Le 6 novembre, l'aviation ivoirienne bombarde la base française de Bouaké faisant 09 morts et 37 blessés parmi les soldats français et un civil américain appartenant à une ONG. Les forces françaises ripostent en détruisant les deux Sukhoï ainsi que trois Mil Mi-24 et un Mil Mi-8 postés sur la base de Yamoussoukro, quinze minutes après l'attaque.

Jacques Chirac, ancien président français, donne l'ordre de riposter en détruisant également tous les moyens aériens militaires ivoiriens. Cette action a pour objectif d'empêcher toute nouvelle attaque des FANCI contre les rebelles, contraire aux Accords de Marcoussis et également d'empêcher toute nouvelle attaque contre les positions françaises.

Une heure après l'attaque sur le camp des forces françaises, des combats éclatent entre les militaires français et ivoiriens pour le contrôle de l'aéroport d' Abidjan, essentiel pour la France de manière à établir un pont aérien.

L'ONU a adopté à l'unanimité la résolution 1572 qui prévoit un embargo sur les armes et un gel des avoirs et des interdictions de voyager des individus qui entravent l'application des Accords de Linas-Marcoussis et d'Accra III, les responsables de violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire en Côte d'Ivoire, les personnes qui incitent publiquement à la haine et à la violence et les personnes violant l'embargo sur les armes.

Le Président en exercice de l'Union Africaine, le médiateur de cette même Union pour la crise ivoirienne et le Président en exercice de la CEDEAO viennent de réussir une première mondiale : mettre sous tutelle un pays membre de l'Organisation des Nations Unies en violation flagrante de la charte de cette même organisation qui dispose en son chapitre XII, dans l'exposé du Régime International de Tutelle que « le régime de tutelle ne s'appliquera pas aux pays devenus membres des Nations Unies, les relations entre celles-ci devant être fondées sur le respect du principe de l'égalité souveraine » (article 78).

La Côte d'Ivoire, par la série des résolutions prises à son sujet par le Conseil de Sécurité de l'ONU, arrive au terme d'une longue marche faite de sang et de douleurs à être mise sous tutelle de la France par l'ONU. Comme la Côte d'Ivoire n'est pas autonome et qu'au titre de la charte c'est à la France, puissance métropolitaine d'en être responsable, elle se retrouve mise sous tutelle. Mais contrairement à ce que dit la Charte, la tutelle n'est pas exercée par les Nations Unies mais directement par la France. Toutes les résolutions au sujet de la Côte d'Ivoire ont été proposées par la France. Au total, quatorze résolutions entre février 2003 et décembre 2005.

B- Les conséquences internationales de la crise postélectorale

Sur le plan politique, la Côte d'Ivoire est aujourd'hui isolée sur la scène internationale.

Aux sanctions de la Communauté Internationale, les chefs d'Etat de la CEDEAO ont aussi décidé d'utiliser les grands moyens comme sanctions graduelles afin de faire capituler le président sortant, Laurent Gbagbo et de le pousser à céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Et c'est au cours du sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire de l'organisation sous-régionale qui s'est tenue le 24 Décembre 2010, à Abuja au Nigéria, que ces sanctions ont été prises.

D'ailleurs les chefs d'Etats ont déjà suspendu la Côte d'Ivoire de ses rangs, tout en demandant au président sortant Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir.

Il s'agit donc pour la CEDEAO d'augmenter le nombre de ses hommes dans cette mission. Selon Radio France Internationale (RFI), ces renforts seraient pré-positionnés au Ghana. Leur mission, précise-t-on, n'est pas de renverser Laurent Gbagbo, mais de le dissuader d'utiliser la force.

Bien que les chefs d'Etat de la région assurent que l'usage de la force ne sera pas nécessaire, l'ancien premier Ministre de Gbagbo, lui, demande de déloger avec l'usage de la force.

Il est tout de même indispensable de constater que la division d'opinion au sein des partisans du conseil de sécurité de l'ONU et de l'Union Africaine suscite des critiques face à la situation.

Des critiques qui sont relayées implicitement dans l'opinion publique internationale par des pays comme la Russie. Selon le président russe, «l'ONU devrait servir de médiateur entre les deux parties et en aucune circonstance aider une des parties, notamment le camp Ouattara».

Quelques jours auparavant, le ministère russe des Affaires Etrangères avait déclaré que la Force Licorne et l'ONUCI s'étaient ingérées dans un conflit interne en Côte d'Ivoire en apportant leur soutien aux troupes d'Alassane Ouattara.

Pour tout, le délit est que les exactions commises par ces mêmes dirigeants ont été suivies par plusieurs des membres permanents du conseil de sécurité de l'Union Africaine qui, pour eux, n'a attiré qu'un souci de division.

Le Gabonais Jean Ping, président de la Commission de l'Union Africaine, après sa sortie d'audience avec le président Gbagbo a donné sa position suite aux événements : «L'Union Africaine n'a jamais demandé le départ du président Gbagbo. Avec tout le respect et toute la considération que nous avons pour la presse, nous n'avons pas de déclaration à faire. Nous sommes venus travailler».

Une déclaration d'autant plus étonnante que le président Sarkozy fait savoir à qui veut l'entendre qu'il a même le soutien de l'UA et de la CEDEAO, d'après une source de media étrangers et de RFI.

On le voit bien, il y a un véritable malaise et une absence véritable de consensus sur le cas ivoirien contrairement à ce que présentent les médias français. C'est justement ce qui agace le président de la Commission de l'UA.

En effet «très agacé par les pressions et ingérences extérieures aveugles» dans les affaires ivoiriennes, il se serait offusqué surtout de la cabale contre Thabo Mbeki, soulignant qu'à cette allure, l'UA n'aurait plus de médiateur nulle part, si l'organisation panafricaine devait envoyer sur le terrain, chaque fois, des ennemis d'un des camps en conflit. On peut le dire sans risque de se tromper que le dossier ivoirien gêne beaucoup.

Plusieurs leaders de la Communauté CEDEAO se sont prononcés en demandant au président sortant, Laurent Gbagbo, de céder le pouvoir.

A ce niveau, l'Union Européenne, qui a maintes fois participé à des négociations avec le Président sortant, a décidé le 20 décembre 2010 que Laurent Gbagbo sera soumis à une interdiction de visa.

Les Etats-Unis ont eux aussi utilisé les mêmes moyens de coercition avec Gbagbo. Cette sanction est aussi valable pour 18 de ses alliés et conseillers. La sanction a été adoptée 48 heures après l'accord.

En matière de pertes en vies humaines, la Commission des droits de l'homme des Nations Unies évalue à la mi-janvier 2011, le nombre de morts à au moins 247 personnes, soit une augmentation de 37 personnes mortes par rapport à la semaine précédente. La commission recense par la même occasion 49 disparus depuis le début des manifestations postélectorales.

Section 2 : Les conséquences socioéconomiques

Faire le bilan des crises sociopolitiques consenties jusqu'aujourd'hui c'est dresser l'état des lieux. Les dégâts en sont récurrents sur plusieurs plans: sur le plan social et sur le plan économique.

Paragraphe 1 : les conséquences sociales

Les conséquences au plan social sont de multiples catégories parmi les quelles nous notons l'éducation et la santé :

A- Sur le plan éducatif

En Côte d'Ivoire, au plus fort de la crise de novembre 2004, les « jeunes patriotes », miliciens pro-gouvernementaux ont pillé et incendié, à Abidjan et en d'autres villes du Sud, des lycées et des écoles françaises. Etait-ce pour en finir avec les intérêts et les symboles français en Côte d'Ivoire, au nom d'une dénonciation d'un impérialisme culturel ? Ne peut-on pas déceler dans ces destructions un signe de désaccord profond que des cadets sociaux envoient en réaction à l'extraversion de l'élite scolaire ivoirienne et binationale ?

Au point de vue national tout comme à l'international, la mesure de l'impact quantitatif du conflit ivoirien sur la scolarisation au Burkina Faso nécessiterait de connaître avec précision la situation scolaire des rapatriés au départ (en Côte d'Ivoire) et à leur arrivée au Burkina Faso pour une date donnée ; cela en fonction de l'âge et si possible du sexe. Par rapport à leur situation initiale, on pourrait alors saisir l'effectif :

- des élèves et étudiants rapatriés, à nouveau scolarisés, par niveau d'enseignement ;

- des élèves et étudiants rapatriés, n'étant plus scolarisés, par niveau d'enseignement ;

- des enfants rapatriés qui n'étaient pas scolarisés, mais sont scolarisables au primaire (5-9 ans).

Une première difficulté réside dans la connaissance des populations scolarisables. Les groupes d'âges retenus (0-4 ; 5-9 ; 10-14 ; 15-19 ; etc.) ne permettent pas d'identifier clairement les populations scolarisables pour les niveaux d'enseignement primaire et secondaire (7-12 ans pour le primaire ; 13-19 ans pour le secondaire).

Tableau 1 : Estimation des populations scolarisables au primaire et au secondaire

Groupe d'âges

Effectifs

% du total

Recensement de 1996

5-9 ans

17 078

12,7 %

18,1 %

10-14 ans

8 201

6,1 %

13,3 %

15-19 ans

9 394

7,0 %

10,1 %

Total

34 673

25,8 %

41,5 %

(Sources : Yaro et al., 2005)

En faisant l'hypothèse que la structure par âge des rapatriés convoyés officiellement est à peu près la même que celle des autres, on arriverait alors à une estimation globale d'environ 40 000 enfants rapatriés âgés de 7-12 ans, et 31 300 enfants rapatriés âgés de 13-19 ans, en rapport avec l'effectif total de 365 979 rapatriés totalisés au 31 décembre 2003.

Ces estimations ne sont que très approximatives, elles restent évidemment très hasardeuses en regard des incertitudes qui pèsent sur l'effectif réel des rapatriés, d'une part à cette date du 31 décembre 2003, mais aussi sur son évolution. On ne peut dire aujourd'hui combien d'enfants « scolarisables » seraient retournés en Côte d'Ivoire, ni combien d'autres seraient en revanche venus.

Pour les années scolaires 2002/03 et 2003/04, à la demande d'un comité interministériel, les deux ministères de l'éducation, le Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation (MEBA) et le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESSRS), ont recensé via leurs structures déconcentrées les effectifs des « rapatriés » scolarisés venus de Côte d'Ivoire. Une synthèse de ces chiffres a été réalisée par le CONASUR

Tableau 2 : Effectifs des « rapatriés » scolarisés, selon le niveau d'enseignement,

année scolaire 2002-2003 et 2003-2004

Niveau d'enseignement

2002/03

2003/04

MEBA /

MESSRS

CONASUR

MEBA /

MESSRS

CONASUR

Primaire

3 678

14 914

Secondaire général

Secondaire technique

Supérieur

1 214

70

781

349

9

1 496

2 255

12

(Sources : Yaro et al., 2006)

Par ailleurs, le tableau de synthèse fourni par le CONASUR ne donne pas de chiffres pour l'enseignement secondaire technique. Selon les statistiques du MESSRS, en 2002-03, 70 enfants « rapatriés » étaient scolarisés dans ce type d'enseignement ; mais aucun au vu des tableaux relatifs à l'année 2003-04. Il demeure impossible d'apprécier le niveau de scolarisation parmi les « rapatriés », et encore moins comment celui-ci évolue ; et fait évidemment défaut un suivi statistique des élèves et étudiants venus de Côte d'Ivoire depuis 2002, s'accompagnant d'une méconnaissance de leurs caractéristiques sociodémographiques et économiques.

On peut juste fournir quelques indications, à partir de documents récoltés sur le terrain, sans valeur représentative. Ainsi, au Burkina Faso, d'après les données contenues dans une note du Président de la Commission Accueil et hébergement de la COPROSUR du Houet, relative à « la situation des « rapatriés » du début de l'opération au 30 septembre 2003 », sur un total de 8 440 « enfants » recensés, 40% étaient déclarés scolarisés.

Par ailleurs, le conflit ivoirien a nécessairement eu un impact négatif sur les revenus de la migration, et donc très probablement aussi sur la scolarisation d'enfants burkinabé, restés au pays, et qui dépendait de ces envois de fonds par les migrants.

Selon une récente étude sur les transferts de fonds des émigrés burkinabé, les frais de scolarité figurent parmi les dépenses les plus couramment citées, mais sans indication plus précise ; mais les envois de fonds par les migrants depuis la Côte d'Ivoire seraient passés d'environ 50 milliards de francs CFA en 1998 à 27,5 milliards en 2001 (Ouédraogo, 2005) et on peut logiquement penser que la situation s'est encore dégradée depuis les événements de 2002.

L'enquête sur les conditions de vie des ménages réalisée en 2003 (INSD, 2003), à travers un module consacré à l'impact de la crise ivoirienne au cours des douze derniers mois, révèle ainsi que 85 % des ménages qui bénéficiaient de transferts d'argent ont déclaré une diminution de ceux-ci, et 70 % ne plus rien recevoir du tout. Tandis que 6,1 % des ménages utilisaient habituellement les fonds reçus pour la scolarisation de leurs enfants, 8,5 % ont déclaré des arrêts de scolarisation comme conséquence de la crise ivoirienne ; à noter que l'impact serait plus marqué en ville, avec un pourcentage double de celui relatifs aux ménages ruraux : 15 % contre 7,1 %. Et l'impact serait très variable selon les régions (de moins de 1 % à plus de 10 % dans cinq des treize Régions, avec 15,7 % dans le Nord).

B- Sur le plan sanitaire

La situation sanitaire de la Côte d'Ivoire est une situation préoccupante au point de vu spécifiquement national. En effet, les événements de la crise du 19 septembre 2002 jusqu'au lendemain de la crise postélectorale 2010-2011, résultent des violations des textes constitutionnels par certains acteurs politiques et qui parfois conduisent les populations à des affrontements aux conséquences lourdes sur plusieurs plans. A cet effet, Cette partie de l'étude sera consacrée à l'analyse des conséquences de la crise sur le système de santé.

La partition de facto du pays avec la moitié nord et l'ouest montagneux sous le contrôle des forces rebelles a des répercussions au plan sanitaire et humanitaire du fait des déplacements massifs de populations, de l'interruption des programmes de santé prioritaires et des dysfonctionnements du système de santé dans les zones assiégées. Outre ces conséquences au plan humanitaire, cette guerre a réduit à néant les efforts consentis par les autorités ivoiriennes depuis un bon nombre d'années afin d'améliorer la qualité de l'offre des soins et renforcer le système de santé.

Avec la guerre et son cortège de morts et de déplacés, les problèmes de gestion des ordures se sont accrus dans les zones de combats où de nombreux cadavres ont jonché les rues des villes pendant plusieurs jours avant que certaines organisations humanitaires comme la Croix-Rouge n'interviennent pour les enlever. Du fait du déficit d'hygiène, de l'assainissement insuffisant du cadre de vie et de la précarité des conditions de vie, les risques d'épidémies de maladies diarrhéiques et notamment du choléra ont vu le jour.

Les différents dysfonctionnements du système de santé ont évalué l'état de santé des populations victimes de cette guerre.

a- Dysfonctionnements structurels

Cette situation de crise a eu pour effet d'affaiblir la coordination entre certaines structures du ministère de la Santé. A titre d'exemple il n'existe pas de cadre d'échange entre le SIG, chargé de la collecte et l'analyse de l'information sanitaire, et le service de la surveillance épidémiologique de l'INHP qui assure la collecte hebdomadaire des données épidémiologiques relatives à la surveillance des maladies à potentiel épidémique. En conséquence, l'INHP dispose d'informations dont le SIG a besoin mais qu'il n'a pas.

b- Dysfonctionnements opérationnels

Depuis le début de la guerre, la gestion de l'urgence au plan sanitaire et humanitaire a cessé de fonctionner. La situation de crise a provoqué l'interruption d'importants programmes d'activités. Ainsi l'opération pilote de gestion décentralisée basée sur la performance mise en place par le PDSSI est en souffrance du fait que deux districts pilotes (Duékoué et Guiglo) sont dans la région de l'Ouest qui est assiégée. Et le SIG qui avait prévu de former l'ensemble des acteurs du système de santé des districts à la gestion de l'information sanitaire n'a pu le faire.

Il est vrai que le bilan des dégâts est loin d'être exhaustif mais, nous avons pu énumérer certains parmi lesquels nous enregistrons 36 véhicules de liaison y compris les véhicules de supervision des districts de santé, 14 ambulances, 22 motos, 20 ordinateurs, 4 imprimantes, 1 scanner, 1 photocopieuse, 11 congélateurs, 10 réfrigérateurs.

Au delà du matériel informatique perdu c'est aussi et surtout d'importantes données sanitaires collectées pendant de nombreuses années qui sont perdues.

Selon la Direction des Ressources Humaines (DRH) du Ministère chargé de la Santé, environ 2000 agents de santé, toutes catégories professionnelles confondues, étaient en service dans les zones sous contrôle des rebelles. A la date du 31 décembre 2002, 86,6% de ces agents ont quitté leurs postes pour rejoindre Abidjan.

Le nombre de ces agents déplacés est probablement plus élevé quand on sait que tous les agents de santé n'ont pas rejoint Abidjan et que certains agents de santé seraient au nombre des ivoiriens réfugiés dans les pays voisins notamment au Mali et au Ghana.

Avec la fuite de ces agents de santé et la fermeture de la plupart des structures de santé dans les zones occupées, la couverture sanitaire de ces zones a fortement baissé

D'abord dans le secteur publique, la Pharmacie de la Santé Publique (PSP) avait été contrainte de suspendre pendant deux semaines ses activités d'approvisionnement en médicaments des structures de santé de l'intérieur du pays excepté pour les districts de Daoukro et de Yamoussoukro alors que les structures d'Abidjan étaient régulièrement approvisionnées.

En suite, le secteur privé n'est pas épargné par les méfaits de la guerre. Selon le syndicat des pharmaciens privés, plus de 150 pharmacies se trouvent en zone assiégée. La plupart de ces pharmacies sont fermées ou ont été pillées.

Dans les zones assiégées, l'accessibilité aux structures de santé a été fortement réduite. Cette situation résulte de plusieurs facteurs : d'une part en raison du couvre feu qui prend effet à partir de 18 heures et d'autre part du fait que peu de véhicules assurent le transport à cause de l'insécurité.

Et enfin dans les zones libres, les situations d'urgence en période de couvre-feu ne peuvent être résolues que sur intervention des Sapeurs Pompiers, Militaires ou du SAMU. Mais ce mécanisme ne profite qu'aux citadins disposant de téléphone.

En somme, l'arrêt des activités de prévention et de prise en charge des cas de maladies dans les zones assiégées : Il s'agit essentiellement des programmes :

PALUDISME, PEV, VIH/SIDA, TUBERCULOSE; VER DE GUINEE, LEPRE ...etc ; le ralentissement des activités de prévention dans les zones non assiégées : le flux de population a entraîné un engorgement des structures sanitaires qui ne sont plus en mesure d'assurer la prévention, la baisse de la qualité de la prise en charge des malades en particulier dans les zones non assiégées du fait du dépassement de la capacité d'accueil des structures, l'inaccessibilité aux médicaments, aux produits sanguins sains, aux moustiquaires imprégnées, l'impossibilité de renforcer les capacités des agents de santé et des structures sanitaires dans les zones assiégées conformément aux objectifs fixés par les programmes (paludisme, santé de la reproduction, tuberculose, lèpre,..)

Bref, tous ces déséquilibres ont entrainé la recrudescence de plusieurs anomalies dans le système sanitaire ivoirien.

Pour la période postélectorale 2010-2011, une équipe d'experts s'est rendue dans l'ouest de la Côte d'Ivoire dans le but de recenser les besoins sanitaires induits par la crise postélectorale qu'a connue le pays durant ces derniers mois.

En effet l'organisation mondiale de la santé, déclarait dans un communiqué que la région du Moyen Cavally est l'une des plus touchées avec seulement 10 centres de Santé sur 44 qui fonctionnent et fournissent des services limités. Le pays ayant connu une situation politique chaotique entrainant une mutinerie, certains hôpitaux ont mis la clef sous la porte et ce qui a pour conséquence évidemment le manque d'assistance sanitaire en cas de besoin. Dans ce communiqué l'OMS affirme que « tous les chirurgiens et gynécologues ont fui, ainsi que la plupart des médecins généralistes et des infirmiers spécialisés ».

Pour le porte-parole de l'OMS, Tarik Jasarevic, toutes les structures de Santé des districts de Touslepleu et Blolequin ont été détruites et pillées, sans oublier que ceux qui sont restés n'ont pas été payés depuis 3mois. Cette situation est devenue d'autant plus préoccupante quand on sait que le traitement de patients nécessitant une chirurgie est devenu difficile car deux hôpitaux de district sur quatre restent fermés et les deux autres ont une capacité insuffisante et manquent d'ambulances. Les experts de l'OMS se sont rendus aussi à la mission catholique de la ville de Duékoué, dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire, où plus de 27.000 personnes se sont réfugiées. Face à des conditions de vie si précaires et un risque de propagation d'épidémie, Tarik Jasarevic, atteste que l'OMS et ses partenaires n'ont encore reçu que 28% des 6,5 millions de dollars nécessaires pour soutenir les personnes touchées par la crise en Côte d'Ivoire et dans les pays voisins.

Paragraphe 2 : les conséquences économiques

Les perturbations qu'a connu ce pays ont suscité pas mal de craintes et beaucoup d'engouements. Le démarrage des activités a connu des lenteurs considérables à cause du faible taux de croissance économique observé depuis le début des crises. De ce fait, ces perturbations se sont ressenties non seulement sur le plan national, mais aussi sur le plan international.

A- Sur le plan national

Les jours pillages qui ont marqué les manifestations anti-françaises des 6, 7 et 8 novembre 2004 en Côte d'Ivoire, suivis du départ massif de plus de 8.000 occidentaux dont une très grande majorité de français, risquent de nuire à tous les secteurs d'activité et de peser gravement et durablement sur l'économie ivoirienne, les entreprises hexagonales contribuant jusque là à plus de 51% aux recettes fiscales du pays.

A la mi novembre 2004, la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire (CCI-CI) a dressé le premier bilan suivant : 10 000 emplois directs ont été perdus suite à ces violences et 100 entreprises ont disparu. 

Ce bilan est d'autant plus inquiétant qu'en Côte d'Ivoire, chaque salarié fait vivre en moyenne 10 à 20 personnes.

Sur 147 filiales de grandes entreprises françaises recensées en Côte d'Ivoire, 135 fonctionnent au ralenti après le départ de 75% des 350 expatriés employés par ces grandes entreprises. 

S'il apparaît moins atteint, le secteur industriel risque d'être handicapé par le manque d'approvisionnement, par annulation de commandes et/ou par le défaut de paiement de leur production. Selon un entrepreneur privé spécialisé dans l'import-export et qui n'a pas eu à déplorer de pillages, l'activité de son entreprise est actuellement réduite à 5% de la normale.

Dans le secteur du cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial avec 40% des parts de marchés, les producteurs ont souffert de perturbations dans l'acheminement de la production vers le port d'Abidjan pendant les troubles. Les stocks de fèves qui ont pu atteindre le port d'Abidjan attendent d'être évacués vers l'Europe et l'Amérique, les armateurs hésitant à envoyer leurs bateaux vers les côtes ivoiriennes présentées comme une destination à risque. Les coopératives de la filière café-cacao sont très inquiètes sur le retard pris par l'Administration ivoirienne pour financer la campagne 2004-2005. 

Les finances publiques de l'État ivoirien, déjà mises à mal par quatre années difficiles, accusent le choc: le ralentissement général de l'économie a d'ores et déjà un impact considérable sur les cotisations sociales et sur les recettes douanières. Les mesures d'accompagnement aux entreprises, essentiellement sous forme d'exonérations fiscales (voir ci-dessous), pèseront encore davantage sur le budget de l'Etat en 2005. 

A plus long terme, l'évaluation à la hausse du "risque pays" par les organismes de garantie va avoir des conséquences désastreuses sur l'investissement et les activités d'import export en Côte d'Ivoire. 

Les PME/PMI, principales victimes de la crise :

La crise franco-ivoirienne ne devrait pas remettre en cause la présence ni les intérêts en Côte d'Ivoire des grands groupes français, mais pourrait en revanche porter un coup très rude au tissu des quelque 600 PME/PMI présentes dans le pays. 

Pour Bernard Conte, professeur d'Économie à l'université Bordeaux IV et spécialiste de l'Afrique de l'Ouest, la conséquence la plus grave d'un départ des Français de Côte d'Ivoire sera la disparition de ces petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI), principales victimes de la crise et qui étaient très bien réparties dans tous les secteurs d'activité, générant quelque 36.000 emplois ivoiriens. 

Ces PME/PMI jouent un rôle important de redistribution en matière d'emploi, et sont aussi des têtes de pont vers le marché Ouest africain. Si ces entreprises disparaissent de Côte d'ivoire le risque existe qu'une partie d'entre elles se déplacent vers des zones plus stables de la région, comme le Sénégal, le Togo ou le Bénin. 

La situation est d'autant plus dommageable que le pays traverse de graves difficultés économiques avec un taux de croissance négatif depuis 2000: -2,5% en 2000, 0% en 2001, -1,6% en 2002 et -5% en 2003, selon les chiffres de l'Agence française de développement (AFD). Enfin, début novembre, la Banque mondiale a classé la Côte d'Ivoire dans la catégorie des pays à dette improductive;  les financements ont été stoppés. 

Voici une liste provisoire des dégâts recensés à la mi-novembre 2004 :

· six établissements scolaires dispensant des programmes français dévastés à Abidjan, San Pedro et Yamoussoukro, 

· plusieurs centaines de logements pillés, 

· des agences Orange et Telecel détruites à Cocody, Yopougon, Abobo, Plateau.

· les stations d`essence à l`enseigne Total ont été fortement endommagées dans plusieurs quartiers.

· la pâtisserie Michel Eynard à Cocody détruite.

· les domiciles de Français dans plusieurs quartiers totalement mis à sac,

· la boutique Amobla sur le boulevard pillée, 

· les domiciles de personnalités et de partis politiques mis à sac, 

· un magasin sur le boulevard de Marseille spécialisé dans la vente d`objets d`arts a été entièrement pillé,

· des supermarchés notamment les magasins cash center à Yopougon et à Abobo ont été totalement dévastés,

· à San Pédro et dans d`autres villes de l`intérieur: destructions massives d`entreprises françaises.

Alors même que les dégâts occasionnés par la crise 2002-2004 sont en train de mettre la Cote d'ivoire dans un état pitoyable, ceux de la récente crise postélectorale 2010-2011 surgissent avec des conséquences aussi nombreuses que désastreuses au plan économique.

En effet, l' Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) reconnaissant Ouattara comme le vainqueur de l'élection de 2010,le gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Philippe-Henry Dacoury-Tabley, qui assurait toujours le financement de l'état dirigé par Gbagbo, a été obligé de démissionner le 21 janvier 2011. Ce qui fait que Gbagbo, pour ne pas être à court de liquidités, organise la saisie des agences de la BCEAO.

Le 24 janvier, Ouattara demande et obtient un embargo sur le cacao ivoirien, qui est mis en place jusqu'au 8 avril 2011. Alors que les prix avaient baissé avant l'élection à 2 780 dollars la tonne, le prix de la tonne de cacao atteint 3 666 dollars en février. Ouattara déclare que la crise pénalise l'économie. Des manifestations de producteurs de cacao ont lieu en février pour dénoncer l'embargo.

Le 9 février, la Bourse régionale des valeurs mobilières d'Abidjan ferme après que des forces loyalistes à Laurent Gbagbo envahissent ses bureaux puis rouvre le lendemain. Le 15, elle referme après une réunion du conseil d'administration. La bourse, le 25, est déplacée temporairement à Bamako au Mali.

Durant la semaine du 14 au 18 février, des banques, notamment la BICICI, Citibank, la SGBCI, Standard Chartered Bank, Access Bank, la BIAO, la BACI, Ecobank ferment leurs agences. Elles invoquent des problèmes d'ordre technique et sécuritaire. Cela provoque une pénurie de monnaie et des difficultés pour l'État ivoirien pour payer ses fonctionnaires. Le 17 février, le gouvernement Gbagbo décide de nationaliser la BICICI et la SGBCI, ce qui permet le paiement des fonctionnaires début mars.

Le 22 février, la SIR, Société Ivoirienne de Raffinage, n'ayant plus la possibilité d'acheter de pétrole brut, suspend toutes ses activités jusqu'à nouvel ordre. Cette raffinerie fournit en essence, non seulement la Côte d'Ivoire, mais aussi d'autres pays de la région comme le Mali ou le Burkina Faso

Suite à la fermeture des banques et des ports, les prix de la viande, de l'huile, du sucre et du gaz ont fortement augmenté. Les médicaments ne sont plus disponibles.

Le 9 mars, Gbagbo donne jusqu'au 31 mars aux exploitants de cacao ivoirien pour reprendre leurs exportations sous peine de sanctions financières.

La crise ivoirienne a aussi un impact dans d'autres pays de la sous-région comme le Mali et le Burkina Faso, ou le Niger qui dépendent des ports de Côte d'Ivoire ou de l'économie ivoirienne.

B- Sur le plan international

Les conséquences de la guerre civile ont des impacts néfastes aussi bien politique, économique que social, non seulement pour la Côte d'Ivoire, mais aussi pour les pays voisins.

Au Burkina Fasso, pris dès le départ pour boucs émissaires dans une crise dont les causes profondes leurs échappent ,les ressortissants sahéliens vivant en Côte d'Ivoire ,burkinabè et maliens en particulier, subissent des exactions de toutes sortes : il s'agit principalement d' expropriation de leurs biens patiemment acquis, d'humiliations diverses allant de violences corporelles aux viols des femmes ou pire, d'assassinats...Face à cette situation, le gouvernement burkinabè a lancé l'opération «Bayiri» qui signifie « retour au pays natal ». Elle vise le rapatriement des burkinabè de Côte d'Ivoire qui désirent regagner leur pays. L'opération « Bayiri » est essentiellement financée par le Gouvernement, mais elle enregistre des contributions diverses provenant de toutes parts (Individus, sociétés privées, institutions internationales, organisations non gouvernementales...). Les dons se composent non seulement de liquidités, mais aussi de nattes, médicaments, nourriture, vêtements... L'opération, depuis son démarrage le 13 novembre 2002 au début décembre 2002, a permis le rapatriement d'environ 4.000 volontaires, candidats pour un retour au pays natal. Les rapatriés sont pour la plupart des femmes, des enfants et de jeunes adolescents de 17 à 20 ans.

Nous rappelons que les statistiques avancent le chiffre d'environ trois millions de burkinabè vivant en Côte d'Ivoire, souvent depuis plusieurs générations.

Les répercutions fondées sur la base du rapatriement créent d'énormes dégâts au plan sociales des pays voisins

Ces rapatriements vont poser de nombreux problèmes sanitaires, alimentaires et de réinsertion sociale. Certes, la production céréalière prévisionnelle 2002-2003 du Burkina, évaluée par le dispositif d'enquête permanente agricole, est estimée à 3.276.600 tonnes de sources proches du ministère de l'agriculture. Cette production est en augmentation de 5% comparée à la campagne 2001-2002 et de 22% au regard de la moyenne des cinq dernières campagnes.

Un bilan céréalier prévisionnel excédentaire de 672.900 tonnes s'en dégage. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les populations du Burkina tirent l'essentiel de leurs revenus de l'agriculture. La solidarité familiale aidant, les rapatriés dépouillés de leurs biens, vont constituer un poids énorme pour les familles d'accueil au village en terme de prise en charge alimentaire, vestimentaire et de santé.

En l'absence d'autre source de revenu, les excédents des récoltes céréalières risquent d'être très rapidement engloutis. En décembre 2002, s'il est vrai que la crise ivoirienne n'avait pas encore eu de répercussion sur le cours des céréales, il est à craindre qu'une augmentation significative de la demande soit à l'origine d'une tension sur les prix. A la même époque, les hausses de l'ordre de 10 à 15% du prix des produits alimentaires importés étaient la simple conséquence de la déviation du fret qui entraîne des coûts supplémentaires.

Chapitre III : Les approches de solution pour la résolution des Conflits socio politiques en Cote d'Ivoire

Section 1 : Les solutions au plan politico-administratif

De 2000 à nos jours, les ivoiriens se sont battus pour la paix et la reconstruction du pays. Voici quelques solutions supplémentaires possibles :

Paragraphe 1 : Les solutions envisagées dans le domaine politique

Les élections présidentielles récentes de Cote d'Ivoire est une goute d'eau qui a fait déborder le vase. Les conséquences très lourdes ont créé de nombreux problèmes dans plusieurs domaines précités dans le chapitre2. Constatant les dégâts, ce pays n'est plus prêt à vivre de telles atrocités et peut décider de prendre son destin en main car les solutions pour une sortie de crise sont possibles.

A- Respecter la constitution nationale et le droit international

D'une part, selon la constitution nationale, l'élection du Président de la République est acquise à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n'est pas obtenue, il est procédé à un second tour, quinze jours après la proclamation des résultats du premier tour. Seuls peuvent s'y présenter les deux candidats ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages au premier tour.

La convocation des électeurs est faite par décret en Conseil des ministres. Le premier tour du scrutin a lieu dans le courant du mois d'octobre de la cinquième année du mandat du Président de la République.

En cas d'événements ou de circonstances graves, notamment d'atteinte à l'intégrité du territoire, ou de catastrophes naturelles rendant impossible le déroulement normal des élections ou la proclamation des résultats, le Président de la Commission chargée des élections saisit immédiatement le Conseil Constitutionnel aux fins de constatation de cette situation.

Le Conseil constitutionnel décide dans les vingt quatre heures, de l'arrêt ou de la poursuite des opérations électorales ou de suspendre la proclamation des résultats. Le Président de la République en informe la Nation par message. Il demeure en fonction. Dans le cas où le Conseil constitutionnel ordonne l'arrêt des opérations électorales ou décide de la suspension de la proclamation des résultats, la Commission chargée des élections établit et lui communique quotidiennement un état de l'évolution de la situation. Lorsque le Conseil constitutionnel constate la cessation de ces événements ou de ces circonstances graves, il fixe un nouveau délai qui ne peut excéder trente jours pour la proclamation des résultats et quatre vingt dix jours pour la tenue des élections.

Si le Conseil constitutionnel, saisi par le Président de la République, ou par le Président de l'Assemblée Nationale ou par un quart au moins des députés, a déclaré qu'un engagement international comporte une clause contraire à la Constitution, l'autorisation de le ratifier ne peut intervenir qu'après la révision de la Constitution.

Le Conseil Constitutionnel contrôle la régularité des opérations de référendum et en proclame les résultats. Le Conseil statue sur :

- L'éligibilité des candidats aux élections présidentielle et législative;

- Les contestations relatives à l'élection du Président de la République et des députés.

Le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs des élections présidentielles.

D'autre part, selon la constitution de la CEDEAO, dont la Côte d'Ivoire fut membre, la prévention des conflits comprend les éléments suivants :

a. La prévention opérationnelle, y compris l'alerte précoce, la médiation, la conciliation, le désarmement préventif et le déploiement préventif par des moyens interactifs tels que les bons offices et la Force de Maintien de la Paix de la CEDEAO.

b. La prévention structurelle, souvent élaborée dans le cadre des initiatives de construction de la paix et comprenant des réformes politiques, institutionnelles (gouvernance) et de développement, l'accroissement des capacités et le plaidoyer sur la culture de la paix. L'édification de la paix, par ailleurs, décrit le développement des capacités institutionnelles nécessaires aux multiples acteurs pour la conception, la mise en oeuvre et le contrôle des initiatives visant à vérifier la détérioration des conditions sociales et économiques pendant les hostilités et le renforcement de la paix dans les pays post-conflit sur une longue période en vue de prévenir une rechute dans un conflit violent.

Visant à rendre fonctionnel le Chapitre IX (CONCEPT ET CHAMP DE LA PREVENTION DES CONFLITS qui vise à atténuer les tensions et empêcher l'éclatement) du Mécanisme, les initiatives menées à cette fin incluent, sans s'y limiter, l'assistance humanitaire, la restauration et l'entretien des infrastructures économiques et sociales, la restauration et la réforme des institutions de gouvernance (politique, économique, socioculturelle et sécuritaire) ; la justice, la règle de droit, la réconciliation, la réintégration et le développement sensible aux conflits.

La réconciliation nationale dans toutes ses formes est indispensable pour instaurer une stabilité politique. À la suite de la crise ivoirienne de 2010-2011, les ivoiriens doivent être dotés d'une volonté de créer une « commission vérité et réconciliation ». Cette commission vérité et réconciliation peut être composée de plusieurs membres et peut être chargée de faire la lumière sur les violences postélectorales. Elle doit être représentative de toutes les couches sociales de la population ivoirienne, de la diaspora ivoirienne, des étrangers vivant en Côte d'Ivoire. Toutefois, cette commission n'a pas compétence pour traduire les auteurs d'exactions devant les tribunaux; elle en laisse le soin aux instances judiciaires.

Le bilan des affrontements qui ont mené à l'arrestation, le 11 avril 2011, de Laurent Gbagbo, des membres de sa famille et de son entourage, est lourd. Ces graves violations des droits de l'Homme ont été le fait des éléments armés des deux camps en conflit et leur responsabilité devra être établie. Et en conséquence, l'ouverture d'une procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo, des membres de sa famille et de son entourage sont des procédures qui devront être exemplaires, conformes au droit à un procès équitable garanti par les instruments internationaux de protection des droits de l'Homme ratifiés par la Côte d'Ivoire. A cet effet, l'indépendance de la justice ivoirienne sera également jugée à l'aune des poursuites qu'elle engagera aussi à l'encontre des éléments des forces armées pro Ouattara. Elle pourra notamment se fonder sur les faits établis par la Commission nationale d'enquête et la Commission internationale d'enquête du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies qui doivent engager leurs travaux dans les plus brefs délais. En cas d'absence de volonté des autorités judiciaires ivoiriennes de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, la Cour Pénale Internationale (CPI) aura à se prononcer sur l'ouverture d'une enquête.

Signalons ici que dans le domaine de la liberté d'expression, la présence écrasante des forces militaires et les postes de contrôle policier, où les citoyens ordinaires sont souvent harcelés et se font extorquer de l'argent, sont comme des éléments négatifs supplémentaires. A cette situation, le Gouvernement devrait reprendre en main la gestion des affaires publiques et rétablir l'état de droit. Les questions essentielles relatives au droit à la liberté d'opinion et d'expression doivent être examinées avec franchise et motivation réelle, dans un esprit de collaboration. Le Gouvernement doit aussi s'engager, en ratifiant les principaux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, à respecter, protéger et promouvoir les dispositions contenues dans ces instruments. En conséquence, conformément à l'accord de Linas-Marcoussis, l'article 35 de la Constitution devrait être reformulé pour que soit garanti le droit à la liberté d'expression d'une large partie de la société ivoirienne en ce qui concerne l'exercice du droit de vote dans un environnement pluraliste.

B- Organisation des élections libres et transparentes

Dans le but de résorber la crise, il était question d'abord que l'accord de Ouaga IV (le quatrième accord de l'accord politique de Ouagadougou), qui prescrit que le désarmement des 5000 hommes doit précéder les élections soit appliqué comme convenu. En plus de ça, remettre sous contrôle du gouvernement, la partie Nord sous control des Forces Nouvelles jusqu'à la fin des élections.

De plus, en prenant en compte tout cela, l'Union Africaine doit comprendre qu'une solution durable à la crise ivoirienne nécessite un accord négocié entre les deux factions belligérantes et doit cibler sur les questions interdépendantes de la démocratie, de la paix, de la réconciliation et de l'unité nationale.

Eu égard des négociations de 2002, il est aussi question de se rassurer que les conditions prescrites au préalable ont été remplies. Il peut s'agir notamment de la réunification du pays, la restauration de l'administration nationale sur tout le territoire ivoirien, et le désarmement des rebelles et de toutes les milices et leur intégration dans les forces de défense et de sécurité nationale, ceci au moins quelques mois avant la tenue des élections présidentielles.

Insister sur l'importante question de la volonté du peuple ivoirien, qu'une commission internationale soit établie pour vérifier les résultats des élections, avec l'importante condition préalable que les concurrents devraient accepter la décision de cette commission.

Des résultats d'élection plus outrageants ont plusieurs fois eu lieu sans intervention militaire. Mais comment pouvons-nous justifier une intervention à la force quand les résultats sont si serrés et divisés selon des lignes ethniques ? Laissons alors les institutions compétentes étudier toutes les options de paix disponibles plutôt qu'une intervention militaire, qui ne peut pas aboutir à une transition politique pacifique en Côte d'Ivoire.

Il est également impératif que la CEDEAO convoque une réunion d'urgence pour inviter les deux parties au centre de la crise ainsi que des représentants de toutes les missions d'observation qui ont couvert les élections à présenter leur cas. C'est ce qui a été fait par le passé et cela nous fera avancer d'un grand pas dans la recherche de la solution.

Les conditions électorales sont la principale souche d'un maintien de paix dans un pays de droit. A cet effet, il est judicieux de proposer autour des organismes en charges que la contribution de la création de conditions sécuritaires à l'organisation des élections contribue pleinement à l'élaboration d'un consensus bilatéral entre les acteurs politiques en tête d'élection ou de réélection une fois la proclamation des résultats. Pour ainsi dire, le respect du droit constitutionnel et du droit de l'homme incombe à ces derniers de répondre à leurs actes dans la transparence des textes préétablis. Le fait n'est pas toujours d'être assisté par une cargaison de militaire mais de se rassurer que l'organisation du processus électoral s'est bien effectué.

Paragraphe 2 : Les solutions dans le domaine administratif

Apres bon nombre de confrontations politiques, la Cote d'ivoire a enregistré plusieurs conséquences. Les cites administratifs de l'Etat ont été réduits en amas de ruines. Le gouvernement d'aujourd'hui doit envisager des reformes:

A- La réforme de l'armée

3000 éléments pressentis sur 9000 FRCI. Si bien que la force Française Licorne prépare des plans et s'apprête à en finir avec les récalcitrants. Aux dire de l'Etat -major des dites forces républicaines, seulement 9000 éléments seraient des `'vraies FRCI'', sur 27.000 combattants enregistrés. Il va donc falloir se débarrasser de17.000 «éléments incontrôlés» pour ne retenir que 9000 cas, selon nos sources. Mais le problème n'est pas pour autant réglé. Car les 9000 `'vraies FRCI'' n'auront pas la chance de faire partir de la nouvelle armée. A en croire les indiscrétions, seulement 3000 éléments seront retenus, au terme des recrutements qui se feront, en fonction de critères bien établis.

Les exigences d'une République digne de ce nom ne permettant pas que la nouvelle armée ivoirienne soit un four tout où n'importe quel truand peut trouver sa place.

B- Les réformes structurelles des secteurs publique et privé

Comme le Ministre en charge de l'Economie et des Finances Koffi Deby, le gouvernement doit être disposé à accompagner dans leurs efforts de reprise d'activités. En outre, insuffler une bouffée d'oxygène au secteur privé, notamment aux PME qui ont payé un lourd tribut à la crise. En ce qui concerne les appuis au secteur privé, dès maintenant, l'appui aux entreprises consistera notamment à :

- consentir des abandons de taxes ;

- poursuivre les efforts d'apurement des arriérés intérieurs ;

- faire une revue du processus de remboursement des crédits de TVA pour améliorer l'efficacité ;

- recenser et auditer les passifs de l'administration publique en vue de procéder à la législation et au paiement des prestations validées ;

- octroyer un appui direct de l'Etat ;

- reprendre les investissements publics pour impulser une dynamique économique, notamment dans le secteur des infrastructures économiques en général et de l'énergie en particulier.

Les priorités du Gouvernement :

Pour réaliser tous ces projets ambitieux, il faut inviter le secteur privé à la concertation par une approche inclusive dans la mise en oeuvre de ces actions. Il en sera ainsi pour le règlement des crédits de TVA, l'audit des passifs, l'utilisation du fonds d'appui au secteur privé. S'agissant de l'application des allègements fiscaux, les services en faciliteront l'accès aux personnes morales et physiques concernées. Ces allègements portent notamment sur les arriérés d'impôts, les diverses exonérations de TVA, l'impôt foncier, les revenus de créances, ainsi que l'impôt synthétique.

Quant aux entreprises opérant dans les ex-zones CNO, elles bénéficieront des mesures fiscales déjà accordées.

En 2012 et au-delà, au titre des priorités, la mise en oeuvre d'une réforme fiscale devant aboutir à la mise en place d'un système fiscal à base élargie et équitable, à la simplification et à la rationalisation des procédures administratives et également à l'adoption de mesures spécifiques des micro-entreprises, notamment du secteur des transports, en vue de les inciter à sortir de l'informel doit être adoptée.

Au-delà de ces mesures ponctuelles, le gouvernement doit être déterminé à reprendre les réformes structurelles nécessaires à la mise en place d'un environnement des affaires attractif.

Par ailleurs, il doit poursuivre les négociations avec les partenaires au développement pour conclure un programme triennal soutenu par la Facilité Elargie de Crédit, en vue de réamorcer le processus d'allègement de la dette extérieure sous l'initiative PPTE. Le point d'achèvement de cette initiative projeté à l'horizon 2012, permettra à l'Etat de dégager des marges budgétaires substantielles destinées prioritairement à la relance des investissements publics. En outre, en matière de gouvernance, le gouvernement doit renforcer le dispositif de contrôle, afin de veiller au bon fonctionnement des services. Dans ce cadre, il doit être prévu la création d'une brigade anti-corruption au sein de l'Inspection Générale des Finances.

Section 2 : Les solutions au plan socioéconomique

Dans l'optique de redynamiser le tissu économique ivoirien, il importe de cibler les points pertinents qui fragilisent la société. Le travail qui est le premier facteur de production des biens et services doit habiter tous les ménages afin de donner aussi leur contribution au développement et surtout d'améliorer les conditions de vie des populations. Ensuite créer des conditions favorables pour garantir la sécurité des biens et des personnes.

Paragraphe 1 : les solutions au plan social

Le clivage socioéconomique de Côte d'Ivoire est une question préoccupante, notamment depuis respectivement les crises sociopolitiques de 2002-2004 et postélectorale de 2010-2011. Alors, pour résoudre la situation, l'on peut se proposer de passer par certains points :

A- Amélioration des conditions de vie de la population

La mise en place de la politique de développement susceptible de réduire l'inégalité de niveau de vie entre les différentes couches de la population est primordiale en ce sens qu'il est plus facile de transformer la croissance économique en une réduction de la pauvreté lorsque les sociétés sont plus égalitaires. A ce niveau, la politique de décentralisation entreprise par le Gouvernement doit contribuer à la réduction de l'inégalité entre les populations urbaines et les populations rurales quant à l'accès aux principales infrastructures socioéconomiques de base (éducation, santé, hydraulique, électrification, pistes rurales, assainissement, etc.)

La plupart des études ignorent les effets de la variation de certains facteurs explicatifs de la pauvreté sur la variation du niveau de pauvreté. Ainsi, les études antérieures, sur la pauvreté en Côte d'Ivoire, ont ignoré l'impact de la variation de l'immigration sur l'accroissement de la pauvreté. Les études réalisées sur la pauvreté n'établissent pas de liens explicites entre les mesures de politique économique et celles de lutte contre la pauvreté.

Corriger ces insuffisances s'avère nécessaire pour une meilleure appréhension du phénomène de pauvreté et, par conséquent, un bon ciblage des catégories de pauvres dans le cadre d'une politique sociale active. C'est pourquoi il importe de :

- déterminer des seuils régionaux de pauvreté en vue de prendre en compte les variations spatiales des prix des biens de consommations de première nécessité ;

- utiliser des données de panel afin de pouvoir suivre le mouvement des populations de part et d'autre de la ligne de pauvreté ;

- réaliser régulièrement des enquêtes sur l'éducation, la santé et l'emploi afin de mieux connaître les caractéristiques sociodémographiques des populations pauvres ;

- élaborer des indicateurs intermédiaires pertinents pour assurer un suivi en temps opportun des rendements et des retours d'information, ce qui constituera un complément d'informations concernant les effets sur la pauvreté ;

- réaliser également des enquêtes dans les secteurs agricole et informel compte tenu de la pertinence de ces secteurs dans la connaissance du phénomène de pauvreté en Côte d'Ivoire ;

- évaluer ex-ante l'impact des politiques économiques sur le niveau de pauvreté afin de faire un meilleur arbitrage entre les objectifs de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Cette évaluation pourrait se faire à l'aide de l'analyse d'impact sur la pauvreté et la situation sociale ;

- formuler divers scénario macroéconomiques dans le Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP) final, y compris des plans de dépenses circonstanciels et des mesures correspondant à diverses projections de recettes, en tenant compte des incertitudes inhérentes aux projections de croissance et aux projections de recette ;

- procéder à des études complémentaires de simulation de l'effet des chocs exogènes et des politiques économiques sur la viabilité et la capacité de la stratégie de réduction de la pauvreté à amortir ces effets ;

- procéder auprès de la société civile à des campagnes d'information sur le sens de la notion de pauvreté et la lutte envisagée.

La réalisation de toutes ces enquêtes et l'évaluation de la politique économique par rapport à la volonté affichée du gouvernement de lutter efficacement contre la pauvreté à l'échelle nationale impliquent le renforcement des capacités opérationnelles de l'Institut National de la Statistique (INS), de la Direction Générale du Plan et du BNETD, la création d'une cellule complémentaire, chargée de simuler l'effet des chocs et politique économique à l'économie, d'analyser l'impact des politiques macroéconomiques sur la pauvreté et la situation sociale et ayant la capacité de faire des recommandations d'orientation ou de réorientation des différentes stratégies.

Face au constat alarmant de l'absence d'une offre d'énergie satisfaisante, la Cote d'Ivoire doit entreprendre à l'avenir de réformer le mode de propriété, l'organisation et la réglementation du secteur de l'énergie. Plus de 30 pays africains ont notamment amorcé un programme d'ouverture du secteur de l'électricité aux opérateurs privés.

Bien que le recul manque pour une évaluation satisfaisante, il est probable que ces réformes donnent des résultats mitigés pour le moment. De ce fait l'existence d'une réglementation fiable doit permettre d'attirer des investisseurs et d'améliorer la desserte de la population.

Les expériences passées soulignent le rôle essentiel des étapes initiales de la réforme, à savoir :

- Favoriser les initiatives régionales en faveur d'une amélioration de l'accès à l'électricité constitue à juste titre l'une des propositions fondamentales de l'initiative Energie du NEPAD. Là encore, la mise en place d'un cadre régulateur commun adéquat reste une condition cruciale de succès.

- L'adoption d'une réforme nationale visant à rationaliser l'activité des opérateurs historiques et la mise en place d'une concertation régionale pour le développement des projets à grande échelle sont des conditions nécessaires pour améliorer et étendre les réseaux existants.

Cependant, si la plus forte densité des villes laisse à penser qu'elles seront prioritaires pour les futurs programmes d'électrification cela ne ferra qu'accentuer le clivage des populations. Par conséquent, il est évident de penser à mettre à disposition de ces populations des modes d'énergie fiables et efficients.

Dans les domaines agricoles, des systèmes de production légers, hors réseaux, pourraient être employés tels les micros projets hydrauliques pour l'irrigation, les systèmes de pompage liés à l'énergie solaire ou éolienne et l'utilisation des résidus agricoles pour la (co-)génération d'énergie.

L'accès à une offre d'énergie de qualité permet d'améliorer substantiellement les conditions de vie des populations car elle favorise la lutte contre la faim et la malnutrition grâce à la cuisson et la préservation des aliments par la réfrigération.

B- Garantir la sécurité des biens et des personnes

Le développement d'un pays va de pair avec une armée forte, unifiée, respectueuse des lois républicaines et de la vie de tous les citoyens. Un corps prêt à assurer la sécurité des personnes et des biens 24h/24 dans la discipline et dans les règles d'un État de droit. Après la guerre et la mise en place du gouvernement de 36 membres l'on est à se poser la question à quand la mise en place d'une armée unifiée ? Surtout que le maître mot du moment, c'est la Reconstruction. Une reconstruction qui ne peut se faire sans la garantie d'une bonne sécurité pour les personnes et les biens.

D'entrée, la situation sécuritaire est certes préoccupante,».Pour la garantie de flx,le gouvernement ivoirien doit rassurer que, la zone portuaire, le Plateau et Cocody seront libérés complètement par les FRCI (Forces républicaines de Côte d'Ivoire), afin de permettre aux forces policières de jouer leur rôle régalien. Lesquelles, ont repris du service dans leur écrasante majorité, soit 17500 agents sur un effectif de 18 710. Les dérapages constatés ici et là sont à mettre essentiellement à l'actif des volontaires qui ont rejoint les FRCI, donc gonflé leurs rangs à Abidjan. Car, la moitié des FRCI issus des rangs des ex-Forces nouvelles ont déjà regagné leur base.

Aussi, l'encasernement des soldats et surtout le démantèlement de tous les barrages anarchiques érigés sur les voies. De même, une unité spéciale de lutte contre le racket sera créée. Un numéro d'urgence à l'image du 911 aux Etats-Unis sera communiqué aux populations pour les cas d'abus et d'agression.

La meilleure sécurité pour les Ivoiriens, c'est, de leur offrir du travail, des conditions de vie décentes, faire en sorte qu'ils soient contents de leur gouvernement. Bien entendu, le ministre de l'Intérieur n'a pas occulté les difficultés auxquelles sont confrontés les préfets et sous-préfets qui ont été déployés dans le pays profond. Beaucoup d'entre eux n'ont par exemple pas de véhicules de fonction. Ces questions, seront rapidement réglées. Enfin, il a promis que les élections législatives seront organisées avant la fin de l'année.

La Côte d'Ivoire est gravement atteinte. Elle est touchée, elle est même couchée. Comment la ressusciter ? Comment la remettre à l'endroit ? Le recours à nombre de paramètres ou vecteurs d'orientation peuvent en venir à la remettre sur les rails, à la consolider et à la refaire prospérer pour le bonheur de tous.

Il s'agit du respect de la loi, du rétablissement de la cohésion sociale, le développement par tous pour tous, la caution et le devoir du président de la République.

a- Le respect de la loi :

Toute société humaine a besoin d'organisation et de régulation pour son harmonie et son évolution. Aujourd'hui plus que jamais la Côte d'Ivoire doit recourir à la loi pour garantir ses institutions, pour sécuriser les personnes et les biens, pour promouvoir et sauvegarder les actes, les actions et les activités économiques tant dans le secteur public que dans le secteur privé.

Les activités politiques, socioculturelles et scientifiques. La constitution, fondement juridique de l'Etat est l'ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent d'une part la forme de l'Etat, la dévolution et l'exercice du pouvoir et d'autre part, les institutions qui incarnent ce pouvoir.

Comme le soulignait le Président Obama lors de sa visite au Ghana que « les Etats africains n'ont pas besoin d'hommes forts. Mais d'institutions fortes pour leur développement''. » Le règne de la loi, notamment de la Constitution doit aider à la reconstruction de la Côte d'Ivoire. Il est donc indispensable que la Constitution ainsi que les institutions soient respectées et protégées pour inscrire la Côte d'Ivoire dans la modernité pour le développement durable.

En d'autres termes, les producteurs de la loi, tous les citoyens et tous ceux qui vivent en Côte d'Ivoire, consommateurs de la loi, doivent être soumis à la loi. C'est l'Etat de droit. Au-delà des institutions, la loi doit aider à la sécurisation des personnes et des biens. Les personnes sont la sève nourricière et vivifiante de l'Etat.

Il faut que l'Etat économique use de ses pouvoirs régaliens avec toutes les forces de défense et de sécurité pour garantir à la population la tranquillité, la sécurité et la stabilité. Assurément, l'Etat doit fonctionner, les institutions doivent fonctionner , les activités doivent reprendre pour conduire à la normalisation de la vie. Mais celle-ci reste conditionnée par la sécurité et la tranquillité, liberté d'aller et de venir, liberté dans les déplacements, liberté dans le travail, liberté de jour comme de nuit, liberté dans le sommeil et liberté dans les rêves. Cette liberté multidimensionnelle fondée sur la loi entraînera indubitablement la confiance. La confiance dans la loi, la confiance dans les institutions publiques comme privées. La confiance dans les personnes pour le rétablissement de la cohésion sociale.

b- Le rétablissement de la cohésion

La Côte d'Ivoire est déchirée.

A présent, après tout cela, toutes les sociétés ivoiriennes, tribus confondues doivent affirmer contrairement à la déraison dans la désunion, leur engagement avec clairvoyance et lucidité dans l'union pour le rétablissement de la cohésion sociale.

La confiance dans les uns et dans les autres, elles doivent toutes recoller les morceaux du tissu social. Pour ainsi dire, mettre en place une Commission vérité et réconciliation. Les dirigeants des instances du FPI, dans leurs déclarations succinctes, à l'instar, Affi N'guessan qui disait : `'déposez les armes, la paix doit être notre objectif principal et solution au conflit. Le vice-président du FPI M. Mamadou Koulibaly disait : `'allons à l'apaisement pour que chacun se sente bien dans sa peau pour construire ensemble notre pays.

Ces déclarations successives sont allées dans le sens de l'apaisement et au rassemblement des Ivoiriens. Le Cnrd s'apprête à faire une déclaration dans la même direction du pardon et de la réconciliation. La loi doit fertiliser cette réconciliation nationale.

La justice juridictionnelle est indéniable. Mais la justice de l'équité fondée sur le pardon est indispensable. Le Président de la république doit relevez tous ceux qui sont à terre, créer en eux une confiance qui soit réciproque pour une alliance nouvelle aux fins d'une cohésion sociale retrouvée pour le développement durable de notre pays.

Paragraphe 2 : les solutions au plan économique

Un renversement de tendance s'est produit au début des années quatre vingt (80) tant dans les esprits que dans les faits. En effet l'avenir économique ne passe systématiquement plus par la taille. Cette remise en cause est liée aux difficultés économiques et aux problèmes d'emplois. Dès 1981, Birch(1) démontre que les grandes entreprises ne sont plus les fournisseurs principaux d'emplois et d'activités. Ce renversement de tendance affecte toutes les nations industrialisées libérales, quel que soit leur niveau de maturité industrielle. De ce fait, il nous parait logique comme tel est le cas dans plusieurs autres pays en l'occurrence le Mali, de procéder à un financement global de ces secteurs.

A- Le financement des secteurs du PMI et PME

Les petites et moyennes industries et entreprises a été durant plusieurs décennies la cible sur les catastrophes économiques enregistrées. Ce qui fait que beaucoup d'entre elles ont du fermer. Pour une relance des activités, l'investissement des PMI PME n'est mis en marge. Pour se faire, on peut procéder en plusieurs phases parmi les quelles nous sollicitons deux financements : le financement internes et le financement externes.

1- Le financement interne

C'est le financement de l'exploitation et de l'investissement par les ressources propres à l'entreprise notamment les fonds propres. Les fonds propres qui sont nécessaires pour la sécurité financière de l'entreprise sont représentés initialement par le capital social et l'accroissement ensuite par la mise en réserve des bénéfices ou par les augmentations du capital social. D'une façon ou d'une autre ils appartiennent toujours aux actionnaires ou associés. La répartition de la propriété des parts ou actions détermine également la répartition des voix dans les assemblées générales.

Convaincu du rôle de moteur de l'économie que jouent les PME en matière de création d'emplois et de richesses, on peut envisager de faire de la promotion des PME un des axes principaux d'une restauration des conditions socioéconomiques. Désormais le développement pourra passer essentiellement sur la promotion et l'émergence des PME-PMI. Cette volonté doit se traduite par la création d'un ministère dédié exclusivement à l'Artisanat et aux PME.

De ce fait, ministère de l'Artisanat et de la Promotion des PME s'engagera de mettre en place une série de mesures tendant à créer une nouvelle dynamique de consolidation et de développement des activités des secteurs de l'Artisanat et des PME. La faible performance des PME/PMI depuis l'an 2000 est liée à plusieurs difficultés dont les principales sont inhérentes au contexte sociopolitique de crise aiguë, au cadre juridique et institutionnel, à l'environnement financier et au système de gestion des PME/PMI.

En effet, le dispositif d'accompagnement des PME se caractérise par l'existence de nombreuses organisations publiques, parapubliques et privées ayant des missions floues et/ou similaires pour certaines qui se chevauchent. Ces organismes pour la plupart souffrent d'une insuffisance de moyens, leur statut juridique est souvent inadapté à leur objet social. Par ailleurs, on observe l'absence de coordination et de synergie entre les différentes structures; ce qui dénote du manque de stratégie globale qui puisse guider leur travail. Aujourd'hui, soit cinquante ans après son indépendance, les PME-PMI ne bénéficient pas toujours de l'appui qu'elles sont en droit d'attendre de l'État pour se développer et jouer leur rôle dans l'emploi, la création de richesses et l'élévation du niveau de vie des populations. Contrairement à certains pays modèles tels que : la Roumanie, le Maroc et l'Allemagne.

Au regard de ce qui précède, notre objectif est donc de proposer un ministère des PME et de l'artisanat fort, imaginatif, copiant des modèles de réussite, prenant des risques et se mettant au service des PME et de l'artisanat. Ce, en vue d'atteindre à moyen et long terme les objectifs de création massive d'emplois. Il s'agit ici de mettre à la disposition de la presse et du public, un aperçu et un ensemble d'information sur les axes ou secteurs sur lesquels des mesures et actions urgentes doivent être engagées pour redynamiser, rendre productives et compétitives les PME/PMI et pour sortir de l'informel les activités économiques du secteur de l'informel ou de l'artisanat. Grands Axes stratégiques tels conçus par plusieurs économistes d'Afrique et du monde 

a- Favoriser une concurrence saine et loyale entre les opérateurs économiques : il s'agit de protéger les entreprises contre la concurrence déloyale et toutes les formes d'insécurité et d'injustice :

- La construction d'une justice indépendante, impartiale et efficace ;

- la création de tribunaux de commerce ;

- la sécurité effective des biens et des personnes ;

- l'optimisation de la fiscalité ;

- la lutte contre le dumping ;

- les importations frauduleuses ;

- la contrefaçon ;

- la protection des inventions et des brevets.

b- Agir efficacement sur les coûts des facteurs (court et moyen terme). Il s'agit d'abaisser progressivement les coûts des facteurs de production :

- la réduction du prix de l'électricité ;

- la réduction des prix et l'amélioration de la qualité des services de télécommunications ;

- l'injection de ressources financières longues dans l'économie, en bonne intelligence avec les banques ;

- la mobilisation des ressources extérieures bon marché mises à la disposition des entreprises par leur intermédiaire ;

- la réduction des coûts de transport, en "nettoyant" nos routes des contrôles intempestifs, en améliorant le réseau routier et en aidant nos transporteurs à s'équiper en véhicules performants de grande capacité ;

- la réduction des coûts "administratifs" et des procédures administratives

2- Le financement externe

Les entreprises peuvent rarement s'appuyer exclusivement sur leurs ressources internes et elles sont forcées de trouver ou de rechercher des fonds externes, qui peuvent provenir des institutions financières (les banques et les institutions financières non bancaires) et/ou l'Etat.

Les aides régionales

Le plus souvent dans le cadre de contrats plan Etat/région, les aides régionales se caractérisent par :

- d'une part, la procédure pour favoriser la diffusion des nouvelles techniques dans les PME/PMI de moins de 200 salariés ;

- d'autre part, les aides régionales misent en place dans le cadre des contrats Etat/région et dont certaines concernent l'innovation. On peut distinguer le fonds régional d'aide au conseil (FRAC) pour aider les PME/PMI à faire appel à un consultant extérieur, le fonds régional d'aide au transfert technologique (FRATT), le fonds de développement de PMI (FDPMI) et l'aide régional de l'embauche de cadre (ARC) pour renforcer l'encadrement des PME/PMI de moins de 500 salaries.

B- Encourager les investissements étrangers

L'économie ivoirienne se caractérise par une production intérieure brute qui accuse de fortes fluctuations. Elle se révèle peu diversifiée et nécessite fortement d'une part des financements extérieurs en raison de l'insuffisance de l'épargne intérieure et d'autre part de la fluctuation du cours des matières premières (notamment le café, le cacao, le coton, le pétrole, le diamant, etc.).

La recherche de la stabilité politique des années à venir, une meilleure condition de vie des populations ivoiriennes peut passer par l'accumulation du capital humain et du développement des infrastructures par les pouvoirs publics nécessite qu'on se réfère aux nouvelles théories de la croissance pour analyser l'évolution économique de la Côte d'Ivoire. Disons que le pays doit anticipé sur les développements de la théorie de la croissance endogène.

A cet effet, les Investissements Directs Etrangers, doivent correspondre selon la définition du Manuel de la Balance des Paiements du FMI aux différentes opérations financières destinées à agir sur la marche et la gestion d'entreprises implantées dans un pays différent de celui de la maison mère (multinationale). Par Investissement Direct Etranger (IDE), on entend « transferts d'actifs corporels et incorporels d'un pays à un autre, où ils seront utilisés aux fins de production de richesse sous le contrôle total ou partiel du propriétaire des actifs.

Selon la CNUCED, il y a investissement direct étranger lorsqu'un investisseur basé dans un pays (le pays d'origine) acquiert un actif dans un autre pays (pays d'accueil) avec l'intention de le gérer. Sous ce rapport, on peut distinguer trois types d'IDE : la participation au capital (fusions, acquisitions) et créations de nouvelles installations (dites green fields), réinvestissement des bénéfices et autres flux de capitaux (emprunts et prêts à court ou long terme réalisés entre la société mère et sa filiale).

Concrètement, un Investissement Direct Etranger peut donner lieu soit à la création de nouvelles entreprises, soit à l'achat de parts ou à l'augmentation du capital d'une société existante. Les IDE favorisent généralement la création d'emplois, l'amélioration de la productivité et les transferts de compétence et de technologie nouvelle. A terme, ils poussent indirectement à l'élévation des salaires. Ils favorisent aussi l'essor des exportations et régulent beaucoup d'impasses de la société.

Enfin, les IDE génèrent des recettes fiscales et à travers elles, peuvent contribuer à la mise en oeuvre de politique sociale en faveur des catégories de populations absentes du marché de la consommation ou encore celles défavorisées par les crises. Tous les pays s'efforcent donc quelque soit leur situation d'attirer les IDE et d'en tirer profit. Le cas de la cote d'ivoire n'est pas en marge s'il faut stabiliser le pays.

Les IDE permettent aussi et surtout aux pays concernés de s'intégrer d'avantage à l'économie globale.

Eu égard à tout ce qui précède et pour tirer pleinement profit des effets et externalités positifs des IDE en Côte d'Ivoire, nous recommandons les mesures suivantes :

- améliorer le cadre macroéconomique : toutefois, il importe de préciser qu'une politique volontariste des IDE ne suffit pas, à elle seule, à entraîner une accélération durable de la croissance économique. Celle-ci doit en effet intervenir dans un tout macroéconomique. Et ce tout pour la Côte d'Ivoire, c'est de sortir du carcan de l'instabilité en assurant d'abord un environnement économique, sociopolitique stable aux investisseurs étrangers ;

- augmenter et améliorer la qualité des infrastructures physiques : L'Etat devrait continuer à fournir à l'économie les services et infrastructures publiques essentiels (électricité, eau, routes, port, aéroport, etc.) En particulier, il doit renforcer davantage le capital d'infrastructures dans les zones relativement moins pourvues. Selon Mills et Quinet « les dépenses d'infrastructures sont des dépenses d'avenir6 » Il s'agit notamment des zones du nord et de l'ouest. Cela offrirait à ces zones des potentialités supplémentaires de développement et réduirait par conséquent les disparités régionales, la mobilité des populations et bien d'autres frustrations liées aux inégalités de chance de développement ;

- actualiser le code des investissements : le code des investissements qui a été élaboré en 1995 n'est plus d'actualité du fait de la crise sociopolitique de novembre 1999. Il a besoin d'être actualisé pour prendre en compte les effets pervers de la crise sociopolitique (déplacements de populations, chômage, manque de sécurité, pauvreté grandissante, etc.) ;

- réduire la disparité régionale de la répartition des IDE : les IDE sont inégalement répartis sur le territoire ivoirien. Une forte concentration est présente dans la capitale et certaines régions n'en bénéficient pas.

- créer un environnement propice au commerce extérieur en révisant les mesures tarifaires et non tarifaires afin de réduire les coûts des transactions. Cette politique d'ouverture économique permettra à la Côte d'Ivoire de tirer profit des effets bénéfiques de la mondialisation;

- maîtriser le risque pays afin d'attirer plus les investissements directs étrangers :

- relever la qualité de la main-d'oeuvre : l'Etat doit augmenter les dépenses publiques d'éducation et de santé afin de renforcer les capacités des ressources humaines dans le but de rechercher une adéquation entre les programmes de formation et le marché du travail.

Conclusion Générale

En définitive, si nous retraçons la situation de Côte d'Ivoire depuis l'an 2000, il ne serra pas indispensable de s'être penché aussi vers les années 1990, car les souches des crises y demeurent. En outre, les événements qui ont marqué l'histoire de ce pays ont résulté de plusieurs mauvaises intentions politiques, sociales et économiques. Les périodes qui ont suivi la mort du feu Président Houphet Boigny en 1993, la course au pouvoir par certains leaders politiques en 1999 enregistrant ainsi des tentatives de coups d'Etat, des guerres et des crises sociopolitiques qui ont évinçé le Général Robert Guei assurant l'intérim... et la prise de pouvoir par Laurent Gbagbo jusqu'à celle du Président actuel, Alassane Dramane Ouatara ont eu des effets déplorables sur la vie des ivoiriens en général et aussi au plan international. La destruction de plusieurs investissements publics et privés, les pertes des vies humaines, et des longues récessions du tissu économique mettant le pays à genoux. Les violations des lois au détriment du bon déroulement des élections, le non respect des différentes conférences de Ouagadougou, d'Accra, de l'Union africaine etc, ont enfoncé le pays au bord du gouffre. A ces difficultés, s'ajoutent celles liées à la population qui a subit de façon tragique les événements. Les conditions de vie sur toute la plate forme ivoirienne et de la sous région Ouest-africaine sont devenues douteuses au point de susciter des interventions. Avec, aujourd'hui, une armée confuse dans l'exercice de leur fonction, la terreur et la peur règnent dans les coeurs des ivoiriens se demandant à quand la réconciliation.

Du point de vue d'un membre des relations internationales, les solutions qui pourront ramener la cote d'ivoire sur les rails sont de plusieurs ressorts. Il faut ramener tous les membres politiques à la prise de conscience du respect de la loi constitutionnelle, nationale et les normes internationales. Permettre que les processus électoraux aillent de l'avant. L éligibilité et la légitimité d'un leader politique sont des clefs de succès pour une candidature sans taches. Veillons surtout à l'étape selon laquelle les résultats électoraux n'attirent un moindre soupçon qui puisse avoir trait aux contestations sur l'organisation. La plupart des contestations partent toujours d'un problème de confiance, pour se faire, il importe de rappeler la population au dialogue afin de pouvoir renouer avec les bonnes manières d'un pays démocrate et souverain.

Rendre plus performent les secteurs privés et publiques sans omettre les PME PMI, en passant par des financements considérables. Ces financements donneront lieu à de nombreux avantages sur diverses formes en occurrence la création des biens et des services au profit des ménages ivoiriens qui, eux aussi en retour, apporteront leur contribution. Toutes ces activités complémentaires combinées dans un même objectif peuvent booster l'économie nationale et réveiller les espoirs des citoyens déçus des situations désastreuses qu'a connues le pays.

En la confiance du peuple ivoirien sur les bons déroulements des affaires politiques, de la fiabilité des accords, des médiations au sein des organismes internationaux pour les régulations des malentendus en Afrique en général et surtout l'application des principes précités au chapitre 3 pour le cas ivoirien, l'on peut éviter le chaos. Mais les élections à venir restent une question de temps avec le problème de réconciliation nationale entre partisans Ouattara et partisans Gbagbo.

BIBLIOGRAPHIE

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Association ADESCI, Email : adesci@eurostratege.com : tous les secteurs d'activité touchés.

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« Les questions clés de la crise ivoirienne » de Ritimo, CDTM Mompellier, 2007, mise à jour mai 2010.

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http : www.abidjan.net/cotedivoire/index.htm, identité nationale

« Comment peut se terminer le blocage politique en Cote d'Ivoire » de Phillipe Hugon, Directeur de recherche à l'IRIS, 25 janvier 2011, pp 1-3.

« La charte de la gestion des conflits en Afrique » de Markoua Dadjo, Associated General Topics : Conflit management






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