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Analyse des faits politiques en Afrique: cas de la Cote d'Ivoire

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par Herphi Halerre Bouyoméka Mikolo et Pascaline AVLESSI
projet cerco du benin - Licence communication et relations internationales 2010
  

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Section 2 : Les conséquences socioéconomiques

Faire le bilan des crises sociopolitiques consenties jusqu'aujourd'hui c'est dresser l'état des lieux. Les dégâts en sont récurrents sur plusieurs plans: sur le plan social et sur le plan économique.

Paragraphe 1 : les conséquences sociales

Les conséquences au plan social sont de multiples catégories parmi les quelles nous notons l'éducation et la santé :

A- Sur le plan éducatif

En Côte d'Ivoire, au plus fort de la crise de novembre 2004, les « jeunes patriotes », miliciens pro-gouvernementaux ont pillé et incendié, à Abidjan et en d'autres villes du Sud, des lycées et des écoles françaises. Etait-ce pour en finir avec les intérêts et les symboles français en Côte d'Ivoire, au nom d'une dénonciation d'un impérialisme culturel ? Ne peut-on pas déceler dans ces destructions un signe de désaccord profond que des cadets sociaux envoient en réaction à l'extraversion de l'élite scolaire ivoirienne et binationale ?

Au point de vue national tout comme à l'international, la mesure de l'impact quantitatif du conflit ivoirien sur la scolarisation au Burkina Faso nécessiterait de connaître avec précision la situation scolaire des rapatriés au départ (en Côte d'Ivoire) et à leur arrivée au Burkina Faso pour une date donnée ; cela en fonction de l'âge et si possible du sexe. Par rapport à leur situation initiale, on pourrait alors saisir l'effectif :

- des élèves et étudiants rapatriés, à nouveau scolarisés, par niveau d'enseignement ;

- des élèves et étudiants rapatriés, n'étant plus scolarisés, par niveau d'enseignement ;

- des enfants rapatriés qui n'étaient pas scolarisés, mais sont scolarisables au primaire (5-9 ans).

Une première difficulté réside dans la connaissance des populations scolarisables. Les groupes d'âges retenus (0-4 ; 5-9 ; 10-14 ; 15-19 ; etc.) ne permettent pas d'identifier clairement les populations scolarisables pour les niveaux d'enseignement primaire et secondaire (7-12 ans pour le primaire ; 13-19 ans pour le secondaire).

Tableau 1 : Estimation des populations scolarisables au primaire et au secondaire

Groupe d'âges

Effectifs

% du total

Recensement de 1996

5-9 ans

17 078

12,7 %

18,1 %

10-14 ans

8 201

6,1 %

13,3 %

15-19 ans

9 394

7,0 %

10,1 %

Total

34 673

25,8 %

41,5 %

(Sources : Yaro et al., 2005)

En faisant l'hypothèse que la structure par âge des rapatriés convoyés officiellement est à peu près la même que celle des autres, on arriverait alors à une estimation globale d'environ 40 000 enfants rapatriés âgés de 7-12 ans, et 31 300 enfants rapatriés âgés de 13-19 ans, en rapport avec l'effectif total de 365 979 rapatriés totalisés au 31 décembre 2003.

Ces estimations ne sont que très approximatives, elles restent évidemment très hasardeuses en regard des incertitudes qui pèsent sur l'effectif réel des rapatriés, d'une part à cette date du 31 décembre 2003, mais aussi sur son évolution. On ne peut dire aujourd'hui combien d'enfants « scolarisables » seraient retournés en Côte d'Ivoire, ni combien d'autres seraient en revanche venus.

Pour les années scolaires 2002/03 et 2003/04, à la demande d'un comité interministériel, les deux ministères de l'éducation, le Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation (MEBA) et le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESSRS), ont recensé via leurs structures déconcentrées les effectifs des « rapatriés » scolarisés venus de Côte d'Ivoire. Une synthèse de ces chiffres a été réalisée par le CONASUR

Tableau 2 : Effectifs des « rapatriés » scolarisés, selon le niveau d'enseignement,

année scolaire 2002-2003 et 2003-2004

Niveau d'enseignement

2002/03

2003/04

MEBA /

MESSRS

CONASUR

MEBA /

MESSRS

CONASUR

Primaire

3 678

14 914

Secondaire général

Secondaire technique

Supérieur

1 214

70

781

349

9

1 496

2 255

12

(Sources : Yaro et al., 2006)

Par ailleurs, le tableau de synthèse fourni par le CONASUR ne donne pas de chiffres pour l'enseignement secondaire technique. Selon les statistiques du MESSRS, en 2002-03, 70 enfants « rapatriés » étaient scolarisés dans ce type d'enseignement ; mais aucun au vu des tableaux relatifs à l'année 2003-04. Il demeure impossible d'apprécier le niveau de scolarisation parmi les « rapatriés », et encore moins comment celui-ci évolue ; et fait évidemment défaut un suivi statistique des élèves et étudiants venus de Côte d'Ivoire depuis 2002, s'accompagnant d'une méconnaissance de leurs caractéristiques sociodémographiques et économiques.

On peut juste fournir quelques indications, à partir de documents récoltés sur le terrain, sans valeur représentative. Ainsi, au Burkina Faso, d'après les données contenues dans une note du Président de la Commission Accueil et hébergement de la COPROSUR du Houet, relative à « la situation des « rapatriés » du début de l'opération au 30 septembre 2003 », sur un total de 8 440 « enfants » recensés, 40% étaient déclarés scolarisés.

Par ailleurs, le conflit ivoirien a nécessairement eu un impact négatif sur les revenus de la migration, et donc très probablement aussi sur la scolarisation d'enfants burkinabé, restés au pays, et qui dépendait de ces envois de fonds par les migrants.

Selon une récente étude sur les transferts de fonds des émigrés burkinabé, les frais de scolarité figurent parmi les dépenses les plus couramment citées, mais sans indication plus précise ; mais les envois de fonds par les migrants depuis la Côte d'Ivoire seraient passés d'environ 50 milliards de francs CFA en 1998 à 27,5 milliards en 2001 (Ouédraogo, 2005) et on peut logiquement penser que la situation s'est encore dégradée depuis les événements de 2002.

L'enquête sur les conditions de vie des ménages réalisée en 2003 (INSD, 2003), à travers un module consacré à l'impact de la crise ivoirienne au cours des douze derniers mois, révèle ainsi que 85 % des ménages qui bénéficiaient de transferts d'argent ont déclaré une diminution de ceux-ci, et 70 % ne plus rien recevoir du tout. Tandis que 6,1 % des ménages utilisaient habituellement les fonds reçus pour la scolarisation de leurs enfants, 8,5 % ont déclaré des arrêts de scolarisation comme conséquence de la crise ivoirienne ; à noter que l'impact serait plus marqué en ville, avec un pourcentage double de celui relatifs aux ménages ruraux : 15 % contre 7,1 %. Et l'impact serait très variable selon les régions (de moins de 1 % à plus de 10 % dans cinq des treize Régions, avec 15,7 % dans le Nord).

B- Sur le plan sanitaire

La situation sanitaire de la Côte d'Ivoire est une situation préoccupante au point de vu spécifiquement national. En effet, les événements de la crise du 19 septembre 2002 jusqu'au lendemain de la crise postélectorale 2010-2011, résultent des violations des textes constitutionnels par certains acteurs politiques et qui parfois conduisent les populations à des affrontements aux conséquences lourdes sur plusieurs plans. A cet effet, Cette partie de l'étude sera consacrée à l'analyse des conséquences de la crise sur le système de santé.

La partition de facto du pays avec la moitié nord et l'ouest montagneux sous le contrôle des forces rebelles a des répercussions au plan sanitaire et humanitaire du fait des déplacements massifs de populations, de l'interruption des programmes de santé prioritaires et des dysfonctionnements du système de santé dans les zones assiégées. Outre ces conséquences au plan humanitaire, cette guerre a réduit à néant les efforts consentis par les autorités ivoiriennes depuis un bon nombre d'années afin d'améliorer la qualité de l'offre des soins et renforcer le système de santé.

Avec la guerre et son cortège de morts et de déplacés, les problèmes de gestion des ordures se sont accrus dans les zones de combats où de nombreux cadavres ont jonché les rues des villes pendant plusieurs jours avant que certaines organisations humanitaires comme la Croix-Rouge n'interviennent pour les enlever. Du fait du déficit d'hygiène, de l'assainissement insuffisant du cadre de vie et de la précarité des conditions de vie, les risques d'épidémies de maladies diarrhéiques et notamment du choléra ont vu le jour.

Les différents dysfonctionnements du système de santé ont évalué l'état de santé des populations victimes de cette guerre.

a- Dysfonctionnements structurels

Cette situation de crise a eu pour effet d'affaiblir la coordination entre certaines structures du ministère de la Santé. A titre d'exemple il n'existe pas de cadre d'échange entre le SIG, chargé de la collecte et l'analyse de l'information sanitaire, et le service de la surveillance épidémiologique de l'INHP qui assure la collecte hebdomadaire des données épidémiologiques relatives à la surveillance des maladies à potentiel épidémique. En conséquence, l'INHP dispose d'informations dont le SIG a besoin mais qu'il n'a pas.

b- Dysfonctionnements opérationnels

Depuis le début de la guerre, la gestion de l'urgence au plan sanitaire et humanitaire a cessé de fonctionner. La situation de crise a provoqué l'interruption d'importants programmes d'activités. Ainsi l'opération pilote de gestion décentralisée basée sur la performance mise en place par le PDSSI est en souffrance du fait que deux districts pilotes (Duékoué et Guiglo) sont dans la région de l'Ouest qui est assiégée. Et le SIG qui avait prévu de former l'ensemble des acteurs du système de santé des districts à la gestion de l'information sanitaire n'a pu le faire.

Il est vrai que le bilan des dégâts est loin d'être exhaustif mais, nous avons pu énumérer certains parmi lesquels nous enregistrons 36 véhicules de liaison y compris les véhicules de supervision des districts de santé, 14 ambulances, 22 motos, 20 ordinateurs, 4 imprimantes, 1 scanner, 1 photocopieuse, 11 congélateurs, 10 réfrigérateurs.

Au delà du matériel informatique perdu c'est aussi et surtout d'importantes données sanitaires collectées pendant de nombreuses années qui sont perdues.

Selon la Direction des Ressources Humaines (DRH) du Ministère chargé de la Santé, environ 2000 agents de santé, toutes catégories professionnelles confondues, étaient en service dans les zones sous contrôle des rebelles. A la date du 31 décembre 2002, 86,6% de ces agents ont quitté leurs postes pour rejoindre Abidjan.

Le nombre de ces agents déplacés est probablement plus élevé quand on sait que tous les agents de santé n'ont pas rejoint Abidjan et que certains agents de santé seraient au nombre des ivoiriens réfugiés dans les pays voisins notamment au Mali et au Ghana.

Avec la fuite de ces agents de santé et la fermeture de la plupart des structures de santé dans les zones occupées, la couverture sanitaire de ces zones a fortement baissé

D'abord dans le secteur publique, la Pharmacie de la Santé Publique (PSP) avait été contrainte de suspendre pendant deux semaines ses activités d'approvisionnement en médicaments des structures de santé de l'intérieur du pays excepté pour les districts de Daoukro et de Yamoussoukro alors que les structures d'Abidjan étaient régulièrement approvisionnées.

En suite, le secteur privé n'est pas épargné par les méfaits de la guerre. Selon le syndicat des pharmaciens privés, plus de 150 pharmacies se trouvent en zone assiégée. La plupart de ces pharmacies sont fermées ou ont été pillées.

Dans les zones assiégées, l'accessibilité aux structures de santé a été fortement réduite. Cette situation résulte de plusieurs facteurs : d'une part en raison du couvre feu qui prend effet à partir de 18 heures et d'autre part du fait que peu de véhicules assurent le transport à cause de l'insécurité.

Et enfin dans les zones libres, les situations d'urgence en période de couvre-feu ne peuvent être résolues que sur intervention des Sapeurs Pompiers, Militaires ou du SAMU. Mais ce mécanisme ne profite qu'aux citadins disposant de téléphone.

En somme, l'arrêt des activités de prévention et de prise en charge des cas de maladies dans les zones assiégées : Il s'agit essentiellement des programmes :

PALUDISME, PEV, VIH/SIDA, TUBERCULOSE; VER DE GUINEE, LEPRE ...etc ; le ralentissement des activités de prévention dans les zones non assiégées : le flux de population a entraîné un engorgement des structures sanitaires qui ne sont plus en mesure d'assurer la prévention, la baisse de la qualité de la prise en charge des malades en particulier dans les zones non assiégées du fait du dépassement de la capacité d'accueil des structures, l'inaccessibilité aux médicaments, aux produits sanguins sains, aux moustiquaires imprégnées, l'impossibilité de renforcer les capacités des agents de santé et des structures sanitaires dans les zones assiégées conformément aux objectifs fixés par les programmes (paludisme, santé de la reproduction, tuberculose, lèpre,..)

Bref, tous ces déséquilibres ont entrainé la recrudescence de plusieurs anomalies dans le système sanitaire ivoirien.

Pour la période postélectorale 2010-2011, une équipe d'experts s'est rendue dans l'ouest de la Côte d'Ivoire dans le but de recenser les besoins sanitaires induits par la crise postélectorale qu'a connue le pays durant ces derniers mois.

En effet l'organisation mondiale de la santé, déclarait dans un communiqué que la région du Moyen Cavally est l'une des plus touchées avec seulement 10 centres de Santé sur 44 qui fonctionnent et fournissent des services limités. Le pays ayant connu une situation politique chaotique entrainant une mutinerie, certains hôpitaux ont mis la clef sous la porte et ce qui a pour conséquence évidemment le manque d'assistance sanitaire en cas de besoin. Dans ce communiqué l'OMS affirme que « tous les chirurgiens et gynécologues ont fui, ainsi que la plupart des médecins généralistes et des infirmiers spécialisés ».

Pour le porte-parole de l'OMS, Tarik Jasarevic, toutes les structures de Santé des districts de Touslepleu et Blolequin ont été détruites et pillées, sans oublier que ceux qui sont restés n'ont pas été payés depuis 3mois. Cette situation est devenue d'autant plus préoccupante quand on sait que le traitement de patients nécessitant une chirurgie est devenu difficile car deux hôpitaux de district sur quatre restent fermés et les deux autres ont une capacité insuffisante et manquent d'ambulances. Les experts de l'OMS se sont rendus aussi à la mission catholique de la ville de Duékoué, dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire, où plus de 27.000 personnes se sont réfugiées. Face à des conditions de vie si précaires et un risque de propagation d'épidémie, Tarik Jasarevic, atteste que l'OMS et ses partenaires n'ont encore reçu que 28% des 6,5 millions de dollars nécessaires pour soutenir les personnes touchées par la crise en Côte d'Ivoire et dans les pays voisins.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery