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Vietnam (2009). les facteurs de santé : accès aux services de base.

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par Aurélie PIECHAUD
Université Paris-Descartes-Sorbonne - Master 2 "Expertise en Population et Développement" 2010
  

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IV. Accès aux services de base : eau potable, assainissement, et électricité.

1/ Accès à l'eau potable.

L'Objectif 7 des OMD est d'assurer un environnement durable d'ici 2015. Entre autres, il s'agit de réduire de moitié, d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d'assainissement de base. Concernant l'accès à l'eau, d'importants progrès ont été faits depuis 1990, dans la plupart des régions du monde. Mais parmi les pays en développement, c'est en Asie que l'on observe les avancées les plus importantes. En Asie du Sud-Est, la proportion de la population utilisant une source d'eau améliorée est passée de 72 % à 86 % entre 1990 et 2008. Le Vietnam n'est, à ce titre pas, en reste. Selon l'OMS4, la part de la population ayant accès à l'eau potable est passée de 48 % en 1990 à 56 % en 2000. D'après le recensement de 2009, 79,8 % des ménages ont aujourd'hui accès à l'eau potable5. Des progrès considérables ont donc été réalisés, et l'objectif prévu pour 2015 en matière d'accès à l'eau potable est déjà atteint. Mais cette fois encore, ces résultats très positifs recouvrent des inégalités entre les provinces.

La carte 3 (cf. ci-dessous) nous montre que c'est au niveau des deux deltas (fleuve Rouge et Mékong) que la part des ménages utilisant de l'eau potable est maximale (plus de 95 %). C'est le cas aussi de deux provinces situées à l'extrême sud du pays (Bac Lieu et Ca Mau), ainsi que d'une petite province urbaine du centre du pays (Da Nang City). En dehors de quelques provinces situées dans la plaine du Mékong, c'est dans les zones de hauts-plateaux et de montagnes, et principalement celle du nord (où vivent les minorités ethniques), que la part des ménages utilisant une source d'eau

4 http://www.wpro.who.int/vietnam/mdg.htm

5 Plus précisément, la question posée lors du recensement était la suivante : « Quelle est la source d'eau principalement utilisée par le ménage pour la cuisson ou la boisson ? ». Plusieurs réponses étaient possibles : « robinet intérieur », « robinet public », « puits foré », « puits creusé protégé », « puits creusé non protégé », « fontaine protégée », « fontaine non protégée », « eau de pluie », « autre ». L'eau est considérée comme potable si elle provient d'un robinet privé ou public, d'un puits foré ou d'un puits creusé protégé, ou de l'eau de pluie.

potable pour la cuisson ou la boisson est la moins importante (moins de 65 %). C'est dans la province de Lai Chau que l'accès à l'eau potable est le plus faible (17,2 % des ménages).

Certains auteurs estiment que plutôt que d'eau « potable », il faudrait parler d'eau « propre », « dans la mesure ou, au Vietnam comme dans la majeure partie des pays émergents d'Asie-Pacifique, il n'existe pas d'eau potable proprement dite. En effet, si l'eau produite par les compagnies des eaux est d'une parfaite innocuité au sortir des usines de traitement, son adduction dans un système de réseau vétuste altère sa qualité. En cela, l'eau propre répond aux normes de qualité de l'eau pour une utilisation ménagère. » [DIAZ PEDREGAL, V. et VU, T. B., 2007].

Carte 3 : Des inégalités internes subsistent dans l'accès à l'eau potable.

A Hô Chi Minh-Ville notamment, l'amélioration de l'accès à l'eau semble être le résultat de la légitimation des petits opérateurs privés (POP), et de leur prise en compte progressive dans les projets de développement, qui auparavant octroyaient des subventions à l'Etat uniquement. Les POP ont dès lors été envisagés comme figures relais des opérateurs principaux, dans les zones où ces derniers n'étendaient pas leurs réseaux. Ce changement a pu s'instaurer dans le cadre du processus de libéralisation de l'économie, impulsé par la mise en place de la politique du Doi Moi (renouveau) à la fin des années 80. Cette tentative d'officialisation et d'insertion des petits opérateurs privés informels dans un cadre de régulation intégré, semble constitué un exemple unique, ou du moins très rare [BOTTON, S., BLANC, A., 2010]. Par ailleurs, Hô Chi Minh-Ville et Hanoi ont bénéficié de l'aide de l'Agence Française de Développement, dans le cadre de programmes d'amélioration de la gestion et de l'accès à l'eau [AFD, 2008].

De façon générale, l'accès à l'eau potable s'est accru considérablement au cours des vingt dernières années. Mais une observation détaillée montre que certaines régions, principalement reculées, demeurent largement défavorisées. Par ailleurs, le faible coût relatif de l'eau semble entraîner des pratiques de gaspillage, et la croissance démographique forte associée à une urbanisation rapide, qui s'accompagne de modifications des comportements, laissent présager une augmentation de la demande et une diversification des usages de l'eau [DIAZ PEDREGAL, V. et VU, T. B., 2007].

2/ Accès à l'assainissement.

L'accès à l'assainissement demeure quant à lui faible sur tout le territoire. En effet, plus de la moitié des ménages (53,8 %) sont encore privés, en 2009, d'un accès à des installations sanitaires améliorées6.

6 La question posée lors du recensement était la suivante : « quelle sorte d'installation sanitaire est utilisée le plus souvent par le ménage ? ». Plusieurs réponses étaient possibles : « toilettes intérieures munies d'un système d'évacuation des eaux usées », « toilettes extérieures munies d'un système d'évacuation des eaux usées », « autre »,

Carte 4 : Un accès à l'assainissement réservé à une minorité dans beaucoup de provinces.

C'est dans les zones montagneuses du nord et du centre, encore une fois, que l'accès à l'assainissement est le plus faible. Mais il apparaît bien que la majeure partie du territoire est encore aujourd'hui privée d'un accès à des installations sanitaires améliorées. L'amplitude des variations entre les provinces est considérable. Ainsi, la part des ménages n'ayant pas accès à l'assainissement passe de 85,7 % pour la province de Lai Chau (région des hauts plateaux du nord) à 4,3 % et 1,5 % respectivement, pour Da Nang City et Hô Chi Minh-Ville. On aurait pu s'attendre à ce que les plaines deltaïques, les grandes villes au moins, soient les mieux équipées. Si c'est le cas pour quelques provinces située dans la région Sud-Est, dont Hô Chi Minh-Ville, ainsi que pour Da Nang City, les provinces du delta du fleuve Rouge présentent quant à elles des taux d'accès relativement

« pas de toilettes ». Sont considérées comme installations sanitaires améliorées les toilettes munies d'un système d'évacuation des eaux usées (fosse scpetique, égouts).

faibles. Concernant Hanoi, l'explication se trouve probablement dans l'urbanisation rapide et importante, conduisant à un « surpeuplement des logis ». Selon René Parenteau [1997], professeur d'urbanisme à l'Université de Montréal, les immeubles des vieux quartiers du centre-ville de Hanoi ont été transformés en habitats collectifs dès les années 50. Au milieu des années 90, dans ces logements surpeuplés où vivent plusieurs familles regroupant 18 membres en moyenne (enquête réalisée entre 1993 et 1996), l'espace dont chacun dispose n'excède pas les deux mètres carrés. Quant aux installations sanitaires, elles sont quasi inexistantes : « on estime que jusqu'à 30 personnes peuvent partager une toilette à Hanoi »7. Bien que datant quelque peu, ces données pourraient expliquer en partie les observations. René Parenteau étudie à la même époque les bidonvilles d'Hô Chi Minh-Ville, où « des milliers de ménages habitent sur les canaux et n'ont aucun équipement sanitaire »8. Comme nous le montre la carte, la part des ménages n'ayant pas accès à l'assainissement est très faible à Hô Chi Minh-Ville en 2009 (1,5 %). De nombreux projets visaient l'éradication des bidonvilles, ainsi que l'assainissement de la ville, et d'importants progrès furent réalisés. Mais dans tous le reste du pays, et notamment dans les zones reculées, il reste beaucoup à faire en matière d'assainissement. Dans ces régions, il est plus que probable que l'OMD visant à réduire de moitié la part de la population n'ayant pas accès un assainissement de base, ne sera pas atteint d'ici à 2015.

3/ Accès à l'électricité.

Le gouvernement du Vietnam a mis en place un programme d'électrification rurale, qui a fait passer la part des ménages ruraux ayant accès à l'électricité de 50,7 % en 1996 à 90,7 % en 2005 [Banque Mondiale, 2007]. En 2009, dans la plupart des provinces du pays, la proportion des ménages ayant accès à l'électricité est supérieure à 95 %9. Néanmoins, la carte 5 met en évidences des inégalités

7 René Parenteau (dir.), Habitat et environnement urbain au Vietnam : Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, Karthala-CRDIACCT, 1997, p. 11.

8 Idem.

9 La question posée lors du recensement était la suivante : « quelle est la source principale d'énergie utilisée par votre ménage pour l'éclairage ? ». Plusieurs réponses étaient possibles : « électricité », « paraffine », « gaz », « charbon »,

persistantes. Les zones de montagnes et de plateaux, et plus particulièrement celles du nord, demeurent défavorisées, même si seules trois provinces présentent un taux d'accès inférieur à 70 %, lesquelles sont Dien Bien, Ha Giang, et Lai Chau (province où le taux d'accès, égal à 49,7 %, est le plus faible du pays).

Carte 5 : Les zones montagneuses demeurent défavorisées concernant l'accès à l'électricité.

Le programme gouvernemental d'électrification des campagnes se poursuit. En 2008, la Banque Mondiale a décidé d'accorder un prêt de 150 millions de dollars, et le programme devait bénéficier d'un prêt non remboursable de 3 millions de dollars de la part de l'Agence Australienne pour le Développement International10. Le pays mise aujourd'hui sur les énergies renouvelables.

« bois de chauffage », « autre ».

10 MAI, Phuong, « La Banque Mondiale accorde un prêt [...] », in Courrier du Vietnam, 5 nov. 2008. ( http://lecourrier.vnagency.com.vn/default.asp?xt=&ct=&page=newsdetail&newsid=46976, dernière consultation le 5 janvier 2011).

Notamment, le Vietnam bénéficie d'un littoral de plus de 3000 km, et le développement d'un parc éolien naissant est envisagé11.

De façon générale, l'accès à l'électricité est prêt d'être généralisé au Vietnam puisqu'en 2009, plus de 93 % des ménages l'utilisent pour s'éclairer. Néanmoins nous l'avons vu aussi, des inégalités persistent, et quelques provinces doivent faire l'objet d'une attention particulière.

4/ Des services de base en lien direct avec la santé.

L'absence d'eau potable et d'assainissement est une des premières causes de mortalité dans le monde (vecteurs de maladies). L'amélioration de la santé des population passe donc par l'amélioration des conditions de vie et d'hygiène. La pollution à l'intérieur de l'habitat, résultant de l'utilisation de bois de chauffage ou d'autres combustibles traditionnels est responsable de 1,5 millions de décès par an dans le monde [Banque mondiale]. Si l'accès à l'électricité semble aujourd'hui presque universel, les efforts doivent être poursuivies, dans les zones les plus reculées notamment. L'accès à l'électricité est un facteur de santé, parce qu'il évite, déjà, le recours à des combustibles nocifs lorsqu'utilisés dans les logements. D'autre part, l'électricité est nécessaire au bon fonctionnement des structures de soins. Le développement du réseau de structures de soins doit donc s'accompagner du développement énergétique.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon