1.2.3 Analyse de la situation actuelle en R D Congo
En dépit d'une certaine accalmie sur le marché
des changes, la dégradation du cadre macroéconomie
observée dans les années passées s'est poursuivie à
l'an 2009. Cette situation tient tant à la poursuite de l'atonie de
l'activité qu'au phénomène d'ajustement avec
décalage d'au moins un mois des prix intérieurs à la force
de rappel que constitue le taux de change.
a. Au plan du secteur réel
Selon la Banque Centrale du Congo dans la note de conjoncture
(2009, P4), la croissance économique, estimée à partir de
l'indice d'activité, a été de - 4,6% au premier trimestre
de cette année. A regard des indications préliminaires de
l'activité dans plusieurs branches, cette évolution
délétère s'est poursuivie jusqu'à la
deuxième quinzaine du mois de Mai. Quant à la formation des prix
intérieur, elle a enregistré un ralentissement à partir de
la deuxième moitié du mois d'avril et une baisse aux vingt -
quatre premiers jours du mois de Mai.
Toute fois, le niveau de l'inflation en projection annuelle,
quoiqu' ayant passé de trois à deux chiffres entre le mois
d'Avril et la première moitié du mois de Mai, reste encore
élevé et continue à donner des signaux allocatifs et
informationnels contre - productifs.
b. Au plan du secteur extérieur
Les termes de l'échange sont restés
défavorables au regard de la faiblesse des cours des matières,
d'une part, et du niveau encore élevé des prix des produits
importés. Cette situation pèse sur la viabilité de la
balance courante caractérisée structurellement par un
excédent commercial confortable compensant le déficit de la
balance des services et des transferts courants. Cet excédent est
actuellement très réduit. Par ailleurs, les entrées des
capitaux au titre principalement d'investissements directs étrangers
demeurent timides suite à la morosité de la demande
internationale.
c. Evolution dans le secteur
monétaire
L'évolution dans le secteur monétaire est
marquée par le déséquilibre fondamental entre l'offre et
la demande de la monnaie, à la suite, d'une part, de l'absorption non
définitive de l'important financement monétaire de l'année
2008 et, d'autre part, de la baisse du revenu réel dans un contexte des
tensions inflationnistes.
d. Evolution de l'inflation globale en glissement
annuel
Les conséquences de l'évolution actuelle de
l'inflation sont nombreuses et peuvent être catégorisées en
deux types :
? Pour les ménages
Il y a une perte en tant qu'épargnants en monnaie
nationale, une dévaluation du patrimoine financier et des incertitudes
quant aux plans de consommation.
? Pour les entreprises
Il y a risque de biaiser dans le calcul économique,
ralentissement des investissements, alourdissement du poids de l'endettement,
illusion monétaire et risque d'amenuisement des actifs réels de
l'entreprise.
En outre, pour l'économie dans son ensemble, il y a
accentuation de la dollarisation, des distorsions des prix relatifs lesquels
deviennent plus volatiles et difficiles à prévoir.
e. Evolutions observées
La dollarisation en R D Congo s'est fixée et
précisée dans les faits à partir de 1990 avec
l'enracinement de l'hyperinflation.
En effet, « il est rare que la monnaie nationale survive
aux ravages causés par une inflation forte et variable : elle est vite
abandonné au profit de la monnaie étrangère qui devient le
refuge de l'épargne financière ». L'hyperinflation a
été endiguée depuis 2001.
Cependant, sa conséquence, la dollarisation se
maintient, voire s'accentue certaines années. Deux thèses
essaient d'expliciter ce paradoxe apparent :
· La dollarisation demeure en raison de
l'intérioration des évolutions passées de l'inflation dont
la maîtrise ne procéderait que d'un accident. A tout instant,
l'économie peut tomber dans les travers de l'hyperinflation. Ainsi, si
la cause a disparu, sa conséquence demeure et se nourrirait de
l'épouvantail d'un retour possible de l'hyperinflation. «
D'où le phénomène d'hystérèse, selon lequel
suite à un choc transitoire dans l'économie, le mécanisme
de propagation constitué des anticipations rétrospectives, ne
permet pas à l'équilibre de retrouver, à long terme, son
niveau initial caractérisé par l'absence de la dollarisation
».
· La justesse des efforts entrepris pour juguler
l'hyperinflation. Toute fois, si le niveau d'inflation est jugé
convenablement, sa volatilité, à savoir l'écart absolu
entre l'inflation actuelle et celle précédente, pose encore
problème. « D'où le phénomène de persistance
selon lequel suite à un choc transitoire dans l'économie
procédant de l'incertitude des agents par rapport à la
volatilité de l'inflation et les amenant à continuer à
détenir les devises ; le mécanisme d'ajustement implique un
délai avant le retour à l'équilibre initial de non
dollarisation ».
La survenance de l'hyperinflation en RDC a
résulté des chocs tant de la demande que de l'offre globale. La
demande globale a été notamment tirée par l'expression de
la dépense publique. Cette dernière n'était pas
compensée par une mobilisation suffisante de recettes en raison de la
contraction de l'offre globale expliquée surtout par l'effondrement de
l'activité dans le secteur minier. Le défit qui en
résultait était exclusivement monétisé
entraînant l'augmentation de l'offre de monnaie non désirée
et portant la hausse rapide du niveau général des prix.
De ce fait, l'utilisation des devises dans toutes les
fonctions traditionnelles de la monnaie (intermédiaire des
échanges, actif de réserve et unité de compte) a
été d'abord le fait du public. La reconnaissance officielle, sous
forme de régularisation d'une situation de fait, n'est intervenue que
plus de dix ans après. La légitimité de la monnaie des
autres, dans l'exercice de trois fonctions traditionnelles sur l'espace
économique pourtant doté d'une monnaie nationale, a ainsi
précédé sa légalité.
Le contexte de dollarisation n'induit pas ipso facto un
relâchement ou une perte de contrôle de la monnaie. Tout
dépend de l'évolution du multiplicateur, de la nature de la
politique monétaire et surtout de sa capacité à compenser
ou prévenir la variation des facteurs autonomes de la liquidité,
principalement le crédit net à l'Etat.
Dépréciation du TCR par dévaluation du
TCN
Figure 1 : Schéma synthétique de
l'interprétation économique du début de la crise de
la dette jusqu'à l'adoption du régime de la
dollarisation
Remboursement de la dette externe
Excédent commercial
Inflation chronique
Lutte contre l'inflation
Stabilisation du TCR
Dévaluation du TCN
Inflation
DOLLARISATION PARTIELLE
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Dépôts en dollars à l'étranger
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Dépôts en dollars dans le système bancaire
national : (dont la contre partie est constitué de crédit en
dollars)
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Vulnérabilité financière et
économique accrue (balance sheet effect
DOLLARISATION INTEGRALE
Source : Docteur Axel Gastambide (2005, P15)
Notes : TCN = taux de change nominal et TCR
=Taux de change réel
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