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L'art du désert - Etude des peintures aborigènes contemporaines du désert central d'Australie dans le contexte de la culture aborigène et du marché de l'art.

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par Amandine Dooms
Université Libre de Bruxelles - Histoire de l'Art et Archéologie. Civilisations non-européennes 2001
  

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Introduction

Au grand mur blanc du salon d'une maison bourgeoise belge, est accrochée une peinture aborigène. Pourtant, ses propriétaires, s'ils apprécient l'art en général, n'ont aucun intérêt particulier pour l'Australie, et moins encore pour les Aborigènes. Ils ont même tendance à écorcher ce mot qui devient "arborigène", comme on peut d' d'ailleurs l'entendre très souvent de la bouche de francophones mal renseignés. Ce tableau est là, bien intégré dans son nouvel espace où règne une harmonie esthétique. Pourquoi une peinture aborigène se trouve-t-elle dans ce contexte occidental ? Voilà une question qui ne vient que rarement à l'esprit. Nous sommes déjà habitués aux objets africains ou asiatiques, alors pourquoi pas aborigènes ? Orner notre environnement d'objets étrangers est devenu une habitude. Cela ne nous interpelle plus vraiment et on ne s'interroge plus sur leur présence en des lieux somme toute assez inadéquats. Pourtant on devrait ! Une statuette africaine sacrée qui orne nos toilettes ou une peinture qui invoque pour son auteur des ancêtres, des cérémonies secrètes et la création du monde placée dans un salon où on pense à tout sauf à ces croyances dont on a à peine connaissance, voilà qui devrait soulever de nombreuses questions ! Dans cette étude, j'essaie de montrer ce que représentent ces peintures pour les Aborigènes et pour les occidentaux et comment un tel tableau peut se retrouver accroché au mur de nos salons. Pour cela, un voyage en Australie s'est rapidement avéré nécessaire vu le peu de publications accessibles en Belgique. Quinze jours à Alice Spring m'ont permis de visiter un grand nombre de galeries d'art du Désert et de rencontrer les Aborigènes. J'ai eu la grande chance de pouvoir accompagner une

infirmière australienne une journée dans la communauté d'Ampilatwatja où elle avait exercé sept ans plus tôt (ILL.1). Voir les Aborigènes dans leur propre village était réconfortant après avoir vaguement côtoyé tous ceux qui traînent dans les rues d'Alice Spring, saouls et mendiant comme des clochards. Ensuite, un mois dans les bibliothèques universitaires de Melbourne, Adélaïde et Sydney a rempli mon sac à dos de presque dix kilos d'articles et de livres sur le sujet.

Avant de décrire les différents chapitres de cette étude, il me paraît indispensable de définir ce que j'entends par "art du Désert". Ce terme également utilisé dans la version française de Aboriginal art de Wally Caruana (Caruana 1994, 97-151) reprend l'art Aborigène du Désert central et occidental d'Australie. Christopher Anderson et Françoise Dussart utilisent l'appellation "art du Désert occidental en Australie centrale" (Anderson & Dussart 1989, 89) qui me semble un peu lourde. L'Australie centrale recouvre un immense territoire aride situé sur les Etats du Territoire du Nord, de l'Australie du Sud et de l'Australie Occidentale et inclut une grande partie des déserts Tanami, Gibson et le Great Sandy Desert (Petitjean 2000, 51; Anderson et Dussart 1989, 92) (CARTE. 1). Un autre art aborigène d'Australie est également situé dans des régions désertiques mais il est appelé par le nom de la région dans lequel il se trouve: l'art du Kimberley.

"L'art du Désert" désigne plus un courant artistique particulier que l'art d'une région et se distingue des autres courants de l'art des Aborigènes australiens à savoir l'art du Kimberley (ILL. 2), l'art de la Terre d'Arnhem (ILL. 3), l'art du Nord du Queensland et l'art aborigène urbain (Caruana 1994, 5).

Le premier chapitre de cette étude est consacré aux Aborigènes eux-mêmes. Leur Histoire, leur environnement naturel et leur mode de vie sont sommairement expliqués pour donner aux lecteurs les informations de base sur ce peuple que l'on connaît si peu en Europe. On ne peut pas, à mon sens, étudier l'art du Désert sans rien connaître de ceux qui en sont à l'origine et ce d'autant plus que la culture aborigène est très différente de la nôtre. Je décris le Rêve, notion à la base des croyances aborigènes, d'une manière particulièrement approfondie car il est la principale source d'inspiration des artistes. On peut difficilement comprendre l'art du Désert sans maîtriser la notion de Rêve aborigène.

Le deuxième chapitre traite des origines de la peinture contemporaine du Désert. Tout d'abord de ce que j'ai appelé ses formes ancestrales : les formes d'art traditionnel dont la peinture actuelle découle directement, qui sont la peinture rupestre et corporelle, les dessins dans le sable et les peintures de sable. Ces oeuvres font la preuve d'une continuité au moins formelle de la tradition dans les oeuvres contemporaines. Ce deuxième chapitre comprend également un historique du début du courant artistique de l'art du Désert dans les années soixante-dix à Papunya et dix ans plus tard dans les autres centres de développement.

Dans le troisième chapitre, j'ai réuni les trois éléments que j'estime principaux d'une peinture, à savoir : comment on la fait, ce que l'on en voit et ce que l'on en dit. Ainsi, la première partie de ce chapitre décrit les règles et les techniques de peinture tandis que la deuxième partie donne une description formelle générale

des peintures du Désert et une tentative de classification stylistique, alors que la troisième partie est consacrée à leur symbolique.

Le quatrième et dernier chapitre de ce mémoire traite du marché et de ses paradoxes. Bien que ce sujet soit rarement traité dans les publications sur l'art du Désert, il m'est apparu très intéressant et assez important de le développer. En effet, le courant artistique des peintures du Désert n'existerait pas sans le marché. Il en est donc pour moi une composante primordiale. Tout d'abord, je mets en évidence dans ce chapitre les paradoxes engendrés par l'introduction dans un marché occidental d'oeuvres provenant d'une culture tout à fait différente et mal connue. Ensuite, je décris les différents acteurs du marché. Survient alors une question qui m'est apparue particulièrement complexe et digne d'intérêt : Est-ce que l'art du Désert doit être considéré comme un art ethnique ou comme un art contemporain à part entière?

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