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L'art du désert - Etude des peintures aborigènes contemporaines du désert central d'Australie dans le contexte de la culture aborigène et du marché de l'art.

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par Amandine Dooms
Université Libre de Bruxelles - Histoire de l'Art et Archéologie. Civilisations non-européennes 2001
  

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4.3.2 Les peintures du Désert comme oeuvres contemporaines : le pour et le contre.

Contemporain est ici pris dans le contexte artistique. Historiquement, personne ne peut dire que ces oeuvres ne sont pas contemporaines. La question ne se pose donc pas. D'un point de vue artistique, il s'agit de se demander si les peintures du Désert peuvent être considérées comme des oeuvres d'art contemporain au même titre que toutes les oeuvres reconnues actuellement comme telles. D'où la question : qu'est ce qui fait d'un objet une oeuvre d'art contemporain ? Cette question est bien trop difficile et controversée pour que je prétende y répondre, je vais donc tâcher d'en donner quelques critères récurrents et de voir de quelle manière les peintures du Désert y correspondent.

On peut trouver dans les peintures du Désert des ressemblances structurelles avec une partie de l'art contemporain : l'abstraction, la bidimensionnalité ou absence de profondeur, la mise en évidence du geste du peintre et de la texture et le non-illusionnisme sont des éléments qu'on retrouve aussi bien dans l'art contemporain que dans l'art du Désert. Ces similitudes rendent l'art du Désert beaucoup moins étrangers à nos yeux que la culture aborigène même.

On peut également trouver des ressemblances formelles entre certaines oeuvres du Désert et des oeuvres occidentales bien précises. Cela constitue un argument particulièrement en faveur de la reconnaissance des oeuvres du Désert comme oeuvres d'art contemporain. La ressemblance entre les peintures de Gloria Petyarre (ILL. 69) et les texturologies de Dubuffet (ILL.103) saute aux yeux. Ronnie Tjampitjnpa (ILL.59) et Franck Stella (ILL.104) utilisent le même motif même si l'aspect gestuel aborigène contraste avec les lignes tracées à la latte de Stella.

La reconnaissance par des institutions, comme le musée d'art, ou par des spécialistes reconnus est aussi très importante (Moulin 1997, 47-52). De très nombreux musées d'art australien contiennent des peintures du Désert et plusieurs galeries d'art contemporain ont exposé des oeuvres d'artistes aborigènes à côté d'oeuvres d'artistes occidentaux contemporains (Petitjean 2000, 138-40). Un autre élément de reconnaissance en tant qu'oeuvre d'art est le prix atteint par l'oeuvre lors des ventes aux enchères importantes (Moulin 1997, 57-8). Plus les oeuvres d'un artiste sont achetées chères, plus l'artiste est reconnu29. Ainsi, on voit que des oeuvres d'artistes aborigènes ont déjà atteint des sommes fort importantes : certes, pas autant que les records de ventes occidentales mais tout à fait honorables proportionnellement aux nombres d'oeuvres vendues et à l'âge des oeuvres : comme je l'ai déjà dit, le tableau qui détient le record à été vendu, 486 500 dollars australiens lors de la vente annuelle d'art aborigène de Sotheby's à Melbourne en 2000. (Petitjean 2000, 318)

Les critères d'originalité et d'inventivité qui semblent également être importants dans l'art contemporain (Moulin 1997, 49) sont, comme on l'a vu dans le chapitre sur les paradoxes, en contradiction avec la pensée aborigène traditionnelle. Néanmoins, certains artistes ont une démarche plus personnelle et répondent à ces critères tout en restant dans leur esprit respectueux de la tradition. Leur esprit inventif fort apprécié dans le marché de l'art à en juger par leur réputation est plus contreversé parmi des responsables aborigènes. Parmi eux, on peut citer Emily Kame Kngwarreye, Turkey Tolson Tjupurrula, Ronnie Tjampitjinpa, etc.

L'élément qui nuit le plus à l'art aborigène dans son processus de reconnaissance est, comme je l'ai déjà dit, la trop abondante production de tableaux aux qualités

très variables. Comme les tableaux sont achetés à tous les niveaux de commerce, de la galerie d'art renommée au magasin touristique de souvenirs australiens, tous les Aborigènes qui ont envie de peindre peuvent trouver un acheteur quelle que soit la qualité de leur travail. Le marché est envahi à 90% de peintures jugées très médiocres par les connaisseurs (Petitjean communication personnelle 2000). Les spécialistes de l'art contemporain qui découvrent l'art du Désert à travers ces oeuvres médiocres ont du mal à ne pas le considérer comme un courant artistique commercial sans qualité artistique.

29 Et vice-versa.

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