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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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A.1.2. La théorie du code

L'approche Saussurienne fait des signes de simples moyens d'échanges d'informations à contenus fixes, effectués entre deux locuteurs par le canal intermédiaire que serait une langue-code conventionnalisée, plus ou moins universelle au sein de la collectivité représentée par la communauté linguistique à laquelle appartiennent les interlocuteurs. Cette conception voit la linguistique comme l'étude d'un code intrinsèquement conventionnel et au sens immanent, utilisé par des sujets parlants idéaux possédant chacun une copie identique de ce code. Ce modèle exclut les sujets parlants de l'étude, car ce qui importe est l'analyse du langage codé, se situant entre les opérations de codage et de décodage. Dans cette conception, le sujet parlant Ç émetteur È encode un message qui sera ensuite décodé par le sujet destinataire Ç récepteur È. En utilisant cette langue-code, les signes traduiraient Ç une activité mentale È qui préexisterait au langage, c'est-à-dire mettraient du sens dans des structures appartenant à la langue, et seraient utilisés comme Ç intermédiaire(s) entre la pensée et le son. È (ibid,1995:156)

Ce modèle du code sera schématisé un peu plus tard par Shannon et Weaver

(1948) :

C.Shanon & W.Weaver, The Mathematical Theory of Communication.

Dans cette perspective du modèle linéaire de la communication, celle-ci est réduite à la simple transmission d'un message qui est codé par la langue et oü l'échange est fait entre un émetteur Ç parlant È depuis une source d'information, utilisant un canal pour faire transiter les signaux, signaux potentiellement perturbés par un bruit extérieur, et reçus par un récepteur qui l'envoie à sa destination, la

source et la destination étant les processus cognitifs des locuteurs. Ce modèle du code, également appelé Ç Théorie de la transmission È ou Ç Théorie mathématique de la communication È, bien que d'inspiration beaucoup plus ancienne, fut conçu pour théoriser les systèmes de télécommunications dans la première moitié du 20ème siècle. Il connut pourtant un succès certain dans les sciences humaines et fut repris par nombreux linguistes, notamment par Jakobson, avec un modèle qui n'est pas sans rappeler le schéma de Shanon et Weaver, auquel il apporte quelques compléments :

R.Jakobson, Essais de linguistique generale (1963).

Ce schéma est le modèle classique de l'étude de la communication en tant que codage et décodage, la définissant comme l'étude formelle de ce mouvement encodage-décodage, échangé entre le Ç destinateur È et le Ç destinataire È. Tel deux tennismen s'échangeant une balle sur un court de tennis, les interlocuteurs sont ici vus comme s'échangeant à tour de rTMle des Ç bulles de signification È. Dans un tel schéma, Ç les messages sont représentés comme des contenus insérés dans des mots, phrases, textes (contenants), transmis d'un émetteur à un récepteur, puis décodés par un processus inverse à celui de l'émission. È (Moeschler,1994:16) De nouveau, ce modèle présente la communication comme le codage d'un message par un code connu identique chez tous les sujets parlants cette langue, et perpétue la supériorité du code, de la langue sur le discours, excluant de l'étude de la communication le sujet parlant en contexte mondain ordinaire ; un modèle oü Ç les paramètres du sujet et de la variation (ont été) évacu(és) de la "langue", en les reléguant à la "parole". È (Fuchs&LeGoffic,1996:9)

On retrouve ce type d'exclusions dans la grammaire générative, théorisée par Chomsky, et postulant l'existence d'un Ç code qui associe une représentation sémantique à une forme phonologique È (Sperber&Wilson,1989:22) organisant le

langage en profondeur. Bien que faisant un premier pas vers l'inclusion des locuteurs, son approche n'en reste pas moins une approche typiquement codique. En effet, la communication fonctionnerait par une mise en opposition de deux idiolectes intériorisés par les interlocuteurs, structures appartenant à une languecode intériorisée, dans lesquelles les locuteurs viendraient injecter du sens avant de le transmettre par le schéma de transmission d'informations. La théorie générativiste renferme donc bel et bien, malgré ce qui pourrait sembler être un premier pas vers la pragmatique par l'inclusion du vis-à-vis des interlocuteurs, le modèle de la languecode, qui se retrouverait dans un catalogue de Ç structures profondes È, utilisées par les locuteurs, sans tenir compte de la situation d'énonciation.

Tous ces schémas fondent le sens d'une communication sur sa construction grammaticale correcte ainsi que dans sa vériconditionnalité, c'est-à-dire qu'un énoncé ne peut avoir de sens qu'à condition qu'il respecte une grammaire (un code intériorisé de grammaticalité) correcte, et qu'il exprime des arguments qui puissent être vérifiés/confirmés, ou falsifiés/infirmés. En d'autres termes, une proposition a du sens, et donc peut passer le schéma transmettant l'information, si et seulement si cette proposition est grammaticale et Ç vraie È. (Eluerd,1985:26-29)

Pour utiliser une métaphore sportive, oü l'on comparerait l'analyse linguistique à une analyse d'un match de tennis, on aurait avec cette théorie du code une analyse qui n'aurait pour objet que l'analyse des mouvements de la balle, de laquelle serait exclue l'importance des joueurs (qui ne feraient que suivre des règles), ainsi que l'importance du matériel qu'ils utilisent ou encore du terrain sur lequel ils jouent. On voit dans ce type de modèle l'exclusion directe de la parole au profit de la langue, et donc par le même biais du sujet parlant, préférant laisser l'utilisation de la languecode à des locuteurs idéaux théoriques. On constate également l'exclusion du contexte, l'affirmant comme extra-linguistique et donc ne devant pas figurer au sein de l'étude linguistique, ainsi que l'exclusion du langage ordinaire. On donne principalement pour motivation à cette supériorité de la langue l'idée d'un rejet nécessaire du langage ordinaire qui serait trop complexe et désordonné, nébuleuse qui ne pourrait satisfaire les exigences de théorisation scientifique, justification que la pragmatique va prendre à contrepied.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille