2.2. La liberalisation financière
Le paradigme de la libéralisation
financière oppose deux courants : l'approche néoclassique (Mc
Kinnon & Shaw, 1973) et l'approche néo-structuraliste
inspirée des analyses keynésiennes5 (Taylor et Van
Wijnbergen, 1983).
L'approche néoclassique défend la hausse
des taux d'intérêt, l'ouverture du compte du capital, la
dérégulation du système bancaire et financier et le
retrait de l'intervention publique. Leur objectif est la mobilisation de
l'épargne domestique et l'amélioration de son affectation dans
des projets d'investissement plus rentables et par conséquent une
augmentation de la croissance. Ainsi, ces auteurs considèrent la
libéralisation financière comme une solution de sortir d'un
régime de répression financière.
L'approche néo-structuraliste rappelle
plutôt l'importance du maintien des taux d'intérêt à
un niveau faible pour relancer l'investissement, défend la
régulation interne pour éviter les placements spéculatifs
des ressources collectées, s'oppose à une ouverture
financière complète pour protéger l'économie des
risques de change et défend le rôle actif et régulateur.
Pour les néo-structuralistes, l'accroissement des taux
d'intérêt nominaux suite à une politique de
libéralisation financière ne peut qu'accroître l'inflation
et donc ralentir la croissance.
5 L'analyse est tirée
de Bouzid A. (2003).
2.3. La typologie de Timmermans (2000)
Timmermans T. (2000) propose une typologie
théorique des déterminants des crises financières. Il
distingue d'une part les approches traditionnelles (keynésienne et
monétariste) du concept de crise financière basées
essentiellement sur des travaux empiriques et d'autre part l'approche
basée sur la théorie de l'asymétrie informationnelle qui
focalise son attention sur la spécificité des institutions de
crédit.
2.3.1 Les approches traditionnelles de la crise
financière
Selon Kindleberger (1978)6, en l'absence de
stricte définition du concept de crise financière, plusieurs
analyses couvrant le phénomène ont adopté une approche
essentiellement empirique basée sur des épisodes et des
données circonstancielles. Pour Timmermans (2000), cette approche
présente beaucoup d'insuffisances. Premièrement, en se
concentrant sur des crises financières qui ont déjà eu
lieu, elle ne tient pas compte de risques, qui bien que potentiellement
déstabilisants, ont été confinés dans des actions
de prévention. Deuxièmement, les études empiriques ont
souvent conduit à l'attribution de volatilités excessives des
marchés financiers pour un problème d'ordre systémique. Ce
qui conduit à choisir parmi un trop large champ d'indicateurs.
Inversement, ignorer la logique entre les divers éléments
constitutifs d'une crise financière conduirait à ne pas tenir
compte de phénomène, qui bien que non spectaculaires, jouent un
rôle central dans le développement d'une crise
financière.
Selon Timmermans T. (2000), les keynésiens et les
monétaristes ont essayé de diminuer ces inconvénients dans
leurs approches.
Pour les keynésiens, la crise financière
est due à la baisse de la demande. Pour eux, l'évaluation des
risques financiers tient principalement compte des composantes de la demande
agrégée qui peut être mesurée soit directement soit
à l'aide d'indicateurs facilement disponibles. Cependant, bien que la
course au cycle des affaires exerce une influence sur la stabilité du
système financier, toutes les périodes de récession ne
sont pas accompagnées d'une crise systémique. De la même
manière, une aggravation du risque systémique n'est pas toujours
précédée d'un ralentissement de l'activité
économique, mais peut au contraire déclencher un revirement du
cycle.
Les monétaristes quant à eux analysent le
risque financier sous l'angle du développement monétaire.
Ainsi, selon ces derniers, le déclenchement de la crise
financière des années 30 est
6 Timmermans T.
(2000)
dû à une hausse des taux
d'intérêt par la Réserve fédérale à la
fin de l'année 1928. Les monétaristes pensent que la crise
bancaire est le principal élément du mécanisme de
propagation de la crise des années 30, et elle se reflétait dans
la décroissance cumulative du multiplicateur monétaire. Par
conséquent, en l'absence de politique monétaire expansionniste
suffisante, l'offre de monnaie a rapidement baissé, ce qui a conduit
à la récession. Toutefois, Timmermans T. (2000) souligne que en
réduisant les crises financières aux seuls éléments
monétaires, les monétaristes rejettent l'existence du risque
systémique qui s'applique exclusivement aux banques.
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