Sécurité sur la transfusion sanguine dans la ville de Bukavu

I . INTRODUCTION

La communauté mondiale partage la même substance vitale : LE SANG.

Le sang est la source de vie pour tous les êtres vivants, quelque soit leur couleur de peau, leur race, leur religion et leur appartenance sociale. Le sang est aux soins médicaux ce que le pétrole est au transport (selon ARTHUR Caprin, directeur du centre bioéthique de l'université de Pennsylvanie).

I. 1. DEFINITION DES CONCEPTS

a. Le sang : c'est une suspension des cellules appelées « éléments figurés » baignant dans un liquide complexe appelé « plasma ».

b. Donneur bénévole de sang : c'est une personne qui donne librement et gratuitement son sang pour sauver des vies humaines.

Le don de sang est un acte responsable, de témoignage et d'amour.

I. 2. HISTORIQUE DE LA TRANSFUSION SANGUINE

L'homme préhistorique savait qu'un animal est condamné à mourir très vite s'il a perdu une trop grande quantité de sang. Le sang est donc le symbole de la vie.

Dans certaines cultures, on buvait le sang des animaux dans l'espoir d'acquérir ainsi leurs vertus, la force et le courage du lion par exemple. On allait même jusqu'à sacrifier les êtres humains pour s'assurer la faveur des dieux par ce « don de sang ».

Les premières tentatives de transfusion sanguine remontent à l'antiquité où le sang était considéré comme un remède et une source de jouvence.

Ainsi, la légende raconte que Médée, une magicienne grecque, remplaçant le sang du père de Jason (Grand Général Grec) par un liquide mystérieux.

Les romains aisés buvaient le sang des gladiateurs tués dans les arènes.

Une autre légende rapporte que pour sauver le Pape Innocents VIII, son médecin lui fit boire le sang de trois garçons de dix ans, mais en vain : la Pape mourut et les malheureux garçons succombèrent aussi à ce traitement de choc.

Au début du XVIIIe siècle, le médecin anglais James BLUNDEL pratiqua la première transfusion de sang d'homme à homme.

La R.D.Congo, et particulièrement la province du Sud-Kivu sont confrontées depuis plusieurs années à des guerres successives et même des calamités naturelles qui ont créé une situation de morbidité et la perte de sang consécutive aux traumatismes et blessures, et d'autres cas de maladies dans lesquels un apport de sang est indispensables.

Localement, l'HGR Bukavu a essayé de faire face à ces demandes mais il lui faut un apport très important en sang. Ceci ne peut se faire que s'il existe des donneurs bénévoles de sang en grand nombre. C'est ainsi que l'Amical des Donneurs Bénévole de Sang (AMIDOSA) a été créée, le 06 décembre 1998.

I. 3. OBJECTIFS DE LA SEANCE DU DON BENEVOLE DU SANG

- Expliquer pourquoi on a besoin des donneurs bénévoles de sang,

- Décrire et comparer les différentes catégories de donneurs bénévoles de sang,

- Expliquer les principes éthiques du donneur bénévoles du sang.

II. LE SANG

II. 1. ORIGINE DU SANG

Le sang est fabriqué dans la moelle osseuse des os longs.

Chez les enfants, le sang se développe dans les os longs comme le tibia et le fémur. La moelle osseuse rouge est le foyer protégé des cellules du sang.

II. 2. C OMPOSITION DU SANG

Le sang est constitué de quatre composantes principales qui sont :

a. Le plasma : il représente entre 52 et 62% du sang total. Il est constitué à 90% d'eau. c'est un liquide jaune paille dans lequel : cellules sanguines, protéines et autres substances sont en suspension et par lequel elles sont transportées.

b. Les Globules Rouges (Érythrocytes) : constituent entre 38 et 48% du sang total. Ils maintiennent les tissus en vie et leur apportent de l'oxygène et en les débarrassant du dioxyde de carbone (CO²).

c. Les Globules Blancs (Leucocytes) : constituent moins de 1% du sang total. Ils attaquent et détruisent les éléments étrangers qui peuvent être nuisibles.

d. Les plaquettes (Thrombocytes) : représentent moins de 1% du sang total. Elles servent à la formation des caillots, qui empêchent le sang de s'épancher des plaies.

II. 3. IMPORTANCE DU SANG

Le sang est un liquide précieux qui est essentiel au bon fonctionnement de notre organisme. Il ne peut être fabriqué artificiellement, il est irremplaçable. C'est pourquoi il est vital que la population se mobilise et donne son sang.

Le sang joue les rôles suivants :

- Le transport de substances : les gaz, les substances dissoutes,...

- La défense de l'organisme : dans notre environnement vivent de nombreux agents pathogènes tels que les virus, les bactéries et les parasites.

- La fermeture des blessures : les plaquettes et les substances protéiques du plasma protègent le corps contre les pertes de sang en cas de blessures mineures.

- La répartition de la chaleur : qu'il fasse très froid ou une chaleur torride dehors, la température à l'intérieur de notre corps devrait toujours se situer aux alentours de 37°C.

II. 4. GROUPES SANGUINS

Les transfusions de sang d'homme à homme n'ont pas seulement échoué dans le passé par manque d'hygiène, mais aussi et surtout parce que l'on ignorait l'existence des groupes sanguins.

Les groupes sanguins des donneurs doivent être compatibles avec ceux des receveurs, surtout lors de la transfusion des globules rouges.

Il existe plusieurs groupes sanguins mais dans le cadre du don bénévole de sang, nous retenons les plus importants. Il s'agit du Système ABO et du Système RHESUS.

4. a. LE SYSTEME ABO (découvert par Karl LANDSTEINER)

Selon les antigènes sur les globules rouges du sang, on distingue quatre groupes sanguins, à savoir : A, B, AB, O.

On ne peut recevoir que le sang d'un groupe sanguin compatible.

Les personnes appartenant au groupe AB sont appelées « RECEVEURS UNIVERSELS » tandis que les personnes appartenant au groupe O sont appelées « DONNEURS UNIVERSELS ».

GROUPES SANGUINS	ANTIGENES DE GROUPES SANGUINS SUR LES GLOBULES ROUGES	ANTICORPS DANS LE SERUM
A	Antigène A	Anti-B
B	Antigène B	Anti-A
AB	Antigène A et B	Pas d'anticorps
O	Pas d'antigène	Anti-A et Anti-B

 

4. b. LE FAC TEUR RHESUS (découvert par LEVINE en 1939)

Le Rhésus est un ensemble d'antigènes présent ou pas sur les globules rouges et qui interdisent de donner du sang n'appartenant pas au même Rhésus. Lorsque ces antigènes sont présents, on est du Rhésus Positif (Rh⁺) et lorsqu'ils sont absents, on est du Rhésus négatifs (Rh^-).

II. 5. LES MALADIES TRANSMISSIBLES PAR LE SANG

Les maladies transmissibles par le sang sont contagieuses qui se transmettent généralement en faisant des rapports sexuels.

Il existe plusieurs maladies transmissibles par le sang notamment :

- La syphilis,

- Le sida,

- L'hépatite,

- Les infections à cytomegalovirus,

- Le paludisme,

- Etc.

III. DON DU SANG

III. 1. ETHIQUE DU DON DU SANG

Aucun être humain ne peut vivre sans le sang en quantité et qualité suffisantes. Sans le Sang c'est la Mort. Ainsi « donner le sang c'est donner la vie ».

Le don de sang est régi par des principes éthiques fondamentaux.

Le don de sang doit être :

- Volontaire : Par un acte volontaire et délibéré,

- Altruisme : C'est s'oublier soi-même, le don de sang est toujours et purement gratuit, un fait de bon coeur et sans contrepartie,

- Bénévole : Qui fait quelque chose sans obligation,

- Anonymat : Qui ne fait pas connaître son nom,

- Engagement : C'est l'action de se lier par une convention, une promesse.

- Responsabilité : C'est l'obligation morale de réparer une faute, d'assurer les conséquences de ses actes et de remplir un devoir.

III. 2. QUI, POURQUOI, QUAND, OU, COMMENT ?

2. a. Qui peut donner du sang ?

Toute personne en bonne santé (pesant plus de 50 Kilogrammes) âgée de 18 à 65 ans révolus. Sont régime alimentaire doit être : normal, ordinaire mais aussi équilibré et riche en protéines et aliments nutritifs.

Toute fois, certaines personnes seront écartées temporairement ou définitivement du don de sang selon qu'elles se trouvent dans l'une des situations décrites ci-dessous :

- Les personnes ayant souffert récemment d'hépatite virale,

- Les personnes ayant contracté la malaria,

- La prise de certains médicaments peut entrainer une éviction,

- L'hyper ou l'hypotension, les affections cardio-vasculaires rendent également inaptes au don du sang,

- Une femme grosse ne donnera pas son sang et une jeune maman attendra six mois après l'accouchement,

- Les personnes présentant une maladie infectieuse des problèmes rénaux, un cancer, celles qui ont été opérées récemment ne pourront pas être retenus comme donneurs.

Ainsi, avant le don un médecin s'assure que vous pouvez donner votre sang sans conséquence pour vous ni pour les malades qui recevront les produits issus de votre don.

2. b. Pourquoi donner son sang ?

« Donner son sang c'est sauver une vie »

La transfusion sanguine est indispensable et vitale dans le traitement de nombreuses pathologies. Les raisons pour donner son sang sont nombreuses tout comme les besoins sont bien diversifiés.

Donner son Sang c'est venir en aide aux (à la) :

- Malades (cancer, leucémie, sida,...), en cas d'épidémies ;

- Opérés ;

- Grands brûlés ;

- Femmes enceintes en ca d'accouchement difficile ;

- Hémophiles ;

- Accidents de la route mais aussi de catastrophe naturelle (tremblement de terre, ouragans, ...), catastrophes d'origine humaine (effondrement d'immeuble, ...) ;

- Chirurgie et à la médecine, grâce à la transfusion sanguine, dans la plupart des maladies traitées aujourd'hui, on peut apporter aux malades uniquement les produits sanguins dont ils ont besoin (globules rouges, plasma ou plaquettes).

2. c. Quand faut-il donner son sang ?

Nous donnons notre sang à chaque fois qu'on nous le demandera et pour autant que nous soyons en bonne santé.

2. d. Où fait-on le prélèvement du sang ?

Le sang est prélevé dans un hôpital, un centre de santé équipes pour cela, c'est-à-dire disposant des matériels de prélèvement, d'u laboratoire équipé pour réaliser les différents tests exigés et des possibilités pour conserver du sang.

Habituellement, la quantité du sang prélevée n'est jamais supérieure à 450 Cc. Il est prélevé dans les sachets citrates prévus à cet effet.

La séance de prélèvement dure environ 90 minutes suite à des différents tests.

2. e. Comment donner son sang ?

Avant de faire le prélèvement du sang, le laborantin (ou l'infirmier, le médecin) prépare le matériel de prélèvement pour éviter les pertes de temps. Il reçoit les donneurs avec politesse et courtoisie, il l'enregistre, le rassure quant à l'absence des dangers pour lui. Il lui soumet un questionnaire qu'il doit remplir. Sur ce questionnaire, on y demande l'identité du donneur, des renseignements sur son état de sa santé et certaines de ses habitudes de vie.

Le laborantin (ou l'infirmier, le médecin) prend divers paramètres (T.A, Hb, Poids, etc.) il informe le donneur sur les tests qui seront effectués, le résultat possible et ce qu'ils peuvent signifier. L'assurer du secret quant à ses résultats.

Précéder au prélèvement lorsque les tests l'autorisent. Dix minutes après la ponction, la poche est remplie de 450millilittres.

Après le prélèvement, laisser le donneur se reposer un peu (éventuellement lui donner une collation, on lui recommande de boire pour compenser la perte des liquides).

Remercier le donneur et l'inviter à revenir prochainement.

Il est à signaler qu'un donneur bénévole peut donner le sang huit semaines après le don précédent. Il faut laisser au corps le temps qu'il faut pour le sang qui a été précédemment donné se renouvelle.

II. 3. SORTES DE DONNEURS

Il existe trois sortes de donneurs de sang :

- Donneur Bénévole de sang : Il fait un don. Un don est une gratuité qui se fait par amour. Il tient compte de son calendrier de don ;

- Donneur Familial : Il est obligé de le faire avec contraintes sans préparation morale ;

- Donneur Rémunéré (rétribué) : Il donne le sang occasionnellement et ne tient pas compte du calendrier de don, il vise seulement l'argent et ne tient pas compte de sa santé.

III. 4. AVANTAGES DU DON DE SANG

- Satisfaction morale d'avoir accompli un geste hautement Humanitaire et salutaire ;

- La possibilité d'avoir gratuitement une connaissance sur son état de santé. Et donc de se faire soigner à temps.

III. 5. RISQUES DU DONNEUR

Donner son sang est un geste simple. Le donneur ne court aucun risque car le matériel de prélèvement est stérile, à usage unique et le personnel est qualifié.

Mais il faut que, avant tout don, le donneur :

- Soit en bonne santé ;

- Remplisse correctement et consciencieusement le questionnaire ;

- Réponde en toute franchise au médecin lors de l'entretien médical ;

- Ne fasse pas l'objet de contre-indication médicale ;

- Respecte les quelques précautions conseillées après (boire régulièrement de l'eau, etc.).

IV. RECEVEUR DE SANG

Est receveur de sang toute personne (quelque soit son âge, son sexe) qui a besoin de sang si son état de santé le justifie (lorsque son volume sanguin est déficient avec intolérance à l'anémie).

VI. 1. Où peut-on recevoir le sang ?

Le sang ne peut être transfusé que dans une formation médicale disposant des moyens d'actions, de contrôle et de conservation fiable, généralement dans les cliniques, les hôpitaux et les centres hospitaliers.

VI. 2. Quand peut-on recevoir le sang ?

La transfusion sanguine est souvent recommandée dans le cas de :

- L'anémie Sévère : Hb en dessous de 6 grammes% ou 20% d'hématocrites (HCT), lors des maladies infectieuses et parasitaires anémiâtes ;

- L'anémie SS (Sicklanémie) : Hb en dessous de 5grammes% ou 18% HCT ;

- La chirurgie : Hb en dessous de 10grammes% ;

- Une Femme Grosse : Hb en dessous de 7grammes% ou 22% HCT ;

- Une perte brutale et massive de sang (cas d'accident grave par exemple) ;

- Un malade souffrant de troubles de coagulation (cas des Hémophiles) ;

IV. 3. AVANTAGES DE SANG POUR LE RECEVEUR

- Amélioration de son état de santé ;

- Possibilité de reprendre ses activités dans la société.

IV. 4. RISQUES DE SANG POUR LE RECEVEUR

a. Risques immédiats :

- Destruction de globules rouges ;

- Incompatibilité entre les sangs ;

- Maladies transmissibles notamment la Syphilis, le Sida, l'Hépatite B,...

b. Risque lointains :

- Allergies ;

- Incompatibilité foéto-matérielle.

C'est ainsi que lors de l'entretient médical, le médecin devra s'assurer que le donneur n'est pas atteint d'une maladie infectieuse, qu'il n'est pas en traitement, qu'il n'a pas d'allergie et qu'il remplit toutes les conditions pour donner son sang afin de garantir la sécurité du receveur.

V. CONCLUSION ET SUGGESTIONS

Tous les êtres vivants partagent une même substance vitale ; LE SANG.

Ce dernier est une source de vie ; sans lui c'est la mort.

Le don de sang est une preuve d'amour envers le prochain, aucune autre motivation ne peut être à la base du don de sang.

Déjà dans nos cultures, échanger le sang était la meilleure façon de nouer des liens indéfectibles entre deux personnes ou deux familles qui s'aiment. Dieu nous a aimés, il a donné son fils unique Jésus Christ qui a versé son sang pour nous sauver et nous donner la vie.

Donner son sang est un acte généreux, solidaire et responsable. C'est donner la vie.

« SOYONS DONC GENEREUX, DEVENONS DONNEURS BENEVOLES DE SANG »

A ce qui précède, suggérons ce qui suit :

v Que les personnels soignants tiennent compte :

- De la quantité de sang à prélever en respectant l'intervalle de temps indiqué sachant que l'organisme humain n'a que 5 litres de sang pour une personne de 70kilogrammes ;

- De la stérilité des matériels (ils sont d'usage unique) à utiliser lors du prélèvement et de la conservation du sang ;

- De la durée de conservation du sang (au maximum 42 jours pour les Globules Rouges et 5 jours pour le Sang) ;

- Mais aussi qu'ils organisent habituellement des séances éducationnelles en rapport avec le don bénévole de sang ;

v Que les donneurs de sang (population) sachent que :

- Le délai de 8 semaines entre deux dons est obligatoire ;

- Donner son sang est un acte généreux et anonyme ;

- La vie n'est pas solitaire, chaque année 400.000 à 500.000 de patients sont traités grâce à la solidarité de plus de 1,6.000.000 de donneurs ;

- Aucun produit artificiel ne peut, à ce jour, remplacer le sang.

A ce fait, donner son sang n'est pas un jeu hasardeux, c'est pourquoi il faut avoir des connaissances sur l'état de santé du donneur et du receveur.

v Que les organismes humanitaires internationaux (OMS, UNICEF, ...) puissent :

- Appuyer les associations locales, AMIDOSA par exemple ;

- Développer diverses stratégies mises sur pieds afin de développer et fidéliser les donneurs de sang.

Etant donné que demain, nous ou les nôtres, pourrons également avoir besoin du sang, nous ne cesserons d'implorer la volonté de tout un chacun à pouvoir donner gratuitement et volontairement son sang.

Ainsi, « SOYONS GENEREUX, DEVENONS TOUS DONNEURS BENEVOLES DE SANG » afin de sauver les vies humaines.