3) Perte d'état au cours du post-partum
La perte d'état corporel en début de lactation est
significativement proportionnelle à l'état d'engraissement au
vêlage [86].
a) Appétit des vaches
La quantité de matière sèche
ingérée en début de lactation diminue en fonction de
l'état corporel au vêlage [11]. La relation est proportionnelle
pour un état corporel situé entre 1,6 et 3,8 au vêlage
(échelle 1 à 5). La différence de matière
sèche ingérée par jour est de 1,3 kg entre deux groupes de
vache ayant un écart de note d'état d'un point : une vache ayant
une note de 3,5 au vêlage consomme 1,3 kg de moins par jour qu'une vache
ayant une note de 2,5.
Une vache avec des réserves peut mobiliser 40 à
50 kg de réserves adipeuses ce qui représente 400 à 500
litres de lait. En revanche, une vache maigre mobilise trois à quatre
fois moins mais son appétit est supérieur [34].
La mobilisation des réserves doit être raisonnable.
Les excès de mobilisation sont néfastes. Plusieurs origines
peuvent être répertoriées :
- soit c'est la vache elle-même qui est en cause : les
vaches à haut potentiel n'ont pas un appétit plus
élevé, ce qui conduit à un déficit
énergétique plus élevé et à un excès
de mobilisation.
- soit ce sont les apports qui sont insuffisants. C'est alors
soit la ration qui est en cause, soit l'appétit des vaches qui est
déprécié. L'appétit des vaches peut être
déprécié par une maladie concomitante (mammite,
métrite, maladie métabolique), par un état d'engraissement
exagéré (la mobilisation est d'autant plus importante que cet
état a été acquis précocement au tarissement) ou
par une transition alimentaire mal conduite et qui ne laisse pas aux papilles
ruminales le temps de se développer ni à la flore le temps de
s'adapter à la nouvelle ration avec comme conséquence une ration
mal valorisée voire une évolution vers l'acidose ruminale
[34].
Notons que l'appétit des vaches et leur capacité
d'absorption digestive sont liées au développement des papilles
du rumen. Leur dimension entre le tarissement et le 3ième
mois de lactation (en moyenne) double. Leur capacité d'absorption des
acides gras volatils (AGV) triple et la vitesse d'absorption ruminale quintuple
alors [67].
Finalement, l'évolution de l'état corporel, certes
cyclique, n'est pas aléatoire ; chaque étape conditionne la
suivante (figure 11).
Figure 11 : Relation entre état corporel au vêlage
et perte d'état en début de lactation. D'après [67].
L'échelle utilisée compte 5 points.
b) Evolution de la proportion de vaches grasses/vaches
maigres
En accord avec ce que nous avons vu concernant
l'appétit, la proportion de vaches grasses diminue au cours du
post-partum. La distribution du pourcentage des vaches grasses a une
répartition inverse à celle des vaches maigres. Dans
l'étude de Drame et al. [25], la proportion de vaches maigres
passe de 12 à 39% entre le vêlage et le 60ième
jour de lactation. Cette proportion diminue voire devient nulle entre le
300ième et le 400ième jour post-partum
(figure 12).
Figure 12 : Fréquence des vaches maigres/vaches grasses au
cours du post-partum [25].
c) Objectifs d'évolution de l'état corporel
au cours du postpartum.
L'état corporel des vaches laitières subit donc
une chute au cours des deux voire trois premiers mois de lactation. Elle est
inévitable mais doit être maîtrisée et
compensée lors de la deuxième période de lactation. Cette
perte a été observée sur le terrain. Les observations
confirment également qu'elle est d'autant plus élevée que
les vaches sont grasses au vêlage. Les pertes sont mesurées
à 0,6 unité par point d'état corporel au vêlage
[11]. Sur une échelle de 1 à 5, cette perte s'élève
à 1,4 point pour les vaches grasses (note d'état au vêlage
=4), à 0,5 point pour les vaches normales (note d'état au
vêlage comprise entre 2,5 et 3,5) et à 0,05 point pour les vaches
maigres (note au vêlage = 2) [25]. Dans l'étude de Fréret
et al. [41], 35 % des Prim Holstein ont une perte d'état entre
0 et 60 jours post-partum inférieure à 1 point, 35% perdent entre
1 et 1,5 point et enfin, 30 % d'entre elles perdent plus qu'1,5 point. Les
recommandations quant à la perte d'état en post-partum sont
présentées dans le tableau 7 et la figure 13. Si les observations
de terrain ne sont pas toujours en accord avec celles-ci, il semble
néanmoins admis qu'une perte d'état corporel supérieure
à un point sur une échelle de 0 à 5 semble
préjudiciable et inquiétante.
4,5
2,5
3,5
4
3
Période sèche
Vêlage Pic Fécond. Fin de
lactation
Objectif de moyenne de troupeau Objectif individuel
classique
haute production
état médiocre
Tableau 7 : Recommandations pour les pertes d'état
corporel en postpartum
Référence
|
Recommandation
|
Echelle utilisée
|
[30,
|
33, 34,
|
44]
|
Moins d'un point
|
Echelle de 0 à 5
|
|
[67]
|
|
0,5 à 0,7 point
|
Echelle de 0 à 5
|
Figure 13 : Evolution de l'état corporel à
l'échelle individuelle ou de troupeau et objectifs [28].
|