3) Phase lutéale prolongée
On parle également de corps jaune persistant ; la
sécrétion de progestérone a lieu pendant plus de 19
à 28 jours au lieu de 16 à 17 jours physiologiquement (figure
21). Elle représente 12 à 35% des profils post-partum. Le corps
jaune qui persiste suit le plus souvent une première ovulation
précoce et peut sécréter de la progestérone
très au-delà de cinquante jours de lactation [21]. En plus des
ovulations précoces, les pertes de poids excessives et une haute
production sont des facteurs de risque de cette anomalie de
cyclicité.
Figure 21 : Profils de progestérone correspondant à
une phase lutéale prolongée [91].
4) Phase lutéale courte
La sécrétion de progestérone a lieu
pendant moins de 10 jours (figure 22). C'est un cas plus rare (moins de 5% des
cas) et qui est jugé normal quand il intervient après la
première ovulation [46].
Figure 22 : Profil de progestérone correspondant à
une phase lutéale courte [91].
5) Profils irréguliers
Cette catégorie comprend des profils de
progestérone non classables dans les catégories
précédentes.
6) Kystes
a) Définition
Les kystes ovariens sont considérés comme une
cause majeure d'infertilité. Cependant 50% des kystes
diagnostiqués disparaissent spontanément et ne perturbent pas la
cyclicité. De plus, les kystes ne concernent que 10 à 15% des
vaches laitières qui présentent des troubles de la
reproduction.
On définit le kyste ovarien comme une structure de type
folliculaire dont la taille est supérieure à 25 mm et qui
persiste plus de dix jours. Il est également possible que des structures
de plus petite
taille, mais qui persistent dans le temps en soient
également, mais leur diagnostic en pratique est difficile.
Deux types de kystes sont distingués : le kyste
folliculaire dont les parois sont fines et qui sécrète rarement
de la progestérone ; et le kyste lutéal qui possède des
parois épaisses et qui est associé à une production
variable de progestérone. Les kystes folliculaires s'accompagnent de
quatre dominantes comportementales : comportement normal,
irrégularité et al.longement des cycles, anoestrus, nymphomanie
[94]. Les kystes lutéaux s'accompagnent exclusivement d'anoestrus.
Le suivi de kystes marqués montre que dans 13% des cas
seulement, le kyste persiste réellement mais dans 87% des cas, il est
remplacé par un follicule qui ovule (sept cas sur vingt) ou qui est
suivi du développement d'un autre kyste sur l'un ou l'autre des ovaires.
Le kyste n'ovule en aucun cas [68].
Notons que la présence de kyste peut être
responsable de l'apparition d'anomalie de cyclicité. En effet, des
hypothèses mettent en cause le rôle de kystes folliculaires dans
le cas de reprise d'activité différée ou de kystes
lutéaux lors de phase lutéale prolongée (mais le corps
jaune persistant en reste le principal responsable).
b) Effet de l'alimentation
L'alimentation fait là encore partie des facteurs de
risque contribuant à l'apparition de kystes sans qu'en soit
précisé le type. Si l'insuffisance d'apport
énergétique ou l'excès d'azote non protéique en
période post-partum sont souvent évoqués, aucun effet de
l'état corporel au tarissement, au vêlage, à trente jours
post-partum, ni de la perte d'état entre le vêlage et trente jours
post-partum n'a été mis en évidence [59, 68]. En revanche,
la note d'état au tarissement [43], et bien plus encore, le gain d'un
point de NEC pendant le tarissement est associé à un risque de
kyste 8,4 fois plus élevé [68]. D'une manière
générale, l'état d'embonpoint est un facteur de risque
[43].
c) Physiopathogénie
L'apparition de kyste est due à un défaut
d'ovulation ou d'atrésie du follicule dominant. La fréquence des
pulses de LH peut être insuffisante pour provoquer l'ovulation, mais
suffisante pour permettre le maintien de la croissance du follicule dominant et
de la production d'oestrogènes. Le déficit
énergétique est alors mis en cause car il est à l'origine
d'une diminution
de la synthèse de LH. De la même manière,
le gain d'état corporel durant la période sèche
révèle une "sur-alimentation" et une accumulation de gras qui
sera mobilisé en post-partum. L'augmentation de la concentration
sanguine en acides gras non estérifiés est alors dans ce cas
fortement suspectée comme facteur de risque de kystes ovariens [59].
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