D. NOTE D'ETAT CORPOREL ET OESTRUS
1) L'expression des chaleurs
a) Détecter : une étape cruciale pour
l'éleveur
Les premières chaleurs post-partum sont
l'évènement le plus concret que l'éleveur va
détecter et qui témoigne d'une cyclicité normale. C'est
également une date prise en compte pour détecter les chaleurs
suivantes. Pourtant, la détection des premières chaleurs est de
plus en plus difficile car elles durent de moins en moins longtemps [20] :
à l'heure actuelle en moyenne entre quatre et quatorze heures toutes les
trois semaines [88]. Or la détection des chaleurs a une influence
majeure sur les paramètres de reproduction, notamment sur l'intervalle
vêlage/première insémination artificielle. Les
premières chaleurs sont détectées en moyenne à 59
jours postpartum chez les vaches laitières mais l'intervalle
vêlage/premières chaleurs peut parfois s'étendre à
plus de 70 jours post-partum (tableau 12) [41]. Pourtant, les chaleurs
utilisables pour une mise à la reproduction normales sont
définies comme celles détectées entre 50 et 70 jours
post-partum [54].
Tableau 12 : Intervalle vêlage-première chaleur.
D'après [41]. L'intervalle moyen est de 59 jours.
Intervalle
|
<50 jours post-partum
|
[50-70] jours post-partum
|
>70 jours post-partum
|
%
|
45
|
25
|
30
|
Environ 50% des chaleurs ne sont pas détectées
en élevage actuellement et 5 à 20% des vaches sont
inséminées en phase lutéale ou en début de
gestation du fait d'une mauvaise détection de celles-ci. Une partie de
ces mauvais résultats vient souvent de facteurs humains : le temps
consacré par l'éleveur à cette tâche primordiale
diminue avec l'augmentation de la taille des troupeaux [88].
b) Exprimer : collaboration de la vache ?
L'acceptation du chevauchement reste le principal facteur
caractérisant l'oestrus : la vache s'immobilise lors d'un chevauchement
par l'arrière ou avance un peu sous le poids de sa
congénère [20]. Mais certaines, plus actives que d'autres vont
vers les autres et acceptent difficilement voire refusent d'être
chevauchées. Il faudra aussi prendre en considération d'autres
facteurs notamment environnementaux : un sol glissant inhibe les manifestations
d'oestrus, le mode de stabulation en logettes y est aussi moins favorable
comparativement à la stabulation libre. D'autres vaches en chaleurs
peuvent également inhiber le comportement de certaines. L'acceptation du
chevauchement n'est jamais exprimée en phase lutéale et est donc
spécifique de l'oestrus. D'autres critères peuvent être
repérés mais peuvent aussi être observés en phase
lutéale. C'est l'augmentation de la fréquence d'un ou de
plusieurs de ces critères chez un même animal qui doit alerter :
agitation, mictions, beuglement, chevauchements initiés par la vache en
chaleur, pose ou frottement du menton sur la croupe ou le dos d'une
congénère, flairage ou léchage de la vulve avec ou sans
signe du flehmen. Ces derniers comportements peuvent être
initiés ou acceptés par la vache en chaleur. Une vache en chaleur
se déplace significativement plus et reste moins longtemps
couchée [20].
Associés à ces signes comportementaux,
interviennent des modifications physiques : vulve congestionnée,
présence d'un mucus vulvaire transparent et filant d'origine cervicale,
poils ébouriffés voire des érosions cutanées au
niveau de la croupe, de la base de la queue et des tubérosités
ischiatiques, témoins de chevauchements répétés.
Les signes secondaires sont donc assez subjectifs, ce qui rend
difficile la détection des chaleurs. La tâche est encore
compliquée par deux phénomènes : d'une part, nombre
d'ovulations sont silencieuses. La première ovulation n'est
accompagnée de signes d'oestrus que dans un cas sur trois [35]. Mais en
dehors de celle-ci, des études rapportent que 14% des vaches n'expriment
aucun comportement de chaleurs et par conséquent sont
indétectables [20]. D'autre part, les vaches peuvent manifester
également des fausses chaleurs. On parle de fausses chaleurs lorsque
l'animal présente des signes d'oestrus alors que la concentration en
progestérone excède 5 ng/ml. Dans l'étude de Kerbrat et
Disenhaus [54], six vaches sur cent deux observées ont
présenté des fausses chaleurs. Cinq d'entre elles avaient un
profil de reprise de cyclicité anormal et une avait un profil normal.
Cette tendance est confirmée par d'autres études : le pourcentage
de fausses chaleurs est particulièrement élevé pour les
vaches ayant présenté une cyclicité post-partum
anormale ou retardée (respectivement 30% et 14%) alors
qu'il n'est que de 8% pour les vaches à cyclicité normale
[23].
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