INTRODUCTION 4
INTÉRÊT DE L'ÉVÉNEMENT 4
SUJET D'ÉTUDE ET MÉTHODE DE TRAVAIL 4
CONTEXTE URBAIN 6
DÉVELOPPEMENT CULTUREL URBAIN À BRUXELLES 7
1. INFORMATIONS GÉNÉRALES 9
1.1. HISTORIQUE 9
1.1.1. Le carnaval de Mirko Popovitch 9
1.1.2. Bruxelles 2000 11
1.1.3. Inscription dans la continuité 12
1.2. ORGANISATION 14
1.2.1. L'asbl 14
L'Assemblée Générale 14
Le Conseil d'Administration 15
L'équipe 15
Le groupe pilote 16
Le réseau artistique 16
Le réseau de coordination des agents Z 17
1.2.2. Les zinnopôles 17
Répartition géographique 17
Organisation 18
Coordination artistique 19
1.2.3. Les zinnodes 20
1.2.4. Les associations 25
1.2.5. Les participants 28
2. LES OBJECTIFS 30
2.1. AU NIVEAU DE L'ASBL 30
2.1.1. Les objectifs politiques 30
2.1.2. Les objectifs concrets 31
2.2. AU NIVEAU DES ZINNOPÔLES 32
2.2.1. Objectifs des équipes de coordination
32
2.2.2. Différences entre les zinnopôles
33
2.2.3. Objectifs des associations porteuses de
zinnopôle 34
2.3. AU NIVEAU DES ASSOCIATIONS 35
2.4. AU NIVEAU DES PARTICIPANTS 35
3. LES MOYENS 37
3.1. AU NIVEAU DE L'ASBL 37
3.1.1. Subventions 37
3.1.2. Le réseau 40
3.1.3. Réunions et résolution des conflits
41
3.1.4. Bara 42
3.1.5. Les coordinateurs artistiques 43
3.2. AU NIVEAU DES ZINNOPÔLES 44
3.2.1. Méthodes et moyens globaux 44
Coordinateurs associatifs 45
Producteurs 46
3.2.2. Différences entre les zinnopôles
48
3.2.2.1. Différences d'organisation entre les
zinnopôles 48
3.2.2.2. Différences dans le travail de pôle des
coordinateurs artistiques 53
3.3. AU NIVEAU DES ASSOCIATIONS 63
3.4. AU NIVEAU DES PARTICIPANTS 65
3.5. LES RELATIONS INTERNATIONALES 65
3.6. LE JOUR Z 68
4. LES DIFFICULTÉS 70
4.1. SUBVENTIONS 70
4.2. PARTICIPATION 73
4.3. ARTISTIQUE 75
4.4. COLLABORATION 81
4.5. COMMUNICATION 87
4.6. LE RÉSEAU 88
5. LES RÉSULTATS 93
CONCLUSION 96
BIBLIOGRAPHIE 101
SITES INTERNETS 102
LISTE DES INTERVIEWS (PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE) 103
ANNEXES 105
INTRODUCTION
Intérêt de
l'événement
« La Zinneke fait partie des choses qu'on doit avoir
faites en tant que bruxellois ». Voilà ce qu'on peut
désormais entendre dans les rues de la capitale. La Zinneke Parade est
en quelques années devenue un événement bruxellois
important et reconnu. En effet, elle rassemble plus de 250 associations de
Bruxelles et au-delà et regroupe plus de 3500 participants qui
travaillent pendant au moins 6 mois à la préparation du jour Z.
La Parade regardée par plus de 200.000 spectateurs et bien plus encore
de téléspectateurs. L'événement prend donc de
l'importance par son ampleur, mais aussi par sa qualité : une trentaine
d'artistes tentent d'en faire une oeuvre d'art qui prend une importance
symbolique par la prise de possession de la ville littéralement envahie
en son centre par ce large événement socio-artistique.
L'occupation de l'espace urbain d'habitude réservé au monde des
machines réhumanise la ville l'espace de quelques heures. Plus qu'une
simple fête, on assiste alors à une réelle affirmation
politique (Cf. : 2.1.1.).
Sujet d'étude et méthode de
travail
Le 25 mai 2002, je me trouvais sur le boulevard Anspach,
malgré le début de la session d'examen, pour ne pas rater une
deuxième fois la fameuse Zinneke Parade. Le temps m'était
compté, j'ai donc remonter le cortège afin d'en voir une
majorité. Cette urgence n'a pas suffi à dissiper les sentiments
d'admiration et d'émerveillement que j'ai pu ressentir face à ce
spectacle. De quoi motiver une étude du sujet...
Au début de mon étude, je pensais me concentrer
sur la parade de 2002. Il me semblait en effet difficile d'étudier pour
le 15 mai (date de remise de la première session) une parade ayant lieu
une semaine plus tôt. Mais au cours de mes observations, je me suis rendu
compte que les informations récoltées au sein de l'action
étaient primordiales pour une bonne compréhension du processus.
J'ai donc réorienté mon étude sur un fonctionnement
général de la Zinneke, reprenant des informations concernant la
Zinneke de 2002 sur laquelle a porté une partie
importante de mes interviews et sur celle de 2004 que j'ai pu
vivre en direct pendant plus de 4 mois.
Mon étude est donc basée d'une part sur des
interviews individuelles d'organisateurs, d'artistes et de participants et
d'autre part sur mon observation participante du 18 janvier au 20 mai au sein
de l'équipe de coordination du zinnopôle sud-ouest d'Anderlecht.
Je me suis également basée sur quelques écrits et sur le
web pour trouver des informations supplémentaires mais les documents
pertinents ne furent pas nombreux.
Les interviews se sont passées pour la plupart en
tête à tête lorsqu'il s'agissait de récolter des
informations narratives sur l'histoire de la parade et son déroulement
actuel. Ces interviews furent enregistrées sur MD afin que je puisse me
concentrer sur la discussion et les points à approfondir. Bien
sûr, je n'ai pas échappé au coup classique de
l'enregistrement raté et j'ai dû tantôt refaire une
interview tantôt me fier à ma mémoire. Certaines interviews
ont eu lieu par e-mail ou téléphone faute de temps de la part de
mes interlocuteurs.
Il est évident que l'interprétation des faits
par mes interlocuteurs est subjective et qu'ils ont parfois pu vouloir faire
bonne figure ou avoir un discours plus en corrélation avec les
idéaux à atteindre que la réalité des faits. Il me
semble particulièrement difficile de toujours déceler ces biais.
J'ai essayé d'approcher une certaine objectivité par le
recoupement d'interviews et la confrontation des déclarations à
la réalité que j'aie pu moi-même observer. Cependant, mon
observation ne fut intense qu'au sein du zinnopôle sud-ouest. Les
informations concernant les autres zinnopôles sont donc principalement
basées sur le contenu des interviews sans que j'ai pu faire cette
vérification sur le terrain. Cependant, ces informations n'ont
été utilisées dans l'étude qui suit que
lorsqu'elles me semblaient suffisamment pertinentes et, de
préférence, répétées par plusieurs
sources.
J'ai également fait des interviews collectives de
participants au cours des ateliers, des répétitions et le jour Z
afin de récolter leurs impressions et leurs envies.
Au cours de mon stage, j'ai participé aux diverses
réunions : celles de l'asbl regroupant tantôt uniquement les
agents Z, tantôt seulement les artistes des zinnopôles,
tantôt les deux ainsi que les directeurs d'association porteuse de
zinnopôle ; celles ayant lieu au sein zinnopôle sud-ouest soit avec
juste le staff de coordination, soit tous les porteurs de zinnodes, soit encore
les représentants de la zinnode
E-volution@bru.be. (Cf. :
1.2.2.). J'ai également assisté aux différents
ateliers du zinnopôle ainsi qu'aux
répétitions générales. Toutes ces heures
d'observation m'ont permis de bien comprendre le fonctionnement de
l'organisation et d'y déceler quelques dysfonctionnements et contresens
que j'ai alors pu aborder dans mes interviews.
Dans le texte qui suit, les références aux
personnes interviewées sont présentes lorsque l'information est
un avis original ou se rapporte à un événement
précis que je n'ai pu observer personnellement. Cependant, j'ai
évité de nommer la source lorsque l'information ou la critique
donnée pouvait causer du tort à l'interviewé dans ses
relations de travail ou lorsque l'anonymat a été clairement
demandé1.
J'ai tenté au cours de cette étude de cerner les
objectifs des différents niveaux d'organisation de la Zinneke Parade, de
comprendre par quels moyens ils tentaient de les atteindre et avec quelles
difficultés et enfin de confronter ces objectifs avec les
résultats.
Contexte urbain
La Zinneke Parade s'inscrit dès l'origine dans la ville
de Bruxelles. Elle se base sur sa mixité et sur sa géographie. En
effet, Bruxelles 2000, cadre dans lequel se développe la parade, met un
accent particulier sur la ville, sa structuration sociale et urbanistique.
Bruxelles correspond d'ailleurs bien à la Zinneke. Son
histoire de centre de commerce et d'administration ne lui a que peu permis de
développer une culture populaire propre ce qui n'encouragea pas les
immigrants à se détacher de leurs racines ethniques. La
population de Bruxelles est en effet fort diversifiée et l'immigration
s'est faite en plusieurs vagues avec les rotations de main-d'oeuvre
étrangère et le développement de la ville comme centre de
l'UE.2 On a donc maintenant une population bruxelloise d'environ
990000 habitants dont 28,4 % sont d'origine étrangère, la
majorité d'entre eux étant marocains (69000) suivi des
français (38200), des italiens (28300), des espagnols (20700) et des
turcs (19600) 3 ,.... Les habitants originaires des pays du bassin
méditerranéen se
1 On ne m'a que très rarement demandé
l'anonymat et seulement sur quelques réponses données pendant
l'entretien, jamais sur l'entièreté de l'interview.
2 Delforge F. La zinneke parade 2002, P.30
3
http://www.eurobru.com/populext.htm
«les bruxellois venus d'ailleurs » INS 2003
concentrent plus dans le centre alors que les eurocrates, les
américains et les japonais, plus nantis, sont plus répandus avec
une préférence pour le sud-est de la ville. 40 % des
ménages bruxellois habitent des quartiers défavorisés
alors même que la Région Bruxelles-Capitale est une des plus
riches de l'UE4.
Face à cette diversité, il serait
intéressant de construire une politique multiculturelle commune
permettant le respect de chacun et les interactions collectives.
Malheureusement, Bruxelles est soumise à une configuration politique des
plus complexes entre la Région Bruxelles-Capitale et les Commissions
Communautaires francophone et néerlandophone, sans parler de la division
en 19 communes érigées comme « autant de baronnies
locales perpétuant les scissions spatiales de l'inégalité
sociale >> 5 . La présence d'un nombre impressionnant
d'associations socioculturelles sur le territoire bruxellois ne simplifie pas
non plus la situation tant les acteurs sont diversifiés et nombreux.
Développement culturel urbain à
Bruxelles
Dans les années 60, Bruxelles a connu, selon Marcel
Rijdams, une période triste de démolition et d'expulsion, avec un
développement immobilier de bureau qui tuait progressivement la vie
culturelle bruxelloise. La gestion urbanistique de Bruxelles proche de celle
qu'on trouve dans « les républiques bananières, menée
par des escrocs se remplissant les poches >>6 a stimulé
un mouvement de révolte qui a mené au développement
d'initiatives locales de défense du quartier. Ces associations se sont
développées donnant petit à petit naissance à une
réelle action sociale mais qui fut jusqu'aux années 90 sans
résultats probants. A ce moment, s'est en effet développé
un certain réveil politique qui a mené à des
décisions de changements vers 1995.
Depuis, de nombreuses initiatives culturelles prennent de
l'ampleur et redonnent à la ville de Bruxelles la notion de fête
qu'elle mérite7.
Ainsi, il suffit de regarder l'agenda culturel de cet
été pour réaliser à quel point l'espace urbain
est réinvesti par le culturel : l'Euroferia Andaluza, qui en est
à sa
4 Delforge F. op.cit. 2002, P.30-31
5 Delforge F. op.cit. 2002, P.32
6 Interview de Marcel Rijdams du 27/04/04
7 Idem
douzième édition, investit le parc de la
basilique de Koelkelberg avec des spectacles et des concerts folkloriques
andalous dans des bonnes odeurs typiquement espagnoles. La Lesbian and Gay
Pride investit les mêmes boulevards que la Zinneke Parade avec ses 15000
participants plus ou moins revendicatifs ou jouant le jeu de la provocation.
Bruxelles-les-bains propose depuis l'année passée une plage sur
les bords du canal avec des nombreux et divers concerts et des activités
balnéaires. Le Jazz Marathon (9 éditions) propose un week-end de
concerts intérieurs et extérieurs dans tout Bruxelles. Eur'ritmix
fait de même sur les places du centre pendant quatre jours. Le Cambre
Music festival propose de la musique classique et jazz quatre dimanche de suite
au milieu du bois de la Cambre. Le cinéma Nova organise projections et
concerts au cours de son plein open air dans la cité administrative. Le
concept de nuit blanche fait son chemin en voulant réconcilier les
citadins avec le monde de la nuit et réduire la crainte de
l'insécurité nocturne en animant les rues8. Carl de
Moncharline lance des opérations destinées à favoriser les
relations entre bruxellois avec sa Roller Parade qui permet à tous les
patineurs de se retrouver les vendredis soirs d'été pour
parcourir ensemble les boulevards sur 20 km, et avec « les immeubles en
fête » qui encouragent les voisins de rue à boire un verre en
discutant sur leur trottoir l'espace d'une soirée. On retrouve aussi les
appels et propositions des Espaces Speculoos pour développer les arts de
la rue dans le centre pendant l'été. A cela s'ajoutent tous les
festivals particulièrement florissants, ainsi que les initiatives
toujours plus nombreuses des établissements culturels tels que le
Beursschowburg, le palais des Beaux Arts, le Théâtre National,...
Difficile de tout citer, tant les exemples sont nombreux. Evidemment, dans ce
melting-pot d'événements culturels, certains sont plus reconnus,
plus sociaux ou plus efficaces à long terme que d'autres. Certains ne
visent que le divertissement, d'autres pensent aux enjeux socioculturels qu'ils
véhiculent. Mais tous animent la capitale et la rendent plus festive que
jamais.
8 La nuit blanche qui a eu lieu en 2002 et 2003 a
malheureusement essuyé un déficit dont elle semble ne pas encore
se relever, par contre, le concept a été repris notamment
à Woluwe-Saint-Lambert.
1. INFORMATIONS GÉNÉRALES
Il me paraît important de situer globalement la Zinneke
Parade avant d'en étudier les objectifs et les résultats. Ainsi
suivent un historique de la parade et une explication de son organisation.
1.1. Historique
1.1.1. Le carnaval de Mirko Popovitch9
L'origine de la Zinneke Parade repose principalement sur un
projet d'un professionnel de l'animation socioculturelle, Mirko Popovitch,
directeur du Centre Culturel La Vénerie. Ce belge d'origine yougoslave
depuis longtemps passionné par les problèmes d'identité a
vu dans Bruxelles 2000 un bon moyen de réaliser un projet qu'il
mûrissait depuis une petite dizaine d'années : un carnaval
d'été. Cette idée remonte au début des
années nonante lors des stages qu'a suivis Mirko Popovitch à
Montbéliard avec Jacques Livchine. Ce dernier pratiquait alors au sein
du Théâtre de l'unité une remise en question artistique du
quotidien des habitants de la bourgade avec pour but de casser la mise en
condition sociale des gens par une interpellation artistique forte.
Mais le projet de carnaval d'été tire surtout
son essence du réveillon des boulons organisé par ce
même artiste. Cet événement a pour but de faire descendre
dans la rue tous les gens qui n'ont pas les moyens de s'offrir une saint
sylvestre digne de ce nom afin qu'ils défilent ensemble dans une parade
artistique et festive au lieu de marquer leur mécontentement par des
activités aussi enrichissantes que, par exemple, brûler toutes les
voitures du quartier. Le réveillon des boulons est
précédé de plusieurs mois de préparation lors
d'ateliers donnés de préférence par des artistes au cours
desquels la relation à la société dans sa
complexité historique et interculturelle est transformée en
créations artistiques diverses.
Mirko Popovitch a vécu la naissance du
réveillon des boulons comme une sorte
de révélation. Un questionnement sur l'identité belge
s'en est suivi, une identité
9 Interview avec Mirko Popovitch du 16/02/2004
complexe dans ses divisions communautaires, régionales
et culturelles. L'appel à projet lancé pour Bruxelles 2000 lui
apparaît comme l'occasion en or pour développer un travail
inspiré du réveillon des boulons sur Bruxelles. Des
recherches commencent dès 1996 et l'idée de créer un grand
carnaval d'été créatif avec la participation d'artistes et
de Monsieur tout le monde défilant sans amplification sonore est
clairement formulée en 1997. Mirko Popovitch réunit alors
d'autres spécialistes des arts de la rue pour développer les
principes fondamentaux du projet. Marcel de Munnynck se joint à ce
<< groupe-moteur >> en tant que chargé de mission pour
l'aspect socio-éducatif de Bruxelles 2000.
L'idée de carnaval d'été rencontra deux
autres idées pour devenir la zinneke parade. Tout d'abord, il y eut un
projet de mise en place de pôles culturels de quartier ayant une
méthode de travail qui relie le socio-éducatif à
l'artistico-culturel et créant également des liens dans le
sociétal au sens large. Cette idée de Marcel de Munnynck a
trouvé dans le carnaval de Mirko Popovitch un contenu
idéal10. Ensuite, s'ajouta le projet de Marcel Rijdams,
intitulé << cinq passerelles pour le pentagone >>, de
créer des ponts symboliques et multiculturels entre l'intérieur
de la petite ceinture de Bruxelles et les quartiers
extérieurs11.
La fusion des trois idées eut lieu au cours de
réunion notamment avec l'aide de Michel Crespin, metteur en scène
de rue marseillais, qui proposa la notion de << parade >> qui
associée au nom typiquement bruxellois de zinneke donna au projet le nom
qu'on lui connaît maintenant. Le terme de << parade >> fut
préféré au terme de << carnaval >> pour
« mieux évoquer l'envie de montrer les différentes
cultures des habitants de Bruxelles dans un vaste spectre collectif et
déambulatoire »12. Le terme Zinneke, lui,
désigne la Petite Senne, rivière de Bruxelles aujourd'hui
recouverte dans laquelle on jetait les chiens bâtards. De là
découle l'extension de la signification de zinneke aux
bruxellois qui sont tous des << bâtards >> mais sympas,
curieux et résistants 13 . Voilà qui met encore plus
en évidence la volonté
10 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
11 Interview de Marcel Rijdams du 27/04/04
12 Wieland C. La rue est a nous. Zinneke, une
parade créative à Bruxelles, Bruxelles, 2002, La
vénerie et fondation Jacques Gueux. p.24
13 Interview de Marcel De Munnynck du 9 septembre
2003
multiculturelle de la Zinneke Parade : mélangeons les
cultures puisque nous sommes tous le fruit de mélanges.
La volonté de qualité artistique du projet s'est
concrétisée dès la préparation par l'engagement de
Jean-Claude de Bemels, professeur de scénographie à la Cambre,
comme coordinateur artistique. Il amène l'idée fondamentale de
travailler non seulement sans amplification sonore mais également sans
moteur, ce qui oblige par exemple un travail collectif pour pousser des
chars.
1.1.2. Bruxelles 2000
Bruxelles 2000 s'inscrit dans le projet de l'Union
Européenne de << Capitales européennes de la culture
>> existant depuis 1985. Ce projet a pour but de favoriser
l'épanouissement des cultures européennes tout en respectant la
diversité de chaque pays à travers deux types d'actions :
-<< la ville européenne de la culture >>
qui met une ville en évidence pendant une année par ses
particularités culturelles. C'est dans ce cadre qu'eut lieu Bruxelles
2000.
- << le mois culturel européen >> qui
valorisent des villes extérieures à l'UE en son sein et notamment
d'Europe centrale et orientale.
<< La ville européenne de la culture >>
consiste principalement en une aide financière à la ville
désignée pour organiser des manifestations d'envergure nationale
et européenne telles qu'expositions, concerts, spectacles,
conférences... Les villes sont désignées par le Conseil de
l'Union européenne, sur proposition des gouvernements des Etats membres
et après avis de la Commission européenne et du Parlement
européen. Pour l'an 2000, neufs villes furent
sélectionnées : Avignon, Bergen, Bologne, Bruxelles, Cracovie,
Helsinki, Prague, Reykjavik et Saint-Jacques de Compostelle. Un organisme
culturel désigné par l'Etat est responsable de l'action. Les
subventions vont de 200 000 à un million d'Euros par
projet14.
En 2004, ce sont les villes de Gênes et de Lille qui ont
été désignées.
L'appel d'offre de Bruxelles 2000 concernait des projets
attachés aux 6 grands thèmes suivants : la ville en
fête, Imag(in)er la ville, ville passage, la ville laboratoire, ville
et créations et ville et patrimoine. Le but était de créer
une plate-
14
http://www.info-europe.fr/europe.web/document.dir/fich.dir/qr000714.htm
forme qui offre aux habitants la possibilité de
redécouvrir leur ville et aux artistes professionnels ou amateurs de
réinterpréter l'espace urbain15.
Bruxelles 2000 a été pris très au
sérieux mais n'a pas toujours été heureusement
géré. C'est un irlandais `Robert Palmer' qui a été
désigné intendant pour gérer Bruxelles 2000 vu les
disputes communautaires inhérentes à la Belgique qui
empêchait la désignation d'un belge. A part la Zinneke Parade qui
a remporté un grand succès et s'est inscrite dans la
continuité, la majorité des projets ont été
très éphémères.
Une quantité impressionnante d'argent est parti dans
les frais de l'infrastructure titanesque qui coordonnait
l'ensemble16. Certains projets proposés se sont
retrouvés sans autres possibilités que de s'insérer au
projet Zinneke qui a remporté le jackpot de Bruxelles
200017.
1.1.3. Inscription dans la continuité
Bruxelles 2000 était temporaire. La Zinneke, elle, se
veut dès sa conception en 1997 inscrite dans la durée. C'est
notamment pour ça que fin 199918, l'association de fait
qu'est alors le groupe organisateur de la Zinneke se trouve une double
personnalité juridique dans l'asbl Zinneke vzw. La volonté
bilingue est alors évidente pour tous et la solution choisie est celle
de créer une association par langue de façon à rendre plus
faciles les subventionnements par les différentes entités
fédérées belges. Une équipe, un projet, une AG mais
officiellement deux associations. Marcel de Munnynck en est devenu le directeur
général. Il est aidé par Nathalie Bücken dans sa
tâche de coordinateur du réseau.
L'écriture d'une charte répondait au
désir de Mirko Popovitch de construire la Zinneke Parade sur une base
conceptuelle solide. Un texte de synthèse fut donc écrit par
Marcel De Munnynck pour la parade de 2000. Ses points primordiaux sont les
suivants19 :
15 Bruxelles/Brussel 2000, yille européenne
de la culture de l'an 2000, de A à Z, Bruxelles 1999
16
http://www.idearts.com/magazine/flash/flash24.htm
17 Interview avec Nik Honinckx du 18/02/2004
18 Interview avec Marcel De Munnynck du 19/09/2003
19 Marcel De Munnynck Charte de la zinneke
parade 2000
· Un projet rassemblant de nombreuses initiatives
plus ou moins importantes, diversifiées et souvent locales dans un
encadrement spectaculaire. Un projet qui crée ainsi un réseau
associatif sans frontière.
· La volonté de qualité artistique
ralliant amateurs, animateurs et artistes dans une effervescence
créative pour trouver une unité de la parade à travers la
multiplicité de ses esthétiques.
· L'importance de la phase de préparation par
rapport au jour Z au cours de laquelle les gens travaillent ensemble dans un
échange émotionnel intense et prolongé qui alimente la
création.
· Ne pas reproduire des personnages connus ou
traditionnels mais de nouveaux mythes en revisitant les traditions avec un
regard multiculturel contemporain et créatif. Bref « dire autre
chose autrement ».
· Partir des cinq points cardinaux pour rejoindre le centre
en passant les portes de Bruxelles
· Pas de moteurs à explosion ni amplification
sonore électrique afin de pousser à un rassemblement des
énergies humaines suivant le principe que l'union fait la force.
· Utiliser des matériaux légers et axer la
construction sur les liens entre les éléments comme ils se
créent entre les individus, entre les groupes, entre le cortège
et les habitants.
Cette charte reprend aussi les questions d'organisation du
réseau et des ateliers ainsi que les cadres techniques et
budgétaires. Mais ceux-ci seront repris plus loin dans l'étude
dans leur version actualisée.
A ce stade, les bases sont donc présentes pour
construire la Zinneke. De nombreux partenaires sont alors
intégrés au projet, certains comme porteurs de zinnopôles,
d'autres comme porteurs de zinnode. La première parade eut lieu le 27
mai 2000 : elle fut une grande réussite malgré ses défauts
et ses inégalités. L'idée de faire venir les groupes des
quartiers et de les réunir sur le boulevard Anspach créa de gros
problèmes de logistiques avec un trou de plus d'une heure au milieu du
Boulevard. Ce fut, d'ailleurs, le principal élément changé
pour la parade suivante.
1.2. Organisation
La Zinneke Parade est organisée dans une structure
complexe à plusieurs niveaux qui se veut en réseau plus qu'en
structure hiérarchique. Cette structure en réseau implique une
communication permanente entre tous les partenaires et une vue commune du
projet. Ce qui parfois fait défaut (Cf. : 4.5.)
L'asbl zinneke vzw coordonne 5 zinnopôles qui
eux-mêmes coordonnent des zinnodes, unités de la parade qui
rassemblent souvent plusieurs associations dans un projet commun regroupant
théoriquement environ 100 participants.
1.2.1. L'asbl20
Construite légalement en une asbl et une vzw, Zinneke
présente néanmoins une seule AG, un CA et une équipe de
gestion journalière. Par contre, elle a deux présidents : un de
l'asbl, actuellement Ali Benabid, et un de la vzw : Marcel Rijdams. Chacun est
vice-président de l'autre. Comme susnommé, cette construction
double a pour principal intérêt la facilitation des
subventionnements par les deux communautés fédérales. En
outre, elle affirme la volonté bilingue de l'association bien que, sur
le terrain, la grande majorité des partenaires soient francophones.
L'asbl fonctionnent également par le groupe pilote, le
réseau artistique et le réseau des agents Z.
L'Assemblée Générale
L'assemblée générale, comme dans toute
asbl, a un rôle de contrôle et de décision de fond sur
l'avenir de l'association. Réunie tous les ans, sauf demande
exceptionnelle, elle approuve les comptes, élit le CA, engage
l'équipe, fixe et modifie les statuts, etc...
La dernière réunion de l'AG fut importante car
l'entièreté du CA a été renouvelée. En
effet, la présence au sein du CA de personnes qui avaient
d'autres responsabilités dans la parade créait des risques de
conflits d'intérêt. Le nouveau
20 Ce chapitre est basé sur mes
observations personnelles, sur les interviews ainsi que sur les statuts et le
document du CA du 7 mai 2003 définissant les fonctions et rôles
des différentes instances de la Zinneke Parade.
CA ne contient donc plus de gens qui travaillent
parallèlement pour la parade mais entre autres des chercheurs en
urbanisme, en sociologie et en agogie21, ainsi que des
spécialistes de l'animation socioculturelle comme Michel Crespin. Ce
changement d'orientation dans la composition du CA a créé des
conflits au sein des membres de l'AG car certains regrettent l'absence de
spécialistes bruxellois de terrain qui permettent un contact entre le CA
et la réalité socio-artistique bruxelloise.
Le Conseil d'Administration
Le CA qui se réunit tous les deux mois a un rôle
de contrôle direct du respect des statuts, de la Charte et des
décisions de l'AG par l'équipe et les autres membres de
l'association. Avant l'AG, il approuve les comptes et le budget annuel. Il
pilote et supervise l'équipe permanente, peut arbitrer les conflits et
faire une analyse critique du fonctionnement de l'association de par le
caractère extérieur et hétérogène de ses
membres. Le CA cherche aussi à utiliser la notoriété de
ses membres afin d'inscrire la Zinneke dans un projet citoyen en relais avec
les autres milieux tant d'un point de vue communautaire qu'international. Le CA
fait ainsi des propositions à l'AG sur l'évolution de la Zinneke
Parade dans une perspective à long terme.22
L'équipe
L'équipe de gestion journalière de l'asbl
était à l'origine composée de 2 personnes, elle en
contient maintenant 7 : Marcel De Munnynck pour la direction
générale ; Alain Zinzen pour la gestion et la production
assisté par Guislain Zobiyo; France Gilmont pour la direction artistique
; Nathalie Bücken et Myriam Stoffen pour la programmation et la
coordination réseau et enfin An Mertens chargée de la
communication et du sponsoring. Plusieurs d'entre eux ont une expérience
du terrain socioculturel bruxellois.
Leur tâche principale est la coordination, la
continuité et le développement du réseau zinneke. Ainsi,
ils encouragent les solidarités entre les associations pour les aspects
culturels, sociaux et éducatifs ainsi qu'entre les différentes
branches spécialisées (artistique, logistique, animation,
technique et production). Ils
21 L'agogie est une sorte de pédagogie pour
adulte à la frontière de plusieurs disciplines, le terme n'est
pas encore vraiment utilisé en français mais son utilisation en
anglais et en néerlandais vont probablement mener à une
propagation du terme en français dans le milieu scientifique. C'est
pourquoi je l'ai utilisé ici.
22 Interview de Ali Benabid du 13/05/04
recherchent également des moyens pour alimenter le
réseau, permettre un salaire correct des artistes et un fonctionnement
des associations un peu libéré des contraintes
financières. Ils décident dans toutes les matières qui ne
sont pas de la compétence du CA et de l'AG pour la gestion de la Zinneke
dans le respect de la charte et des statuts.
De manière concrète, leur année sans
parade est consacrée à la recherche de financement et à
l'entretien et le développement du réseau. Ils contactent des
associations dans le monde entier (échange avec le Japon, le
Brésil, La république du Congo, la France, le Luxembourg...) et
en Belgique et redirigent les associations qui sont spontanément
intéressées vers le zinnopôle adéquat.
L'année avec parade, leur travail consiste plus
à vérifier le bon avancement des ateliers et des projets et
à assurer le contact entre les associations et le bon déroulement
logistique des répétitions et du jour Z ainsi que sa
publicité.
Le groupe pilote
Le groupe pilote est le moteur créatif de la parade.
Il rassemble autour de la table les membres de l'équipe, les agents
Z23, les coordinateurs artistiques et les directeurs des
associations porteuses de zinnopôle. A l'approche de la parade, les
réunions ont lieu une fois par mois, sinon, elles sont moins
fréquentes.
C'est au sein de ce groupe que se prennent les
décisions sur les aspects artistiques et participatifs de la
création zinneke : comme le choix du thème, la composition des
zinnodes, les affiches, le parcours ainsi que l'évaluation biennale du
fonctionnement de l'association. Le pilote permet aussi aux acteurs des
zinnopôles d'avoir une vue d'ensemble sur la parade et de ne pas se
refermer sur leur simple partie de parade de zinnopôle. Les
échanges qui ont lieu au sein du pilote orientent pour une grande part
le développement de la Zinneke Parade.
Le réseau artistique
Le réseau artistique réunit les coordinateurs
artistiques autour d'un domaine tel que la chorégraphie, la
scénographie, la musique et la mise en scène qui sont les quatre
grands secteurs artistiques concernés par la Zinneke Parade. Les
artistes discutent alors des problèmes qu'ils rencontrent dans leurs
activités ainsi que de la conception de leur travail au sein de la
Zinneke. Des idées, des méthodes sont échangées
afin
23 ACS engagés par les porteurs de
zinnopôle pour effectuer la coordination et la production zinneke. (Cf. :
1.2.2)
d'enrichir le travail de chacun. Ces réseaux
artistiques sont souvent un lieu d'autocritique important où les limites
artistiques de la Zinneke Parade sont mises en évidence et où
l'on cherche à les dépasser. Elles sont cependant assez rares
puisqu'il y en a une par discipline. Par contre des réunions
destinées à réfléchir sur l'orientation artistique
globale de la parade rassemblent trois artistes et la directrice artistique de
façon plus fréquente.
Le réseau de coordination des agents
Z
Le réseau des agents Z réunit ces derniers avec
l'équipe de l'asbl afin de discuter de l'évolution du projet en
plus petit comité. Les agents Z ont souvent une lourde
responsabilité dans le maintien du projet au sein du zinnopôle et
ces réunions leur permettent de s'exprimer plus librement sur les
difficultés qu'ils rencontrent et de sentir le soutien de la structure.
En effet, au cours du pilote, leurs employeurs sont présents et il ne
leur est pas toujours facile de s'exprimer.
1.2.2. Les zinnopôles
Répartition géographique
Il existe cinq zinnopôles répartis
géographiquement dans Bruxelles : les zinnopôles nord-ouest, nord,
est, sud et sud-ouest, mais leur fonctionnalité géographique
n'est pas restrictive : il peut arriver qu'une association située sur
Anderlecht (pôle sudouest), par exemple, préfère travailler
avec le zinnopôle Nord sans que cela ne crée de conflits.
Le zinnopôle Est reprend les communes de Ixelles,
Etterbeek, Evere, WoluweSaint-Pierre, Woluwe-Saint-Lambert, Auderghem,
Watermael-Boisfort. Il est pris en charge par le Gemeenschapscentrum Elzenhof
et par l'Espace Senghor.
Le zinnopôle Sud reprend les communes bruxelloises de
Saint-Gilles, Forest et Uccle. Il est pris en charge par le Centre Culturel
Jacques Franck.
Le zinnopôle Sud-Ouest couvre Anderlecht et ses
environs. En 2004, des associations provenant de Genk, Gembloux,
Chapelle-lez-Herlaimont, Anvers, Woluwé-Saint-Lambert, Bruxelles Centre
étaient également coordonnées au sein de ce
zinnopôle. Le Gemeenschapscentrum De Rinck et la Boutique Culturelle de
Cureghem le portent conjointement.
Le zinnopôle Nord-Ouest, porté par le
Gemeenschapscentrum De Vaartkapoen et par le centre d'expression et de
créativité Idéal Stand'art, reprend la commune de
Molenbeek et ses environs.
Et enfin, les communes de Schaerbeek, Saint-Josse, Laeken et
leurs environs sont coordonnés par le zinnopôle Nord sous la
responsabilité d'Infor Jeunes et du Magic Land Théâtre.
Les associations venant de l'extérieur de Bruxelles
sont souvent dirigées vers l'un ou l'autre zinnopôle par l'asbl
centrale selon les besoins dans les pôles et les envies et
méthodes de travail des associations.
Organisation
Les zinnopôles travaillent donc sur une zone plus
restreinte que l'asbl et avec des relations déjà plus proches des
participants.
Un zinnopôle est idéalement pris en charge par
deux associations socioculturelles fortes avec de préférence une
néerlandophone et une francophone. En fait, les zinnopôles Sud et
Nord ne répondent pas à ce critère. Les centres culturels
sont souvent bien placés pour assumer cette tâche de porteur de
zinnopôle vu leur stabilité, leur fonction et leur collaboration
avec de nombreuses petites associations24. Cependant, il arrive que
l'asbl porte son choix sur des associations plus petites mais prometteuses qui
se sentent le courage de jouer ce rôle et pour qui la Zinneke Parade
devient alors un puissant levier pour prendre de l'importance au sein du milieu
socioculturel bruxellois25.
Chaque zinnopôle gère environ entre 5 et 10
zinnodes, chacune étant une entité supposée
cohérente d'une centaine de défilants. Chaque zinnode est
normalement capable d'assumer un travail artistique et associatif en son sein
mais il peut faire appel au pôle en cas de manque.
Le ministre Tomas de l'emploi subventionne deux ACS au sein
de chaque zinnopôle pour assurer le travail zinneke de coordination
associative et de production, ils sont appelés au sein de l'organisation
« Agent Z ». Actuellement, ces agents Z sont employés par les
porteurs de pôle pour gérer la Zinneke. Une interprétation
différente de cette forme de subventionnement crée parfois des
situations difficiles pour ces employés. En effet, l'asbl Zinneke
considère les agents Z comme une forme de subventionnement à la
Zinneke Parade alors que les
24 Bien que l'histoire d'Escale du Nord comme porteur
du zinnopôle sud-ouest en 2002 en est un exemple contraire (Cf. 4.4.)
25 Interview de Marcel de Munnynck du 9/09/03
directeurs des associations porteuses de zinnopôle ont
parfois tendance à les considérer plutôt comme des
subventions à leur institution destinés à faire entre
autres le travail Zinneke. Certains agents Z se retrouvent alors avec des
attentes différentes de la part de l'asbl et de leur employeur direct et
se retrouvent avec un travail trop important à assumer. Le malaise
qu'ils peuvent ressentir finit par créer des tensions entre l'asbl et
les porteurs de pôle et nuit au travail commun.
Théoriquement, un des agents Z du zinnopôle est
chargé de la coordination associative et l'autre de la production. Il
n'en va cependant pas comme ça dans chaque pôle (cf. 3.2.2.1). Le
rôle de coordinateur associatif consiste à enrichir et renforcer
le réseau d'association du zinnopôle en encourageant
l'écoute et les échanges entre partenaires et en motivant de
nouveaux groupes à se lancer dans l'aventure. L'idéal est un
réseau uni qui recoupe la diversité du milieu socioartistique de
la région concernée et au-delà. Le producteur par contre
doit s'assurer de trouver des ressources financières
complémentaires à celles fournies par l'asbl, via des subsides
inexplorés, des sponsors privés ou des aides en nature. Il doit
également gérer les moyens du zinnopôle et les
répartir entre les zinnodes selon leurs besoins tout en récoltant
les justificatifs de dépenses. Le producteur se charge également
de la planification du projet avec les échéances et solutions
nécessaires au bon déroulement des projets. Il doit savoir mettre
des limites tout en faisant son maximum pour permettre la réalisation
des envies et rêves des groupes26. En 2004, le travail de
production comme recherche de moyens a été quasi absent dans les
zinnopôles (sauf dans le zinnopôle sud-ouest) ce qui explique en
partie les problèmes financiers que connaît actuellement la
Zinneke Parade27.
Coordination artistique
Trois artistes par zinnopôle sont engagés par
l'asbl Zinneke vzw pour s'assurer du caractère artistique de la parade.
Il sont là pour assurer une certaine cohérence artistique au sein
du zinnopôle ainsi que pour intervenir dans les ateliers et les zinnodes
où ils sentent une faiblesse artistique. Ils y apportent alors des
suggestions, suscitent des idées nouvelles et des méthodes de
travail permettant de pallier ces manques et de faire venir la création
des participants eux-mêmes. Tel est le
26 Interview de France Gilmont du 14/05/04
27 L'asbl zinneke doit remplir un déficit
d'environ 110000€ d'ici la fin de l'année 2004 pour rentrer dans
ses frais. (Comité d'accompagnement du 9 février 2004)
comportement idéal des coordinateurs artistiques mais ils
sont loin de tous agir de la sorte en pratique (cf. chap.
3.1.5.)28.
1.2.3. Les zinnodes
Les zinnodes sont idéalement des entités d'une
centaine de personnes qui travaillent à une création
cohérente pour la Zinneke. Ce sont les unités narratives de la
parade. Elles sont parfois le fruit d'une seule association, mais de
préférence issues d'une collaboration. Elles sont normalement
indépendantes artistiquement et capables de s'organiser. Elles doivent
présenter un projet artistique original regroupant les
différentes disciplines travaillées avec soin. Cependant, les
coordinations artistique et associative du zinnopôle sont là pour
les soutenir en cas de besoin29. Les zinnodes sont de
préférence bruxelloises. Les groupes extérieurs sont
néanmoins les bienvenus à condition qu'ils ne suscitent pas
l'aide financière du zinnopôle30.
Au sein du zinnopôle sud-ouest31, la taille
idéale de chaque zinnode a été ignorée pour
respecter les collaborations spontanées qui se sont mises en place
dès la remise des projets pour la parade 2004. On retrouve donc de 35
à 270 personnes par zinnode ce qui n'a pas été sans
créer de problèmes.
Ce zinnopôle s'est composé de 6 zinnodes et
comportait environ 550 participants de tout bord et tout horizon.
Le monde est un village
La première zinnode est « le monde est un village
» portée par le CEC Pré en Bulle de Chapelle-lez-Herlaimont.
Elle montre les différents corps sociaux qui composent la ville : les
corps mobiles du jour et de la nuit représentant les travailleurs
toujours pressés, stressés et en équilibre instable, le
corps arc-en-ciel représentant la mutliculturalité urbaine, les
chapardeurs et les gens de l'ombre représentant les
28 Interview de France Gilmont du 14/05/04
29 Cahier des charges zinneke (annexe 2)
30 Interview de Katy Pylyser du 26/07/04. Il y a
cependant des exceptions à la règle, comme à la
majorité des règles zinnekes.
31 Je me suis ici concentrée sur le zinnopôle
sud-ouest que je connais mieux de par mon observation participante.
marginaux, tous surveillés et manipulés par les
maîtres de la ville et leurs serviteurs qui règnent du haut de
leurs échasses. Les techniques utilisées sont la jonglerie, le
monocycle, les échasses, la pyrotechnie et les percussions.
Le groupe avait participé à la Zinneke Parade
2000 au sein d'une collaboration avec une association de La Louvière.
L'entente entre les deux associations s'était fortement
érodée au cours de la préparation et c'est dans un
contexte de grande tension que s'était déroulée la
parade... de quoi couper l'envie de toute nouvelle tentative Zinneke. Mais un
artiste du groupe a travaillé seul dans un autre groupe pour la parade
suivante et les multiples possibilités offertes par la Zinneke l'ont
convaincu que << le Pré en bulle » ne devait pas se
décourager à cause d'une première mauvaise
expérience. La collaboration en 2003-2004 avec le zinnopôle
sud-ouest convint mieux au fonctionnement de l'association : écoute et
respect de la créativité de chacun, échange de
groupe...C'est finalement très satisfaits de leur deuxième
Zinneke que les animateurs et participants du Pré en bulle ont rejoint
Chapelle-lez-Herlaimont le 8 mai.
Suite à sa parade 2000, le groupe a
préféré mener un projet sans collaboration directe avec
d'autres associations. L'éloignement géographique est de plus un
handicap pour les coordinateurs associatifs du zinnopôle qui ne
connaissent que le milieu culturel de Bruxelles voire de leurs quartiers et ne
peuvent donc susciter des alliances en province.
Ordre et désordre
La deuxième zinnode est << ordre et
désordre » du CEC Ecole du Cirque de Gembloux et du CEC Atelier
Sorcier de Lonzée en partenariat avec le CC du Cinéma royal de
Gembloux. Ils ont traité le thème du corps dans la ville par
l'utilisation d'une tête géante séparée en deux
profils qui subit le cycle du réveil, de l'attaque des bactéries
urbaines, du grand nettoyage puis du sommeil. La collaboration entre l'Ecole du
Cirque et l'Atelier Sorcier a donné lieu à un échange de
techniques et de connaissances entre les circassiens et les plasticiens pour
aboutir à la réalisation d'un spectacle commun. Les deux
associations ont donc gardé leur public habituel mais ont élargi
leurs activités. Des jongleurs se sont ainsi retrouvés à
faire du papier mâché et des peintres du diabolo, chacun devant se
surpasser pour arriver à un niveau commun. Cette émulation est
bénéfique car elle repousse les
limites des capacités individuelles tout en confirmant
chacun dans la technique qu'il maîtrise le mieux.
Movimiento de ida y vuelta
La troisième zinnode se nomme « movimiento de ida
y vuelta », « mouvement d'aller-retour ». Elle est portée
par l'asbl Effusions de Culture et un grand nombre de partenaires : les
écoles communales P18 et P21, l'institut technique Marius-Renard, les
asbl Tonada, Mandacaru, Matalumbo, Couleurs Parents et Un Pont plus loin ainsi
que le Centre Espagnol de Formation et d'Action et la fanfare Nuevo Horizonte.
Sont ainsi regroupées des institutions qui ont un public
intéressé par une participation à la Zinneke et
différentes asbl d'artistes qui ont menés des ateliers ouverts
à tous ou dans les institutions précitées. Le projet
correspond tout à fait à la logique zinneke qui consiste
notamment à créer des rencontres et à amener les artistes
aux gens qui n'y ont pas forcément accès.
L'idée narrative est une reprise des carnavals andins
dans un mélange culturel des esprits mythiques européens et
latino-américains. On retrouve ainsi, autour des pèlerins
percussionnistes, des diables-guerriers danseurs, des sorciers et
sorcières, des elfes et des arlequins. Sont utilisées les
techniques de danses andines, de commedia dell'arte, de flamenco, de bombos et
aussi des créations vestimentaires. Cette zinnode fut une grande source
de soucis pour l'équipe de coordination au cours du processus. En effet,
outre des tensions dues à une histoire commune assez houleuse et
à des influences politiques (cf. 4.4.), le projet a mis
énormément de temps à se mettre en place surtout par
manque d'un coordinateur artistique au sein de la zinnode.
Cette zinnode est en fait assez paradoxale. D'une part, elle
a atteint le nombre idéal d'une centaine de participants, a lancé
des ateliers ouverts dans lesquels le processus de rencontres zinneke sont
souvent les plus forts, a fait travailler les artistes directement avec les
participants : autant de points qui font partie des objectifs de la Zinneke et
n'ont été réalisés au sein du zinnopôle
sud-ouest presque que dans cette zinnode et la zinnode
E-volution@bru.be. D'autre part,
ils n'ont que très peu respecté le travail sur le long terme, la
communication du projet aux partenaires pour une compréhension globale,
l'éveil de la créativité des participants, la
collaboration des participants aux différents préparatifs dont
les costumes... autant
d'autres idéaux de fonctionnement qu'affectionne
particulièrement le zinnopôle sud-ouest.
Recirqu'lâge
La quatrième zinnode est << recirqu'lâge
» de Cirqu'conflex en partenariat avec le CEC La Maison des Enfants, Le
Cactus, Le TCC Accueil et l'Ecole Marius-Renard. Ce groupe a voulu mettre en
évidence le cycle de la consommation, de l'utilisation brève et
frénétique au recyclage en passant par le ramassage des ordures.
Tout cela autour d'une planète bleue un peu perdue qui tente tant bien
que mal de reprendre le dessus. Les techniques utilisées sont les
percussions, la jonglerie, le monocycle, l'équilibre sur boule, les
échasses et la capoeira.
L'association Cirqu'conflex participe à la Zinneke
Parade depuis la première édition. Son parcours n'a pas toujours
été facile : en 2000, ils ont participé à un projet
très ambitieux regroupant beaucoup d'associations au sein du
zinnopôle sud et pour lequel ils ont eu l'impression de consacrer trop de
temps et d'énergie aux détriments de leurs autres
activités. En 2002, ils ont recommencé suite aux nombreuses
demandes de leurs participants dans un projet cette fois beaucoup plus modeste
et sans collaboration avec d'autres associations pour leur zinnode. En 2004,
ils ont gardé ce modèle restreint mais en l'ouvrant un peu aux
collaborations : celles qu'ils ont de manière récurrente au sein
de leur association comme l'école Marius Renard ou le TCC accueil mais
aussi à d'autres comme le Cactus et la maison des enfants.
La cinquième zinnode est la plus grande et la plus
complexe, elle contient à elle seule 270 personnes soit la moitié
des participants de tout le zinnopôle sud-ouest. Nommée <<
E-volution@bru.be », elle
regroupe 18 associations bruxelloises et majoritairement anderlechtoises dans
un même projet. Il s'est avéré que ce projet
était trop ambitieux et que ce sont deux voire trois
zinnodes qui auraient düremplacer cette zinnode unique.
Cette zinnode est celle du zinnopôle, la Boutique
Culturelle et de Rinck l'ont donc coordonnée avec les trois
coordinateurs artistiques. La méthodologie des artistes consiste
à tout d'abord essayer de savoir ce que les participants veulent dire
(et non faire), il fut donc difficile voire impossible d'avoir un projet
réellement commun. Ainsi, le début de la zinnode continuait sur
l'idée de recyclage des zinnodes
précédentes alors que la suite était
plus tournée vers une reconquête frontale de la ville.
Les associations concernées sont Giebus animatie mime
groep (deux personnes pratiquant le mime de façon professionnelle), vzw
Alhambra (Ecole au devoir), Méli-mélo (chorale multiculturelle),
Gemeenschapcentrum de Markten (prêt de locaux de
répétition), vzw De buiteling (école des devoirs), vzw De
Kapruin (réunion de psychotiques), Riso Peterbos (maison de jeunes),
Four you Dance (école de breakdance pour jeunes des quartiers
difficiles), Black&White Band du Crit&Code (thérapie de
handicapés mentaux par le djembé), asbl les Vraies Richesses
(centre de jour pour handicapés mentaux), asbl Facere (centre pour
handicapés moteur-cérébraux), Brazil Attitude (danse
brésilienne), vzw Mandacaru (percussions brésiliennes), le CEFA
d'Anderlecht (avec l'atelier de constructions plastiques), Gemeentelijk
Atheneum van Anderlecht (avec l'atelier de photographie), Vlaams Centrum voor
Amateurkunsten (prêt de locaux) et Sint-guido Instituut.
Des interactions complexes ont émergées entre
certaines de ces associations notamment via des répétitions
communes. Des rencontres mensuelles ont également eu lieu entre les
responsables d'ateliers et l'équipe du zinnopôle sud-ouest afin
d'organiser ces collaborations et de se diriger au mieux vers un projet
réellement commun.
Cette zinnode est extrêmement diversifiée tant
au niveau des types d'associations impliquées que du travail qu'elles y
ont fait et de leur implication.
Yawar
La sixième et dernière zinnode est « yawar
» supportée par le groupe du même nom situé à
Genk. C'est une association proposant du théâtre de rue aux
enfants du quartier difficile et mixte des HLM. La question posée est de
savoir si l'homme n'est pas en train de se faire emprisonner par la machine.
Huit mobiles ont été fabriqués représentant
l'homme-malade et enfermé dans ses phobies, dans un narcissisme aigu ou
une sorte de cannibalisme. Sont aussi représentés les fameux HLM
et la vie quotidienne (les voisins, le bruit...) ou moins quotidienne (un
incendie au cours duquel les bébés sont jetés par la
fenêtre). Manquant de moyens et surtout de temps pour faire les
déplacements, les contacts réguliers avec cette zinnode n'ont
été que virtuels (e-mail).
Si cette zinnode est la plus petite du zinnopôle
sud-ouest avec ses 35 participants, elle n'en est pas moins une des plus fortes
de par l'atmosphère impressionnante et macabre qu'elle dégage.
C'est surtout une relation de confiance unissant les
coordinateurs du zinnopôle avec le responsable de l'association qui
permet la collaboration à distance et ce d'autant plus que les
méthodes de travail de l'association sont tout à fait en
corrélation avec les objectifs de la Zinneke Parade.
Yawar participe à la Zinneke depuis la parade de 2000
et n'a jamais manqué de force ni de créativité.
1.2.4. Les associations
Différents types d'associations participent à
la Zinneke Parade. Elles se distinguent à la fois par leur importance et
leur stabilité ainsi que par leurs activités habituelles. Ainsi,
on peut retrouver des petites associations naissantes regroupant deux ou trois
personnes n'ayant même pas forcément de locaux ou de
reconnaissance légale autant que des grandes écoles ou des
centres culturels bien établis. Les associations sont tantôt
destinées à des activités socioculturelles ou
socio-artistiques tantôt plus généralement à
l'enseignement ou l'intégration sociale. Quelques partenaires sortent de
la sphère dite culturelle comme les associations de commerçants
ou un hôpital32 par exemple mais les liens avec des
associations vraiment déconnectées de la sphère
socioculturelle sont souvent plus difficiles à établir. Prenons,
par exemple, la tentative vaine du zinnopôle nord cette année
d'introduire un groupe de pompiers dans la parade.
Outre les différents types d'association, c'est
surtout les types de participation des associations qui diffèrent.
Plusieurs axes permettent de les distinguer :
? L'existence préalable ou pas du groupe de
participants : les ateliers ouverts sont l'exemple type où le groupe se
forme pour la Zinneke Parade. Les gens se rencontrent et travaillent ensemble
dans l'optique de la parade même s'il
32 Dans le zinnopôle sud, l'hôpital
Saint-Pierre a initié un projet zinneke avec le musicien Bob Vanderbob
auxquels plusieurs personnes du personnel ont participé. Le projet
initial devait utiliser la technologie wi-fi pour connecter les patients de
l'hôpital avec le boulevard et leur permettre une interaction avec le
public depuis leur lit d'hôpital mais cette partie du projet n'a pas pu
être réalisée.
arrive que certains groupes continuent leur travail et se
produisent alors dans d'autres événements comme c'est le cas pour
l'atelier ouvert de fanfarah, fanfare créée pour la parade 2000
et qui est maintenant un groupe semiprofessionnel. Les autres associations ont
souvent un public récurrent mais dont les participants se renouvellent
en partie chaque année. Certaines associations créent des
ateliers zinnekes qui rassemblent des participants de différents
ateliers de la même association33. Certains groupes de la
Zinneke Parade sont même fermés34 aux nouveaux
participants mais idéalement pas alors à des interactions avec
d'autres associations.
· L'existence préalable ou pas de
l'activité ou des activités pratiquées pour la parade.
Certaines associations créent des ateliers destinés au besoin de
leur projet zinneke sans que les participants aient l'habitude de pratiquer
cette activité. De même, certains groupes s'occupent de tous les
aspects de leur spectacle (chorégraphie, musique, mise en scène
et costume). Dans cette approche, l'association doit s'ouvrir à de
nouveaux horizons, faire appel à de nouveaux spécialistes et
gérer de nouvelles techniques, ce qui s'avère dans la plupart des
cas des plus enrichissants. Cependant, un bon nombre d'ateliers se cantonnent
à leur activité initiale en négligeant les autres aspects
du spectacle ou en les confiant à d'autres mains. Cela permet certes aux
participants de se spécialiser dans leur discipline propre et d'y
consacrer tout leur temps de préparation, mais on passe alors à
côté d'une ouverture intéressante à autre chose.
· L'importance de l'intervention d'un ou de plusieurs
artistes. Entre autres choses, la Zinneke se veut un lieu de rencontres entre
artistes et amateurs. Les coordinateurs artistiques sont pour cela
présents au sein de chaque zinnopôle. Cependant, leur intervention
directe dans les ateliers est souvent relativement réduite. Ainsi, selon
les associations, des artistes sont engagés pour mener des ateliers
à la place ou avec les animateurs et renforcer alors cette rencontre.
33 Comme ce fut le cas pour Cirqu'conflex
34 Des fanfares et des chorales par exemple comme la
chorale Méli-Mélo qui a participé à la zinnode
E-volution@bru.be.
· L'implication d'un animateur isolé
jusqu'à celle de toute l'association y compris la direction. En effet,
les associations reconnues comme partenaires ne sont pas toujours
réellement engagées dans le processus zinneke. Beaucoup
d'ateliers sont menés uniquement par l'animateur d'une association qui a
décidé de lui-même de consacrer son atelier à la
Zinneke Parade. Ces animateurs doivent alors faire preuve de beaucoup de force
et de persévérance pour mener un groupe sans le soutien de leur
association. Fort heureusement, ce n'est pas le cas de tous les partenaires et
certaines associations s'impliquent profondément dans le projet.
· L'intensité de la collaboration avec d'autres
associations. Selon les envies et modes de travail, une association va mener un
projet seule ou en collaboration avec d'autres. La collaboration, qui se
rapproche plus des objectifs zinnekes, implique des rapports plus complexes
avec des processus de décisions de groupe d'écoute et de respect
pour que les partenaires s'y retrouvent tous.
· Le pouvoir moteur de l'association au sein du projet.
Certaines associations sont plus engagées dans la Zinneke Parade et
déploient une énergie motrice qui fait avancer le projet et
motive partenaires et participants. D'autres, par contre, doivent être
constamment soutenues et encouragées pour avancer.
· L'importance donnée au projet zinneke.
Liée au pouvoir moteur, elle influence beaucoup le travail fait au sein
du groupe, les efforts de respect des objectifs, les moyens
déployés et le temps consacré au projet.
Malgré toutes ces différences, les associations
travaillent ensemble à la réalisation de la Zinneke Parade.
La participation à la Zinneke Parade peut tantôt
booster l'association tantôt la faire sombrer par un investissement trop
long et trop lourd dans cet événement à sans cesse
renouveler35.
35 Marcel de Munnynck discussion du 16/01/04.
Ainsi, le CC Escale du Nord choisie comme porteuse de zinnopôle sud-ouest
pour la parade de 2002 a totalement sombré suite à cette
activité (mais aussi pour des raisons qui dépassent l'effet de la
Zinneke Parade).
1.2.5. Les participants
On peut d'abord distinguer trois grands types de participants
: ceux qui participent dans le cadre d'une institution de jour, ceux qui
participent dans le cadre d'une association de loisirs ou de formations et ceux
qui se présentent spontanément aux ateliers ouverts zinnekes.
Les premiers sont principalement des gens en décalage
avec la vie sociale commune, comme des handicapés physiques ou mentaux,
qui sont encadrés par une institution chargée de s'occuper d'eux
en leur rendant si possible la vie plus agréable. Un certain nombre
d'associations de ce genre participent à la Zinneke pour permettre
à leurs pensionnaires de montrer leur capacité au grand jour et
de collaborer avec des gens << normaux >>. Ces échanges
devraient conduire à une meilleure intégration des marginaux dans
la société. Les participants venant de ce genre d'institutions
sont informés sur la Zinneke et les possibilités qu'elle leur
offre et choisissent de participer à la préparation et / ou
à la parade. Ils ont des possibilités plus ou moins grandes
d'investissement dans la parade selon les dispositions prises par leurs
animateurs. Il en va de même pour les enfants qui ont un atelier zinneke
dans le cadre de leurs cours.
La deuxième catégorie de participants se
distingue de la première par le fait que ses activités dans
l'association sont parallèles à une << vie active >>
autant pour les enfants qui font ça dans leurs activités
extrascolaires que pour les adultes qui y participent pendant leur temps libre.
Ils ont pour particularité d'être intégrés
généralement à l'année à une association qui
leur propose à un moment donné une participation à la
Zinneke Parade. Ils ne sont donc pas dans l'association pour la Zinneke Parade
ce qui les distingue de la troisième catégorie de participants
qui eux répondent à un moment donné à une annonce
zinneke.
Ces annonces sont elles aussi diversifiées
puisqu'elles interviennent à différents moments du processus
zinneke selon les besoins d'organisation. Ainsi, un peu moins d'un an avant la
parade, sortent des annonces pour créer des ateliers orientés sur
la musique, le théâtre, la danse ou la création plastique
pour participer à la Zinneke Parade après un long travail de
préparation de groupe. Ces annonces sont renouvelées
jusqu'à ce que les ateliers aient atteint le nombre nécessaire de
participants. Plus tard, disons deux, trois mois avant la parade, apparaissent
souvent des annonces pour aider à la réalisation des costumes et
autres éléments
scénographiques souvent nécessaires en grand
nombre. Viennent ensuite les demandes de bénévoles pour aider
à l'organisation logistique du jour Z comme le transport de
matériel, les vestiaires, le maquillage des défilants...ou
même le remplacement en dernière minute de défilants
indispensables mais absents36. Il est évident que les
participants ont une implication bien différente dans la Zinneke selon
le type d'annonce à laquelle ils répondent.
36 Ainsi six personnes sont arrivées au
lieu de préparation du zinnopôle sud-ouest le 8 mai suite à
un appel de bouche à oreille pour pallier au désistement d'un
petit groupe important dans la narration. Ils ont pris leur rôle à
coeur lors de la parade et y ont pris beaucoup de plaisir. Ils se sont
d'ailleurs promis de participer au sein d'un atelier pour l'édition
prochaine.
2. LES OBJECTIFS
Certains objectifs transparaissent déjà dans le
chapitre précédent, mais il convient de les exposer clairement
afin de mieux comprendre les motivations des différents acteurs de la
Zinneke Parade.
Le problème de ce chapitre sur les objectifs est que,
dans la pratique, au plus on descend dans les niveaux de l'organisation au
moins les objectifs sont clairement définis. Ainsi, ils sont clairement
exposés par l'asbl Zinneke vzw, mais sont déjà plus flous
au niveau des zinnopôles. Il semble que plus on s'approche du terrain
plus les objectifs sont concrets. Il est cependant évident que dans tous
les niveaux, certaines personnes ont plus tendance à
l'autoréflexivité et à la conceptualisation, ce qui est
évidemment intéressant pour une recherche comme celle-ci.
Malheureusement, je ne les ai pas toujours trouvées.
2.1. Au niveau de l'asbl
On peut distinguer des objectifs dits << politiques
» vu leur ambition quant à un changement du monde et du
comportement social dans notre pays, des objectifs plus << concrets
» qui portent sur le processus de préparation de la Zinneke Parade
et la parade elle-même.
2.1.1. Les objectifs politiques37
<< La Zinneke Parade touche à la
diversité socioculturelle bruxelloise à partir d'une action
artistique en cassant la fragmentation typique de la société
». Dans cette phrase de Myriam Stoffen, chercheuse en agogie à la
VUB et coordinatrice au sein de l'équipe zinneke, sont repris trois
objectifs importants de la Zinneke Parade :
· Toucher à la diversité bruxelloise
malgré les divisions politiques et administratives par un projet
interculturel.
· Partir d'une action artistique qui stimule l'autre
langage qu'est celui de la créativité aidant à sortir du
chemin classique d'expression. Elle permet aussi
37 Principalement basé sur l'interview de
Myriam Stoffen du 11 février 2004. C'est en effet elle qui a
été le plus loin dans l'explication des buts politiques de la
Zinneke Parade.
de s'extraire du schéma paternaliste de service et
soutien de l'Etat qui empêche la prise de pouvoir et le choix
individuel.
· Casser la fragmentation sociale et tendre vers la
création d'un cadre de
référence partagé sur lequel se base la vie
ensemble dans la diversité.
La Zinneke Parade doit être un exercice d'une forme de
démocratie basée non sur l'échange marchand mais sur le
don et contre-don non commercial. Ce projet politique vise alors un mode de
fonctionnement où chacun devient acteur et producteur au lieu de
consommateur passif.
Nous sommes donc face à une volonté de changer
profondément le monde actuel principalement basé sur
l'échange marchand qui, dans sa logique poussée à
l'extrême, déshumanise la société.
Ce dernier objectif n'a été clairement
exprimé que lors de mon entretien privé avec Myriam Stoffen et
n'est jamais apparu aussi clairement dans les réunions même celles
axées sur les buts de la Zinneke. Par contre, les volontés
d'émancipation et de rencontres interculturelles sont reprises à
l'unisson au sein de l'équipe et de l'asbl en général (AG,
CA).
2.1.2. Les objectifs concrets
On peut se rattacher à la charte zinneke pour
comprendre les objectifs concrets de la Zinneke Parade (cf. annexe 1).
Deux idées principales en ressortent : la Zinneke
Parade est une fête et une création. Une fête
reflétant les multiples identités de Bruxelles et la vision
multiple et onirique de l'avenir de la ville en partant des quartiers et de ses
actions locales pour une réappropriation au cours du jour Z de l'espace
urbain enfin libéré de ses moteurs à explosion et ses
nuisances sonores.
Une création, fruit d'une collaboration entre artistes
et débutants et entre tous les types d'associations populaires à
travers l'utilisation des différents domaines des arts du spectacle, qui
réinvente les traditions dans un échange interculturel.
Plus clairement, on va retrouver dans les objectifs :
· Une volonté d'appropriation de l'espace urbain
sans moteur à explosion ni amplification sonore.
· Une revitalisation des quartiers via un
développement local avec une collaboration entre associations et une
mise en évidence des petites actions
locales. La mise en place d'un réseau d'associations
couvrant tout Bruxelles
pour la Zinneke Parade mais aussi pour d'autres actions
collectives.
· Un échange entre artistes et débutants
et artistes et animateurs pour une découverte créative de
nouveaux moyens d'expression et une créativité suscitée
directement à la base, c'est à dire au sein des participants.
· Une volonté de collaboration interculturelle avec
réappropriation des différentes traditions en une création
contemporaine.
· L'inscription du projet dans la continuité de
façon à repartir toujours sur des bases de travail plus solides
et avec l'enseignement tiré des erreurs passées.
· Un financement suffisant pour payer honnêtement
tous les artistes, soutenir les projets des associations et les réaliser
matériellement sans toujours se contenter de bouts de ficelle.
En ce qui concerne non plus le processus zinneke mais son
expression publique, à savoir le jour Z, les objectifs sont les suivants
:
· Faire un spectacle artistique en tant que tel, avec une
ouverture et une fin.
· Permettre une certaine compréhension des projets
et des volontés narratives par le public avec l'aide, si
nécessaire, d'un descriptif imprimé.
· Avoir une interaction avec le public, le faire
intervenir, susciter chez lui des émotions de joie, de bonheur mais
aussi parfois de peur ou de tristesse.
· Montrer la possibilité du travail en commun
au-delà des différences, prouver les bienfaits d'une
interculturalité enrichissante.
· Envahir l'espace public
· Rester dans des limites qui permettront de recommencer
deux ans plus tard.
2.2. Au niveau des zinnopôles
Il est important de distinguer l'équipe du
zinnopôle s'occupant réellement de la Zinneke Parade de
l'association porteuse de zinnopôle car leurs objectifs dans la Zinneke
peuvent différer.
2.2.1. Objectifs des équipes de coordination
Les équipes des zinnopôles ont un discours qui
s'approche de celui de l'équipe centrale. Les échanges et
réunions fréquentes ont d'ailleurs aussi pour but de
partager des objectifs communs. Mais ce sont souvent des
préoccupations plus concrètes encore dont se soucient les
zinnopôles.
Il faut néanmoins préciser que ces
équipes ne se fixent pas d'objectifs clairs à atteindre et qu'ils
sont souvent restés sans voix pendant un certain moment face à ma
question réfléchissant à ce que pouvaient bien être
leurs objectifs.
Cependant, au sein des équipes de coordination, chaque
rôle implique des objectifs un peu différents. Ainsi, la
redynamisation des quartiers, la persévérance des partenaires
pour faire aboutir leur projet et la collaboration effective et de
préférence à long terme entre plusieurs groupes importent
particulièrement à la personne chargée de la coordination
associative.
La limitation des projets à la réalité
du budget disponible et le soutien financier des associations en besoin, le
respect des conventions préoccupent plutôt le producteur du
zinnopôle.
La coordination artistique va, elle, s'attacher à la
cohérence artistique de la parade, l'éveil de la
créativité des participants, l'atteinte d'un certain niveau
artistique et l'approche des différents aspects des arts du spectacle
pour le développement d'un projet complet.
Ces différents objectifs doivent évidemment
être équilibrés entre eux pour la mise en place du projet
commun, cela est d'autant plus facile si l'équipe est soudée et
communique beaucoup.
2.2.2. Différences entre les zinnopôles
En fait, il n'y a pas de différences importantes
d'objectifs entre les zinnopôles. Me basant là principalement sur
les interviews que j'ai eu avec les agents Z38, les
différences se manifestent plus dans l'importance relative donnée
aux différents objectifs. Cependant, ces dernières ne doivent, me
semble t'il, pas être prises au pied de la lettre puisque elles sont
influencées par les contextes des interviews : la personne parle en
premier de ce qui la préoccupe plus au moment de l'interview. Lorsque
j'ai essayé de mettre en évidence un objectif plus qu'un autre,
ils m'ont tous fait comprendre qu'il s'agissait plus d'équilibre que de
hiérarchie.
38 Je n'ai en effet pas interviewé les 15
coordinateurs artistiques, ayant déjà fait plus d'une vingtaine
d'interviews. Il m'est donc difficile de distinguer les différences
d'objectifs artistiques entre les zinnopôles d'autant plus que chaque
artiste a sa façon personnelle de voir les choses.
Cependant, la corrélation entre ces
éléments et les résultats observés met en
évidence des différences nettes entre les zinnopôles qui
seront traitées plus tard.
2.2.3. Objectifs des associations porteuses de
zinnopôle
Les principaux objectifs des associations porteuses de
zinnopôle sont :
· Faire partie et soutenir activement le grand projet
qu'est la Zinneke Parade et s'intégrer dans son réseau associatif
en y introduisant le réseau propre de l'association.
· Générer pour la Zinneke des nouveaux
ateliers et de nouveaux projets financés en partie par les subsides
zinnekes.
· Revitaliser le quartier
· Susciter la création
Il faut aussi savoir que les associations porteuses de
zinnopôle doivent depuis cette édition 2004 signer un cahier des
charges avec l'asbl Zinneke vzw ainsi qu'une convention où elles
s'engagent à opter pour un certain mode de travail (cf. annexes 2 et
3)39. Les objectifs qui ressortent de ces textes sont
l'appropriation collective du projet par toutes les composantes de la
population des quartiers et la relation directe des artistes avec les
participants zinnekes au sein des ateliers. Il est intéressant de
constater que ces conventions parlent peu des objectifs pour se concentrer sur
la réalisation pratique de l'organisation du projet. Certes,
vérifier le respect de ces consignes d'organisation est bien plus facile
que de voir si les objectifs fixés sont les mêmes, mais une
clarification nette des objectifs de la parade ne serait pas superflue.
Il semble que ce soit surtout les institutions
présentes en tant que porteuses de zinnopôle depuis l'origine de
la Zinneke Parade qui s'implique plus dans l'organisation de
l'événement : le Magic Land Théâtre, Infor Jeune, Le
CC Jacques Franck ou Idéal Stand'art. Ils semblent avoir une conscience
plus développées des enjeux et objectifs globaux de la Zinneke
Parade mais aussi des exigences plus nettes et une interprétation plus
personnelle des règles communes.
39 Il faut savoir que toutes les associations n'ont
pas accepté de signer ce texte sans y faire des changements.
2.3. Au niveau des associations
Les objectifs des associations ressortis de mes interviews et
des réunions furent principalement :
· De participer à un grand projet commun important
dans la vie culturelle bruxelloise.
· D'avoir une occasion de montrer les capacités
de l'association et de ses participants en plein centre de Bruxelles en prenant
ainsi possession de la ville.
· De travailler en collaboration étroite avec
d'autres associations et avec des artistes permettant ainsi de réaliser
des projets d'envergure.
· De continuer le travail de l'association dans un contexte
motivant pour tout le monde, permettant de se dépasser et
d'évoluer.
Dans le cadre des associations pour marginaux et
handicapés, l'objectif principal est l'intégration des
participants dans un contexte incluant tous les types sociaux pour faire
accepter l'idée que ces marginaux ont des capacités et peuvent
s'intégrer dans la vie sociale de la ville.
2.4. Au niveau des participants
On retrouve chez les participants les objectifs suivants :
· Participer à la fameuse Zinneke Parade.
· Se divertir dans un atelier après le travail
(l'école).
· Rencontrer des gens plus ou moins différents de
nous.
· Travailler avec des artistes.
· Apprendre de nouvelles techniques ou approfondir une
technique que l'on connaît déjà.
· Se dépasser et se prouver que moi aussi je peux y
arriver.
· S'exprimer à travers un projet qu'on montre
ensuite en ville.
Selon leur intégration dans un atelier ouvert ou dans
une association, l'importance donnée à la participation à
la Zinneke Parade varie. Dans les ateliers ouverts, on retrouve plus de gens
qui viennent avant tout pour ça. Dans les associations, cela
dépend si le groupe a été formé pour la Zinneke ou
pas et à la demande des participants ou pas.
On constate que les ateliers ouverts zinnekes ont beaucoup de
mal à trouver un public récurrent et stable au long du processus.
En effet, beaucoup d'ateliers ont eu du mal à atteindre un nombre
intéressant de participants. Les gens curieux viennent voir une, deux,
trois fois puis s'en vont, faute de motivation, d'implication et d'attrait. De
plus, ils ne s'intéressent souvent à la Zinneke Parade que
relativement tard (2,3 mois avant le jour Z40) dans le processus de
développement ce qui laisse bien peu de temps de préparation.
L'attrait d'un atelier réside souvent dans la force du projet ainsi que
dans la présence d'un animateur capable de maintenir un certain ordre
dans une atmosphère agréable et d'un artiste capable de toucher
les gens plus profondément en leur donnant accès à de
nouveaux moyens d'expression. L'idéal est peut-être une personne
combinant ces deux qualités ce qui évite en plus des conflits
animateur-artiste41 (Cf. chap. 4.2).
40 C'est aussi souvent le cas des petites
associations.
41 Interview deThierry Van Campenhout du 12/05/04
3. LES MOYENS
J'entends par moyens les procédures et mécanismes
mis en place pour parvenir à atteindre les objectifs.
3.1. Au niveau de l'asbl
3.1.1. Subventions
Les subventions et sponsors sont primordiaux pour le bon
fonctionnement du projet, même quand on veut mettre en évidence
des échanges non marchands.
La principale source de revenus de la Zinneke Parade est le
subventionnement d'Etat.
Les subventions viennent de nombreux ministères et
départements, francophones et néerlandophones,
fédéraux, régionaux et communautaires...de quoi attraper
des migraines.
La Zinneke est subventionnée plus ou moins à
hauteur de 2 millions d'euros tous les deux ans par les divers gouvernements et
administrations. Les différentes associations préparent
elles-mêmes les dossiers de demande de subvention qui transitent par
l'asbl pour être considérées comme appartenant au projet
Zinneke par les pouvoirs publics. Cependant, certaines associations ne passent
pas par cet intermédiaire ce qui complexifie encore plus la
compréhension globale des subventionnements et empêchent l'asbl de
conserver un contrôle sur les projets proposés en leur nom.
De façon résumée, la Zinneke est
principalement soutenue par la région bruxelloise qui lui donne
770000€ plus 12 ACS (qui coûtent 670000€), la COCOF
102590€, la VGC 134766€, les communes 168167€, la région
flamande 125000€, la communauté française 338626 €. Les
premières subventions viennent de la Région Bruxelles-Capitale,
principalement du programme de Revitalisation des quartiers qui offre une
enveloppe renouvelée tout les ans à l'asbl Zinneke et du
programme « image de Bruxelles » qui donne aussi une enveloppe
annuelle, mais en baisse constante, destinée à la communication
de la Zinneke42.
42 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
En ce qui concerne les aspects artistiques et culturels de la
parade, l'équipe de l'asbl essaie depuis plus de deux ans de signer une
convention avec la Communauté Française qui lui assurerait un
subventionnement en progression sur 4 ans, notamment pour les salaires des
coordinateurs artistiques, associé à une intervention
systématique au bénéfice des groupes demandant des
subsides au nom de la Zinneke Parade. Cet accord n'a pas encore
été signé, suite notamment aux changements successifs de
ministres. La présence d'un nouveau gouvernement implique maintenant une
négociation reprise à la base. Si ce contrat de longue
durée n'a pas pu être appliqué, la Communauté
Française a quand même subventionné la Zinneke Parade a
travers une aide au paiement des artistes et une intervention
systématique sur les dossiers zinnekes. Mais sans le contrat, la hauteur
de ces aides est renégociée chaque année43. On
pourrait penser qu'un événement tel que la Zinneke Parade devrait
être nettement plus soutenu par la Communauté que par la
Région de part son côté clairement culturel relevant des
fonctions de la Communauté. Mais les aides importantes sont surtout
question d'affinités politiques avec le projet et ses porteurs, ainsi le
Ministre Tomas soutient particulièrement le projet alors que les
ministres successifs des Arts ne voient pas la Zinneke Parade d'un si bon oeil.
Le représentant de Ducarme a d'ailleurs clairement dit que le
ministère des Arts et des Lettres considérait que les artistes de
la zinneke « ne sont pas vraiment des artistes »44
La présidence de la COCOF45 octroie une
intervention annuelle à l'asbl, son service de la culture subsidie pour
une somme relativement basse le caractère artistique. Les affaires
sociales ont apporté une aide en 2003 non
renouvelée46.
Du côté flamand, la Vlaamse Gemeenschap apporte
des aides par ses services des affaires bruxelloise et socio-artistique qui
sont rediscutées chaque année. La Vlaams Gemeenschap Comitie aide
les zinnopôles via une subvention aux 3 centres culturels flamands et
subsidie l'asbl à travers le budget de revitalisation de la
ville47.
43 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
44 Commentaire de M. Deprey, représentant de
Ducarme avant sa démission, au cours du comité d'accompagnement
réunissant les pouvoirs subsidiant et l'équipe zinneke du
9/02/04.
45 Tenue par le ministre Tomas...
46 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
47 Idem
Les subventions qui arrivent à l'asbl sont
utilisées pour les frais de fonctionnement de l'asbl, pour la
communication, pour payer les artistes et pour les frais de production des
zinnopôles qui eux-mêmes peuvent redistribuer aux
différentes zinnodes selon leurs besoins48. Les porteurs de
zinnodes ainsi que les zinnopôles sont néanmoins censés
rentrer des dossiers de subsides auprès de ministères qui ont des
accords avec l'asbl, comme la communauté française ou certains
fonds fédéraux mais qui là dépendent d'un soutien
communal. Ils sont également censés chercher des fonds dans
d'autres programmes de subventions (cf. chap. 4.1).
Ce qui semble à première vue une grosse somme ne
suffit pas à faire fonctionner la Zinneke comme ses dirigeants le
désirent.
De manière générale, les
subventionnements ne cessent de diminuer depuis la première parade alors
que les besoins augmentent. Si ce schéma continue, les objectifs et
l'ampleur du projet devront clairement être revus à la baisse et
la Zinneke risque fort d'y perdre en qualité. On se retrouve ici dans
une difficulté commune à la quasi entièreté du
monde socioculturel qui doit constamment survivre avec des bouts de ficelle et
qui, quand il atteint malgré cela une certaine qualité, se voit
rétorquer l'argument que puisqu'il y arrive comme ça, il n'a pas
besoin de plus...
Du côté des sponsors, la situation est encore
bien plus dramatique. En fait, aucune société privée n'a
accepté de financer la Zinneke Parade. Les contreparties
proposées par l'équipe ne leur semblaient pas suffisamment
avantageuses et sans doute l'équipe elle-même n'a pas fait
suffisamment de concessions pour parvenir à un accord. Cependant,
quelques échanges de services ont tout de même été
conclus : la publication du magaprogramme zinneke49 dans plusieurs
journaux de la capitale, la retransmission du jour Z et des reportages sur la
préparation sur Télébrussel, des réductions dans
des magasins de matériel...Ce sont là des échanges
pratiques, certes, mais pas suffisants pour combler les manques de ressources
sonnantes et trébuchantes de la Zinneke Parade (Cf. 4.1.).
48 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
49 Le magaprogramme zinneke reprend la composition
de chaque zinnopôle avec des éléments narratifs et des
dessins permettant au spectateur de reconnaître ce qui passe sous ses
yeux le jour de la parade.
3.1.2. Le réseau
La principale façon dont les fondateurs de la Zinneke
Parade ont voulu répondre à leurs objectifs de collaboration
entre associations et de travail commun fut la mise en place d'un
réseau.
Ce réseau d'association se veut non hiérarchique
et non centralisé. Cependant, son observation montre un schéma
assez pyramidal contraire à cette volonté de réseau.
L'étude plus approfondie de la situation montre qu'une évolution
du réseau initial tend implicitement vers un schéma
pyramidal50, évolution qui est détaillée dans
le chapitre des difficultés (cf. 4.6.) car elle cause des conflits non
négligeables.
Cependant, il convient de décrire le réseau
comme il a été pensé au départ et comme il
fonctionne encore partiellement aujourd'hui.
L'idée de base est que les associations sont
reliées entre elles notamment par des réunions de porte-paroles
pour travailler au projet commun qu'est la Zinneke Parade. Mais comme ces
associations sont trop nombreuses (environ 250), elles sont divisées en
5 zinnopôles, pôle de développement culturel de quartiers,
qui récoltent et échangent les informations, eux-mêmes en
relation à travers l'équipe centrale qui coordonnent le tout et
s'occupe des relations d'ensemble avec l'extérieur. Ce schéma
axé sur une action volontaire de la base n'est que partiellement
réaliste. En effet, les zinnopôles suscitent aussi pas mal de
vocations zinnekes auprès des associations locales, les encouragent et
les aident à faire aboutir les projets. De même, la place de
l'équipe dirigeante ne fait que s'accroître.
Afin d'assurer une certaine cohérence au réseau,
les agents Z ont été formés par l'équipe à
leur arrivée dans la structure et des documents comme les conventions et
le cahier des charges assurent un travail similaire (cf.annexe 2-5).
En fait, on voit qu'à la base les fondateurs de la
Zinneke se sont retrouvés porteurs de zinnopôle ainsi que dans
l'AG et le CA de l'asbl zinneke vzw. L'équipe n'était, elle,
constituée que de deux personnes : Marcel De Munnynck, arrivé
à la Zinneke en tant que chargé de mission pour Bruxelles 2000 et
donc profondément impliqué
50 Ne voulant pas arriver à un tel
schéma, l'asbl et l'équipe devraient prendre des mesures pour
revenir à un schéma donnant plus de responsabilités aux
partenaires. Ces allers-retours entre la forme pyramidale et le réseau
horizontal font partie de la recherche d'un équilibre difficile à
obtenir. (Cf. chap. 4.6 ; Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04)
dans la mise en place du projet et Nathalie Bücken, tous
deux soutenus par la structure de Bruxelles 2000.
Dans cette structure à plusieurs niveaux, le travail en
réseau est défendu par rapport à un travail
hiérarchique car il n'y a pas de subordination et d'obéissance en
tant que telles. Les décisions sont prises lors de réunions suite
à des discussions où tout le monde peut donner son avis. Il est
cependant évident que certaines personnes sont plus aptes à se
faire entendre que d'autres.
Pour atteindre ses objectifs de collaboration sans
frontières, tous les types d'associations sont les bienvenues dans la
Zinneke tant qu'elles sont prêtes à respecter le cahier des
charges (cf. annexe 2). Il est même demandé aux coordinateurs
associatifs de zinnopôle d'essayer de diversifier un maximum leurs
partenaires pour couvrir l'ensemble des types d'associations de Bruxelles.
3.1.3. Réunions et résolution des
conflits
Pour maintenir un réseau efficace, l'asbl zinneke
organise de nombreuses réunions déjà décrites au
chapitre 1.2.1. Les réunions permettent de lier les zinnopôles
entre eux car chacun est conscient de ce qui se passe à
côté et peut donner son avis sur les problématiques des
autres. Dans l'idée d'un travail commun, les réunions
organisées au sein de l'équipe sont les seuls endroits où
les zinnopôles ont des relations entre eux. Elles sont donc primordiales.
Il est évident que les 120 associations de terrain n'ont pas toutes des
relations entre elles et que le travail commun ne se fait donc pas sur le
terrain mais par la définition de conduites et d'objectifs
idéalement communs. Cependant, des synergies se produisent dans les
petites collaborations de terrain qui sont assez nombreuses.
Les réunions de l'asbl, qui ne rassemblent
qu'exceptionnellement des représentants d'associations autres que
porteuses de zinnopôle51, aident également
l'équipe à avoir connaissance des avancées et
difficultés des zinnopôles eux-mêmes et des associations
regroupées en leur sein. De cette façon, ils peuvent donner des
conseils pour arranger les conflits et orienter les décisions dans le
sens qui leur semble le plus « zinneke ».
51 Pas les porteurs de zinnode et encore moins les
représentants des petites associations de base.
Si les conflits sont trop importants ou les situations trop
critiques, des réunions sont organisées avec tous les gens
concernés, parfois un peu trop tard d'ailleurs. Les membres de
l'équipe peuvent ainsi entendre les différentes versions de
l'histoire et tâcher de résoudre le conflit au mieux.
3.1.4. Bara
Depuis plusieurs années, le projet de trouver un grand
espace commun pour organiser une partie des ateliers zinnekes occupe les
esprits. Ce projet se concrétise dans le déménagement
prévu avant 2005 de l'équipe dans un grand bâtiment de la
rue Bara où de nombreuses pièces sont disponibles pour les
ateliers.
Les effets de ce genre d'endroit ont déjà pu se
sentir dans l'utilisation d'un bâtiment de la rue du Brochet à
Ixelles proposé par la commune au zinnopôle est en 2004. Ce
zinnopôle a alors ouvert ses portes à d'autres et des synergies se
sont créées notamment avec le zinnopôle nord car les
participants ont pu directement voir ce qui se passait dans d'autres ateliers
zinnekes. Des échanges de techniques, d'idées ont
émergés de ces rencontres ainsi qu'un sentiment beaucoup plus
fort chez les participants de faire partie d'un grand projet commun.
Les locaux de Bara, plus spacieux, devraient permettrent
à des zinnekes de tout bord de se rencontrer, renforçant de
manière significative les objectifs de rencontres entre personnes de
toutes cultures, générations, classes sociales alors que le
travail actuel « chacun dans son coin » ne permet ces rencontres
qu'au sein d'un même atelier.
Nick Honinckx (ancien organisateur de la zinneke parade avec
qui la fin de collaboration de s'est pas fait sans accro (Cf. chap. 4.4.) mais
qui était présent dès Bruxelles 2000) met lui en
évidence le fait qu'un endroit commun est contradictoire avec
l'idée d'un réseau décentralisé et qu'on
perçoit dans cette idée les volontés implicites de
centralisation et de pouvoir sur les projets par l'équipe de l'asbl. La
logique zinneke veut une forte implantation dans les quartiers et des
échanges où l'un va chez l'autre, et pas tous dans des locaux
centraux 52
Si ce point de vue n'est pas injustifié, les
intérêts qu'apporte un tel lieu commun répondent
à des objectifs plus importants que ceux qui justifient une
décentralisation.
52 Interview de Nick Honinckx du 18/02/04 en partie
confirmée par l'interview de Patrick Chaboud du 23/06/04. A la
différence près que Patrick Chaboud a toujours voulu un lieu de
rencontre commun mais pas sous la main mise de l'équipe.
En effet, sa présence serait sans doute des plus
bénéfiques à la conscience de projet commun des
participants qui fait actuellement partiellement défaut. (Cf. chap.
4.5), d'autant plus quand on voit les évolutions structurelles de
l'organisation qui tendent vers une centralisation. (cf. chap. 4.6.).
3.1.5. Les coordinateurs artistiques
Les coordinateurs artistiques sont engagés par l'asbl
Zinneke vzw53 afin de parvenir à faire du projet un projet
artistique se différenciant d'un simple carnaval par ses volontés
de créativité et d'originalité suscitées chez les
participants, ainsi que pour assurer un spectacle complet reprenant des
éléments de scénographie, de mise en scène, de
chorégraphie et de musique.
Si lors des deux premières parades, un seul
coordinateur artistique était attaché au pôle, ils sont
maintenant trois. Ce renforcement de l'équipe artistique est lié
à une volonté nette de l'asbl et de ces instances de donner plus
d'importance au côté artistique de la parade. Ce changement est
également dû aux constatations de 2002 : les coordinateurs
artistiques étaient submergé de travail et ne pouvaient pas
assumer pleinement leur tâche. Soit ils essayaient de partager leur
travail avec d'autres artistes mais les fonds disponibles étaient assez
limités, soit ils ne faisaient leur travail qu'à moitié et
laissaient une grande part des responsabilités artistiques aux
animateurs d'ateliers. Les nouvelles équipes ont donc été
conçues autour d'un artiste travaillant au sein du zinnopôle pour
la parade précédente pour qu'il puisse communiquer son
expérience de la Zinneke Parade aux autres artistes et qu'il oriente la
coordination artistique du zinnopôle. De plus, ces artistes ont pu
réaliser leurs faiblesses au cours de l'édition
précédente et composer une équipe artistique les
complétant au mieux. Ainsi, par exemple, un metteur en scène
maîtrisant aussi un peu la chorégraphie va plutôt s'entourer
d'un scénographe et d'un musicien. La présence de trois artistes
de spécialités différentes au sein de chaque
zinnopôle permet alors une diversité d'approche qui n'était
pas présente pour les éditions précédentes. Si les
moyens sont disponibles, la directrice artistique de la parade
53 Et ce contrairement aux agents Z ce qui
évite les problèmes évoqués au chap. 1.2.2.
où les agents Z sont souvent assis entre deux chaises.
envisage une équipe artistique de 4 ou 5 artistes par
zinnopôle pour les prochaines éditions, afin de vraiment couvrir
toutes les disciplines artistiques du spectacle54.
Le profil recherché de ces coordinateurs artistiques
est complexe. La définition de l'artiste est ici prise dans son sens
syndical : l'artiste est celui qui vit de son art, et il est
préférable qu'il soit expérimenté et reconnu dans
le milieu où il professe. Outre ses capacités créatives,
il doit savoir mener un groupe d'amateurs en suscitant la création chez
eux sans imposer ses propres idées. L'artiste doit être capable de
maîtriser les échéances et le processus dont les amateurs
n'ont généralement que peu conscience. Il est évident que
ce type d'artiste ne court pas les rues. Le choix des artistes de la Zinneke
Parade n'est pas facile et il peut arriver qu'il s'avère finalement peu
judicieux (cf. : 4.3.).
Le travail que l'asbl attend de la coordination artistique
consiste à avoir vu et suivi tous les projets de son zinnopôle et
comprendre les différentes volontés. Elle doit également
lancer des petites pistes stimulant la création au sein des groupes et
suivre leur effet. Elle doit pouvoir identifier les manques artistiques dans
les différents groupes et trouver des solutions en impliquant au maximum
les participants. Elle doit à la fois intervenir et transmettre son
savoir à l'intérieur d'un atelier quand cela s'avère
nécessaire et également apporter une certaine cohérence
à l'ensemble du zinnopôle à travers un concept
centralisateur des différentes expressions des zinnodes.55
3.2. Au niveau des zinnopôles
3.2.1. Méthodes et moyens globaux
De manière générale, comme
évoqué plus haut, chaque zinnopôle est soutenu par deux
associations, une francophone et une néerlandophone. Deux agents Z y
travaillent avec trois coordinateurs artistiques. L'institution porteuse de
zinnopôle fournit à son agent Z un bureau avec tout le
matériel nécessaire, notamment un
54 Interview de France Gilmont du 14/05/04
55 Définition du rôle de la coordination
artistique au cours du réseau d'Agent Z du 16 février 2004 par
Marcel De Munnynck et France Gilmont.
ordinateur connecté et le téléphone pour
assurer la communication indispensable à son rôle de
coordinateur.
Les rôles des agents Z sont assez complexes, d'autant
plus qu'ils ont été mal définis au départ laissant
place à trop d'interprétations que les précisions de
plusieurs textes postérieurs (Cf. annexe 4) n'ont pas pu corriger dans
le chef de certains porteurs de zinnopôle (Cf. 3.2.2.1).
Coordinateurs associatifs
Selon l'annexe 1 de la convention entre l'asbl et les
associations porteuses de zinnopôle (cf. annexe 4), le coordinateur
associatif56 doit se charger de l'information, la sensibilisation,
la mobilisation et l'appel à projets auprès des différents
acteurs locaux. La convention précise que le coordinateur doit
travailler en étroite collaboration avec le reste de l'équipe du
zinnopôle à savoir l'agent Z chargé de la production et les
trois coordinateurs artistiques.
Pour atteindre ses objectifs, le coordinateur associatif va
donc organiser des réunions entre les différentes associations
porteuses de zinnodes et parfois aussi toutes les associations du
zinnopôle. Ces réunions permettent des rencontres et des
échanges qui peuvent donner naissance à des collaborations entre
différents groupes, et ce surtout au cours de l'année sans parade
car c'est à ce moment que les projets apparaissent et que se discute
l'éventuel thème du zinnopôle.
L'agent Z doit connaître suffisamment les associations
pour deviner lesquelles pourraient travailler ensemble de façon
enrichissante et encourage ces collaborations selon la proximité, des
envies de chacun et de façon à ce que les projets correspondent
à la philosophie zinneke.
Lorsqu'une association perd confiance en son projet, le
coordinateur associatif doit pouvoir le motiver en mettant en avant les points
positifs de son groupe et en lui donnant des pistes de travail qui l'aideront
à continuer. Il doit également pouvoir mettre en garde un groupe
oubliant les échéances des difficultés qu'engendre le
travail de dernière minute et lui rappeler les objectifs de travail de
long terme. Ce fut par exemple le cas pour la zinnode Movimiento de ida y
vuelta du zinnopôle sud-ouest qui a mis énormément de temps
pour se mettre en route et qui a finalement réalisé le travail
sur deux mois alors qu'il devait en prendre au moins six, avec certes un
résultat final assez extraordinaire.
56 Appelé dans le texte coordinateur à
la participation.
Pour soutenir les projets au mieux, le coordinateur associatif
doit être constamment à l'écoute des partenaires,
repérer les problèmes implicites ou explicites et tenter d'y
répondre par des conseils pratiques ou une aide concrète. Il doit
informer les partenaires dès les premiers contacts des attentes et
objectifs de l'organisation, afin que ceux-ci ne se voient pas reprocher des
manques sur des points dont ils n'avaient jamais rien entendu. Ceci demande
alors une définition claire des objectifs et méthodes de la part
des zinnopôles et de l'asbl. Cette définition a parfois
manqué pour la préparation de la parade de 2004 : la coordination
associative du zinnopôle sud-ouest s'est vu reprocher quelques semaines
avant la parade l'absence de communication avec les commerçants du
quartier alors qu'on ne les avait jamais informés clairement de cette
nécessité ; la coordinatrice du zinnopôle sud, elle, a
donné des nouveaux objectifs venant de l'asbl à ses partenaires
en cours de préparation ce qui ne leur a que peu plu puisqu'une partie
du travail a dû être redéfini en cours de
route57.
Producteurs
Toujours selon cette annexe de la convention, « la
production comprend toutes les démarches nécessaires à la
concrétisation des projets et idées, y compris les relations aux
autorités publiques, les budgets particuliers et globaux, la recherche
des moyens financiers, logistiques et pratiques, la recherche et la gestion de
lieux de travail et de répétition » (Cf. annexe 4).
Le producteur du zinnopôle doit donc
théoriquement trouver des subsides pour apporter plus de financements
que ceux qui viennent des dossiers zinnekes envoyés aux pouvoirs
subsidiant d'office le projet. En effet, les départements
gouvernementaux et administratifs sont tellement divisés et le projet
tellement large qu'il est possible de rentrer des dossiers dans un nombre
insoupçonnable de programmes financeurs. Ainsi, le zinnopôle
sud-ouest a réussi à trouver des subsides supplémentaires
auprès du pouvoir fédéral dans le cadre de la politique
des grandes villes. Mais l'équipe du zinnopôle sud-ouest
était à ce moment là encore aidée par Jacques
Coune, détaché de la commune d'Anderlecht, qui a une grande
57 Interview de Virginie Noël du 1/07/04
connaissance des fonctionnements ministériels et
administratifs et est très au courant des différentes
possibilités de subsides (Cf. chap. 4.4.)58.
Le producteur suit également les rentrées des
projets au cours de l'année sans parade afin de vérifier que
leurs ambitions soient matériellement réalisables. Il va donc
discuter avec les associations pour connaître comment ils ont
imaginé la réalisation de leur projet et leur faire comprendre
les limites du budget et la nécessité de rester dans des
rêves réalisables. Il va ensuite participer à la
rédaction des dossiers remis aux pouvoirs subsidiants.
Pendant la réalisation des projets, le producteur est
sollicité pour répondre à des problèmes pratiques
souvent urgents majoritairement liés à un manque de
matériel ou de services pour faire aboutir le projet. Il doit donc
souvent pouvoir fournir des lieux de répétitions et
d'entreposage, aider à fournir des liquidités, organiser des
achats collectifs de matériel59...
Le producteur est aussi celui qui fait signer le cahier des
charges (annexe 2) et les conventions aux associations partenaires. Il est
intéressant de voir que certains des points repris dans les contrats
sont délibérément ignorés par les zinnopôles
et leurs partenaires. Ainsi, la coordination du zinnopôle sud-ouest
estime que plusieurs éléments de ces contrats doivent être
pris comme des indications plus que comme des injonctions comme, par exemple,
le nombre de minimum 100 personnes par zinnode ou le travail en collaboration
au sein de chaque zinnode. En effet, Katy Pylyser, agent Z du zinnopôle
considère que certains de ces éléments sont
travaillés sur le long terme et qu'imposer le respect absolu des
contrats risque d'empêcher certains partenaires de participer alors
qu'ils auraient pu atteindre ces différents points suite à deux
ou trois parades60.
58 Si Jacques Coune a permis d'ouvrir les portes,
les agents Z du zinnopôle sud-ouest ont néanmoins réussi
à les garder ouvertes malgré les exigences formelles strictes du
pouvoir subsidiant en question à savoir le programme
fédéral de politique des grandes villes (interview de Katy
Pylyser du 26/07/04).
59 En 2004, ce travail a été
partiellement réalisé au niveau de l'asbl car un membre de l'asbl
Bricoleurs sans frontière a travaillé au sein de l'équipe
zinneke. Il a trouvé du matériel moins cher à travers des
accords avec des magasins pour obtenir des réductions lors d'achats
collectifs et a découvert du matériel de
récupération à très bas prix voire gratuit.
60 Interview de Katy Pylyser du 26/07/04
Une réunion interpôle de production
organisée pour discuter entre zinnopôle sans la présence de
l'équipe a réuni les zinnopôle nord, nord-ouest et sud, les
autres zinnopôles jugeant que cette réunion n'avait pas lieu
d'être. Il y a été déclaré que l'agent
producteur n'avait pas à chercher des moyens supplémentaires mais
avait simplement un travail de gestion et de coordination. Ce point de
désaccord est la source de nombreuses tensions avec l'équipe
zinneke. Ils réclament << un seul lieu décisionnel de
production général >> auquel les zinnopôles peuvent
chacun participer << selon leur mode organisationnel
>>61.
Le mode de fonctionnement de la coordination artistique a
été développé au cours du chapitre
précédent car ils sont directement engagés par l'asbl.
J'ai cependant détaillé leurs différences de
fonctionnement au sein des zinnopôles dans le point 3.2.2.2.
Un calendrier de coordination des zinnopôles (Cf. annexe
5) a été mis au point par l'équipe de façon
à ce que les agents Z et la coordination artistique aient une
idée claire de l'avancée supposée du processus. Ces
échéances sont rarement faciles à respecter.
3.2.2. Différences entre les zinnopôles
3.2.2.1. Différences d'organisation entre les
zinnopôles
Le zinnopôle Sud a la grande
particularité de n'être porté que par un seul centre : le
CC Jacques Franck. Cette particularité remonte aux origines de la parade
lorsque Thierry Van Campenhout, directeur du centre fut appelé par Mirko
Popovitch en 1997 pour développer le projet de Carnaval
d'été, avant qu'il ne devienne le projet Zinneke. C'est <<
par hasard >> que le CC Jacques Franck s'est retrouvé
seul porteur du pôle Sud en 2000, aucune autre institution ne
s'étant portée volontaire. Le situation se perpétua
à l'identique en 2002, si ce n'est qu'entre-temps les deux ACS avaient
été engagés au sein du Jacques Franck, avec la
particularité qu'un d'eux s'occupait de la coordination associative
alors que l'autre était là comme coordinateur technique pour
apporter une aide pour la construction matérielle de la parade. La
production était et est toujours prise en charge par Thierry Van
Campenhout lui-même. Le poste de coordination technique s'est finalement
avéré
61 P.V. de la réunion de production de 01/04
peu efficace car l'aide technique n'est importante dans la
Zinneke qu'en fin de parcours lors de la réalisation concrète des
chars et autres constructions déambulatoires. L'agent Z se retrouvait
donc à travailler comme régisseur du Jacques Franck pendant la
grande majorité de son temps et son investissement dans la parade fut
trop faible et superficiel62.
En 2003, une proposition a été faite par l'asbl
Zinneke au Pianofabriek pour être le second porteur du zinnopôle
sud et ce sans concertation avec le CC Jacques Franck. Les négociations
ont finalement échoué car le Pianofabriek voulait le poste de
coordinateur technique du CC Jacques Franck qui lui ne voulait pas le
céder sans une redéfinition du poste. Vu le manque de
spontanéité du Pianofabriek pour porter le zinnopôle,
Thierry Van Campenhout et son CA ne voulait pas d'une collaboration
principalement basée sur l'envie du Pianofabriek d'avoir un
régisseur presque gratuit. Ils demandaient donc la création d'un
nouveau poste ou une redéfinition du poste pour que l'ACS
cédé ait un rôle plus important dans la Zinneke que celui
assez limité de régisseur. Donc, finalement, c'est encore seul
que le CC Jacques Franck a porté le zinnopôle sud pour la
troisième parade63.
Les autres pôles sont portés par deux
institutions, une francophone et l'autre néerlandophone sauf dans le cas
du zinnopôle nord où les deux institutions (Infor
Jeune et le Magic Land Théâtre) sont francophones. Cette
particularité est justifiée par l'implication spontanée de
ces deux institutions dès l'origine du projet zinneke alors qu'aucune
association néerlandophone ne s'est proposée pour supporter ce
rôle important de porteur de zinnopôle. Patrick Chaboud, directeur
du Magic Land Théâtre, met d'ailleurs en évidence le
caractère absurde d'une telle parité bilingue alors que la
Zinneke et la ville de Bruxelles elle-même sont très largement
francophones64.
62 Interview de Thierry Van Campenhout du 12/05/04
63 Interview de Thierry Van Campenhout du 12/05/04
64 Interview de Patrick Chaboud du 23/06/04. En
effet, toutes les réunions auxquelles j'ai assisté, à part
l'assemblée générale et une visite du zinnopôle
sud-ouest auprès de la zinnode Yawar de Genk, étaient
francophones, les partenaires néerlandophones étant de toutes
façons bilingues à Bruxelles. Cependant, tous les papiers
officiels de la Zinneke Parade doivent exister dans les deux langues traduisant
ainsi une volonté d'officialité bilingue plus qu'une
réalité pratique.
Un autre axe de différence entre les zinnopôles
est l'implication des directions des centres dans le travail zinneke.
Au zinnopôle sud-ouest, les directions
laissent les agents Z se débrouiller pour gérer le
zinnopôle65 et n'interviennent que pour libérer des
liquidités ou mettre des bâtiments à disposition. Le
travail des agents Z est du coup assez considérable puisqu'ils portent
le projet à deux sans conseil ni soutien. Certes, l'équipe de
l'asbl est à leur disposition mais vu la quantité de travail qui
les accapare également, ils n'ont pas toujours le temps d'aider ou de
vérifier que rien n'a été oublié. Le choix des
agents Z s'est posé sur des gens qui n'ont pas forcément une
expérience dans le genre de tâches qui leur sont demandées
telles que la communication avec les différents acteurs de la
commune66 ou la production. Si cela permet de former des jeunes
à ce genre de travaux, c'est aussi prendre le risque que malgré
la meilleure volonté, le travail ne soit que partiellement fait et ce
d'autant plus quand ces agents Z ne sont pas soutenus par les directions des
associations porteuses de zinnopôle. Ce manque d'implication des
directions remet aussi en question le point fondamental du réseau
associatif à responsabilité partagée (cf. 4.6).
Dans d'autres pôles, comme le zinnopôle nord, les
directions sont beaucoup plus impliquées et considèrent le projet
zinneke comme un projet de l'association à part entière. Cette
implication soulage le travail des agents Z mais à pour aspect
négatif de rendre leur travail plus contraignant. On se retrouve ici
dans une problématique complexe où d'un côté, le
réseau zinneke suppose une implication profonde des différentes
associations mais en même temps, où de trop fortes implications
nécessitent une même vue du projet et de ces objectifs ce qui
n'est pas toujours facile à atteindre. Si, par exemple, l'association
porteuse de zinnopôle et l'asbl n'ont pas la même façon de
concevoir le fonctionnement idéal du processus zinneke et
65 Il faut préciser qu'au moment de mon
stage, la directrice de De Rinck était en congé de
maternité et que sa remplaçante a montré un manque
d'intérêt rare envers la Zinneke. La directrice de De Rinck
s'intéresse elle beaucoup au projet même si la confiance qu'elle
porte en Katy Pylyser motive le peu d'intervention qu'elle fait dans la gestion
zinneke. Par contre, la Boutique Culturelle a rencontré des gros
problèmes d'organisation puisque l'agent Z s'est retrouvé seul
membre permanent de l'équipe pendant plusieurs mois, le soutien n'a donc
pas été des plus évidents.
66 Outre bien évidemment les associations
socio-artistiques, le zinnopôle doit être en relation avec les
différents échevinats communaux et les associations de
marchands.
que l'association porteuse s'implique dans le travail du
zinnopôle, l'agent Z se retrouve tiraillé entre deux lignes
directrices par toujours conciliables.
Les zinnopôles peuvent également s'organiser
différemment en ce qui concerne la répartition du travail entre
les deux associations porteuses. Dans certains cas, comme au zinnopôle
sud-ouest, les agents Z travaillent main dans la main pour tout. La
répartition des tâches et des relations aux partenaires ne se fait
qu'au niveau le plus pratique. La concertation est permanente. Cela permet une
plus grande cohésion de l'équipe du zinnopôle, d'autant
plus que cette volonté de concertation est présente à tous
les niveaux du travail du zinnopôle, aussi bien entre les deux agents Z
qu'avec les coordinateurs artistiques et les partenaires. Cette manière
de travailler, si elle ne pousse pas à la productivité avant tout
et fait parfois perdre du temps, donne un réel sentiment de travail
commun et de création collective.
Dans d'autres cas, les partenaires sont répartis entre
les deux associations selon l'appartenance communautaire pour la coordination
associative. Le travail de production, comme je l'ai signalé, a
été quasi inexistant au niveau des zinnopôles en ce qui
concerne la recherche de subsides. Par contre, la gestion de l'argent est soit
pris en charge par la direction des associations, soit conjointement par les
deux agents Z, soit les liquidités sont réparties entre les deux
associations et chacun gère sa part, soit encore elles sont
entièrement confiées à une des deux
associations67. En théorie, on a toujours une des deux
associations qui s'occupe de la production et l'autre de la coordination
associative (cf. annexe 3).
La fréquence des réunions au sein du
zinnopôle diffère aussi beaucoup d'un pôle à l'autre.
Le zinnopôle sud-ouest, que je connais le mieux,
organise des réunions hebdomadaires du staff, à savoir les deux
agents Z et les trois coordinateurs artistiques, des réunions d'abord
bimestrielles puis mensuelles des partenaires de la zinnode
E-volution@bru.be qui est
coordonnée directement par le zinnopôle (Cf. : 1.2.3.) et des
réunions également d'abord bimestrielles puis mensuelles de
pôle rassemblant les représentants des différentes zinnodes
du zinnopôle sud-ouest. Toutes ces réunions servent de
façon générale à partager les impressions sur le
67 Comme ce fut le cas pour le zinnopôle
sud-ouest pour la parade de 2002, où l'ensemble de la production fut
confié à Escale du Nord qui la géra d'ailleurs de
façon assez catastrophique.
processus de développement des projets et leur
avancée, à prendre des décisions communes et à
s'échanger des informations venant de l'asbl Zinneke vzw ou des
différentes associations.
Le zinnopôle nord-ouest comme au
sud-ouest fixe des réunions de zinnopôle une fois par mois
à l'approche de la parade (plutôt une tous les deux mois
l'année sans parade). Les deux agents Z sont constamment en relation
(deux, trois appels par jour) mais travaillent quand même de façon
un peu moins symbiotique qu'au zinnopôle sud-ouest. Ils se divisent,
d'ailleurs, les projets selon les affinités qu'a l'un ou l'autre avec
les responsables de zinnodes. Des réunions d'équipe regroupant
les deux agents Z et la coordination artistique se font selon les besoins, une
à deux fois par semaine, parfois moins. Des groupes de travail
réunissant des membres de l'équipe selon les besoins et quelques
responsables de zinnodes ou d'association ont lieu face à des
problématiques particulières qu'il semble important de discuter
en groupe68.
Au zinnopôle est, les deux agents Z ont
beaucoup travaillé ensemble, se répartissant les tâches
selon les affinités de chacune. Finalement, une a pris en charge la
production et l'autre la logistique et la coordination associative. Des
réunions de zinnopôle ont été organisées en
début de processus afin de déterminer le thème du
zinnopôle et les projets de chacun. Ensuite, les réunions se
faisaient par zinnode69. Il semble qu'il n'y ait pas de
réunions régulières d'équipe mais la
découverte d'un lieu commun de travail d'atelier à la rue du
Brochet faisaient se rencontrer souvent les différents partenaires du
zinnopôle. En fait, une grosse tension entre deux des artistes a
empêché un travail d'équipe réunissant tout le monde
de façon efficace (Cf. chap. 3.2.2.2).
Au zinnopôle nord, la production aurait
dû être prise en charge par le Magic Land Théâtre mais
c'est finalement le directeur d'Infor Jeunes qui s'en est chargé. Les
agents Z ont travaillé à deux à la coordination
associative, réellement ensemble pour des travaux tels que
l'évaluation, sinon l'un se chargeait plus des PV, courrier et de
l'organisation tandis que l'autre se rendait plus sur le terrain allant
même jusqu'à assumer un travail de chorégraphe à
certains moments70. Pour cette édition, les
68 Interview de Rik Staelens du 17/03/04
69 Interview de Nasha de Winne du 5/07/04
70 Interview de Sylviane de Ribaucourt du 23/06/04
réunions avec les partenaires se sont mieux
passées que précédemment, les tensions ayant
diminuées. Mais le manque d'argent est toujours une source importante de
problèmes, comme dans la majorité des
zinnopôles71
Au zinnopôle sud, la production a
d'abord été prise en charge par un coordinateur artistique qui a
finalement arrêté de s'en occuper en octobre 2003. La production a
donc été reprise par le directeur. Parmi les deux agent Z du
centre, un s'occupe de la coordination technique et n'est donc que peu
occupé avant l'arrivée de la parade et l'autre de la coordination
associative. Cette dernière assume ainsi un rôle d'assistante de
production sans pouvoir de décision, le directeur du Jacques Franck
n'ayant pas le temps de s'occuper des petits problèmes de production.
Les réunions d'équipe avec la coordination artistique ne furent
pas régulières vu l'emploi du temps trop chargé des
artistes. Seules les situations d'urgence ont mené à ce type de
réunion. Néanmoins, une réunion de zinnopôle
était tenue par mois72.
3.2.2.2. Différences dans le travail de
pôle des coordinateurs artistiques
Les coordinateurs artistiques aussi travaillent de
façons différentes selon les zinnopôles : tantôt ils
travaillent ensemble et avec les agents Z, comme au zinnopôle sud-ouest,
tantôt ils travaillent plutôt chacun de leur côté dans
le domaine qui les concerne avec peu d'échange entre eux, tantôt
ils combinent ces deux extrêmes. Leurs relations aux participants et aux
ateliers sont également diversifiées surtout dans leur
ingérence plus ou moins forte dans la création et leur
assiduité. Les relations avec les agents Z elles dépendent
beaucoup des personnalités de chacun et de la capacité des
artistes à prendre conscience des limitations
budgétaires.73
Il semble que le rôle de la coordination artistique
n'ait pas été clairement défini ou en tout cas mal
communiqué lors de l'engagement des artistes. Du coup, ils ont un peu
chacun interprété leur rôle à leur façon, ce
qui ne fut pas sans créer de problèmes (cf. chap. 4.2.).
71 Interview de Carlos Da Mata du 29/04/04
72 Intervioew de Virginie Noël du 1/07/04.
73 Réunion des agents Z du 16/02/04
Zinnopôle sud-ouest
Au sein du zinnopôle sud-ouest, la coordination a
travaillé de concert avec les agents Z. En effet, des réunions
hebdomadaires les réunissaient autour de la table pour parler de
l'évolution des partenaires et des observations de chacun. De plus, ils
étaient toujours tous présents lors de toutes les réunions
de la zinnode
Evolution@bru.be et celles du
zinnopôle. Une équipe soudée donc, si ce n'est que le
chorégraphe initialement prévu leur a fait faux bond, la
troisième coordinatrice artistique, chorégraphe, n'est
arrivée donc que début mars.
C'est d'abord à deux74, que les
coordinateurs artistiques ont commencé leur travail de prospection au
sein des associations du zinnopôle afin de savoir ce que les gens
voulaient « dire » plus que ce qu'ils voulaient « faire ».
A partir de ces informations, ils ont mis au point un scénario
général du zinnopôle censé apporter une
cohérence à ces idées disparates. Ce scénario,
établi à la mi février, devait orienter les
décisions des zinnodes par leur insertion dans un schéma narratif
afin qu'il fasse évoluer leur projet dans le respect de ce
schéma. Cependant, beaucoup ont développé leur projet
selon des soucis pratiques de réalisation et le schéma global est
devenu de plus en plus éloigné des réalisations de
terrain. Cette tentative de fil rouge au long du zinnopôle a donc
partiellement échoué.
Ensuite, ils ont suivi l'évolution des groupes apportant
une aide et des conseils là oüils détectaient une
faiblesse. Dans la zinnode
E-volution@bru.be, les
coordinateurs
ont amené une aide directe sur le terrain en animant
partiellement des ateliers pour développer des aspects artistiques que
ne maîtrisaient pas les meneurs d'ateliers. Cependant, ils ont finalement
concentré leurs efforts principalement sur la zinnode
E-volution@bru.be qui avait la
particularité d'être coordonnée directement par le
zinnopôle. Il est vrai que trois zinnodes sur six étaient non
bruxelloises75, la distance rendant plus difficile l'intervention
directe de la coordination artistique. La zinnode Movimiento de ida y vuelta,
bruxelloise, mit tellement de temps à démarrer que les
artistiques ne voyaient pas trop comment intervenir si ce n'est en insufflant
des idées narratives et des pistes sur la façon de travailler.
Aussi bruxelloise, la zinnode
74 Sonia Saurer, scénographe qui a
été l'unique coordinatrice de zinnopôle sud-ouest pour la
parade 2002, et Marc Bultereys, metteur en scène.
75 Venant de Genk, Gembloux et
Chapelle-lez-Herlaimont, certaines auraient eu besoin d'un peu de soutien
artistique.
Recirqu'lage fut, elle, très autonome sans qu'aucun
manque artistique ne se fasse sentir. Ils n'auraient peut-être donc pas
agi différemment si la zinnode
Evolution@bru.be n'avait pas
dépendu directement du zinnopôle. Cependant cette implication des
coordinateurs du zinnopôle comme coordinateur de zinnode confère
un double rôle difficile à gérer et qui complexifie un
investissement idéalement égal76 dans toutes les
zinnodes.
Des ateliers costumes ont également été
mis en place pour la zinnode
Evolution@bru.be afin que chacun
puisse réaliser lui-même son costume sur une base commune à
son groupe et en présence d'un artiste capable de le conseiller.
Un autre problème qu'a connu la coordination artistique
de ce zinnopôle fut qu'un des artistes s'est révélé
incapable d'assurer ses rôles. En effet, si ses qualités de meneur
d'ateliers étaient indéniables, il s'est
révélé assez peu apte à travailler sur des concepts
et à trouver des idées intéressantes pour faire
évoluer les projets. De plus, il a fait parfois preuve d'un manque de
diplomatie auprès des partenaires ce qui est particulièrement
dangereux dans un système de collaboration en réseau comme
celui-ci. Cependant, le climat de bonne entente régnant au sein du
zinnopôle a retenu les autres membres de l'équipe de critiquer
ouvertement son comportement, considérant que cette erreur de choix
serait résolue par un changement d'artiste pour la prochaine
édition. Les tensions ont ainsi été évitées
et il a été amené à prendre part à des mises
en scène de déambulation de groupes de la zinnode
Evolution@bru.be en participant
directement aux ateliers.
Zinnopôle sud77
Le zinnopôle sud comportait un musicien, un metteur en
scène et une scénographe. Ils ont envisagé leur rôle
comme un travail de consultant, donnant des conseils à ceux qui en
demandaient, rendant des visites qui furent souvent perçues comme de
l'inspection dans les zinnodes et les ateliers.
En fait, toutes les zinnodes du pôle ont directement
engagé des artistes pour aider à la conception et la
réalisation des projets. Les coordinateurs se retrouvaient
76 « égal » dans le sens que chacun doit
recevoir une aide selon ses besoins.
77 Informations tirées des interviews de
Virginie Noël du 1/07/04, de Thierry Van Campenhout du 12/05/04 et de
France Gilmont du 14/05/04. Je n'ai malheureusement pas pu interviewer
directement les artistes.
d'ailleurs tous les trois dans un projet de zinnode, ce qui
les a encore un peu plus éloignés de leur travail de
coordination.
Dans leur rôle de coordinateurs artistiques, les
artistes ont parfois pris une position de juge de la qualité artistique
des projets. Ainsi, au cours de la répétition
générale, ils ont remarqué une qualité moindre dans
quelques associations qu'ils ont alors critiquées plus ou moins
ouvertement au risque de froisser les animateurs et les participants. Ce type
de critiques, bien peu constructives à deux semaines de la parade, ne
doit normalement pas faire partie de leur travail. Thierry Van Campenhout met
en évidence le fait que le caractère artistique de la Zinneke
Parade ne peut en aucun cas devenir un critère d'exclusion de groupes
qui n'atteindraient pas une certaine qualité, d'autant plus que des
projets parfois fragiles au cours de préparation se
révèlent très forts le jour de la parade78.
Virginie Noël, coordinatrice associative du pôle,
distingue deux types de projets : ceux conçus par un artiste et ceux
conçus par une association, les deuxièmes étant souvent
plus proches des participants. Dans le cadre des projets
développés par un ou plusieurs artistes, la capacité de
l'artiste à faire évoluer son projet en fonction des associations
qui s'y insèrent et de leurs désirs influence beaucoup les
possibilités d'intégration des associations dans les projets. En
effet, se retrouver à jouer un rôle
prédéterminé par un artiste sans pouvoir réellement
y apporter une touche personnelle crée une distance par rapport au
projet et empêche un réel investissement.
Il en allait de même pour les costumes qui dans la
majeure partie des zinnodes furent conçus et réalisés sans
aucune intervention de la part des participants. Certains enfants furent
d'ailleurs, le matin de la parade, très réticents à
enfiler ces costumes qu'ils n'avaient jamais vus.
Zinnopôle Nord79
La particularité de la coordination artistique du
zinnopôle nord est qu'un de ses artistes n'est autre que Patrick Chaboud
lui-même, directeur du Magic Land Théâtre qui porte le
zinnopôle avec Infor Jeune. La position comme artiste engagé par
l'asbl est ici complexifiée par cette situation d'autant plus que
Patrick Chaboud fait partie
78 Le contraire arrivant d'ailleurs aussi, souvent par
manque de participation.
79 Interviews de France Gilmont du 14/05/04, de Carlos
de Mata du 29/04/04, de Sylviane de Ribaucourt et de Patrick Chaboud du
23/06/04
de la Zinneke Parade depuis ses débuts. A ceci s'ajoute
son départ à l'étranger du mois de janvier au mois de mars
2004 déstabilisant l'équipe artistique dont il était le
pilier central. Son retour à l'heure des répétitions
générales a néanmoins reboosté les groupes car il
fut capable très rapidement de déceler les manques et d'y
apporter des solutions pratiques bien qu'un peu tardives.
La coordination artistique fut donc sous les mots de France
Gilmont, « un grand capharnaüm ». Le travail des artistes aurait
aussi commencé trop tard mais c'est le cas dans tous les pôles
puisque les artistes sont théoriquement engagés de septembre
à septembre suivant la parade et ratent donc tous les périodes de
conception des dossiers de subsides élaborés au cours de
l'année sans parade dans les délais imposés par les
ministères.
Cependant, la coordination artistique s'est tenue aux
objectifs de l'asbl en tâchant de susciter la création directement
chez les participants au sein des associations locales de quartiers avec le
risque parfois de ne pas atteindre un niveau artistique suffisamment
élevé80 . Ce problème a aussi été
rencontré par la coordination artistique du zinnopôle sud-ouest.
L'apport d'un fil rouge cohérent fut apporté par le thème
du zinnopôle choisi par les artistes au début du processus de
création qui fut « les corps de métiers de la ville ».
La présence récurrente de personnes représentant les murs
de la ville structura leur parade de façon visible pour le
spectateur.
Zinnopôle Nord-Ouest81
La coordination artistique du zinnopôle nord-ouest fut
construite autour du musicien Luk Mishalle déjà coordinateur
artistique de la zinneke parade à deux reprises. Il s'est entouré
d'une chorégraphe, Mariam del Valle, qui l'avait déjà
assisté en 2002 ainsi que d'un plasticien, Olivier Wiame, ayant
également participé à la Zinneke Parade
précédente mais dans un petit groupe.
80 Un jugement des résultats artistiques
apparaît de façon plus ou moins explicite de la part de
l'équipe de l'asbl zinneke face aux résultats des
différents groupes lors des répétitions
générales et du jour Z. Ces jugements relèvent
principalement d'un point de vue subjectif dont les critères sont des
plus flous : on parle souvent de «bricolage ». Les efforts mis en
place pour développer le caractère artistique de la parade
poussent à une plus grande exigence sur les résultats mais les
objectifs de travail avec des débutants en limitent les
possibilités (Cf. chap. 4.3.).
81 Interview de France Gilmont du 14/05/04, de Rik
Staelens du 17/03/04, de Marian del Valle et de Véronique Thirion du
3/10/03 et du Luk Mishalle du 1/04/03.
Leur mode de fonctionnement fut de visiter les partenaires
pour connaître leurs projets suite à la réception du
thème de la parade 2004, et de les aider à y amener des aspects
artistiques le plus tôt possible. Connaissant les envies de chacun, ils
ont pu, avec la coordination associative, regrouper les associations entre
elles selon les convergences. Les associations proposèrent aussi
spontanément des collaborations.
Chaque zinnode est censée avoir un artiste choisi de
manière interne avec parfois une proposition de la part du
zinnopôle. Le niveau de ces artistes n'est dès lors pas toujours
évident : certains animateurs ont tendance à se considérer
comme artiste parce qu'ils maîtrisent plus ou moins une technique mais si
la << vision artistique » leur fait défaut, ils ne peuvent
que difficilement dépasser un résultat
médiocre82.
Les coordinateurs artistiques tentèrent donc de
superviser les projets et d'apporter leur aide là où elle leur
semblait nécessaire. La méthode choisie au sein du
zinnopôle fut une répartition des projets en trois avec des prises
de décisions collectives impliquant des réunions
fréquentes (2 à 3 fois par mois). Chaque coordinateur fait
évidemment appel à un autre si le problème qu'il
détecte dans << ses » projets relève d'une autre
spécialité artistique que la sienne et qu'il ne se sent pas
capable de le gérer seul.
France Gilmont met en évidence le fait que certains
projets n'ont pas pu exploiter suffisamment leur potentiel pour des raisons
bien plus liées à des problèmes de production au sein du
zinnopôle qu'au fonctionnement de la coordination
artistique83.
Zinnopôle Est84
C'est autour du metteur en scène Yves Coumans que s'est
faite la coordination artistique même si les deux autres artistes, Matteo
Segers , scénographe et Gabriella Koutchoumova, chorégraphe,
avaient déjà participé aux Zinnekes
précédentes. Selon France Gilmont, la coordination de ce
zinnopôle fut la plus catastrophique à cause du
désinvestissement de l'artiste central. Du coup, la chorégraphe
fut mal informée quant au rôle qu'elle avait à jouer en
tant que coordinatrice artistique, son
82 Interview de Luk Mishalle du 1/04/04. Ce
problème est présent dans toute la Zinneke et dans le milieu
socio-artistique en général et est souvent à la source des
problèmes de collaboration entre animateurs et artistiques (Cf.
4.4.).
83 Interview de France Gilmont du 14/05/04
84 Interview de France Gilmont du 14/05/04, de Matteo
Segers du 21/01/04, de Yves Coumans du 8/07/04 et une interview
téléphonique de Nacha de Winne du 5/07/04.
caractère empêchant un bon contact avec France
Gilmont qui aurait pu mieux l'orienter. C'est donc un seul artiste qui a
réellement fait son travail en tentant de coordonner au mieux la
parade.
Le point de vue d'Yves Coumans est très
différent voire incompatible avec cette version des faits. Il affirme
avoir visité la majorité des ateliers, apportant des conseils
là où ils semblaient nécessaires, discutant avec les
partenaires de leurs volontés, tout cela sans tenir compte des distances
parfois très longues à parcourir vu les collaborations du
zinnopôle éparpillées dans toute la Belgique. Il explique
les tensions par le fait qu'une collaboration hors Zinneke avec Matteo Segers a
pris fin avant l'engagement pour la parade 2004 et qu'ils n'ont finalement pas
pu s'entendre. Le franc-parler d'Yves Coumans ne lui a pas attiré la
sympathie de France Gilmont qu'il considérait comme trop absente du
terrain et des réunions de zinnopôle.
Bref, deux versions très différentes d'une
histoire qu'il ne m'a pas été possible de résoudre mais
qui montrent bien les diversités de perceptions d'une même
réalité et la complexité du travail collectif entre
personnalités fortes. La différence fondamentale de perception du
rôle de coordinateur artistique entre Yves Coumans (un regard sur les
projets avec des interventions si nécessaire) et celle de Matteo Segers
(une intervention plus axée sur le terrain en mettant directement la
main à la pâte) a, semble t'il, fortement alimenté les
tensions et le malaise qui se sont installés dans l'équipe.
Selon Matteo Segers, la parade de 2004 au sein de son
pôle fut plus sociale mais moins artistiquement réussie qu'en 2002
à cause de ce problème de coordination mais aussi d'une
diminution des ressources financières entraînant des projets moins
ambitieux et moins spectaculaires. De plus, de très mauvaises conditions
de défilé du pôle en 2002 ont dégoûté
de nombreux partenaires85.
Il est intéressant de voir comment les artistes du
zinnopôle est ont une assez mauvaise image auprès des autres
artistes de la Zinneke. En effet, le choix en 2002 d'un zinnopôle
présentant les différentes phases de la vie d'un homme a
été vu
85 En effet, un des gros problèmes de 2002
fut une mauvaise gestion des groupes et du public qui entraîna un trou de
plus d'une heure au milieu du défilé, obligeant des groupes
à attendre sous la pluie pendant trop longtemps. Le zinnopôle est
étant en fin de défilé, une bonne partie du public
était parti et ceux qui restaient avaient envahi le boulevard, rendant
le passage des zinnekes particulièrement difficile.
comme une imposition stricte d'un thème aux
partenaires, ce qui est contraire à la volonté zinneke de laisser
les participants s'exprimer directement. Matteo Segers, notamment, a dès
lors été classé comme un artiste qui impose son projet
à des participants qu'il prend comme matière de
réalisation de son oeuvre plus que comme potentiel créatif. Ces
rumeurs sont niées par France Gilmont qui suit le travail de cet artiste
depuis son arrivée dans la Zinneke. Lui-même décrit son
travail comme une création où des gens sont ses outils mais des
outils capables de s'exprimer et d'avoir quelques idées et que lui
artiste va « manipuler >> afin qu'ils trouvent des idées qui
vont dans le sens du projet global. Lui et la coordination artistique sont
là pour donner un cadre de travail assurant une trame narrative
cohérente au sein du zinnopôle dans laquelle les gens s'expriment
comme ils le ressentent. Les artistes apportent aussi les
éléments manquants, comme des costumes ou une
chorégraphie, dans un groupe ayant travaillé la musique ou
à la réalisation d'un char.
Il est cependant a signalé que la délimitation
d'un cadre de création plus restreint pour les associations ne les
empêche pas de faire preuve de créativité. Au contraire, le
cadre restreint centre la créativité sur les
éléments distinctifs des différentes zinnodes et ne se
perd pas dans un cadre trop large où la moindre idée crée
déjà la différence. D'ailleurs, les partenaires s'y
retrouvent généralement bien. En 2004, le zinnopôle nord a
décidé de définir lui aussi un cadre plus restreint que le
thème général avec ses « corps de métiers de
la ville >>86.
En tant que coordinateurs artistiques, Matteo Segers et Yves
Coumans ont également coordonné des artistes87 de leur
branche au sein des différentes zinnodes qui y apportaient un soutien
direct de terrain. Des réunions entre les artistes de même branche
et leur coordinateur artistique étaient alors organisées pour que
le coordinateur puisse connaître l'évolution artistique des
différents projets et conseiller ses artistes en cas de besoin.
86 Choix qui est d'ailleurs également
critiqué par les responsables de zinnopôle qui ne travaillent pas
de cette façon.
87 Ces artistes ont en fait été
tantôt conseillés par les coordinateurs auprès des
zinnodes, tantôt directement choisis par les responsables de zinnodes.
On voit donc que de nombreuses différences de
fonctionnement distinguent les zinnopôles. Jusqu'ici, tant que les
objectifs sont atteints, aucune façon de travailler n'est donnée
en exemple comme le modèle à suivre. Il est cependant vrai que
certaines différences sont considérées comme des
dysfonctionnements, mais les publics des différents quartiers de
Bruxelles nécessitent clairement des types de fonctionnement
différents. Il semble d'ailleurs que les quartiers plus populaires,
comme dans les zinnopôles nord, nord-ouest et sud-ouest n'acceptent que
difficilement de travailler dans un carcan trop serré où leur
expressivité serait limitée. Les zinnopôles sud et est qui
travaillent dans des quartiers un peu plus aisés, peuvent donner moins
d'espace aux associations et aux participants sans que cela ne pose de tensions
insurmontables. Il est cependant clair que cette situation ne doit pas
être généralisée puisqu'il s'il s'agit d'une simple
constatation que je n'ai pas cherché à ériger en loi par
une étude statistique approfondie (cela pourrait clairement faire un
sujet de mémoire à part entière).
Tableau récapitulatif des différences de
fonctionnement entre les zinnopôles88
|
Zinnopôle nord
|
Zinnopôle nord- ouest
|
Zinnopôle sud- ouest
|
Zinnopôle sud
|
Zinnopôle est
|
Porteurs
|
1.Infor-jeunes (fr), 2.Magic Land Théâtre (fr)
|
1.Idéal Stand Art (fr), 2.De Vaartkapoen (nl)
|
1.La Boutique Culturelle (fr), 2.De Rinck (nl)
|
CC Jacques Franck (fr)
|
1.GC Elsenhof (nl), 2.CC
Espace Senghor (fr)
|
Implication des porteurs
|
1.+ + 2.+ +
|
1. +
2. +/-
|
1. - -
2. -
|
+
|
1.+/-
2.+
|
Répartition des tâches
|
1.production
par le
directeur/ associatif
2. associatif plus de terrain
|
Problème de production. Division des partenaires entre
agents Z pour associatifs.
|
1. officiellement production.
En fait, les deux agents Z font
tous ensembles
|
Production par directeur.
Agent Z associatif et un technique
|
1. production
2. Associatif travail commun au début du processus
|
Composition de la
Coordination artistique
|
Metteur en scène, chorégraphe,
scénographe
|
Musicien, plasticien, chorégraphe
|
Scénographe, metteur en
scène, chorégraphe (arrivée tardivement)
|
Metteur en scène,
Musicien, scénographe
|
Metteur en
scène, scénographe , chorégraphe
|
Travail de Coordination artistique
|
Création
depuis la base Problème de l'absence d'un des
artistes
|
Division des zinnodes entre artistes avec aide
supplémentaire si besoin.
|
Travail collectif à partir de la base. Problème
d'implication surtout dans une zinnode
|
Travail de consultance au niveau du pôle et implication
personnelle chacun dans une zinnode
|
Soutien et consultance, travail sur le terrain.
Problème de mésentente entre deux artistes.
|
88 J'ai attaché à chaque institution
de zinnopôle un 1. ou un 2. afin de ne pas devoir reprendre le nom entier
dans chaque case. Une échelle de valeur allant de ++ à - -
qualifie l'intensité d'implication dans le projet.
3.3. Au niveau des associations
A ce niveau, j'ai surtout pu comprendre le fonctionnement au
sein du zinnopôle sud-ouest, bien que quelques informations aient parfois
porté sur le sujet lors d'interviews avec des acteurs d'autres
zinnopôles.
Au sein du zinnopôle sud-ouest, la structuration en
zinnode s'est faite assez spontanément. Cinq zinnodes sur six sont
venues avec un projet prêt (qui a bien sûr
évolué) et avec des partenaires. La
sixième zinnode étant
E-volution@bru.be
oütoutes les petites associations s'adressant au pôle ont
été intégrées.
Pour participer au projet zinneke, les associations doivent
organiser leur temps et leurs moyens pour les investir en partie dans la
préparation du projet, notamment dans les réunions. Dans le cadre
de petites collaborations, c'est souvent un animateur ou un artiste voire un
professeur89 qui s'implique sans forcément recevoir de
soutien de la part de l'association qui l'héberge. Il décide
simplement d'impliquer les participants de son atelier ou les
élèves de sa classe à la Zinneke Parade. Il ne
réalise d'ailleurs pas toujours le travail et l'investissement qui leur
est ensuite nécessaire pour parvenir à mener leur participation
à bien. Ce type de figure se complique encore plus lorsque les
participants sont des enfants car les responsabilités de l'animateur
ainsi que les précautions à prendre sont décuplées
et difficile à assumer seul.
Les ingrédients de réussite sont la
capacité de l'animateur à passionner son public et à
toujours lui donner l'envie de continuer. Pour une bonne collaboration avec
d'autres associations, le responsable de projet zinneke doit savoir faire
preuve de qualités de communication : sans respect, écoute et
concession, il est difficile de faire un travail commun. De plus, ce projet
collectif nécessite souvent plus de temps qu'un travail sans
collaboration, à la fois pour les rencontres entre animateurs, les
discussions et prises de décisions pour l'évolution du projet et
pour l'organisation de répétitions rassemblant les groupes.
89 Ce qui n'a malheureusement pas été
le cas pour
E-volution@bru.be. En effet, les
trois ateliers ouverts par le zinnopôle dans les écoles ont
échoué faute de soutien de la part des directions ou de
professeurs (Cf. 4.2.). Par contre, Cirqu'conflex a organisé un atelier
de jonglerie avec l'école Marius Renard qui s'est déroulé
pendant le cours de gym avec le soutien du professeur et qui a très bien
fonctionné.
L'animateur doit aussi être prêt à
travailler avec un artiste, ce qui n'est pas sans difficultés
(cf.4.4.)
Du point de vue pratique, l'association doit disposer de lieux
où organiser les ateliers et les échanges avec d'autres groupes.
Pour la prochaine édition, les locaux de Bara seront disponibles pour
ceux qui n'ont pas ces facilités.
Au sein des associations qui veulent assumer un rôle de
porteur de zinnode, les personnes chargées de s'occuper du projet
zinneke doivent à la fois pouvoir coordonner les différentes
associations qui participent à la zinnode et assumer le travail
administratif et de production. En effet, ce sont généralement
les associations porteuses de zinnodes qui rentrent les dossiers de demandes de
subsides liées à la Zinneke. Elles doivent dès lors mettre
les projets au point avec leurs partenaires près d'un an et demi avant
la parade, puis se charger de redistribuer ces subsides. Elles doivent
également envoyer un représentant aux réunions du
zinnopôle et organiser elles-mêmes des réunions entre les
différents partenaires de la zinnode. Elles veillent aussi au respect
des exigences venant du zinnopôle et de l'asbl zinneke, comme les
échéances, la participation aux répétitions
générales, le respect du cahier des charges, l'engagement
d'artistes pour coordonner leur zinnode... Tout ce travail
supplémentaire est parfois jugé trop lourd et peut
décourager certaines associations, d'autant plus si les collaborations
se passent mal.
Cependant, au sein du zinnopôle sud-ouest, toutes les
associations porteuses de zinnopôle semblent avoir bien vécu ce
rôle et les collaborations se sont bien passées, si ce n'est une
collaboration entre Cirqu'conflex et le cactus (travail avec les femmes issues
de l'immigration du quartier de Cureghem). Le cactus a été
intégré dans la zinnode de Cirqu'conflex tôt dans le
processus pour que les participantes de cette association réalisent les
costumes de la zinnode. Une réelle collaboration des deux associations a
été imaginée par des séances de discussion communes
entre participants pour imaginer les costumes et bien communiquer le projet et
par des ateliers où les femmes du Cactus étaient invitées
à venir essayer les techniques de cirque utilisées par les
participants de Cirqu'conflex pour la parade. Cependant, l'animatrice du Cactus
a manqué d'enthousiasme et d'initiative et les costumes ont finalement
été réalisés à la chaîne en
dernière minute par les femmes du Cactus, créant une
atmosphère tendue entre les deux associations.
3.4. Au niveau des participants
Les moyens mis à disposition des participants pour leur
permettre de réaliser leurs objectifs dépendent avant tout de
leur investissement personnel dans le projet et du contexte de l'atelier.
En effet, les objectifs tels que << participer à
la Zinneke Parade », rencontrer des gens dépendent avant tout de
l'assiduité du participant à l'atelier et de son ouverture
d'esprit face aux autres. Si l'atelier mélange des gens de tout milieu,
le participant devra mettre de côté ses a priori pour aller
à la rencontre de personnes qu'il n'a pas l'habitude de
fréquenter. Il doit également faire preuve d'humilité et
d'écoute pour que la création puisse se faire ensemble, dans le
respect de chacun.
Il est évident que la qualité de l'animateur ou
de l'artiste est primordiale pour permettre aux participants de s'impliquer
dans le projet. En effet, l'animateur doit à la fois permettre au gens
de s'exprimer mais également maintenir une certaine organisation et un
certain ordre pour faire avancer le projet tout en gardant une
atmosphère de détente. Sa maîtrise de la technique
pratiquée au sein de l'atelier et ses capacités d'enseignement
vont permettre aux participants d'apprendre et d'atteindre un résultat
de groupe dont ils seront fiers.
Nombreux sont les participants qui n'ont pas continué
un atelier pour des raisons telles que : << c'était trop le bordel
», << j'aimais pas l'ambiance », << j'en avais marre de
toujours devoir reprendre le travail au début parce que des nouvelles
personnes arrivaient »...
L'engagement dans le projet vient souvent progressivement,
mais les premières impressions sont primordiales,
équilibrées par la réelle envie de participer.
L'implication des participants dans la création même du projet est
souvent un grand stimulant qui permet une réelle appropriation et un
sentiment de réalisation commune.
3.5. Les relations internationales
La Zinneke Parade ne veut pas s'enfermer dans son cocon
belgo-bruxellois et essaie de développer au maximum les relations avec
des événements plus ou moins similaires qui se passent hors de
nos frontières. Des échanges avec des associations culturelles
étrangères sont également mis en place avec plus ou moins
de succès.
Ainsi les différentes initiatives qui ont
été réalisées à ce jour sont90
:
· La collaboration avec les responsables de la Biennale
de la danse de Lyon dont « le défilé » s'apparente
beaucoup à la Zinneke Parade. Ce défilé s'insère
dans un contexte cependant assez différent puisque la Biennale de Lyon
est un événement pointu dans la chorégraphie contemporaine
largement reconnu dans le monde artistique. Il a par ailleurs des ressources
trois ou quatre fois plus élevées que celle de la Zinneke Parade.
Il est prévu qu'un groupe zinneke prenne part au prochain
défilé.
· La parade Par TôT de Bologne est ce qu'on
pourrait appelé un enfant de la Zinneke Parade puisque c'est suite
à un stage au sein de l'asbl lors de la préparation de 2000 que
son initiateur a décidé de tenter une parade dans le même
esprit dans sa propre ville : Bologne. Cette parade en est à ses
débuts et est actuellement entièrement bénévole.
· Des relations malheureusement actuellement rompues
sans raisons apparentes ont été initiées par
l'équipe zinneke auprès des organisateurs du Carnaval de
Luxembourg. Ce carnaval travaille dans une autre optique de la Zinneke
puisqu'il est composé de différents groupes traditionnels
défilant côte à côte sans la volonté
d'échange interculturelle et de création d'une culture commune
que véhicule la Zinneke.
· L'équipe était également en
contact avec un groupe de Belfast qui organisait un événement
plus ou moins similaire à la Zinneke. Ses responsables sont d'ailleurs
venus assister à la parade. Malheureusement, cet événement
est interrompu faute de moyens.
· Un échange a eu lieu en 2000 et en 2002 avec un
groupe japonais qui est venu participer à la parade. Leur
première participation s'est faite grâce au soutien d'une
association japonaise de Vilvoorde qui a pour but de faire connaître la
culture japonaise en Europe. Malheureusement, leur participation resta une
démonstration traditionnelle de leurs talents en Taiko et danse du lion
sans intégration ni échange culturel avec d'autres groupes
zinnekes. En vu de la parade suivante, Marcel de Munnynck et Jean-Claude de
Bemels se sont donc rendus au Japon pour expliquer ce principe de
création interculturelle. Suite à cette visite, un maître
de Taiko est venu
90 Interview de France Gilmont du 14/05/04
donner un atelier à Bruxelles pour la zinnode Fuga en
collaboration avec un groupe de Taiko de Louvain La Neuve, des
élèves de la Cambre et un artiste dont la
spécialité est l'emballage de personnes dans du plastique. Si la
préparation promettait un résultat des plus zinnekes,
l'arrivée impromptue en dernière minute d'un groupe de Taiko
japonais à fait capoter la chorégraphie mise en place pendant
toute la préparation et a pris le rôle de la vedette au grand dam
des organisateurs et des participants. Le meneur d'atelier qui avait
donné les cours pendant plusieurs semaines a obéi sans broncher
à son maître de Taiko qui faisait partie des nouveaux arrivants
car, selon leur code de conduite, il lui doit
obéissance91.
Ils ne sont plus revenus en 2004 faute de financement pour
payer les billets d'avion.
· Par une suite de rencontres, une association
congolaise de Kinshasa qui recueille des jeunes filles et travaille à
leur réinsertion sociale par le biais de la danse (majorettes) et de la
musique s'est trouvée en contact avec la Zinneke. La zinnode tribu Zumbi
fusion avec le groupe BréZinneKin, Brésil-Zinneke-Kinshasa, prend
naissance dans un projet de collaboration international géré par
le zinnopôle est avec le soutien de l'équipe de l'asbl. Les
organisateurs bruxellois ont fait un séjour de deux semaines
là-bas pour rencontrer le groupe, lui expliquer la Zinneke et
prévoir une collaboration concrète. Le groupe de majorettes a
donc commencé un atelier de samba et de capoïera dans une optique
d'échange culturel. L'équipe a également rencontré
le ministre congolais de la culture et des arts. En définitive, 25
congolais auraient dû venir peu avant la parade pour
répéter rapidement avec les autres groupes et défiler sur
les boulevards bruxellois. Le suspens fut entier jusqu'à la
dernière minute lorsque la décision définitive de l'office
belge des étrangers est tombée : pas de visas pour les majorettes
congolaises. Beaucoup d'efforts pour une déception finale donc, mais ce
ne fut qu'une bataille perdue, pas la guerre...
· Dans le cadre de BréZinneKin, un groupe de
Récif de travail avec les enfants de la rue a participé à
la parade dans un travail qui malheureusement fut bien moins de collaboration
et d'échange culturel qu'à Kinshasa.
91 Interviews de Catherine Simon du 17/12/03 et de
Jean-Claude de Bemels du 21/01/04
On voit donc ici que deux types de relations internationales
lient la Zinneke au reste du monde. D'une part, des contacts parfois
concrétisés par des échanges avec des
événements apparentés et, d'autre part, des collaborations
concrètes avec des groupes étrangers qui s'insèrent dans
un projet de zinnode. Des difficultés particulières s'attachent
à ce deuxième type de relations telles que le coût des
voyages, les trop grandes différences culturelles ou les
frontières administratives...Mais ce type de collaborations renforce
sans aucun doute les échanges culturels et répand hors des
frontières belges la notion d'interculturalité
créative92.
3.6. Le jour Z
Le jour-même de la parade est un élément
très important dans le processus zinneke, malgré le fait que l'on
puisse souvent le qualifier de prétexte. Car en effet, le jour Z n'est
pas le but de la Zinneke. Ses objectifs sont décrits dans le chapitre 2
du même nom et le jour Z n'en fait clairement pas partie en tant que tel
dans le chef des organisateurs. Par contre, il est une étape essentielle
du processus et ce, pour plusieurs raisons :
· Le jour Z donne un objectif concret aux nombreuses
interactions et collaborations. C'est en vue de ce jour que se
conçoivent les projets comme autant de messages à faire passer au
public et c'est autour de la réalisation de ces projets que se
rencontrent les groupes et les individus.
· Le jour Z est l'occasion de prendre possession de la
ville. C'est le jour où les zinnekes sont libres d'envahir les
boulevards et les rues de leur quartier dans une ambiance festive.
· La présence du public est la preuve d'une
reconnaissance du travail accompli pendant plusieurs mois et permet un
échange supplémentaire, une communication ouverte à la
masse de gens qui d'habitude nous ignore et aujourd'hui nous regarde avec
attention.
· Le public et le contexte de spectacle donne une
occasion en or pour se surpasser une dernière fois. Ils stimulent une
énergie particulière qui permet
92 Cela sans, bien entendu, que je considère
ce concept comme typiquement belge...
de danser, chanter, porter un djembé pendant plus
d'une heure sans s'arrêter93.
· Les émotions fortes ressenties pendant ce jour
particulier unissent les groupes de façon encore plus intenses amenant,
selon Mirko Popovitch, une meilleure cohésion sociale94.
· Le jour Z est l'image de la Zinneke, une image de
grande fête créative oüdes gens de toutes sortes
s'unissent pour réaliser un grand projet commun.
La réduction de la Zinneke au jour Z est cependant un
travers contre lequel luttent les organisateurs, notamment auprès des
pouvoirs subsidiants. En effet, le manque de succès que pourrait avoir
un jour la parade même, par exemple à cause d'un climat que
personne ne voudrait affronter, pourrait être utilisé comme un bon
prétexte pour diminuer encore un peu plus les
subventions95.
· Pour les spectateurs, il est souvent émouvant
de voir des gens proches d'eux (on y vient d'ailleurs souvent voir telle ou
telle connaissance qui en fait partie) qui parviennent à surmonter les
différences pour travailler collectivement sans conflit raciaux, de
générations ou d'intolérance96. Il est tout
aussi émouvant de constater qu'ensemble, ils font preuve avec des choses
simples d'une créativité impressionnante qui tranche
particulièrement avec la culture commerciale et surfaite que servent
quotidiennement les médias populaires.
93 Au cours des éditions
précédentes, le trajet et donc le temps de parade étaient
beaucoup plus long et c'est parfois 4,5 heures non stop que les gens faisaient
continuer le spectacle.
94 Interview de Mirko Popovitch du 16/02/04
95 Interview de Marcel Rijdams du 27/04/04
96 Idem
4. LES DIFFICULTÉS
4.1. Subventions
La principale difficulté actuelle de la Zinneke Parade
est le financement. Ceci est tellement vrai que l'asbl aura beaucoup de
difficultés pour boucler le budget 2004 et prévoit actuellement
un déficit de 150 000 €97. Cette situation s'explique
à la fois par la diminution des subsides annoncés et
l'augmentation des frais de la parade. En effet, les exigences artistiques
coûtent très chères quand on veut payer honnêtement
les artistes (qui font en plus beaucoup d'heures supplémentaires
bénévoles) et le choix d'engager quinze coordinateurs artistiques
est une des principales raisons de l'augmentation des dépenses. Il en va
de même quand on travaille aussi avec des associations qui ont du mal
à boucler leur budget et qui ont besoin de soutien et pas seulement avec
des groupes stabilisés et largement subventionnés par ailleurs,
et quand on essaie de réaliser des rêves sans trop les laisser se
faire raboter par des soucis financiers ( certes en restant dans des limites
raisonnables)...
La baisse de financement correspond à la politique
budgétaire des entités gouvernementales. On voit en effet que les
investissements dans l'expérimentation urbaine diminuent, tout comme le
soutien des projets à long terme comme le développement durable.
C'est d'autant plus problématique que, contrairement à l'Etat, le
marché économique a compris les potentialités du secteur
culturel et en prend de plus en plus les rênes en ayant pour objectif
principal son insatiable profit.98 Il est assez surprenant de
constater que les politiciens francophones de tous partis sont d'accord pour
dire que la culture est importante et mérite une grande attention et une
aide financière de la part de l'Etat99 mais que les
décisions ne suivent pas.
97 Ce déficit est actuellement
partiellement couvert par une aide exceptionnelle de la Région
Bruxelles-Capitale. L'équipe cherche toujours des fonds pour combler le
reste et pourrait bien couper dans leur salaire afin de limiter les
dégâts au maximum (Interview de Marcel de Munnynck du
22/07/04).
98 Interview de Myriam Stoffen du 11/02/04
99 Conférence du 5/05/04 organisée par
Culture et Démocratie sur les politiques culturelles en Belgique
regroupant entre autre Joelle Milquet, Elio di Rupo, Jean-Marc Nollet et
Olivier Chastel.
Du point de vue du sponsoring, l'<< arrogance >>
100 grandissante des sociétés commerciales mécènes
d'événements culturels est telle qu'aucun accord de sponsoring
n'a pu être conclu pour la parade 2004. En effet, les contreparties
proposées par l'équipe contre financement n'ont pas su contenter
les exigences des sociétés. Face à l'exemple de la
<< roller parade Lipton Ice101 >> de 2003,
l'équipe zinneke a refusé de se vendre de façon si
flagrante. Ils excluaient donc non seulement de travailler avec des
sociétés dont les méthodes de travail allaient trop
à l'encontre de leurs objectifs102 mais aussi de permettre
à une entreprise d'afficher son nom en grand à l'intérieur
de la parade. Leurs propositions se sont limitées à la
présence du logo du sponsor sur les publications ou les bords de la
parade, comme des possibilités de distribution
d'échantillon103. Ce manque d'accord privé
déplait aux pouvoirs publics qui sont seuls à financer la
Zinneke.
Une autre raison du manque de financement est le travail de
production raté au sein des zinnopôles. En effet, l'équipe
zinneke conçoit la collaboration avec les associations porteuses de
zinnopôle comme une co-production et non une commande104. Ces
institutions sont donc censées apporter des ressources
financières, ce que toutes ne font pas. A l'avenir, elles seront sans
aucun doute obligées de le faire afin d'éviter ce problème
de déficit.
Un agent Z par zinnopôle est normalement chargé
de la production105 et l'autre de la coordination artistique.
Cependant, comme je l'ai déjà mentionné à plusieurs
reprises, leur travail de production n'a pas été bien
réalisé. Le principal manque se situe dans la recherche de
subsides qui doivent compléter les financements zinnekes.
100 Interview de Myriam Stoffen du 11/02/04
101 Depuis rebaptisée de façon moins ouvertement
récupérée par le secteur commercial.
102 Les multinationales telle que Coca-cola
considérée comme imposant une culture uniforme et ayant des
méthodes trop axées sur les profits au détriment de
l'humain.
103 Distribution publicitaire qui a d'ailleurs eu lieu sans
l'autorisation de l'équipe.
104 Interview de France Gilmont du 14/05/04
105 Actuellement, comme susmentionné, plusieurs
associations nient que cela fut aussi clairement défini au moment de
l'engagement des ACS et refusent de se voir critiquées pour le non
respect d'une règle qui n'a selon eux jamais été claire :
Interviews de Thierry Van Campenhout du 12/05/04 et de Patrick Chaboud du
23/06/04. Si Marcel de Munnynck avoue que la définition originale des
postes a été mal faite, il a précisé ces
rôles à plusieurs reprises dans des textes officiels et notamment
dans les conventions. Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04.
En effet, seul le zinnopôle sud-ouest a fait une
recherche active de subsides. La principale raison semble être le manque
de qualification des agents Z pour assumer ce travail : aucun ne connaît
suffisamment les méandres des ministères pour y dénicher
des possibilités supplémentaires de subventions. Selon France
Gilmont, le profil idéal du producteur de zinnopôle est quelqu'un
qui connaît non seulement les subventions et différentes
aides-services disponibles mais aussi tous les partenaires et leurs besoins et
ressources respectifs ainsi que les différentes disciplines artistiques.
Il doit être comptable dans le non-marchand et pouvoir faire en sorte que
l'artistique soit possible63. Beaucoup de qualités qui n'ont
que peu orienté le choix initial des agents Z. La plupart d'entre eux
étaient néanmoins disposer à apprendre mais personne, ni
dans les associations qui les engageaient ni au sein de l'équipe de
l'asbl, ne les a réellement formés. Ils n'ont donc pas
trouvé de subsides complémentaires et le manque de financement
s'est fait sentir dans tous les zinnopôles sauf au zinnopôle
sud-ouest où leur recherche a été plus fructueuse
grâce à une aide extérieure et où les projets ne
furent pas trop ambitieux. Une des solutions envisagées par l'asbl
serait de mettre fin aux contrats d'ACS dédiés à la
production et que l'asbl engage directement des producteurs avec une obligation
de résultats106. Cependant, cela impliquerait une
centralisation encore plus poussée de la structure, ce que tout le
monde, y compris dans l'équipe, ne souhaite pas (cf. 4.6).
De plus, le projet Zinneke s'attire quelques antipathies car
il reçoit une partie non négligeable du budget
dédié à la Culture en Communauté
Française107 ainsi que du programme de revitalisation de
quartier. L'équipe de la Zinneke Parade a pourtant l'avantage, par
l'importance de l'événement, de pouvoir centraliser et
redistribuer des subsides à leurs partenaires dont des associations qui
ne parviennent que très difficilement à obtenir des subsides hors
de ce contexte. Les critiques contre la Zinneke arrivent cependant aux oreilles
des ministères qui y trouvent de bonnes justifications pour diminuer les
subsides.
106 Interview de France Gilmont du 14/05/04
107 Sachant que la plus grande partie de ce budget part dans
l'audiovisuel (RTBF) et dans le programme d'alphabétisation « Lire
et Ecrire » qui renforce beaucoup d'institutions déjà en
place en négligeant les associations émergeantes. (Interview de
Myriam Stoffen du 11/02/04)
Certaines personnes au sein de l'organisation critiquent le
coût de l'infrastructure zinneke et certains salaires du personnel de
l'asbl, ainsi que le flou qui règne autour de ces informations. N'ayant
moi-même pas eu accès à ces renseignements, je ne peux pas
porter de jugement. D'autres personnes de la Zinneke jugent que les salaires
sont justifiés par les responsabilités de l'équipe et les
sommes qui transitent via l'asbl. Il semble que nous soyons ici dans un
problème inhérent à notre société où
l'idée de « responsabilité » peut justifier des
salaires démesurés par rapport au reste de l'entreprise. On
touche ici à une question presque idéologique en lien avec la
redistribution des richesses. Il est cependant évident que ce qui se
passe au niveau de la Zinneke n'a rien à voir avec ce qui ce passe dans
certaines entreprises commerciales tant les proportions sont ici
réduites. Cependant, la logique et le questionnement de base restent les
mêmes.
4.2. Participation
La participation est l'essence même de la Zinneke
Parade. En effet, sans participants, l'organisation aussi
élaborée soit-elle n'a aucun lieu d'être. A travers ses
nombreux partenaires de terrain, la Zinneke fait participer environ 3500
personnes plus toutes celles qui aident sans défiler. Une participation
donc assez conséquente. Cependant, quelques projets et ateliers zinnekes
souffrent d'un manque de participants et en particulier quand ils sont
créés spécialement pour la parade. En effet, les
associations qui orientent leurs ateliers dans une optique zinneke ont
généralement déjà un public fidèle avec
lequel ils se mettent d'accord sur cette participation à la Zinneke.
Cirqu'conflex par exemple a renouvelé son partenariat suite à la
demande de son public qui voulait renouveler l'expérience. Ce type
d'atelier a l'avantage d'exister hors de la zinneke donc il continue à
fonctionner indépendamment de la parade.
Par contre, les ateliers spécial zinneke sont souvent
ouverts sur une période limitée, généralement les
six à huit mois avant la parade. Ce côté temporaire
implique un effort d'approche renouvelé à chaque édition.
Il me semble en effet que l'arrivée dans un atelier est une étape
difficile à passer : non seulement il faut trouver des informations sur
les ateliers existants, choisir celui qui convient, concrétiser l'envie
de participer en se rendant réellement à l'atelier malgré
la crainte de l'inconnu et ensuite parvenir à s'insérer dans le
groupe en s'ouvrant à des inconnus, confronter
ses attentes avec la réalité de l'atelier pour
finalement décider de revenir. Toutes ces étapes, comme autant de
risques de laisser tomber, se retrouvent beaucoup moins lorsqu'on est
inséré dans l'atelier continu d'une association où l'on
retourne chaque année. Dans l'atelier ouvert, cette approche est
à refaire à chaque édition de la parade et on a chaque
fois un an et demi pour finalement décider de ne pas reparticiper.
Une fois arrivé à l'atelier, la qualité
d'artiste et d'animateur du meneur influence beaucoup l'envie de rester (Cf.
chap. 2.4). S'ajoute à cela l'aisance que l'on ressent avec les autres
membres de l'atelier fraîchement rencontrés, la
disponibilité pour revenir chaque semaine... Enormément de
paramètres jouent sur l'assiduité des participants et il ne m'est
pas possible de les étudier tous ici. Pour pallier à ces
difficultés de participation, les zinnopôles essaient de faire
continuer les ateliers zinnekes entre les parades, ainsi un groupe fort peut se
constituer et aucune pause trop longue ne vient remettre en cause son
existence. Plusieurs ateliers ouverts ont ainsi donné naissance à
des groupes soudés qui ne cessent de s'améliorer, ainsi la
bandaka (percussion et danse brésilienne) ou fanfarah par exemple durent
depuis 2000. Ces groupes spécialisés entrent d'ailleurs dans une
dynamique complexe à partir du moment où ils font des prestations
rémunérées pour différents
événements. La logique de base qui fait de la Zinneke un atelier
gratuit car les subventions rémunèrent l'artiste se transforment
en une logique plus commerciale où les participants se
considèrent comme artistes en prestation méritant
rémunération. Ce changement crée des tensions au sein du
groupe et emmène le groupe dans un mode de fonctionnement qui ne
correspond plus à la Zinneke et peut entraîner la fin du soutien
zinneke à l'atelier.
Contrairement à certains ateliers pour enfants, les
ateliers pour adultes ont cependant l'avantage d'attirer des gens qui
ressentent une réelle envie de participer. En effet, les ateliers
zinnekes pour enfants, spécialement dans les écoles, souffrent
d'un manque encore plus net de participants réguliers. Lorsqu'ils sont
organisés comme activités extrascolaires, donc en dehors des
horaires de cours, ces ateliers sont peu suivis par des enfants qui ressentent
une envie spontanée d'y participer mais plus par des enfants inscrits
par leurs parents. Et même lorsqu'ils se sont spontanément
proposés pour le stage, le déroulement de l'atelier à
l'heure de la garderie les laisse chaque semaine devant le choix entre suivre
l'atelier ou jouer dans la cour. Un atelier est d'ailleurs d'autant plus
difficile à mener si le public n'est
pas régulier. Il semble en fait que les ateliers dans
les écoles ne fonctionnent que lorsqu'une autorité propre
à l'école, et reconnue comme telle par les enfants, participe au
projet. Ainsi, les ateliers organisés avec le soutien d'un professeur ou
d'un éducateur et de préférence aussi l'appui de la
direction ont nettement plus de chance d'aboutir que ceux qui ne profitent
d'aucun soutien intérieur. Ainsi, les différents ateliers
lancés dans les écoles par le zinnopôle sud-ouest pour la
zinnode
E-volution@bru.be ont tous
échoué par manque de public et on constate qu'aucune personne de
l'école n'a soutenu le projet.
Une autre source d'échec est l'inscription d'un groupe
à la Zinneke sans demander l'avis des participants. Ainsi, en 2002, un
groupe de jeunes filles a été amené à faire de la
scénographie alors que toutes étaient bien plus
passionnées par la danse version star académie. Suivant l'atelier
avec bien peu d'enthousiasme, elles ont fini par déambuler sans les
objets qu'elles avaient fabriqués, les trouvant trop ringards. Il semble
évident que si on leur avait posé la question, elles auraient
choisi de faire un atelier de danse qui les aurait beaucoup plus
intéressées108.
4.3. Artistique
La volonté artistique est très claire au sein
du projet zinneke mais de nombreuses difficultés en découlent.
Le principal investissement qui a été
réalisé pour assurer un résultat artistique fut
l'augmentation de l'équipe de coordination artistique. La
réussite de ce choix s'est avérée très
inégale selon les zinnopôles (Cf. chap. 3.2.2.2.). Plusieurs
éléments sont intervenus :
? Le choix des artistes ne s'est pas toujours
avéré judicieux. Il est important de rappeler qu'aucun appel
d'offre n'a réellement été lancé pour choisir les
coordinateurs artistiques. Une grande partie d'entre eux ont été
appelés par le coordinateur artistique de chaque zinnopôle de la
parade précédente, participant lui-même au projet à
la suite de rencontres plus ou moins fortuites.
La coordination artistique nécessite pourtant un grand
nombre de qualités déjà décrites au point
3.1.5., à la fois artistiques et relationnelles qu'il n'est pas
facile de trouver chez une même personne. De fait, plusieurs
108 Interview de Sonia Saurer du 2/02/04
artistes se sont révélés mal choisis pour
accomplir ce travail de coordination tantôt par un manque
d'écoute des participants et de flexibilité, tantôt
par manque de créativité, tantôt par un caractère
trop lunatique qui convient
difficilement au travail de groupe ... La sélection
aurait sans aucun doute düêtre prise plus au
sérieux, même si les artistes acceptant de s'investir dans ce
type de travail pendant un an voire plus ne courent pas les
rues. Il est en effet important de signaler que les artistes restent dans le
zinneke pendant une ou deux éditions mais rarement plus car ils ont
souvent besoin d'exprimer leur créativité de façon plus
directe et satisfaisante. Ce renouvellement des équipes, s'il n'est pas
facile à gérer, permet d'apporter toujours du sang neuf à
la Zinneke et d'éviter les risques de routine, folklorisation et perte
de créativité liés au maintien d'une même
équipe109.
· Il est évident que le travail de coordinateur
artistique n'est pas facile à gérer pour un artiste. Sa condition
difficile d'artiste l'oblige à garder un pied dans le milieu artistique
où il travaille habituellement. Il doit donc souvent s'engager
parallèlement dans d'autres projets que la Zinneke pour ne pas sortir du
circuit. De plus, il travaille dans un projet qu'il ne maîtrise pas
vraiment, devant générer la créativité chez
d'autres personnes souvent peu avancées artistiquement. Sa position de
coordinateur artistique l'éloigne du terrain de la création : il
doit écouter les nombreux projets et les tirer artistiquement vers le
haut par la suggestion d'idées, mais en peu de temps et sans rien
imposer. Certains artistes se sentent cependant mieux dans l'articulation des
éléments à leur disponibilité que dans la
création même de ces éléments, ces artistes,
malheureusement plutôt rares, trouvent dans la Zinneke Parade un
très bon contexte de travail.
· L'artiste doit également mettre un concept
global au point à partir des projets et assumer la frustration que le
résultat final n'ait plus grand-chose à voir avec ce concept.
L'artiste est donc souvent frustré de ne pas diriger l'évolution
des projets ni de pouvoir s'investir réellement dans un projet.
· Face à cette frustration, plusieurs
coordinateurs se sont investis dans la mise en place d'une zinnode
parallèlement à leur travail de coordination. Ce fut une source
de problème car les artistes n'avaient à l'approche de la
parade
109 Interviews de Luk Mishalle du 1/04/04 et de Myriam Stoffen
du 11/02/04
plus le temps de se consacrer à la coordination du
zinnopôle tant ils étaient absorbés par la
réalisation concrète de leur zinnode avec ses problèmes
techniques et ses surprises de dernière minute. Leur rôle
consistant à trouver des solutions aux faiblesses artistiques des autres
zinnodes n'a pas pu être correctement tenu.
· Le point qui met tout le monde d'accord est la
nécessité de faire intervenir les artistes pendant la
préparation des dossiers. En effet, c'est à ce moment clé
que les projets se mettent en place dans la tête des partenaires et
l'intervention d'artistes permettrait de surélever artistiquement les
projets dès leur conception initiale. Les artistes employés de
septembre à septembre arrivent actuellement après
l'écriture des dossiers. Un engagement, même sur une courte
période, plus tôt dans le processus n'a pas encore eu lieu faute
de moyens. L'équipe de l'asbl, sa directrice artistique en tête,
estime maintenant ce besoin trop évident pour passer une fois de plus
à côté et les moyens doivent être trouvés pour
la prochaine édition de la parade afin d'y remédier.
· C'est également par manque de communication
claire que plusieurs coordinateurs n'ont pas bien accompli le rôle qui
leur avait été attribué. Vu les affirmations divergentes,
je ne peux dire si l'explication du rôle au moment de l'engagement
n'était pas claire ou si plusieurs artistes ont interprété
le rôle à leur manière. Peu importe la cause, le
résultat fut le même : plusieurs artistes sont complètement
passés à côté du travail que l'on attendait d'eux.
Les différentes réunions ayant pour but de clarifier leur
rôle n'ont eu qu'un effet limité ou sont arrivées trop
tard. Il ne fut pas des plus judicieux que la réunion la plus explicite
sur la définition du poste ait été faite en l'absence des
artistes au cours d'une réunion d'agent Z. Il est cependant clair que
les agents Z n'ont pas toujours un pouvoir sur des artistes qui non seulement
sont engagés directement par l'asbl et pas par le zinnopôle mais
ont souvent une dizaine d'années voire une vingtaine de plus qu'eux.
· Un certain manque de décision s'est fait
nettement sentir au cours du processus (cf. 4.6.). En effet, malgré les
avertissements des agents Z sur les dysfonctionnements de certains
coordinateurs artistiques, l'équipe n'a pas
proposé de solutions concrètes ou alors trop
tard110. Le manque d'autorité de l'équipe a permis
à un coordinateur artistique engagé par l'asbl de partir en plein
milieu du processus et son absence s'est révélée difficile
à gérer pour le reste du zinnopôle. Laisser ainsi les
artistes faire à leur guise en se disant que l'on règlera les
problèmes lors des évaluations n'est sans doute pas la meilleure
façon d'aborder les difficultés : les tensions sont ressenties
par les partenaires et les agents Z et ils risquent de se décourager et
de ne pas renouveler leur participation.
Si des différences dans le mode de travail de la
coordination artistique sont normales111, certains fonctionnements
ont réellement posé des problèmes.
Ainsi, le comportement extrême de se placer uniquement
en consultance, ne veillant qu'à une cohérence d'ensemble du
zinnopôle, comme ce fut le cas au sud, eût pour conséquence
une très mauvaise intégration des coordinateurs artistiques au
sein des zinnodes112. Ils y furent considérés comme
des inspecteurs un peu hautains se permettant de juger des projets qu'ils
n'avaient absolument pas soutenus. Le manque de solutions pratiques aux
problèmes qu'ont pu rencontrer les partenaires de terrain a
également contribué à une mauvaise interaction avec les
coordinateurs artistiques. Au sein de ce zinnopôle, ce sont les artistes
de terrain engagés dans chaque zinnode qui ont permis un niveau
artistique fort mais ils n'ont cependant que peu suscité la
créativité de la base. Ces artistes ont été souvent
mal payés vu le manque de moyens de associations et ont eu une
reconnaissance bien moindre par rapport à la coordination artistique au
sein des médias et des publications zinnekes113. C'est face
à ces problèmes que l'idée qu'une enveloppe artistique
soit à la disposition du zinnopôle à la place des trois
coordinateurs artistiques peut-être
110 Interview de Virginie Noël du 1/07/04, de Sylviane de
Ribaucourt du 23/06/04 et de Nasha de Winne du 5/07/04
111 Ces différences sont à la fois liées
aux différentes personnalités des artistes et aux
différents partenaires avec lesquels ils travaillent. L'équipe de
l'asbl ne veut d'ailleurs pas imposer un mode de fonctionnement défini,
se satisfaisant des diverses méthodes tant qu'elles atteignent les
objectifs de la Zinneke.
112 A part bien sûr celles qu'ils dirigeaient directement
en tant que meneur de projet
113 Interview de Virginie Noël du 1/07/04
vue comme une bonne solution pour assurer la présence
d'artistes selon les besoins spécifiques de chaque zinnopôle aux
différentes étapes de préparation114.
La définition du projet comme artistique, tout en
voulant le faire venir d'un travail social, pose le problème de savoir
à quel point l'artistique peut servir de critères d'exclusion. En
effet, plusieurs groupes, chaque année, ont un niveau artistique plus
faibles que les autres. Au milieu des répétitions
générales et de la parade, ils s'en rendent souvent compte
eux-mêmes. Cela peut les motiver à intensifier leur travail
artistique et la collaboration avec la coordination dans le peu de temps qu'il
leur reste avant la parade ou pour la Zinneke prochaine. Plusieurs groupes ont
en effet étonnamment surpris les coordinateurs en progressant de
façon assez extraordinaire sans que rien n'ait pu le laisser deviner.
Par contre, certains groupes, réalisant leur faiblesse perdent courage
et défilent avec une certaine honte qui gâche tous les efforts
qu'ils ont fait pour préparer la parade. D'autres encore atteignent un
niveau dont ils sont fiers alors que leur projet est considéré
comme faible par la coordination artistique et l'équipe de l'asbl
Zinneke.
Ces réactions diverses posent la question de savoir
si, à un moment ou un autre, certains projets peuvent être
arrêtés par la coordination artistique ou l'équipe à
cause de cette faiblesse artistique. Cette volonté se justifie par
l'affirmation artistique de la parade et les investissements pour mieux
développer cet aspect qui risquent de pâtir de la présence
de projets faibles le jour de la parade 115.
La combinaison de l'artistique et du social, sans
volonté de faire passer l'un avant l'autre116, créent
ces problèmes de choix particulièrement difficiles à
résoudre puisque exclure une association de la Zinneke Parade lui
retire, à moins d'une humilité rare, toutes possibilités
de s'améliorer au sein de la structure qu'il quitte avec une certaine
rancoeur. C'est aussi prendre le risque de faire se détourner
l'association de tout travail socio-artistique face à l'échec
retentissant ayant poussé à leur exclusion du projet. Dire
à des amateurs qu'ils sont artistiquement nuls me semble en effet
très dangereux. Il est évident par contre que les exclusions
de
114 Interview de Carlo Da Mata du 29/04/04
115 En effet, le jour z est un moment clé où
l'asbl zinneke peut justifier ses dépenses face aux pouvoirs subsidiants
(Cf. chap. 3.5.).
116 Interview de Marcel de Munnynck du 9/09/03
groupes pour des réels problèmes de collaboration
et d'investissement sont nettement plus justifiables.
A cette question de l'image artistique de la parade est
également lié l'équilibre entre l'apport créatif
des participants et celui des artistes. En effet, la volonté de faire
venir la création de la base s'exprime différemment au sein de la
parade. Certains zinnopôles, comme le zinnopôle sud-ouest, tentent
de susciter la créativité des participants sur tous les domaines
artistiques de la parade, à savoir aussi bien en chorégraphie,
scénographie, musique et costumes. La tâche n'est certes pas
simple et c'est généralement un aspect plus que les autres qui
est approfondi au cours des quelques mois de préparation. Par exemple,
le groupe se concentre sur la musique ou sur la danse. Le risque est alors
grand d'avoir un résultat visuel, le jour de la parade, qui soit d'un
niveau artistique relativement bas. En effet, si un groupe consacre la
majorité de ses répétitions à son activité
principale, par exemple la musique, il reste très peu de temps pour que
les participants créent eux-mêmes chorégraphie et costumes.
Faire faire des costumes en deux-trois jours à des gens qui ne
pratiquent que peu voire pas du tout l'art plastique a peu de chance de donner
des résultats artistiquement forts. Par contre, cela aura des
résultats « sociaux » sur la façon dont l'individu
perçoit ses propres capacités et lui permet de présenter
le jour de la parade un personnage qu'il a lui-même composé et
qu'il pourra donc mieux investir. Dans plusieurs zinnodes donc, l'implication
artistique se concentre sur leur activité principale et les autres
facettes artistiques sont prises en charge par un autre groupe mené par
un artiste pour les costumes et objets de la parade ou l'artiste imposant ses
idées en ce qui concerne la musique ou la chorégraphie. De
préférence, les participants seront consultés au moment de
la conception des costumes pour éviter une découverte des
costumes le jour Z avec le risque qu'ils ne les apprécient pas. La
réalisation des costumes, par exemple par un artiste, permet souvent une
puissance visuelle le jour de la parade qu'il est difficile d'atteindre quand
le même groupe se charge de tout. Le choix de la méthode de
travail relève donc encore du choix entre une création totale par
les participants qui a des implications sociales plus importantes ou l'option
de s'assurer une certaine apparence artistique en confiant certains
éléments directement à des artistes.
La question de la reconnaissance artistique extérieure
du projet est intimement liée aux deux questions
précédentes. Actuellement, on juge de la qualité
artistique d'un
événement plus par la reconnaissance de la part
du milieu artistique que par l'opinion personnelle de quelques
spécialistes extérieurs. La Zinneke Parade est reconnue
internationalement dans le monde des arts de la rue (cf. chap. 3.5.). L'ampleur
de son succès au sein des associations socio-artistiques est
indéniable vu son nombre grandissant de collaborateurs. De plus, des
organisateurs d'événements plus ou moins similaires reconnaissent
la qualité de la Zinneke Parade, par exemple, les organisateurs du
défilé de la Biennale de la danse de Lyon, ou encore Michel
Crespin, spécialiste marseillais des arts de la rue. De plus, sa
reconnaissance auprès du public comme événement culturel
bruxellois est indéniable : 200.000 personnes se pressent à
chaque parade sur les boulevards pour la voir passer.
Par contre, dans le monde Artistique plus large ainsi
qu'institutionnel, la reconnaissance du projet d'un point de vue artistique
n'est pas vraiment acquise. Cela tient principalement au travail avec des
amateurs qui ne peut que difficilement présenter un résultat
exceptionnel et ce d'autant plus qu'il y a un nombre énorme de
participants par rapport au nombre d'artistes. Difficile d'atteindre un niveau
artistique avec un engagement qui se limite à un soir par semaine
pendant plus ou moins six mois avec, quand ils ont de la chance, un artiste
s'occupant de vingt personnes. Dans la plupart des cas, ce sont les animateurs
qui s'occupent directement des groupes et les artistes qui coordonnent ou
donnent quelques idées. Ce manque de reconnaissance pose un
problème aux artistes qui s'investissent dans la Zinneke Parade car ils
risquent de se dévaloriser au sein de la communauté artistique,
surtout qu'il ne leur est pas toujours possible de continuer d'autres
activités pendant les mois proches de la parade. De plus, n'ayant qu'un
pouvoir limité sur la réalisation des projets, ils craignent
souvent un résultat médiocre dévalorisant. De là
repart, le manque d'artistes qualifiés et reconnus dans la parade qui
empêche d'améliorer le niveau artistique qui risque de
dévaloriser les artistes reconnus qui ne s'impliquent pas donc dans la
parade : un vrai cercle vicieux.
4.4. Collaboration
La notion de collaboration est à la base de la Zinneke
Parade. Elle est à la fois un objectif et un moyen. Cependant, les
collaborations ne se passent pas toujours aussi bien que prévues. Un des
principaux problèmes de collaboration déjà
évoqué est le manque d'implication des institutions en tant que
telles qui se contentent de laisser
toute la charge et l'initiative zinneke à un de ses
employés sans réellement le soutenir. C'est pourtant le nom de
l'association et pas celui de l'animateur qui est ensuite repris dans les
publications. Ces associations reçoivent donc à la fois du
soutien financier pour mener l'atelier à bien et la renommée
d'une participation à la Zinneke sans avoir soutenu le projet. Certes,
certaines associations, voyant le résultat positif d'une initiative
zinneke par un de ses animateurs, peuvent prendre confiance dans le projet et
s'investir pour l'édition suivante. Cependant, il n'en va pas toujours
ainsi.
Dans la zinneke, des problèmes de jalousie de
reconnaissance sont inévitables qu'ils soient ou pas
justifiés117. L'équipe essaie donc qu'aucun artiste ni
association ne soit oublié dans les publications reprenant l'ensemble de
la parade. Les différences de salaires sont également source de
sentiment d'injustice : dans la Zinneke Parade, certains ont un CDI plus ou
moins rémunéré selon les postes, d'autres ont un
engagement temporaire de plusieurs mois, d'autre encore sont payés selon
les finances des associations qui les engagent, donc souvent très peu,
et enfin beaucoup font du bénévolat. Si le
bénévolat des participants de base est tout à fait logique
(ils sont dans une situation où on aurait pu leur demander de payer les
ateliers), certaines personnes travaillant à l'organisation de la parade
font un bénévolat moins justifié surtout lorsque la
personne en question voudrait être rémunérée.
Un autre aspect problématique de la collaboration est
l'échange nécessaire avec les communes. En effet, les sorties
zinnekes dans les quartiers, les fêtes suivant les parades, les
collaborations avec les écoles communales ne peuvent avoir lieu sans une
collaboration harmonieuse avec la commune. Mais cette collaboration doit, selon
le principe apolitique de la zinneke118, éviter les
récupérations politiques trop flagrantes. A cela s'ajoute le fait
que certaines associations socioculturelles sont directement soutenues par tel
ou tel échevin et prennent dès lors une certaine teinte
politique.
L'exemple d'Escale du Nord est très représentatif
du type de difficulté que cela peut engendrer :
117 Groupe pilote du 19/01/04
118 Même si la couleur politique de partenaires, de
membres de l'équipe et du CA tend majoritairement vers le rouge comme
c'est le cas dans le milieu socioculturel en général.
Escale du Nord était le centre culturel d'Anderlecht.
Il fut choisi comme coporteur du zinnopôle sud-ouest pour la parade de
2002 avec le GC de Rinck suite à l'échec des porteurs
précédents. Le soutien direct de l'échevin de la culture
envers ce centre fut directement concrétisé par l'envoi de
Jacques Coune comme détaché communal pour s'occuper du
développement de la Zinneke. Presque un an après son
arrivée, il fut rejoint par les deux agents Z du zinnopôle et par
une coordinatrice artistique ainsi que par une chorégraphe
engagée en renfort par la commune. La présence de Jacques Coune a
fortement facilité la production du zinnopôle car ses
connaissances approfondies des possibilités de subventions lui ont
permis de trouver des financements additionnels. Malheureusement, une gestion
catastrophique du centre et une certaine dose de jalousie de la part de la
directrice qui se voyait imposé ce projet par l'échevin sans
avoir aucun pouvoir dessus ont créé de nombreux problèmes
notamment dans la redistribution des subventions. Plusieurs collaborations ont
ainsi été mises en péril par des retards de paiement
injustifiés. Suite à ces problèmes, Escale du Nord a
été remplacée comme porteur de zinnopôle par la
Boutique Culturelle soutenue, mais de façon moins despotique, par un
échevin d'un autre parti politique. Cette perte de pouvoir sur la
Zinneke Parade a été très mal vécue par
l'échevin de la culture qui a directement retiré ses agents du
projet. Cela est assez compréhensible, mais son comportement envers
l'équipe de zinnopôle sudouest à l'approche de la parade
2004 est devenu nettement moins justifiable : il a bloqué, à deux
semaines de la parade, le prêt du podium pourtant
précédemment accordé et il a empêché la
déambulation dans les quartiers par des arguments tout à fait
injustifiés119. Ces ennuis de dernière minute ont
créé une atmosphère de stress au sein du zinnopôle
sud-ouest particulièrement difficile à gérer à une
dizaine de jours de la parade. A cela s'ajoute le fait que le
détaché communal et sa chorégraphe, blessés d'avoir
été ainsi écartés d'un
119 Il a parlé d'une surcharge de travail pour la
police dont le commissaire était pourtant près depuis longtemps
à apporter son soutien et d'un refus des commerçants qui eux
aussi ont donné leur accord tout en demandant d'être
impliqués plus tôt pour la parade prochaine. En tant que
récent bourgmestre faisant fonction, il est chef de la police et peut
donc refuser leur présence lors d'un événement et donc
empêcher cet événement d'avoir lieu.
projet qu'ils ont mis en place durant deux ans, ont
proposé la zinnode movimiento de ida y vuelta. Sa mise en place ne s'est
pas faite sans encombres et a été écartée du reste
du zinnopôle le jour de la parade par l'influence politique qu'a
l'échevin sur son délégué, même si celui-ci
ne travaillait pas dans la zinnode en tant qu'agent communal120.
On voit bien, avec cet exemple, les difficultés que
peuvent entraîner les soutiens politiques quand ils s'accompagnent d'un
désir de pouvoir sur l'événement culturel. C'est pourquoi
les collaborations avec les pouvoirs politiques doivent se faire de
façon prudente sans laisser d'ambiguïté sur la place du
politique dans le projet.
Un autre aspect difficile de collaboration est la relation
artiste-animateur. Ce couple devrait idéalement former un tandem de choc
équilibré qui apporte à l'atelier ordre, attrait et
créativité artistique. Cependant, c'est rarement le cas. Tout
d'abord, des artistes ne sont clairement pas présents dans tous les
ateliers, faute de moyens pour les payer. Il en découle un travail
où l'artiste passe sporadiquement dans un atelier pour donner des
conseils à l'animateur. De plus, une grande partie des animateurs ont
une certaine pratique des activités artistiques mais sans pouvoir
accéder au rang d'artiste avec le regard décalé sur la
société que cela suppose ainsi que les capacités de
créativité et d'éveil des émotions et de recul chez
les participants121. Le problème de l'animateur qui se prend
pour un artiste est un problème récurrent dans le milieu
socio-artistique auquel la Zinneke Parade n'échappe pas. Ce type
d'animateur risque de ne pas comprendre le besoin d'un artiste au sein de son
groupe et de refuser ses interventions, surtout si elles sont sporadiques et
peuvent être prises comme un jugement sur le travail de
l'animateur122.
120 En effet, la centaine de participants de cette zinnode
s'est retrouvé au sein de la bibliothèque communale pour se
préparer le jour de la parade au lieu de rejoindre la quasi
entièreté du zinnopôle dans la grande salle du Curohall
où tous les participants ont pu se changer, se maquiller, se rencontrer
dans une atmosphère collective et festive avant de défiler.
121 Ces caractéristiques de l'artiste peuvent
clairement paraître caricaturales mais c'est comme cela qu'elles sont
entendues et recherchées au sein de la Zinneke. Malgré le fait
qu'est reconnu comme artiste celui qui vit de son art, c'est avant tout sur ses
capacités qu'il va s'avérer adéquat pour travailler au
sein de la Zinneke. Interviews de France Gilmont du 14/05/04, de Myriam Stoffen
du 11/02/04 et de Luk Mishalle du 1/04/04.
122 Interview de Marcel de Munnynck du 9/09/03 et de Luk
Mishalle du 1/04/04
De la même façon, un artiste peut avoir un
regard hautain sur l'animateur et refuser de travailler avec lui au sein d'un
atelier dans son envie d'être le seul maître à bord. Or,
l'artiste n'a pas toujours la bonne manière de gérer un groupe,
de le faire avancer en temps et en heure et de maintenir l'envie et l'attention
des participants, autant de préoccupations qui relèvent plus du
travail d'animation.
Pour surmonter ces difficultés, la Zinneke Parade doit
soit trouver des artistes avec des capacités d'animateur soit des
artistes suffisamment subtils et diplomates pour orienter le travail des
animateurs dans un sens plus artistique sans heurter leur
sensibilité.
Ces questions de personnalités entrent en jeux tout au
long du processus zinneke. En effet, la grande majorité des
collaborations se fait sur base de rencontres interpersonnelles et il arrive
que certaines personnes soient incompatibles. L'implication personnelle dans le
projet ainsi que l'enthousiasme qu'il suscite vont beaucoup influencer les
concessions que va faire une personne pour conserver une entente avec ses
collaborateurs. Les coordinateurs du projet doivent d'ailleurs souvent faire
preuve de plus de souplesse pour s'adapter aux différentes
personnalités de leurs partenaires et appliquer un mode relationnel
adéquat. Les conflits interpersonnels peuvent s'avérer
très enrichissants lorsqu'ils sont finalement résolus.
Un exemple d'échec de collaboration dû, entre
autre, à la personnalité des partenaires fut celui de
Beeldenstorm :
Nik Honinckx est le directeur de Beeldenstorm, une
association socioartistique flamande de haut niveau située à
Anderlecht. Son entrée dans la Zinneke date de l'appel à projet
lancé par Bruxelles 2000. Beeldenstorm soumis un projet qui fut
refusé mais on lui proposa de s'insérer dans le projet de la
Zinneke Parade en tant que partenaire important. Il joua d'abord un rôle
qu'il qualifie de « flamand de service » au cours de la
première année. Les premières erreurs de communication
furent liées à des textes néerlandais traduits en
français puis retraduits en néerlandais déformant ainsi le
texte original au grand déplaisir des auteurs.
Lors de sa candidature au CA, il dit avoir été
accusé et humilié ouvertement par un membre de l'équipe
sans jamais recevoir d'excuses. A un autre moment, un artiste de
l'organisation a tenu une sorte de conférence sur la
Zinneke en prenant une dia d'un des collaborateurs de Nik
Honinckx avec le doux commentaire de « voilà ce qu'il ne faut pas
faire » qui n'a évidemment pas plu au collaborateur en question.
Plus tard, alors que les tensions s'intensifiaient, la remise en question du
fait que la création et la réalisation soient faits par les
participants fut très mal perçue alors que c'est un principe de
base régissant le travail de Beeldenstorm que de faire venir la
création au maximum des participants. Intervenant trop tardivement pour
régler les conflits, l'asbl Zinneke a proposé à Nik
Honinckx de signer un texte lui imposant de ne plus revenir sur les raisons de
tensions passées. Il a refusé mettant définitivement fin
à la collaboration face à une proposition qu'il trouvait d'autant
plus déplacée qu'une évaluation générale de
la Zinneke Parade était prévue au cours de l'année 2005.
Comment faire une évaluation si on ne peut plus revenir sur tous les
problèmes qu'on a rencontrés ?
Au sein de l'équipe et du zinnopôle sud-ouest,
les raisons de cet échec sont plus attribués à la
personnalité de Nik Honinckx qui a du mal à s'insérer dans
un réseau de collaboration qu'il n'a pas mis lui-même au point.
Selon eux, il a tendance à interpréter les règles à
sa façon, ne respectant que celles qui correspondent avec son point de
vue sur le projet et revenant sans cesse sur des erreurs passées sans
laisser la possibilité d'avancer. Il est décrit comme un homme
aussi un peu obsédé par les questions communautaires et qui
aurait voulu une Zinneke paritaire.
Dans cet exemple, on voit comment une personne qui a
finalement des idéaux très proches de ceux de la Zinneke (en ce
qui concerne les possibilités d'expression via l'artistique, la
nécessité de faire venir la création de la base ou encore
l'idéal d'un fonctionnement en réseau 123 ) n'a pas pu
s'insérer pacifiquement dans la collaboration à cause de sa trop
forte personnalité et de son manque de concessions associés
à des fautes de communication de l'asbl qu'il n'a jamais
digérées.
123 Lui-même aurait d'ailleurs
préféré une Zinneke avec moins de niveaux où
l'équipe serait plus en relation avec les associations de terrain et
n'aurait pour fonction que la bonne communication entre associations sans aucun
pouvoir de contrôle (Cf. 4.6).
4.5. Communication
Des maladresses en communication sont souvent la cause de
conflits ou de malentendus. Ainsi, la communication zinneke fait un usage assez
abondant de l'email heureusement associé à de nombreuses
discussions. L'e-mail, s'il a le très grand avantage d'abolir la
distance, contient un plus grand risque de malentendu que le langage direct. En
effet, ne connaissant pas l'état d'esprit dans lequel le
récepteur du message sera quand il le lira, l'envoyeur ne peut pas
adapter son langage comme il le ferait en face à face. On ne parle
clairement pas de la même façon à quelqu'un qui est en
colère qu'à quelqu'un en pleine forme. Ainsi, la forme d'un
e-mail peut paraître trop agressive, trop autoritaire ou trop
paternaliste selon les humeurs du lecteur. De plus, une mauvaise
interprétation du message électronique est moins facilement
perceptible et rectifiable qu'en face à face.
L'abondance d'e-mail arrivant à l'asbl zinneke
crée une certaine perte d'informations ensevelies dans le flux. Ainsi,
combien de fois n'ai-je pas entendu au cours de mon stage et de mes interviews
l'asbl réclamer des informations qui avaient pourtant déjà
été communiquées. Ce genre de reproche injustifié a
tendance à énerver les gens à la longue.
Tout comme un certain manque de tact peut être la
goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ainsi, il n'est pas des plus
judicieux de dire à un agent Z au bord de la crise de nerfs qu'il se
comporte en fonctionnaire (avec l'intonation péjorative que l'on peut y
glisser) parce qu'il aurait voulu qu'on l'informe de la nécessité
d'une action qu'il n'a, à tort, pas faite spontanément.
A cela, s'ajoute un manque de clarté dans les attentes
de l'équipe. On a pu le voir en ce qui concerne le rôle des
coordinateurs artistiques au cours de leur engagement. Certaines exigences sont
également arrivées trop tardivement dans le processus.
A côté de cela, la volonté nette de
l'équipe zinneke que tous les participants de la Zinneke Parade soient
au courant des enjeux du projet n'est pas toujours réalisée. En
effet, le passage de l'information jusqu'à la base dépend
beaucoup des personnes intermédiaires et toutes ne jugent pas important
d'informer les participants. Il peut être compréhensible que
certains ateliers pour enfants ne soient pas déclarés au
début comme destinés à la Zinneke
Parade124 de peur d'effrayer les parents ou enfants de l'atelier.
Mais il est moins justifiable que certaines personnes d'ateliers ouverts ne
soient pas au courant des principes zinnekes ni même du projet de zinnode
dans lequel ils s'inscrivent. Si ce manque de communication arrive envers les
participants, il est également présent à d'autres niveaux
de la parade. Ainsi, un des responsables d'une zinnode ne savait pas que le
projet du zinnopôle dépassait celui de sa zinnode.
Un autre point de communication qui pose problème est
le manque de formalité des réunions : plusieurs personnes se
plaignent que des informations importantes puissent être
communiquées dans des discussions de couloir ou en toute fin de
réunions alors que plusieurs personnes sont déjà parties.
Ils regrettent le manque de PV et d'ordre du jour systématiques et qu'on
ne puisse leur communiquer au moins des échéances claires en ce
qui concerne les remises de subventions. Cela s'associe à un budget des
plus obscurs qui empêche aux membres de l'AG de comprendre le
fonctionnement financier exact de l'asbl125
4.6. Le réseau
On me l'a dit et redit au sein de l'équipe zinneke,
l'organisation fonctionne en réseau, sans centre ni même sommet,
sans hiérarchie ni subordination126. Mais au sein des
zinnopôles, nombreux127 sont ceux qui ressentent une
institutionnalisation du projet, avec plus de règles à respecter
, des cahiers des charges, des comptes à rendre en cours de processus et
après, une distance entre le terrain et l'équipe qui fait penser
à cette fameuse pyramide.
Il semblerait en fait que l'on soit face à une
période transitionnelle dans l'organisation. L'équipe centrale
prend de plus en plus de pouvoir alors qu'à
124 Comme ce fut le cas au sein de la zinnode movimiento de ida
y vuelta.
125 Interviews de Carlos Da Mata du 29/04/04 et de Mirko
Popovitch du 16/02/04
126 Interviews de Marcel de Munnynck du 09/09/03 et de Nathalie
Bücken du 14/04/04 néanmoins Marcel de Munnynck m'a donné un
point de vue différent fin juillet 2004.
127 Interviews de Yves Coumans du 8/07/04, de Virginie
Noël du 1/07/04, de Sylviane de Ribaucourt du 23/06/04, de Patrick Chaboud
du 23/06/04, de Alain Debaeck du 9/10/03, de Mirko Popovitch du 16/02/04, de
Nik Honinckx du 18/02/04, de Luk Mishalle du 1/04/04 et de Carlos Da Mata du
29/04/04.
l'origine, elle avait un rôle plus limité,
d'ailleurs en relation avec le nombre de personnes qui en faisaient
partie128. L'esprit est toujours celui de la concertation et de la
discussion entre partenaires au sein du groupe pilote mais les exigences
grandissent et les tensions avec les partenaires de l'origine se font de plus
en plus pesantes face à ce changement de fonctionnement. Ainsi, le Magic
Land Théâtre sort actuellement à grand fracas de la
structure, Infor Jeune a refusé de signer la convention avec
l'équipe, Mirko Popovitch s'est fortement désinvesti du projet,
le CC Jacques Franck a lui aussi rencontré de fortes tensions avec
l'histoire du Piano Fabriek (Cf. 3.2.2.1.)... Luk Mishalle et Yves Coumans,
deux artistes de la première heure quittent également le
navire...
Concrètement l'institutionnalisation se fait ressentir
par plusieurs points :
· La multiplication de conventions et l'apparition du
cahier des charges qui engagent formellement les partenaires à respecter
les règles zinnekes.
· La redistribution d'une partie des subventions par
l'asbl, ce qui lui donne un pouvoir indéniable.
· L'engagement des artistes coordinateurs directement
par l'asbl qui fait que les artistes dépendent de l'équipe et non
des partenaires porteurs de zinnopôle.
· Les échéances en cours de processus mises
en place par l'asbl qui pèsent sur les partenaires de terrain via les
associations porteuses de zinnopôle.
· Les formulaires à remplir à l'approche de
la parade pour des soucis logistiques et les évaluations de mi-parcours
et suite à la parade.
· La perte de contact de l'équipe avec la base avec
le risque que l'asbl passe
auprès des partenaires comme une entité floue
d'où viennent les contraintes. Tous ces changements, à part le
dernier, sont liés à une volonté de résoudre des
problèmes qu'ont rencontrés les parades
précédentes. Les conventions et le cahier des charges, par
exemple, assurent un comportement cohérent de tous les partenaires de
l'organisation qui se sont engagés à respecter les mêmes
règles. Cela permet d'éviter des problèmes comme celui
rencontré lors de la parade de 2002 : un groupe s'est
arrêté à plusieurs reprises pendant 20 minutes sur le
boulevard pour montrer son cycle narratif sans prendre garde aux milliers de
zinnekes qui se
128 On est passé de 2 à 7 personnes, bien
qu'à l'origine, toute la structure de Bruxelles 2000 soutenait le projet
derrière l'équipe.
trouvaient bloqués derrière eux :
désormais, l'avancée continue du défilé est reprise
dans le cahier des charges. Les échéances, elles, permettent
clairement aux partenaires de terrain de mieux prendre conscience du processus
sur la longueur et d'éviter un maximum les rushs de dernière
minute. Les formulaires logistiques permettent très clairement une
gestion logistique plus facile pour la société engagée par
l'asbl129. Les évaluations, quant à elles, permettent
une autocritique et une réflexion sur l'organisation qui donnent lieu
à des remises en questions nécessaires pour faire évoluer
la structure en prenant tous les avis en compte.
L'engagement des artistes par l'asbl permet, lui, de tenter
un comportement artistique cohérent et d'éviter l'assise
inconfortable entre deux chaises que vivent les agents Z.
Ces changements ne sont donc pas injustifiés. C'est
surtout les réactions face à ces changements qui
différent. En effet, certains regrettent cette évolution qu'ils
voient comme une perte de liberté et comme une prise de pouvoir
injustifiée de l'équipe de l'asbl au détriment du
fonctionnement en réseau, ajoutant que la mise en place d'un cadre
strict amène à une déresponsabilisation des partenaires.
D'autres, par contre, voient cette évolution d'un très bon oeil
et regrettent que des décisions unilatérales ne soient pas plus
répandues afin de perdre moins de temps dans des discussions et de
travailler dans un cadre mieux délimité qui permet de mieux
centrer ses efforts sur le processus de création et de
réalisation.
La perte de contact avec la base est, par contre, assez
dommageable pour l'organisation. De nombreuses personnes regrettent que les
membres de l'équipe ne soient pas plus présents lors des
réunions de zinnopôle ou ne visitent pas les ateliers de
façon à ce que les partenaires de terrain puissent mettre un
visage sur cette fameuse équipe zinneke pour laquelle le zinnopôle
joue souvent le rôle d'intermédiaire. De plus, à plusieurs
reprises des agents Z m'ont dit qu'ils regrettaient que l'équipe
n'apporte pas plus vite des solutions aux problèmes qu'ils
129 Pour le jour z, une société
d'événements extérieurs, Tagora, est en effet
engagée afin de veiller au bon déroulement logistique de la
parade. Ils sont en relation avec les forces de police et d'urgence afin
d'être efficaces en cas de problème imprévu et s'arrangent
pour que les rues soient bloquées comme convenu, que le public ne
déborde pas trop sur la zone de spectacle et que les timings
annoncés à la police soient respectés.
rencontraient avec des partenaires de leur zinnopôle,
n'intervenant souvent qu'en dernière limite au risque que cela soit trop
tard.130
Il est intéressant de s'arrêter sur le point de
vue de Marcel de Munnynck sur cette évolution131. Il rappelle
à quel point une organisation en réseau telle que la Zinneke
Parade fonctionne sur un mode dialectique : d'une part centripète par
l'installation de règles et d'un fonctionnement commun,
décidés en groupe mais dont l'asbl assure le respect, et d'autre
part centrifuge où les partenaires ont un certain pouvoir et une
autonomie qui les responsabilisent et donnent sens à la notion de
réseau. La grande difficulté est alors de garder un
équilibre entre ses deux tendances. Cet équilibre, encore
instable aujourd'hui, doit permettre d'éviter de tomber dans le travers
d'une organisation purement centralisée où tout est
décidé et pris en charge par l'entité centrale ou celui,
à l' opposé, d'une structure sans centralisation où tout
part dans tous les sens. Les choix d'institutionnalisation pris jusqu'ici
avaient pour rôle d'éviter un trop grand désordre. Il
s'agit maintenant aux membres de l'asbl de choisir s'ils veulent continuer dans
cette institutionnalisation centralisée, plus efficace mais qui
s'éloigne de la philosophie de base de la zinneke, ou retenter une plus
grande responsabilisation des zinnopôles. Cette dernière pourrait
se manifester en confiant aux zinnopôles des tâches que
gèrent actuellement l'asbl, comme, par exemple, le transit des dossiers
de subsides et la redistribution financière. Marcel de Munnynck rappelle
également que l'équipe est bien celle d'une asbl, ce qui implique
qu'elle est révocable facilement par l'AG si une majorité des
membres le juge préférable. On peut ici rappeler qu'une bonne
partie des partenaires de terrain, dont tous les porteurs de zinnopôle,
sont membres de l'asbl.
Il est important de réaliser que ces changements
internes n'affectent selon moi pas du tout les objectifs fondamentaux que se
fixe la Zinneke Parade. En effet, l'émancipation sociale, la
revitalisation des quartiers, l'échange artiste/amateur et
artiste/animateur, la collaboration durable entre association restent
principaux dans le fonctionnement sans qu'importe de façon significative
la centralisation de la structure. Les changements d'organisation interne sont
une tentative pour mieux les atteindre qui, certes, n'emportent pas toutes les
voix mais fait partie des choix que doit faire toute organisation pour
évoluer. La solution miraculeuse, si elle existe n'a
130 Interviews de Virginie Noël du 1/07/04 et de Sylviane
de Ribaucourt du 23/06/04.
131 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
pas encore été trouvée et c'est dans
l'évolution et l'autocritique que se situe la Zinneke. Certaines
personnes présentes depuis l'origine de Zinneke mettent d'ailleurs en
évidence le risque de la fixité et de l'installation dans
l'habitude. Les partenaires et les membres de l'organisation doivent être
renouvelés afin de faire évoluer la structure et d'éviter
l'installation d'automatismes qui nuisent à l'esprit critique.
5. LES RÉSULTATS
A la question « êtes vous satisfaits des
résultats obtenus par rapport à vos objectifs ? », tout le
monde m'a répondu par l'affirmative et ce malgré les nombreuses
contraintes et difficultés qu'ils venaient de me décrire.
Ainsi, tout le monde est satisfait du résultat obtenu
même si certains le sont plus que d'autres. La majorité d'entre
eux, cependant, considèrent qu'on devrait pouvoir atteindre de meilleurs
résultats en évitant les difficultés rencontrées
cette fois ci. J'ai, en fait, pu remarquer qu'à chaque niveau, les
acteurs de la zinneke avaient la faculté de voir le projet comme
réussi en mettant de côté les petits échecs et les
quelques déceptions rencontrées. C'est sans doute cela qui leur
donne tant d'optimisme pour continuer l'aventure.
Il faut sans doute rappeler que mon étude au niveau des
associations est concentrée sur le zinnopôle sud-ouest où
il faut l'admettre tout c'est passé sans d'insurmontables
difficultés ni grosses déceptions.
Il me semble en fait que c'est lorsqu'on se rapproche du
terrain que l'on peut trouver des gens moins satisfaits. En effet, les membres
de l'équipe comme les membres des zinnopôles gèrent une
quantité de projets tellement large qu'il leur est facile de penser aux
aspects réussis du travail qu'ils ont coordonnés. Au niveau de la
zinnode, les gens vont aussi se révéler globalement satisfaits,
par contre aux niveaux des participants d'un atelier, si cet atelier n'a pas
donné le résultat qu'ils espéraient, il leur sera plus
difficile de trouver suffisamment d'aspects positifs pour qualifier leur
expérience de réussite. Prenons l'exemple d'un atelier de
percussions dont le professeur aurait manqué totalement d'organisation,
ne parvenant pas à conserver un public constant, enseignant des rythmes
sans donner de structures à des morceaux et dirigeant mal le groupe au
cours de la parade, ajoutons-y une ambiance peu enthousiaste due aux faiblesses
de l'atelier, avec une réalisation de costumes à la va-vite qui
leur donna un attrait esthétique des plus limités. Dans un tel
contexte, il est difficile aux participants d'avoir un avis vraiment positif
sur leur expérience, et pourtant, certains l'ont quand même...
Si l'on veut toucher au résultat global de la Zinneke
Parade, on remarque que plusieurs de ses objectifs sont atteints :
· La zinneke parade permet sans aucun doute une
certaine revitalisation des quartiers en stimulant les actions locales et en
les interconnectant par des collaborations. De plus, les sorties zinnekes dans
les quartiers, les fêtes et expositions stimulent la vie culturelle
locale.
· Le réseau de collaboration s'installe de
façon durable. Certaines collaborations se renouvellent d'édition
en édition. Des projets non zinnekes naissent des rencontres et
interactions zinnekes.
· L'émancipation sociale est certes plus
difficile à mesurer, mais des gens se découvrent des talents
artistiques et des moyens d'expressions qu'ils ne soupçonnaient pas
grâce aux artistes avec lequel ils travaillent.
· La rencontre et la collaboration entre artistes et
animateurs a lieu et tend vers un respect mutuel.
· La ville est littéralement envahie par des
zinnekes de toutes origines qui reprennent possession de l'espace urbain
pendant une demi-journée et gardent souvent un regard bien
différent sur les boulevards.
· L'échange et la collaboration entre des groupes
d'origines culturelle et socio-économique différentes donnent
lieu à la réalisation d'un projet commun impliquant le respect et
l'écoute de l'autre.
De plus, en ce qui concerne l'évolution par rapport aux
autres éditions, si ce n'est la baisse des subsides qui est une forme
d'échec, plusieurs éléments ont pris une tournure des plus
positives. Ainsi, les enjeux que transporte la Zinneke Parade semble de mieux
en mieux compris par les partenaires, la qualité artistique s'est
fortement améliorée et la compréhension extérieure
du projet s'est faite plus claire notamment par une couverture
médiatique plus axée sur le processus qu'elle ne l'était
auparavant132.
Les objectifs des autres niveaux d'organisation de la Zinneke
Parade sont également atteints dans différents groupes. Rarement
tous ni de façon égale mais ils sont néanmoins atteints
globalement dans l'organisation.
Les principales déceptions quant aux résultats ont
été soit liées à l'organisation soit aux
résultats mêmes sur le terrain et lors de la parade.
132 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
La majorité des déceptions liées à
l'organisation reprend les difficultés décrites au chapitre 4,
tel que le manque de participants réguliers, le manque de soutien de
certaines associations, le manque d'intervention de l'équipe zinneke,
les problèmes de relations interpersonnelles, les problèmes de
financements trop réduits et trop tardifs ...
Sur le terrain, on entend plus de déceptions
liées à un sentiment de qualité artistique trop bas, le
désistement de participants le matin même du jour Z, les
performances diminuées à cause du stress du spectacle et quelques
mésententes interpersonnelles ici aussi. Une frustration
récurrente est celle qui naît de l'impossibilité de voir la
zinneke quand on est dedans, et cela aussi bien pour les artistes, les agents Z
et les participants. Certains de ces éléments échappent en
grande partie à l'action directe des organisateurs. D'autres, par
contre, sont repris dans les évaluations afin d'être
évités un maximum dans la prochaine édition.
Un manque relevé à plusieurs reprises est le
fait que la Zinneke n'est pas suffisamment impliquée dans les
débats sociétaux et ne montre, dans sa parade, que très
peu de côtés réflexifs sur la société et ses
dysfonctionnements, leur préférant souvent un regard léger
et festif. Il est cependant évident que la parade est d'une
densité rare, chaque groupe préparant un spectacle à part
entière que le spectateur ne peut qu'effleurer en le voyant passer.
Une évaluation très méthodique a
été lancée suite au 8 mai afin de mieux comprendre les
manques ressentis par les partenaires et pour mieux cerner leur
compréhension propre du projet. Une grande plate-forme de
réflexion est prévue en octobre pour prendre collectivement
conscience de l'état du projet et décider des orientations qu'il
doit prendre.
CONCLUSION
Au bout de cette étude, les novices auront, je
l'espère, compris que la Zinneke Parade dépasse de loin la simple
journée de défilé dans le centre de Bruxelles.
Fruit du mariage de trois idées socio-artistiques
originales, elle est extraordinaire de par son expansion et ses ambitions
sociétales. Profondément bruxelloise, elle s'inscrit dans le
caractère multiculturel de la capitale et dans le renouveau festif que
connaît cette dernière depuis quelques années.
Si c'est une impulsion internationale qui a permis son
développement à travers Bruxelles 2000, la Zinneke Parade est
parvenue à prendre une certaine autonomie et à s'engager dans la
continuité et le long terme. Pour ce faire, une organisation solide
s'est mise en place et évolue toujours actuellement. Les associations de
terrain sont regroupées sous la coordination des cinq zinnopôles,
organismes centralisateurs des initiatives locales zinnekes. Chaque
zinnopôle est théoriquement porté par deux associations,
une néerlandophone et une francophone, qui assurent des travaux de
coordination et de production en tant que co-producteur avec l'asbl Zinneke.
Cette dernière coordonne les cinq zinnopôles et s'occupe des
relations extérieures (police, ministères, associations
étrangères, médias). Cette structure, qui se veut en
réseau car basée sur une concertation sans subordination,
cherche, non sans difficultés, un équilibre entre la pulsion
centralisatrice qui permet une meilleure cohérence et plus
d'efficacité et la pulsion centrifuge qui veut responsabiliser un
maximum les partenaires et tendre vers une structure de réseau
horizontal. Certaines personnes de terrain croient encore en l'utopie de ce
réseau totalement horizontal fonctionnant sur l'implication et la
volonté de chacun sans aucun organisme centralisateur. Chacun suivrait
spontanément des règles émises de concerts, maintiendrait
le projet en partageant les tâches administratives et les
responsabilités. Une telle structure serait une preuve d'entente sociale
assez extraordinaire et idéale. Certains participants parlent même
d'une zinneke spontanément organisée par la population se
rassemblant en groupes et engageant artistes et animateurs. Cela serait la
preuve d'une cohésion sociale qui ne semble pas encore présente.
Actuellement, cela parait impossible, et d'autant plus à une telle
échelle. La structure de la Zinneke est nécessaire et son
organisation actuelle relève de son origine et de son parcours.
Les objectifs que se fixe l'asbl Zinneke sont fondamentalement
sociaux. Ils visent le développement d'une société
remplaçant l'individualisme grandissant par une cohésion sociale
nouvelle où chacun atteindrait une autonomie lui permettant de se
réaliser dans le groupe. Un bien beau projet... mais de nombreuses
difficultés viennent entraver sa réalisation. Si beaucoup de gens
inspirent à ce monde idéal, tous ne parviennent pas à
mettre de côté des soucis plus matériels, d'orgueil et
d'ego qui minent la réalisation du projet. Les relations
interpersonnelles, bien qu'enrichissantes, donnent d'ailleurs lieu à de
nombreuses tensions qui se terminent parfois par la rupture, comme dans toute
situation de la vie en société. Ces tensions et ruptures
créent de fortes remises en questions et font évoluer
l'organisation tant par le renouvellement concret de partenaires que dans sa
façon de travailler et de concevoir la Zinneke Parade.
Les objectifs des autres niveaux de la parade se rapprochent
de ceux-ci mais dans une optique plus concrète. Il semble, en effet, que
plus on se rapproche de la base, plus ces objectifs sont à court terme.
Du point de vue des participants, et la Zinneke Parade est là avant tout
pour eux, c'est une occasion extraordinaire de faire partie d'un grand
événement collectif bruxellois dont la période de
préparation sera pour eux tant d'occasions de rencontres avec d'autres
gens et des artistes. Elle sera aussi une possibilité d'apprentissage
d'une ou plusieurs techniques et de découverte de l'étonnant
pouvoir du travail en commun. Au sein du groupe, ils sont stimulés
à dépasser leurs propres limites et prennent conscience de leurs
capacités, premier pas crucial vers l'émancipation et l'autonomie
dans un contexte de cohésion sociale. Il arrive certes qu'ils fassent
des rencontres qui les suivront pendant une longue période mais ce n'est
que rarement le but de la participation. De même, l'apprentissage d'une
technique conduit rarement à une pratique constante visant un niveau
professionnel. C'est souvent avant tout un divertissement constructif et
intéressant qui est recherché.
Pour les associations, le schéma est similaire,
même si certaines implications ont des conséquences à plus
long terme. La Zinneke Parade est un bon moteur pour la collaboration et
l'ouverture aux nouveaux horizons que cachent les autres associations. Elle est
aussi une occasion de montrer ce que l'on sait faire et de se dépasser,
boosté par la collaboration et l'ampleur de l'événement
dont il faut être à
la hauteur. Ces collaborations mènent à la
création d'un réseau plus permanent qui renforce le milieu
associatif face aux difficultés surtout financières qu'il
rencontre. Pour les organisateurs, la Zinneke Parade est aussi un moyen de
parvenir à des objectifs socioculturels à grandes échelles
telles que la revitalisation des quartiers, la mise en place d'un réseau
de collaboration permanent, la reprise de pouvoir des citoyens sur la ville
mécanisée et déshumanisée, l'interaction entre
artistes, animateurs et amateurs. Objectifs que partagent d'ailleurs souvent
les associations socioculturelles.
Les moyens mis en place sont multiples et variés : le
réseau, d'abord, alimenté par de nombreuses réunions qui
permettent une connaissance plus large des différents
développements du projet ainsi qu'une collaboration et une entraide. Un
soutien de coordination a été mis en place via l'engagement d'ACS
chargés du réseau associatif et de la production dans les
zinnopôles, et via les quinze artistes engagés par l'asbl Zinneke
pour aider les associations dans la conception et réalisation
artistique.
Les moyens financiers, absolument nécessaires dans ce
projet et provenant uniquement de subventions font partiellement défaut.
Ils ne suffisent actuellement pas à réaliser les objectifs dans
des conditions évitant l'abus d'heures bénévoles et la
fabrication avec des bouts de ficelle. En effet, malgré la tentative de
payer honnêtement les coordinateurs artistiques, nombre d'entre eux n'ont
pas reçu, proportionnellement aux nombres d'heures prestées, un
salaire par heure atteignant la limite minimum légale. Les autres
artistes travaillent souvent dans des conditions encore plus difficiles comme
d'ailleurs certains animateurs de petites associations. La baisse des
financements entraîne également une réduction de l'ampleur
des projets133 et une réalisation avec les moyens du bords,
utilisant souvent la débrouille et la récup' comme principaux
outils avec le risque que le résultat ait un aspect de bricolage plus
que de création artistique.
Ce manque de ressources est lié à la diminution
des investissements dans le secteur culturel et artistique de la part des
pouvoirs subsidiants associée aux tentatives vaines d'accord avec le
mécénat privé.
133 Il y a notamment eu beaucoup moins de chars cette
année que lors des deux autres parades.
Les difficultés que rencontre la Zinneke Parade sont
donc d'ordre financiers, structurels et interpersonnels, mais également
liés à des lacunes en communication et dans la collaboration
artistique et associative. En effet, un manque de systématisme dans la
communication crée des mauvais échanges et des pertes
d'informations. L'absence de réponses à des emails, la demande
d'informations injustement répétée plusieurs fois,
quelques manques de tact ainsi que l'aspect non officiel de certaines
réunions et le non respect des normes administratives (PV, ordre du
jour) peuvent énerver les partenaires à la longue.
De plus, tous les partenaires ne s'impliquent pas avec la
même intensité dans la préparation de la parade : certains
attendent longtemps avant de commencer le processus, d'autres attendent qu'on
les pousse et les soutienne constamment, d'autres encore ont du mal à
collaborer avec d'autres partenaires tant ils veulent garder leur
indépendance... La plus grosse difficultés est sans doute le
manque d'implication réel de certaines associations qui laissent,
parfois même avec une certaine réticence, une ou deux personnes
gérer le projet sans aucun soutien. Il faut espérer que ces
associations finissent par réaliser l'intérêt de la Zinneke
Parade suite au bon déroulement du projet mené par leur animateur
et s'impliquent alors réellement dans la collaboration suivante.
La coordination artistique n'a pas toujours atteint les
résultats escomptés. Les nombreuses qualités
nécessaires rendent difficile le choix d'artistes adéquats
d'autant plus qu'ils n'ont pas toujours envie de s'engager pendant un an sur un
même projet. Plusieurs coordinateurs se sont révélés
mal choisis ou ont mal compris le rôle qu'ils devaient assumer.
L'idée de la directrice artistique de renforcer encore cette
équipe de coordination artistique en engageant cinq artistes par
zinnopôle plutôt que trois ne sera pas facilement efficace. En
effet, si le choix de quinze artistes a déjà été
difficile qu'en sera-t-il de vingt-cinq, d'autant plus que plusieurs artistes
quittent l'organisation suite à la dernière parade. L'idée
de donner à chaque zinnopôle une enveloppe à consacrer
à l'artistique à la place des coordinateurs
désignés n'est peut-être pas une mauvaise solution,
d'autant plus qu'elle permettrait de rendre aux zinnopôles un peu plus de
responsabilité, rééquilibrant l'organisation face ainsi la
tendance centralisatrice.
Jusqu'ici, l'organisation est parvenue à surmonter ses
difficultés. L'inscription dans la continuité se fait
particulièrement sentir suite à cette troisième
édition. On ne peut
en effet que difficilement considérer cette
dernière comme uniquement dans la lancée de Bruxelles 2000, comme
a parfois été perçue la parade de 2002134.
Les difficultés rencontrées actuellement sont
importantes notamment face au déficit qui doit être comblé
d'ici fin 2004 ou aux problèmes de collaborations avec, notamment, le
Magic Land Théâtre. Mais personne ne perd confiance et les
coordinateurs de l'asbl et des zinnopôles travaillent déjà
dans l'optique de la parade 2006. De nombreux partenaires de terrain se sont
d'ailleurs déjà promis d'en faire partie.
L'engouement associatif face à la parade montre bien
son intérêt particulier malgré les difficultés
rencontrées. Un projet aussi grand a l'immense avantage de sortir de la
pénombre les nombreuses tentatives socioculturelles et de crier à
tous les volontés de renouveau et de refus du monde individualiste et
déshumanisé qu'on nous propose avec tant
d'assistance.135 Et même si ces volontés ne sont pas
expliquées clairement auprès des 200.000 spectateurs
présents, l'émotion qui les prend face à cette
collaboration de tant d'individus différents prouve que le message
passe. N'est ce pas un des principes artistiques que de faire passer de
l'émotion sans l'usage des mots ?
134 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04
135 Et la Zinneke Parade fait cela sans prendre la teinte
subversive qu'ont les regroupements altermondialistes dont plusieurs
idéaux, tels que le refus du primat de l'échange marchand,
s'approchent de ceux de la parade.
BIBLIOGRAPHIE
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de l'an 2000, de A à Z, Bruxelles, 1999.
Dapporto, Elena , Dominique Sagot-Duvauroux
Les arts de la rue. Portrait d'un secteur en pleine
effervescence, Paris, 2000, La Documentation Française.
Delforge, François
La zinneke Parade, ou le difficile chemin pour une
démocratie culturelle à Bruxelles, Louvain la Neuve, 2002,
mémoire de fin d'étude à l'UCL Unité
d'anthropologie et de sociologie, département des sciences politiques et
sociales.
Vander Gucht, Daniel
Art et Politique, pour une redéfinition de l'art
engagé, Bruxelles, 2004, Editions Labor.
Wieland, Catherine
La rue est a nous. Zinneke, une parade créative
à Bruxelles, Bruxelles, 2002, La vénerie et fondation
Jacques Gueux
Documents provenant de l'asbl Zinneke :
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2003
Convention des missions de coordination du pôle de
développement SudQuest :production et participation-zinneke parade
2004, Bruxelles, 2004
De Munnynck, Marcel
Première Charte Zinneke, Bruxelles, 1998
Zinneke ! Un projet de solidarité de quartiers pour
une ville région, Bruxelles, 2001. Etude de faisabilité
« Zinneke parade » commandée par la Région de
Bruxelles-Capitale à l'asbl Zinneke vzw.
Magazinneke n°1, Bruxelles, déc. 1999
n°2, Bruxelles, fév. 2000
n°3, Bruxelles, mai 2000
n°4, Bruxelles, mai 2001
n°5, Bruxelles, mai 2002
n°6, Bruxelles, janv. 2003
n°7, Bruxelles, avr. 2004
Rijdams, Marcel
Zinneke mémorandum pour une ville cosmopolite,
Bruxelles, 2004
Statuts de l'asbl Zinneke vzw au 6/04/00, Bruxelles
2000 Statuts de l'asbl Zinneke vzw au 3/05/03, Bruxelles 2003
Sites internets
http://www.belgiumrollers.com
sur la roller parade
http://www.blgp.be et
http://www.genre-d-a-cote.org
sur la gay pride
http://www.brusselsjazzmarathon.be
http://www.bruxelleslesbains.be
http://www.catastrophe.be de
l'espace catastrophe
http://www.espacesspeculoos.be
des Espaces Speculoos
http://www.eurobru.com/populext.htm
«les bruxellois venus d'ailleurs » INS 2003
http://www.horslesmurs.asso.fr
site du centre français de ressources des arts de la rue et des arts de
la piste
http://www.idearts.com,
http://www.netevents.be et
http://www.brufete-brufeest.be
sur l'agenda culturel bruxellois
http://www.idearts.com/magazine/flash/flash24.htm
sur Bruxelles 2000
http://www.immeublesenfete.be
sur les immeubles en fête
http://www.info-europe.fr/europe.web/document.dir/fich.dir/qr000714.htm
http://www.just.fgov.be site du
moniteur belge.
http://www.zinneke.org
Liste des interviews (par ordre chronologique)
Marcel de Munnynck : directeur de l'asbl zinneke
vzw : 9/09/03
Véronique Thirion : agent Z de
l'Idéal Stand'art zinnopôle nord-ouest : 3/10/03 Mariam
del Valle : Chorégraphe coordinatrice artistique du
zinnopôle nord-ouest : 3/10/03
Alain Debaecke : ex-co-directeur de l'Ecole du
Cirque de Bruxelles : 9/10/03 Jacques Coune :
délégué communal ayant travaillé au sein du
zinnopôle sud-ouest puis à la zinnode Movimiento de ida y vuelta :
14/10/03
Tamara Delvaux : responsable de la zinnode de la
mort en 2002 de La Vénerie : 17/12/03
Catherine Simon : coordinatrice artistique et
associative du zinnopôle sud en 2002 : 17/12/03
Azdat Rachid : directeur de l'association des
commerçants de Molenbeeck : 6/01/04
Felicette Chaverand : chorégraphe,
meneuse de zinnode en 2000 et 2002 au zinnopôle sud : 15/01/04
Matteo Segers : scénographe, coordinateur
artistique du zinnopôle est : 21/01/04 Florian Vanhagendoren
: agent Z du zinnopôle sud-ouest : 26/01/04
Vincent Bouzin : directeur de Cirqu'conflex,
zinnopôle sud-ouest : 28/01/04 Jean-Claude de Bemels :
scénographe, premier directeur artistique de la Zinneke Parade :
29/01/04
Marion Vander Roste: Secrétaire de
Amalia, zinnopôle nord: 30/01/04
4/02/04 : visite des participants zinneke de l'institution
Facere, zinnopôle sud-ouest. Myriam Stoffen :
coordinatrice associative de l'asbl zinneke vzw, chercheuse en
agogie à la VUB : 11/02/04
Mirko Popovitch : directeur de l'Espace Delvaux,
fondateur de la zinneke parade : 16/02/04
Nik Honinckx : directeur de Beeldenstorm,
zinnopôle sud-ouest : 18/02/04 Rik Staelens : agent z du
Vaartkapoen, zinnopôle nord-ouest : 17/03/04
Luk Mishalle : directeur du Botelarij,
coordinateur artistique du zinnopôle nord-
ouest : 1/04/04
Nathalie Bücken : coordinatrice associative
de l'asbl zinneke vzw : 14/04/04
Daniel Vander Gucht : directeur du GRESAC
(Groupe de Recherche en Sociologie de l'Art et de la Culture) à l'ULB :
26/04/04
Marcel Rijdams : président de zinneke vzw
: 27/04/04
Carlos Da Mata : directeur d'Infor jeunes
co-porteur du zinnopôle Nord : 29/04/04 Thierry Lenain :
professeur en HAA (Histoire de l'Art et Archéologie) à l'ULB :
3/05/04
Thierry Van Campenhout : directeur du CC Jacques
Franck, porteur du zinnopôle sud : 12/05/04
Ali Benabid : président de l'asbl zinneke
: 13/05/04
France Gilmont : directrice artistique de l'asbl
zinneke vzw : 14/05/04
Sylviane de Ribaucourt : agent z du Magic Land
Théâtre zinnopôle nord : 23/06/04
Patrick Chaboud : directeur du Magic Land
Théâtre zinnopôle nord : 23/06/04 Virginie Noël
: agent Z du CC Jacques Franck, zinnopôle sud : 1/07/04
Nasha de Winne : agent Z du GC Elzenhof,
zinnopôle est : 5/07/04 par téléphone Corinne
Krackman : chorégraphe, coordinatrice artistique de la
zinnode
movimiento de ida y vuelta du zinnopôle sud-ouest :
7/07/04
Yves Coumans : metteur en scène,
coordinateur artistique du zinnopôle est : 8/07/04
Marcel de Munnynck : directeur
général de l'asbl zinneke vzw, deuxième interview :
22/07/04
Katy Pylyser : agent Z du GC de Rinck,
zinnopôle sud-ouest : 26/07/04
Je remercie toutes ces personnes qui ont bien voulu me consacrer
plusieurs heures de leur temps ainsi que toutes les personnes qui m'ont
aidée et soutenue.
ANNEXES
Annexe 1 : Charte Zinneke
Annexe 2 : Cahier des charges
Annexe 3 : Convention liant l'asbl zinneke au zinnopôle
sud-ouest
Annexe 4 : Définition des rôles de producteurs et de
coordinateur de participation. annexe 1 de la convention
Annexe 5 : Programme zinneke sur deux ans. annexe 2 de la
convention. Annexe 6 : Statut de l'asbl zinneke
Annexe 7 : Zinneke Mémorandum pour une ville cosmopolite.
Marcel Rijdams. Annexe 8 : quelques photos et illustrations de la parade.
Annexe 1 : Charte Zinneke
1. La Parade Zinneke, fête de tous les Bruxelles Le
jour Z, Brussels, capitale de l'Europe, Bruxelles, capitale de la
communauté française, Brussel, capitale de la Flandre et
Brüsel, capitale de la BD forment un seul Bruzzle où
Brucargo-sur-Zaventem et BrusselsSouth-sur-Gosselies jouent à saute
mouton sur Brusseles-Hal-Vilvorde et les dix neuf communes.
2. La Parade Zinneke, fête des quartiers La parade
Zinneke se prépare dans les quartiers, pépinières
d'initiatives locales, disséminées, non vues, non connues, et qui
font pourtant la grandeur d'une ville. La parade est le moment de leur sortie
au grand jour, de la rencontre de tous avec tous, de la reconnaissance de tous
par tous.
3. La parade Zinneke, fête de la liberté
Le jour Z, les Zinnekes quittent les quartiers et font leur
joyeuse entrée dans le centre ville. Par cet acte de souveraineté
populaire, les habitants se réapproprient leur ville. Tous les
quartiers, toutes les communautés se retrouvent dans l'affirmation
rituelle de ce qui fonde la ville : la liberté.
4. La Parade Zinneke, création artistique
Les Zinnekes s'expriment par la musique, la danse, le
costume, la scénographie et toutes les formes de création
artistique dont ils peuvent s'emparer pour faire de leur parade un moment
d'intense beauté dans la ville. La parade Zinneke le chante dans toutes
les langues : la ville est belle .
5. La Parade Zinneke, création contemporaine Les
formes artistiques de la Parade Zinneke sont résolument d'aujourd'hui.
Les Zinnekes ne renient ni le passé, ni les traditions, ni les
folklores. Ils se les approprient et les réinventent pour qu'ils
expriment le temps présent et leur vision de l'avenir.
6. La Parade Zinneke, création multicolore
La parade Zinneke ne juxtapose pas les cultures des
différentes communautés qui vivent à Bruxelles, elle est
un des creusets de leur rencontre et de leur métissage. Elle fait feu de
toutes les esthétiques. Elle pratique tous les bilinguismes :
turco-flamand, anglo-espagnol, arabo-japonais, franco-albanais, italo-swahili
et brusselleer.
7. La Parade Zinneke, création partagée La
parade Zinneke est le fruit d'une collaboration entre artistes
chevronnés et débutants, entre professionnels et amateurs. Elle
est une école d'écoute
réciproque et d'invention d'une nouvelle pratique de l'art
dans la ville, pour et avec tous ses habitants.
8. La Parade Zinneke, création collective La Parade
Zinneke est la fête des écoles, des ateliers, des maisons de
jeunes, des centres d'expression et de créativité, des centres
culturels, des groupes amateurs, des sociétés folkloriques et des
centaines d'associations au sein desquelles les habitants pratiquent les formes
les plus diverses de création artistique et cherchent l'expression
commune de leur vivre ensemble.
9. La Parade Zinneke, fête de l'avenir
La parade Zinneke a pour thème un grand sujet de notre
époque susceptible de réunir les artistes et les habitants dans
l'expression d'une vision multiple, onirique et utopique de l'avenir de la
ville.
10. La Parade Zinneke, grande fête populaire C'est la
grande fête du printemps à Bruxelles. La fête de la
renaissance, du rêve, de l'imagination dans une ville sans voiture, sans
moteur à explosion, sans nuisance sonore. Une ville où il fait
bon vivre. C'est la fête de tous les Bruxellois et de tous ceux qui
aiment Bruxelles.
Annexe 2 : le cahier des charges octobre 2003
Cahier des charges Parade Zinneke
La Parade est un spectacle ouvert à tous les groupes.
Toute organisation souhaitant y participer doit manifester la
volonté de s'inscrire dans un projet collectif (Zinnode) proposé
à l'asbl Zinneke vzw et aux Zinnopôles sous la forme d'un projet
artistique d'ateliers. La Zinnode doit être composée de plusieurs
organisations ou groupes mis en réseau. Si une organisation n'a pas de
partenaire, le Zinnopôle assure le lien avec les autres projets
proposés dans son pôle.
Toute personne désirant participer à la Parade
à titre individuel s'inscrit dans les ateliers de préparation mis
en place par le promoteur de Zinnode en collaboration avec les associations ou
groupes participants.
1. Quelques définitions
a. Le Zinnopôle
Est le pôle de production constitué
d'institutions locales chargées de la production d'une partie de la
Parade. Il y 5 cinq pôles de développement dans Bruxelles (Est,
Sud, Nord, Sud-Ouest, Nord-Ouest). Chaque pôle est au service des
Zinnodes et assure:
- la coordination associative ;
- la coordination artistique ;
- la production.
Ces pôles sont représentés dans le GROUPE
PILOTE mis en place par l'asbl Zinneke vzw.
b. La Zinnode
· Est un groupe déambulatoire de minimum 100
personnes réunies autour d'un projet artistique cohérent et
commun
· Imagine et conçoit une création
artistique originale dans laquelle toutes les disciplines peuvent être
abordées. Chaque discipline doit être travaillée avec soin
et renforcer le projet dans sa globalité.
· Travaille avec plusieurs partenaires mis en réseau
(associations, centres de jeunes, CEC, groupements, centres culturels,
individus, écoles...) Un ou plusieurs artistes veillent à la
cohérence, au sens, à l'organisation de la déambulation,
à la relation au public, à l'unité plastique et
artistique. Un artiste est désigné comme responsable artistique
de la Zinnode.
· Doit être en concordance avec le thème
général de la Parade et s'inscrire dans son Zinnopôle.
c. Promoteur de Zinnode
C'est l'organisation seule ou en réseau qui introduit
le projet de Zinnode et en est le promoteur au travers de la personne
désignée comme responsable de projet; il en assure la production
et la coordination associative en lien avec le Zinnopôle .
- Il construit le réseau artistique du projet et veille
à la mise en place des différents ateliers de
réalisation.
- Il réunit régulièrement les partenaires
pendant l'avancement du travail.
- Avant le démarrage des activités il remet au
pôle et à l'asbl Zinneke vzw un descriptif du projet artistique
comprenant le budget, le partenariat et le rôle de chacun des partenaires
au sein du projet.
- Il est l'interlocuteur principal du projet auprès de la
production en coordination avec le responsable de son pôle et le
directeur artistique de l'asbl Zinneke vzw.
- Il rend au pôle et à l'asbl Zinneke vzw au
plus tard le 15 août 2004 une comptabilité en ordre avec les
documents justificatifs des dépenses. Il rédige également
un rapport moral d'activité.
2. Caractéristiques d'une Parade
La Parade :
· Est déambulatoire et s'articule en une <<
marche dansée, rythmée, cadencée, organisée,
chorégraphiée, mise en forme >> sans
pause.
· La vitesse moyenne de 20 m à la minute
soit 33cm/sec soit 1h15 pour 1500 mètres.
· Doit s'imaginer en trois modules :
1. la déambulation chorégraphiée proprement
dite ;
2. une chorégraphie << sur place>> (*) en cas
d'arrêt forcé ;
3. une chorégraphie rapide de rattrapage (*) en cas de
trop grande distance entre les groupes.
· Doit prendre en compte les espaces publics et se moduler
pour occuper les rues étroites et les grands boulevards de façon
harmonieuse.
· Est un spectacle qui se déroule dans la rue qui
devient l'espace scénique, le Paradeur s'abstient donc de
téléphoner, fumer, manger pendant la représentation... Il
lui est demandé d'avoir un maintien et un comportement adéquat
pendant le spectacle.
(*) Remarque : Ces deux dernières ne
pourront en aucun cas faire partie de la chorégraphie
déambulatoire et ne devront être utilisées qu'en cas
d'imprévu sur injonction du régisseur de la Zinnode.
3. Eléments constituants
Tout atelier de la Parade doit être encadré par un
artiste.
a. Musique
· La musique doit être jouée
<<live>>
· La sonorisation et l'amplification électrique sont
interdites.
· Les amplifications mécaniques (cône,
porte-voix...) ou autres peuvent renforcer les sons, chants et instruments peu
sonores. Une solution pour augmenter le volume sonore est de multiplier le
nombre des chanteurs ou des musiciens.
b. Arts plastiques
· La création de char, de décor, d'objets ou
de toute autre forme plastique, sera réalisée avec les
participants et encadrée par un artiste plasticien.
· Toute forme ou construction devra être conforme aux
conditions énoncées au présent cahier des charges.
c. Costumes
· Tous les participants doivent être
costumés.
· Toutes les personnes qui accompagnent les groupes
(encadrement, chauffeurs, conducteurs de char ou autres, porteurs, les
responsables de la régie, photographes...) doivent être
costumées en harmonie avec la Zinnode à laquelle ils
appartiennent sous peine d'exclusion le jour de la Parade.
d. Chars
· Le responsable de la Zinnode qui intègre un ou
plusieurs chars, doit s'assurer que l'ensemble des matériaux et
techniques utilisés (soudures, trains de roues, constructions,
décoration, ...) respecte les règles de l'art.
Si les techniques l'exigent, il sera fait appel à des personnes ayant
une compétence dans le domaine.
· Les chars qui portent des personnes
doivent faire l'objet d'une vérification
attentive et être munis de garde-corps. Toutes les
précautions doivent être prises afin d'éviter les
chutes.
· Le char comportera une plaquette de
reconnaissance mentionnant : le nom du char, le nombre de personnes
qui peuvent y monter, la charge maximale admise.
· Tous les organes de commande doivent
être facilement identifiables : peint dans une couleur
qui tranche avec le reste avec l'ensemble.
· Ils doivent être munis d'un dispositif de
freinage. Pour les structures ou petites ou légères, une
cale de bois (à mettre sous les roues) reliée par une
chaîne au char est acceptée.
· Chaque structure réalisée
nécessite le passage du responsable technique de la Parade
qui donnera un accord final pour l'autorisation de
sortie après réception de la fiche de conformité du char
signée par le responsable de Zinnode, de la police d'assurance et du
certificat de contrôle par un organisme agréé pour les
structures particulières.
· Chaque char ne dépassera pas une hauteur de 4,5
m et une largeur de 2,5 m.
· Tous les modes de traction sont autorisés à
l'exception de l'utilisation de moteurs à explosion et d'animaux
de trait.
4. Organisation
a. Répétitions
· Chaque Zinnode s'engage à participer au
moins aux deux répétitions générales
organisées par le Zinnopôle sur les sites prévus à
cet effet (site de l'école CERIA à Anderlecht, site de TOURS
& TAXIS à Molenbeek) les 17-18 avril & 24-25 avril
2004.
· Les sorties en rue à l'occasion de fêtes
locales, appelées soumonces (sorties préalables), sont
recommandées pour habituer le groupe au rapport au public. A cette
occasion la vitesse de déambulation, les repères visuels et
musicaux, les consignes doivent être strictement observés afin
d'en mesurer l'efficacité.
· Les répétitions, lieux, horaires ainsi
que les coordonnées du responsable des répétitions doivent
être communiqués à l'avance au coordinateur associatif du
pôle ainsi qu'à l'asbl Zinneke vzw.
b. Participation et encadrement
· Le jour Z chaque responsable de Zinnode doit organiser
les déplacements jusqu'au lieu de mise en place de la
Parade. Le déplacement des groupes doit se faire en transport en commun
dans la mesure du possible.
· Les enfants mineurs peuvent être
véhiculés par transports spéciaux
à condition d'en avoir fait la demande au pôle et
à l'asbl Zinneke vzw qui prendra en charge l'organisation globale de ces
transports. Ils doivent être accompagnés par un animateur ou un
responsable désigné à l'avance.
Les parkings individuels ne sont pas prévus. Seul un
parking est prévu pour les véhicules techniques. Ainsi que des
emplacements déterminés pour les structures et chars.
· Chaque groupe devra prévoir sa propre
équipe d'encadrement qui est identifiée lors de
la mise en place, du défilé et de la dislocation parmi lesquels
une personne est désignée responsable et son nom est
communiqué au pôle pour le 1er avril au plus
tard.
· Ces accompagnateurs seront garants de la bonne marche
des chars et des groupes à l'intérieur de la Parade. En
cas de besoin ils écartent cordialement les personnes du public
qui pourraient gêner la progression du cortège.
L'accompagnateur désigné responsable est en relation permanente
avec les régisseurs chargés de la logistique.
· Chaque participant se verra offrir une boisson au
départ et à l'arrivée ainsi qu'une collation à
l'arrivée. Des ravitaillements en eau seront également
prévus le long du parcours. Cependant, il est souhaitable que chaque
groupe prévoie un ravitaillement en eau qu'il dissimule
dans le décor de sa Zinnode. Au point de ravitaillement, une ou deux
personnes récoltent les bouteilles nécessaires à la
Zinnode qui continue sa déambulation sans interrompre son jeu
scénique (éviter les cassure et effets d'attroupements lors du
ravitaillement).
c. Sécurité des chars
· Chaque char doit être muni d'un
extincteur.
· Si un problème technique apparaît
pendant la durée de la Parade, le responsable de Zinnode dispose d'un
temps de 5 minutes pour procéder à une
réparation.
· Au-delà de ce temps, il s'engage à
évacuer le char ou la structure afin de permettre le passage du reste du
cortège. Les régisseurs présents le long de la Parade,
avec l'aide du responsable de Zinnode procèdent à la mise
à l'écart et l'évacuation.
L'asbl Zinneke vzw , ne pourra en aucun cas être tenue
responsable en cas d'accident dû au nonrespect des consignes de
sécurité ou au non-respect des directives.
d. Transport - Montage
· Chaque Zinnode doit prendre en charge et organiser les
transports jusqu'au lieu de mise en place.
· Dans le cas ou ceux-ci sont considérés
comme «convoi exceptionnel», le responsable de Zinnode le signalera
au pôle. L'asbl Zinneke vzw organisera ce déplacement et
introduira la demande d'autorisation auprès des services
compétents.
· Les montages et démontages sont pris en charge par
les Zinnodes.
Remarque : Toute intégration
à la déambulation de moyens de locomotion particuliers (rollers,
skate, vélo, trottinettes, caddies, chariots reconvertis, cuistax ...),
ainsi que leur mode d'intervention doivent être signalés et
acceptés par le responsable du support technique de la Zinneke
Parade.
e. Assurances
Chaque organisation prend les assurances nécessaires pour
le jour Z.
f. Animaux
Les animaux ne sont pas admis dans la Parade.
5. Autres
a. Sponsoring local
Les éventuels partenaires (publics ou privés)
d'un projet pourront apparaître sur demande du responsable de Zinnode,
dans le programme de la Parade. Dans un souci d'esthétique, ils ne
pourront en aucun cas figurer au sein du cortège sous forme de
bannières, banderoles, calicots, logos etc. Sur tout support, ils
doivent apparaître sous une forme hiérarchisée avec
l'ensemble des partenaires de la Parade.
b. Communication
· Chaque communication à propos du projet
mentionnera tous les soutiens publics, donc des deux Communautés
(brochures, affiches, flyers, sites web, appels à participation...).
· Les affiches locales qui avertissent des soumonces ne
porteront pas la mention « Zinneke Parade » sous forme de titre ou
d'annonce.
· La participation à la Zinneke Parade du 8 mai 2004
sera stipulée.
Le non respect du présent cahier des charges pourrait
entraîner l'exclusion ou la non participation à la Parade sur
décision du pôle, en concertation avec l'asbl Zinneke vzw.
Annexe 3 : exemple de convention entre le
zinnopôle
et l'asbl zinneke
Convention des missions de coordination
du Pôle de développement SUD OUEST
:
production et participation
- Zinneke Parade 2004 -
ENTRE
D'une part : L'association sans but lucratif asbl/vzw
Zinneke, dont le
siège social est établi à 1000 Bruxelles,
rue du Houblon 71, et
le siège d'exploitation au Centre Anspach, 1e
étage, Boulevard Anspach 30-36 à 1000 Bruxelles,
représentée par Messieurs Ali Benabid et Marcel
Rijdams, Présidents, et Monsieur Marcel De Munnynck, Directeur,
ci-après dénommée : « asbl/vzw
Zinneke »,
d'autre part : l'asbl Partenariat de Cureghem, dont le
siège social est
établi rue Van Lint 16 à 1070
Anderlecht,
représenté par VAN LOO Renilda,
administrateur-délégué ci-après
dénommé « BOUTIQUE CULTURELLE »,
et : Gemeenschapscentrum DE RINCK, dont le siège
est établi
à, Dapperheidsplein 7 à 1070
Anderlecht
représenté par XXXXXXX,
Président/Directeur (?)
ci-après dénommé « GC DE RINCK
»,
IL A ETE CONVENU : 1. Objet de la convention
L'asbl/vzw Zinneke confie les missions de production et
coordination de
participation du Pôle de développement SUD OUEST de
la « Zinneke Parade 2004 » à la Boutique
culturelle et au GC De Rinck.
Les missions de production et de coordination de la
participation sont définies à l'annexe 1 « Projet Zinneke
Parade - Spécifications pour la mission de production et de coordination
de la participation », qui fait partie intégrante de la
présente convention.
2. Exécution et
suivi
2.1. La Boutique culturelle charge VAN LOO Renilda de
cette mission, (qui donne délégation à Florian
Vanhagendoren).
Sans préjudice de l'article 10.1, en cas
d'empêchement de cette/ces personne(s), l'asbl/vzw Zinneke envisagera
avec la Boutique culturelle les modalités à suivre pour assurer
la bonne fin du projet.
2.2. Le GC De Rinck charge XXXXX (?) de cette mission,
(qui donne délégation à Katy Pylyser).
Sans préjudice de l'article 10.1, en cas
d'empêchement de cette/ces personne(s), l'asbl/vzw Zinneke envisagera
avec le GC De Rinck les modalités à suivre pour assurer la bonne
fin du projet.
2.3. De commun accord, les partenaires conventionnés
désignent la Boutique culturelle comme interlocuteur pour la
production.
2.4. La prise en charge de ces missions de coordination locale
se fait en étroite
collaboration avec la coordination générale prise
en charge par l'asbl/vzw Zinneke (voir aussi articles 5 et 6)
3. Durée de la convention
La collaboration entre les parties prend cours à la date
de la signature de la présente convention et prend fin le 31
décembre 2004.
La Parade se déroule sur les boulevards Anspach et
Lemonnier (entre le Place De Brouckère et Anneessens) à Bruxelles
le 8 mai 2004.
4. Planning des missions Le planning des
missions est défini dans l'annexe 2 « Calendrier ».
Si les circonstances le rendent nécessaire, l'asbl/vzw
Zinneke pourra adapter ce planning.
5. Moyens mis à disposition pour
l'exécution de la mission
Les moyens mis à dispositions des pôles de
développement sont de deux ordres :
- mise à disposition d'agents contractuels
subventionnés (ACS) accordé par
l'ORBEM dans le cadre de l'aide accordée par le
Gouvernement de la Région de
Bruxelles-Capitale, et
- soutien financier de l'asbl/vzw Zinneke.
5.1.Mise à disposition d'agents contractuels
subventionnés (ACS)
5.1.1. Le Gouvernement de la Région de
Bruxelles-Capitale, dans le cadre de sa politique d'insertion
socio-professionnelle (décision du 22/03/01), accorde dix agents
contractuels subventionnés (ACS) au projet « Zinneke Parade
>> pour les Pôles de développement, à charge de
l'asbl/vzw Zinneke de désigner les associations
bénéficiaires de ce soutien. Dans ce cadre, l'asbl/vzw Zinneke
désigne la Boutique culturelle et le GC De Rinck comme
bénéficiaires pour le Pôle de développement EST.
5.1.2.Comme prévu par l'ORBEM dans les conventions de
mise à disposition aux partenaires désignés, les agents
sont affectés au projet de la Zinneke Parade. Leur mission consiste
à développer et à pérenniser le projet Zinneke
Parade, dans le cadre de la politique du Gouvernement de Bruxelles-Capitale en
matière de revitalisation des quartiers pour le Pôle de
développement.
Conformément à la mission confiée par le
Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, ces agents travaillent
d'une part au sein de « l'équipe du Pôle de
développement >> (responsables de production, de coordination de
la participation et de coordination artistique), et d'autre part, les agents
font partie du réseau régional de développement mis en
place par l'asbl/vzw Zinneke.
5.1.3.Si l'asbl/vzw Zinneke constate qu'un agent n'est pas
affecté conformément à l'article 5.1.1 et 5.2.2, elle est
tenue d'informer l'ORBEM qui, de son côté, après
enquête par les services adéquats, peut mettre fin à la
convention de mise à disposition.
La mise à disposition prendra également fin de
plein droit dans l'hypothèse où le Gouvernement de
Bruxelles-Capitale modifierait sa décision du 22 mars 2001 d'accorder au
projet « Zinneke Parade >> deux ACS par Pôle de
développement.
5.2.Soutien financier de l'asbl/vzw Zinneke pour la
Zinneke Parade 2004
5.2.1.L'intervention financière de l'asbl/vzw Zinneke
pour la coordination du Pôle de développement répartie sur
les années 2003-2004 s'élève à un montant
forfaitaire, ferme, définitif et non sujet à révision de
:
-6.250 € (six mille cinq cents) pour la Boutique culturelle
et
-6.250 € (six mille cinq cents) pour le GC De Rinck,
qui sera répartis en trois tranches avec
déclaration de créances.
5.2.2. L'utilisation et les modalités d'attribution de ce
budget seront définies en concertation avec l'asbl/vzw Zinneke.
Ce montant est payable à chaque organisation en trois
tranches :
· une première tranche de 3.125 € (trois
mille cent vingt cinq euro) sera versée à la signature de la
lettre d'intention envoyée le 31/12/2003, après remise d'un
budget détaillé ;
· une seconde tranche de 2.500 € (deux mille cinq
cents euro) sera versée au plus tard le 30 avril 2004 ;
· une troisième et dernière tranche de 625
€ (six cent vingt cinq euro) sera versée après la remise
d'un rapport d'évaluation écrit de la réalisation du
projet et le contrôle du compte de résultat final sur base de
pièces justificatives, dont l'échéance est le 31
août 2004.
Une déclaration de créance certifiée
conforme et véritable devra être émise pour chacune des
tranches et portera la mention « Parade Zinneke 2004 - Pole SUD QUEST
- tranche n° xxx».
Elle sera payée par l'asbl/vzw Zinneke après
approbation du Directeur.
5.2.3. Si des investissements sont réalisés en
outillage lourd grâce à ce budget, ce matériel reste en
priorité à disposition du projet Zinneke Parade ; il doit pouvoir
bénéficier à l'ensemble des Zinnodes et des groupes,
même au-delà de la réalisation du 8 mai 2004
(redémarrage ateliers, nouveaux ateliers, réparations
constructions, etc.).
5.2.4. L'asbl/Zinneke se réserve le droit d'apporter
des modifications en fonction de la réalisation des engagements de la
part des pouvoirs publics et/ou des sponsors privés.
6. Devoir de collaboration entre les
parties
6.1. Toutes les parties sont tenues par une obligation de
collaboration sincère et
loyale dans le cadre de l'exécution de la présente
convention.
A cette fin, elles s'engagent notamment à s'informer
mutuellement de tout évènement ou de toute circonstance de nature
à avoir un impact, positif comme négatif, sur l'organisation
et/ou sur le déroulement du projet, et ce dès qu'elles ont
connaissance ou ont raisonnablement pu avoir connaissance de cet
évènement ou de cette circonstance.
Elles s'engagent également à s'apporter
mutuellement, lorsque les
circonstances l'imposent ou le rendent utile, aide,
coopération et assistance, dans les limites de leurs moyens.
6.2. Afin de faciliter la collaboration entre les parties, la
Boutique culturelle et le
GC De Rinck sont incluses dans l'organigramme mis en place par
l'asbl/vzw Zinneke.
La Boutique culturelle et le GC De Rinck s'engagent à
respecter le Cahier de charges établi par l'asbl/vzw Zinneke et assure
son respect par les promoteurs de projets de Zinnodes.
6.3. Le non respect par l'une des parties du devoir de
collaboration sera
immédiatement porté à la connaissance de
l'asbl/vzw Zinneke.
Si celle-ci constate que l'absence de collaboration
sincère et loyale est de nature à porter préjudice
à l'accomplissement des prestations faisant l'objet de la
présente convention, elle pourra, de plein droit et sans préavis
ni indemnité, mettre fin à la convention à l'égard
de la partie en défaut et à ses torts.
6.4. Le suivi du développement du projet sera
assuré dans le cadre de réunions de travail entre les parties ou
leurs représentants, notamment au sein du Groupe pilote,
constitué de l'équipe de l'asbl/vzw Zinneke en charge de la
coordination générale, des coordinateurs artistiques et des
responsables et délégués des missions de production et de
participation dans les Pôles de développement.
6.5L'état d'avancement du projet sera examiné
périodiquement dans les réunions du Groupe pilote, ainsi que lors
des réunions de travail provoquées par l'asbl/vzw Zinneke
(réunions de RéZeau, de Pôle, de communication, etc.). Un
bilan financier et un rapport moral et d'évaluation commun concernant
les activités du Pôle SUD OUEST et le développement du
projet seront remis l'asbl/vzw Zinneke pour le 31 août 2004 au plus tard
(conformément au Cahier de charges).
7. Promotion et communication du
projet
7.1. Le GC De Rinck et la Boutique culturelle doivent se
soumettre aux consignes de communication de l'asbl/vzw Zinneke, tout
particulièrement en ce qui concerne la visibilité du logo et de
la mascotte de la Zinneke Parade, des différents pouvoirs subsidiants,
d'éventuels sponsors et partenaires soutenant le projet.
7.2. Le GC De Rinck et la Boutique culturelle organiseront
leur communication en collaboration avec le responsable de communication
désigné par l'asbl/vzw Zinneke.
Ils informeront celui-ci et l'équipe de l'asbl/vzw
Zinneke au sujet des
démarches qu'ils comptent entreprendre et fourniront en
temps utile tout le matériel promotionnel nécessaire à la
communication du projet.
7.3. L'emploi des langues (français, néerlandais,
anglais) sera modulé en
fonction du public visé, des média utilisés
et de la nécessaire courtoisie linguistique.
8. Droits intellectuels et droits
voisins
8.1. En matière de droits intellectuels, de droits
d'auteurs, de droits de
reproduction d'oeuvres de toute nature (maquettes, esquisses,
dessins, plans, photos, vidéos...), la Boutique culturelle et le GC De
Rinck accordent à l'asbl/vzw Zinneke ou à tout tiers
désigné par elle le libre usage de tout texte, image ou autres
réalisés dans le cadre de ce projet.
8.2 L'oeuvre reste la propriété artistique du
créateur. Nul ne peut modifier ni
altérer le caractère de l'oeuvre sans l'accord de
son créateur.
Celui-ci cède uniquement un droit de reproduction,
d'utilisation à l'asbl/vzw Zinneke pour des objectifs promotionnels, de
communication, artistiques, éducatifs, liés au sponsoring ou plus
généralement dans le cadre de l'organisation et la promotion de
« La Parade Zinneke».
Cette utilisation ne donne lieu à aucun paiement
supplémentaire de droits d'auteur dans le chef de l'asbl/vzw Zinneke.
8.3. L'asbl/vzw Zinneke, la Boutique culturelle et le GC De
Rinck s'engagent à
mentionner dans toute parution ou publication publicitaire,
de communication ou autre, le nom de l'artiste créateur et/ou de l'asbl
partenaire.
9. Droits et responsabilités
9.1. La Boutique culturelle et le GC De Rinck assument seuls la
pleine et entière
responsabilité leur incombant en qualité de
coordinateurs du développement du projet de la Zinneke Parade du
Pôle de Développement EST, tant vis-à-vis du personnel, des
fournisseurs de biens, des prestataires de services intervenant dans
l'organisation et le fonctionnement du projet que de tous les tiers, en ce
compris les participants au projet liés au Pôle de
Développement EST.
Ils apporteront toutes les garanties nécessaires, en terme
de contrat souscrit et de primes payées.
9.2. La Boutique culturelle et le GC De Rinck prennent en charge,
chacun en fonction de ses prestations spécifiques, toute imposition, en
ce compris les
contributions directes et indirectes, accises et
rétributions.
Toutes les charges, coûts, amendes, directement ou
indirectement liées à l'organisation du projet du Pôle de
Développement SUD OUEST incombent dans leur intégralité
à la Boutique culturelle et au GC De Rinck, chacun en fonction de ses
prestations spécifiques.
9.3. La Boutique culturelle et le GC De Rinck sont seuls
responsables du respect
de toutes les dispositions légales applicables, et tout
particulièrement de l'obtention de toutes les licences et autorisations
requises.
9.4. La Boutique culturelle et le GC De Rinck s'engagent
à souscrire, le cas
échéant, les assurances nécessaires pour
le montage, le démontage, la maintenance, le transport et le stockage
des objets utilisés pour leurs prestations.
Ils s'engagent également à souscrire, le cas
échéant, les assurances nécessaires pour couvrir les
membres de leur association participant à leurs prestations durant les
répétitions et le jour de la parade. D'autre part, ils s'engagent
aussi à veiller au respect de l'obligation par les partenaires de
souscrire les assurances nécessaires pour couvrir leurs participants
respectifs (conformément le Cahier de charges).
9.5. L'asbl /vzw Zinneke ne couvrira en aucun cas les risques
éventuellement encourus par un des participants au projet de la Zinneke
Parade du Pôle de Développement SUD OUEST coordonné par la
Boutique culturelle et le GC De Rinck, en ce compris les mineurs d'âge,
les bénévoles ou tout autre travailleur.
L'asbl/vzw Zinneke ne pourra en aucun cas être tenue
pour responsable d'éventuels dégâts matériels ou
dommages corporels subis par les participants ou par le public par la faute de
la Boutique culturelle, du GC De Rinck ou de l'un de leurs membres.
La Boutique culturelle et le GC De Rinck abandonnent tout
recours à l'égard de l'asbl/vzw Zinneke en cas de litige
survenant avec des tiers à l'occasion de leurs prestations dans le cadre
du projet Zinneke Parade.
9.6. L'asbl/vzw Zinneke fait assurer sa responsabilité
d'organisateur général du
projet Zinneke Parade, notamment pour le jour de la parade, soit
le 8 mai 2004.
10. Résiliation de la
convention
10.1. Dans l'hypothèse où la Boutique
culturelle ou le GC De Rinck ne pourraient plus honorer leurs engagements, pour
quelle raison que ce soit, il sera mis fin à la convention, sans
indemnité, à l'égard du défaillant.
Préalablement à cette résiliation, les
parties s'engagent cependant à rechercher et négocier ensemble
une solution alternative à la résiliation, telle que la
nomination d'autres responsables au sein de l'organisation du
défaillant, afin de mener à bien la mission dans les
délais convenus.
10.2. Dans l'hypothèse où l'asbl/vzw Zinneke
serait amenée à ne pas réaliser le projet, pour des
raisons économiques, techniques ou en cas de force majeure, il sera de
plein droit mis fin à la convention.
La Boutique culturelle et le GC De Rinck présenteront
le décompte des dépenses encourues, en fournissant toutes les
pièces justificatives requises, et auront droit à une
indemnité de dédit correspondant au montant déjà
investi par eux.
Les travaux et les prestations déjà
effectuées seront honorés selon les modalités
prévues à l'article 3.
10.3. Dans l'hypothèse où les parties
mettraient fin à la convention pour des raisons indépendantes de
la réalisation du projet, les montants déjà honorés
sur base de la convention resteront définitivement acquis à la
Boutique culturelle et au GC De Rinck.
10.4. Quel que soit le motif de résiliation de la
convention, il est expressément convenu que chaque partie supportera
intégralement les charges encourues en suite des obligations
contractées et s'interdit de réaliser une plus-value au
détriment de ses partenaires.
En outre, la partie défaillante s'engage à
informer complètement la personne remplaçante ou
l'éventuelle association qui reprend sa mission, à lui
transmettre tous les documents et à lui communiquer tous les contacts
pris dans le cadre de cette mission.
11. Exécution et interprétation de la
Convention
En cas de contestation relative à l'exécution ou
l'interprétation de la présente convention, les parties
s'engagent à rechercher toute solution amiable.
En cas d'échec de celle-ci, seul les tribunaux de
Bruxelles seront compétents.
Fait en trois exemplaires à Bruxelles, le 15 avril
2004.
Pour l'asbl/vzw Zinneke, Pour la Boutique culturelle, Pour le GC
De Rinck,
Annexe 4 : définition des postes de producteur
et
coordinateur de participation
(annexe 1 de la convention précédente)
ANNEXE 1 - LE PROJET ZINNEKE PARADE 2004
- SPECIFICATIONS POUR LA MISSION DE PRODUCTION ET DE
COORDINATION DE LA PARTICIPATION
Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale,
considérant que la Parade Zinneke 2000 a démontré qu'elle
pouvait être un instrument important dans la revitalisation sociale de la
Région au travers de la participation de tous ses habitants à un
projet commun et fédérateur, a considéré qu'il est
indéniable que cet événement a un impact particulier sur
l'ouverture des habitants de la Région et particulièrement ceux
des quartiers les plus défavorisés à de nouveaux circuits
d'expression, pour permettre le développement et la pérennisation
du projet Zinneke Parade dans le cadre de sa politique en matière de
revitalisation des quartiers.
A. Le but de la mission de production
La production d'un pôle de développement comprend
toutes les démarches nécessaires à la
concrétisation des projets et idées, y compris les relations avec
les autorités publiques (y inclus les pouvoirs publics locaux), les
budgets particuliers et globaux, la recherche de moyens financiers, logistiques
et pratiques, la recherche et la gestion de lieux de travail et de
répétitions.
La production implique les tâches suivantes :
· Diriger et développer l'ensemble de la
production et de la réalisation du cortège du Pôle de
Développement en formant un groupe de travail avec les responsables de
réalisations des ateliers et en s'assurant des besoins en ressources.
Coordonner et superviser les différents responsables de production des
Zinnodes.
· Travailler en collaboration étroite avec les 3
coordinateurs artistiques et la coordination de la participation de son
pôle afin d'élaborer et d'assurer le cadre budgétaire,
logistique, technique, pratique et humain. Ensemble, ils proposent le projet
global de leur parade pour approbation au Groupe pilote.
· Planifier les actions du Pôle de
développement et établir des scénarios de
développement et de réalisation des projets en fonction des
moyens accordés.
· Rechercher et mettre en place, en collaboration avec
l'asbl/vzw Zinneke, des moyens humains, techniques, pratiques, logistiques et
financiers pour assurer
la concrétisation des projets du Pôle de
développement.
· Analyser la faisabilité budgétaire des
projets et s'assurer de la mise en cohérence avec les moyens
accordés ;
· Analyser la faisabilité et la
sécurité des projets avec le support technique (sur base d'un
dossier technique et des plans nécessaires) ;
· Gérer le budget du Pôle de
développement et répartir les moyens mis à sa disposition
par l'asbl/vzw Zinneke dans les Zinnodes en collaboration avec les responsables
artistiques et la coordination de participation du Pôle et l'asbl/vzw
Zinneke.
Ces différentes tâches s'étaleront du 1er
janvier 2003 jusqu'au 31 décembre 2004, incluant la date de la parade
prévue le 8 mai 2004 suivant le calendrier en annexe 2.
B. Le but de la mission de coordination de la
participation
La coordination de la participation comprend
l'information, la sensibilisation, la mobilisation et l'appel à projets
auprès des habitants, associations, groupes, écoles, institutions
et autres acteurs locaux. L'action consiste à favoriser et susciter la
collaboration entre les porteurs d'initiatives dans une perspective
d'appropriation collective du projet par toutes les composantes de la
population des quartier (de Bruxelles et au-delà).
· Développer et diriger l'ensemble des
démarches pour favoriser la participation dans le Pôle de
Développement en organisant de manière systématique des
rencontres, des réunions ouvertes, des appels à la participation
et au développement de projets divers. Le but de ces actions est
d'informer et mobiliser au maximum les habitants, le tissu socio-culturel,
social et artistique, les groupes, les écoles, les commerçants,
et autres acteurs locaux dans les quartiers autour du projet de la Zinneke
Parade.
· Travailler en collaboration étroite avec les 3
coordinateurs artistiques et la production de son pôle afin d'assurer une
participation diversifiée reflétant la réalité des
quartiers et de la ville. Ensemble, ils proposent le projet global de leur
parade pour approbation au Groupe pilote.
· Planifier les actions de participation du Pôle
de développement et établir des scénarios de
sensibilisation en fonction de la mobilisation. Ceci, aussi bien pour le
développement de projets de Parade que pour les animations de quartier
durant les sorties et le jour Z.
· Informer, soutenir, suivre et mettre en relation les
différents responsables d'associations et de groupes impliqués
dans les projets. Encourager et faciliter la coopération et
création de réseaux locaux.
· Assurer, en collaboration avec l'asbl/vzw Zinneke,
l'élaboration des projets
basés sur des réflexions inspirées de la
philosophie du projet Zinneke Parade et porteurs de sens vis à vis des
enjeux de développement des quartier et de la ville dans le Pôle
de développement.
· Vis à vis des porteurs d'initiatives :
-créer le cadre et contribuer à l'esprit de
création avec un(e) artiste réalisateur ;
-veiller à ce que les responsables assurent
l'encadrement du groupe, de ses participants, sa gestion financière et
sociale (des animateurs socioculturels doivent être à
côté de l'artiste pour gérer les dynamiques de groupes et
les problèmes plus individuels) ;
-veiller à ce que les groupes et organisations
s'allient à d'autres groupes pour créer des ateliers
multidisciplinaires, transversaux et solidaires.
· Analyser la faisabilité des collaborations pour
les projets et s'assurer de la mise en cohérence avec les
disponibilités et volontés des participants.
Ces différentes tâches s'étaleront du 1er
janvier 2003 jusqu'au 31 décembre 2004, incluant la date de la parade
prévue le 8 mai 2004 suivant le calendrier en annexe 2.
C. Fonctions de la BOUTIQUE CULTURELLE et du GC DE
RINCK
- la Boutique culturelle est l'interlocuteur pour la production
du Pôle de développement SUD OUEST, et
-le GC De Rinck est l'interlocuteur pour la coordination de la
participation du Pôle de développement SUD OUEST
constitué à ce jour des Zinnodes suivantes :
-ORDRE ET DESORDRE
-LE MONDE EST UN VILLAGE
-MOVIMIENTO DE IDA Y VUELTA
-RECIRQUL'AGE
-EVOLUTION@BRU.BE
-YAWAR
Annexe 5 : calendrier d'avancée du
processus
zinneke
(annexe 2 de la convention précédente)
Annexe 2 - Zinneke Parade 2004 -
Calendrier 3.2.Coordination du Pôle de
développement
4.Phases
|
5.Objectifs
|
Phase d'organisation 1. Janvier - Août
2003
|
· développement du concept artistique en
collaboration avec les coordinateurs artistiques
· développement d'une méthodologie pour la
participation des habitants, associations, groupes, écoles, autres
acteurs locaux
.recherche de moyens financiers, logistiques et pratiques
· contacts et appels à projets systématiques
auprès des groupes et organisations locaux
· développement et analyse des projets
.première sélection des projets
.première analyse situation budgétaire
· démarrage des ateliers
|
|
Phase de création
2. Septembre - Octobre 2003
3. Novembre -Décembre 2003
22 décembre - 5 janvier 2004 (Noël - Nouvel
an)
|
· démarrage des ateliers (suite)
sétablissement d'un plan de production global pour le
Pôle et les différentes Zinnodes
spoursuite recherche de moyens financiers, logistiques et
pratiques
· encouragement et facilitation de la coopération
entre groupes, organisations et institutions dans les projets communs,
création de réseaux locaux
.renforcement de la collaboration avec les responsables de
Zinnodes et mise en réseau (réunions rassemblant tous les
porteurs de projets)
· suivi des ateliers, soutien au développement des
projets et évaluation (participation, production, logistique, technique,
etc.)
sparticipation aux activités de communication
.accueil et intégration des dernières
initiatives/projets .finalisation des budgets de l'ensemble du Pôle
spremier soutien financier aux projets
.facilitation de l'organisation des stages intensifs
· établissement du premier rapport
intermédiaire en lien avec la coordination artistique
|
Phase de réalisation
4. Janvier - Mars 2004
23-29 février (congés de
carnaval)
|
· réalisation des projets (incl. constructions)
· évaluation des moyens disponibles et
annoncés et de la faisabilité des projets
· évaluation des coopérations en fonction de
la faisabilité des projets
· adaptation des projets et des collaborations en fonction
de ces évaluations
· recherche de moyens complémentaires
· soutien à la gestion des Zinnodes
· soutien logistique et technique des projets
· facilitation de l'organisation des stages intensifs
· négociations de sorties avec les organisateurs de
braderies, fêtes de
|
|
|
quartier et autres manifestations (incl. sur les plans
financiers, logistiques et organisationnels)
· assurer la communication sur le développement
des projets, les horaires et lieux d'ateliers, les répétitions,
les sorties ; fournir les descriptions des projets et les partenariats, ainsi
que tout matériel visuel (dessins, photos, vidéos, etc.) en vue
de l'élaboration du programme et de la communication auprès des
différents médias.
.définition et préparation logistique des
trajets
|
Phase d'exécution
|
|
5. Avril - 8 Mai 2004
|
· analyse de la faisabilité et la
sécurité des projets avec le support technique ; faire
agréer les chars
|
5 avril - 18 avril
|
· répétitions générales par
Pôle (dates cfr. Cahier des charges)
|
(congés de Pâques)
|
· finalisation mise en scène
|
|
· participation à la préparation de
l'organisation logistique du Jour Z
|
|
· mise en place de l'encadrement du cortège du
Pôle
|
|
· établissement des fiches techniques
|
6. Jour Z : 8 Mai 2004
|
· Zinneke Parade
|
Phase d'évaluation
|
|
7. Mai - Août 2004
|
· comptes et bilans de l'ensemble du Pôle ;
établissement d'un rapport moral et d'évaluation
définitif
|
|
· remise, entreposage du matériel
|
|
· gestion de l'exploitation de l'acquis (participation de
groupes Zinneke à des festivals, animations, spectacles...) et
maintien des ateliers
|
|
· recherche des moyens pour les ateliers créatifs
|
8. Septembre - Décembre 2004
|
· évaluation des retombées
|
|
· participation à l'effort de communication post
Parade
|
|
· préparation des actions à long terme ;
objectifs 2005-2006
|
|
Annexe 6 : les statuts de l'asbl zinneke
Zinneke
1170 Bruxelles
MODIFICATION(S) AUX STATUTS 'K'K'K TRANSFERT DU SIEGE SOCIAL
'K'K'K CONSEIL D'ADMINISTRATION
Publié le : 2001-05-03 N. 007802
Numéro de l'association : 219132000 No TVA ou no
entreprise : 472984173
Modifications aux statuts approuvées par les
assemblées générales des 18 septembre 2000 et 20 janvier
2001 :
TITRE Ier. -- Dénomination, siège social
Article 1er. L'association est
dénommée " Zinneke ". Son siège social est établi
en Belgique à 1000 Bruxelles, rue du Houblon 71; par décision du
conseil d'administration il sera transféré dans tout autre lieu
de la Région de Bruxelles. L'association peut établir des
succursales ou dépendances en tout autre endroit par décision du
conseil d'administration. Toute modification du siège social doit
être déposée dans le mois aux annexes au Moniteur belge.
Art. 2. L'association est constituée pour
une durée illimitée; elle débute aujourd'hui; elle peut
être dissoute à tout moment.
TITRE II. -- Objet
Art. 3. L'association a pour objet, à
l'exclusion de tout but lucratif, l'étude, de la promotion, la
diffusion, le développement et la recherche de la Zinneke Parade et des
activités qui y sont liées; les bases en sont
précisées dans sa charte. Elle gère les droits
afférents et est propriétaire du concept et de la marque. Elle
peut accomplir tous les actes se rapportant directement ou indirectement
à son objet. Elle peut notamment prêter son concours et
s'intéresser à toute activité similaire à son
objet. TITRE III. -- Membres
Section 1re. -- Admission
Art. 4. Le nombre de membres de l'association
n'est pas limité. Les premiers membres sont les fondateurs. Sont admis
comme membres associés les membres fondateurs et les personnes qui en
font la demande et qui, présentées par le conseil
d'administration sont admises par l'assemblée générale
à la majorité des membres
présents ou représentes. Seront aussi admis des
membres sympathisants qui verseront également leur cotisation ou soutien
financier sans pour autant accéder à la qualité de membres
associés.D'autres catégories de membres sont définies en
fonction des besoins du fonctionnement de l'association; ces personnes qui
désirent aider l'association ou participer à ses activités
doivent expressément adhérer aux bases de fonctionnement de
l'association (statuts, charte) mais aussi aux Droits humaines fondamentaux.Des
personnes seront choisies comme membres du groupe de conseillers scientifique
et artistique et du groupe de pairainage conformément à
l'organigramme et suivant son évolution.
Section 2. -- Démission, exclusion, suspension
Art. 5. La démission, la suspension et
l'exclusion des membres se font de la manière déterminée
par l'art. 12 de la loi régissant les a.s.b.l. L'inobservation des
prescriptions contenues dans les statuts, le règlement d'ordre
intérieur et la charte est un motif d'exclusion.
Art. 6. L'associé démissionnaire,
suspendu ou exclu, ainsi que les héritiers ou ayant droit de
l'associé décédé n'ont aucun droit sur le fonds
social. Ils ne peuvent réclamer ou requérir ni relevé, ni
reddition de comptes, ni opposition de scellés, inventaire.
Art. 7. Les membres de l'association n'encourent
aucune obligation personelle du chef des engagements de l'association.
TITRE IV. -- Cotisations
Art. 8. Les membres associés sont
astreints à une cotisation annuelle.
Art. 9. Le montant de la cotisation est
fixé par le conseil d'administration. Il ne devra pas excéder 500
francs par an. Les autres membres contribueront aussi à l'equilibre
financier de l'association par leurs contacts avec les autorités
publiques ou les organisations privées, apportant à l'association
le concours actif de leurs capacités et de leur dévouement.
TITRE V. -- L'assemblée générale
Art. 10. L'assemblée
générale est composé des membres de l'association. Parmi
les catégories de membres, seuls les membres associés ont droit
de décision; dans ce sens, l'assemblée générale est
souveraine. Les autres membres y sont invités avec voix consultative; un
temps de parole leur est consacré pour élargir les espaces de
réflexion et de réalisation. Il doit être tenu au moins une
assemblée générale par an au courant du troisième
trimestre. L'association peut être réunie en assemblée
générale extraordinaire à tout moment par
décision du conseil d'administration ou la demande d'un cinquième
des membres associés au moins. Chaque réunion se tiendra aux
jours, heures et lieux mentionnés dans la convocation. Tous les membres
associés doivent y être convoqués.
Art. 11. Les membres sont invités
à l'assemblée générale par lettre ordinaire
signée par le secrétaire au nom du conseil d'administration
envoyée quinze jours à l'avance. L'ordre du jour est
mentionné dans la convocation. Toute proposition signée par le
cinquième des associés doit être portée à
l'ordre du jour. Sauf dans les cas prévus par loi, l'assemblée
peut délibérer valablement sur des points qui ne sont pas
mentionnés à l'ordre du jour. Chaque membre associé par
procuration écrite. Un membre peut au plus représenter un autre
membre. Tous les associés ont un droit de vote égal, chacun
dispose d'une voix.
Art. 12. Les comptétences de
l'assemblée générale sont celles fixées par
l'article 4 de la loi du 27 juin 1921 ou les présents statuts.
Sont notamment réservés à sa
compétence :
les modificaitions aux statuts sociaux;
la nomination et la révocation des administrateurs;
l'approbation des budgets et des comptes;
la dissolution volontaire de l'association;
les exclusions d'associés.
Elle est présidée par le président du
conseil d'administration. Les résolutions sont prises à la
majorité simple des voix des associés présents ou
représentés. En cas de partage des voix, celle du
président ou de l'administrateur qui le remplace est
prépondérante.
Les décisions de l'assemblée générale
sont consignées dans un registre de procèsverbaux signés
par le président et un administrateur. Ce registre est conservé
au siège social où tous les membres peuvent en prendre
connaissance. Toute modification aux statuts doit être
déposée dans le mois aux annexes du Moniteur belge. Il en est de
même de toute nomination, démission ou révocation
d'administrateur.
Art. 13. Sous réserve des exceptions
prévues par la loi, l'assemblée générale se
réunit de plein droit si la moitié des membres associés
est présente ou représentée. Si l'assemblée ne peut
statuer valablement, une nouvelle assemblée convoquée selon les
mêmes principes pourra décider du même ordre du jour quel
que soit le nombre
des présents.
Art. 14. L'exercice social commence le 1er
janvier et se termine le 31 décembre de chaque année.
Art. 15. Chaque année, le conseil
d'administration est tenu de soumettre à l'approbation de
l'assemblée générale ordinaire les comptes et le bilan de
l'exercice écoulé, ainsi que le budget prévisionnel de
l'exercice suivant.
TITRE VI. -- Administration et gestion journalière
Art. 16. L'association est administrée
par un conseil d'administration composé de 5 membres au minimum et 10
membres au maximum. La durée du mandat est de trois ans, renouvelable.
Tout administrateur désigné à remplacer un administrateur
défaillaint termine le mandat de son prédécesseur. Les
administrateurs sont nommés par l'assemblée
générale en fonction de leur intérêt pour l'objet de
l'association. Ils peuvent être en tout temps révoqués par
elle. L'assemblée générale élit, parmi les
administrateurs, le président et le vice-président de
l'association. Le président ou, à défaut le
vice-président, préside l'assemblée
générale, le conseil d'administration et le bureau.
Art. 17. Le conseil d'administration choisit
parmi ses membres un(e) secrétaire et un(e) trésorier (ou
trésorière). Il constitue un bureau de 3 à 5 membres, dont
le président et le vice-président. Tous les pouvoirs qui ne sont
pas réservés par la loi ou les présents statuts à
l'assemblée générale ou au conseil d'administration
peuvent lui être délégués. Il constitue le contact
privilégié avec la cellule de réalisation et de
développement chargée de la gestion journalière.
Art. 18. Le conseil se réunit sur
convocation du (de la) présidente ou du (de la) secrétaire. Il
(elle) est cependant tenue de convoquer endéans les quinze jours le
conseil d'administration à la demande écrite et motivée
d'au moins deux administrateurs par lettre motivée. Les décisions
du conseil d'administration sont prises à la majorité absolue des
membres présents ou représentés par procuration
écrite. La majorité des membres doit être présente.
Quand il y a parité des voix, celle du (de la) présidente ou de
celui ou cele qui le remplace est prépondérante. Les
décisions sont consignées sous forme de procès-verbaux
signés par le président dans un registre spécial. Les
extraits qui doivent être produits et tous les autres actes seront
signés par le (la) président(e) et le (la) secrétaire. Le
conseil d'administration, sous réserve des pouvoirs qu'il
délègue au bureau, a les pouvoirs les plus étendus pour
l'administration et la gestion de l'association. Sont seuls exclus les actes
réservés par la loi ou les présents statuts
à celle de l'assemblée générale. Il nomme, soit
lui-même, soit par mandataire, tous les agents, employés et
membres du personnel de l'association et les destitue; il détermine
leurs occupations et rémunérations.
Art. 19. Délégation de gestion :
le bureau délègue la gestion des activités et des budgets
afférents aux responsables de la cellule de réalisation et de
développement dont il nomme les membres pour leurs qualifications afin
de remplir les fonctions ad hoc c'est-à-dire la réalisation de
l'objet de l'association, la Parade Zinneke et ses activités connexes,
avec usage précisé de la signature pour certaines dépenses
et engagements. Ces personnes sont en contact avec les partenaires
extérieurs dans le respect de la Charte Zinneke.
TITRE VII. -- Règlement d'ordre intérieur
Art. 20. Un règlement d'ordre
intérieur pourra être présente par le conseil
d'administration à l'assemblée générale. Des
modifications à ce règlement pourront être apportées
par une assemblée générale, statuant à la
majorité simple des associés présents ou
représents.
TITRE VIII. -- Dispositions diverses
Art. 21. Selon les possibilités
juridiques et suivant les souhaits de ses membres, l'association pourra se
transformer en association de droit européen (forme d'a.s.b.l.
internationale basée sur le droit belge) pour autant qu'elle poursuive
le même et défende la même philosophie en s'appuyant sur la
même charte.
Art. 22. En cas de dissolution de l'association,
l'assemblée générale agira selon les articles 19 et 20 de
la loi du 27 juin 1921. Elle désignera le ou les liquidateurs,
déterminera leurs pouvoirs et indiquera l'affectation à donner
à l'actif de l'avoir social. L'actif sera attribué de
préférence à une association dont les objectifs osnt
analogues. Ces décisions ainsi que les noms, profession et adresse du ou
des liquidateurs seront déposés aux annexes du Moniteur belge.
Art. 23. Tout ce qui ne serait pas prévu
explicitement aux présents statuts est réglé par la loi du
27 juin 1921 régissant les associations sans but lucratif.
Conseil d'administration
Ont donné leur démission en tant que membres du
conseil d'administration : Mirko Popovitch, président, Didier Schretter,
secrétaire.
Sont désignés comme administrateurs lors des
assemblées générales des 18 septembre 2000 et 20 janvier
2001 :
Président : Jean-Louis De Coen, rue Franz Merjay 97/2,
1050 Bruxelles. Vice-président : Marcel Rijdams, rue Van Artevelde
161/25, 1000 Bruxelles. Trésorière : Basma Ben Amar, rue de la
Prévoyance 60, 1000 Bruxelles. Secrétaire : Alain Degroot, avenue
Coghen 198, 1180 Bruxelles.
Membres :
Ali Benabid, rue du Greffe 16, 1070 Bruxelles.
Patrick Chaboud, rue Berckmans 35, 1060 Bruxelles.
Nik Honinckx, boulevard du Jubilé 65/7, 1080 Bruxelles.
Catherine Simon, avenue de l'Hippodrome 147, 1050 Bruxelles.
Thierry Van Campenhout, rue Louis Coenen 13c, 1060 Bruxelles. Anne-Sophie Van
Neste, place Saint-Géry 20, 1000 Bruxelles. (Signé) A. De
Groot,(Signé) J.-L. De Coen, secrétaire.président.
Annexe 7 : Zinneke Mémorandum pour une vile
cosmopolite
A l'origine de la mouvance Zinneke, et je ne parle pas que de
la Parade Z mais du projet Z dans son entièreté, il y avait
l'envie et la volonté de jeter des Ponts, des ponts entre cultures, des
ponts entre quartiers, des ponts entre hommes et femmes de toutes origines, de
toutes couleurs, réaliser des passerelles multiculturelles, des
synergies entre le monde social et le monde artistique, entre les quartiers
riches et pauvres, entre ceux qui ont du travail et ceux qui n'en ont pas.
Le projet Z est un projet de Ville, d'une autre ville, une ville
basée sur la rencontre, la fête, le respect des autres,
l'émancipation et la convivialité,
Aujourd'hui nous devons constater que ce projet de Ville
Conviviale, Ouverte, et Cosmopolite n'est pas toujours compris, n'est pas
toujours vécu, n'est donc pas suffisamment soutenu par les pouvoirs en
place qui ne semble pas encore véritablement rompre avec les
schémas sclérosés du 20ième siècle, bien
sûr il y a, heureusement, des exceptions, des gens qui voient claires et
nous les remercions ici de tout coeur. C'est grâce aux programmes de
Revitalisation des Quartiers que nous avons pu s'embarquer dans cette aventure,
Merci.
Ce manque de projet visionnaire, ce manque de courage, cette
pesanteur et lenteur quand il s'agit de soutenir des projets nouveaux nous rend
parfois furieux et à d'autres moments nous fatiguent mais nous restons
bien décidé de continuer et de ne jamais abandonner.
En 2000 on osait nous dire que nous étions des
irresponsables qui amenaient les kets des `'quartiers chauds» au centre
ville, entre-temps nous avons prouvé que nos kets sont capables
d'émerveiller cette ville et d'en être des citoyens fiers et
responsables, de participer à une nouvelle identité pour cette
ville,
Nous en avons marre d'entendre dire que la Parade coûte
trop cher pour un jour, la réalité est que plusieurs milliers de
Bruxellois participent, travaillent et apprennent ensemble pendant deux ans et
c'est ça le vrai sens et la valeur de notre projet. Le jour Z et la
Parade ne sont que la pointe du volcan, volcan qui reste actif, un feu continu
qui vie durant toute la biennale, pendant l'entièreté des deux
ans.
Nous en avons marre de ne pas être pris au
sérieux comme projet social artistique tandis que l'essentiel de notre
concept est de faire créer artistes et habitants ensemble,
d'expérimenter des nouvelles synergies, des nouvelles formules de vivre
ensemble.
Nous en avons marre d'entendre des discours prometteurs pendant
que la réalité sur le terrain ne bouge guère et qu'on
manque d'imagination pour y apporter la dynamique.
Nous en avons marre qu'on nous range sous le drapeau de
nouveau folklore et d'événement divertissant. Il est vrai que
nous avons été nommé Evénement culturel de
l'année 2000 et Ambassadeur du tourisme bruxellois en 2002; et nous
sommes heureux pour cette reconnaissance, merci, mais cela reste des titres
trop honorifiques.
Nous voulons démolir les murs fantômes qui tiennent
cette ville en otage, des murs entre francophones et néerlandophones,
entre allochtones et autochtones, entres les multiples minorités et la
majorité silencieuse, ses murs aveugles, invisibles, mais tellement
réels. Nous luttons à notre manière contre le racisme et
la xénophobie, contre la dualité entre une ville riche et des
quartiers laissés à l'abandon, pour une ville tolérante et
transculturelle.
Nous lançons ici un appel, un appel politique dans le sens
profond et noble du terme :
Nous demandons aux responsables de cette ville-région, aux
responsables de ce pays et de l'Europe et aux futurs responsables
(élections obligent) d'investir dans la convivialité, d'investir
dans les rencontres entre cultures, d'investir dans une approche transversale,
de dépasser les anciennes clivages,
bref d'investir d'avantage dans une ville Rayonnante et
Cosmopolite.
Nous demandons aussi à tous et à toutes les
Zinnekes qui aujourd'hui travaillent dans les pôles, dans les zinnodes,
dans les ateliers, qui travaillent partout à la Parade du 8 mai 2004 de
continuer, de surmonter les problèmes qui se posent, problèmes
inhérents à ce grand projet, problèmes qu'on a connu en
2000 et qu'on a connu en 2002 et qu'on espère ne plus connaître en
2006.
Bruxelles est le laboratoire de la société
de l'avenir et sera le modèle de demain.
Marcel RIJDAMS co président ZINNEKE Bruxelles le 7 avril
2004 jour Z - 30
Annexe 8 : quelques photos et illustrations.
Photo prises dans ma collection personnelle et donc
limitée au partie de la parade que j'ai pu voir (quand on est dedans, on
ne voit pas ce qui se passe à côté, c'est la grande
frustration des zinnekes).
Figure 1: atelier ouvert de danse
brésilienne
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Figure 2: atelier de création des accessoires de
la zinnode Ordre et Désordre
Figure 3: projet dessiné de la zinnode
E-volution@bru.be
Figure 4: répétition
générale de zinnopôle sud-ouest au CERIA
Figure 5:Préparation du zinnopôle sud-ouest
le matin du jour Z au Curohall
Figure 6: petit déjeuner au Curohall
Figure 7: moi-même,au curohall, prête
à passer à l'assaut des boulevards
Figure 8: Préparation de Ordre et
Désordre au Curohall
Figure 9: maquillage collectif au curohall
Figure 10: Préparation de Yawar au
Curohall
Figure 11: parade sud: la rébellion des
statues
Figure 11 : projet dessiné du
zinnovule
Figure 12: parade sud, le zinnovule
Figure 13: Black&White Band de la
zinnode
E-volution@bru.be
Figure 14: Ron Jaluai du zinnopôle
sud-ouest
Figure 15: percussionniste de la zinnode
E-volution@bru.be
Figure 16: chorale méli-mélo de la
zinnode
E-volution@bru.be
Figure 17: Giebus préparant le podium pour la
soirée du zinnopôle sud-ouest sur la place de
la vaillance
Figure 18: fin en beauté du jour Z pour le
zinnopôle sud-ouest
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