La participation est l'essence même de la Zinneke
Parade. En effet, sans participants, l'organisation aussi
élaborée soit-elle n'a aucun lieu d'être. A travers ses
nombreux partenaires de terrain, la Zinneke fait participer environ 3500
personnes plus toutes celles qui aident sans défiler. Une participation
donc assez conséquente. Cependant, quelques projets et ateliers zinnekes
souffrent d'un manque de participants et en particulier quand ils sont
créés spécialement pour la parade. En effet, les
associations qui orientent leurs ateliers dans une optique zinneke ont
généralement déjà un public fidèle avec
lequel ils se mettent d'accord sur cette participation à la Zinneke.
Cirqu'conflex par exemple a renouvelé son partenariat suite à la
demande de son public qui voulait renouveler l'expérience. Ce type
d'atelier a l'avantage d'exister hors de la zinneke donc il continue à
fonctionner indépendamment de la parade.
Par contre, les ateliers spécial zinneke sont souvent
ouverts sur une période limitée, généralement les
six à huit mois avant la parade. Ce côté temporaire
implique un effort d'approche renouvelé à chaque édition.
Il me semble en effet que l'arrivée dans un atelier est une étape
difficile à passer : non seulement il faut trouver des informations sur
les ateliers existants, choisir celui qui convient, concrétiser l'envie
de participer en se rendant réellement à l'atelier malgré
la crainte de l'inconnu et ensuite parvenir à s'insérer dans le
groupe en s'ouvrant à des inconnus, confronter
ses attentes avec la réalité de l'atelier pour
finalement décider de revenir. Toutes ces étapes, comme autant de
risques de laisser tomber, se retrouvent beaucoup moins lorsqu'on est
inséré dans l'atelier continu d'une association où l'on
retourne chaque année. Dans l'atelier ouvert, cette approche est
à refaire à chaque édition de la parade et on a chaque
fois un an et demi pour finalement décider de ne pas reparticiper.
Une fois arrivé à l'atelier, la qualité
d'artiste et d'animateur du meneur influence beaucoup l'envie de rester (Cf.
chap. 2.4). S'ajoute à cela l'aisance que l'on ressent avec les autres
membres de l'atelier fraîchement rencontrés, la
disponibilité pour revenir chaque semaine... Enormément de
paramètres jouent sur l'assiduité des participants et il ne m'est
pas possible de les étudier tous ici. Pour pallier à ces
difficultés de participation, les zinnopôles essaient de faire
continuer les ateliers zinnekes entre les parades, ainsi un groupe fort peut se
constituer et aucune pause trop longue ne vient remettre en cause son
existence. Plusieurs ateliers ouverts ont ainsi donné naissance à
des groupes soudés qui ne cessent de s'améliorer, ainsi la
bandaka (percussion et danse brésilienne) ou fanfarah par exemple durent
depuis 2000. Ces groupes spécialisés entrent d'ailleurs dans une
dynamique complexe à partir du moment où ils font des prestations
rémunérées pour différents
événements. La logique de base qui fait de la Zinneke un atelier
gratuit car les subventions rémunèrent l'artiste se transforment
en une logique plus commerciale où les participants se
considèrent comme artistes en prestation méritant
rémunération. Ce changement crée des tensions au sein du
groupe et emmène le groupe dans un mode de fonctionnement qui ne
correspond plus à la Zinneke et peut entraîner la fin du soutien
zinneke à l'atelier.
Contrairement à certains ateliers pour enfants, les
ateliers pour adultes ont cependant l'avantage d'attirer des gens qui
ressentent une réelle envie de participer. En effet, les ateliers
zinnekes pour enfants, spécialement dans les écoles, souffrent
d'un manque encore plus net de participants réguliers. Lorsqu'ils sont
organisés comme activités extrascolaires, donc en dehors des
horaires de cours, ces ateliers sont peu suivis par des enfants qui ressentent
une envie spontanée d'y participer mais plus par des enfants inscrits
par leurs parents. Et même lorsqu'ils se sont spontanément
proposés pour le stage, le déroulement de l'atelier à
l'heure de la garderie les laisse chaque semaine devant le choix entre suivre
l'atelier ou jouer dans la cour. Un atelier est d'ailleurs d'autant plus
difficile à mener si le public n'est
pas régulier. Il semble en fait que les ateliers dans
les écoles ne fonctionnent que lorsqu'une autorité propre
à l'école, et reconnue comme telle par les enfants, participe au
projet. Ainsi, les ateliers organisés avec le soutien d'un professeur ou
d'un éducateur et de préférence aussi l'appui de la
direction ont nettement plus de chance d'aboutir que ceux qui ne profitent
d'aucun soutien intérieur. Ainsi, les différents ateliers
lancés dans les écoles par le zinnopôle sud-ouest pour la
zinnode
E-volution@bru.be ont tous
échoué par manque de public et on constate qu'aucune personne de
l'école n'a soutenu le projet.
Une autre source d'échec est l'inscription d'un groupe
à la Zinneke sans demander l'avis des participants. Ainsi, en 2002, un
groupe de jeunes filles a été amené à faire de la
scénographie alors que toutes étaient bien plus
passionnées par la danse version star académie. Suivant l'atelier
avec bien peu d'enthousiasme, elles ont fini par déambuler sans les
objets qu'elles avaient fabriqués, les trouvant trop ringards. Il semble
évident que si on leur avait posé la question, elles auraient
choisi de faire un atelier de danse qui les aurait beaucoup plus
intéressées108.