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Activités rurales et patrimoine ligneux: implication des populations, enjeux et perspectives de gestion dans la communauté rurale de Koussanar (département de Tambacounda au Sénégal)

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par Elias THIAM
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Maitrise 2006
  

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« Les problèmes d'environnement se rencontrent, bien entendu, au niveau de la famille (hygiène et santé, nutrition, chauffage, etc.), au niveau local (village, district, municipalité) et enfin au niveau national, régional et mondial.

C'est à chacun de ces niveaux que les problèmes d'environnement doivent trouver leurs solutions. Pour cela, il faut informer et éduquer les personnes, améliorer les lois et les institutions, élaborer des politiques nationales et conclure des accords régionaux et mondiaux. »

-Raymond J. Penn, expert conseil auprès de la FAO

1

DEDICACES

L'avenir de l'Afrique est entre les mains de sa

jeunesse !

A tous les chercheurs qui croient à la réhabilitation de l'Afrique en général et du Sénégal en particulier.

A tous ceux qui s'engagent à découvrir les mystères liés au sous développement, à transformer nos "prétendus" handicaps en forces.

A mes courageux père et mère aux qualités légendaires

A mes grands pères El hadji Doundou Dème, Abdou Karim Thiam et Ibrahima Thiam très tôt disparus

A la mémoire de mes grand' mères Maty Thiam, Codou Thiam, Haby Anne et Koukou, arrachées à notre affection.

Que la terre de Koussanar leur soit légère.... Amen !

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Remerciements

Louanges à DIEU, le tout puissant, qui nous a donné l'immense faveur de réaliser ce travail dans la santé, la paix et la quiétude. Paix et salut sur le prophète MOUHAMAD qui nous a permis d'acquérir la culture islamique.

Je remercie avant tout ma mère (Kotowo Dème), mon père (Moustapha Thiam), mes oncles (Djibril Dème et Abdoul Djibril Ba) mon homonyme (Elias Azar) et son épouse (Samira) qui n'ont ménagé aucun effort pour nous inculquer la bonne éducation et nous soutenir aussi bien moralement que matériellement. Nous leur sommes redevables pour tous les sacrifices qu'ils ont consentis en vue de nous mettre sur la voie du succès.

Nous associons ensuite à nos remerciements Monsieur Boubou Aldiouma Sy pour avoir accepté l'encadrement de ce mémoire de maîtrise. Il a toujours fait preuve de sociabilité, de pédagogie, de probité intellectuelle et de rigueur. Il nous a permis de comprendre que le chercheur, géographe en particulier, doit être à la fois ambitieux et modeste.

Nous exprimons également notre gratitude et nos reconnaissances à Messieurs Oumar Diop, Serigne Modou Fall, Maouloud Diakhaté, Adrien Coly, Mamadou khouma qui ont bien réussi leur mission d'enseignants -éducateurs à travers leurs soutiens, leurs conseils, leurs orientations et suggestions.

Mention spéciale à M. Coly (SODEFITEX de Tamba) pour son assistance technique et sa disponibilité à propos de l'informatique. Nous ne saurions sortir de ce domaine sans citer M. Dieng, qui nous a initié aux logiciels MapInfo et ArcView, lesquels ont été d'une grande utilité dans la représentation cartographique des données.

Nos remerciements vont aussi à M. Niang Top (brigade forestière de Koussanar), un exceptionnel collaborateur, M. Ndiaye (sous préfecture de Koussanar), M. Diop (C.A.D.L) pour avoir accepté volontiers de partager leurs expériences de terrains et les informations à leur disposition.

Nous associons aussi nos parents/tuteurs de Saint-Louis (Mactar Sow et sa famille) pour leur hospitalité légendaire. Parmi eux, je citerai ma tante Haby Ba et mon cousin Malick Sow.

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Nous saluons la relative disponibilité et l'ouverture des populations enquêtées dont la collaboration nous était indispensable.

Enfin, nous remercions très sincèrement: Nos parents (Bineta Diallo,Sadio Aliou Thiam, Néné Coulibaly, Kadiatou Kébé, Amsatou Thiam, Bouky Thiam, Bamby Ba, Dioumo Sow, Maye Ndour, Dièynaba Dème, Codou Dème, Vieux Diop,..), frères (Abdou K. Thiam, Kalidou Thiam, Mamagorko Thiam, Massamba Thiam, Alpha Thiam, Hadji Thiam, Lamine Thiam, Khoureichi Thiam, Tapha Thiam, Cheikh Oumar Thiam...), soeurs (Amy Kollé Ndao, Sophie Thiam, Mary Thiam, Diodo Thiam, Néné Thiam, Amy Thiam, Amsatou Thiam, Fama Ndao, Ndèye Ndao...), cousins (Diang Diallo, Papa Doudou, Mallé, Moussa Diallo, Aboubakry Sow,...) et cousines (Adama Diop, Fandoye Diop, Lika, Dièynaba Diallo, Ndèye Sow, Boundao, Adja, Anta... ) ;

Tous nos amis (l'inamovible Samba Diallo et l'infatigable Abdoulaye Ndao, le magnanime Abou Dème et le très ouvert Abdoulaye Ndiaye, Arouna Dème, Omar Dème, Omar sakho, Hamet Ndiaye, Bill, Malick Diouf, Aliou Diouf, Bass Ndiaye, Moussa Sakho, Malick Diallo, Amadou Sakho, Sékou Traoré, Moussa Sow, M. Ndiaye, Amadou Dème, Kissima Ndiaye, Sène tailleur, Adama Ndiaye, mon aimable nièce Khady Thiam, Néné Ndao, Sina Oualy, Amy Ndiaye...)

Tous les membres de l'association des étudiants ressortissants de Tamba à Saint-Louis (A.E.R.T.A.S). Entre autres je citerai Moussa Thiongane (la providence), Hamidou Baucoum, Pathé Ndao, Fodé B. Konaté, Fama Johnson Ndiaye, Oumy Camara, Ndèye F. Guèye, Ndèye D. Ba, Bourel, Aminata Kane, Adam Badiane, Fanta Ndao, Seynabou Sarr, Mamy Ndoye, Mamadou Lamine Sané (l'inaltérable),Abass Aidara (le sage), Cheikh Camara (the englishman), Massouka, Abdou Aziz Badji, Laye Dièye Fall, Pape Niang, Ousmane Diallo, Ibou Dia, etc.

Nos camarades de promotion Fall, Labaly Touré, Ibrahima Wone, Ousmane Faye, Ousmane Diaw, Karim Camara, Mouhamadou L.A.L.Ndiaye, Cheikh Lamine Laye, Djibrirou D. Ba, Dioncounda Waly, Demba N. Ndao, Aliou Ba, Voiz Mambaye Coulibaly,... Nous évitons de poursuivre l'énumération de peur d'en omettre beaucoup. En somme, notre reconnaissance va à tous ceux ou celles qui, de près ou de loin, par leurs actes ou leurs propos, consciemment ou inconsciemment, ont contribué à la réalisation de ce travail d'étude et de recherche (TER).

4

SOMMAIRE

Dédicace

 
 
 

..1

Remerciements

 
 
 

...2

Sommaire

 
 
 

4

Liste des sigles et acronymes

 
 
 

.5

Glossaire

 
 
 

....6

Introduction: contexte géographique de l'étude

 
 
 

...7

Problématique

 
 
 

..11

PREMIERE PARTIE:Espaces et sociétés:le

cadre

physique

et

socio-

économique

 
 
 

.18

CHAPITRE I: Le cadre physique ..19

CHAPITRE II: Environnement et dynamique socio-économique ..33

CHAPITRE III: L'exploitation forestière, une soupape de sécurité pour la population

locale et une bombe environnementale ..48

DEUXIEME PARTIE:Gestion durable des ressources naturelles: portée et

limites de la décentralisation 61

CHAPITRE IV : Le patrimoine ligneux : tableau des contraintes ..62

CHAPITRE V : Décentralisation et développement local 68

CHAPITRE VI : Vers une meilleure prise en compte de l'environnement et des

ressources naturelles

75

Conclusion générale

.82

Bibliographie

85

Liste des figures et tableaux

88

Table des matières

89

Annexes

93

5

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMMES

ASECNA: Agence de sécurité pour la navigation aérienne.

CADL: Centre d'Appui au Développement Local.

C.E.R.P: Centre d'Expansion Rural Polyvalent.

C.I.V.D: Comité Inter Villageois de Développement

C.R: Communauté Rurale ou Conseil Rural

C.S.E: Centre de Suivi Ecologique

C.V.D : Comité Villageois de Développement.

C.T : Continental Terminal.

D.R.D.R : Direction Régionale de Développement Rural.

F.C: Forêt Classée.

F.E.M: Fonds pour l'Environnement Mondial.

F.I.T: Front intertropical.

G.I.E: Groupement d'Intérêt Economique.

G.L.P: Groupement Local de Production.

H.R: Humidité Relative

M.A.R.P: Méthode Active de Recherche Participative

P.D.E.S.O: Projet de Développement de l'Elevage au Sénégal Oriental.

P.L.A.E: Plan Local d'Action pour le Développement.

P.L.D: Plan Local de Développement.

T.E.R: Travail d'Etude et de Recherche.

P.N.I.R: Programme national d'infrastructures rurales

U.C.A.D: Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

U.G.B: Université Gaston Berger de Saint-Louis.

U.I.C.N: Union Mondiale pour la Conservation de la Nature

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GLOSSAIRE

Aménagement: Mise en oeuvre d'un ensemble de règles et techniques dans une formation forestière en vue de sa restauration ou d'une amélioration de son rendement.

Amodiation: Acte juridique relevant des compétences de l'Etat qui concède des droits de chasse à un tiers moyennant des ressources financières.

Audiences publiques: Système organisé permettant à la population d'être une partie prenante dans le processus de prise de décision.

Capacité de régénération: Aptitude d'une espèce végétale à retrouver son état initial après une coupe. Elle est variable en fonction des espèces : forte chez les combrétacées, faible chez Cordyla, Bombax et Pterocarpus.

Compétence: Pouvoir conféré à une autorité ou un organe de décider sur telle ou telle matière. Les collectivités locales ont cette attribution.

Déboisement: Destruction d'une formation forestière sans mise en valeur agricole ultérieure.

Décentralisation: Politique consistant à conférer des compétences hors du centre où elles sont traditionnellement exercées.

Désenclavement: Action destinée à rompre l'isolement des zones vouées à la stagnation économique à cause principalement de l'évolution des techniques ou des conditions physiques difficiles.

Développement durable: Développement fondé sur la trilogie croissance économique, respect de l'environnement et progrès social.

Ferrugineux: Catégorie de sols des régions tropicales à longue saison sèche. Ils sont riches en sesquioxydes de fer avec des argiles présentant une certaine proportion de kaolinites.

Foncier: Cadre dans lequel la terre acquiert une valeur marchande. Elle est transformée en terrain, sol, etc. reproductibles, amendables, extensibles et échangeables.

Révolution: Dans un système de rotation, c'est la durée indispensable à la première partie d'une forêt déjà exploitée pour se régénérer.

Introduction:Contexte géographique de l'étude

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Finistère ouest africain, le Sénégal est situé entre 12°30-16°30 nord et 11°30-17°30 ouest. Il s'étend sur plus de 197 000 km2. Dans la poursuite de la décentralisation engagée depuis l'indépendance du pays, ce territoire se subdivise aujourd'hui en 11 régions administratives1 dont la plus vaste et l'une des plus sollicitée en matière de ressources naturelles est celle de Tambacounda.

Elle couvre plus du 1/4 de la superficie totale (59602 km2) mais est faiblement peuplée (moins de 10 habitants/km). Elle a une frontière commune avec le Mali à l'est, la Gambie à l'ouest et la république de Guinée au sud.

Koussanar est un arrondissement du département de Tamba. Il s'étend sur 3047 km2 pour une population estimée à 33640 habitants, soit une densité moyenne de 08 habitants/km2 en 2002. Avec un total de 160 villages, l'arrondissement se caractérise par une forte concentration notamment dans la zone sud au niveau des chefs lieu éponymes des deux communautés rurales de Sinthiou Malème et Koussanar qui la composent.

La dernière couvre 1840 km2 (PLD, 2004) et comporte plus de 16000 habitants répartis dans 92 villages.

Elle est limitée à l'est par la communauté rurale de Sinthiou Malème et arrondissement de Goudiry, à l'ouest par l'arrondissement de Koumpentoum, au nord par le département de Ourossogui (Matam) et au sud par l'arrondissement de Maka Coulibantan (voir figure 1)

1 celle de Matam s'ajoute en 2001 aux 10 déjà existantes

Figure 1 : Carte de situation de la communauté rurale de koussanar

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Réalisée par Thiam E., d'après la base de données de la SODEFITEX de Tamba

La communauté rurale de Koussanar (CRK) se localise dans la zone soudano-sahélienne marquée par une pluviométrie très variable (400 á 1000mm) et une forte chaleur. On y distingue une saison sèche allant de novembre à mai et une saison pluvieuse de juin à octobre. Dans la seconde partie de la saison sèche, la localité subit les effets desséchants de l'harmattan et connaît des températures très élevées pouvant dépasser 40°C dans la journée. En plus, des alizés continentaux (vents de sable assez forts) soufflent de mars à mai. Les températures minimales sont enregistrées de novembre à février.

La spécificité géomorphologique de la communauté rurale (CR) est liée à la platitude du relief. En fait, les paysages de la région de Tamba sont variés et se développent sur un relief tabulaire. Le Sénégal Oriental appartient dans sa partie ouest (y compris la communauté rurale de Koussanar) au bassin de la Sénégambie. Il est possible d'y observer quelques dépressions constituées de mares et de cours d'eau saisonniers tarissant dès décembre : Sandougou, Wouro Séno, Bohé Balédjé, etc. Notons que les eaux souterraines sont essentiellement maestrichtiennes. Cette évolution d'ensemble fait appel à une certaines période de l'histoire terrestre notamment le quaternaire.

Du point de vue phytogéographique, on y retrouve une végétation forestière favorisée par les conditions climatiques locales. Elle est constituée d'une diversité d'espèces sahélo- soudaniennes. Cependant, elle n'est pas homogène dans la mesure où les activités rurales (agriculture, élevage, exploitation forestière,...) et les feux de brousse l'ont beaucoup dégradée.

Le peuplement de la communauté rurale est récent. A travers nos enquêtes sur le profil historique de la zone, nous nous sommes rendu compte que les premiers occupants se seraient installés vers la fin du XIXè siècle. Ceci est confirmé par la Méthode Active de Recherche Participative (M..A.R.P) réalisée à Dawady et à Koussanar par DGL/FELO.

La répartition ethnique est dominée par les peuls (plus de 50%), les mandingues (plus de 30%), les bambaras (environ 7%) et les wolofs (moins de 4%), le reste étant constitué de minorités koniaguis, sérères, etc. (PLD, 2004). Par ailleurs les peuls et les mandingues occupent respectivement la zone nord et celle sud. Les premiers occupent des espaces moins peuplés2 que les derniers.

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2 en quête de grandes surfaces pour les besoins de pâturage

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Les bambaras se seraient installés durant la construction du chemin de fer Dakar- Bamako tandis que la présence des wolofs est justifiée par des besoins de commerce et d'agriculture. Aujourd'hui, la population est en constante augmentation à la faveur de la forte natalité et des migrations (mouvements externes) ; l'émigration n'y étant pas très significative.

Sur le plan religieux, l'Islam domine, suivie du christianisme (moins d'1% de la population) et des animistes.

Les principales activités des populations sont polarisées par le secteur primaire : l'agriculture, l'élevage et l'exploitation forestière (de plus en plus explosive). Le secteur secondaire n'est pas représentatif des activités économiques de la communauté rurale. On n'y retrouve aucune unité de transformation ou de conservation pouvant jouer un rôle décisif dans l'essor économique local. Quant au secteur tertiaire, il est aussi affecté que le dernier en raison non seulement du faible poids politique de la zone mais aussi de la vétusté des voies de communication (si elles existent). L'économie informelle s'y développe à travers les marchés hebdomadaires du vendredi à Koussanar et du mercredi à Dawady.

Les conditions pluviométriques et les types de sols confèrent plusieurs possibilités agricoles et d'élevage combinées avec les avantages qu'offre la forêt. La population, de plus en plus nombreuse et en général vivant en dessous du seuil de la pauvreté, tire l'essentiel de ses revenus des privilèges que lui offre la nature. Par conséquent, le patrimoine ligneux se trouve affecté par ces différentes activités sans oublier les dommages causés par les feux de brousse.

En ce sens, conscient que le développement local est un moyen efficace de relayer les grands choix nationaux par des politiques locales plus fines et mieux adaptées, l'Etat, à travers la loi 96 07 du 22 mars 1996, a consacré le transfert d'importantes compétences aux collectivités locales en matière environnementale. L'octroi de ces responsabilités nouvelles aux élus locaux passe par une médiation technique et une assistance politique afin qu'on puisse combiner l'efficacité économique au respect de l'environnement et au progrès social.

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PROBLEMATIQUE

1 - Justification de l'étude

Le monde connaît aujourd'hui une explosion démographique favorisée par les progrès techniques et sociaux, engendrant une concentration de populations dans les zones où les services sont plus facilement accessibles. Dans les zones soudano-saheliennes africaines d'une manière générale et dans les pays sous développés comme le Sénégal en particulier, où l'essentiel de la population active tire ses ressources du secteur primaire (près de 70%), ce phénomène se traduit par une demande accrue en produits de campagne drainés vers les villes, donc une plus grande sollicitation du milieu naturel.

Dans la communauté rurale de koussanar, la majorité de la population se localise au sud où elle est attirée par les facilités d'écoulement des produits agricoles et forestiers. Or, dans le contexte des environnements semi-arides, les écosystèmes sont, à long terme, vulnérables et fragiles. Ils peuvent connaître des mutations (qu'elles soient d'origine climatique ou anthropique) pouvant porter atteinte à leur survie (wade, 2003). La menace de dégradation est une réalité dans cette zone où la commercialisation du bois de chauffe, l'exploitation du charbon de bois, les pratiques paysannes, l'élevage, etc. pèsent lourdement sur l'évolution du patrimoine ligneux.

Les facteurs de dégradation de la végétation de cette zone sont identifiables á travers :

- la péjoration du climat qui a des incidences sur la dynamique environnementale et porte atteinte à la production agricole, d'où une nouvelle pression sur la forêt. La dégradation des sols est consécutive à cette tendance ;

- l'augmentation de la population a pour corollaire le développement des activités rurales (défrichement, cueillette, utilisation du bois de chauffe,...), ce qui entraîne une intensification de l'exploitation du couvert végétal déjà fragilisé ;

- le faible revenu des communautés qui survivent grâce aux avantages que leur offre la

forêt.

En somme, la CR de Koussanar a un grand potentiel agricole et pastoral ainsi que de ressources forestières. La tendance à l'urbanisation du village centre éponyme et la

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présence de voies de communication (aussi impraticables soient-elles) expliqueraient en partie la concentration de la population dans ce secteur

Le milieu naturel fait l'objet de multiples usages, induisant des enjeux notables quant à l'occupation de l'espace et la mise en valeur rationnelle de la ressource.

Les études menées dans la zone sont limitées.

Les rares travaux que l'on y retrouve sont sectoriels et ne s'intéressent pas totalement aux enjeux lies aux activités rurales en général et à l'exploitation forestière en particulier. Ils ne donnent pas la possibilité de comprendre la gestion du patrimoine ligneux, les implications à long terme des mutations de l'environnement et notamment les interactions entre les différentes composantes de ce système .Or, la prise en compte de la dynamique naturelle et anthropique est nécessaire. Malick Sada Sy, dans le cadre de son mémoire de maîtrise en 2001, a travaillé sur : potentialités et exploitation de la gomme stercula setigera dans la communauté rurale de koussanar. Il a mis l'accent sur la distribution spatiale de l'espèce et l'organisation de son exploitation. Il insiste surtout sur l'aspect économique de cette activité. La même année, par le truchement de son mémoire de D.E.A, intitulé : rôle de l'encadrement et des associations d'autopromotion paysanne dans la communauté rurale de koussanar, Adja Léna Ngom a souligné les problèmes et les acquis de la zone en matière de décentralisation .Toutefois le volet gestion des ressources naturelles et particulièrement de la végétation n'a été que sommairement étudié. Ibrahima Ndiaye a réalisé en 2000 un rapport d'étude sur les systèmes de production agro-pastoraux et les revenus ruraux au nord de koussanar. Il a aussi fait une approche plus économique qu'environnementale en s'appuyant sur l'évolution de la ruralité de la zone. Les limites de ces travaux par rapport à notre étude sont perceptibles à travers le fait qu'ils ne prennent pas en compte les fondements de la pression anthropique sur la végétation. En outre, ils ne soulignent pas la place qu'occupe cette dernière dans les actions menées par les acteurs institutionnels dans un contexte de décentralisation.

Notre Travail d'Etude et de Recherche se propose de contribuer à l'enrichissement de la connaissance dans ce secteur en s'appuyant sur les études antérieures et la dynamique actuelle. Il est axé sur la gestion durable du patrimoine ligneux fortement entamé par l'agriculture, l'élevage et surtout l'exploitation forestière. Cette dernière est définie comme les modes de mise en valeur des ressources végétales d'une localité (technique et structure) et les unités de production (G. Pierre, Fernand Verger, 1970). « Elle va du ramassage du bois á la cueillette. L'exploitation du

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bois est pratiquée par les coopératives, des sociétés et des particuliers venus pour la plupart d'autres contrées » (Sy. M.S, 2002). La population locale se situe à la base de ce système d'exploitation et de commercialisation.

Dans la conduite de ce travail, nous formulons les hypothèses suivantes :

2 - Hypothèses

Elles sont au nombre de deux :

Hypothèse 1: la communauté rurale de Koussanar est un espace soumis à des conditions physiques, politiques et sociales qui influencent fortement l'état du patrimoine ligneux. Ces facteurs déterminent l'intensité de la pression (variable selon les activités et les espèces) exercée sur celui-ci.

Hypothèse 2: la gestion durable du patrimoine ligneux fait face à des contraintes liées au manque de collaboration entre les différents agents de développement et à un désintéressement de la part de la population locale contrairement au principe de participation que prône la décentralisation.

Le milieu physique ne peut être appréhendé en dehors des personnes qui y vivent avec des pratiques, des croyances, des cultures et des objectifs fondamentalement divers et complexes. Elles produisent l'environnement, le reproduisent en le transformant (R brunet...) sans nécessairement le dégrader

3 - Les objectifs de l'étude

Les objectifs assignés à ce travail tournent essentiellement autour d'une meilleure compréhension des espèces forestières de la communauté rurale de Koussanar, de la fonction qu'elles remplissent sur le plan physique et social en vue de leur gestion durable.

La finalité est de :

- analyser les particularités physiques et humaines de l'espace. Cela permettra d'appréhender les motivations sociales de l'exploitation abusive de la ressource ainsi que l'évolution naturelle du milieu ;

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- identifier les différentes activités rurales et leur répartition dans l'espace voire leur évolution dans le temps afin de mieux les cerner et les rendre formelles et profitables à la communauté ;

- comprendre les politiques de décentralisation et analyser leurs forces et cerner leurs lacunes.

Ce travail aurait atteint son objectif s'il peut être mis à la disposition des autorités compétentes en vue d'aider à orienter et/ou corriger les prises de décisions dans la manière de gérer les ressources naturelles.

4 - Méthodologie

Dans ce contexte de décentralisation, les investigations allant dans ce sens sont nombreuses et tentent d'apporter leur contribution à la gestion des affaires, d'où des visions parfois différentes. En fait, la sauvegarde des ressources naturelles est au centre du débat. Elles sont très sollicitées dans nos pays sous développés alors que les conditions physiques, climatiques se dégradent.

Le développement d'une telle problématique nécessite un travail minutieux d'acquisition, de croisement, d'analyse et de traitement d'informations afin de produire des résultats fiables et aussi pertinents que possible.

A cet effet, des structures de recherche comme le Centre de Suivi Ecologique (C.S.E), le Programme Sénégal Oriental (P.S.O), l'Agence National de Conseil Agricole et Rural (A.N.C.A.R), le PROGEDE, la SODEFITEX, et le service des eaux et forêts de Tamba, la brigade forestière, la sous préfecture et le C.A.D.L de Koussanar nous ont été d'une très grande utilité. Il en est de même pour la SAED et le C.R.D.S (ex IFAN) de St Louis.

Les bibliothèques universitaires et les centres de documentation de Dakar et St Louis nous ont aussi été d'un apport important sans oublier des documents empruntés auprès des professeurs de l'université Gaston Berger de Saint Louis.

Les informations recueillies durant cette phase ont été classées selon des critères prédéfinis dans une logique de confirmation de nos hypothèses. Le classement a été effectué en fonction des différentes parties du plan provisoire initialement adopté. Deux axes de réflexion ont été choisis :

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- les particularités physiques et les aptitudes du milieu ainsi que les modifications induites par les activités rurales en général et l'exploitation forestière en particulier, qu'elles soient d'ordre environnemental ou social ;

- les difficultés de gestion du patrimoine ligneux avant la décentralisation et dans le cadre de celle-ci.

Après cette approche, la nécessité de faire le terrain s'est imposée afin de s'imprégner des réalités et d'améliorer la problématique. Dans cette optique, un premier séjour d'investigation a été effectué du 05 au 30 décembre 2005 dans les villages pilotes de Sinthiou Demba Dème, de Kouthiakoto Ndène, de kalbirom et de Koussanar afin de s'entretenir avec les populations concernées par l'exploitation forestière. Pour la collecte des données qualitatives, nous nous sommes basés sur des méthodes souvent utilisées en M.A.R.P et des focus groupe.

Concernant l'enquête, nous avons choisi des échantillons de population à cibler en fonction de leur représentativité et de leur poids politique, religieux, social ou culturel. Il s'agit des exploitants forestiers, des dirigeants des services techniques (Eaux et forêt, C.A.D.L,...), des conseillers ruraux, des cultivateurs et éleveurs ayant une longue expérience en la matière. Ensuite, nous avons élaboré notre questionnaire et notre guide d'entretien (voir annexes).

Le profil historique nous a permis de mieux nous situer dans le temps et de comprendre l'évolution climatique et celle de la végétation à travers des questions qui rappellent des événements qui ont marqué la collectivité. Nous avons également pu comprendre le degré d'organisation de la communauté grâce á l'identification des groupements sociaux existants et les partenaires extérieurs.

Un deuxième séjour a été effectué du 04 au 28 avril 2006 dans les villages de Koussanar, de Dawady Meïssa Pathé, de Kolomba, de Pakirane et de Koumbidia. La même procédure a été suivie et cela nous a donné l'occasion de mieux comprendre les modes de production de la zone (agriculture, élevage, exploitation forestière) et les difficultés auxquelles les populations et les agents du développement sont confrontés en matière de gestion de la végétation.

Nous avons séjourné à Koussanar pour une troisième fois du 11 août au 09 novembre afin de mieux consolider nos hypothèses dans la mesure où c'est le principal centre d'organisation d'exploitation et de redistribution des ressources forestières.

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Durant toutes ces phases, la collecte des données quantitatives par le truchement de questionnaires et des compilations de séries statistiques (production, population, pluviométrie, quantités de bois exploités,...) a été au centre des travaux.

Des traitements statistiques et cartographiques ont été également réalisés grâce au tableur Excel et aux logiciels MapInfo et ArcView.

La collecte et le traitement des données a donc concerné : les ressources végétales et pédologiques, les paramètres climatiques, les activités rurales, les politiques de gestion des ressources ligneuses, les héritages physiques et sociaux et l'organisation des communautés.

5 - Difficultés rencontrées

La réalisation de ce travail d'étude et de recherche a suscité un certain nombre de difficultés. Elles sont liées aux réticences de certaines populations à donner l'information exacte, ce qui oblige à s'armer de patience afin de gagner leur confiance pour l'obtention de renseignements fiables. Des exploitants de charbon se rechignent à montrer leurs meules installées parfois en pleine forêt classée ou vous interdisent purement et simplement de photographier. D'autres contraintes se sont parfois naturellement posées (comme dans beaucoup de villages enclavés du pays) sur le plan social et celui du transport (charrettes ou vélo) sans compter celles d'ordre financier qui ont été vraiment très pesantes. Mais, le handicap le plus sérieux a été l'impossibilité d'obtention d'images qui nous permettent de faire une approche diachronique de l'évolution du couvert végétal afin de mieux prouver que la dégradation est réelle et d'être beaucoup plus rigoureux dans les analyses. Nous avons été contraint de reformuler notre sujet pour cette raison. Ces difficultés, au delà de leur aspect rébarbatif, nous ont permis de comprendre les sociétés locales et leur mode de vie ainsi que leurs entraves à une gestion durable des ressources forestières. Aussi, avons-nous réussi à présenter un travail structuré en deux parties :

- Dans la première partie, nous avons dégagé les particularités physiques et sociales du milieu en tant que soubassement des activités économiques de la communauté rurale afin de saisir la portée et les limites de l'utilisation des ressources forestières ainsi que les enjeux qui lui sont attachés.

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- Dans la deuxième partie, l'accent a été mis sur les contraintes liées à une gestion durable du patrimoine ligneux en rapport avec les politiques de décentralisation et la gouvernance locale.

PREMIERE PARTIE
ESPACE ET SOCIETES :
LE CADRE PHYSIQUE ET SOCIO- ECONOMIQUE

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Introduction

La première partie s'intéresse à l'espace et aux sociétés qui y vivent .Elle met en exergue le rapport étroit qui existe entre les caractéristiques physiques du milieu et la dynamique socio-économique. Ce lien fait apparaître diverses formes d'actions aux enjeux aussi divers que complexes pouvant porter atteinte à l'évolution de la végétation.

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Chapitre I : Le cadre physique

L'évolution physique du Sénégal oriental est étroitement liée à celle de l'Afrique de l'ouest dans la mesure où les différents phénomènes qu'on y retrouve s'intègrent dans cette dernière. Les études morphoclimatiques réalisées dans ce domaine par des chercheurs comme Michel p. (1973) permettent de comprendre la dynamique de ce milieu en relation avec les unités morphopédologiques.

L'analyse sera axée sur la géologie, la morphopédologie, le climat et la végétation.

I-1- L'évolution géologique, le modelé et les sols

Ces trois éléments sont indissociables en raison des héritages physico-chimiques et biologiques qu'ils se lèguent respectivement.

I-1-1- Etude géologique

La géologie est une science de la terre qui intervient aussi bien sur le continent que dans le domaine maritime. Elle est inséparable de la géomorphologie (étude des formes de la terre) et de la pédologie (étude des sols).

Les débuts de l'évolution géologique de l'Afrique de l'ouest remontent au mésozoïques (ère secondaire) entre 240 et 65 millions d'années, période à laquelle le super continent Gondwana a été disloqué.

La première grande phase de mise en place de nappes détritiques s'est déroulée à la fin du cambrien (ère primaire ou paléozoïque) entre 570 et 500 millions d'années à la suite d'une surrection puis démolition des chaînes panafricaines et du dépôt de leurs débris.

La deuxième phase, période de calme orogénique, s'est étalée de la base de l'ordovicien (500 millions d'années) au sommet du dévonien (345 millions d'années pendant l'ère primaire).

Enfin, du dévonien au secondaire, ont été enregistrées des crises tectoniques responsables de la dislocation du continent précité.

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Cette évolution d'ensemble a imprimé à l'Afrique de l'ouest un relief monotone bâti sur de vieux boucliers (socles), presque fossilisés par leurs propres débris laissant sur place des faciès essentiellement sédimentaires (Sy B A., 2004 citant Demangeot., 1986.)*

Le Sénégal se rattache aux vieilles plateformes africaines mais ce socle n'apparaît qu'au Sénégal oriental. Il a été recouvert vers l'ouest par des formations du paléozoïque, puis par des séries sédimentaires épaisses du secondaire et du tertiaire (Atlas du Sénégal, 1983). Les formations du socle ont été attribuées au birrimien qui correspond au précambrien moyen.

Le socle du précambrien occupe la région de Tambacounda située dans la partie sud-est du pays. Il est formé de roches légèrement métamorphisées, surtout des schistes, et des roches basiques. Ces formations géologiques sont traversées de divers granites.

Elles sont presque totalement imperméables et se retrouvent particulièrement à l'est de la région de Tambacounda (Pélissier p., 1983 in Atlas du Sénégal).

Par ailleurs, selon Michel p. (1973, p.87), la limite orientale du bassin sédimentaire tertiaire qu'il a lui-même tracée montre que « toute la partie ouest du Sénégal oriental (y compris l'arrondissement de Koussanar) fait partie du bassin sédimentaire tertiaire » qui s'intègre, sur le plan hydrogéologique, au bassin versant de la Sénégambie.

Ce bassin crétacé tertiaire correspond aux dépôts du continental terminal (CT). Au pliocène, une cuirasse essentiellement ferrugineuse a recouvert les grès du CT. Elle se serait formée au cours des périodes humides par une accumulation des oxydes de fer au niveau de la zone de battement de la nappe.

Pendant le quaternaire, le bassin de la Gambie a subi un façonnement imputable à l'hydrographie et à l'érosion éolienne. Le réseau hydrographique a entaillé les grès du CT et les séries marines sous jacentes d'âge éocène à la faveur de la baisse de la surface de remblaiement du sommet du CT par l'érosion aréale. La cuirasse formée au sommet du CT a été donc érodée et d'autres de type ferrugineux se sont constituées au cours des périodes humides du quaternaire, plus précisément celui récent caractérisé par une succession d'épisodes morphogéniques dues à des modifications bioclimatiques au cours de la deuxième moitié du pléistocène et de l'holocène (Michel p., 1973). C'est pourquoi on note des différences d'épaisseurs dans les niveaux de cuirasses qui distinguent les plateaux qui enserrent la vallée du Sandougou, dernier grand affluent de la Gambie prenant source dans les plateaux gréseux du CT au nord de Tamba et long de

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200km, (Thiaw S., 2002. citant Lamagat j p. et alii., 1989). D'une manière générale, ce sont la structure géologique et l'évolution paléogéographique qui expliquent le modelé que retrouvé au Sénégal oriental, particulièrement dans la zone ouest de la région de Tambacounda où se localise la communauté rurale de Koussanar.

I-1-2 .Le modelé

Les paysages de la région de Tambacounda sont variés et se développent sur un relief tabulaire. On y retrouve un modelé de plateaux localement cuirassés. Souvent, au dessus de terrains plats ou légèrement ondulés, se dressent des buttes ou de petits massifs communément appelés des inselbergs, représentatifs du modelé des régions tropicales. (Michel p., 1973). Le relief est d'autant plus marqué dans ce domaine que l'on progresse vers la frontière de la république du Sénégal avec celle de la Guinée et aussi de la Gambie où le point culminant atteint 581m (12°22 N-12°33 w).

Le relief de la communauté rurale de Koussanar (C.R.K) est dans son ensemble plat avec quelques légères dépressions constituées de mares et de cours d'eau saisonniers tarissant dès décembre (wouro Séno, Bohé Baledjé, Sandougou,...). Ces derniers sont utilisés pour des besoins d'abreuvage du bétail et de riziculture grâce à une relative aptitude agronomique des sols, surtout dans la zone de Dawady, vers le centre ouest de la communauté rurale.

I-1-3-Les sols

Les études pédologiques montrent que les sols gardent une relation importante avec le modelé de la zone. A l'image de l'évolution de la pédogenèse à l'échelle régionale (Sénégal oriental), ils ne sont pas identiques sur l'ensemble de la communauté rurale, ni uniformément repartis. En fait, ils sont fonction de l'allure du modelé et des transformations anciennes et actuelles qu'il a subies. La classification des sols est donc fonction de l'évolution géomorphologique.

Le Sénégal oriental connaît une diversité de sols en raison de la complexité de la mise en place de ses formations. Les plus représentatifs sont les sols ferrugineux tropicaux3. Ils sont très mobiles et se combinent souvent avec une matière organique peu abondante et plus ou moins évoluée. Deux catégories peuvent être distinguées selon le degré de stabilité des argiles qui les composent. (Carle G et Trochain G., 1937.).

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- Les sols ferrugineux lessivés ou sols beiges

Ils se caractérisent par une migration des argiles et sont assez pauvres en matières organiques. Le climat sahélo-soudanien à soudanien avec des précipitations annuelles de 650 à 1200 mm étalées sur quatre à six mois est très favorable à leur développement.Les concrétions ferrugineuses liées à l'horizon argileux qui immobilise les oxydes de fer constituent une particularité de ces sols même si certains n'en disposent pas. Ils peuvent évoluer jusqu'à l'apparition de cuirasses.

- Les sols ferrugineux non lessivés

Ils se sont formés sur le grès du continent terminal. Leur spécificité est d'être bien drainés grâce à leurs constituants sableux. « L'horizon de surface, bien meuble, constitue la terre dior » (Michel p. 1976, p. 40.). Leur dégradation est imputable aux pratiques culturales sur sol sec et au pastoralisme qui sont susceptibles de détruire les horizons superficiels. Aussi, le vent et le ruissellement peuvent-ils emporter les particules fines et meubles du sol.

Il en est de même pour les sols ferralitiques évoluant aujourd'hui en sols ferrugineux tropicaux en raison de la péjoration climatique.

Enfin, les lithosols et les sols squelettiques (résultat d'une intense érosion ou d'un apport de sédiments dans lequel la pédogenèse a été faible ou nulle) se retrouvent dans le sud-est sénégalais.

Ces sols se repartissent sur l'ensemble de la région de Tambacounda et s'imbriquent constamment. Ils sont fonction des zones écogéographiques - qui changent du nord au sud - et des facteurs locaux : roche mère, importance de l'érosion, conditions de drainage, etc.

3 constitués de fer et de manganèse

Au niveau de la C.R.K, ce sont surtout les sols ferrugineux non lessivés (dior) et ceux lessivés (deck dior) qui sont les plus représentatifs (près de 90%). Ils sont principalement de type argileux difficile à cultiver lorsqu'ils sont imbibés et quand ils sont secs. (Ndiaye I., 1999). Notre connaissance antérieure du terrain et nos enquêtes à Koussanar et ses environs révèlent que ces sols étaient riches et productifs. En outre, à en croire le Plan Local de Développement (P.L.D)

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réalisé en 2004 avec l'appui du Programme National d'Infrastructures Rurales (P.N.I.R), jusque là le problème des terres cultivables ne se pose pas car seules près de 15% sont utilisées. Mais c'est sans compter sur la nature du sol qui peut être très latéritique par endroits et peu évolué (domination des deck dior). Les sols dior ne représentent que près de 30% des surfaces cultivables. Ils se retrouvent dans les environs de Koussanar, Pakirane, keur Ousmane, Kolomba, kouthiakoto, etc.

La dégradation actuelle relative aux défrichements a des impacts notoires sur l'évolution du couvert végétal et par conséquent la productivité du sol. De 1997 à 2005 elle est passée de 900t/ ha à environ 850t pour l'arachide ; de 1000 à moins de 900 pour le maïs. Les autres cultures enregistrent des hauts et des bas en fonction de la répartition spatiale des précipitations et de leur abondance.

Elle garde aussi une relation étroite avec l'évolution climatique.

I- 2- Le climat et son influence sur les activités locales

Les aspects climatiques varient d'un endroit à l'autre. Cela joue sur la pertinence des données utilisées qui sont généralement issues de la station la plus proche. Ils sont tributaires de la position en latitude (radiation), de la situation à l'intérieur d'un espace donné et spécialement des facteurs locaux (eau, relief, couverture végétale, certaines activités.). L'explication du climat d'un lieu nécessite alors de s'intéresser à des échelles plus vastes avant de prendre en compte certains facteurs locaux (Escourrou G., 1980).

Situé entre 12°30 et 16°30 de latitude, le Sénégal se trouve entièrement dans la zone à climat tropical à saison sèche accentuée qui « ceinture le continent africain depuis les lisières méridionales du Sahara jusqu'aux approches de la foret ombrophile » (Pélissier p., 1966, p.3).

Trois centres d'action de l'atmosphère commandent la climatologie ouest africaine, plus particulièrement du Sénégal : l'anticyclone des Açores (alizé atlantique NNE-SSW), les hautes pressions d'Afrique du nord (harmattan NE et E), et l'anticyclone Sainte-Heleine (mousson ou alizé austral).

Au niveau du sud-est du pays ce sont surtout les deux derniers qui s'illustrent avec des caractéristiques propres.

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I-2-1- L'alizé continental ou harmattan et la mousson australe: une influence capitale

Le premier, flux saisonnier d'origine thermique, il est généralement dirigé vers l'est et se distingue par ses amplitudes thermiques assez accusées : frais ou froid la nuit, il est chaud à torride le jour avec une sécheresse engendrant une forte évaporation. Il interdit donc toute forme de précipitation et est responsable des températures très élevées.

Le second est un flux d'alizés qui, après la traversée de l'équateur, devient mousson en raison de l'attrait exercé par les dépressions thermiques sahariennes et soudaniennes. Ainsi, les précipitations sont fonction des déplacements du front intertropical (FIT) né de la rencontre entre les alizés continentaux et la mousson australe. Elle est marquée par une faible amplitude thermique et des températures plus élevées que celles de l'alizé maritime et plus basses que celles du flux continental (Ndong J B., 1999).

En somme, la communauté rurale de Koussanar s'intègre dans cette dynamique. Elle se localise dans la zone soudano-sahélienne marquée par une pluviométrie très variable (400 a 1000mm) et une forte chaleur. On y observe une saison sèche allant de novembre à mai pendant laquelle s'installe progressivement l'harmattan et une saison pluvieuse de juin à octobre coïncidant avec l'arrivée de la mousson. Dans la seconde partie de la saison sèche (à partir de mars), la localité subit les effets desséchants de l'harmattan et connaît des températures très élevées pouvant dépasser 40°c dans la journée. En plus, des vents de sable assez forts soufflent pendant cette période.

I-2-2- Le vent: un facteur d'érosion

Il a une influence notable sur les paramètres climatiques locaux et le degré d'érosibilité du sol et partant de sa productivité. En réalité, il commande les échanges de masses d'air et d'énergies entre les différentes parties d'un système.

Dans cette zone caractérisée par la platitude de son relief le seul obstacle au vent est constitué par les forêts. Ces dernières subissant aujourd'hui une pression importante, jouent de moins en moins leur rôle de brise-vent ; ce qui est susceptible d'entraîner une phase de réactivation éolienne. Elle diminuerait ainsi les Surfaces Agricoles Utiles (S.A.U) par une désorganisation de la texture du sol. D'ailleurs, « plusieurs terrains nus sous l'emprise du vent ne remplissent plus leur rôle agricole. Certains sont en phase d'être complètement abandonnes » nous confie M.D, un cultivateur résidant à Kouthiakoto.

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Les données fournies par l'Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) 4 nous éclaire sur la nature et l'intensité des vents en mettant en exergue le rapport étroit qu'il entretient avec la couverture végétale. Les alizés continentaux qui soufflent de mars á mai sont les principaux agents de façonnement de ce territoire. Ils interviennent après la période de fraîcheur qui suit la saison pluvieuse.

Les périodes de fraîcheur (fin novembre, décembre, janvier, début février) sont marquées par des vents faibles. Ces derniers augmentent progressivement d'intensité jusqu'au mois d'octobre avec des maximum (juin, juillet, août). Face à des terrains déjà mis à nu par les défrichements et les feux de brousse, ils sont capables d'emporter et de remobiliser les particules fines du sol avant de rencontrer l'obstacle hivernal des herbes qui ne jouent vraiment le rôle de brise vent qu'après une certaine maturité (juillet, août).

Il faut signaler que les maximum enregistrés pendant l'hivernage sont relatifs aux précipitations accompagnées de vent communément appelées orages.

I-2-3- La pluviométrie: un paramètre difficile à cerner

Elle est assez élevée et se spécifie par ses fortes variabilités interannuelles faisant apparaître des années déficitaires et des années de bonne pluviosité.5 C'est véritablement une évolution en dents de scie (voir figure 2)

4 station de Tambacounda : 13°44N 36 de latitude ; 13°39 w33 de longitude et 48,68 m d'altitude.

5 (1969: 803mm ; 1970: 493mm ; 1984: 640mm ; 1993: 520mm ; 2002: 450mm ; 2003, 2004 et 2005:plus de 1000mm).

Figure 2 : évolution inter annuelle des précipitations de 1989 à 2005

Précipitations (mm)

1200 1000 800 600 400 200

0

 

Courbe d'évoluton

26

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Années

Source: Donnée de la station pluviométrique de Koussanar

Les précipitations, tributaires de la position du front intertropical qui atteint la région en juin, se concentrent sur quatre mois. Au mois d'octobre celui-ci commence à se retirer. Dans l'ensemble, la tendance depuis cette dernière décennie est à une dégradation des conditions pluviométriques et à leur mauvaise répartition dans le temps et dans l'espace même si on aurait tendance à parler de retour pluviométrique dans ce dernier quinquennat (voir figure 3). La question est donc difficilement cernable.

Figure 3 : évolution quinquennale des précipitations de 1969 a 2005

Evolution quinquennale des précipitations de 1969 à 2005

p récip itatio n s

1200 1000 800 600

 
 
 

courbe d'évolution

400

200

0

 

1969 a 1973 1974 a 1978 1979 a 1983 1984 a 1988 1989 a 1992 1993 a 1997 1998 a 2002 a partir de

2003

Années

27

Source: Données annuelles de la station de Koussanar

Nous remarquons ici que de 1969 à 2002, les précipitations sont passées de plus de 850mm à moins de 650mm avant d'atteindre le millier en 2003. Cela exprime une forte variabilité qui n'édifie pas sur la véritable évolution des pluies et leurs impacts sur la dynamique spatiale. Une

approche qui ressortirait sa répartition spatiale et temporelle serait plus parlante. Par exemple, en 2003, il a été enregistré près de 180mm en une seule pluie pendant que les activités rurales étaient frappées de sécheresse hydrique d'une longue durée. Ces averses soudaines et intenses sont récurrentes dans la zone et agissent le plus souvent négativement sur les systèmes de production locaux. Ils obligent parfois plusieurs personnes à se reconvertir soit en abandonnant l'agriculture et en s'adonnant à l'exploitation forestière, soit en associant les deux.

Les années de déficit pluviométrique ont mis en évidence le décalage qui existe entre la capacité de production des écosystèmes et les besoins d'une population croissante. Ainsi, le problème de la déforestation a suscité de nombreuses actions visant à protéger les ressources existantes dans un contexte où les effets thermiques sont réels sur les ressources.

I-2-4 La température face à la continentalité

L'évolution et la distribution de cette dernière sur le territoire résulte de la combinaison de différents facteurs : les facteurs cosmiques ou mouvement zénithal, les facteurs météorologiques (nébulosité, pluies...) qui peuvent atténuer les températures et les facteurs géographiques (continentalité) qui sont susceptibles d'accroître la chaleur et les amplitudes thermiques (Leroux M., 1983).

Dans notre secteur d'étude, c'est le troisième facteur qui intervient le plus et imprime à la zone des caractéristiques thermiques spécifiques. Les températures sont très élevées : elles peuvent dépasser 40°C dans la journée. Les moyennes minimales sont enregistrées de novembre à février avec des nuits assez fraîches durant les mois de décembre et janvier. Au delà de minuit, les températures peuvent se situer autour de 20°C (voir figure 4)

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Figure 4 : Evolution des températures (en degré Celsius) durant ces dernières années

de 1991 à1995
de 1996 à 2000
de 2001 à 2005

Températures

40 35 30 25 20 15 10 5 0

29

Janv Fev Mars Avr Mai Juin Juil Août sept Oct Nov Dec

Mois

Source: Données ASECNA

Cette figure illustre bien l'augmentation sensible de la température au cours de ces dernières années. De la période 1991- 1995 à celle 2001-2005, la moyenne est passée de 29 à 31°C. Les périodes les plus chaudes concernent les mois de mars, avril, mai avec des moyennes constamment supérieures à 33°C.

Les fortes températures agissent de façon directe ou par l'intermédiaire des micro-organismes sur la qualité de la matière organique contenue dans le sol. Ceci conduit principalement à une « minéralisation rapide au cas où l'humidité est suffisante »6 Il peut aboutir à une apparition d'oxydes, d'hydroxydes et d'argiles de néoformation, ce qui traduit un déséquilibre des éléments du sol. Qui plus est, ils sont sans intérêt nutritif pour la végétation et peuvent être toxiques à leur égard si leur Potentiel Hydrogène (Ph) est trop acide (Lamotte M., 1989).Ces conséquences se répercutent à leur tour sur la vie de l'homme par l'utilisation qu'il fait de la végétation naturelle et par les cultures qu'il implante, mais aussi par les déséquilibres que peut provoquer son action.

Dans la communauté rurale de Koussanar, tous ces éléments, combinés avec l'insolation et l'Humidité Relative (H.R), sont parfois réunis pour déclencher une évolution négative des ressources naturelles et particulièrement du patrimoine ligneux. Le premier terme définit la durée d'ensoleillement durant une journée ; le second exprime la quantité de vapeur d'eau contenue

30

dans l'air (%) par rapport à la capacité maximale que cet air pourrait en contenir à la même température.

A ce titre, on peut observer pendant les mois d'août et de septembre une insolation minimale (voir tableaux 1) favorisant une humidité relative qui dépasse 90%

Ces éléments, étroitement liés, sont une partie intégrante des conditions thermiques de la localité et sont susceptibles de produire les mêmes effets.

6(Riou G., 1989, in les enjeux de la tropicalité, p. 24).

Tableau 1 : Moyennes mensuelles de l'insolation par jour et par heure de 1981 à 2005 (Évolution décennale)

 

Janv

Fév

Mars

Av

Mai

Juin

Juillet

Aout

Sept

Oct

nov

Déc

1981-1990

8,4

8,8

9,8

9,3

8,7

8

7,7

7,6

7,9

8,6

9

8,2

1991-2000

8,3

8,5

8,7

9,4

8,7

7,8

6,9

6,4

6,7

7,6

7,4

7,5

2001-2005

8,6

7,2

9,4

9,2

9

8,2

7,4

7

7,5

8,9

8

7,6

Source: Données ASECNA

L'insolation est minimale pendant les mois d'août et septembre et évolue parallèlement à l'humidité relative (voir tableau 2) qui est importante durant la même période correspondant aux maximum des précipitations enregistrées. Les mois de février, mars, avril, et mai enregistrent les plus fortes insolations, d'où une intense évaporation.

Tableau 2 : Moyennes mensuelles maximales de l'humidité relative de 2001 à 2005

31

Mois

 

Janv

Fév

Mars

Av

Mai

Juin

Juillet

Aout

Sept

Oct

Nov

Déc

H R

33,86

33,08

47,9

46,8

68

80

90

96

90

88

68

53

Source: Données ASECNA

L'humidité relative est variable selon les saisons. Faible pendant la période sèche, elle commence à augmenter dès le mois de mai à la faveur de l'annonce de l'hivernage. Elle est maximale en juillet, août et septembre coïncidant avec les plus importantes précipitations et un ciel le plus souvent couvert.

Des constats notables de dégradation aussi bien des sols que des végétaux sont faits par les études antérieures réalisées sur la zone et les services techniques concernés comme la brigade forestière et le centre d'appui au développement local (C.A.D.L.). Les paramètres climatiques y occupent une part non négligeable.

I-2-5- L'hydrologie

Sur le plan hydrologique, la communauté rurale est dépourvue de cours d'eau pérennes. Cependant, il est possible d'observer quelques légères dépressions constituées de mares et de cours d'eau saisonniers. Les eaux souterraines sont essentiellement maestrichtiennes (à partir de 120m). La nappe phréatique se situe entre 20 et 60m. Elles sont alimentées par les précipitations, facteur déterminant dans l'évolution des ressources aussi bien pédologiques que végétales.

I-2-6-La végétation, une fragilisation certaine

Les ressources végétales, sous forme de formations forestières, présentent une variabilité de l'extrême sud du pays à la pointe nord allant de la végétation de type Guinéen à celle Soudano-sahélienne avec quelques interpénétrations mettant en exergue un relatif système de transition.

Elle n'est pas homogène dans l'ensemble de la communauté rurale. Le sud est plus boisé que le nord. Cette tendance s'amenuise à la faveur de la grande sollicitation de ce milieu qui concentre la plus grande partie de la population ; cette dernière étant attirée par les facilités d'écoulement de ses produits agricoles et forestiers.

32

Les forêts sont devenues claires et les essences dominantes sont les combrétacées Pterocarpus erinaceus (vène), Cordyla pinnata (Dimb), Adansonia digitata, Stercula setigera, le Kapokier.

Globalement, les défrichements ont beaucoup dégradé le couvert végétal. Il en est de même pour les feux de brousse qui sont au Sénégal oriental une pratique générale très dévastatrice. A cela s'ajoutent les effets liés à l'artisanat, à la menuiserie et à l'exploitation forestière sous ses différentes formes

Ces pressions exercées sur la ressource peuvent entraîner des crises importantes pouvant se répercuter sur la situation économique et sociale de la zone. En fait, la présence ou l'absence d'une couverture végétale a une incidence sur le climat notamment au niveau :

- du pouvoir d'absorption ou de réflexion de la radiation solaire ;

- du stockage ou de la restitution de l'eau ; (Lacoste A. et Salanon R., 1969)

Par ailleurs, la colonisation des espèces végétales pendant la désagrégation de la roche mère engendre un apport de matière organique pour le sol. Elle provient des feuilles, rameaux, racines, fruits, etc. constituant la litière. Or, le couvert végétal a subi une réduction sensible à cause de l'avancée du front agricole et charbonnier, la pratique de l'élevage extensif, le surpâturage, l'élagage des ligneux.

Conclusion

Au total, nous pouvons dire que le cadre physique, constitué de l'ensemble des caractéristiques géologiques, pédologiques et climatiques, est un élément déterminant dans la compréhension de la dynamique actuelle. On saisit déjà la place qu'occupent les modifications induites par les sociétés locales dans l'évolution naturelle du milieu. En ce sens, le chapitre II analyse plus précisément les spécificités humaines du milieu et leurs inductions sur le plan spatial et celui de l'évolution de la phytocénose.

CHAPITRE II: Environnement et dynamique socio-économique

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L'environnement peut être considéré comme l'ensemble des facteurs physiques, chimiques, biologiques et socio-économiques d'un territoire donné qui déterminent les comportements de l'homme et que celui-ci peut modifier (Arrignon J., 1987). Pour reprendre Remy Prudhomme, l'environnement est « cette partie du domaine de l'écologie qui est affectée par les activités économiques de l'homme ou partie des activités économiques de l'homme qui est affectée par les cycles biologiques ». 7

Ainsi, l'appréhension de toute dynamique spatiale passerait nécessairement par la compréhension de son peuplement. Ce dernier, une fois analysé, permettra de mieux aborder la question socio-économique en rapport avec les activités du milieu.

I-1- Les particularités humaines

.La communauté rurale de Koussanar compte environ 15600 habitants répartis dans 92 villages pour une superficie de 1840 km2. C'est une population en constante augmentation. En 1983, l'effectif de l'ensemble de l'arrondissement (16900 hts) est sensiblement égal à celui de la seule communauté rurale de Koussanar en 2004 (15600 hts).

Cette tendance se répercute d'ailleurs sur l'évolution démographique de tout l'arrondissement qui est passé de 16900 hts en 1983 à 31900 hts en 2004, soit un doublement de la population en deux décennies et une évolution annuelle d'environ 4% (680 habitants par an).Notons que la C.R.K est plus vaste et plus peuplée que celle de Sinthiou Malème.

7 (cité par le rapport du séminaire de formation des conseillers ruraux des arrondissements de Niakhar-fatick- et Koussanar-tamba-,août, 1998)

34

Le peuplement est très dispersé avec de petits hameaux de moins de 250 hts. Seul Koussanar se distingue avec plus de 4000 hts. La figure 5 montre que le sud concentre la plus grande partie des villages, s'entassant parfois sur des rayons de moins de 2km. L'occupation de l'espace est plus lâche au nord. Celui-ci compte moins de villages. Cependant, il est à signaler que le nombre d'habitants diminue ou augmente en fonction des mouvements migratoires qui se complexifient de plus en plus. On distingue les flux internes et les flux externes.

II-1-1-Les flux externes

Ils sont caractérisés par des déplacements de populations actives selon les saisons et les activités. Aussi, les peuls éleveurs, en quête de points d'eau et de pâturages, se livrent-ils à la transhumance de mars à juin. Certains agriculteurs migrent pendant l'hivernage vers des localités

où la terre est plus fertile et oÙ les animaux sont moins contraignants. Ceci intéresse

particulièrement la zone nord. Durant la saison sèche, les paysans explorent les centres urbains à la recherche d'emplois saisonniers.

II-1-2- Les flux internes

Ils sont relatifs à la main d'oeuvre d'appoint venue des régions de Kaolack, Fatick, Diourbel.8 mais surtout les « firdou » de la région de Kolda et de la république de guinée Bissau. Elle se livre aux travaux champêtres (moisson en général)

II-1-3 L'émigration

Elle est marquée par des départs vers l'Europe (Espagne, France, Italie) ou vers certains pays africains (Gabon, Congo, Côte d'Ivoire, Maroc,). Aujourd'hui, à l'instar des régions côtières, les destinations sont essentiellement espagnoles ; en attestent les nombreux rapatriés rencontrés dans la zone conformément aux accords signés entre le gouvernement sénégalais et celui espagnol. Le peuplement de la CR.K n'est pas très ancien mais laisse apparaître une riche diversité culturelle. Les premiers occupants se seraient installes à la fin du XIXè siècle. La composition ethnique est dominée par les peuls (plus de 50%), les mandingues (plus de 30 %), les bambaras (environ 7%), et les wolofs (moins de 4 %) ; le reste étant constitué par des minorités Koniaguis, bassaris, etc. (PLD, 2004)

8 (Cette tendance est cependant en considérable régression.

35

Source: Thiam E., d'après les données du P.L.D adaptées à la carte admininistrative de la communauté rurale

Les peuls et les mandingues se localisent respectivement au nord et au sud de la communauté rurale. Les premiers occupent des espaces moins peuplés que les derniers pour des besoins de pâturages. La présence des bambaras date de la construction du chemin de fer Dakar-Bamako tandis que celle des wolofs est justifiée par des besoins de commerce et d'agriculture. Chacune de ces catégories sociales a des comportements environnementaux spécifiques.

II-1-4- peuplement de deux villages échantillons: Koussanar et Dawady

Nous nous intéresserons principalement aux deux villages qui nous semblent les plus représentatifs de la CR compte tenu de leur poids démographique et économique et de leurs particularités sociales. Ils sont respectivement situés au sud et au centre ouest.

- Plusieurs sources reconnaissent que le village "urbanisé" de koussanar est fondé par un socé du nom de Kouman Sanar Sané vers la fin du XIXè siècle. Le patronyme de ce dernier a été à l'origine du nom du village. En guise de reconnaissance, la première école primaire construite en 1957 porte le nom de cet habitant de Gabou9. Cependant, à la faveur de la construction du chemin de fer, le village, limité au début au quartier de Koussanar socé, s'est élargi pour engendrer d'autres quartiers notamment celui de Koussanar Escale (devenu quartier central). Le premier occupant de celui-ci serait Birayada Diop, un cheminot venu de Saint-Louis et premier chef de ce nouveau village ; la localité étant considéré à l'époque comme deux villages distincts.

Aujourd'hui, malgré l'unification du village, la succession au niveau du trône de chef de village est maintenue comme avant. Ce sont des familles socé et wolof qui gèrent les quartiers, d'où les deux chefs de village.

- Le village centre de Dawady est situé à plus de 35 km de Koussanar et serait fondé par un mandingue du nom de Meissa Pathé vers les années 1920. L'emplacement du premier site serait guidé par sept chiens accompagnant le fondateur, raison pour laquelle la localité est officiellement appelée Dawady Meissa Pathé. Sa population est presque exclusivement composée de mandingues.

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9 nom d'un ancien royaume du Sénégal précolonial situé entre la Casamance et la Guinée Bissau.

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Les autres villages de la zone datent aussi du xxè siècle. L'exemple le plus illustratif est celui de Sinthiou Demba Dème, créé en 1947 par Demba Dème, un éleveur peul à la recherche de pâturages et de terres de culture.

Le peuplement de la communauté rurale s'est ainsi réalisé avec des associations de peuls et de mandingues auxquelles se sont ajoutés d'autres ethnies.

II-1-5- Des campagnes sollicitées

La dynamique engendrant des comportements culturels et des systèmes de production assez différenciés imprime à la communauté rurale de Koussanar un cachet particulier. Ce dernier est justifié par l'ouverture des sociétés aux économies modernes. Selon Dubresson A.et Raison J P. (1998, p.89) « les conditions dans lesquelles doit évoluer le monde rural sont marquées par de très sévères contraintes, les charges qu'il doit assurer sont multiples.». Entre autres, nous pouvons retenir :

- assurer une part importante des exportations ;

- nourrir les villes et conserver l'essentiel de la croissance démographique rurale compte tenu du sous emploi en ville ;

- accueillir des citadins agricoles en quête d'une activité agricole.

Or, les moyens permettant de suivre la dynamique de la modernisation sont limités face à une paupérisation croissante de la population. Aussi, l'intégration entre environnement et dynamique socio-économique devient-elle très problématique.

II-2- Les activités rurales: Quel rapport avec l'état du patrimoine ligneux ?

La communauté rurale de Koussanar est fortement marquée par la ruralité. Les activités des populations tournent autour du secteur primaire allant de l'agriculture à l'exploitation forestière en passant par l'élevage. Ces derniers s'accompagnent de pratiques qui peuvent porter atteinte à l'environnement d'une manière générale et à l'état du patrimoine ligneux en particulier. Ceci entraîne des répercussions sur le plan économique dans un contexte de mauvaise définition de l'affectation des terres.

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II-2-1- Le système foncier

Le système foncier peut être défini comme un ensemble de relations qui organisent les rapports entre l'homme et la terre, d'une part, et « les rapports des hommes entre eux à propos de la terre », (Ndiaye I., 1999 p.16) d'autre part. Le régime foncier au niveau de la C.R.K est essentiellement coutumier autrement dit que les droits individuels à l'usage de la terre se fondent sur la coutume.

La gestion de l'espace rural est marquée par une grande complexité au vu des nombreux enjeux qu'elle soulève. Le poids de la tradition y est bien pesant et remet en question la création du domaine national par la loi n°64-46 du 17 juin 1964. En vertu de cette dernière, toutes les terres coutumières vont être versées dans le domaine national. Elle se résume ainsi en son article premier: « toutes les terres non classées dans le domaine public (domaine détenu par l'Etat en vu de la satisfaction des besoins d'intérêt collectif) non immatriculées et dont la propriété n'a été transcrite à la conservation des hypothèques à la date d'entrée en vigueur de la présente loi, constituent, de plein droit, le domaine national ».

Au Sénégal oriental deux zones peuvent se dégager à cet effet: les zones de terroir sur lesquelles s'exerce l'essentiel des activités rurales (culture, élevage, etc.) et aussi sur lesquelles les conseillers ruraux ont une certaine responsabilité (affectation, désaffectation) ; les zones pionnières ne sont pas concernées par ces conditions.

Pour mieux contrôler l'occupation et la gestion des terres, en vue d'une meilleure démocratie locale et d'une harmonieuse exploitation des ressources conformément aux orientations nationales, le Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (P.O.A.S) s'est imposé comme un outil incontournable. Ceci s'inscrit dans une logique de meilleure intégration entre les différentes activités rurales. La zone n'en dispose pas car, suppose-t-on, l'occupation de l'espace n'a pas encore suscité des conflits notables.

Pourtant, le problème est plus aigu qu'il ne le parait. L'imprécision des délimitations des terroirs villageois10 est un véritable problème.

10 aucune cartographie ne permet de définir avec exactitude les limites de tel ou tel village, communauté rurale ou arrondissemen

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En guise d'illustration, nous nous référons au problème qui a opposé les CR de Koussanar et de Malème Niani. En fait, le conseil rural de Koussanar avait autorisé à un éleveur de s'installer dans une zone bien définie, nous dit M. Diop, C.A.D.L de Koussanar. Après quelques années, un autre en a formulé la demande au niveau du C.R de Malème Niani. Sans autorisation officielle du conseil régional, il s'est installé et a commencé à défricher. C'est alors que l'occupant initial et d'autres personnes se sont opposés à son action. Cela fit l'objet d'altercations entre adversaires et entre conseils ruraux. Le problème a été partiellement résolu dans la mesure où celui qui défrichait n'avait pas l'aval du conseil régional et a dû abdiquer provisoirement. Toujours est-il que l'énigme reste entière quant à l'appartenance de cette portion de territoire.

L'insouciance de ces impératifs par les systèmes coutumiers de gestion des terres est véritablement problématique. La gestion coutumière est souvent entachée de discrimination car étant monopolisée par la lignée des fondateurs de village. C'est donc le chef de village qui est habilité à octroyer les parcelles à ceux qui en formulent la demande. Ils acquièrent ainsi un droit d'usage sur cette terre qui peut, par ailleurs, devenir leur propriété. Chez les mandingues, la terre est un bien familial accessible par legs à la suite d'un décès de l'usufruitier. Elle devient la propriété du frère cadet ou du fils aîné qui y exerce son pouvoir.

Par contre, chez les peuls, la gestion foncière relève de la compétence du chef de famille. Après mort de celui-ci, la terre est partagée entre ses fils et la gestion devient individuelle.

En somme, le chef de village détient le monopole de la gestion des terres mais leur valorisation est souvent assurée par des tiers (propriétaires)

Sur le plan cultural, la gestion des terres est confrontée à certaines difficultés liées, paradoxalement, au manque de terres. En fait, le problème des superficies cultivables ne se pose pas mais certains villageois estiment que les zones assez éloignées des villages sont le domaine de prédilection des phacochères et des singes, véritables dévastateurs des champs. Qui plus est, les exploitants non résidents (dotés de moyens) accentuent ce problème du fait des grandes superficies qu'ils s'approprient par le truchement des autorités compétentes (chef de village, personne morale). (Ndiaye I., 1999).

Toutefois, la gestion se modernise dans le cadre de la décentralisation compte tenu des importantes sollicitations de terres (souvent 20 ha) par des personnes étrangères disposant de

moyens non négligeables. Les autochtones se plaignent de voir leurs espaces de culture diminuer de plus en plus.

Au delà de cet aspect spatial, on note un manque réel de coordination entre élus locaux et structures déconcentrées (sous préfecture, service des eaux, forêts, chasse et de la conservation des sols). Ces derniers ne sont pas décisifs dans le processus de gestion des terroirs. En ce sens, une illustration incontestée est l'exploitation forestière. Certaines personnes s'en plaignent auprès des institutions locales mais sans suite.

La tenure foncière met en exergue plusieurs scénarii :

- le détenteur de la terre peut ne pas en être l'occupant, ni l'exploitant. La terre est ici prêtée à un saisonnier ou un nouvel arrivant ;

- l'exploitant peut résider en dehors du village (commerçant en général). Ainsi, il emploie la main d'oeuvre locale.

- le statut d'exploitant ne confère pas toujours un statut de détenteur comme on le constate avec les employés saisonniers ou « sourga ».

La tenure foncière s'appréhende à travers ces statuts de détenteur, d'occupant et d'exploitant ; d'où une grande complexité du système foncier.

II-2-2- L'agriculture en tant que facteur de destruction des forêts

L'agriculture se développe dans la communauté rurale grâce à la relative disponibilité des terres cultivables et à la pluviométrie plus ou moins bonne même s'il y a des nuances à souligner du point de vue de sa répartition dans le temps et dans l'espace. Elle occupe une place primordiale dans les activités économiques de la C.R.K. En effet, elle absorbe plus de 70% des emplois en saison pluvieuse. On y distingue des cultures de rente (arachide, coton) et des cultures vivrières (mil, sorgho, mais) complétées par un maraîchage encore très marginal dans les localités de Koussanar et Dawady. Par ailleurs, le riz est cultivé dans les « faro », dépressions inondées en saison des pluies le long de la piste Saré Birom, kalbirom, kouthiakoto, là où les cours d'eaux sont les plus concentrés.

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Le secteur agricole concerne surtout les wolofs, peuls et mandingues.

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Les premiers n'ont pas une grande tradition agraire. Ils sont originaires du Djolof, du Cayor et du Walo où leur organisation était davantage tournée vers des « entreprises politiques et militaires plutôt que vers le développement d'une civilisation paysanne soucieuse d'aménagement permanent du milieu et du progrès technique. » (Pelissier P., 1966, p.111). Mais, progressivement, avec la persistance des soucis matériels induits par les besoins liés à la spéculation, ils colonisent la zone des terres neuves et atteignent la communauté rurale de Koussanar par le sud. Leur principale spéculation est l'arachide et la caractéristique fondamentale de leur agriculture contemporaine est l'occupation presque entière de l'espace consécutivement à l'augmentation de la population. Partout, la brousse a désormais subi le passage des défrichements. Contrairement aux peuls, les wolofs disposent de peu de bétail et ne s'occupent pas trop de la restitution de la fertilité.

Les peuls cultivent des variétés vivrières et du coton que l'on associe à un peu d'arachide. C'est l'élevage bovin qui se range au premier plan de leurs activités. Ils sont dispersés dans tout l'arrondissement mais se concentrent surtout au nord et cohabitent rarement avec les mandingues, plus nombreux au sud.

Ces derniers, venus pour la plupart du Mali car étant très tôt touchés par le boom arachidier, sont parvenus à s'installer dans la zone à la recherche de devises que la pénétration des échanges rendait soudain indispensables (Pelissier P., 1966).

Globalement toute la population, de quelque appartenance que ce soit, se livre à l'agriculture. Elle est très extensive autrement dit qu'elle engage peu de moyens de production. Ils sont pour la plupart rudimentaires ou tout simplement inaccessibles à une population assez démunie. En plus, la Surface Agricole Utile (S.A.U) est mal valorisée du fait des défrichements qui participent considérablement à la dégradation des sols et de la végétation. Ils sont surtout motivés par les cultures sur brûlis ou agriculture nomade ou encore «shifting cultivation» que le Commonwealth Forest technology (1951) définit comme une méthode de culture périodique principalement utilisée en région tropicale, consistant « à abattre quelques arbres ou la totalité du peuplement, à brûler les bois abattus et à pratiquer des cultures agricoles pendant un ou deux ans, après quoi, le cultivateur passe à un autre endroit où il répète la même opération. »

Nos enquêtes et observations ont révélé que c'est une pratique très répandue dans la communauté rurale. Or, elle pose de véritables problèmes de régénération du fait des coupes peu

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espacées, ce qui serait en partie responsable de la baisse de la fertilité des sols et partant celle des rendements des cultures.

A ce sujet, Mr Seydou Ndiaye, responsable de projets d'agriculture et cultivateur expérimenté atteste « qu'à défaut de fertilisants, les rendements ne peuvent en aucun cas être bons. » Cependant, cette forme d'utilisation de l'espace semble s'adapter à la pauvreté et à la fragilité des sols.

Les pratiques paysannes sont très néfastes à la couverture végétale ligneuse dont l'intérêt est avéré sur le plan de la fertilisation des sols et par conséquent, de l'équilibre économique de la zone. En somme, l'agriculture n'a pas atteint un degré de satisfaction du fait :

- des traditions culturales (système très extensif) ;

- de la dégradation des sols ;

- des difficultés d'accès au crédit pour les intrants agricoles ;

- du sous équipement des paysans et de la vétusté du matériel agricole ;

- du manque de maîtrise des eaux de pluie ;

- des difficultés liées à la faible maîtrise des circuits de commercialisation.

Les agriculteurs étant les gardiens de la majeure partie des ressources naturelles, ils ont besoin d'assistance technique pour qu'on puisse efficacement faire face à l'accroissement démographique, à l'augmentation des besoins en numéraires et à l'introduction de nouvelles connaissances et techniques en matière agricole.

La pression exercée sur la végétation n'est pas seulement d'ordre agricole. Elle se mesure également aux dommages causés par les agissements liés à l'élevage.

II-2-3- Les pratiques pastorales contribuent au recul des espaces boisés

C'est la deuxième activité de la communauté rurale derrière l'agriculture. Elle est en pleine expansion grâce à la disponibilité de l'eau (mares et marigots temporaires de juin à novembre) et des campagnes de lutte contre les maladies du bétail (botulisme, pasteurellose bovine, ovine et

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caprine, fièvre aphteuse, charbon symptomatique, etc.) depuis le Programme de Développement de l'Elevage au Sénégal Oriental (P.D.E.S.O) 11 jusqu'à nos jours.

Selon le chef de la brigade forestière de Koussanar, Mr Niang Top, « il constitue un facteur limitant de la préservation de certaines ressources à faible capacité de régénération. » du fait des élagages, émondages et coupes abusives de certaines espèces comme Pterocarpus erinaceus, Stercula setigera, Cordyla pinnata, etc.(voir figure 6)

Figure 6 : Photo de Pterocarpus erinaceus et Stercula setigera ayant subi les effets de l'émondage.

Photo prises le 08 septembre 2006

Ces espèces sont très appétées par le bétail. Elles constituent un fourrage de substitution pendant les périodes de soudure (début d'hivernage). Par contre, la première (Pterocarpus) est plus sollicitée en ce sens. Même en pleine saison des pluies, elle subit ces pratiques des éleveurs et celles des vendeurs de ses feuilles. Des campagnes de sensibilisation sont menées à travers la radio régionale car elle a une faible capacité de régénération et reste menacée de disparition si son exploitation continue au même rythme. La seconde est surtout attaquée par les transhumants.

11 Il s'est retiré de la zone depuis 1997

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La transhumance de troupeaux venant d'autres régions s'ajoute à tous les effets d'un élevage extensif. Ils sont importants et sont l'oeuvre de «walankés» 12 à partir de janvier et février.

Les pratiques pastorales participent considérablement à la dégradation du couvert végétal. Leurs impacts s'aperçoivent aussi dans la provocation des feux de brousse par certains éleveurs pour rendre la forêt plus facilement accessible (généralement en octobre). En outre, ces feux sont parfois déclenchés par des récolteurs de miel, des exploitants de la saignée de Stercula setigera, des fumeurs et même des paysans (fin novembre) dans une optique de protection de leurs champs face à d'éventuels feux qu'ils ne pourraient contrôler.

II-2-4- Les feux de brousse

Le problème de ces feux est très réel mais les contrevenants ne sont pas en général dénoncés pour des considérations familiales ou amicales, d'où une grande entrave à leur maîtrise. C'est ainsi que des feux précoces (55000 ha en 2005), déclenchés sous la direction des forestiers, constituent le seul grand recours pour minimiser ou annuler les dégâts sur les ressources forestières. La forêt évolue aujourd'hui en savane et le passage du feu est un facteur déterminant de la persistance de ces types de formations (voir figures 7 et 8). Chaque année, on enregistre en moyenne trois à quatre cas dans la communauté rurale: 2001: cinq cas pour 1530 ha de superficie brûlée ; 2002: trois cas pour 750 ha ; 2003: trois cas pour 630 ha ; 2004: trois cas pour 235 ha ; 2005: trois cas pour 166 ha.13

Toujours est-il que l'influence du feu sur la régénération est fonction de son intensité. Faible, les rejets peuvent repousser sur les tiges ; forts, les repousses se font soit sur la souche, soit sur les racines ou la plante meurt (Manga A., 1999).

12 appellation initialement donnée aux éleveurs du Walo mais intéressant aujourd'hui surtout ceux du Djolof

13 Données de la brigade forestière de Koussanar

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Figure 7: Photo sur les feux de brousse et leurs effets sur la végétation

photo prise le 08 novembre 2006

Dans la communauté rurale de Koussanar où les précipitations, facteurs de production de la phytomasse combustible, sont assez favorables, les feux de brousse sont violents et destructeurs. C'est pourquoi ils participent considérablement à l'accentuation du taux de mortalité de certaines espèces (Hexabolus monopetalus, combretum pedicelatum,...). Ils peuvent enrichir temporairement le sol superficiel en sels minéraux mais ces derniers sont presque entièrement lessivés par les premières pluies.

Leur maîtrise permettrait de :

- 'assurer la survie du bétail en saison sèche par la préservation des pâturages ; - fournir des matériaux de confection de l'habitat rural ;

- diminuer la pression sur le patrimoine ligneux.

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On constate donc que les mécanismes de dégradation des ressources naturelles et de l'environnement sont bien présents. La photographie aérienne prise en 2002 sous la houlette du Centre de Suivi Ecologique (C.S.E) montre que la destruction de la végétation naturelle a atteint un stade tel qu'on ne peut plus parler de forêt au sens géographique du terme. La carte d'occupation des sols (ci-dessus) que nous avons réalisée par le truchement de cette image en constitue une illustration. La savane arbustive au nord à boisée au sud s'intègre dans des espaces de culture et de pâturages, surtout au nord de la communauté rurale. La carte a le mérite de nous édifier sur la quasi-absence de forêts et de nous confirmer l'idée d'un nord plus pastoral (domaine des peuls) que le sud. Cependant sa limite réside dans le fait qu'elle ne montre pas avec précision la place qu'occupent l'agriculture et l'élevage au sud de la CR alors que cette partie est presque devenue la zone de prédilection de ces pratiques suite à sa forte poussée démographique. Cela s'expliquerait par des erreurs d'interprétation liées à la période de prise de l'image (saison des pluies) à cause de la forte possibilité de confusion des reflectances. Son actualisation serait de bon augure pour une meilleure analyse de cette dynamique qui se lit également à travers l'exploitation forestière.

Conclusion

La dégradation constitue donc le problème commun à tous les facteurs limitant le développement économique et social de la communauté rurale. En ce sens, l'exploitation forestière, phénomène ancien mais exacerbé et amplifié durant ces dernière années a aussi montré ses limites même si les techniciens compétents (agents de la brigade forestière) s'activent à la rendre plus rationnelle et plus durable. Paradoxalement, elle constitue une soupape de sécurité pour les populations même si cette activité menace à terme leur cadre de vie.

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Chapitre III- L'exploitation forestière: une soupape de sécurité pour les populations locales et une bombe environnementale

Les forêts, telles que définies par le code forestier du Sénégal en son article premier, s'étendent « des terrains recouverts d'une formation à base d'arbres, d'arbustes ou de broussailles [...] dont les produits exclusifs ou principaux sont le bois, les écorces, les racines, les fruits, les résines, les gommes, les exsudats et huile, les fleurs et feuilles. »

En outre, sont considérées comme forêts :

- les espaces soumis à la régénération naturelle ou au déboisement dont la couverture forestière a été récemment coupée ou incendiée ;

- les terres en friche dont le boisement est prévu ;

- les terrains de culture affectés aux actions forestières ;

- toute terre nécessitant une restauration du fait de la perte de son potentiel agricole

La forêt occupe une place de choix dans l'exercice de certaines activités d'une population marquée par de faibles revenus, ce qui justifie l'importance des enjeux.

En ce qui concerne l'environnement forestier, la communauté rurale de Koussanar compte trois forêts classées (une partie de la forêt classée de Tamba nord, la forêt classée de Ouly, une partie de celle des Pagnate). Notons que le classement de ces forêts obéit à un certain nombre de règles et principes. En fait, c'est une décision émanant de l'Etat et qui vise la sauvegarde de certaines formations naturelles qui, situées en dehors du domaine forestier de l'Etat, sont d'une protection quasi impossible de la part des services compétents.

Ces classements attestent d'une certaine menace du couvert végétal et partant de la biodiversité 14 par les actions humaines.

14 Des gibiers tels que phacochères, francolins, pintades, lapins, tourterelles sont en voie de disparition

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III- 1- Les formes d'exploitation

L'exploitation forestière tourne essentiellement autour des produits de cueillette, du charbon de bois, du bois (d'artisanat et de chauffe). La cueillette intéresse les fruits de Ziziphus mauritanius (jujube) et d'Adansonia digitata (pain de singe). Selon une étude réalisée par Ndiaye I. en 1999 pour le compte du Programme Sénégal Oriental (P.S.O), les revenus générés dans six villages de la zone seraient les suivants :

- pain de singe : 1 370 000 fcfa ; - jujube : 520 000 fcfa.

Une organisation s'est constituée sous la bannière du Programme "Wula Nafaa" afin de faciliter la commercialisation.

En outre, l'exploitation de la gomme Stercula est bien organisée par le projet précité même si les moyens permettant de faire respecter les contrats signés avec les exploitants font parfois défaut. En ce sens, la brigade forestière de Koussanar, en collaboration avec "Wula Nafaa", a mis en défens plus de 300 ha répartis en quatre pépinières (Sinthiou Demba Dème, Dawady, Koussanar, Bohé balédjé) à la suite d'un constat de dégradation très avancée de l'espèce. Cela est lié aux ébranchages, pratiqués par les éleveurs et aux coupes orchestrées par les récolteurs de miel. La gomme participe considérablement à l'économie rurale. Ndiaye I, dans son rapport d'étude de 1999, estime les revenus générés par l'exploitation de ce produit à 6 292 500 fcfa.

III- 1-1 La production du charbon de bois est une pratique dévastatrice du couvert Végétal

Le charbon de bois est surtout fourni par les combrétacées. Sa production est très prononcée dans la zone et dégrade les ressources ligneuses. En réalité, la zone produit du charbon non seulement pour la consommation locale mais aussi et surtout pour des besoins d'exportation vers les grandes villes du pays: Dakar, Diourbel, Thiès, etc.

La capacité de destruction de cette activité peut se mesurer la relation suivante :

? 5kg de bois produisent 1kg de charbon alors qu'1kg de charbon ne fournit que l'énergie de 2kg de bois.

Considérant le nombre de camions sortant constamment de la zone, il y a donc un gaspillage énorme dans un pays où 50 à 60% de la consommation d'énergie provient des ressources ligneuses 15. On note parallèlement une exploitation des forêts qui se déplace au fur et à mesure de la dégradation. C'est un processus de déforestation et de désertification qui s'annonce. L'évolution quantitative de cette activité peut se résumer dans le tableau 3:

Tableau 3 : Quantité de charbon de bois exploitée de 1994 à 1998

Années

19994

1995

1996

1997

1998

Nbre de Qt

376327

216832

235484

189672

36591

Source : Brigade forestière de Koussanar

Il faut signaler que les chiffres dépassant la centaine de quintaux (Qt) intéressent l'ensemble de l'arrondissement. Les rapports du service forestier ne distinguaient pas les deux communautés rurales de Sinthiou Malème et de Koussanar jusqu'en 2003, date à laquelle les données ont commencé à être séparées. Toujours est-il que c'est la CR de Koussanar qui enregistre le plus grand nombre de sites d'exploitation (plus d'une douzaine) dont Boulèle, Foundour, Kalbirom, Léwa, Pagnate, Pass Kélémane, Saré Tamou, Séno Samba Yabé, Sinthiou Dawady, Sinthiou Hamady Hamma, Sinthiou Toumani, Wouro Moudéri, Wouro Sory, etc.; l'autre étant caractérisée par la grande place qu'y occupent les forêts classées (voir figure 9)

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15 Magrin G., cours de 209 environnement, 2003-2004

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Ainsi, de 2003 à 2005 la production moyenne est de 26000 Qt dans la seule CR de Koussanar (traitement desdits rapports). Un à deux camions chargés de charbon sort de ce secteur par

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semaine en direction des centres urbains de l'ouest du pays. Ils peuvent atteindre quatre en cas de pénurie de charbon. Ceci est le fruit d'une nouvelle réglementation entrée en vigueur dans la zone cette année (2006).

La pression liée à la demande en charbon de bois s'apprécie également à travers l'augmentation constante des intervenants dans la communauté rurale.

? Il a été orienté en 2004 huit coopératives, quinze groupements d'intérêt économique (G.I.E), et trois sociétés.

? En 2005, ce sont onze coopératives, quatre G.I.E et cinq sociétés qui avaient bénéficié de l'exploitation du charbon.

? En 2006, vingt et trois coopératives, douze G.I.E et sept sociétés ont été enregistrés.

Au total, de quinze exploitants en 2004, on est passé à quarante et deux en 2006. Le chef de la brigade forestière de Koussanar justifie cette évolution par la diminution des interventions au niveau de la CR de Sinthiou Malème suite au classement d'une importante partie de ses forêts.

Figure 10 : Photo d'un camion chargé de charbon prêt à partir vers le grand marché de Dakar

Photo prise le 05 novembre 2006

Cette image est une des principales marques de la circulation automobile du secteur de Koussanar. Ce sont plusieurs centaines de m3 de bois qui sont brûlés pour les remplir. Ils nécessitent plusieurs meules.

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III-1-2- La production du bois de chauffe: danger environnemental ou aubaine sociale ?

L'énergie constitue le principal facteur de pression anthropique sur la végétation. Le bois de chauffe a toujours été très exploité. Depuis une décennie, l'essentiel de la production de bois provient des régions de kolda et Tamba pour l'approvisionnement des autres centres urbains, d'où une hausse vertigineuse de la production16. Les espèces les plus concernées sont Pterocarpus erinaceus, Cordyla pinnata, Afzelia africana, Bombax costatum, Khaya senegalensis, etc. L'exploitation est libéralisée par l'Etat afin que le bois mort puisse être bénéfique aux populations locales au lieu que les feux de brousse s'en emparent.

A Koussanar, c'est dans cette optique que les populations locales (avec une majorité de femmes) s'adonnent à ce métier de commercialisation du bois. Il existe une règlementation qui interdit l'utilisation du bois dont le diamètre est supérieur à 15cm car au delà c'est du bois d'artisanat. Cependant, le problème reste entier dans la mesure où le respect de ce principe est difficilement contrôlable: ce travail nécessite un minimum de moyens financiers (obtention du permis, rémunération de la main d'oeuvre, paiement du transport). Les exploitations clandestines destinées soit au marché local, ou à l'extérieur ne sont pas faciles à cerner. Ce désormais métier participe de façon notoire à l'économie rurale. Qui plus est, pour certains exploitants et d'autres responsables, le respect de ce principe anéantirait les revenus issus de cette activité au moment où la lutte contre la pauvreté est au centre du débat international.

16 Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Communication du Sénégal, 1999

A l'image du charbon, ce sont de gros porteurs qui transportent le bois (voir figure 11) Figure 11: Photo d'un camion chargé de bois de chauffe en direction de Diourbel

Photo prise le 08 novembre 2006

On enregistre en moyenne quinze camions de bois par mois sortant de la zone. Les personnes qui s'adonnent à l'exploitation du bois de chauffe sont assez nombreuses. Plus d'une cinquantaine interviennent dans le secteur de Koussanar village et ses environs. L'activité enregistre un dynamisme notable, surtout en saison pluvieuse. Ce bois est observable le long de la route nationale 1 qui traverse Koussanar et à l'intérieur des villages (voir figure 12). Il est issu de la coupe de troncs d'arbres comme Cordyla pinnata (voir figure 12) et pterocarpus erinaceus.

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Figure 12 : Photos : bois de chauffe et coupe du tronc de Cordyla pinnata (pour le bois de chauffe ou d'artisanat)

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Photo prises le 13 août 2006 à Koussanar

Cette figure illustre une forme d'attaque très intense dont le couvert végétal fait l'objet.

Aujourd'hui (hivernage 2006), un arrêté interdisant l'exploitation du bois a été pris par le ministère de l'environnement à la suite de la dégradation notée et du non respect de la règlementation. Les intéressés ont du mal à accepter cette décision car, déclare Ndao S., une exploitante très connue dans la zone:

« je m'adonne à cette activité depuis plus de six ans. Nous tirons nos ressources de ce métier. Son blocage a fait que nous ne sommes plus en mesure de rembourser les crédits que nous avons contractés et les permis qui nous ont été antérieurement délivrés par la brigade forestière. Chaque mois, près d'une vingtaine de camions chargés de bois partaient pour les centres de Diourbel, Kaffrine et autres destinations du pays. Nous réalisions des bénéfices individuels de 40 000 à 50 000 CFA par voyage. Cette mesure nous pénalise énormément et nous comptons nous y opposer par la création d'un G.I.E qui nous permettrait de devenir plus légitimes et d'obtenir gain de cause. »

C'est dire que le bois de chauffe est très exploité ; il fait vivre un nombre important de familles. Plusieurs réalisations ont été faites dans les villages grâce à cette activité.

L'exploitation forestière se résume dans les tableaux et la figure suivants:

Tableau 4 : Rapport annuel couvrant la période 2005 de l'exploitation forestière

charbon QT

29080

bois cordyla (stères)

600

bois pterocarpus

60

bois chauffe

16284

gomme stercula kg

385695

Ecorces diverses kg

4610

Source : Sous secteur eaux forêts de Koussanar

En 2005, l'exploitation forestière a touché un nombre non négligeable de troncs de Cordyla et moins de Pterocarpus. Mais c'est compte non tenu des actions informelles. Notons aussi que le bois de chauffe dissimule en son sein un nombre important de troncs d'espèces interdites d'exploitation pour ces besoins. Il en est de même pour le bois morts rangé le plus souvent dans la catégorie du bois de chauffe. Il est très sollicité (voir tableau 5).

Tableau 5 : quantité de bois mort (en stères) de 1994 à 2001

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

18124

19585

25450

26410

30179

ND

ND

36376

Source : Sous secteur eaux et forêts

La quantité de bois mort exploitée enregistre une augmentation vertigineuse. De 18124 stères en 1994, elle est passée à 36376 en 2001. Comme complément du tableau 4, la figure13 nous donne un aperçu plus parlant du bois exploité en 2005 par nature.

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Figure 13 : Bois exploité en 2005 par nature : bois de chauffe et bois d'artisanat (pterocarpus et Cordyla)

bois produit en 2005 par nature

Bois Cordyla; 4%

Bois Cordyla; 1%

Bois Cordyla; 95%

Source: Données sous secteur eaux et forêts de Koussanar

Ce graphique montre que 95% du bois est celui de chauffe mais à l'intérieur de ce dernier setrouve une quantité inestimée de stères de Cordyla pinnata et de Pterocarpus erinaceus

En définitive, cumulée avec les effets de toutes les activités rurales étudiées précédemment, les impacts sur le patrimoine ligneux sont réels. Ces données ne prennent pas en compte les exploitations clandestines et informelles. La gestion des forêts est très complexe car les enjeux qui lui sont attachés sont nombreux.

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III-2- Les enjeux liés à l'exploitation forestière

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Malgré les dommages causés au patrimoine ligneux, des revenus substantiels sont engendrés par l'exploitation forestière au bénéfice de l'Etat, des exploitants et des populations (autochtones ou allochtones).

III-2-1- Les enjeux sociaux

Sur le plan social, le bois assure la cuisson des aliments des catégories sociales démunies, sans possibilité d'acquisition de gaz. En plus, la population sénégalaise est largement dépendante en combustibles ligneux et en bois d'oeuvre pour satisfaire ses besoins commerciaux et faire fonctionner toutes les activités dépendantes du bois.

Il va sans dire que les conséquences seront forcément ressenties au sein de cette société en cas de rupture d'approvisionnement due à une surexploitation. Par exemple, il n'est pas exclu d'assister à :

- une flambée des prix, ce qui constituerait un handicap pour les couches sociales démunies, d'une part ;

- une mauvaise cuisson des aliments susceptible d'entraîner des maladies parasitaires, d'autre part.

Pire encore, une perte d'emplois de vitalité sociale pourrait survenir avec une interdiction définitive de l'exploitation du bois. L'exemple de l'exploitante citée plus haut est bien illustratif et permet d'appréhender les enjeux économiques et politiques.

II-2-2-Les enjeux économiques et politiques

Ils sont perceptibles à travers le dynamisme de ce secteur qui se fait de plus en plus sentir. En fait, il participe dans l'économie nationale à plus de 25 milliards de francs Cfa dont environ 19 pour le charbon (Trossero, Cité par Dieng C., 1994) compte non tenu des prélèvements qui échappent au contrôle des services compétents. Il faut aussi noter le lobby des exploitants de charbon, regroupés depuis 1983 en associations pour mieux défendre leurs intérêts, à qui revient plus de la moitié des retombées financières. De ce fait, ils sont de véritables puissances ; la part de communautés rurales n'étant pas très significative. Seule une infime partie des recettes contentieuses lui est versée:deux à trois millions pour la CR de Koussanar en 2003 et 2004. Les

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recettes domaniales sont la propriété de l'Etat. La situation économique et sociale étant le soubassement des actions de tout dirigeant, les enjeux politiques sont plus ou moins importants.

Ils sont non négligeables. Vu le nombre de la population concernée, les pouvoirs publics peuvent souvent adopter des orientations (dans la pratique) qui ne sont pas conformes avec le cadre réglementaire en vigueur. Il arrive que l'on oriente la coupe vers une zone initialement prévue pour le repos et faute de quoi la satisfaction des besoins ne serait pas effective. A Koussanar, ce problème n'a pas été signalé mais l'intensité de l'exploitation n'exclut pas une telle pratique.

En somme, les enjeux liés à l'exploitation forestière ne sont pas faciles à cerner en raison des multiples acteurs qui entrent en jeu et des intérêts aussi divers que complexes. Le couvert végétal connaît une diminution aussi bien quantitative que qualitative suite à son écrémage par les différents intervenants. Les conséquences d'une telle dynamique se répercutent sur tous les plans (agricole, pastoral,...).Conscient de ce fléau, l'Etat, à travers le code forestier, a mis en défens certaines espèces menacées (voir tableau 6) Elles se retrouvent toutes dans la zone et présentent un intérêt particulier du point de vue économique, écologique, scientifique ou médical.

Tableau 6: Espèces protégées par le Code forestier

Noms scientifiques

Noms wolof ou noms célèbres

Acacia Raddiana

"seing"

Acacia senegal

"Werek"

Adansonia digitata

Baobab

Afzelia africana

"Nincom"

Borassus aethiopium

Ronier

Ceiba pentandra

Fromager

Cordyla pinnata

"Dimb"

Grewia bicolor

"Kel"

Khaya senegalensis

Caïlcédrat

Moringa oleifera

"Nebeday"

Prosopis africana

"yiir"

Pterocarpus erinaceus

Vène

Sclerocarya birrea

"Eeri" en pulaar

Tamarindus indica

Tamarinier

Ziziphus mauritania

"Sidem"

Source : code forestier

Cette protection est presque inopérante du fait des impératifs économiques et des moyens
déficitaires. D'ailleurs, nos enquêtes ont pu nous montrer que plusieurs espèces, à des degrés

divers, sont menacées de disparition. Il s'agit de celles dont les noms sont mis en rouge dans le tableau ci-dessus et d'autres comme Stercula setigera, Bombax costatum ou « garab laobé », etc.

Pourtant, le patrimoine végétal doit être judicieusement géré. Pour ce faire, il urge de :

- évaluer les forêts car, d'après le service concerné, il n'existe aucune statistique fiable ;

- délivrer les permis de coupe proportionnellement à la capacité de régénération des forêts et au rythme des reboisements17.

La forêt est véritablement une soupape de sécurité pour les habitants de la localité mais exige une exploitation plus rationnelle afin de la restaurer et d'éviter son épuisement.

Conclusion partielle

En somme, cette première partie a souligné l'importance de l'intense exploitation du couvert végétal. Cette intensification se justifie par le faible revenu des communautés dont les activités sont largement tributaires des potentialités forestières ; lesquelles sont également soumises aux éléments physiques qui ne sont pas tout à fait favorables. Les enjeux attachés à la ressource sont prépondérants mais n'occultent en rien la nécessité de la protéger en impliquant les principaux concernés.

En fait, la protection et la conservation des ressources forestières importe que les populations riveraines des zones d'exploitation soient intéressées et associées car étant les premières victimes des impacts négatifs sur les autres activités rurales. Cela est d'autant plus légitime que depuis l'entrée en vigueur en 1982 de la réforme administrative, territoriale et locale, la population constitue un maillon indispensable de la chaîne de gestion des ressources naturelles.

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17 victimes dans la zone d'un manque d'implication de la population et particulièrement de la jeunesse

DEUXIEME PARTIE :
GESTION DURABLE DU PATRIMOINE LIGNEUX :
PORTEE ET LIMITES DE LA DECENTRALISATION

Introduction

Dans la continuité de la première partie qui traite des relations qui existent entre l'espace et les sociétés, cette deuxième partie se propose d'étudier les contraintes liées à la gestion durable du patrimoine ligneux. Elle mesure la portée et les limites des compétences transférées en matière forestière.

En réalité, l'analyse des facteurs de la dégradation du patrimoine ligneux nous a permis de mieux comprendre la situation économique de la zone d'étude et les conditions climatiques, édaphiques dans lesquelles évolue cet environnement. Ceci participe à une meilleure compréhension du contenu et de la portée explicative des politiques de gestion mises en oeuvre dans un contexte marqué par une avérée ou supposée montée en puissance des différents acteurs du développement. Ces derniers visent une plus grande implication des populations dans la gestion des affaires en général et des ressources naturelles en particulier.

61

Chapitre IV: Le patrimoine ligneux: tableau des contraintes

62

Les contraintes sont nombreuses et leur identification relève d'une nécessité qui trouve sa légitimité dans les paramètres justificatifs de la gestion.

IV- 1- - Justification de la gestion

Les ressources naturelles englobent toutes les richesses physiques et biologiques d'un territoire donné. Il s'agit de toutes les potentialités naturellement disponibles et n'ayant subi aucune intervention humaine. Associées à la notion de gestion, elles renvoient aux ressources qui sont renouvelables à l'échelle humaine comme l'eau, la biomasse végétale, etc.

Contrairement à l'orientation dite protection / conservation qui a longtemps prévalu dans ce domaine, celle connue aujourd'hui sous le nom de conservation/ développement, définit la gestion comme une valorisation dynamique des ressources naturelles pour satisfaire le développement humain et économique et non pour un simple besoin de protection.18

18(Fall, cours de 409, 2005/2006).

Il s'agit d'organiser et de contrôler l'exploitation des ressources en tenant compte de deux clauses fondamentales :

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- garantir la durabilité des ressources sans compromettre leurs conditions de renouvellement ; - gérer les ressources en préservant leur diversité biologique.

Le respect de ces principes rejoint le concept de développement durable lancé à la conférence de Rio en 1992). Cependant, la prise de conscience par l'homme de la dégradation de l'environnement et de la nécessite de le protéger s'est surtout affirmée à partir des années 19601985 (conférence des Nations Unies sur l'environnement de 1972). Dans cette optique, face à un constat de dégradation avancée de ses ressources, de nombreuses conventions ont été signées par le Sénégal et de nombreux plans adoptés (comme le plan d'action forestier) dont la pertinence se mesurerait à l'adéquation avec une approche systémique considérant le milieu comme un ensemble dont les éléments constitutifs (sol, végétation, eau, air, homme et ses déterminismes) sont étroitement liés. Toute action touchant l'un d'entre eux peut perturber le système.

IV- 2- Les contraintes liées à la gestion du couvert végétal

Elles sont d'ordre institutionnel et logistique.

IV-2-1- Les contraintes d'ordre institutionnel

Les entraves à une bonne gestion de la végétation sont relatives à :

- la méconnaissance des textes de lois par certains acteurs locaux ; la majorité des élus n'ayant pas un niveau de scolarisation élevé. Ceci entraîne une cacophonie et un retard dans les prises de décision malgré les nombreuses sessions de formation. C'est probablement la raison pour laquelle les actions allant vers la protection de l'environnement occupent une place très minime dans le programme du conseil rural. La majeure partie des ressources est affectée aux activités de loisirs comme les "navétane" et autres. Les « réalisations à caractère social et culturel au détriment de projets de développement économiques » (PLD 2004) basées sur la valorisation des potentialités locales sont constatées. La communauté rurale reçoit des fonds de dotation dépassant souvent les cinq millions et des fonds de concours évalués annuellement à près de trois millions sans compter les fonds propres (plus de dix millions). Ils sont orientés vers les actions se rapportant aux différentes compétences transférées. A en croire un agent du conseil (documents à l'appui), ce financement concerne les volets suivants : éducation-santé-jeunesse-sport, action sociale, activités culturelles, vacances citoyennes (budget de 412 000 en 2005 et 2006), etc. Le volet environnement y occupe donc une faible place malgré les différents enjeux

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dont il fait l'objet. Il est inclus dans les vacances citoyennes et se limite au reboisement. Ce dernier est principalement mené par la brigade forestière et est souvent laissé à la merci de la divagation des animaux faute d'un soutien conséquent de la part du CR. Mais, nous précise un conseiller, membre de la commission de l'environnement, « le budget alloué au secteur forestier ne dépasse guère 300 000 FCFA » comme en 2005. Il est prélevé des fonds propres19 du conseil. En somme, moins de 2% des recettes est destiné au volet environnement et gestion des ressources naturelles. Ceci est d'autant plus inquiétant que depuis 1994, aucun soutien financier en direction de l'environnement n'a été constaté mise à part la subvention de 2005.

Tout ceci se traduit par un manque de coordination entre les différents niveaux d'intervention. La gestion des feux de brousse est laissée entre les mains exclusives du service forestier. Or, les textes transfèrent une partie de cette compétence aux collectivités locales.

Au delà de ces lacunes d'ordre social et organisationnel, ce sont les incertitudes de lois qui mutilent la préservation des ressources.

- les incertitudes de lois sont à mettre en rapport avec celles sur le domaine national qui supplante la gestion coutumière. D'après cette loi, « ce sont les zones de terroirs qui sont des espaces de culture et d'élevage exploitées sous le contrôle de l'Etat »20. Maintenant, avec la décentralisation, c'est le conseil rural qui est chargé de l'affectation et de la désaffectation de ces terres. Ce principe ne reconnaît que la mise en valeur. Or, le pastoralisme n'est pas considéré comme telle. En conséquence cela peut générer une extension des parcours au détriment des zones de culture, une diminution des jachères due à une phobie de perte de terres par certains exploitants. C'est pourquoi le projet de lois d'orientation agro-sylvo-pastorale propose en son article 44 la reconnaissance du pastoralisme comme mode de mise en valeur de l'espace rural.

19 Fonds issus de la taxe rurale, la taxe forestière, les amendes douanières et de la gendarmerie , les produits du Fonctionnement des fourrières, les droits de place tirés du marché quotidien de Koussanar, des marchés hebdomadaires (Koussanar et Dawady), les produits de la patente, etc.

20 Rapport sur l'état de l'environnement au Sénégal, CSE, 2005, 231p, pp.116

En outre, la majorité des populations ignorent cette loi et se recroquevillent sur leurs habitudes coutumières en s'opposant farouchement à toute procédure d'expropriation, d'où un véritable

problème de préservation des ressources forestières. Ces contraintes d'ordre institutionnel se répercutent à tous les niveaux de difficultés.

A ce titre, un fait majeur met en exergue le problème qui existe entre la population locale et le conseil rural en matière de gestion des terres: la réserve privée de faune de Koussanar.

C'est une étendue de 3000 ha qu'avaient voulu installer en 2003 les promoteurs Jacques Resk et son frère Georges. Ils envisageaient d'en faire un Bandia II. et avaient demandé 6000 ha mais le conseil rural leur en a octroyé la moitié. A l'image de ce qui a été constaté au ranch de Dolly, la réalisation de ce projet a rencontré l'hostilité d'une partie de la population, des éleveurs peuls essentiellement. Ces derniers ont refusé d'adhérer à ce projet car, estiment-ils, ces terres contigües à la forêt classée des Pagnate abritent des mares dont ils se servent pour l'abreuvage du bétail. De sources proches du conseil rural, les promoteurs avaient prévu de construire un forage pour l'alimentation en eau des animaux et d'autres actions visant à annihiler les impacts potentiels d'un tel projet sur son environnement immédiat. Ces mesures ont décidément été rejetées par les dissidents.

Face à cette farouche opposition de la population à la décision du conseil rural, le préfet a sorti un arrêté demandant aux promoteurs d'arrêter les travaux qui ont été enclenchés. En dehors des considérations politiques et des querelles de tendances au niveau local, cette histoire traduit un manque de concertation en amont des projets et d'association des populations concernées. Elle édifie également sur la complexité de la gestion des terres sises en zone de terroir.

Pourtant, cette réserve pouvait avoir des incidences certains sur le plan environnemental et celui socio-économique. Elle aiderait à la préservation d'espèces menacées et à l'introduction d'autres types de formations. En plus, elle enrichirait la zone en ressources animales et participerait ainsi à une forme de restauration de la biodiversité qui est aujourd'hui très fragilisée. L'activité touristique se développerait, favorisant la diversification des sources de revenus, et la création d'emplois en sus de ceux directs.

Toujours est-il que la question n'est pas encore définitivement close mais a peu de chance d'aboutir.

65

IV-2-2- Le manque de moyens humains et logistiques

66

Les agents forestiers protègent, conservent et développent les ressources forestières (article 56 du code forestier). Le service forestier, nerf moteur de la protection du patrimoine ligneux, apporte son soutien et son assistance aux différents projets intervenant dans la zone. Il coordonne les reboisements et surveille les forêts. Bref, il reste très ouvert aux programmes de protection et de (3047km2 valorisation des potentialités environnementales.

Il est confronté à un réel manque de moyens pouvant lui permettre de mener à bien ses activités.

Sur le plan humain, pour l'ensemble de l'arrondissement (3047 km2), il n'existe que deux agents chargés de faire tout le travail lié à la protection et à la préservation des ressources forestières face aux multiples facteurs de dégradation d'ordre aussi bien naturel qu'anthropique. Parfois, ils se voient confier la gestion d'autres communautés rurales comme cela a été le cas en 2005 (CR de Ndoga Babacar).

Au niveau logistique, l'aide qu'ils reçoivent du C.R est dérisoire pour ne pas dire inexistante afin faire face à l'ensemble de leurs besoins. En plus, on note une quasi absence de matériels de reboisement, de lutte contre les feux de brousse, etc. Il en est de même pour les moyens de locomotion (une seule voiture). En ce sens, le programme "wula Nafaa" avait offert à certains villageois, organisés en C.V.D, des vélos mais ces derniers sont aujourd'hui utilisés à des fins autres que celles initialement définies. De plus,, l'implication de population n'est pas effective.

La brigade forestière de Koussanar a de lourdes charges mais les moyens de sa politique sont largement déficitaires. Consécutivement à toutes ces contraintes, la dégradation des ressources est réelle.

IV-2-3- Les implications des contraintes en rapport avec la réglementation.

Elles sont la résultante de l'ensemble des activités rurales et des différentes pressions exercées sur la ressource ligneuse avec des conséquences variables. Le rétrécissement croissant du couvert végétal suite aux défrichements, à l'exploitation clandestine, à la carbonisation, aux émondages, et aux feux de brousse font que certaines espèces se font de plus en plus rares. Le bois de bonne qualité, qui jadis se retrouvait dans un rayon de 20km, s'obtient aujourd'hui au prix d'un parcours allant de 15 à 30 km des villages en moyenne. Il a pour corollaire une amplification de l'érosion pluviale en hivernage et éolienne en saison sèche. Le relief se modifie par un important ravinement des terres sans grande mesure de conservation. Les terres cultivables s'en trouvent affectées dans la mesure où les particules fines du sol sont emportées.

Les impacts négatifs sont réels mais les mesures définies par les textes pour arriver à bout de ces pratiques sont inopérantes. En fait, les défrichements et déboisements sont soumis à autorisation mais les contrevenants semblent ignorer ce principe et disposent de la végétation à leur guise. Seuls de rares cas ont été sanctionnés par le service forestier, d'où une grande faille dans la gestion. Le code de l'environnement (loi 2001-01 du 15 janvier 2001), en son article L100, déclare: « Est punie d'une amende d'un million à deux millions de francs CFA et d'une peine d'emprisonnement de six mois à deux ans ou de l'une de ces peines, toute personne ayant pollué, dégradé les sols et sous sols en violation des dispositions réglementaires en vigueur. » Il en est de même pour ceux qui provoquent les feux de brousse sciemment ou par inadvertance ou négligence. Ils doivent être punis d'une amende de 50 000 à 500 000 et d'un emprisonnement de deux mois à deux ans (article 47 du code forestier). Malheureusement, les contrevenants sont invisibles. Ceci traduit un manque de culture environnementale des populations et de soutien suffisant de l'Etat.

Conclusion

Les contraintes sont perceptibles à tous les niveaux (social, économique, politique, institutionnel...). La protection et la mise en valeur de l'environnement sont des composantes essentielles de la politique nationale qui vise à promouvoir le développement économique, social et culturel. C'est dans cette optique de meilleure gestion des ressources forestières que s'inscrit la décentralisation.

67

Chapitre V- Décentralisation et développement local

68

La gestion des ressources naturelles a pendant longtemps été centralisée avant l'intervention des collectivités locales à partir de 1996. La loi n. 96-07 du 22 mars 1996 consacre le transfert des compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales en matière forestière. Ces dernières tentent aujourd'hui de trouver la voie adéquate face à la dégradation de la végétation par des expériences parfois réussies mais qui n'occultent en rien certaines contradictions relatives au niveau d'implication des populations concernées.

V- 1- contexte et principes de la décentralisation

Le concept de décentralisation est né de l'aboutissement d'un long processus et se spécifie par un certain nombre de principes.

V-1-1 contexte

De l'indépendance à nos jours, le pays a connu cinq importantes réformes :

- celle du 13 janvier 1960 qui avait subdivisé le Sénégal en zones plus ou moins homogènes (cercles, arrondissements) administrés respectivement par des gouverneurs de cercles, des commandants de cercles et des chefs d'arrondissements (substituts des anciens chefs de cantons) ;

- celle du 03 avril 1964 qui abroge et remplace la précédente en substituant aux «cercles »et «commandants de cercles» les termes «département» et «préfet de département». Elle renforce les pouvoirs de ces administrateurs dans le but de favoriser le développement économique et social.

- la reforme du 1er juillet1972 sera la plus significative car ayant introduit de profonds changements dans le paysage administratif sénégalais. En fait, Elle a consacré la division du pays en régions, départements, communes, arrondissements et communautés rurales. Toutefois, la modification la plus notable est la revalorisation de trois aspects qui sous tendent aujourd'hui toute politique de développement. Ils sont les suivants: déconcentration (renforcement des pouvoirs des gouverneurs, préfets et nomination des sous préfets), décentralisation (création des communautés rurales), participation responsable. Ce dernier terme s'est concrétisé par la mise sur pieds des conseils régionaux, départementaux et d'arrondissement.

Ces dispositions sont renforcées par d'autres réformes dont les plus représentatives sont celle de 1996 21 qui a consacré la libre administration des collectivités locales et celle de 2001 (érection de Matam en région). Le Sénégal compte désormais 441 collectivités locales réparties

69

en 11 régions, 110 communes et 320 communautés rurales (Diop D., 2006) compte non tenu des implications de la départementalisation de Koungheul en 2006.

Cependant, la création des communautés rurales a été faite au coup par coup. Elle fut respectivement officialisée dans la région de Thiès (1972), dans le Sine Saloum (1974), à Louga, en Casamance (1978), au Sénégal Oriental (1982) et au Cap Vert (1984). La motivation de leur création réside dans les principes fondamentaux de la décentralisation que le président Abdou Diouf résumait ainsi: « liberté, démocratie, proximité » (Diop, D., 2006. pp.88).

La décentralisation est un principe institutionnel et politique qui vise à rapprocher les niveaux de prise de décisions de leurs bénéficiaires. En d'autres termes, elle consiste à « transférer une part du pouvoir exercé par un Etat à des entités politiques ou administratives d'échelon inférieur » (Levy J. et Lussault M., 2003). Les objectifs recherchés sont: le développement économique et social des régions, la proximité administrative et le dynamisme des collectivités locales. Dans cette optique, les compétences transférées se structurent en deux volets:

- le volet socio-économique concerne la santé, jeunesse-sport- éducation, la culture ;

- le volet gestion territoriale englobe l'urbanisme, la planification, la gestion foncière et l'environnement.

V- 1-2- Portée des principes

L'exercice de ces compétences est assujetti au respect d'un certain nombre de principes:

- les compétences sont octroyées par la loi qui reconnaît aux collectivités locales l'existence d'affaires propres ;

- l'Etat est garant des ressources et les collectivités locales en sont les gestionnaires

21 Loi 96-06 96-07 du 22 mars 1996 portant respectivement régionalisation et transfert des compétences aux collectivités territoriales et à leurs organes

- les interventions des collectivités locales sont conduites dans une démarche intégrée et participative conformément aux orientations politiques et options techniques définies dans chaque zone écogéographique ;

70

- les compétences ne sont pas transférées par bloc mais réparties entre les collectivités (régions, communes communautés rurales,...).

La communauté rurale, objet de notre étude, peut être définie comme une entité sociale qui jouit des potentialités d'un milieu déterminé ayant des liens linguistiques, religieux, ou culturels et acceptant des règles de vie communes.

L'élection des conseils ruraux au niveau de chaque communauté rurale est motivée par le souci de mieux gérer les affaires locales en conformité avec les principes de la décentralisation. En plus de ses autres fonctions précitées, le conseil rural est chargé de la gestion de l'environnement et des ressources naturelle. Il doit veiller à la conservation de ces dernières. La conservation est l'entretien et « l'utilisation par l'homme de la biosphère de manière que les générations actuelles tirent le maximum d'avantages des ressources tout en assurant leur pérennité pour pouvoir subvenir aux besoins, aux aspirations des générations futures » (UICN). Il est de sa compétence d'affecter ou de désaffecter les terres du domaine national, d'émettre des voeux sur toutes les mesures règlementaires utiles à mettre en oeuvre pour l'exploitation des ressources naturelles et la protection des biens (protection des forêts, création des aires protégées, gestion des forêts, exploitation défrichements, amodiation, protection de la faune).

En somme, la loi 96-07 du 22 mars 1996 ayant consacré le transfert des compétences à la communauté rurale en matière forestière la responsabilise sur:

- la gestion des forêts sises en zone de terroir sur la base d'un plan d'aménagement approuvé par l'autorité compétente de l'Etat ;

- la délivrance d'autorisation préalable de toute coupe à l'intérieur du périmètre de la communauté rurale ;

- la quote part d'amendes prévue par le code forestier ;

- la constitution et le fonctionnement des comités de vigilance en vue de lutter contre les feux de brousse ;

- l'avis sur la délivrance par le président du conseil régional d'autorisation d'amodiation ; - la gestion des sites naturels d'intérêt local ;

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- la gestion des déchets ;

- la création et l'entretien des mares artificiels, des retenus colinéaires à des fins agricoles ou autres ;

- l'élaboration et la mise en place d'un plan local d'action pour l'environnement. Globalement, les relations entre collectivités se résument dans le tableau 7.

Tableau 7 : Responsabilités des collectivités décentralisées et des structures déconcentrées en matière forestière

Collectivités

Planification.

ProtectionFeux sites.

Naturels.

de

brousse

Exploitation...

Défrichement.

Amodiation.

Etablissements classés...

Région

Définition des
options

Edicte des
mesures
de
protection

Planification
de la lutte et
appui

Gestion forêts
et répartition
quotas

Présidence de
la commission
et autorisation

Délivrance
des

autorisations

Etude d'impact

Commune

Elaboration
des plans
communaux

Est
associée

Apporte son concours

Autorisation
préalable aux
coupes

 
 

Gestion de
déchets solides

C.R

Elaboration
des plans
locaux

 

Gestion des
systèmes de
protection

 

Avis

consultatif

Avis

consultatif

Avis avant
installation

Représentan de l'Etat

Approbation
des plans

Contrôle
de légalité

Appui et
contrôle

Fermeture de
chantiers

Contrôle de
légalité

Approbation
des décisions

Contrôle de
légalité

Services
techniques

Appuie les CL

 
 

Appui
technique

Instruction de
la demande

Instruction de la demande

Instruction de
la demande

Source : DGL FELO, Décentralisation et gouvernance locale

Ce tableau montre l'interconnexion qui, a priori, existe entre les collectivités locales, les structures déconcentrées et les services techniques dans les différents niveaux de compétence. Ces derniers concernent aussi la collaboration dans la protection des espèces menacées.

72

L'utilisation écologiquement rationnelle, économiquement viable et socialement acceptable des potentialités forestières se trouve être le fondement durable souhaité malgré les contraintes liées à la gestion des ressources naturelles énumérées dans le chapitre précédent

V-2- Les acteurs de la gestion des ressources forestières dans la communauté rurale de Koussanar: implications et problèmes

La gestion des ressources naturelles implique la participation de plusieurs acteurs dont les mobiles, aussi divers soient-ils, doivent être organisés et coordonnés afin de promouvoir le développement. Ce terme, selon Georges P. (1970), désigne des processus tendant à la diffusion harmonieuse des effets de la croissance (augmentation des dimensions économiques, des indices de production) dans la société entière et à l'acquisition d'une autonomie de croissance. Il exige des transformations quantitatives et des modifications des structures sociales et économiques.

Dans le cadre de la décentralisation, il est souvent associé à la notion de développement local (par opposition au global, régional, national ou mondial). Apparu dans les années 1960-1970 en France et appliqué en milieu rural, ce concept se définit comme une dynamique multisectorielle et multidirectionnelle au sein d'une société locale consistant en la construction d'un projet de développement autocentré et endogène de cette société (O.N.G, associations locales).

V-2- 1 - l'Etat et la brigade forestière

L'Etat est incontournable dans la mesure où c'est lui qui définit les orientations globales en matière d'exploitation, de gestion, de conservation et de protection des ressources forestières. A travers les allocations compensatrices, autrement dit la subvention qu'il accorde à la communauté rurale à titre de compensation des compétences, l'Etat constitue le principal acteur dans le jeu économique local. Décentralisation et déconcentration étant deux aspects qui doivent agir en symbiose, l'Etat est représenté au niveau de Koussanar par une sous préfecture (chargée de l'exécution des lois et règlements).

Le sous préfet est responsable du développement économique et social de l'arrondissement et préside le Centre d'Appui u Développement Local (C.A.D.L). En plus, il doit veiller à la bonne exécution des activités de la brigade forestière ; exercer un contrôle de légalité sur les décisions du conseil rural ; coordonner les initiatives de développement.

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Toutefois, nos enquêtes ont révélé que la coordination entre les structures déconcentrées, d'une part, les services déconcentrés et ceux décentralisés, d'autre part, laisse à désirer. L'intervention de la sous préfecture dans les affaires du conseil rural est strictement a posteriori, ce qui limite sa marge de manoeuvre

Pour ce qui concerne la brigade forestière, elle est composée d'agents à la fois conseillers techniques des élus locaux et policiers de la forêt. C'est aussi un acteur de taille dans la gestion de la végétation et la mise en adéquation des pratiques environnementales locales avec les orientations définies par l'Etat central. Elle est chargée d'organiser l'exploitation et de sanctionner les éventuels contrevenants. Paradoxalement, elle est confrontée à un manque de personnel. Certaines personnes considèrent que si le service était à même de les rémunérer, ils seraient prêts à s'engager dans la protection des espèces, particulièrement celles très exploitées et de faible capacité de régénération (Bombax costatum, Pterocarpus erinaceus, Cordyla pinnata). Signalons que la brigade emploie deux à sept personnes selon les saisons et les besoins des travaux.

Elle participe pour une bonne part aux ressources financières de la CR. Les recettes varient entre deux et trois millions de francs Cfa par an.

V-2-3- Les élus locaux et les usagers de la forêt

Les élus locaux sont devenus indispensables mais sont confrontés à de multiples contraintes liées probablement à une insuffisante maîtrise des compétences transférées ou même à leur niveau d'instruction qui est, dans sa globalité, relativement bas. Ceci limite leurs actions.

Parallèlement, l'intégration des populations dans les activités visant la protection ou la restauration de l'environnement n'est pas effective. En réalité, la jeunesse est mal intégrée. La responsabilité de cette mauvaise intégration est rejetée mutuellement entre les deux parties (élus et jeunes). Cela serait dû, si l'on en croit certains, à la faible représentativité des jeunes dans le conseil rural. Avec une moyenne d'âge de 51 ans, ce dernier est constitué de moins de 10% de jeunes avec des âges compris entre 32 et 78 ans.

Toujours est-il que le conseil rural s'intéresse moins aux activités allant dans le sens de la protection des ressources végétales.

74

Quant- aux usagers de la forêt, ils sont essentiellement des agriculteurs, éleveurs et exploitants forestiers. Leurs actions, malgré des incidences certaines au niveau économique local, ont causé des dommages importants au patrimoine ligneux et sont susceptibles de rompre l'équilibre environnemental. Il convient de mettre sur place un espace d'échange permettant de prendre en compte toutes les dimensions et les enjeux de l'utilisation des ressources pour un développement local durable.

Considérant un des principes fondamentaux de la décentralisation, c'est-à-dire la participation responsable, il est indispensable de définir des mécanismes allant dans ce sens. (Dia I., 2002). Il s'agit: de la libre circulation des informations ; de la concertation de la décision ; de la responsabilisation dans l'exécution des décisions ; de la mise su pieds de structures de pilotage.

C'est pourquoi la banque mondiale prône une nécessaire participation de la population rurale « favorisée par un ensemble d'incitations » 21 pour une solution durable au problème de l'exploitation des ressources forestières.

Conclusion

La décentralisation, en responsabilisant les collectivités locales pour une gestion de proximité susceptible de propulser le développement local, a mis en jeu un ensemble d'acteurs dont la collaboration n'a pas encore atteint le degré souhaité. Même si les mobiles se complètent, ils n'en demeurent pas moins confrontés à des contradictions qui ne vont pas dans le sens d'une gestion durable du patrimoine ligneux.

Néanmoins, on assiste dans la communauté rurale de koussanar à des tentatives de sortie de crise. La survie de ces dernières est tributaire du respect d'une certaine forme d'organisation et du dynamisme des initiatives à la base.

22 Walfadjiri, novembre 1994, no 791, p. 3

Chapitre VI- Vers une meilleure prise en compte de l'environnement

75

On assiste aujourd'hui à un foisonnement sans précédent des intervenants dans la restauration de l'environnement. En ce sens, l'amélioration de la collaboration qui se dessine entre structures déconcentrées, collectivités locales et programmes de développement, malgré les nombreuses lacunes soulignées plus haut, nous a poussé à augurer quand-même des lendemains meilleurs en terme de gestion durable des ressources naturelles. Toutefois, cette durabilité devra être assujettie à un certain nombre de principes qui sous tendent tout projet visant à promouvoir le développement local: organisation, coordination et restitution de l'initiative à la base.

VI-1- L'organisation globale de l'exploitation forestière

Le conseil rural est l'instance de décision chargée d'approuver, le cas échéant, les propositions du conseil régional et de veiller à l'exécution et à la coordination des projets de gestion. C'est une structure indépendante qui bénéficie des recettes financières générées par la brigade forestière à travers les sanctions prises sur les exploitations clandestines.

Le service forestier fixe les quotas, autrement dit la quantité annuelle de bois à exploiter pour satisfaire les besoins des populations en tenant (en principe) compte des quantités que l'on peut tirer des forêts (possibilités) et de la durée de révolution (temps nécessaire à une forêt exploitée pour se reconstituer). Il est tenu de présenter un rapport mensuel de toutes ses activités aussi bien à la sous préfecture qu'au conseil rural. Il en fait de même pour le C.A.D.L.

Ce dernier est, par vocation, l'animateur principal de la participation des populations dans la gestion des ressources. C'est en 1954, à partir des «cantons pilotes» (Diop, D., 2006) que furent créés les premiers Centres d'Appui au Développement Local alors appelés Centres d'Expansion Rural (C.E.R) avant de devenir, par la loi n° 60-04 du 13 janvier 1960, Centres d'Expansion Rural Polyvalent (C.E.R.P) et d'acquérir en 2005 l'appellation actuelle. Leur mission d'antan était exclusivement agricole: accroître la production de l'arachide par l'adoption de nouvelles méthodes à la suite de crise agricole de 1951-1952. Aujourd'hui, en plus de son rôle originel, il a la tache d'encourager les initiatives locales (projets), de coordonner et de suivre les activités des O.N.G, y compris celles qui oeuvrent dans le domaine forestier. Il appuie donc les partenaires ou O.N.G tels que :

- "Wula Nafaa" dans la valorisation de Stercula setigera et des produits de cueillette ;

- Enda Pronat dans la lutte contre la dégradation de l'environnement en endiguant

l'utilisation excessive de fertilisants chimiques afin de favoriser le développement de

76

l'agriculture biologique). Elle intervenait dans les zones de pagnate, Koussanar, Keur Demba, Keur Ousmane, Pakitrane, Sinthiou Sadio Aliou.

- Africare: Elle s'était aussi installée dans la zone de Dawady (2001-2003) et avait pour
objectif l'amélioration de la qualité de vie en introduisant des techniques de production viables et diversifier les sources de revenus. Elle avait aussi pour mission la promotion de pratiques appropriées de gestion durable des ressources naturelles. Son retour serait salutable ;

- Les groupements de Promotion Féminine (G.P.F) participent aussi à la valorisation des
ressources locales. Elles sont au nombre de 18 dans l'ensemble de la communauté rurale et se distinguent dans des actions de reboisement et dans la transformation des produits de cueillette. Les plus reconnus en ce sens sont ceux de Dawady, Pakirane, Keur Ousmane, Kolomba, Kouthiakoto. D'ailleurs, des périmètres fruitiers leur ont été octroyés grâce à l'appui du C.A.D.L. Cependant, ils sont plus dynamiques du coté de la teinture, du commerce et du maraîchage.

Toutefois, l'intervention du centre d'appui au développement local dans la protection de la végétation n'a pas encore atteint le degré escompté. Toujours dans cette optique d'interconnexion entre services régionaux et locaux, la brigade forestière transmet un rapport au secteur dont le siège se trouve à Tamba. C'est celui-ci qui donne des directives à la brigade concernant l'exploitation ; laquelle se compose de deux campagnes. La première (forestière) va du 1er janvier au 31 juillet mais peut être prolongée ; la seconde (chasse) débute le 15 décembre pour prendre fin le 30 avril. L'organisation de ces campagnes a toujours nécessité au préalable une réunion d'information tenue par le conseil régional de concert avec le conseil rural qui, à son tour, convoque une autre réunion dite d'approbation car n'ayant qu'un avis consultatif et non conforme.

VI-2- Initiatives internes

La décentralisation a entraîne une responsabilisation de la communauté rurale dont les actions ne sont opérantes qu'à la faveur de la participation des populations concernées même si des lacunes sont notées dans le domaine des associations qui ne connaissent pas une véritable dynamique dans la zone. Seules quelques G.P.F s'activent dans le maraîchage et l'artisanat sans connaissance réelle des enjeux liés à la conservation de la végétation. A ce titre, il été procédé au renforcement des structures relais sur le terrain dont le principe avait été formulé lors du séminaire de lancement du programme « C.E.R.P, développement des communautés rurales » qui s'est tenu à Koussanar du 04 au 06 février 1990. Ainsi, plusieurs villages sont regroupés sur la base de critères d'intérêt collectif relatifs au partage d'un même périmètre d'exploitation. Ils

77

forment une vingtaine de comités villageois de développement (C.V.D) qui rassemblent souvent des groupements locaux de production (G.L.P). Les C.V.D sont coiffés par le comité inter villageois de développement (C.I.V.D) dont le siège se trouve au sein du conseil rural qui est l'organe central de la gestion des ressources naturelles. Il est appuyé par le C.A.D.L (formation et recyclage des structures relais) et la sous préfecture (contrôle a posteriori, intervention en cas de conflit). Au niveau de chaque C.V.D des commissions ont été élaborées :

- la commission agriculture, élevage hydraulique ;

- la commission éducation, santé, assainissement ;

- la commission éducation familiale et action sociale ;

- la commission jeunesse-sport, culture et loisirs ;

- la commission commerce- artisanat- transport ;

- la commission environnement et gestion des ressources naturelles (surveillants des forêts)

Le C.I.V.D forme un bureau composé de délégués choisis par chaque C.V.D (président, vice président, trésorier, adjoint au trésorier, commissaire aux comptes). Il est constitué par les principaux acteurs du développement local et joue le rôle de suivi et de contrôle des activités. Aussi, doit-il rendre compte régulièrement à l'équipe du C.A.D.L et du sous secteur eaux et forêts ainsi qu'au conseil rural lui-même.

Le rapport comporte tous les problèmes et proposition de gestion supposés ou avérés dans les localités concernées

Cette forme d'organisation se résume dans la figure 14.

Figure 14 Organigramme de la gestion des ressources forestières au niveau local

78

 
 
 

Conseil rural

 

Brigade forestière / CADL

Sous préfecture

 
 
 
 
 

C. I. V. D

C. V. D

V I L L A G E S

Réalisation : Thiam E., 2006

Les villages sont à la base de ce processus de gestion. Un ensemble de villages se regroupent en C.V.D qui, à leur tour, constituent le bureau exécutif du C.I.V.D. Le CIVD transmet ses rapports sur la situation environnementale au conseil rural (organe décision), aux services technique (appui / conseil) et à la sous préfecture (contrôle a posteriori, intervention en cas de conflit). Les services de l'Etat et le conseil rural sont tenus de collaborer afin de trouver des solutions aux problèmes signalés par la base.

Dans ce cadre, il a été signé une convention locale sur la gestion des terroirs de Koussanar et Sinthiou Malème. Une rénovation de taille a été acquise: tout exploitant doit avoir des périmètres de reboisement pour accéder à la ressource forestière. Mais, c'est sans compter sur les difficultés d'application de ces initiatives qui, au delà des aspects purement règlementaires (possibilités de contestation de la légitimité d'un tel accord), ce sont les difficultés liées à la sensibilisation et à la compréhension de la portée de ces actions qui constitueraient une véritable entrave à leur réussite. En plus, même si on incite à reboiser, la protection contre la divagation des animaux et le suivi posent problème. Toujours est-il que leur importance est avérée dans la gestion malgré les nombreuses lacunes constatées.

A cause d'un manque notoire de moyens (locomotion, communication,...), la remontée rapide des informations est pénalisée et ces dernières peuvent rester inexploitées. Certains agents des C.V.D sont incapables de rédiger des rapports. Néanmoins, ils le font souvent de façon verbale et le service concerné (notamment la brigade forestière) se charge de la rédaction.

Cette organisation des populations est capitale dans la mesure où « des informations qui, jadis s'obtenaient au prix de patrouilles fréquentes, arrivent des C.V.D et participent ainsi activement à la lutte contre l'exploitation clandestine, très prononcée dans les forêts classées et à la diminution des dépenses » (Top N.).

En matière forestière des codes locaux ont été adoptés (Ouly, Pagnate, ...). Ces derniers ont permis l'identification par les C.V.D d'espèces intéressantes pour les villageois et qu'ils se sont convenus de protéger pour ne pas compromettre leur régénération et leur utilité. Elles s'ajoutent à celles protégées par le code forestier (voir (tableau 8).

Tableau 8 : espèces protégées par les populations locales

Detarium senegalensis (ditax en wolof)

Ficus sp (gang)

Hexabolus monopetalus (Khassaw en wolof)

Parinaria excelsa (Neo en wolof)

Parkia biglobosa (nete en pulaar)

Stercula setigera (mbepp en wolof)

Terminalia avicenninoides (rebreb en wolof)

Terminalia macroptera (Boodi en Pulaar)

Source : codes locaux des forêts classées de Pagnate et de Ouly

La coupe du tronc est strictement interdite et leur exploitation strictement limitée aux règles inscrites dans les codes, sous peine d'amende de 5000 FCFA. Ce principe est rarement respecté faute de motivations suffisantes, d'où une remise en question de sa durabilité.

79

VI-3-Gestion durable des aires boisées

Avant la décentralisation, la gestion des ressources naturelles était l'oeuvre exclusive de la direction des parcs nationaux et de celle des eaux, forêts et de la conservation des sols. Le constat largement partagé est que la première était dotée de plus de moyens et par conséquent, faisait des résultats plus significatifs. Le service des eaux et forêts était confronté à des difficultés d'ordre financier et surtout organisationnel. On assistait à un télescopage entre la gestion des zones de terroirs et celles relevant de son ressort (domaine de l'Etat)

Aujourd'hui, on remarque une relative amélioration malgré l'apparition de nouveaux défis liés à une certaine confusion des compétences entre conseil rural et service forestier. En réalité, les textes estiment que le conseil rural est chargé de la gestion de l'exploitation et la brigade forestière de son organisation. Ceci pose un véritable problème de définition des limites d'intervention de chacun d'entre eux.

Pour efficacement tenir en compte les ressources forestières, il a été mis en place un nouveau dispositif différent de l'approche verticale (top down). Cette dernière a montré ses limites parce que la dégradation des ressources n'a pas été arrêtée et le « dispositif institutionnel centralisé étouffe le développement local » 22.

Ainsi, on a tenté de restituer l'initiative à la base à travers la décentralisation. Les O.N.G, les G.P.F, les G.I.E, les associations et les C.V.D sont apparus dans cette mouvance conformément à la démarche gestion des terroirs adoptée dans beaucoup de pays en vue d'une gestion durable des ressources.

L'atteinte des objectifs recherchés dans la mise en place de ces structures dépendrait de l'application et du respect rigoureux des étapes suivantes :

- sensibilisation (conscientisation des populations) - diagnostic (Maîtrise du milieu naturel et social) ; - planification (définition et programmation d'activités destinées à valoriser les ressources) - exécution (réalisation des actions programmées dans le cadre de la planification) ;

80

22 Cours de 409, 2005-2006

- suivi-évaluation (veiller à la bonne exécution des actions, à leur pertinence et à leur viabilité).

Dans le cadre de la gestion forestière, le respect de ces principes sera subordonné à certaines clauses proposées pour l'amélioration de la gestion et de l'aménagement des forêts23:

- contrôle de l'accès et mesures d'accompagnement (limiter l'empiètement des cultures par exemple) ;

- contrôle et amélioration de l'exploitation (estimation du volume exploitable annuellement ; inventaire avant abattage, après coupe ; vérification des quotas par espèce ; engagement financier de la part de l'Etat et amélioration des ressources humaines, etc.) ;

- adéquation entre décisions et impératifs économiques (arbitrage entre les différents objectifs de gestion que sont la production, la protection, et la conservation) :

- Le partage équitable des profits

Conclusion partielle

La deuxième et dernière partie de ce Travail d'Etude et de Recherche (T.E.R), après avoir montré les différentes entraves à une bonne gestion de la végétation (problèmes d'ordre institutionnel et logistique), a mis l'accent sur les véritables motivations des politiques de décentralisation en matière forestière. Cela a permis de révéler les acquis et les lacunes de la zone dans ce processus. Les acteurs du développement (élus locaux, services techniques projets, population...), malgré une collaboration qui laisse à désirer, ont mis sur pieds une forme d'organisation susceptible de préserver la biomasse végétale. Cependant, elle doit répondre aux exigences qui fondent une vie durable: profiter de la ressource sans compromettre l'aptitude des générations futures à satisfaire leurs éventuels besoins.

81

23 Atlas pour la conservation des forêts tropicales

82

CONCLUSION GENERALE

Le traitement et l'analyse des données collectées sur les différents sites cibles ont permis de comprendre l'évolution du patrimoine ligneux de la communauté rurale de Koussanar. C'est dynamique se lit à travers deux éléments essentiels qui appuient nos hypothèses:

- le premier est relatif aux conditions socio-économiques qui déterminent le milieu. Celui-ci souligne l'importance des modes d'utilisation (agriculture, élevage, exploitation forestière) et des impératifs économiques liés aux ressources forestières. Il a montré l'influence que ces facteurs exercent sur son évolution parallèlement aux données physiques (pluviométrie, températures).

- le second concerne la gestion durable de la végétation. Il apporte la preuve que la décentralisation qui a supplanté l'approche verticale, malgré des principes relativement bien définis, est confrontée à une incompréhension de la part des élus locaux et à des difficultés dans la coordination entre acteurs du développement. Aussi, apparaissent-il de nombreuses failles dans les initiatives de protection de l'environnement.

Les implications de ces dysfonctionnements se traduisent par des perturbations dans la dynamique des sites naturels, notamment de la faune et de la flore. Les répercussions sur les activités économiques de la zone sont relativement perceptibles face à cette évolution négative dans un contexte marqué par une multiplicité et une complexité des enjeux. Cette situation est exacerbée par une poussée démographique qui se fait de plus en plus sentir.

Paradoxalement, les populations locales, dans leur majorité, n'ont pas encore saisi la problématique attachée à la gestion du potentiel ligneux. Ainsi, la sensibilisation et la plus grande responsabilisation deviennent d'une acuité particulière dans les processus de prise de décisions, les stratégies de protection et de mise en valeur. La concertation est devenue un outil indispensable entre les différents acteurs pour un développement local effectif. Elle passerait par une démarche intégrée qui prendrait en compte tous les paramètres d'un développement durable.

83

En outre, la collaboration scientifique (utilisation de nouveaux outils de gestion comme les systèmes d'information géographique (S.I.G) devrait aider à l'amélioration de la qualité de l'organisation et du contrôle en matière environnementale d'une manière générale pour que la richesse forestière arrête de se dégrader. On vise surtout à assurer la durabilité écologique à travers laquelle la qualité de la vie serait améliorée. Cette vie durable est subordonnée au respect de certaines clauses définies par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (.U.I.C.N):

- ménager les ressources non renouvelables ;

- respecter les limites de la capacité de charge des milieux ;

- changer les comportements et les habitudes individuelles ;

- donner aux communautés les moyens de gérer leur environnement.

En définitive, la confirmation des hypothèses est le fruit d'un long travail de synthèse documentaire ; d'analyse, de traitement et de croisement de données aussi bien quantitatives que qualitatives issues de nos enquêtes et observations. L'élaboration du document final qui aura pris une année découle d'un certain nombre de résultats obtenus sur le terrain:

-Résultat 1- L'appréhension des déterminismes physiques et des motivations sociales de la pression sur la phytocénose a été effective grâce aux compilations de séries statistiques et aux enquêtes réalisées in situ par le truchement du questionnaire et des focus groupe. Cela nous a édifié sur les spécificités naturelles et anthropiques de la zone, facteurs déterminants dans la compréhension de l'évolution des potentialités environnementales et des enjeux attachés à la gestion de celles-ci. Pour ce qui concerne l'analyse des données physiques et humaines, cinq figures (1, 2, 3, 4, 9) et deux tableaux (1 et 2) nous ont servi de base. Les informations qualitatives sont souvent intégrées sous forme de citations (2).

- Résultat 2- Nous avons pu saisir le rythme d'exploitation de la végétation. Les dommages d'ordre agricole et pastoral étant difficilement quantifiable, les chiffres obtenus sont surtout relatifs à l'exploitation forestière à proprement parler (production de charbon et de bois divers). Elle est très intense et ne prend pas souvent en compte la capacité de régénération des espèces. De surcroît, la clandestinité est très présente. Quatre tableaux (3, 4 et 5) et sept

84

figures (6, 7, 8, 10, 11, 12, et 13), évaluent l'attaque et la fragilisation sans précédent du patrimoine ligneux de la communauté rurale de koussanar. On y assiste à un véritable processus de savanisation et de déforestation. Or les répercussions que cette évolution négative pourrait engendrer sur les activités génératrices de revenus commencent à se faire sentir.

- Résultat 3 - En associant la synthèse bibliographique aux données qualitatives recueillies auprès des acteurs locaux de développement, des populations et en s'interrogeant sur l'évolution de la qualité de la gestion des ressources avant la décentralisation et dans le cadre de celle-ci, nous avons cerné les forces et les lacunes de la responsabilisation des collectivités locales. A ce sujet, les tableaux 6, 7, 8 et la figure 4 sont parlants. Les faiblesses de la gestion sont relatives au manque de collaboration des différents acteurs ; d'une part et à la faible intégration des populations dans les processus de prise de décisions, d'autre part. Des illustrations de taille sont apportées par les entretiens et certains évènements que nous avons eu à relater dans le présent travail. Toujours est-il que des prémisses valorisation du patrimoine ligneux sont constatées pourvu qu'elles relèvent les défis de l'organisation et de la participation.

Au total, 22 illustrations dont 4 cartes, 5 graphiques, 5 planches photographiques et 8 tableaux ont servi de base de confirmation de nos hypothèses. Elles appuient et complètent aussi bien les enquêtes que la recherche documentaire.

Pour relancer la recherche sur la problématique du développement dans la communauté rurale de Koussanar, des pistes de réflexion se sont imposées à nous. Elles sont liées aux impacts positifs et négatifs des programmes de développement sur la dynamique spatiale et sociale de la zone. En fait, on assiste depuis quelques années à un foisonnement de ces projets visant à améliorer les conditions de vie des populations. Ils s'implantent, se succèdent et parfois disparaissent sans qu'on puisse avoir un aperçu scientifique sur leur modèle d'organisation et leurs incidences au niveau local. Une évaluation de leurs impacts accessible à l'ensemble de la population serait de bon augure. Entre autres, on peut retenir Enda pronat, "Wula Nafaa", P.N.I.R, Africare, Ancar, etc. Il en est de même pour la coopération entre koussanar et Saint-Cyr de France.

85

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http: // www.terredejoie.org/actions 3.htm http: // www.senegal.usaid.gouv/news/articles Http :// www.ansd.org/données/analyse

88

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
1- Liste des figures

Figure 1: Carte de situation de la communauté rurale de Koussanar 8

Figure 2: Courbe d'évolution inter-annuelle des précipitations de 1989 à 2005 26

Figure 3: Courbe de l'évolution quinquennale des précipitations de 1969 à 2005 ..27

Figure 4: Courbes d'évolution des températures durant ces dernières années .28

Figure 5: Carte de la distribution spatiale des villages et hameaux de la C.R.K 35

Figure 6: Photo de Pterocarpus et Stercula ayant subi les effets de l'élagage .43

Figure 7: Photo des feux de brousse ..45

Figure 8: Carte d'occupation des sols : une réelle savanisation 46

Figure 9: carte de distribution des forêts classées dans la C.RK. 51

Figure10: Photo d'un camion chargé de charbon

52

Figure11: Photo d'un camion chargé de bois

.54

Figure12: Photo bois de chauffe et coupe du tronc de Cordyla pinnata

55

Figure13: Diagramme circulaire du bois exploité en 2005 (par nature)

.57

Figure14: Organigramme de la gestion des ressources forestières au niveau local ..78

2- Liste des tableaux

Tableau 1: Moyenne mensuelle de l'insolation par jour et par heure de 1981 à 2005 30

Tableau 2: Moyennes maximales de l'humidité relative de 2001 à 2005 30

Tableau 3: Quantité de charbon de bois exploitée de 1994 à 1998 ..50

Tableau4: Rapport annuel couvrant la période 2005 de l'exploitation forestier: 56

Tableau 5: Quantité de bois mort exploitée (en stères) de 1994 à 2001 ..56

Tableau 6: Espèces protégées par le code forestier .59

Tableau 7: Responsabilités des collectivités décentralisées et des structures déconcentrées en

matière forestière 71

Tableau 8: Espèces protégées par les populations locales 79

89

TABLE DES MATIERES

Dédicace

1

Remerciements

2

Sommaire

.4

Liste des sigles et acronymes

5

Glossaire

6

Introduction: contexte géographique de l'étude

7

Problématique

11

1- Justification de l'étude

11

2- Hypothèses

..13

3- Objectifs de l'étude

.13

4- Méthodologie

14

5- Difficultés rencontrées

.16

 

PREMIERE PARTIE: Espace et sociétés: cadre physique et socio-

économique 18

Chapitre I: Le cadre physique 19

I-1- L'évolution géologique, le modelé et les sols ..19

I-1-1- Etude géologique 19

I-1-2- Le modelé .21

I-1-3- Les sols .21

I-2- Le climat et son influence sur les activités locales ..23

I-2-1- L'alizé continental ou harmattan et la mousson austral: une influence

capitale 24

I-2-2- Le vent, un facteur d'érosion 24

I-2-3- La pluviométrie, un paramètre difficile à cerner 25

I-2-4- La température face à la continentalité :::: 28

90

I-2-5- L'hydrologie

31

I-2-6- La végétation: une fragilisation certaine

31

Chapitre II- Environnement et dynamique socio-économique

33

II-1- Les particularités humaines

..33

II-1-1- Les flux externes

...34

II-1-2- Les flux internes

34

II-1-3- L'émigration

.34

II-1-4- peuplement de quelques villages échantillons

36

II-1-5- Des campagnes sollicitées

..37

II-2- Activités rurales: Quel rapport avec l'état du patrimoine ligneux ? 37

II- 2-1- Le système foncier 38

II-2- 2- L'agriculture en tant que facteur de destruction des forêts..40

II- 2-3- Les pratiques pastorales contribuent au recul des espaces

boisés 42

II-2-4- Les feux de brousse 44

Chapitre III- L'exploitation forestière: une soupape de sécurité pour la population locale

et une bombe environnementale 48

III- 1- Les formes d'exploitation .49

III-1-1- La production du charbon de bois, une pratique dévastatrice

du couvert végétal ..49

III-1-2- La production du bois de chauffe: danger environnemental

ou aubaine sociale

53

III-2- Les enjeux liés à l'exploitation forestière

58

III-2-1- Les enjeux sociaux

..58

III-2-2- les enjeux économiques et politiques

..58

DEUXIEME PARTIE : Gestion durable du patrimoine ligneux: Portée et

limites de la décentralisation. ..61

Chapitre IV : Le patrimoine ligneux : tableau des contraintes 62

91

IV-1- justification de la gestion

 

62

IV-2- Les contraintes

63

IV-2-1- Les contraintes d'ordre institutionnel

..63

IV-2-2- Le manque de moyens humains et logistiques 66

IV-2-3- Les implications des contraintes en rapport avec la

règlementation

66

Chapitre V : Décentralisation et gouvernance locale

..68

V- 1- Contexte et principes de la décentralisation

68

V-1-1- Contexte

68

V-2-2- Portée et principes

.69

V-2- Les acteurs de la gestion des ressources forestières dans la C.R K:

implications et problèmes 72

V-2-1- L'Etat et la brigade forestière 72

V-2-2- Les élus locaux et les usagers de la forêt 73

Chapitre VI : vers une meilleure prise en compte de l'environnement et des ressources

naturelles

..75

VI-1- L'organisation globale de l'exploitation

75

VI-2- Initiatives internes

..76

 

VI-3- Gestion durable des aires boisées

80

Conclusion générale

82

Bibliographie

..85

Liste des figures et tableaux

88

Table des matières

..89

92

Annexes .93

I- Cumul pluviométrique de la station de Koussanar de 1969 à 2005 ..94

II- Tableau de répartition des populations dans les villages de plus de 200

habitants de la communauté rurale de Koussanar

95

III- Guide d'entretien

96

IV- Interview semi-structurée

..99

 

93

ANNEXES

I- Cumul pluviométrique de la station de Koussanar de 1969 à 2005 94

II- Tableau de la répartition des populations dans les villages de plus de 200 habitants de la

communauté rurale de Koussanar 95

III- Guide d'entretien 96

IV -Interview semi-structurée 99

94

I- cumul pluviométrique de 1969 à 2005

Années

précipitations/ an

Nombre de jours

1969

802,7

25

1970

492,5

ND

1971

800,2

47

1972

534,3

ND

1973

648,9

34

1974

844,1

43

1975

1150,5

ND

1976

541,5

44

1977

584,5

34

1978

866,1

51

1979

667,3

55

1980

561,4

45

1981

722,4

47

1982

520,3

36

1983

643,8

35

1984

643,8

47

1985

558,5

41

1986

622,7

32

1987

862,3

46

1988

978,2

44

1989

836,9

53

1990

487,7

42

1991

498,9

39

1992

716,8

38

1993

514,4

37

1994

902,1

60

1995

480,6

46

1996

806,9

49

1997

575,7

33

1998

713,7

38

1999

957,6

60

2000

544,1

41

2001

579

32

2002

448,6

31

2003

1086,9

58

2004

1050

ND

2005

1042

ND

Source : Station pluviométrique de Koussanar (CADL)

ND = Non Disponible

II- Répartition des populations dans les villages de plus de 200 habitants de la communauté rurale de Koussanar :

Villages

Population

Bokilodji

250

Dawady Meissa Pathé

800

Kalbirom

320

Kolomba

200

kouthiakoto ndene

200

Kouthiakoto Farindala

220

Koussanar

40000

Sam Gounass

320

Sinthiou Bala Malsine

200

sinthiou Doubel Parawol

200

Sinthiou Pass

240

95

Source : extrapolation des données du recensement de 1988 (PLD) et enquêtes personnelles.

III- Guide d'entretien

L'objectif de ce questionnaire est d'avoir un aperçu sur l'impact des activités rurales sur l'état de la ressource forestière dans la communauté rurale de Koussanar.

IDENTIFICATION

1 / Age : de 0 à15 de 15 à 30 plus de 30

2 / Sexe : masculin féminin

3 / Statut matrimonial : marié célibataire

4 / Niveau d'instruction : aucun primaire secondaire supérieur

5 / Ethnie: wolof peul mandingue autres

II / ACTIVITES SOCIO- ECONOMIQUES

6/ Secteur d'activité: agriculture élevage exploitation forestière 7 / Quelle est l'activité principale ?

8/ Pourquoi?

9/ Depuis quand pratiquez-vous cette activité ? moins de 10 ans 10 à 20 ans plus de 20 ans

SI L'AGRICULTURE DOMINE

10 / Quel est le nombre d'ha.cultivé ? moins d'un ha. 1 à 3 ha. plus de 3 ha

11 / Nature de la culture : coton arachide mil autres

12 / La superficie cultivée a-t-elle augmenté? OUI NON

13 / Les rendements ont-ils augmenté? OUI NON

14 / Pourquoi ?

96

15 / Pratiquez-vous la jachère : OUI NON

97

- Si oui quelle est la durée ?

- Si non, pourquoi ?

16 / Pratiquez-vous la défriche-brulis ? OuiLi non Li 17/ Combien d'hectares défrichez-vous par an ?

SI L'ELEVAGE DOMINE

18 / Quel est le type d'élevage ? Sédentaire Li transhumant Li

19 / Quel type de bétail est le plus représentatif ? Bovin Li Ovin Li CaprinLi autres Li

20 / combien y en a-t-il environ dans le village ? Dans la communauté rurale ?

21 / Comment le bétail est-il alimenté ?

L'EXPLOITATION FORESTIERE

EVOLUTION DE LA VEGETATION

22 / Comment expliquez-vous l'évolution de la végétation ? Progressive Li régressive Li

23 / Y a-t-il eu disparition d'espèces ? Oui Li non Li - Si oui, lesquels ?

- Si non quelles espèces sont apparues par exemple ? - Depuis quand ce phénomène a-t-il commencé ?

24 / Selon vous, quelle est la période qui a le plus marqué l'évolution de la végétation ?

25 / Pourquoi ?

26 / Comment ?

27 / Quelles sont les principales causes de la dégradation du couvert végétal ? Déboisement Li Rareté des pluies Li surpâturage Li

28 / Si vous êtes exploitant forestier, comment jugez-vous ce que vous gagnez dans l'exploitation forestière par rapport aux autres activités rurales ? largement supérieur Li supérieur Li inférieur Li

29 / Quelle est la durée de la campagne d'exploitation ?

98

30 / Comment sont distribuées les parcelles d'exploitation ? De façon individuelle ? de manière collective ? autres ?

31 / Y a-t-il des mesures ou des actions définies pour la protection de la végétation ? Oui ? non ?

- Si oui, quelles sont les méthodes ?

99

IV-INTERVIEW SEMI-SRUCTUREE

THEME A: Les conditions d'utilisation des ressources forestières (législatives et / ou traditionnelles).

THEME B: L'avis des populations sur l'évolution du climat

1- Evolution positive ou péjoration

2- Impacts sur les rendements agricoles et les autres activités rurales

THEME C: L'avis des populations sur l'exploitation forestière :

1- Son organisation

2- Ses avantages

3- Ses méfaits

THEME D: La perception qu'ont les agents techniques et les structures décentralisées de a dégradation du potentiel ligneux :

1- service des eaux, forêt et de la conservation des sols

2- CADL etc.

THEME E: La place qu'occupe la gestion des ressources naturelles dans la politique de la communauté rurale.

1- Selon le président du conseil rural

2- Selon certains conseillers ruraux

3- Selon les agents de la brigade forestière

4- Selon les programmes indépendants de développement

THEME F: Le rôle que jouent les projets de développement dans la gestion de la végétation, des sols, etc. dans les terroirs villageois.

THEME G: Avantages et contraintes liés à la décentralisation des écosystèmes forestiers. THEME H: Comparaison entre gestion étatique et gestion communautaire.

THEME I: L'implication des populations (GIE, groupements, associations de jeunes etc.) dans la conservation et la valorisation du patrimoine ligneux.

THEME J: L'intervention de l'Etat dans les actions communautaires orientées vers la

protection, la conservation et la valorisation des ressources forestières pour un développement durable.






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius