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Activités rurales et patrimoine ligneux: implication des populations, enjeux et perspectives de gestion dans la communauté rurale de Koussanar (département de Tambacounda au Sénégal)

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par Elias THIAM
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Maitrise 2006
  

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III-1-2- La production du bois de chauffe: danger environnemental ou aubaine sociale ?

L'énergie constitue le principal facteur de pression anthropique sur la végétation. Le bois de chauffe a toujours été très exploité. Depuis une décennie, l'essentiel de la production de bois provient des régions de kolda et Tamba pour l'approvisionnement des autres centres urbains, d'où une hausse vertigineuse de la production16. Les espèces les plus concernées sont Pterocarpus erinaceus, Cordyla pinnata, Afzelia africana, Bombax costatum, Khaya senegalensis, etc. L'exploitation est libéralisée par l'Etat afin que le bois mort puisse être bénéfique aux populations locales au lieu que les feux de brousse s'en emparent.

A Koussanar, c'est dans cette optique que les populations locales (avec une majorité de femmes) s'adonnent à ce métier de commercialisation du bois. Il existe une règlementation qui interdit l'utilisation du bois dont le diamètre est supérieur à 15cm car au delà c'est du bois d'artisanat. Cependant, le problème reste entier dans la mesure où le respect de ce principe est difficilement contrôlable: ce travail nécessite un minimum de moyens financiers (obtention du permis, rémunération de la main d'oeuvre, paiement du transport). Les exploitations clandestines destinées soit au marché local, ou à l'extérieur ne sont pas faciles à cerner. Ce désormais métier participe de façon notoire à l'économie rurale. Qui plus est, pour certains exploitants et d'autres responsables, le respect de ce principe anéantirait les revenus issus de cette activité au moment où la lutte contre la pauvreté est au centre du débat international.

16 Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Communication du Sénégal, 1999

A l'image du charbon, ce sont de gros porteurs qui transportent le bois (voir figure 11) Figure 11: Photo d'un camion chargé de bois de chauffe en direction de Diourbel

Photo prise le 08 novembre 2006

On enregistre en moyenne quinze camions de bois par mois sortant de la zone. Les personnes qui s'adonnent à l'exploitation du bois de chauffe sont assez nombreuses. Plus d'une cinquantaine interviennent dans le secteur de Koussanar village et ses environs. L'activité enregistre un dynamisme notable, surtout en saison pluvieuse. Ce bois est observable le long de la route nationale 1 qui traverse Koussanar et à l'intérieur des villages (voir figure 12). Il est issu de la coupe de troncs d'arbres comme Cordyla pinnata (voir figure 12) et pterocarpus erinaceus.

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Figure 12 : Photos : bois de chauffe et coupe du tronc de Cordyla pinnata (pour le bois de chauffe ou d'artisanat)

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Photo prises le 13 août 2006 à Koussanar

Cette figure illustre une forme d'attaque très intense dont le couvert végétal fait l'objet.

Aujourd'hui (hivernage 2006), un arrêté interdisant l'exploitation du bois a été pris par le ministère de l'environnement à la suite de la dégradation notée et du non respect de la règlementation. Les intéressés ont du mal à accepter cette décision car, déclare Ndao S., une exploitante très connue dans la zone:

« je m'adonne à cette activité depuis plus de six ans. Nous tirons nos ressources de ce métier. Son blocage a fait que nous ne sommes plus en mesure de rembourser les crédits que nous avons contractés et les permis qui nous ont été antérieurement délivrés par la brigade forestière. Chaque mois, près d'une vingtaine de camions chargés de bois partaient pour les centres de Diourbel, Kaffrine et autres destinations du pays. Nous réalisions des bénéfices individuels de 40 000 à 50 000 CFA par voyage. Cette mesure nous pénalise énormément et nous comptons nous y opposer par la création d'un G.I.E qui nous permettrait de devenir plus légitimes et d'obtenir gain de cause. »

C'est dire que le bois de chauffe est très exploité ; il fait vivre un nombre important de familles. Plusieurs réalisations ont été faites dans les villages grâce à cette activité.

L'exploitation forestière se résume dans les tableaux et la figure suivants:

Tableau 4 : Rapport annuel couvrant la période 2005 de l'exploitation forestière

charbon QT

29080

bois cordyla (stères)

600

bois pterocarpus

60

bois chauffe

16284

gomme stercula kg

385695

Ecorces diverses kg

4610

Source : Sous secteur eaux forêts de Koussanar

En 2005, l'exploitation forestière a touché un nombre non négligeable de troncs de Cordyla et moins de Pterocarpus. Mais c'est compte non tenu des actions informelles. Notons aussi que le bois de chauffe dissimule en son sein un nombre important de troncs d'espèces interdites d'exploitation pour ces besoins. Il en est de même pour le bois morts rangé le plus souvent dans la catégorie du bois de chauffe. Il est très sollicité (voir tableau 5).

Tableau 5 : quantité de bois mort (en stères) de 1994 à 2001

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

18124

19585

25450

26410

30179

ND

ND

36376

Source : Sous secteur eaux et forêts

La quantité de bois mort exploitée enregistre une augmentation vertigineuse. De 18124 stères en 1994, elle est passée à 36376 en 2001. Comme complément du tableau 4, la figure13 nous donne un aperçu plus parlant du bois exploité en 2005 par nature.

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Figure 13 : Bois exploité en 2005 par nature : bois de chauffe et bois d'artisanat (pterocarpus et Cordyla)

bois produit en 2005 par nature

Bois Cordyla; 4%

Bois Cordyla; 1%

Bois Cordyla; 95%

Source: Données sous secteur eaux et forêts de Koussanar

Ce graphique montre que 95% du bois est celui de chauffe mais à l'intérieur de ce dernier setrouve une quantité inestimée de stères de Cordyla pinnata et de Pterocarpus erinaceus

En définitive, cumulée avec les effets de toutes les activités rurales étudiées précédemment, les impacts sur le patrimoine ligneux sont réels. Ces données ne prennent pas en compte les exploitations clandestines et informelles. La gestion des forêts est très complexe car les enjeux qui lui sont attachés sont nombreux.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry