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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

( Télécharger le fichier original )
par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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II.2. La conscience morale et les actes intrinsèquement mauvais selon Gaudium et Spes

1) Présentation

La constitution pastorale Gaudium et Spes « sur l'Église dans le monde de ce temps » est l'un des principaux documents de l'Église catholique romaine issus du IIème concile oecuménique du Vatican. La constitution pastorale Gaudium et Spes a tenu une place centrale dans l'enseignement de Jean-Paul II. Jeune évêque, comme en témoignent Yves Congar et le Père De Lubac, tous les deux experts au Concile ; il a participé de très près à l'élaboration de ce texte majeur. Si certaines problématiques ont vieilli, les fondements anthropologiques et théologiques restent dignes d'intérêt pour affronter les nouveaux problèmes qui se présentent aujourd'hui.

2) Contenu

Gaudium et Spes marque une véritable rupture avec un certain passé d'où vient qu'elle peut être considérée comme un texte prophétique, mais d'où vient aussi qu'elle a pu être mal reçue à l'époque dans plusieurs cercles de l'Église.

En effet, dans l'ensemble de la Constitution pastorale, le Concile cherche à opérer un discernement des signes des temps (GS 4, 1), c'est-à-dire à la fois un discernement des événements historiques significatifs pour l'histoire humaine, sociale, économique et politique, et une lecture de la présence de Dieu à cette histoire.154(*) Il propose une méthode de discernement : « Il revient à tout le Peuple de Dieu, notamment aux pasteurs et aux théologiens, avec l'aide de l'Esprit Saint, de scruter, de discerner et d'interpréter les multiples langages de notre temps et de les juger à la lumière de la parole divine, pour que la vérité révélée puisse être sans cesse mieux perçue, mieux comprise et présentée sous une forme plus adaptée » (GS 44, 2). Il donne également des repères pour l'action, qui sont à la fois des critères de jugement (visée du bien commun, solidarité, justice sociale, charité, prise en compte prioritaire des plus pauvres...) et des directives d'action, qui peuvent être dépendantes des contextes historiques et culturels. Cette démarche caractérise depuis l'enseignement social de l'Église.

Par ailleurs, par rapport à la question des actes intrinsèquement mauvais, nous pouvons retenir trois points essentiels caractéristiques qui résument la doctrine contenu dans la Constitution pastorale Gaudium et Spes:

a) La dignité humaine

Le chapitre premier du texte (GS 12-22) décrit longuement cette « juste conception de la personne humaine, de sa valeur unique ». Il rappelle que le respect de la personne humaine dans son unicité et son caractère sacré est une valeur aujourd'hui communément partagée (GS 12), puis précise que pour l'Église, cette reconnaissance s'appuie sur plusieurs raisons théologiques : l'homme est créé à l'image de Dieu ; le Fils de Dieu est devenu vrai homme et a honoré notre condition humaine ; chaque homme a été racheté par la passion, la mort et la résurrection du Christ, ce qui ouvre le chemin de la « divinisation ». Pour l'Église, la personne humaine « créée à l'image de Dieu » a donc une dignité inaliénable, qui lui est donnée d'un Autre, et ne dépend pas des réussites ou des capacités de la personne mais de l'amour personnalisant de Dieu. D'où également l'égalité fondamentale de tous les êtres humains. Les implications éthiques qui en découlent sont importantes dans les débats actuels

b) Le corps

Le premier interdit énoncé par le texte conciliaire concerne le mépris du corps (GS14). Le passage vient après la mention de la tentation contemporaine du désespoir (GS12) et de la misère humaine (GS 13). Il rappelle que ce qui concerne le corps concerne la personne entière, car c'est à travers le corps que l'être humain entre en relation avec les autres et avec Dieu. Avec toutes les conséquences que cela entraîne dans les domaines de la bioéthique, de la vie sexuelle et familiale, mais aussi pour la dénonciation de la torture, des mutilations, de la prostitution et de toutes les conditions de vie ou de travail dégradantes (GS 27), sans parler de l'ambivalence qui consiste à penser que la personne est digne tant que le corps est beau et respire la santé. Le respect du corps implique aussi de prendre au sérieux ses limites, et la responsabilité qui incombe à chacun de faire du monde un lieu habitable.

c) La conscience morale

Il s'agit de l'un des passages les plus célèbres de la constitution pastorale qui a été parfois lu comme une affirmation générale, isolé de la logique du texte. Gaudium et spes ne fait pas de la foi chrétienne la condition d'une vie authentiquement morale. Mais il fait jouer la différence chrétienne. Si le texte affirme la dignité de la conscience humaine, c'est pour aider tout homme à découvrir la loi qui le dépasse et qui habite sa conscience, et pour souligner la part jouée par la parole de Dieu. Ainsi par exemple, la condamnation solennelle des atteintes à l'intégrité de la personne humaine, au plan physique, psychique et spirituel (GS 27) n'est pas un simple rappel des interdits et des obligations contenues dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, mais résulte du travail coordonné de la conscience morale et de la parole de Dieu : « Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40).

3) Analyse

Vingt ans après la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Concile Vatican II affirmait avec force à son tour la dignité de la personne humaine, en utilisant cette expression. Le concile, comme les textes internationaux, fait du droit au respect de sa dignité le premier et le plus fondamental des droits de l'homme. Mais là encore il faut prendre garde à la définition des notions en jeu. L'Eglise reconnaît les droits de l'homme et encourage à les défendre, à condition qu'ils ne bafouent pas la dignité de la personne humaine, elle précise les devoirs qui leurs sont assujettis, et elle les élargit à la mesure de la vocation de l'homme fils de Dieu. Ainsi, on doit respecter les droits de son prochain, mais surtout le considérer et l'aimer comme lui-même.

L'Eglise va donc encore plus loin que ce que nécessite une simple protection des droit de l'homme telle que l'entend le droit international, parce qu'elle est guidée par l'amour du Christ, qui doit conditionner tous nos actes. Et c'est ce qui lui permet de rester vigilante quant aux nouveaux droits de l'homme qui fleurissent aujourd'hui. Gaudium et Spes insiste beaucoup sur le respect dû à l'homme, et sur le devoir de considérer son prochain comme un autre soi-même et énumère ainsi des actes qui sont considérés comme intrinsèquement mauvais : « tout ce qui s'oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d'homicide, le génocide, l'avortement, l'euthanasie et même le suicide délibéré: tout ce qui constitue une violation de l'intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques; tout ce qui est offense à la dignité de l'homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l'esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de pur, instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable : toutes ces pratiques et d'autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu'elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui les subissent et insultent gravement à l'honneur du Créateur. » (GS 27)

Actuellement en effet on constate une certaine tendance à redéfinir les droits de l'homme sur des bases différentes de celles sous tendaient la Déclaration universelle de 1948. Celle-ci s'inscrivait dans la tradition qui considérait que l'homme est capable de découvrir, grâce à sa raison, qu'il a des droits fondamentaux, qui s'imposent à tous par l'éclat de leur vérité. On considère plutôt aujourd'hui qu'aucune vérité ne s'impose à l'homme à propos de lui-même et que l'origine des droits de l'homme doit être plutôt recherchée dans le consensus. Les droits de l'homme dans ce cas sont issus d'un processus au terme duquel la décision de la majorité définit ce qui est juste.155(*)Mais les droits de l'homme ne viennent pas de l'extérieur, ils ne sont pas donnés à l'homme par un autre homme ou par une institution humaine telle que l'Etat. Ils lui appartiennent antérieurement à toute institution humaine. Les droits ne se créent pas, ils ne peuvent être nouveau au sens strict du terme : ils se dévoilent, ils se déclarent pour ensuite être protégés et promus

L'enseignement de Gaudium et Spes est l'enseignement permanent de l'Église depuis son origine. Un dialogue doit être établi entre tous les hommes et d'abord au sein même de l'Église: Ce qui unit les fidèles est plus fort que ce qui les divise. L'unité de tous les chrétiens est désirée et attendue. Il faut poursuivre activement les efforts entrepris. Un dialogue est aussi nécessaire avec tous ceux qui croient en l'existence de Dieu. Enfin, pour réaliser le dessein de Dieu, les chrétiens doivent savoir qu'ils sont tous appelés à rendre service aux hommes de leur temps. (GS 91 à 93).

Cependant, certains auteurs reprochent à Gadium et Spes un humanisme chrétien où l'homme est au centre de tout (GS 12) et l'absence totale de Dieu. Ceci implique trois faits majeurs :


· Le naturalisme : Le Royaume de Dieu, Royaume des Cieux, n'est pas de ce monde, mais au-delà. Il faut mourir avec le Christ et perdre sa vie pour la gagner en ressuscitant avec Lui pour la Vie éternelle. La vocation, la libération et le salut de l'homme ne sont pas d'ordre temporel, humain, politique, mais d'ordre religieux, moral, transcendant.


· L'optimisme : Parce que ce combat, cet effort pour conquérir le Royaume de Dieu ne sont pas de l'homme mais de Dieu. Ils sont l'oeuvre de la grâce en nous, non de la bonne volonté et des énergies naturelles de l'humanité, encore moins d'un germe divin et d'un Esprit qui seraient communément répandus en tous les hommes comme une énergie et une noblesse natives.


· L'humanisme enfin, faussement donné pour évangélique et chrétien, selon lequel la foi et la religion catholiques auraient pour fonction providentielle de servir de moteur spirituel à cette construction, d'être l'âme du monde dans son progrès, distribuant conseils et exemples, lumières et énergies pour assurer la réussite de cette conquête du bonheur de tout l'homme par l'homme pour tous les hommes.

* 154 E. GAZIAUX, « Gaudium et Spes et la théologie morale fondamentale aujourd'hui : quelles suggestions ? » dans Vatican II et la théologie, Paris, Cerf, 2006, p. 211.

* 155 Cfr. J. RAWLS, Théorie de la justice. Paris, Cerf, 1992.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon