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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

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par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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II.5.3. Analyse

Destinée en premier lieu à tous les évêques, Veritatis splendor énonce clairement les souhaits et les directives du pape : rétablir dans les esprits trompés ou perdus le seul et vrai ordre moral compatible avec la doctrine catholique, et susceptible par là même, d'aider les âmes à se sauver. Il écrit à ce sujet, « Dans le cadre des débats théologiques postconciliaires, se sont toutefois répandues certaines interprétations de la morale chrétienne qui ne sont pas compatibles avec la saine doctrine (2 Tm 4, 3). Il est évident que le Magistère de l'Eglise n'entend pas imposer aux fidèles un système théologique particulier, encore moins un système philosophique, mais, pour garder saintement et exposer avec fidélité la Parole de Dieu, il a le devoir de déclarer l'incompatibilité de certaines orientations de la pensée théologique ou de telle ou telle affirmation philosophique avec la vérité révélée. En vous adressant cette encyclique, chers Frères dans l'épiscopat, je désire énoncer les principes nécessaires pour le discernement de ce qui est contraire à la saine doctrine, et rappeler les éléments de l'enseignement moral de l'Eglise qui semblent aujourd'hui particulièrement exposés à l'erreur, à l'ambiguïté ou à l'oubli » (VS 29).

L'adresse aux évêques n'est certes pas innocente; le pape n'hésite pas à rappeler à ces derniers leur haute et lourde responsabilité : « C'est notre devoir commun, et plus encore notre grâce commune, d'enseigner aux fidèles, en tant que pasteurs et évêques de l'Eglise, ce qui les conduit vers Dieu, comme le fit un jour le Seigneur Jésus avec le jeune homme de l'Evangile » (VS 114).

En effet, c'est avec l'épisode du jeune homme riche que le Saint-Père ouvre le chapitre Ier de l'encyclique (VS 6-27). L'histoire biblique est connue : un jeune homme riche, doté d'une conscience très respectueuse de la Loi, s'approche de Jésus et Lui demande ce qu'il doit faire de bon pour obtenir la vie éternelle (Mt 19,16). La réponse du Christ se fait en deux temps : tout d'abord, observer les commandements. Puis, vendre tous ses biens et Le suivre. Ces deux temps correspondent à deux étapes de la vie spirituelle : « entrer dans la vie éternelle » (Mt 19, 17), puis se parfaire en demeurant uni au Fils de Dieu : Le Saint-Père nous rappelle que la première étape appartient déjà au domaine de la Révélation. Les chrétiens ont une loi écrite qui reprend celle du peuple juif : ce sont les Tables de la loi dictées à Moïse sur le mont Sinaï. Mais, la notion de loi doit attirer notre attention sur les notions de bien et de bonté. Le pape fait remarquer que la question du jeune homme riche est à la fois d'ordre moral et d'ordre religieux : « Dieu seul peut répondre à la question sur le bien, parce qu'il est le Bien » (VS 9). Par conséquent, si l'on considère que nous ne pouvons atteindre Dieu que par la vertu de foi, l'on ne peut dissocier la foi de la morale. Avoir la foi sans avoir un comportement moral, n'est pas une attitude chrétienne. Dieu ayant déposé en lui la loi naturelle, l'homme est fait pour la vie morale. La loi naturelle répond à la loi de la Création; et le Saint-Père de citer saint Thomas : « La loi naturelle n'est rien d'autre que la lumière de l'intelligence, infusée en nous par Dieu » (VS 12). Cette loi, qui fut en quelque sorte retranscrite dans les Dix Commandements, vise à « sauvegarder le bien de la personne, image de Dieu » (VS 13).

La seconde étape de la vie chrétienne consiste à demeurer uni à Dieu, c'est-à-dire à participer à la vie même de Dieu. C'est ce qu'on appelle la béatitude. Or, s'il est vrai que cette étape-là ne peut être pleinement réalisée qu'au Ciel, la venue de Jésus-Christ sur terre nous permet de la commencer en Le suivant dès ici-bas. Jean-Paul II conclut cette première partie par la notion de liberté. La morale ne doit pas être perçue comme une contrainte, mais comme une libération de l'être humain pour monter plus haut vers Dieu. Or, c'est précisément cette liberté qui est aujourd'hui en danger, non seulement parce que la notion de vérité est mise en doute ou abolie, mais également parce que la notion même de nature est niée.

L'encyclique Veritatis Splendor se caractérise notamment par la dénonciation des grandes erreurs théologiques modernes : En effet, pour parler de vérité et de liberté l'emploi du vocabulaire et des concepts philosophiques et théologiques s'avère nécessaire. Ainsi, Le deuxième chapitre de l'encyclique est donc plus technique; il n'en est pas moins le corps du texte, fort intéressant. L'idée maîtresse consiste à dire qu'il est urgent de relier vérité et liberté, sans lesquelles il n'est pas de dignité humaine possible. Quatre thèmes majeurs sont étudiés : la liberté et la loi (VS 35-53), la conscience et la vérité (VS 54-64), le choix fondamental et les comportements concrets (VS 65-70), et l'acte moral (VS 71-83). Les grandes questions préliminaires posées sont celles de la condition humaine : « Qu'est-ce que l'homme ? Quel est le sens et le but de sa vie ? Qu'est-ce que le bien et qu'est-ce que le péché ? Quels sont l'origine et le but de la souffrance ? [...] » (VS 30). Et la principale erreur moderne, c'est de placer l'homme avant Dieu, c'est de faire de la conscience individuelle un juge suprême, de remplacer la vérité par la sincérité, l'objectivité par le subjectivisme, de faire de la liberté un absolu sans dépendance envers la vérité.165(*)

a) Comment comprendre la loi ? La situation est claire : de nos jours, la notion d'autorité n'est plus comprise. Si Dieu, qui est le Père de toute créature, a interdit à Adam et Eve de manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, c'est par bienveillance, et non par punition. La chute n'est qu'un effet logique de l'ordre des choses voulues par Dieu. Et l'homme ne peut se passer de la sagesse divine « qui meut toute chose à la fin requise » (saint Thomas, cité par VS 43). Il existe donc la loi éternelle de Dieu qui gouverne toute chose. Ce que l'on appelle loi naturelle - inscrite dans la raison humaine, lui permettant de discerner le bien du mal en structurant sa conscience - n'est qu'une participation de cette loi éternelle. Deux erreurs modernes sont donc rejetées : le physicisme et le naturalisme qui voudraient retirer la dimension éternelle de la loi naturelle et proclamer l'autonomie de la raison humaine en matière morale.

b) Conscience et vérité. Au paragraphe 54 de l'encyclique, le Saint-Père explique que la conscience morale est le coeur de l'homme, et que c'est là que réside le lien entre la liberté de l'homme et la loi de Dieu. Or, il est une tendance actuelle à condamner : celle qui conduit « à une interprétation «créative» de la conscience morale » (VS 54) comme si celle-ci pouvait, d'elle-même, établir un code moral et par conséquent laisser de côté les normes objectives de la loi. Une telle tendance conduit droit au subjectivisme. En réalité, la conscience de l'homme, et par là sa liberté, est faite pour se mettre dans le sillage de la loi de Dieu. Un coeur droit est un coeur qui pense comme Dieu : « Le jugement de la conscience ne définit pas la loi, mais il atteste l'autorité de la loi naturelle et de la raison pratique en rapport avec le bien suprême par lequel la personne humaine se laisse attirer et dont elle reçoit les commandements » (VS 60).

c) Déviance fondamentaliste. Il s'agit ici d'une théorie de la théologie morale parmi les plus subtiles et les plus difficiles à saisir : elle opère une dissociation entre ce que l'on appelle le choix fondamental, qui est, de façon schématique, l'engagement à vivre chrétiennement selon la vertu de foi, et entre les choix délibérés de comportements concrets (VS 65). Les notions de bien et de mal sont réservées au domaine de l'absolu, du fondamental, et l'on ne parle que « de juste ou de fautif pour qualifier les comportements particuliers [...] qui concernent les relations de l'homme avec lui-même, avec les autres et avec le monde des choses » (VS 65). Ce qui revient à dissocier la personne de ses actes et rappelle une des thèses luthériennes selon laquelle seule compte la foi, et non les oeuvres. Le résultat, c'est que le champ de la morale est rétréci à l'option fondamentale : « On en arrive au point qu'un comportement concret, même librement choisi, est considéré comme un processus purement physique et non selon les critères propres de l'acte humain » (VS 65). Cette position erronée est proprement anti-thomiste; le Docteur angélique nous dit en effet que « la perfection est dans l'acte » et que « l'agir suit l'être ». Puisque nous sommes appelés à la perfection, il nous faut donc agir, mais, pour que notre acte ait un sens bon, il lui faut être en accord avec notre être; lequel être nous vient de Dieu. Et seule la morale peut régler cet être sur l'Etre suprême (VS 66-67).

d) L'acte moral : Il s'ensuit de cela que tout acte humain a une connotation morale, bonne ou mauvaise : « Les actes humains sont des actes moraux parce qu'ils expriment et déterminent la bonté ou la malice de l'homme qui les accomplit » (VS 71).

Donc, nous agissons bien ou nous agissons mal. Faire la différence entre les deux relève du discernement éclairé par le Saint-Esprit. Mais, de toute façon, nous devons être responsables de nos actes pour vivre. En sachant que « seul l'acte conforme au bien peut être la voie qui conduit à la [vraie] vie. Ordonner rationnellement l'acte humain vers le bien dans sa vérité [qui est Dieu] et rechercher volontairement ce bien, appréhendé par la raison, cela constitue la moralité. Par conséquent, l'agir humain ne peut pas être estimé moralement bon seulement parce qu'il convient pour atteindre tel ou tel but recherché, ou simplement parce que l'intention du sujet est bonne » (VS 72). La fin de ce chapitre est prodigieuse ! Nous sommes en plein thomisme : « La moralité de l'acte dépend avant tout et fondamentalement de l'objet raisonnablement choisi par la volonté délibérée, comme le montre la pénétrante analyse, toujours valable, de saint Thomas (cf. S.th., I-II, q. 18, a. 6) » (VS 78). En conséquence, il n'y a pas de liberté sans délibération de la raison humaine, ni sans exercice de la volonté. Et il ne peut y avoir d'acte moralement et humainement digne sans l'exercice de cette liberté.

J. Desclos commente à ce propos : « Dans cette partie de l'encyclique, Jean-Paul II ressemble à un plaideur acharné à convaincre l'accusé de ses erreurs, reprenant inlassablement le même argument : aucune intention, si généreuse soit-elle, aucun calcul des conséquences bonnes et des effets positifs, si impressionnant soit-il, ne peuvent modifier la dimension radicalement et objectivement négative ou mauvaise d'un acte humain. Comprise à l'intérieur de ce raisonnement, la conscience n'a donc aucun pouvoir pour décider en toute liberté de ce qui est bien ou mal. De même, l'option positive mise à la clé de toute l'existence éthique ne peut effacer le caractère déshonnête d'un acte particulier. »166(*)

Le troisième chapitre de l'encyclique explique combien il est primordial de bien prendre conscience de cela pour établir des rapports sains et normaux dans la vie politique, sociale, économique, nationale et internationale. En effet, Jean-Paul II insiste sur « la crise la plus dangereuse qui puisse affecter l'homme : la confusion du bien et du mal qui rend impossible d'établir et de maintenir l'ordre moral des individus et des communautés » (VS 93). Une fois de plus, il appelle à la nouvelle évangélisation, car la déchristianisation de l'Occident entraîne « le déclin et l'obscurcissement du sens moral » (VS 106).

Enfin, le Saint-Père exhorte les évêques à veiller sur l'orthodoxie de la foi et de l'enseignement dans leur diocèse, en rappelant notamment que les théologiens ont l'obligation de refléter le magistère authentique de l'Eglise, en donnant, « dans l'exercice de leur ministère, l'exemple d'un assentiment loyal, intérieur et extérieur, à l'enseignement du Magistère dans le domaine du dogme et dans celui de la morale » (VS 110), dont les préceptes ont un « caractère obligatoire ». En effet, « la doctrine morale... n'est nullement établie en appliquant les règles et les formalités d'une délibération de type démocratique » (VS 113).

* 165 A ce propos le professeur MUYENGO donne un éclaircissement important : « La véritable liberté est ordonnée à la vérité. La vraie liberté est une force de croissance et de maturation non seulement dans la bonté, mais aussi dans la vérité. Un homme libre accepte la vérité des choses, des faits, c'est-à-dire que la vraie liberté doit se soumettre à la vérité des choses, à la nature des faits comme on dit, sans toutefois limiter l'inventivité, la créativité de l'homme. Exemple : il est de la nature de l'homme de se marier à une femme. On ne prétendra pas à la liberté en dérogeant à cette loi. (cf. Ga 5, 13 : Que la liberté ne donne pas prétexte à satisfaire la chair). L'on comprend le rapport entre la loi naturelle et la raison. La loi naturelle reçoit ainsi tout son caractère moral lorsqu'elle est comprise comme la loi de la liberté en tant que loi de la raison. En effet, « ordonner rationnellement l'acte humain vers le bien dans sa vérité et rechercher volontairement ce bien, appréhendé par la raison, cela constitue la moralité ». S. MUYENGO, Cours de Morale fondamentale G1. Inédit, p. 37.

* 166 J.DESCLOS, Op. cit., p. 129.

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