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Etude d'impact de la variabilité climatique sur la schistosomiase dans la zone de santé de Katana, Sud- Kivu en RDC

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par Hermès Mushayuma Namegabe
Université ouverte campus de Bukavu - Licence 2008
  

Disponible en mode multipage

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1. INTRODUCTION

1.1. PROBLEMATIQUE

La vie humaine est tributaire de la dynamique du système climatique. Les interactions entre l'atmosphère et les océans, la biosphère terrestre et marine, la cryosphère et les terres émergées déterminent le climat à la surface de la terre. La concentration atmosphérique des gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone, le méthane et l'oxyde nitreux, augmente principalement sous l'effet des activités humaines, telles que l'exploitation des combustibles fossiles, les modifications de l'utilisation des sols et l'agriculture . Une augmentation des gaz à effet de serre entraîne un réchauffement accru de l'atmosphère et de la surface terrestre (Githeko A. et al, 2000).

La Schistosomose est une maladie parasitaire causée par cinq espèces principales de trématodes, dont le Schistosoma mansoni, le Schistosoma haematobium, le Schistosoma japonicum, le Schistosoma mekongi et le Schistosoma intercalatum. Cette maladie affecte environ 600 millions des personnes dans 79 pays d'Afrique, d'Amérique du sud et de l'est d'Asie. Chaque espèce est endémique dans des régions spécifiques et d'autres espèces peuvent à l'occasion contaminer l'homme, tel que Schistosoma bovis et quelques Schistosomes aviaires (Bennike et al, 1976).

En dépit de certains progrès réalisés dans le domaine de la chimiothérapie, des campagnes d'éducation sanitaire, du contrôle des mollusques vecteurs ou de l'amélioration des conditions environnementales des populations à risque, le nombre de personnes infectées de par le monde n'a pas diminué depuis 50 ans. Au cours des prochaines années l'augmentation des aménagements de retenues d'eau pour l'irrigation mais aussi les conséquences du réchauffement climatique fait craindre un élargissement des zones de répartition des mollusques vecteurs de la Schistosomose et donc le risque de transmission. Les modifications de la température, des précipitations et de l'humidité aux quelles on peut s'attendre selon différent scénario de variabilité climatique affecteront la biologie et l'écologie des vecteurs et des hôtes intermédiaires. (OMS, 1987)

Dans la région d'Irhambi/Katana et Bugorhe, des cas de Schistosomose à Schistosoma mansoni sont signalés et l'espèce Biomphalaria pfeifferi est le seul mollusque identifié comme hôte intermédiaire réel de cette parasitose dans cette région (Baluku, 1987 ; Bagalwa et Baluku, 1997). Les résultats des travaux montrent une prolifération des gîtes à Biomphalaria pfeifferi dans cette région, chose qui n'existait pas auparavant. Dans cette région, le cas de Schistosomose à Schistosoma mansoni est fréquent au sein de la population et les centres de santé enregistrent plusieurs cas de cette parasitose (Baluku et al, 2000). L'évolution de cette parasitose dans des zones jadis indemne de cette maladie devient inquiétante et aucune explication n'est accordée à cela. L'Afrique serait l'un des continents les plus vulnérables aux changements climatiques du fait de diverses contraintes (pauvreté, fragilité des écosystèmes, faible développement technologique et institutionnel et de faibles capacités d'adaptation) (Sellin, 1994). La zone de santé de Katana n'est pas épargnée par cette situation.

Le présent travail évalue les données relatives à l'impact passé et actuel de la variabilité climatique interannuelle sur la schistosomose à Schistosoma mansoni dans la zone de santé de Katana, afin de mettre en lumière d'éventuelles tendances futures, d'autant plus que la probabilité d'un changement climatique s'accroît.

1.2. OBJECTIFS

1.2.1. OBJECTIF GLOBAL

Evaluer les données relatives à l`impact passé et actuel de la variabilité climatique inter annuelle sur la Schistosomose dans la zone de santé de Katana

1.2.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES

- Inventorier les mollusques dulcicoles dans la région de Katana;

- Déterminer le taux d'infestation des mollusques hôtes intermédiaires de la Schistosomose à Schistosoma mansoni ;

- Décrire les foyers de transmission de schistosomose

- Analyser les données des facteurs climatiques de la station de Lwiro (Température et précipitations) pour dégager une relation avec la schistosomiase

- Déterminer la prévalence de la Schistosomose dans la Zone de santé de Katana.

1.3. CHOIX ET INTERET DU TRAVAIL

Le choix du sujet a été dicté par le fait que les variabilités climatiques sont une menace globale, c'est un problème de développement, un problème de santé dans la zone de santé de Katana. Cette région est vulnérable à cette menace vue le niveau d'instruction de la population et la schistosomose à Schistosoma mansoni prend d'ampleur dans la région.

1.4. HYPOTHESE

La variabilité climatique influencerait la distribution de la schistosomose dans la région de Katana. Certaines espèces pourraient disparaître, d'autres peuvent apparaître dans certains écosystèmes aquatiques et même les cas des maladies augmenteraient.

1.5. DELIMITATION DU TRAVAIL

Le présent travail sera réalisé dans certains écosystèmes aquatiques de la zone de santé comprenant les ruisseaux, les étangs et le lac Kivu. Ces écosystèmes aquatiques sont situés dans les groupements de Bugorhe et Irhambi / Katana, territoire de Kabare, province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Les dépouillements des données météorologiques seront réalisés pour 30 ans dans cette région et les données épidémiologiques depuis 1984.

1.6. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Notre travail est subdivisé en quatre chapitres précédé par une introduction et terminé par une conclusion générale à savoir :

Chapitre 1 : Généralité sur la variabilité climatique et la schistosomiase

Chapitre 2 : Description du milieu.

Chapitre 3 : Matériel et méthodes

Chapitre 4 : Résultats et Interprétation des résultats

CHAPITRE 1. GENERALITES SUR LA VARIABILITE CLIMATIQUE ET LA SCHISTOSOMIASE

1.1. VARIABILITE CLIMATIQUE

1.1.1. DEFINITION

La variabilité climatique désigne une transformation à cour terme du climat d'un lieu donné. Une mesure de cette transformation et les modifications que subissent des paramètres climatiques comme la température, le vent et les précipitations.

Les climatologues distinguent entre les concepts de la variabilité du climat et le changement climatique. La variabilité du climat se réfère généralement à court ou à moyen terme, aux fluctuations autour de l'état moyen du climat sur les échelles de temps allant de quelques années (15 à 30 ans). Le changement climatique, d'autre part, se réfère à un changement fondamental dans l'état moyen du climat qui se rapporte généralement aux tendances à plus long terme. Bien que les projections futures des changements climatiques soient souvent données comme des valeurs moyennes, les climatologues soulignent que ce changement ne peut pas être présumé avoir lieu comme un vrai linéaire progressif hausse. A court terme, la variabilité du climat et la fréquence des événements climatiques extrêmes sont prévues pour être modifiées dans le cadre de la physique des conséquences des changements climatiques à long terme.

L'évolution naturelle du climat au cours des derniers millions d'années se caractérise par des alternances des périodes froides et chaudes qui s'organisent en cycles de différentes périodicités notamment en fonction des paramètres astronomiques. Il est admis que les activités humaines actuelles, qui engendrent des émissions de gaz à effet de serre, sont susceptibles de perturber cette évolution naturelle des climats. (Githeko et al, 2000).

1.1.2. CONCEPTS DE BASE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE

- L'ATMOSPHERE TERRESTRE

L'atmosphère terrestre est la couche gazeuse qui enveloppe la terre. Elle se raréfie avec l'altitude et est essentiellement composée d'azote (78%), d'oxygène (21%) et d'argon (1%). Elle renferme également en des proportions infimes des gaz comme le méthane, le dioxyde d'azote, la vapeur d'eau, l'ozone et le dioxyde de carbone. L'atmosphère assure des multiples fonctions essentielles à la vie sur la terre, dont la protection contre le rayonnement ultraviolet du soleil, l'oxygène pour la respiration et les conditions météorologiques et climatiques utile pour la vie.

- LE TEMPS

L'atmosphère terrestre est en perpétuel mouvement et est le lieu des phénomènes météorologiques divers. Le temps décrit l'état de l'atmosphère terrestre en un lieu donné et en un instant donné. Cet état est caractérisé par les valeurs qui prennent des paramètres atmosphériques comme la température, la pression, le vent, l'humidité, l'évaporation, l'évapotranspiration et les précipitations par exemple.

- LE CLIMAT

Le climat décrit l'état moyen de l'atmosphère (les conditions moyennes de température, de vent, de pression, de précipitation, ...) en un lieu donné et pour une période plus ou moins longue : le mois, la saison, plusieurs dizaines d'années. Suivant les régions du monde, le climat se singularise également par des phénomènes climatiques extrêmes qui peuvent être :


· des inondations ;


· des sécheresses ;


· des vents violents ;


· des cyclones et des tornades ;


· des tempêtes de sable ;


· des vagues de chaleur ;


· des grêles et des foudres

Ces phénomènes climatiques extrêmes provoquent de manière récurrente à travers le monde des catastrophes humaines et économiques importantes. C'est le cas, par exemple, des sécheresses au Sahel en Afrique de l'Ouest.

1.1.3. CAUSES DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE

Les variabilités climatiques désignent une transformation à cours terme du climat d'un lieu donné. Une mesure de cette transformation est la modification que subis les paramètres climatiques comme la température, le vent et les précipitations par exemple. Les principaux gaz à effet de serre introduits dans l'atmosphère par les activités humaines sont :

- le dioxyde de carbone (CO2)

- l'oxyde nitreux (N2O)

- le méthane (CH4)

- les gaz à effet de serre industriels (CO, NO, NO2, SO2,...)

1.1.4. CONSEQUENCE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE

.

Les variabilités climatiques induiront également des modifications en fréquence et intensité des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, vagues de chaleur par exemple) ainsi qu'une augmentation lente et continue de la température globale moyenne à la surface de la Terre. Les variabilités climatiques sont la conséquence du renforcement du phénomène de l'effet de serre du fait du rejet dans l'atmosphère de gaz à effet de serre (notamment le dioxyde de carbone) par certaines activités humaines. L'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère induit un déséquilibre des échanges d'énergie de la terre avec l'espace. Il en résulte un stockage d'énergie au niveau de la terre, provoquant alors une augmentation de température à la surface de la terre. Cette hausse de température s'accompagne d'autres changements affectant par exemple le régime des vents, la circulation des courants océaniques, le régime des précipitations.

Le réchauffement climatique a déjà commencé à provoquer des bouleversements dans le monde y compris en France (canicule, inondation, tempêtes,...). En effet, le gaz carbonique dégagé principalement par la combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon, etc.) se trouve dans l'atmosphère par simple échange à travers l'interface océan atmosphère et pénètre dans l'océan. Etant donné que l'océan couvre environ 71% de la surface du globe, la quantité de carbone qui pénètre dans l'océan est énorme. Elle est estimée à 25 millions de tonnes par jour.

En absorbant le gaz carbonique de l'atmosphère, l'océan a un effet bénéfique sur le climat puisqu'il ralentit son réchauffement (en diminuant la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère), mais au prix d'une modification de son milieu et cela n'est pas sans conséquences. En effet, lorsque des molécules de CO2 se solubilisent dans l'eau elles libèrent des ions carbonatés pour que le pH diminue d'environ 10. Si on ne fait rien rapidement la variation de pH pourrait atteindre 0.4 unité d'ici 2100.

Ces chiffres sont inquiétants car il ne fait aucun doute que la plupart des organismes vivants dans les océans seront affectés. Des expériences ont montrées que dans de telles conditions de pH, tous les organismes calcaires (de la formation des coraux et des coquilles des mollusques bivalves), jusqu'à des échinodermes auraient des squelettes incomplets et un taux de mortalité élevé. Toute la base de la chaîne alimentaire marine serait affectée. D'autre part, nous savons aussi que la propagation des sons dans l'eau de mer dépend du pH. Si le pH varie trop tous les animaux se servant des sons pour la reproduction, locomotion et recherche des proies, comme les dauphins pourraient être affectés.

1.2. LA SCHISTOSOMOSE A SCHISTOSOMA MANSONI

1.2.1. DEFINITION ET SORTES DES SCHISTOSOMES

La schistosomose autrement appelée schistosomiase ou bilhaziose est une parasitose causée par des trématodes plathelminthe caractérisés par un corps non segmenté, foliacé plus ou moins cylindrique avec une ou plusieurs ventouses appartenant au genre schistosoma. La Schistosomiase est une maladie dangereuse vésicale urinaire qui atteint les hommes, les primates et les oiseaux.

Plusieurs espèces de schistosomes (S. haematobium, S. bovis, S. intercalatum, S. japonicum, S. mansoni, S. spidalis,...) affectent les plexus veineux viscéraux de l'homme et des animaux qui constituent leurs hôtes définitifs en passant par des mollusques spécifiques, hôtes intermédiaires ( Kasindi W., 1995).

1.2.2. CYCLE EVOLUTIF DU SCHISTOSOMA MANSONI

L'oeuf présente un éperon latéral pointu et non operculé. Il est généralement embryonnaire au moment où il est éliminé en milieu extérieur. Il ne pourra continuer son évolution que lorsqu'il tombe dans l'eau ou aux alentours des systèmes aquatiques contenant Biomphalaria peifferi.

L'éclosion de l'oeuf donne le miracidium qui exige une chaleur suffisante et une lumière. La température optimale pour que l'oeuf éclose est de 28°c. La rupture de la coque est due particulièrement à l'absorption d'eau à l'intérieur de l'oeuf. Toutefois, elle peut éclater sous l'action des enzymes produites par l'action de l'énergie photonique (Fain, 1952). Il peut vivre 8 à 24 heure et il meurt s'il n'a pas rencontré l'hôte convenable pendant cette période.

Lorsque le miracidium arrive à proximité du mollusque réceptif, ses mouvements deviennent plus rapides et moins réguliers. Il se fixe sur le mollusque et y pénètre grâce à l'action d'une enzyme protéolytique. Il se transforme en sporocyste qui émigre dans l'hépatopancréas du mollusque et forme des furcocercaires. L'émergence des furcocercaires hors du mollusque est périodique. Dans la nature, elle s'effectue principalement sous l'influence de la lumière entre 9 et 14 heures. Les furcocercaires peuvent vivre pendant 24 à 72 heures dans le milieu extérieur et elles meurent si elle n'ont par rencontré l'hôte définitif convenable (annexe). Un seul miracidium peut produire jusqu'à 3.000 furcocercaire par jour et le nombre total de furcocercaires émises par un mollusque au cours de sa vie peut dépasser 100.000. Les furcocercaires traversent le revêtement cutané de leur hôte définitif en 10 minutes à l'aide de leurs ventouses et épines antérieures et leur sécrétion (FAIN, 1952).

1.3. LES MOLLUSQUES BIOMPHALARIA PFEIFFERI

1.3.1. DEFINITION

Les mollusques Biomphalaria pfeifferi sont des espèces de gastéropodes à coquille discoïde qui mesure 13mm de diamètre et 5mm d'épaisseur. Certains d'entre eux possèdent des lamelles à ouverture (Tshihilura, 1990).

Ces mollusques sont reconnus comme hôte intermédiaire du schistosoma mansoni spécialement au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (Baluku, 1987).

1.3.2. CLASSIFICATION

Biomphalaria pfeifferi est un mollusque dulcicole qui se classe de manière suivante :

Règne : Animal

Embranchement : Mollusques

Classe : Gastéropodes

Sous - classe : Euthyneura

Ordre : Basommatophora

Famille : Planorbidae

Sous - famille : Planorbidae

Genre : Biomphalaria

Espèce : Biomphalaria pfeifferi (Browm, 1994)

1.3.3. REPARTITION GEOGRAPHIQUE

Cette espèce est largement distribuée en Afrique (OMS, 1991). La distribution des mollusques Biomphalaria pfeifferi a été étudiée à notre continent par plusieurs auteurs Sellin et al. 1980, Sellin, 1994 et ont montrés qu'il est dominant dans certains pays. En République Démocratique du Congo, Cette espèce est signalée dans plusieurs régions, sauf à l'Equateur où les études exhaustives n'ont pas encore été faites. Au Sud-Kivu, les études sur cette espèce ont été faites par différents chercheurs durant notre décade (Baluku, 1987).

1.3.4. ECOLOGIE ET ROLES

Les mollusques Biomphalaria pfeifferi vivent dans des petits cours d'eau, des étangs, des canaux d'irrigation, des piscines et des marais des régions chaudes ou intertropicales. Ils prolifèrent dans des endroits à courant lent, riches en débris végétaux, bien éclairés, de température moyenne et de salinité de l'eau tolérée.

Biomphalaria pfefferi est un mollusque hermaphrodite ovipare, brouteur de périphyton algal, spécialement les diatomées. Sa période de reproduction maximale est observée pendant la saison sèche dans la région du Sud-Kivu (Baluku, 1987).

Les mollusques Biomphalaria pfeifferi jouent deux rôles importants :

- Alimentation : Ils constituent une nourriture pour certains animaux aquatiques tels que les crabes, les poissons et autres animaux domestiques comme le canard et un véritable apport protéinique (Balola, 1989, Tshihilluka, 1990)

- Sanitaire : Il est reconnu comme l'hôte intermediaire de schistosoma mansoni dans plusieurs pays du monde et spécialement en RDCongo (Sud-Kivu). Dans la région du Sud-Kivu, le Biomphalaria pfeifferi est l'hôte réel de la Bilharziose (Baluku, 1987, Baluku et al. 1994).

CHAPITRE 2. DESCRIPTION DU MILIEU

2.1. SITE D'ETUDE 

La zone de santé de Katana avec 141 Km² et la densité de sa population est en moyenne de 360 habitants / km².

Elle est situé entre 28°45' de longitude Est entre 2°15' et 2°30' de latitude Sud, entre 1463 m et 2000 m d'altitude, dans un rayon de 7 km autour du Centre de Recherche en Sciences Naturelles de Lwiro à l'Ouest du lac et 50 km au Nord de Bukavu.

Son climat est tropical humide, mais avec une température moyenne relativement fraîche, 18° à 20°c, la pluviosité dépasse 1500 mm par an et permet de distinguer deux saisons : une courte saison sèche (juin-juillet) et une longue saison humide (d'août à mai). Sa végétation est une savane cultivée qui a remplacée la forêt à Albizia grandi bacteata originale (BAGALWA et BALUKU, 1997).

Les principales activités de la population sont l'agriculture, la pêche au lac Kivu et actuellement la pisciculture.

Cette région a été choisie pour étude car la Zone de Santé de Katana désert une grande partie de la population paysanne pour les soins de santé primaire avec les Centres de Santé, Birava, Irambira, Ibinja, Ishungu, Kabushwa, Kabamba, Mabingu, Mushweshwe, Mugeri, Lugendo, Katana / Nuru, et Ciranga (Figure 2 en annexe).

2.2. CHOIX DES SYSTEMES AQUATIQUES

· Nous avons choisi d'étudier trois types des écosystèmes aquatiques : les ruisseaux, les étangs piscicoles et le lac Kivu (Figure1 en annexe). Ce sont des milieux à priori favorables à l'installation des mollusques gastéropodes pulmonés qui nous intéressent.

· Ces écosystèmes aquatiques au total 27 sont les suivants :

Tableau 1 : Coordonnées géographiques des cours d'eau

Sites

Altitude

Latitude

Longitude

1.Bidagarha

1662 m

02°14'50,5''

028°48'50,5''

2.Buloli

1644 m

02°14'38,7''

028°49'29,4''

3.Busengura

1513 m

02°12'51,5''

028°50'45,5''

4.Chashonzi

1513 m

02°13'59,1''

028°50'49,7''

5.Chiduha

1718 m

02°15'40,8''

028°48'11,2''

6.Chihembe

1479 m

02°12'27,1''

028°50'48,3''

7.Chirhindiro

1468 m

02°12'16,3''

028°50'53,5'

8.Gashukabatware

1666 m

02°15'14''

028°48'28,2''

9.Kalengo

1677 m

02°14'55,6''

028°48'46,2''

10.Kamirhembe

1637 m

02°14'15,9''

028°49'22,7''

11.Kamunyerere

1599 m

02°13'11''

028°49'52''

12.Kanyamalogo

1587 m

02°13'51,2''

028°50'0,07''

13.Karhakumbwa

1708 m

02°15'51,8''

28°48'16,3''

14.Kayumaga

1626 m

02°14'38,2''

028°49'44,3''

15.Lulonge

1556 m

02°13'41,7''

028°30'22,1''

16.Muchanga

1570 m

02°14'44,5''

028°30'21,6''

17.Mushaba

1705 m

02°15'24,4''

028°48'14,7''

18.Nabikonongo

1607 m

02°12'53,7''

028°50'05.2''

19.Nkene

1477 m

02°13'04,6''

028°50'05,2''

20.Nyabizenga

1538 m

02°13'16,8''

028°50'58,1'

21.Choga

1604 m

02°13'11,1''

028°50'27,1''

22.Birunga

1665 m

02°15'5,4''

028°48'45,3''

23.Kaliba

1463 m

02°14'33,2''

028°52'07,4''

24.Kaleba

1715m

02°13'41.7''

028°30'22.1''

25. Kakondo

1463 m

02°13'46,3''

028°51'23,5''

26.Etang BIKA

1677m

02°14'56.2''

028°18'47.1''

27.Etang Maziba

1873m

02°13'59.7''

028°47'37.6''

Ils sont caractérisés par un courant lent, couverture végétale nulle ou très faible, une profondeur de 3 cm à 45 cm, une végétation aquatique abondante et une température de l'eau au dessus de 21°c.

· Les étangs au total 46 dont 45 à BIKA, 1 à Maziba .

· Le lac Kivu, nous avons choisi deux sites à Kakondo et à Kaliba.

Ces écosystèmes ont été choisis dans cette étude à cause de la présence des mollusques lors des enquêtes malacologiques préliminaires effectuées par nos prédécesseurs (Baluku, 1987 ; Bagalwa et Baluku, 1997).

Les caractéristiques physico biologiques des sites prospectés sont présentées dans le tableau 2

Tableau 2. Caractéristiques physico biologiques des sites prospectés

Sites

Caractéristiques

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

Nature de fond

p

sv

v

v

V

sv

p

v

s

sv

v

v

sv

s

v

s

sv

v

v

v

s

sv

s

sv

s

v

v

Couverture végétale

-

++

-

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-

-

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+

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+

Végétation aquatique

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Excréments humains

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-

Excréments animaux

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++

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++

-

Fréquentation humaine

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Débris végétaux

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Légende :  1 :Bidagarha, 2 : Buloli, 3 : Birunga, 4 : Busengura, 5 : Chashonzi, 6 : Ciduha, 7 : Cihembe, 8 :Choga, 9 :Chirhindiro, 10 : Gashukabatware, 11 : Kalengo, 12 : Kaleba, 13 : Kamirihembe, 14 : Kamunyerere, 15 : Kanyamalogo, 16 : Karhakumbwa, 17 : Kayumaga, 18 : Lwiro, 19 : Lulonge, 20 : Mushaba, 21 : Muchanga, 22 : Nabikonongo, 23 : Nyabizenga, 24 : Nkene, 25 : Lac Kivu, 26 : Etang BIKA,

27 : Maziba, - : Absence, + : Peu abondant, ++ : Moyen, +++ : Très abondant, V : vaseux, SV : Sable -vaseux, S :Sableux, P :Pierreux

CHAPITRE 3. MATERIEL ET METHODE

3.1 RECOLTE DES DONNEES DANS LES RUISSEAUX, ETANGS ET LAC KIVU

La récolte des mollusques sera pratiquée suivant la méthode d'unité de temps standardisé (Olivier et Scheiderman, 1956). Le temps de récolte est fixé à 10 minutes par une personne pour chaque site étudié. La capture des mollusques est faite à l'aide d'un filet troubleau à petite maille de 2 mm accroché sur une manche de bois ayant une ouverture de 50 cm de diamètre.

Les mollusques capturés seront gardés par espèce dans des tubes en verre. Les facteurs environnementaux de chaque site seront notés sur la fiche de prélèvement par système aquatique. Ces facteurs sont : la couverture végétale, la végétation aquatique, excréments humains et animaux, débris végétaux, la nature de fond et les coordonnées géographiques, la température de l'eau de chaque site.

3.2. IDENTIFICATION DES MOLLUSQUES

L'identification des mollusques sera faite au laboratoire de malacologie du C.R.S.N / Lwiro suivant les clés de Brown, (1994).

3.3. CERCARIOMETRIE

L'étude cercariométrique des mollusques Biomphalaria pfeifferi récolté est faite suivant les méthodes de BERRY et DOBROVOLNY (1960), NIEMANN et LEWIS (1990).

Les mollusques seront placés individuellement dans des tubes à essai contenant l'eau de robinet. Ils seront ensuite exposés au soleil. La chaleur du soleil entraînant l'émission des cercaires par les mollusques. Ces cercaires seront identifiées à la loupe binoculaire au grossissement fois 100 à l'aide des clés de FAIN (1952). Les mollusques qui n'émettent pas des cercaires après 24 h seront écrasés sur un verre de montre et observé sous loupe binoculaire.

3.4. DEPOUILLEMENT DES DONNEES METEOROLOGIQUES

Les données météorologiques (température et précipitation) ont été dépouillées à la station de Lwiro à partir des enregistrements de 1979 à 2008. Elles ont été obtenus surtout sous forme de totaux mensuels par l'utilisation du logiciel Excel. Elles ont été calculées comme moyennes annuelles et rendues en courbe. La variation spatiale des pluies et des températures a été estimée en composant les résultats des différentes années.

3.5.1. DEPOUILLEMENT DES DONNEES DES TEMPERATURES DANS LES ECOSYSTEMES ETUDIES

Nous avons dépouillés également les données sur la température des écosystèmes aquatiques de la zone de santé de Katana de 10 ans d'intervalle, de 1979, 1989 et 1999 disponible au laboratoire de malacologie en plus des données sur la température de l'année 2009 que nous avions récoltés à l'aide du même thermomètre qui était utilisé avant.

3.6. DEPOUILLEMENT DES DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES

Nous avons dépouillés les données épidémiologiques de la zone de santé de Katana de 1984 à 2008 disponible au bureau de la zone de santé de Katana.

3.7. ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES

Le traitement statistique des données se fait grâce au logiciel Statview 5.0. L'analyse des moyennes a été faite par le test t - de student. La variable dépendante est le taux d'infestation des mollusques Biomphalaria pfeifferi dans les écosystèmes aquatiques, La variation du taux de prévalence de la Schistosomiase et la variation des sites à Biomphalaria pfeifferi. Pour toutes les données on détermine par le test t de student pour le coefficient de régression de variables indépendantes et p le niveau de signification.

CHAPITRE 4. RESULTATS ET INTERPRETATION

4.1. INVENTAIRE DES MOLLUSQUES

Les résultats de l'inventaire malacologique durant les 30 ans (1979 - 2009) réalisé dans le ecosystèmes aquatiques de la zone de sante de Katana sont presentés dans le tableau 3.

Tableau 3 : Inventaire des mollusques dulcicole dans les écosystemes de la zone de santé de Katana

Mollusques

Cours d`eau

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

Bidagarha

+

+

+

+

+

+

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Buloli

-

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Birunga

+

+

+

+

+

+

-

-

+

-

-

-

-

+

-

-

-

-

Busengura

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

+

-

-

-

-

Chashonzi

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Chiduha

+

+

+

-

-

+

-

-

+

+

-

-

-

-

-

-

-

-

Chihembe

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

Choga

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

+

-

-

-

-

Chirhindiro

-

+

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Gashukabatware

+

+

+

-

-

+

-

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

Kalengo

+

+

+

+

+

+

+

+

+

-

-

-

-

+

-

-

-

-

Kaleba

+

+

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Kaliba

+

-

+

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

+

-

+

-

Kakondo

+

-

+

+

-

-

-

-

-

-

-

-

+

-

-

+

-

-

Kamirihembe

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

+

+

-

-

-

-

-

Kamunyerere

+

+

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Kanyamalogo

+

+

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Karhakumbwa

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Kayumaga

+

+

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

+

+

Lwiro

+

+

+

-

-

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Lulonge

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

+

-

-

-

-

Mushaba

+

+

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Muchanga

+

-

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Maziba

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Nabikonongo

+

+

+

+

-

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Nyabizenga

+

+

+

-

-

+

-

-

-

-

-

-

+

+

-

-

-

-

Nkene

+

+

+

+

-

+

-

-

-

-

-

-

-

+

-

-

-

-

Bika

+

-

+

+

+

+

+

-

-

-

-

-

-

+

-

-

-

-

Total

26

23

28

17

4

25

3

2

4

2

1

1

3

8

1

1

2

1

Légende : + Présence

- absence

1 : Biomphalaria pfeifferi 10 : Lentorbis junodi

2 : Potadoma ignobilis 11 : Tomchia hendreckxis

3 : Lymnaea natalensis 12 : Segmentorbis kempi

4 : Tomchia kivuensis 13 : Gabbiela spiralis

5 : Pila ovata 14 : Bulinus sp

6 : Pisidium casertanum 15 : Melanoïdes tuberculata

7 : Bulinus forskalii 16 : Bulinus truncatus

8 : Bulinus globosus 17 : Lymnaea collumela

9 : Ferrissia burnipi 18 : Segmentalis excavatus

Dix-huit espèces de mollusques ont été inventoriées dans les écosystèmes de la zone de santé de Katana durant le 30 ans de récolte. Il s`agit de Biomphalaria pfeifferi, Potadoma ignobilis, Lymnaea natalensi, Bulinus forskalii, Bulinus globosus, Bulinus sp, Bulinus truncatus, Ferrissia burnipi, Lentorbis junodis, Tomchia hundreckxis, Segmentorbis kempi, Gabbiela spiralis, Melanoïdes tuberculatam Lymnaea collumela, Segmentalis excavatus.

Elles appartiennent à 2 classes (Gasteropode et Lamellibranche) et 8 familles dont Planorbidae, Lymnaeidae, Ancylidae, Thiaridae, Sphaeridae, Pomatiopsidae, Ampillaridae, Bythyniidae (Tableau 4). La variation du nombre de mollusque est fonction du temps. Les écosystèmes dans lesquels il n`y avait pas de mollusque avant, ont actuellement un grand nombre des mollusques. Les espèces hôte intermédiaire de la bilharziose sont en augmentation comparativement aux résultats des autres chercheurs (Bagalwa et Baluku, 1997). Certains mollusques (Pila ovata, Bulinus sp, Biomphalaria pfeifferi, Ferrissia burnipi) apparaissent dans certains biotopes comme la rivière Lwiro, étang Maziba, étang Bika et autres. L'augmentation des sites à Biomphalaria pfeifferi est remarquable dans nos prélèvements. Ce mollusque est reconnu le seul hôte intermédiaire de la schistosomiase dans la région (Baluku et al., 2000).

Des nouvelles espèces pourraient apparaître dans nos régions (en raison du réchauffement et des modifications des régimes de précipitations). Certaines espèces pourraient disparaître s'il y a assèchement des cours d'eau ou s'il fait plus chaud. Les mollusques de la zone côtière pourraient disparaître si le niveau de la mer s'élève.

Tableau 4. Répartition taxonomique des mollusques récoltés

Classe

Sous-classe

Famille

Genre

Espèce

Gasteropodes

Pulmonés

Planorbidae

Biomphalaria

Segmentorbis

Segmentalis

Lentorbis

Bulinus

Bulinus

Bulinus

Bulinus

pfeifferi

kempi

excavatus

junodi

forskalii

globosus

truncatus

sp

 
 

Acylidae

Lymaeidae

Ferrissia

Lymnaea

Lymnaea

burnipi

collumela

natalensis

 

Prosobranches

Thiaridae

Pomatiopsidae

Ampillaridae

Bythyniidae

Potadoma

Melanoides

Tomchia

Tomchia

Pila

Gabbiella

ignobilis

tuberculata

kivuensis

hendreckxi

ovata

hymerosa

Lamellibranches

Bivalves

Sphaeridae

Pisidium

casertanum

4.2. DETERMINATION DU TAUX D'INFESTATION DE BIOMPHALARIA PFEFFERI.

Le taux annuel d`infestation cerarienne de mollusque Biomphalaria pfeifferi au cours de 16 ans dans les écosystèmes de la zone de santé de Katana sont présentés dans la figure 3.

Figure 3. Variation annuelle du taux d`infestation de Biomphalaria pfeifferi dans les écosystème de la zone de santé de Katana.

On y constate que ce taux varie d`une année à l`autre. L'année 2008 à un taux le plus élevé que les autres années. Ce maximum en 2008 est corollaire à l'augmentation des sites à Biomphalaria pfeifferi. Le minimum du taux d'infestation (0.34 %) était atteint en 1994. En outre, cette évolution du taux d'infestation concorde bien avec les variations du nombre des sites à Biomphalaria pfeifferi (figure 3). L'analyse statistique du taux d'infestation montre que la différence du taux d'infestation est très significative entre les années à p = 0,0002

Figure 4 : Variation des sites à Biomphalaria pfeifferi dans les écosystèmes de la zone de santé de Katana

Il ressort de cette figure que les sites à Biomphalaria pfeifferi augmentent dans la zone de santé de Katana. Depuis 1979 jusqu'en 1988, les sites à Biomphalaria pfeifferi n'ont pas changés. La variation des sites se fait voir à partir de 1989 jusqu'en 2009. Les sites sont passés de 7 en 1979 à 19 en 2009. Les analyses montrent que la variation des sites à Biomphalaria pfeifferi a une différence très significative d'une année à l'autre au seuil de p<0.0001

4.3. CARACTERISTIQUES DES FOYERS DE TRANSMISSION DE SHISTOSOMA MASONI

Les caractéristiques qui favorisent la prolifération de Biomphalaria pfeifferi sont reprises dans le tableau 5

Tableau 5 Caractéristiques des foyers de transmission de Schistosoma mansoni

Cours d`eau

Caractéristiques

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

Profondeur cm

30

22.5

11

12

20

20

45

30

25

40

7

3

23

4

25

12

12

25

Température °c

28

22

22

24

24

21

23

23

22

22

23

23

25

24

24

25

23

20

Fonds

v+p

v

v

p+v

v

S

v

s

v

v

s

v

s

s

v

v

v

v

Véget.aquatique

++

++

+++

+++

++

+++

+++

++

++

+++

+++

++

++

++

++

+++

+++

+++

Couv.végétale

-

-

-

-

-

-

-

+

-

-

++

-

-

-

-

-

-

-

Courant

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Lent

Légende : V= vase S = sable + = peu abondant ++ =moyennement abondant

P= pierre +++ = très abondant - = absence

1 : Bidagarha, 2 : Birunga, 3 : Chashonzi, 4 : Ciduha, 5 : Cihembe, 6 : Choga, 7 : Gashukabatware, 8 : Kalengo, 9 : Kaleba, 10 :Kamirihembe, 11 :Kamunyerere, 12 :Kayumaga,13 :Lwiro, 14 :Luloge, 15 :Nabikonongo, 16 :Nkene, 17 :Kaliba,18 :Bika, 19 :Maziba

Il ressort de ce tableau qu'un éclairement maximal (couverture végétale minimale), une végétation aquatique abondante (lentilles d'eau, cyperus, et autres), un courant minimal, une température au dessus de 21°c, une concentration élevée en dureté totale, carbonate et en bicarbonate sont propice à la prolifération de Biomphalaria pfeifferi. Ces conditions sont particulièrement réunit dans les ruisseaux prospectés où le mollusque Biomphalaria pfeifferi commence à s'installer (Loreau et Baluku, 1987).

D`autres facteurs comme l'altitude et la température ont un effet considérable. On remarque que dans les étangs de Maziba où il n`y avait pas des mollusques auparavant suite à la température basse des eaux (18°c), Biomphalaria pfeifferi a colonisé ce biotope, lorsque la température à augmenté (20°c). L'ombrage a aussi un effet très négatif sur la densité des mollusques (Loreau et Baluku, 1987). Les sites où la couverture végétale est dense, le Biomphalaria .pfeifferi n'existe pas. L'abondance de la végétation aquatique, les débris végétaux sont des facteurs favorisant la prolifération des mollusques car ils servent à l'alimentation (support de periphyton) et à la reproduction (support de ponte) (Baluku et al.1994).

4.4. VARIATION DES FACTEURS CLIMATIQUES DANS LA ZONE DE SANTE DE KATANA OBSERVEE A LA STATION DE LWIRO

Les variations des facteurs climatiques (Température et précipitation) sont présentées dans les figures 5 et 6.

Figures 5 Variation de la température dans la Zone de santé de Katana durant 29 ans à la station de Lwiro.

Cette figure montre que la température moyenne annuelle varie d'une année à l'autre en dent de scie. Elle augmente après les années 1994. Cette augmentation de la température de l'air a un impact sur la température des eaux.

Figures 6. Variation des pluies dans la Zone de santé de Katana.

De cette figure, il ressort que les moyennes de précipitation varient d`une année à l'autre en dent de scie. Le maximum a été obtenu en 2001(2182mm) et le minimum en (1316mm).

Cette situation a été constatée par d'autres chercheurs dans la région (Karume K. et al. 2008). On constate aussi que les eaux des écosystèmes prospectés durant ces années ont aussi augmentés.

Tableau 6. Variation de la température des systèmes aquatiques prospectés.

Années

Cours d'eau

1979

1989

1999

2009

Bidagarha

27°c

27°c

27°c

28°c

Buloli

20.5°c

20°c

22°c

23°c

Birunga

20°c

22.5°c

22°c

22°c

Busengura

21°c

23°c

23°c

23°c

Chashonzi

20°c

21°c

21°c

22°c

Chiduha

21°c

21°c

22°c

22°c

Chihembe

20°c

22°c

22°c

24°c

Choga

20°c

22°c

24°c

24°c

Chirhindiro

20°c

21°c

20°c

20°c

Gashukabatware

21°c

22°c

23°c

24°c

Kalengo

21°c

21°c

22°c

23°c

Kaleba

23°c

24°c

24°c

24°c

Kaliba

20°c

21°c

20°c

21°c

Kakondo

20°c

21°c

20°c

21°c

Kamirihembe

19°c

21°c

21°c

24°c

Kamunyerere

20°c

21°c

23°c

23°c

Kanyamalogo

22°c

24°c

24°c

24°c

Karhakumbwa

20°c

22°c

22°c

23°c

Kayumaga

21°c

21.5°c

22°c

22°c

Lwiro

18°c

18°c

20°c

21°c

Lulonge

20.6°c

23.5°c

23°c

23°c

Mushaba

20°c

22°c

23°c

23°c

Muchanga

21.5°c

22°c

22°c

23°c

Maziba

18°c

18°c

20°c

24°c

Nabikonongo

21.5°c

23.5°c

23°c

23°c

Nyabizenga

24°c

24°c

24°c

25°c

Nkene

20.6°c

23.5°c

23°c

24°c

Bika

22°c

23°c

23°c

24°c

Cette variation de température de ces écosystèmes a un impact sur l'installation et la prolifération de gîtes à Biomphalaria pfeifferi et même sur l'infestation de la Schistosomiase dans la Zone de santé de Katana. La température intervient dans tous les processus vitaux des mollusques, elle influence la ponte et le développement des oeufs. En général Bionphalaria pfeifferi est remarquablement tolérant dans la variation de température. Dans certains biotopes cependant, elle joue un rôle prépondérant dans l'équilibre des autres facteurs écologiques et acquiert ainsi indirectement une importance décisive pour certaines population, cas de Pila ovata dans le ruisseau Bidagarha. La température idéale de vie de mollusques varie entre 22°c et 36°c. Dans nos ruisseaux cette température est comprise entre 20°c et 28°C , qui est favorable dans la survie des mollusques.(Baluku et al., 1997)

4.5. PREVALENCE DE LA SHISTOSOMIASE DANS LA ZONE DE SANTE DE KATANA

Le dépouillement des rapports annuels de la Zone de santé de Katana depuis 1984 à 2008 sur la Schistosomiase est représenté dans la figure 6

Figure 6 : Variation du taux de prévalence de la Schistosomiase dans la Zone de Katana

Il ressort de cette figure que le taux de la schistosomiase à Schistosoma mansoni varie d'une année à l'autre. Le taux d'infestation maximum est de 19% en 2000 et le minimum et de 0.2 % en 1999. Les changements écologiques générés par le climat (température) ont favorisés l'extension des habitats idéal pour les hôtes intermédiaires de ce parasite comme l'avez démontré les autres chercheurs ( Bagalwa et Baluku, 1997 ; Bagalwa et Baluku 1998). La variation de la température de l'eau, les conditions sanitaires et hygiéniques préconisés ont grandement contribués à l'émergence de cette maladie. Une progression lente de l'endémie à Schistosoma mansoni dans la Zone de santé est observée avec des variations en dent de scie. L'analyse statistique montre que la différence est très significative pour la variation du taux de prévalence et p = 0.0002

CONCLUSION GENERALE

Ce travail sur l'impact de la variabilité climatique sur la schistosomiase dans la Zone de santé de Katana, le premier de ce genre a été réalisé dans la région et donne une indication sur l'effet de la variabilité climatique sur l'évolution de la schistosomiase.

On constate une augmentation de la température de 1°c dans les différents écosystèmes de la Zone de santé de Katana depuis 1979 à nos jours et une augmentation de 7 à 19 sites de foyer de transmission de la schistosomiase. Le taux d'infestation des mollusques Biomphalaria pfeifferi augmente depuis 1996 de 2,1% à 2,4% en 2008.

Certaines espèces de mollusque hôte intermédiaire de la Schistosomiase font leur apparition dans la Zone de santé suite aux conditions favorables pour leur installation dont l'augmentation de la température des eaux.

Quant au taux de prévalence de la schistosomiase dans la Zone de santé de Katana, il vari d'une année à l'autre en dent de scie.

Nous ne prétendons pas avoir produit un travail parfait et complet, nous recommandons d'autres chercheurs de bien vouloir poursuivre cette étude par :

- l'élargissement des sites d'étude dans la Zone de santé de Katana ;

- le prolongement de la période d'étude sur plusieurs années ;

- étudier les aspects écologiques des mollusques hôtes intermédiaires en rapport avec la variabilité climatique.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIE

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2. BAGALWA M., BALUKU B., 1998. Variation mensuelle du taux d'infestation et du potentiel de transmission de Biomphalaria pfeifferi dans deux systèmes aquatiques à Lwiro, RDC. Med. Trop.58, pp 372-374.

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7. BENNIKE T., FRANDSEN F. et MANDAHL-BARTH G., 1976, La bilharziose à Kinshasa, données actuelles et danger pour l'avenir. Etudes malacologiques, biologiques, cliniques et épidémiologiques. Ann.Soc.belge Méd. Trop., 56,6, 419-

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11. GITHEKO, A., LINDSAY, Steve W.; CONFALONIERI, Ulisses E. and PATZ, Jonathan A.,2000. Changement climatique et maladies à transmission vectorielle: une analyse régionale. Bull World Health Organ [online], v. 78, n. 9, pp. 1136-1147.

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15. NIEMANN G. et LEWIS F., 1990. Schistosoma masoni : influence of Biomphalaria glabrata size on susceptibility to infection and resultant cercarial production. Exp. Parasitol., 1990, 70,286-292.

16. O .M.S (1987) : Atlas de la Schitosomiase, Presse Universitaire de Bordeaux, O.M.S 171-182.

17. O.M.S, 1991. Maladies tropicales, progrès de la recherche 1989-1990, 10e rapport du programme de P.N.U./Banque mondiale/O.M.S, Genève, 135 P.

18. OLIVIER L., SCHEIDERMAN M.,1956.  Method for estimation of the density of aquatic snail population. Exp. Parasitol., 5,109-117.

19. SELLIN B., 1994. Distribution spatiale des mollusques hôtes intermédiaires potentiels des Schistosomes et leurs biotopes au Burkina-Faso Est, OCCGE no 101 p12-19.

20. SELLIN B., SIMONKOVICH E. et ROUX J.J., 1980. Etude de la répartition des mollusques hôtes intermédiaires de Schistosomes en Afrique de l'ouest. Premiers résultats. Méd. Trop.40 (1) 31-40.

21. TSHIHILURA M., 1990. Dynamique des populations des mollusques dulcicoles. Biomphalaria pfeifferi, Lymnaea natalensis et Bulinus sp dans les étangs piscicoles de Lwiro. Mémoire inédit ISP/BUKAVU, 36p.

ANNEXES

Un enfant se lavant dans une rivière

Un homme souffrant de Schistosomiase

TABLE DES MATIERES Pages

DEDICACE..........................................................................................

REMERCIEMENT.................................................................................

INTRODUCTION GENERALE............................................................... 1

1.1 PROBLEMATIQUE.............................................................................. 1

1.2. OBJECTIF ........................................................................................ 2

1.2.1. OBJECTIF GLOBAL......................................................................... 2

1.2.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES.................................................................. 2

1.3. CHOIX ET INTERET DU TRAVAIL......................................................... 3

1.4. HYPOTHESE...................................................................................... 3

1.5. DELIMITATION DU TRAVAIL.............................................................. 3

1.6. SUBDIVISION DU TRAVAIL................................................................ 4

CHAPITRE 1 GENERALITES SUR LA VARIABILITE CLIMATIQUE ET LA

SCHISTOSOMIASE................................................................................. 5

1.1 VARIABILITE CLIMATIQUE................................................................. 5

1.1.1. DIFINITION.................................................................................... 5

1.1.2. CONCEPT DE BASE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE........................ 6

1.1.3. CAUSES DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE....................................... 7 1.1.4. CONSEQUENCE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE............................ 7

1.2. LA SCHISTOSOMIASE A SCHISTOSOMA MANSONI.............................. 8

1.2.1. DIFINITION ET SORTES DES SCHISTOSOMES..................................... 8

1.2.2. LE CYCLE EVOLUTIF DU SCHISTOSOMA MANSONI............................ 9

1.3. LES MOLLUSQUES BIOMPHALARIA PFEIFFERI.................................... 9

1.3.1. DEFINITION.................................................................................. 9

1.3.2. CLASSIFICATION........................................................................ 10

1.3.3. REPARTITION GEOGRAPHIQUE....................................................... 10

1.3.4. ECOLOGIE ET ROLE....................................................................... 10

CHAPITRE 2 DESCRIPTION DU MILIEU................................................ 12

2.1. SITE D'ETUDE................................................................................ 12

2.2. CHOIX DES SYSTEMES AQUATIQUES................................................ 12

2.3. CARACTERISTIQUE PHYSICO-BIOLOGIQUES DES SITES PROSPECTES.... 15

CHAPITRE 3 MATERIEL ET METHODES............................................. 16

3.1. RECOLTE DES DONNEES DANS LES RUISSEAUX ETANGS ET LAC

KIVU............................................................................................ 16

3.2. IDENTIFICATION DES MOLLUSQUES................................................. 16

3.3. CERCARIOMETRIE.......................................................................... 16

3.4. DEPOUILLEMENT DES DONNEES MTEOROLOGIQUE........................... 17

3.5. DEPOUILLEMENT DES DONNEES DE TEMPERATURE DANS

LES ECOSYSTEMES ETUDIEES......................................................... 17

3.6. DEPOUILLEMENT DES DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES........................ 17

3.7. ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES............................................ 17

CHAPITRE 4 RESULTATS ET INTERPRETATION........................... 18

4.1. INVENTAIRE DES MOLLUSQUES...................................................... 18

4.2. DETERMINATION DU TAUX D'INFESTATION DE BIOMPHARIA

PFEIFFERI.................................................................................... 21

4.3. CARACTERISTIQUE DES FOYERS DE TRANSMISSION DE

SCHISTOSOMA MANSONI................................................................ 23

4.4. VARIATION DES FACTEURS CLIMATIQUES DANS LA ZONE DE SANTE

DE KATANA OBSERVE A LA STATION DE LWIRO.............................. 25

4.5. PREVALENCE DE LA SCHISTOSOMIASE DANS LA ZONE DE SANTE

DE KATANA................................................................................ 28

CONCLUSION GENERALE............................................................... 30

BIBLIOGRAPHIE............................................................................... 31

ANNEXE.......................................................................................... 34

TABLE DES MATIERES....................................................................... 36






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand