WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La transformation institutionnelle de l'association Alamana en institution bancaire

( Télécharger le fichier original )
par Saà¯d Serbouti
Université françois Rabelais de Tours iGA de casablanca  - Master II en banque et finance 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C- expériences Internationales de la transformation des ONG en microfinance

Les ONG & associations sont nombreuses à s'être transformées ou à préparer leur transformation. Parmi les pays phares, on compte des pays d'Amérique Latine (Bolivie, Pérou, ...), d'Afrique sub-saharienne anglophone (Ouganda, Kenya) et francophone, du Moyen Orient et d'Asie.

C-1 Le cas "historique" et le plus complet: la double transformation de PRODEM14

Contexte. Créée en 1986 entre des leaders économiques boliviens et l'ONG américaine ACCION International, l'ONG bolivienne PRODEM, exerçant des activités de microcrédit, se trouvait au début des années 1990 limitée dans son développement par l'incapacité des bailleurs de fonds à financer sa croissance, par son propre positionnement institutionnel lui interdisant l'accès aux marchés financiers, et par l'incapacité de collecter de l'épargne auprès de sa clientèle de microentrepreneurs, à la fois pour augmenter ses ressources et pour satisfaire aux attentes de sa clientèle en matière de services financiers.

Compte tenu des limites inhérentes à son statut et à son positionnement par rapport à la réglementation financière, le maintien de la situation institutionnelle ne permettait plus d'accompagner le développement de l'institution.

L'ONG a donc éprouvé le besoin de « se transformer» en une institution financière régulée disposant de la pleine capacité commerciale (collecte d'épargne et octroi de crédit) et financière (accès aux apporteurs de capitaux pour renforcer les fonds propres et aux financements des marchés financiers nationaux et internationaux).

Processus et enjeux:

Le processus est particulièrement instructif et concentre la plupart des enjeux et problématiques liés à la transformation d'une ONG (association) en société commerciale, agréée en tant que banque et/ou en tant que société de microfinance (dans le cadre d'un créneau réglementaire). Ce processus s'est déroulé en plusieurs étapes, et a abouti à la création d'une banque de microfinance (Bancosol) puis d'une seconde société de microfinance (agréée en tant que FFP15, PRODEM-FFP).

14 Sur la transformation de PRODEM / Bancosol et d'autres ONG en institutions financières régulées, voir notamment Campion Anita et White Victoria, « Institutionnel metamorphosis : Transformation ofMicrofinance NGOs into Regulated Financial Institutions», in The microfinance Network Ocasional Papier N° 4, 1999

15 Cette catégorie a été créée dans la loi bancaire bolivienne spécifiquement pour les IMF.

Master en banque et finance Université François Rabelais de tours&IGA 2006/2007 38

La transformation institutionnelle de L'Association AlAmana en institution bancaire

Compte tenu de l'absence de « créneau réglementaire» spécifique pour les sociétés de microfinance en Bolivie en 1992, la seule solution était de demander un agrément en tant que banque de plein exercice. Un des points les plus critiques - le déplafonnement des taux d'intérêts - ayant été auparavant résolu dans le cadre de la libéralisation du secteur financier, la catégorie « banque » ne semblait plus rédhibitoire pour exercer des activités de microfinance 16.

La « transformation» d'une ONG / association, en société commerciale, par simple modification de la forme juridique, n'est pas apparu comme un processus:

- possible au regard de la réglementation bolivienne,

- ni souhaitable compte tenu de l'équilibre financier et commercial de l'opération: en effet, le niveau de développement du réseau d'agences et la nécessité de ne transférer à la banque que des guichets déjà rentables, incitaient à ne transférer dans un premier temps que les agences arrivées à maturité, puis lors de transferts successifs, de nouvelles agences.

Economiquement, il y a donc eu lors de la création de Bancosol et lors des années suivantes, un échange entre des actions et des agences arrivées au point d'équilibre (incluant le portefeuille de crédit, les bâtiments et le fonds de commerce (clientèle). Ce mécanisme a permis à PRODEM ONG de continuer à développer son réseau d'agences sans les contraintes de la réglementation bancaire, et avec les facilités du statut d'ONG.

Afin d'obtenir les capitaux propres nécessaires pour l'obtention d'un agrément en tant que banque, et pour assurer le développement de celle-ci dans le respect des normes de gestion (notamment capitalisation), le choix a été opéré dès la création de Bancosol d'une large ouverture du capital à des investisseurs privés boliviens ainsi qu'à des investisseurs internationaux intéressés par la microfinance. Dès la création de Bancosol (en 92), PRODEM est donc devenu l'actionnaire fondateur minoritaire de la banque, à hauteur de 29 %, le capital restant étant réparti entre l'ONG américaine co-fondatrice de PRODEM (ACCION) à hauteur de 19 %, des investisseurs privés boliviens (25 %) et internationaux (27 %).

Ultérieurement, la législation bolivienne a évolué et une nouvelle catégorie

d'établissements de crédit a été créée dans la loi bancaire: les FFP / Fonds Financiers Privés, constitués sous forme de société de capitaux, et habilités à collecter l'épargne du public.

Par ailleurs, les associations / ONG sont habilitées par cette même loi bancaire à consentir du crédit, sur autorisation de l'autorité monétaire ; toutefois jamais la Superintendencia n'a autorisé une ONG à collecter de l'épargne. PRODEM ONG se

16 Et ce même si la création d'une «banque de microfinance» a semble-t-il nécessité des adaptations dans la réglementation technique applicable aux banques (horaires et jours d'ouverture des guichets, dispositifs de sécurité des agences, ...). De plus, en tant que première IMC à demander un agrément en tant que banque pour Bancosol, PRODEM a du convaincre les autorités monétaires de la viabilité économique de l'opération, ce qui a nécessité plusieurs études de faisabilité.

Master en banque et finance Université François Rabelais de tours&IGA 2006/2007 39

La transformation institutionnelle de L'Association AlAmana en institution bancaire

trouvait donc freinée dans le développement de ses agences et a donc créé en 2000 une nouvelle société, PRODEM FFP, ce qui équivalait à une seconde transformation. Après cette seconde transformation, l'ONG PRODEM a cessé d'exercer des activités financières.

Simultanément, les relations entre PRODEM et Bancosol se sont dégradées, le transfert progressif des agences à une banque dans laquelle PRODEM était actionnaire minoritaire n'apparaissant pas comme une solution satisfaisante. Les opérations de transfert d'agences ont cessé et PRODEM et Bancosol ont fini par se retrouver en concurrence directe dans certaines zones.

La réglementation financière interdisant aux FFP d'être actionnaires d'une banque, et PRODEM FFP entrant partiellement en concurrence avec Bancosol, PRODEM FFP a cédé ses actions de Bancosol. Ainsi la banque a rompu tout lien, capitalistique et commercial, avec l'ONG de microcrédit qui était à l'origine de sa création.

Résultats:

La double transformation par « filialisation» de l'activité de microcrédit / microfinance a donc abouti:

- à la création de deux IMF partiellement concurrentes, l'une agréée en tant que banque (Bancosol), l'autre agréée en tant que FFP dans le cadre de la loi bancaire.

- à la totale séparation entre le « groupe PRODEM » et Bancosol, tant sur le plan des relations d'affaires que sur le plan capitalistique.

- à un réel succès sur le plan des objectifs de pérennité financière et institutionnelle pour les deux IMF, ayant su surmonter des difficultés conjoncturelles:

o dégradation conjoncturelle de la qualité du portefeuille à la fin de la décennie 1990, liée à une phase de surendettement de la clientèle microfinance en Bolivie.

o tensions conjoncturelles liées à la prise de conscience par PRODEM quant à l'insatisfaction du montage en « double filialisation minoritaire ».

- au maintien des objectifs de desserte d'une clientèle de microfinance, et ce même si Bancosol a étendue sa clientèle et diversifié ses produits.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand