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Etude de la filière pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua (Cameroun).

( Télécharger le fichier original )
par Emile et Bidgette DANZABE NGABA et DOUMSIA DAGA
Université de Maroua (Cameroun) - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade (DIPESII) 2010
  

Disponible en mode multipage

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    DÉDICACE

    Nous dédions ce travail à nos familles :

    La famille Ngaba

    La famille Daga

    REMERCIEMENTS

    Nous tenons ici à remercier tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail. Nous pensons notamment à :

    ü Notre encadreur Dr. GONNE Bernard, pour son soutien et la disponibilité dont il a fait montre à notre endroit dans la conduite de ce travail.

    ü Tous les enseignants de l'Ecole Normale Supérieure de Maroua qui ont contribué à notre formation et plus particulièrement au Dr. KOSSOUMNA LIBA'A Natali et au Dr. Watang Zieba Félix, pour leurs contributions dans l'amélioration de ce travail.

    ü A nos frères et soeurs.

    ü A nos amis (es)

    ü A nos camarades de promotion pour les moments passés ensemble.

    ü A tous ceux qui ont contribués à la réalisation de ce travail.

    RESUME

    Le commerce des pièces détachées de moto et de voiture à Maroua a pris de l'ampleur depuis une décennie. On peut le constater par le nombre des points de vente qui ont proliféré depuis 2001. C'est certainement le dynamisme des acteurs impliqués dans la filière qui explique cet essor. Ainsi, les enquêtes de terrain, entretiens et interviews auprès des personnes ressources, les questionnaires adressés aux acteurs ont permis d'avoir des informations fiables. Ainsi le traitement des données s'est fait par l'ordinateur. Cependant, malgré les difficultés rencontrés sur le terrain et lors de l'analyse des données, il en ressort que : les pièces détachées proviennent du Nigeria et on retrouve toute les marques sur le marché de Maroua. La proximité de Maroua avec le Nigeria, entraîne la diminution des prix des pièces détachées. Les acteurs de la filière sont cependant dépendant les uns des autres. Ainsi, la filière est bien structurée et les importations ce font de façon légale et par le biais de la fraude. Par ailleurs, la filière pièces détachées permet de lutter contre le chômage, c'est une activité qui nourrit son homme malgré les difficultés. En somme, ce travail nous a permis d'étudier au plus près la filière de la commercialisation de pièces détachées de moto et de voiture. Etant du secteur informel, l'Etat devrait profiter de la proximité avec le Nigeria. Pour cela, il devrait penser à encourager les promoteurs et les entreprises de s'investir dans ce domaine à Maroua comme ailleurs.

    Mots clés: Pièces détachées, ville de Maroua.

    ABSTRACT

    The trade of removables pieces of motorcycle and car has increase in Maroua town since more than one decade. We can observe this development by the proliferation of number of shop since 2011. The expansion of this trade can certainly be explained by the dynamism of actors in this sector. So, investigation on the field, discussion, interviews with resources person has permit to have reliable information. The treatment of data was done by computer. However, despite the difficulties meet on the field, and at the time of the analysis of data it emerges from this that: removable piece come from Nigeria and we can found all possible brand in Maroua market. The proximity of Maroua with Nigeria, lead the decreasing of price. Witch permit to actors of the sector to be dependant each others. In this way, therefore, this sector is well structured and the import is done by cheating. Moreover, the sector of removable piece permit to fight against unemployment and it is an activity which sustained traders despite the limit which face actors and state agent. All in all, this work has permit to us to study deeply the sector of trading activity of removable piece of motorcycle and car. Given that this sector is informal, Cameroonian state ought to take advantage of proximity with Nigeria for that therefore, he ought to think to encourage the promoter and firm to invest in this domain in Maroua like moreover.

    Key words: Removables pieces, Maroua town.

    TABLE DES MATIERES

    DÉDICACE Erreur ! Signet non défini.

    REMERCIEMENTS ii

    LISTE DES FIGURES xii

    LISTE DES PHOTOGRAPHIES xiii

    SIGLES ET ABBREVIATIONS xiv

    INTRODUCTION GENERALE 1

    I.PRESENTATION DU SUJET 4

    I.1. DELIMITATION DE L'ETUDE 5

    I.1.1. Délimitation thématique de l'étude 5

    I.1.2.Délimitation spatiale de l'étude. 6

    II.problemes de recherche 9

    II.1.Problème général 9

    II.2 Problèmes spécifiques 9

    III. QUESTIONS DE RECHERCHE 10

    III.1. Question principale 10

    III.2. Questions spécifiques 10

    IV.CONTEXTE SCIENTIFIQUE 11

    V.OBJECTIFS DE RECHERCHE. 19

    V.1. Objectif principal 19

    V.2. Objectifs spécifiques 19

    VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE 20

    VI.1. Hypothèse principale 20

    VI.2. Hypothèses spécifiques 20

    VII. CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE 20

    VII.1. Définition des concepts 20

    1. Méthode de collecte des données 26

    1.1 La méthode de terrain 26

    1.1.1 La collecte des données primaires 26

    1.1.2 La collecte des données secondaires 28

    1.2. La méthode de laboratoire 29

    1.2.1. Le traitement conceptuel 29

    XI. INTERET DU SUJET 30

    X. LES DIFFICULTES RENCONTREES 31

    XI. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE. 32

    PLAN DU TRAVAIL 35

    CHAPITRE I. 36

    TYPOLOGIE DES PIECES DETACHEES A MAROUA 36

    INTRODUCTION 36

    I.LES PIECES DETACHEES FREQUEMMENT UTILISEES. 36

    1. Les pièces détachées des motos. 37

    2. Une utilisation fréquente des pièces détachées des voitures. 37

    II. QUEL EST L'ETAT DES PIECES QU'ON RETROUVE SUR LE MARCHE ? 38

    1. L'utilisation des pièces détachées neuves. 38

    2. Les pièces détachées d'occasion 41

    2.1. Les pièces détachées d'occasion de moto 41

    2.2. Les pièces détachées d'occasion de voitures 43

    III. LES MARQUES DE VOITURES ET MOTOS RENCONTREES DANS LA VILLE DE MAROUA. 45

    1. Les marques les plus rencontrées 45

    1.1. Une diversité des nouvelles marques de moto dans la ville 45

    1.2. La ruée vers les nouvelles marques de voitures 47

    CONCLUSION 48

    CHAPITRE II. 49

    LES ACTEURS DE LA FILIERE PIECES DETACHEES DE MOTOS ET DE VOITURES DANS LA VILLE DE MAROUA 49

    INTRODUCTION 49

    I.DES COMMERÇANTS DIVERSIFIERS. 50

    1. Les grossistes 52

    3. Les détaillants 56

    I.LES COMMISSIONNAIRES INTERVENANTS DANS LA FILIERE 58

    1. Les transitaires dans la filière pièces détachées 59

    2. Les transporteurs. 60

    2.1. Les contrebandiers dans la filière pièces détachées. 60

    2.2. Les négociants 62

    2.3. Les fraudeurs. 63

    II.LES CONSOMMATEURS AUX PROFILS DIVERSIFIES. 64

    1. Les consommateurs des pièces détachées des motos. 67

    2. Les consommateurs des pièces détachées des voitures. 69

    CONCLUSION 70

    CHAPITRE III. 71

    ORGANISATION FONCTIONNELLE DE LA FILIERE PIECES DETACHEES DE MOTO ET DE V 71

    . 71

    .OITURE DANS LA VILLE DE MAROUA 72

    INTRODUCTION 72

    1. LES RELATIONS ENTRE LES DIFERENTS ACTEURS DE LA COMMERCIALISATION DES PIECES DETACHEES. 73

    1.1. La nécessité des agents de commissions dans les échanges. 73

    1.1.1. Les services du chargeur 73

    1.1.2. L'offre du transporteur ou du logisticien 74

    1.1.3. L'intervention des transitaires frontalière, entre ruses et complicités 76

    1.2. Les stratégies adoptées au sein des commerçants. 79

    1.2.1. La commercialisation de pièces détachées dans la ville. 79

    1.2.2. La concurrence entre les commerçants 80

    1.2.3. Des commerçants soucieux de leur cohésion professionnelle 81

    1.3. Des commerçants au service de leurs consommateurs. 84

    2. LES COMMERÇANTS FACE A LA REGLEMENTATION DES SERVICES OFFICIELS 88

    2.1. Des taxes pour une réglementation effective. 89

    2.1.1. L'administration des douanes à Maroua. 89

    2.1.2. L'intervention de la fiscalité locale 92

    2.2. Le contrôle des marchés de consommation 94

    2.2.1. La délégation du commerce 94

    2.2.2. La protection des consommateurs 94

    2.3. Une constatation des infractions et sanctions institutionnelles 95

    CONCLUSION 96

    CHAPITRE IV. 97

    RAVITAILLEMENT EN PIECES DETACEES DE MOTO ET DE VOITURE DANS LA VILLE DE MAROUA 97

    INTRODUCTION 97

    1. L'ORIGINE DE PIECES DETACHEES VENDUES A MAROUA 98

    1.1. Des pièces détachées : une diversité de production 98

    1.2. Commerce transfrontalier des pièces détachées. 99

    2. DES CIRCUITS DE RAVITAILLEMENT EN PIECES DETACHEES. 101

    2.1. Des circuits formels de moins en moins utilisés 101

    2.2. Des circuits informels très ambigus 102

    CONCLUSION 108

    CHAPITRE V. 109

    IMPACTS SOCIO ECONOMIQUES DE LA COMMERCIALISATION DES PIECES DETACHEES A MAROUA 109

    INTRODUCTION 109

    I.UNE FILIERE ATTRACTIVE 109

    1. Un secteur en plein essor. 110

    2. Une activité pourvoyeuse d'emplois 111

    II. ACTIVITE GENERATRICE DES REVENUS 112

    1. Une autonomisation financière pour les commerçants. 112

    2. Retombées économiques pour les institutions camerounaises 114

    3. LES DIFFICULTES LIEES A LA FILIERE. 115

    3.1. Les limites des acteurs. 115

    3.2. La commercialisation des pièces détachées défavorables pour l'Etat Camerounais 117

    CONCLUSION 118

    BIBLIOGRAPHIE 119

    ANNEXES 125

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1. Conceptualisation de Filière pièces détachées.

    Tableau 2. Superficie et population de la ville de Maroua en 2010 et estimation en 2011.

    Tableau 3. État des pièces utilisées par les consommateurs de la ville

    Tableau 4. Nombre des grossistes enquêtés à Maroua

    Tableau 5. Effectifs des semi-grossistes dans la ville de Maroua

    Tableau 6. Nombre des détaillants enquêtés

    Tableau 7. Grille tarifaire de dédouanement des marchandises

    Tableau 8. Gain des commerçants par mois

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1. Localisation de la ville de Maroua au Cameroun

    Figure 2. Evolution de la commercialisation des pièces détachées à Maroua.

    Figure 3. Nationalité des commerçants.

    Figure 4. Différentes catégories de consommateurs de pièces détachées.

    Figure 5. Personnes utilisant des pièces détachées depuis 28 ans

    Figure 6. Adhésion des commerçants au syndicat des vendeurs de pièces détachées.

    Figure 7. Lieux d'approvisionnement des consommateurs en pièces détachées.

    Figures 8. Schéma du fonctionnement d'une filière pièces détachées

    Figure 9. Fiscalités des commerçants

    Figure 10. Frontière entre le Cameroun - Nigeria

    Figure 11. Ages de commerçants de pièces détachées à Maroua.

    Figure 12. Représentation de la satisfaction des commençants

    LISTE DES PHOTOGRAPHIES

    Photo 1. Pièces détachées de moto d'occasions au marché forêt.

    Photo 2. Pièces détachées d'occasion de voiture dans une boutique.

    Photo 3. Commerçant grossiste dans sa boutique au carrefour MOBIL à Maroua

    Photos 4 et 5. Commerçants détaillants sur table et au sol dans le marché forêt.

    Photo 6. Une voiture de la société AES-Sonel au CTM pour dépannage.

    Photo 7. Un consommateur de pièces détachées d'occasion de moto.

    Photos 8 et 9. Point d'entrée à Limani Banki, (frontière Nigéria Maroua) ; traversée et

    chargement pour Maroua.

    Photo 10. Un petit comptoir de vendeurs de pièces détachées en bordure d'une route.

    Photo 11. Chargement des marchandises en vrac après la traversée de la frontière avec le Nigéria, à Banki

    SIGLES ET ABBREVIATIONS

    ACMA : Amical des Commerçants du Marché central et Annexe de Maroua.

    BUCREP: Bureau Central des recensements et des Etudes de Population

    BIT : Bureau International du Travail.

    CETE : Centres d'Etudes Techniques de l'Equipements

    FCFA : Franc de la Coopération Financière d'Afrique.

    CUM: Communauté Urbaine de Maroua

    CTM : Centre Technique de Maroua.

    ENS : Ecole Normale Supérieur.

    ESSI: Enquête Camerounaise Auprès des Ménages.

    HYSACAM : Hygiène et Salubrité du Cameroun.

    INS : Institut National de Statistique.

    ISS: Institut Supérieur Sahel.

    IZF : Investir en Zone Franc

    MINPAT : Ministère de la Planification et de l'Aménagement des Territoires.

    MINCOM : Ministère du Commerce.

    ONG: Organisation Non Gouvernemental.

    PADDL : Programme d'Appui à la Décentralisation et du Développement Local.

    PNUD: Programme des Nations Unis pour le Développement.

    PRIAF RIZ : Projet de renforcement de l'information des acteurs des filières rizicole.

    SETRA: Service d Equipe Technique des Routes et des Autoroutes

    SMAUL : Schéma Minimal d'Aménagement Urbain Local.

    TVA : Taxe à la Valeur Ajoutée

    INTRODUCTION GENERALE

    En Afrique, le malaise socio-économique a exercé de puissants effets sur les modes d'accès au marché du travail. Comme palliatif, l'exploitation de l'activité commerciale par tous comme source de revenus est comptée parmi les activités du secteur informel les plus prisées. De plus on voit se développer dans de nombreuses villes africaines, le phénomène de commerce de pièces détachées s'est intégré dans le secteur du commerce et a envahi l'espace urbain de certains pays africains. D'autant plus qu'ils y ont trouvé une forte clientèle qui leur a permis de s'implanter progressivement même si le succès est jusqu'ici mitiger. Au Cameroun, et comme dans beaucoup d'autres pays d'Afrique et plus principalement dans une ville comme Maroua, la diffusion de la vente des pièces détachées a bénéficié des conditions somme toute particulières: la recrudescence du chômage suite au gel des recrutements et concours administratifs, la dégradation des voiries urbaines (présence des nids de poules sur les voies de communication), entrainant la dégradation rapide des engins des usagers, l'entrée sur le marché Camerounais de nouvelles marques de moto d'origine asiatique, conviviales, flexibles ainsi que leurs pièces de rechange, et vendues au prix relativement bas par rapport aux anciennes marques, la multiplication des usines locales de montage, de vente de motos et des pièces détachées. Face à l'aggravation des effets de la précarisation de l'emploi et de la baisse des revenus, de nombreux jeunes qualifiés ou non s'y sont investis pour s'assurer d'un revenu.

    Les frontières, cicatrices de l'histoire, ont longtemps été appréhendées sous leurs aspects politiques. Ces frontières sont perçues comme fondatrices de la construction des territoires des Etats. Leur développement et leur maintien s'appuient sur la réunion de plusieurs réalités qui, enchevêtrées les unes aux autres, donnent aux frontières le statut du sacré, d'éléments intangibles. Aujourd'hui, le voisinage qu'elle crée entre les groupes humains ayant les mêmes pratiques culturelles et religieuses, renforce une certaine cohésion sociale, économique et culturelle. Ces dernières, à travers plusieurs motivations, commerce, migration de travail, temporaire ou définitive se la sont appropriées. Elles l'ont intégrée à leur vécu, à leur discours et à leur pratique (Dabié, 2005). Les données actuelles rendent cependant peu compte de l'importance de ces flux dans l'intégration économique régionale et dans la mise en complémentarité des bassins de production. Cependant, on distingue deux types de commerce entre le Nigeria et le Cameroun à savoir le commerce officiel et le commerce illicite.

    Dans les principales villes des trois régions du Grand Nord, la contrebande qui sévit de manière endémique est la partie la plus visible et la plus répandue du commerce illicite. Cette contrebande se caractérise essentiellement par l'entrée massive des marchandises en provenance du Nigéria. Elle prend son fondement sur des pratiques commerciales ancestrales, encouragée par l'hostilité des populations aux contrôles douaniers et entretenue par des complicités actives et une solidarité entre commerçants. Les composantes sociologiques, la porosité des frontières et la misère ambiante de la majorité de la population constituent des éléments qui encouragent la contrebande. De tous les entretiens, il ressort un constat clair, la contrebande dans le grand Nord est très ancrée dans les mentalités et dans les moeurs et est un phénomène connu de tous. Pire, c'est un phénomène normal et toléré par tout le monde (Kuaté, 2008).

    Aujourd'hui la ville de Maroua revêt un aspect plus évolué à l'ère du modernisme. Plusieurs études géographiques ont montré qu'elle est l'un des plus grands pôles d'attraction du pays (source). Cela s'explique par le simple fait que la ville regorge de multiples potentialités économique qui font d'elle un centre attractif. On peut ainsi affirmer que les villes dans le monde entier connaissent une extension économique au fur et à mesure que s'écoule le temps.

    La filière est donc comme « un ensemble structuré de transformation de biens par des opérations d'acteurs, de modes de coordination (par les prix de marché, par les conventions, par les contrats, par les règles et réglementation..), de modes de régulation (domestiques, marchand, capitaliste, administrée). Le déploiement des stratégies des acteurs (firmes, offices publics, paysanneries, pouvoirs publics...) en charge des opérations se caractérise par une régulation du fonctionnement de la chaîne; celle-ci est pilotées par une concertation entre plusieurs acteurs ou l'un d'entre eux ayant une position hégémonique » (Hugon, 1989, 1994). L'analyse de la filière pièces détachées de moto et de voiture à Maroua la rend, ainsi, particulièrement opérationnelle pour les villes caractérisées par des défaillances de marché et par des défaillances des Etats et des règles. Elle permet de repérer les noeuds stratégiques de valorisation et également les goulets d'étranglement au niveau des producteurs, des fournisseurs de produits d'amont, des opérations de collecte, de transport, de transformation, de distribution et d'utilisation finale des produits. Elle prend en compte les articulations entre les échelles locales et globales et permet notamment de voir les concurrences ou les complémentarités entre les filières de produits importés et les filières locales, régionales ou nationales (Lançon et al., 2004). Elle dépasse la division entre secteur traditionnel et moderne, rural et urbain ou secteur primaire, secondaire et tertiaire souvent peu significatifs. Elle permet également de relativiser le débat entre les conceptions libérale et volontariste des politiques publiques.

    En effet le commerce officiel est celui qui est réglementé, reconnu par les autorités administratives du Cameroun et du Nigéria. Mais entre ces deux pays s'est développé un commerce d'un autre genre qui n'est pas maîtrisé par les autorités et qui relève malheureusement de l'illégalité. Cette illégalité concerne les produits dont la commercialisation est interdite ; c'est le cas du carburant de contrebande d'origine Nigériane communément appelé « zoua zoua ». Ce carburant frelaté est le premier produit par ordre d'importance issu de la contrebande qui entre sur le territoire camerounais (Aboubakar et al., 2010). Ainsi l'analyse du phénomène de commercialisation des pièces détachées fera l'objet de notre travail, car il est devenu une sérieuse activité dans la ville de Maroua. Cette activité, dont l'explosion est remarquable depuis les années 2000, reste diversement appréciée par les usagers, les conducteurs, les autorités administratives et alimentent des débats contradictoires dans les médias publics et privés. Autant elle constitue un "vivrier d'emploi" pour certains commerçants actifs, il n'en demeure pas moins qu'elle engendre de nombreux problèmes et les autorités administratives ne cessent d'entretenir la polémique sur une bonne réglementation de ce secteur d'activité.

    I.PRESENTATION DU SUJET

    A l'heure actuelle, les Etats se trouvent confrontés à d'importantes difficultés pour assurer leur mission régalienne en matières de santé, d'éducation voir de sécurité dans leurs périphéries et sont parfois passifs face à ces lacunes y relatives. Les acteurs locaux initient et développent de multiples coopérations au delà des frontières, des promoteurs se mobilisent pour l'aménagement des vallées frontalières et des commerçants s'organisent pour faciliter la circulation de leurs marchandises de part et d'autres. C'est ainsi qu'en Afrique en général, les pays frontaliers effectuent des transactions, s'entre-aident avec des produits abondants vers les pays ou ils sont rares. Aussi l'ouverture à la mer est d'une grande importance. En Afrique de l'ouest, le Nigeria est un exemple palpable, car son ouverture à la mer permet de ravitailler les pays enclavés environnants, par ailleurs sa monnaie permet d'accroitre son économie. Cet accroissement est l'apanage du secteur formel et informel. Au Cameroun, le commerce informel est d'une grande ampleur et donne un coup de pousse à l'économie du pays. Cependant, la périphérie du pays ne dispose pas du privilège qu'a le centre du pays, c'est ainsi que les régions ont tendances à s'approvisionner dans les pays limitrophes, c'est le cas de la région de l'Extrême-nord du pays qui se ravitaillent avec des produits en provenance du Tchad et du Nigeria pour la plupart. Maroua est le chef lieu de la région de l'Extrême-Nord et dont le marché est un repère pour certains produits ; c'est l'exemple des pièces détachées de moto et de voiture dont le commerce prend une ampleur considérable dans la ville.

    En effet les commerçants des pièces détachées à Maroua mettent des moyens en oeuvre pour rendre ce secteur d'activité plus florissant, ceci s'observe par l'expansion de cette activité dans la ville. Ce qui nous amène à nous intéresser à la filière pièce détachée dans la ville de Maroua.

    I.1. DELIMITATION DE L'ETUDE

    I.1.1. Délimitation thématique de l'étude

    La mondialisation et l'ouverture du commerce extérieur à amener les Etats à coopérer. Le Cameroun et ses voisins effectuent des échanges, que ce soit officiels ou frauduleuses. L'Extrême-Nord pour sa part avec le privilège d'être voisins avec le Nigeria économiquement stable (Herrera 1997) se ravitaille des produits qui y proviennent (appareils électroniques, produits de premières nécessités, engins, carburants, textiles...). C'est la raison pour laquelle de nombreux auteurs tels que Herrera, Bennafla, Dadier, Gottman, Rafesten ont travaillé sur les échanges entre ces deux pays. La ville de Maroua est inondée de ces produits en provenance du Nigeria. Ceci s'explique par son éloignement avec le centre du pays, ou l'achat de la marchandise, prend en compte le prix de la marchandise, les frais de transport et le prix d'achat, ce qui revient automatiquement chère à Maroua. Cependant les marchandises étant diversifiés, nous nous sommes intéressés aux secteurs des engins. En effet la vente des pièces de rechange de moto et de voiture attire l'attention car elle occupe une place primordiale dans l'entretien des engins des consommateurs. C'est une activité commerciale qui s'inscrit dans le domaine de la géographie économique. Ce commerce est d'une grande importance, il prend de l'ampleur dans la ville de Maroua, pour s'en rendre compte il suffit d'observer la multiplicité des boutiques dans le marché et dans les quartiers et prendre en compte le nombre de garages qui sont dans la ville. Ce commerce est bénéfique pour le Cameroun et le Nigeria, puis que les deux pays en tirent avantages sociaux et économiques.

    La ville de Maroua semble devenir ainsi un pôle de pièces détachées de moto et de voiture. C'est la raison pour laquelle notre étude s'attellera sur l'analyse de cette filière. Cette étude centrée sur la filière pièces détachées dans la ville de Maroua va s'articuler sur la typologie des pièces; ses acteurs; l'organisation de ces acteurs ; les circuits de ravitaillements ; l'impact socio-économique de cette commercialisation dans la ville de Maroua. Elle s'inscrit ainsi dans un souci de décryptage des différents changements ayant affectés ou qui affectent les sociétés et l'économie de cette ville de l'Extrême-Nord du Cameroun

    I.1.2.Délimitation spatiale de l'étude.

    Du point de vue spatial, le cadre de notre étude est la ville de Maroua. En effet, Maroua est le chef-lieu de la Région de l'Extrême-Nord depuis sa création en 1983. La ville est installée sur les deux rivages du Mayo Kaliao. La plaine alluviale ici est à cheval entre les massifs volcaniques de Hosséré Maroua et Hosséré Makabay qui, avec les contreforts des Monts Mandara à l'ouest offrent à la ville son aspect montagneux (Roupsard M., 1987). Vers le Sud et l'Est de la ville, apparaissent au-delà des plaines les rochers de Mindif et de Balda annonçant le Bassin du Tchad. Situé au centre d'une région très peuplée et carrefour interrégional et des courants Est-Ouest, Maroua étend son influence sur tout le territoire situé au nord du 10e parallèle même s'il n'englobe que partiellement le Logone-et-Chari où se fait sentir l'emprise de Ndjamena dont Kousséri ne constitue qu'une banlieue. Maroua est de nos jours une ville économique et cela se remarque par les activités économiques dans ses marches et ses quartiers tels Domayo, Kakataré, Digirwo, Dougoy...

    Le choix de cette ville s'explique tout simplement par le fait que, Maroua est Chef lieu de la région de l'Extrême-Nord (Figure 1). On y retrouve une très forte concentration économique qui draine ainsi des commerçants de presque toute l'étendue du territoire et même ceux des pays voisins. Maroua est aussi considérée comme le principal point d'écoulement et de passage des marchandises transfrontalières en provenance des pays voisins. Le marché de Maroua est à cet effet considérable par rapport aux autres marchés de la région à part celui de Kousséri. Cette ville est proche du Nigeria et bénéficie des échanges très poussés dus à l'industrialisation Nord de ce pays. Cette ville est également sous l'emprise de la pauvreté (Haida, 2002) et le chômage dus à la crise économique qui n'épargne aucune ville camerounaise ; ce qui fait que le secteur informel est bien représenté dans cette ville (Kengne, 1996). Ainsi Il ne sera pas question d'étudier toute la ville mais de cibler quelques acteurs commerciaux, les commissionnaires, les consommateurs et les services de l'Etat impliqués dans l'activité.

    Source : Adaptée de Taybe, N 2006 Réalisation : Gang lang'né, S

    Figure 1. Localisation de la ville de Maroua au Cameroun

    II.problemes de recherche

    II.1.Problème général

    Des études globales dans le domaine rural et urbain sur l'Extrême-Nord Cameroun ont été menées. Le cadre du commerce en général a été abordé, plus précisément, mais le cas spécifique de la filière pièce détachée n'a pas encore été étudié. Du fait que la commercialisation des pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua est en pleine expansion et florissant, il apparait important de mieux appréhender ce secteur d'activité qui est à l'origine de l'évolution du fonctionnement de l'espace urbain et du changement du mode de vie de ses acteurs.

    II.2 Problèmes spécifiques

    La ville de Maroua est le carrefour de la région et regorge de nombreuses richesses culturelles et économiques du département du Diamaré. A ce titre, elle est le siège des représentations ministérielles et offre de nombreuses possibilités pour les affaires courantes nécessitant l'intervention des pouvoirs publics. Et c'est cet aspect de ville administrative et touristique qui rend Maroua attrayante et lui confère les avantages de son développement politique, social, culturel et économique.

    L'économie de la ville de Maroua repose sur le commerce en générale et en particulier sur le commerce transfrontalier avec le Nigeria et le Tchad. Ce secteur connait depuis plusieurs années des mutations dans un certain nombre d'activités parmi lesquelles le commerce des pièces détachées de moto et de voiture, d'où le thème ; Etude de la filière pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua.

    Il est donc important de s'interroger sur un certain nombre de point relatif à ce circuit de commercialisation de pièces détachées à savoir :

    -Les pièces détachées de moto et de voiture sont des éléments de plusieurs sortes.

    -Les acteurs qui interviennent dans cette filière restent à identifier.

    -L'organisation et le fonctionnement de la filière sont à étudier.

    -Les circuits de ravitaillement des acteurs sont à appréhender.

    -Les performances économiques des acteurs et leurs impacts sont à analyser.

    III. QUESTIONS DE RECHERCHE

    III.1. Question principale

    Quels sont les facteurs qui conditionnent l'organisation et le fonctionnement de la filière pièce détachée de moto et de voiture à Maroua ?

    III.2. Questions spécifiques

    1- Quels types de pièce détachée sont commercialisés dans la ville de Maroua ?

    2- Quels sont les acteurs impliqués dans l'essor de la filière ?

    3-Comment ces acteurs s'organisent pour le fonctionnement de leurs activités ?

    4- Quels sont les circuits de ravitaillement des pièces détachées existants ?

    5- La commercialisation des pièces détachées profite elle à ses différents acteurs ?

    IV. CONTEXTE SCIENTIFIQUE

    Les thèmes portant sur les filières commerciales ont été au centre des préoccupations de plusieurs auteurs. Ils ont abordés chacun ce thème selon une approche précise. Pour ce travail, dans le souci d'élucider des zones d'ombres, nous allons regrouper les auteurs selon quatre thèmes à savoir : le rôle des frontières, la crise économique ; le secteur informel et formel, la croissance démographique et le chômage.

    -Les échanges transfrontaliers

    L'économiste écossais Smith, dans son ouvrage «  Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » formalise la première théorie économique d'ensemble favorable à l'échange. En s'interrogeant sur les fondements du commerce, sur le pourquoi des échanges, et sur l'intérêt pour les nations de commercer, Smith élabore la théorie dite de l'avantage absolu. Tout pays a intérêt à participer à l'échange s'il produit un bien ou un service à un moindre coût que ses concurrents. Dans son modèle de raisonnement, si chacune des nations dispose de ce type d'avantage dans la production d'au moins un bien, il trouve un intérêt à participer à l'échange. En cela, il applique à sa théorie du commerce celle de la division internationale du travail (Smith ,1976).

    Ce corpus théorique va être enrichi par un autre économiste du courant classique, David Ricardo (1817). En dépassant la loi de Smith, il établit la théorie de l'avantage comparatif. Dans le système décrit par Smith, la logique se heurte rapidement à une objection : si un pays ne dispose pas d'un avantage tel qu'il le définit, il ne peut participer à l'échange mondial. C'est à cette contradiction que Ricardo entend répondre. Pour lui, tout pays peut participer à l'échange dès lors qu'il dispose dans un secteur productif donné du plus grand avantage absolu, ou du plus petit désavantage absolu. D'ailleurs le développement du commerce dépend des échanges de voisinage et des marchés locaux, Adda (2006). Cette théorie repose sur une comparaison des coûts de production entre deux pays. Ainsi cela permet à un pays d'importer un produit relativement moins cher qu'il ne coûterait à fabriquer, et d'exporter un autre produit qu'il produit à moindre coût, et donc qu'il peut vendre plus cher à l'étranger que sur son territoire national. De cette comparaison naît le gain de l'échange. Les frontières jouent à cet effet des rôles importants pour les Etats et les populations.

    La frontière, est un instrument géographique à la disposition de l'Etat (Raffesten et Guichonnet, 1974), on peut en faire varier le nombre, la nature et l'application au gré de la politique qu'il entend suivre. Ainsi, la frontière devient un moyen de politique généralement utilisé dans des domaines très diversifiés, pour inciter, pour stimuler ou pour interdire l'accès à son territoire (Gottman, 1952). D'une part, c'est à cause du différentiel créé par la frontière que les échanges s'opèrent entre les territoires (Herrera, 1997). Pour cela les prix pratiqués sur des produits dans le territoire de l'entre-deux peuvent déterminer des mouvements de populations à travers les territoires. Ainsi pour Herrera( op cité), le principal déterminant des flux entre les frontières est le prix différentiel. Il pense que les écarts entre les prix sont à la base des échanges qui s'opèrent de part et d'autre des frontières. C'est sur cette base que, par exemple, des réseaux marchands Ouest-africains bien structurés ont déployé leurs activités sur de vastes espaces transcendant les frontières et parfois même les continents. Ils ont constitué de véritables empires financiers en jouant sur les différences de change, de prix, de potentiels productifs, de politiques économiques et de tarifs douaniers. C'est dans ce sens que (John Stuart Mill, 1848) dans ses travaux portant sur « les principes d'économie politiques », démontre que les termes de l'échange dépendent de l'élasticité du prix de la demande dans les deux pays. Pourtant la monnaie est un élément qu'il faut prendre en compte éventuellement. Ce qui nous ramène a l'évaluation de la valeur du Naira du Nigeria et celui du Franc cfa au Cameroun. L'élasticité des prix peut donc être une des raisons pour lesquelles les marchandises sont importées du Nigéria voisin.

    (OCISCA-ORSTOM, 1983), souligne en fait que l'appartenance du Cameroun et du Nigeria à des régimes et zones monétaires différents peut être considéré comme le principal déterminant des échanges non enregistrés entre ces deux pays. Sur l'ensemble de la période 1984-1992, le taux de change effectif réel a été divisé par dix, améliorant d'autant la compétitivité-prix des produits nigérians. Ces différences se manifestent principalement à travers la politique du taux de change, l'inconvertibilité du Naira et l'allocation rationnée des devises. C'est précisément à partir de cette date que l'afflux de marchandises en provenance du Nigeria vers le Cameroun prend des proportions inquiétantes.

    La forte dépréciation réelle du Naira a rendu très compétitifs les produits fabriqués au Nigeria et a donné lieu à un flux considérable d'importations informelles. La perte de parts de marché intérieur qui en a résulté a durement touché les industries camerounaises exposées à cette concurrence. Des produits de consommation courante à la portée des bourses camerounaises sont alors exportés par les commerçants nigérians afin d'obtenir les devises qui leur permettront d'importer des pays développés des articles de consommation de luxe, ou des biens intermédiaires ou de capital pour une industrie paralysée par les pénuries de devises et donc soumise aux restrictions sur les importations. Dans l'analyse de l'évolution des prix, on doit tenir compte du fait que l'appréciation du Naira, les coûts plus élevés de mise en marché dus à la multiplication des barrages routiers, se sont manifestés non par une hausse de prix mais par la disparition du marché de certains produits en provenance du Nigeria. Ceci a concerné les produits en provenance du Nigeria qui affichaient les écarts de prix les plus faibles par rapport aux produits de substitution de fabrication ou d'importation camerounaise

    Les flux commerciaux frontaliers constituent une manière de nier les espaces nationaux et qu'ils contribuent à détruire le cadre des Etats. Le commerce transfrontalier menace clairement l'intégrité des territoires nationaux africains. L'examen de la structuration des espaces frontaliers permet de relativiser ce danger. Non seulement la plupart des espaces d'échanges frontaliers sont trop fugaces pour remettre en cause la mosaïque territoriale actuelle, mais ils portent en eux des éléments qui contribuent à renforcer la cohésion et l'unité des espaces nationaux, c'est précisément le cas des exportations officielles de bétail du Niger et du Tchad vers le Nigeria et le Cameroun. Le commerce de bétail dans la sous-région se caractérise par la multiplicité des circuits, dont la rentabilité diffère, notamment en fonction du caractère officiel ou non du franchissement de la frontière. On peut néanmoins supposer que le commerce transfrontalier a un potentiel d'expansion, ( Bennafla, 2003). (Harre et al 1990), développent dans leurs travaux les facteurs de développement des échanges transfrontalier entre le Cameroun et le Nigéria, il démontre alors que le Nord du Nigeria est très industrialisé contrairement au Nord Cameroun qui n'est presque pas industrialisé et pourtant bénéficiaire des échanges.

    Après cette analyse de documents, il apparaît que le commerce transfrontalier occupe une place importante dans l'économie des zones périphériques. Cependant, le commerce spécifique concernant les pièces détachées de moto et de voiture reste de nos jours très peu étudié. C'est la raison pour laquelle, nous nous proposons dans le cadre de ce mémoire de mettre ce phénomène à la lumière de la ville de Maroua et même au delà de ses frontières. Notre choix s'est porté sur cette ville parce observations faites, nous avons constaté que ce commerce est particulièrement florissant et prend considérablement de l'ampleur depuis environ dix années, c'est la raison pour laquelle nous allons ressortir l'incidence socio-économique de ce commerce dans la ville de Maroua.

    -Le secteur informel florissant et la lutte contre le chômage

    Les thèmes sur l'activité informelle dans les villes camerounaises en particulier et en Afrique en générale, l'émergence et la prolifération du secteur informel est l'une des conséquences de la crise économique des années 1980. C'est ainsi que Kengne et Metton (2000) présentent le secteur informel dans les pays du sud. Notre thème vise cependant cette localité. Il est sources des revenu pour le secteur informel c'est dans ce sens que Modou (1988) démontre que le secteur informel est un facteur de développement du Nord Cameroun. C'est un secteur qui donne du travail à ceux qui ne parviennent pas à s'intégrer dans le secteur formel. Il sert d'anecdote contre la crise économique il assure de l'emploi aux chômeurs et soustrayant ainsi à la délinquance de survivance généralisé des villes africaines (Kengné 1996).

    Le Cameroun comme d'autres pays d'Afrique a connu une diminution du pouvoir d'achat des populations à cause de la crise économique. Assoko l'illustre bien en montrant que cette dégradation du pouvoir d'achat des populations et la baisse successif des salaires en 1993 et 1994 est à l'origine de l'émergence du secteur informel. Les difficultés d'accès au secteur formel de l'emploi dans le secteur privé que publique ont eu des conséquences sur le chômage. Le Cameroun a un taux de chômage élevé en Afrique, il est largement supérieur à celui enregistré en Amérique Latine et en Asie (Roubaud, 1994). Concernant le chômage, bon nombre d'auteurs ont écrit sur ce thème.

    (Haida, 2000), explique qu'à Maroua, le climat et la sous scolarisation sont les aspects limitant l'emploi. Ces éléments dénoncent la situation de pauvreté des populations de Maroua d'où l'émergence du sous développement. Ainsi les auteurs mettent l'accent sur les causes sans toutefois insister sur les activités particulières. Cependant le secteur informel est aussi sources de problème. Ndamé (2000) pour sa part montre que le commerce informel ne fait qu'appauvrir les économies de la communauté et affaiblir les Etats dans leur quête d'une union économique et douanière forte et représentative. Raison (1984) démontre plutôt que la région informelle se greffe sur la région formelle, et ne peuvent pas être dissociées, donc l'un ne peux pas exister sans l'autre « ne peux vivre sans elle mais la menace, elle la complète mais ne peut l'étouffer. Elle lui est associée comme l'épiphyte à l'arbre, ou commence le cancer au corps humain ».

    Les villes Camerounaise sont sous l'emprise des activités informelles, kengné (1998) pour lui les activités informelles se localisent en fonction des facilités d'accès, des disponibilités de l'espace de travail et de la clientèle. Ce secteur est source de revenus même si elle n'est pas stable, il joue un rôle très important dans les économies modernes et particulièrement dans les pays sous développés, sauf que c'est un secteur qui est la conséquence directe de la crise économie des années 1980, cependant sa présence à permis d'atténuer les effets de la récession économique sur le niveau de vie des populations (Ndjeunde, 2000).

    Le secteur informel est important pour l'économie du Cameroun et pour la population de Maroua, avec la possibilité d'effectuer le commerce transfrontalier. Ce dernier est sources des revenus pour le secteur informel c'est dans ce sens que Modou (1988) démontre que le secteur informel est un facteur de développement du Nord Cameroun. Il a permis aux populations d'atténuer les effets brutaux de la crise économie ; c'est un secteur qui permet aux villes pauvres de trouver un envol au développement. Cependant ce secteur permet à une catégorie des personnes de faire face au chômage.

    Il est reconnu par les organisations internationales, la BIT par exemple de son efficacité dans la création des emplois à travers une étude réalisée en milieu urbain des pays en développement. Elle est importante « l'efficacité du marché de travail dans les pays sous développés est limité par le développement du secteur informel qui contribue au développement du travail » (BIT, 1984). Les activités commerciales du secteur informel sont pourvoyeuses d'emplois à la population active. Tamo (2000) pense que cela occupe les populations actives et les chômeurs. Il est sources des revenus pour les populations, c'est dans ce sens que Modou (1988) démontre que le secteur informel est un facteur de développement du Nord Cameroun.

    Après l'analyse des acteurs ci-dessous, il en ressort que le secteur informel permet d'éviter l'oisiveté. Ce secteur à été propulsé par la crise économique et la dévaluation du Fcfa. Cependant, concernant notre localité d'étude d'autres facteurs s'ajoute, il s'agit notamment de la pauvreté et de la sous- scolarisation ce qui émane les jeunes à exercer les petits métiers pour subvenir à leurs besoins. Une étude socioéconomique a été effectuée dans l'Extrême-Nord Cameroun par le MINPAT avec un programme du PNUD (2000) dans l'optique de l'éradication de la pauvreté et de l'amélioration des données sociales. Il en ressort que les faiblesses sociales et économiques sont en relation avec le milieu physique. On note également dans cette étude, les problèmes d'occupations anarchiques de l'espace public.

    -La vente des pièces détachées, une activité croissante

    L'Extrême- Nord en particulier est inondée par les activités informelles. La ville de Maroua est une localité où les activités commerciales informelles prospèrent. (Seignobos et al., 2000). Ce secteur non structuré de l'économie fait appel aux petits métiers tels que les cireurs ; les vendeurs des fruits, les motos taximen, les vendeurs des pièces détachées, les réparateurs, les colleurs de roues, les pompistes... Comme dans toute l'Afrique, les vendeurs des pièces détachées poussent comme des champignons  dans les villes de Yaoundé et de Douala. (Le quotidien Mutation, 2011). Ce phénomène a pris de l'ampleur dans les villes de Doubanne en Algerie.

    Kengne, (1991) classe se genre de commerce dans les petits métiers du secteur informel. Il montre cependant l'ampleur que ces activités ont prise cette dernière décennie. Au Gabon une bonne proportion des jeunes exerces les petits métiers pour faire face au chômage (Infos plus Gabon du 28 Avril 2006). Ce déclin s'explique par les remous des années 1990, dites années de démocratie qui ont bouleversé l'échiquier économique. De façon générale, le secteur des petits métiers regroupe toute les activités qui n'ont pas d'existence légale, et qui de ce fait ne sont pas enregistrées par l'administration fiscales et peuvent échapper au paiement d'impôts et aux formalités administratives auprès des ministères compétents. Ainsi, Diaz et al, (2001) dans leur livre « l'hétérogénéité du secteur informel au Togo» classe l'activité commerciale des pièces détachées dans le secteur informel des services du commerce de gros et de détail. Il montre à cet effet que, cette activité comme tous les autres, subit une mutation du fait de l'évolution de la société Togolaise. Dans un autre angle, Maidadi, (2000) trouve qu'à Douala l'activité des motos taxi sont est à l'origine de la genèse des petits métiers de réparation, il insiste sur la vente des pièces détachées qui à pris de l'ampleur depuis 2003 à Douala, date à laquelle les « benskins » ont augmenté dans la ville. Contrairement à Maroua où ce commerce à commencer un peu plus tôt et influence l'augmentation des « clando ».

    L'activité de vente de pièces détachées est l'apanage des Nigérians généralement dans tout les pays d'Afrique. Assohou (2008), dans son article « Vente des pièces détachées ; petits métier exclus pour les Ivoiriens », montre que partout en Abidjan, pullulent des endroits où l'on peut trouver des revendeurs des pièces détachées qui par la même occasion s'adonnent au parallélisme et au gonflement des pneus des voitures, mais force est de remarquer que ce sont souvent les nigérians qui exercent exclusivement ce métier La particularité de notre thème se dévoile à ce niveau, à Maroua les vendeurs de pièces détachées sont des nationaux et en majorité des autochtones. La proximité avec le Nigeria fait que les jeunes se sont lancés dans ce type d'activité. Les vendeurs loin d'exercer d'autres activités parallèles, sauf quant il s'agit des réparateurs-vendeurs.

    V.OBJECTIFS DE RECHERCHE.

    V.1. Objectif principal

    - Faire une étude de l'organisation et du fonctionnement de la filière pièces détachées de moto et voiture à Maroua.

    V.2. Objectifs spécifiques

    1- Identifier les différents types des pièces détachées de moto et voiture vendues à Maroua.

    2- Identifier les acteurs qui sont impliquées dans la filière.

    3-Analyser l'organisation et le fonctionnement des acteurs dans l'activité.

    4- Identifier les différents circuits de ravitaillement en pièces détachées à Maroua.

    5- Montrer l'impact socio-économique de l'activité sur les acteurs.

    VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE

    VI.1. Hypothèse principale

    La forte demande en pièces détachées de moto et de voiture nécessite une bonne organisation et un bon fonctionnement de la filière.

    VI.2. Hypothèses spécifiques

    1-Il existe divers types de pièces détachées de moto et de voiture à Maroua.

    2-Les acteurs impliqués dans l'essor de la filière sont homogènes.

    3- L'organisation et le fonctionnement des acteurs se fait dans la légalité d'une part et d'autres part dans l'inégalité.

    4- Les circuits de ravitaillement en pièces détachées dépendent de la proximité, du coût du produit et des moyens transports.

    5-L'essor de la filière montre que les acteurs tirent des bénéfices et des profits de l'activité.

    VII. CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

    VII.1. Définition des concepts

    La filière : L'approche filière est relativement récente dans l'étude économique. C'est dans la deuxième moitié des années 70 que ce type d'analyse a commencé à percer dans les milieux d'économie agricole. Utilisé en France d'abord pour traiter des problèmes d'économie industrielle, le concept d'analyse de filière a été transposé dans le domaine agricole, puis aux projets d'aide aux pays en développement.

    Pour les économistes, spécialiste de l'analyse de filière la filière n'est rien de plus qu'un concept d'analyse; ce n'est donc pas un type d'organisation. Lorsqu'on parle de filière, les anglo-saxons parlent de marché; le malentendu est donc important. Une filière peut, certes, être analysée comme une suite de marchés que l'on isole de l'ensemble général du marché pour des raisons d'analyse, mais parler uniquement de marché pour décrire la complexité des circuits d'échanges et des relations qui s'y attachent risque de faire oublier des faits importants pour l'analyse (Terpend, 1997).

    Une filière est constituée de l'ensemble des partenaires d'une entreprise qui vont intervenir dans les différentes phases du cycle de vie d'un actif ou d'un produit qui comprennent les multiples stades de production, de transformation et de distribution. Une filière peut aussi être intégrée afin de mieux répondre aux besoins des agents économiques et de mieux faire face à la concurrence. Management et économie des entreprises, (Bressy et al., 2008)

    L'étude d'une filière s'intéressera aux acteurs amont et aval, aux liens qui les unissent, à leur situation économique et au potentiel de développement, pour des enjeux qui peuvent être variés; emplois, mutations industrielles, évolutions des processus de consommation, (Sétra, 2007). Tout produit proposé à la vente n'est possible que par l'action d'une action de personnes produisant, transformant, transportant, stockant, ou vendant, consommant et recyclant. De la production de la matière première à la commercialisation finale jusqu'au recyclage, toutes ces étapes constituent la filière du produit. Dans le cas échéant, la filière des pièces détachées à Maroua commence par l'étape de l'achat des pièces, leur transport, le stockage et la vente. Cette définition de la filière ne mentionne pas les étapes de la production et de la transformation et du recyclage par le fait que, les pièces détachées ne sont pas produites à Maroua et moins encore au Cameroun. Elles sont importées et ce moyen d'acquisition met en exergue le commerce transfrontalier.

    Pour Projet de Renforcement de l'Information des Acteurs des Filières Rizicoles - PRIAF RIZ (2005), la filière est un moyen abstrait de se représenter les différentes étapes suivies par un produit donné du stade de la production au stade de la consommation, en passant par la transformation, le transport, la commercialisation, etc. La filière consiste donc en la succession d'opérations techniques et de transferts du produit d'un acteur à un autre. Elle part du paddy au niveau des producteurs pour aboutir au riz blanc et aux sous-produits, vendus par les détaillants aux consommateurs finaux pour finir dans les assiettes, ou selon les cas par les grossistes dans les industries, en tant que matière première.

    Cependant dans ce travail il est question d'étudier la filière des pièces détachées. En général, l'étude d'une filière permet de connaitre d'une manière approfondie tout l'environnement du produit, c'est en fait l'étude des points forts et les points faibles du système afin de mener les politiques qui permettent de renforcer les aspects positifs et de faire disparaitre les contraintes, de définir les acteurs qui interviennent d'une manière directe ou indirecte, d'analyser le degré de concurrence et de transparence des différents niveaux d'échanges, de voire la progression des coûts, action par action, afin de déterminer le prix final. Dans ce travail l'étude de la filière consiste à analyser les actions des acteurs, leurs stratégies de commercialisation et l'analyse des politiques autour de la filière, déterminer les limités de cette filière, et son influence sur la vie socio-économique. Les acteurs d'une filière ne sont pas toujours homogènes, ils ont des poids relatifs, différents en terme commerciale, de trésorerie de notoriété, de chiffre d'affaires de volumes de vente, de capacités de stockage.

    Commerce transfrontalier : selon Enda diapol (2007), l'échange légal entre pays « du commerce » faisant transiter des marchandises légales par des circuits illicites et des « trafics » en tous genres, dès lors que ces derniers portent sur des échanges prohibés.   Le commerce transfrontalier permet à un pays de consommer plus que ce qu'il produit avec ses ressources propres et / ou d'élargir ses débouchés afin d'écouler sa production. Le commerce transfrontalier s'est développé à partir du XVIe siècle, sous l'influence combinée de l'essor du commerce maritime, de la découverte du « nouveau monde » et de l'organisation de nouvelles méthodes de production. Nous entendons par là, le commerce entre deux ou plusieurs pays, ici nous pouvons dire que ce sont les opérations de vente et d'achat des pièces détachées de moto et de voiture entre le Nigériane et l'Extrême-Nord Cameroun et particulièrement le chef lieu de la région ; Maroua.

    Bennafla (2003), dans « Le commerce frontalier en Afrique centrale, Acteurs, espaces, pratiques », pense que plusieurs auteurs soutiennent que les flux commerciaux frontaliers constituent une manière de nier les espaces nationaux et qu'ils contribuent à détruire le cadre des Etats. Pour ceux-là le commerce transfrontalier menace clairement l'intégrité des territoires nationaux africains. L'examen de la structuration des espaces frontaliers permet de relativiser ce danger. Non seulement la plupart des espaces d'échanges frontaliers sont trop fugaces pour remettre en cause la mosaïque territoriale actuelle, mais ils portent en eux des éléments qui contribuent à renforcer la cohésion et l'unité des espaces nationaux. Plusieurs éléments contribuent à faire varier l'intensité des exportations le long de ces circuits de commercialisation; les facteurs climatiques, les facteurs monétaires, les facteurs économiques. Enfin, le dynamisme des exportations dans la sous-région, qui est influencé par la demande solvable des consommateurs. En conséquence l'intensité du commerce dépendra de la rigueur des contrôles (donc de la possibilité de contourner les circuits officiels) et de l'importance des taxes informelles comme c'est le cas avec les pièces détachées.

    Pièce détachée : pour définir ce terme générique, il convient de savoir ce que c'est qu'une pièce. La pièce est une partie, un élément d'un tout, objet complet d'un morceau qu'on adapte. C'est la partie détachée d'un mécanisme, qui forme un tout en soi, comme un piston, une bielle, un ressort, un écrou, un boulon, etc... Nous appréhendons le terme pièce détachée comme étant toute pièce aussi petite soit elle, est faisant partie constituant d'un élément de la moto ou de la voiture, exemple : le boulon, le capo, un pneu, la chambre à air, le levier de vitesse.... Ce sont aussi les accessoires des voitures et des motos qu'on retrouve sur le marché de Maroua exemple : les ampoules de phare, les bougies, les rétroviseurs etc... Ce sont les pièces isolées d'occasion ou neuve destinées à remplacer une pièce défectueuse. Ce sont encore les pièces de voiture et de moto de tout genre et de toutes marques quel qu'en soit leurs origines et leur lieux importations.

    -Bordereaux indiquant la grille des prix délivré par le Mincom.

    -Impôts libératoires ou patentes par la délégation des Impôts et finances

    -Bordereaux communaux 

    Acteurs

    Fraude

    Informelle

    -Aucun document.

    -Utilisation de moto,

    -Emprunts des pistes.

    -Aucun local

    Moyens de transport

    Taxes

    Réglementation

    Filière pièce détachée

    Indicateurs

    Variables

    Dimensions

    Concept

    -Camion par voyage

    - Car de transport public

    Quittance, bordereaux de dédouanement.

    Impôts libératoires ou patentes.

    Tickets de droit de place

    -Agents de commissions

    -Commerçants

    -Consommateurs

    Formelle

    -Agents de commissions

    -Commerçants

    -Consommateurs

    Acteurs

    Tableau 1. Conceptualisation de Filière pièces détachées.

    VIII. METHODOLOGIES

    1. Méthode de collecte des données

    La méthode ou la démarche utilisée dans le cadre de cette étude est de type hypothético- déductive. Elle se fonde sur les hypothèses que nous confirmerons ou infirmerons à partir des résultats obtenus. Cette méthodologie est structurée autour de deux principales étapes à savoir : la méthode de terrain et la méthode de laboratoire.

    1.1 La méthode de terrain

    La méthode de terrain est cette partie qui nous permet de faire la collecte des données. Dans cette partie nous avons utilisé deux principaux types de données en l'occurrence la collecte des données primaires et la collecte des données secondaires.

    1.1.1 La collecte des données primaires

    Elle a nécessité plusieurs travaux de terrain, notamment :

    -L'observation sur le terrain et les prises de vues (photos) ;

    -Les entretiens et entrevues;

    -L'échantillonnage ;

    -L'administration des questionnaires.

    - L'observation sur le terrain et les prises de vues (photos)

    Il s'agissait pour nous ici de recueillir les informations, en effectuant de descente sur le terrain. Nous avons entre autre localisé les différents espaces d'étude et fait leur reconnaissance. Cette reconnaissance nous a permis de prendre attache avec les différents acteurs, de faire l'état des lieux des différents changements commerciaux observables et de savoir dans quel endroit de la ville, ces changements sont plus visibles. On les retrouve dans les quartiers Kakataré, Domayo, Dougoy... Cette partie s'est soldée par des prises des photos.

    -Les entretiens et entrevues.

    Les entretiens et entrevues ont été menés auprès des autorités administratives, notamment la Douane, les services de commerces, les communes. Nous avons aussi eu des entretiens avec des commerçants, des agents de commissions, des consommateurs, les responsables du Centre Technique de Maroua, du président du syndicat des vendeurs de pièces détachées. Il s'agissait en gros d'établir le contact avec les populations, d'introduire les sujets de discussions et d'expliquer les objectifs de l'étude. Ces entretiens nous ont permis de toucher du doigt les réalités de ce domaine et de se faire une idée sur l'évolution de la commercialisation.

    -L'échantillonnage

    Le principal outil que nous avons utilisé ici est le questionnaire qui a impliqué le recours à l'échantillonnage. Ainsi, nous avons choisi l'échantillonnage raisonné qui s'est articulé en deux principales étapes qui sont : la détermination des échantillons et le choix des sites d'enquête pour nous permettre d'atteindre nos objectifs de recherche. Nous nous sommes intéressés à toute les states de cette activité dans la ville de Maroua, aussi nous avons tenu compte des suggestions de nos encadreurs et des éventuelles difficultés que nous pourrons rencontrer sur le terrain. Ainsi, nous avons choisi de travailler avec un échantillonnage raisonné ou par quotas de 100 commerçants (grossistes, semi-grossistes et détaillants). Nous avons également enquêté sur 100 consommateurs de pièces détachées de moto et de voiture. En ce qui concerne les agents de commission, nous avons procédé par la méthode dite « boule de neige ». Les sites d'enquête ont été choisis en fonction de l'importance des mutations que l'on peut observer. Ce qui nous a permis de produire des tableaux, des figures, de faire la localisation des zones d'étude et en faire des commentaires adéquats.

    - L'administration des questionnaires

    Les questionnaires utilisés pour notre étude ont été centrés sur les problèmes suivants : l'identification des enquêteurs, les caractéristiques des acteurs, l'organisation et le fonctionnement de la filière. La perception commerciale et les contraintes, l'impact sociale et économique dans la ville de Maroua. Les questionnaires ont été codé et comportaient des questions fermées pour faciliter l'analyse des données et permettre aux enquêtés de nous donner des réponses précises. Les questionnaires ont été administrés à une population cible, complétés par les collectes des données secondaires.

    1.1.2 La collecte des données secondaires

    Les données secondaires de notre étude ont été tirées de la littérature, ce qui a nécessité la recherche documentaire, celle-ci a été possible grâce à l'acquisition et à la lecture des rapports, des articles, des ouvrages, des mémoires et des thèses en rapport avec notre thème d'étude. Cette documentation a été faite à La bibliothèque de l'université de Maroua (Centre de documentation). A la direction des archives de Maroua. Le centre de documentation de MIDIMA, à l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD). Aux communes et à la communauté urbaine de Maroua, à la préfecture de Maroua. Ces sources documentaires ont été complétées par l'outil Internet à travers les moteurs de recherche comme : Google, Wikipédia, Encarta 2009. Cette recherche documentaire nous a permis de dresser l'état des lieux de la ville de Maroua et de définir les cadres conceptuels et théoriques de notre étude. Elle a également été d'une grande importance dans la réalisation des figures cartographiques qui illustrent notre mémoire et dans la discussion de nos résultats.

    1.2. La méthode de laboratoire

    Ce sont les traitements des informations collectées, il s'agit de la phase de dépouillement des questionnaires qui s'est faite manuellement et par traitement des données à travers l'ordinateur. Le traitement des données s'est déroulé en trois phases : le traitement conceptuel ou qualitatif, quantitatif et graphique.

    1.2.1. Le traitement conceptuel

    Il a consisté essentiellement en la description et localisation des faits observés sur le terrain. Ce traitement a été appuyé sur les concepts préalablement définis.

    - Le traitement quantitatif ou statistique

    Le traitement quantitatif des données de terrain s'est basé sur des informations chiffrées issues du dénombrement des questionnaires d'enquête à travers le dépouillement. Cela nous a permis de faire une interprétation, la construction des tableaux à l'aide de Word Excel, SPSS1(*) et des représentations graphiques.

    - Le traitement graphique

    Le traitement graphique des données recueillies à travers la revue de la lecture des ouvrages et les travaux de terrain a nécessité l'utilisation des méthodes statistiques et différentielles. Celles-ci ont débouché sur la confection des tableaux, des diagrammes, des histogrammes, et les cartes en faisant recours aux logiciels informatiques comme Excel, SPSS et Word. En ce qui concerne les documents iconographiques et spécifiquement les cartes nous avons utilisé le fond de carte de MIDIMA, elles ont préalablement été scannées et géoréférencées avant la numérisation. A cet effet, nous avons utilisé les logiciels Adobe Illustrator et Mapinfo professionnel.

    XI. INTERET DU SUJET

    Ce travail sur l'étude de la filière pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua, présente les intérêts aussi bien sur le plan scientifique, que dans le domaine du développement économique, qui est d'actualité surtout dans les pays émergents.

    Sur le plan scientifique, cette étude souhaite contribuer à la connaissance des activités économiques en plein essor à Maroua. C'est une activité commerciale qui est en pleine expansion dans la ville et par conséquent mérite d'être étudié et de même ces données et connaissances produites pourront être utilisées par d'autres chercheurs. En plus cela permettra d'avoir une meilleure connaissance de cette activité afin de pouvoir la maitriser efficacement des éléments sur les flux transfrontaliers des pièces détachées de moto et de voiture, les acteurs impliqués dans cette filière, le fonctionnement de l'activité, les circuits de commercialisation et les impacts socio économiques.

    Dans le domaine économique, il s'agit au travers de cette recherche de fournir aux responsables politiques et économiques du Cameroun, des éléments nécessaires à la définition des politiques économiques dans les villes à propos des filières. Par ailleurs, sur le plan local, les résultats de cette recherche permettront de mieux appréhender l'activité afin de développer d'autres filières semblables. Ils permettront aussi aux douanes d'appréhender les flux de contrebande afin d'atténuer la fraude dans cette partie du pays.

    X. LES DIFFICULTES RENCONTREES

    Ce travail ne s'est pas déroulé sans heurt. Plusieurs difficultés ont entravé son évolution.

    La première difficulté réside sur le fait de l'inexistence des travaux de recherche dans ce domaine. Les services administratifs n'ont pas des documents précis dans ce domaine d'activité. Par conséquent ce travail repose strictement sur les données de terrain ce qui explique d'ailleurs la pauvreté des citations des travaux ultérieurs.

    La seconde difficulté repose sur la réticence des services visités, qui se manifestait par le refus des entretiens et l'indisponibilité de certains informateurs. Dans cette même logique, la réticence des acteurs commerciaux nous a permis d'avoir des informations convaincantes et fiables. Ce qui nous a amené à reprendre les enquêtes en adoptant une nouvelle stratégie. Concernant les enquêtés, la plus grande difficulté était de trouver les commissionnaires ou agents de commissions qui font la contrebande. Raison pour la quelle nous avons procédé à la stratégie boule de neige. Ce qui ne nous a pas permit d'interroger plusieurs personnes.

    Certains ont considéré nos enquêtes et nos entretiens comme une sorte de sondage et d'espionnages. Surtout les commerçants (en ce qui concerne les revenus, la peur va à l'encontre des services d'impôts) même certains agents de douanes.

    Le temps mis pour se familiariser avec nous acteurs a été long d'environ 05 mois (de février à mai).

    Enfin, la troisième difficulté résidait sur la saisie du mémoire, la réalisation des cartes et la prise des photos car certains commerçants refusait catégoriquement qu'on s'approche de leurs marchandises).

    XI. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE.

    La région de l'Extrême-Nord Cameroun est situé du 10° au 13° degré de latitude Nord et du 13° au 15°de longitude Est. La région s'étire sur près de 325km, des pays soudanais jusqu'aux improbables rivages du lac Tchad. Elle est limitée à l'Est par le Nigeria, à l'Ouest par le Tchad et au Sud par la région du Nord (Atlas, 2000). C'est une ville au centre de la région.

    -Présentation physique du Milieu.

    La ville de Maroua s'élève à 700 mètres d'altitude et est constituée essentiellement d'un relief de platitude. Elle se trouve sur une plaine traversée par deux Mayo (Kalio et Tsanaga) qui sous forme d'entonnoir serpentent d'Ouest et l'Est. Son sol est ferrugineux et argileux à faible pénétration. La rareté des précipitations conditionne le type de végétation. Elle est très disparate et dominé par le « nemié » issues des projets de reboisement. Cette rareté s'explique par la pression démographie, l'urbanisme et l'industrialisation qui ont sensiblement réduit les essences ligneuses naturelles (feukem et al, 2010).

    Le climat qui se vit à Maroua est du type tropical sec et précisément du type sahélien. La pluviométrie Moyenne annuelle est d'environ 1500 millimètre. La température moyenne est d'environ 30°. La saison sèche est de neuf mois allant d'octobre à juin. Les perturbations climatiques sont néanmoins perceptibles ces dernières années avec un décalage constant des mois de sécheresse. Des pluies intermittentes et occasionnelles surviennent pendant cette saison. Cela explique en effet pourquoi la population se tourne vers le commerce au détriment des activités agricoles, car cette dernière s'avère difficile et sans grand apport, (enquêtes de terrain, Mai 2011).

    -Une population galopante

    Sa population était estimée à 67187 âmes en 1976, 123296 en 1987 et elle est estimée à 201371 habitants selon les données démographiques régionales des derniers résultats de recensement de la population du Cameroun en 2005 (BUCREP). On peut donc remarquer que le rythme de croissance des années 1970, 1980 n'a pas le même rythme que celui des années 1990 à 2007 et celui de 2007 à nos jours. Car avant les indépendances, la croissance démographique moyenne annuelle était estimée à 5%. Depuis, Maroua croit à un rythme d'environs 9% par an. La croissance naturelle participe pour 3% et l'immigration pour 6% (CUM ; Source : SMAUL PHASE 1, 2007).

    Pour estimer la population actuelle de l'Extrême-Nord. On peut partir des données de 2005 en supposant une progression géométrique de cette population et son taux de croissance démographique de 9%. La méthode de calcul dérive de la formule suivante.

    Pt = Po (1+ r)t

    -Pt= population à la date t

    -Po = population initiale (201371)

    -r= taux de croissance annuelle

    -t = temps mis entre Po et Pt.

    P(2011)= 201371(1+9%)6 = 337719

    P(2011) = 337719 Habitants

    Le calcul de la population de Maroua en 2011 selon cette formule peut être estimée à :

    Ainsi nous pouvons classer la population en circonscriptions communales ( Tableau 2).

    Tableau 2. Superficie et population de la ville de Maroua en 2010 et estimation en 2011.

    Localité

    Superficie km2

    Population en 2010

    Densité de la population en 2010 (hab/km2)

    Population en 2011

    Densité de la population en 2011(hab/km2)

    Maroua 1er

    660

    98496

    149,23

    101800

    154,24

    Maroua 2e

    500

    120200

    240,40

    124119

    248,23

    Maroua 3e

    1354

    100900

    74,51

    111800

    82,57

    Total

    2514

    319596

    464,14

    337719

    485,04

    Source : rapport d'activité des différentes communes de Maroua en 2011.

    En prévision des estimations, sous réserve de la finalité des donné on constate que la population de Maroua est galopante et inégalement repartie. Les quartiers les plus peuplés sont : le grand marché, Domayo et les approches des deux ponts. (Source : CUM, plan stratégique et programme de développement de la ville de Maroua : rapport de diagnostique. Décembre 2010).

    -Une population jeune et désoeuvrée

    La ville de Maroua présente une démographie galopante, sa pyramide des âges à une base large et un sommet rétrécis au fur et à mesure qu'on monte. Selon l'EESI (2005), le chômage touche à l'échelle Nationale, 12,57% de jeune de 20 à 29 ans en sont affectés. Dans les zones urbaines, ils sont de 20,74% et 5,33% en zone rurale. Pour faire face à cette situation les jeunes s'investissent dans le secteur informel. D'après les données d'ECAM II, il ressort qu'en 2005, les jeunes de 15 à 30ans sont de 1,8% dans le public, 12% dans le privé et 86,2% dans l'informel (Minjeun 2008).

    PLAN DU TRAVAIL

    Ce mémoire sera présenté en cinq chapitres:

    Dans le chapitre I, nous étudierons la typologie des pièces détachées à Maroua. Nous verrons en suite dans le chapitre II, les acteurs de la filière dans la ville de Maroua. Au chapitre III, nous analyserons l'organisation fonctionnelle de la filière à Maroua. Le chapitre IV portera sur le ravitaillement en pièces détachées de Moto et de voiture dans la ville de Maroua. La question d'impact socio-économique de la commercialisation des pièces détachées à Maroua fera l'objet du chapitre V.

    CHAPITRE I.

    TYPOLOGIE DES PIECES DETACHEES A MAROUA

    INTRODUCTION

    L'ouverture du marché extérieur est une conséquence de la mondialisation. Elle a permis de transcender la logique d'un système interétatique à laquelle elle substitue une logique de réseaux transnationaux. (Adda 2006), définit la mondialisation comme étant un processus de contournement, de délitement et, de démantèlement des frontières physiques et règlementaires. Selon le Quotidien mutation du 27 avril 2011, le marché des voitures et des motos croit de 10% par an en moyenne au Cameroun. Un marché dominé par les marques asiatiques comme dans l'ensemble du continent d'ailleurs. Un marché où se vend trois fois plus les voitures d'occasion que les voitures neuves. La ruée vers les pièces détachées montre la nécessité du consommateur de s'en procurer. Il va sans surprise que le marché de pièces détachées est florissant. Les pièces étant de diverses origines, elles amènent le consommateur à mettre l'accent sur certains critères primordiaux qui déterminent le choix de la pièce à utiliser pour son engin. Il s'agit notamment de l'état, la marque et l'existence de la pièce détachée sur le marché. Ceux-ci feront l'objet de ce chapitre

    I.LES PIECES DETACHEES FREQUEMMENT UTILISEES.

    Certaines pièces de moto et de voiture sont fréquemment utilisées. La fréquence d'utilisation de certaines pièces, dépend souvent de la saison qu'il fait dans la région de l'Extrême-Nord. Les pannes qui surviennent sur les motos diffèrent de celles des voitures. Par la même occasion les garages se distinguent par les lieux et les locaux qui les abritent. Certaines pièces détachées de motos et de voitures sont fréquemment utilisées et ce, pendant des périodes précises. Dans cette partie il s'agira donc de donner une typologie de quelques pièces utilisées par la population de la ville de Maroua.

    1. Les pièces détachées des motos.

    La ville de Maroua regorge d'un grand nombre de moto. Ce sont généralement des motos taximen appelés « clando2(*) » qui sont les moyens de transport les plus utilisés quotidiennement par les usagers. En effet l'usage de la moto impose certaines contraintes au conducteur.  Il est appelé à l'entretenir de tout temps. Alors, les pièces fréquemment utilisées sont généralement les rayons, les couvres selles, les bougies et les phares, les clignotants, les garnitures (frein), les chaines, les roulements, la chambres à air, les pneus hors mis les boulons de serrage et la liste n'est pas exhaustive. Toutefois certaines demandes s'accentuent en fonction du climat qu'il fait. En saison sèche par exemple, la chaleur entraine le réchauffement du goudron qui entraine par la suite la dégradation des pneus qui deviennent vulnérables au sol et s'éclate rapidement et expose de la chambre à air à la déchirure.

    Pour les motos qui portent des grandes charges, les amortisseurs sont amortisseurs sont les pièces les plus sollicités. Par ailleurs sur les motos les accessoires peuvent être changés à volonté par les usagers.

    2. Une utilisation fréquente des pièces détachées des voitures.

    Comme les motos, les voitures nécessitent aussi une attention particulière. Elles sont très souvent soumises à la révision dans des garages de la ville. Des pannes pour ce type d'engins sont également récurrentes. Les pièces sollicitées sont généralement le moteur, le piston, le vilebrequin, le carburateur, la batterie, le amortisseur (pour les gros porteurs), les bougies,  et certaines accessoires tels que : les rétroviseurs, les phares, les clignotants, etc. les pneus des voitures subissent le même effet que celles des motos en saison sèche

    Contrairement aux motos, en saison pluvieuse, sous l'effet de la boue les amortisseurs s'affaiblissent. C'est ainsi que certains commerçants et garagistes font des stocks de prévision en fonction des saisons. C'est le cas par exemple du Centre Technique de Maroua, qui dépannent des voitures, des motos et font des prévisions en fonction des saisons. « Nous stockons des pièces dans notre garage en fonction des saisons, en tenant compte de la demande des consommateurs saisonnièrement » nous la confirmé M. Guidam, chef d'atelier mécanique dudit centre.

    II. QUEL EST L'ETAT DES PIECES QU'ON RETROUVE SUR LE MARCHE ?

    La vente des pièces détachées au marché de Maroua est diversifiée. Ces pièces sont de divers types : les pièces neuves et les pièces d'occasion.

    1. L'utilisation des pièces détachées neuves.

    Seulement 10% de ces pièces proviennent de l'intérieur du pays précisément de Douala et les 90% autres proviennent du Nigéria3(*). Les pièces neuves sont celles faites par les concessionnaires ou par des maisons associées. Les commerçants de Maroua semblent bien faire la différence entre les qualités des pièces. Cependant les pièces de rechanges sont classées en quatre types (qualité) la première qualité est celle vendues dans les pays développés, les trois derniers sont généralement vendues dans les pays en voie de développement. Comme le dit M. Sanda revendeur au marché central de Maroua «  les pièces détachées qu'on retrouve ici à Maroua sont de trois qualités : la première qualité est un peu plus chère que la deuxième ainsi de suite » cependant elles sont identiques et nécessitent la sincérité du vendeur pour faire la différence « lorsqu'un client vient acheter une pièce de rechange, je lui montre des différentes pièces ainsi que leurs prix, quitte à lui de choisir selon sa poche » poursuit M. Sanda, qui semble très mecontent de certains revendeurs qui « extorquent » de l'argent aux clients . Il y a des pièces d'origine de « bonne facture »4(*) ce sont les bonnes pièces contrairement aux mauvaises qui dérivent de la contrefaçon. M. Omar revendeur explique «  les pièces de mauvaise qualité viennent des pays asiatiques à l'instar de la Corée du sud, de Taiwan, et de la chine ». Il poursuit «  les fabricants des automobiles et pièces de rechanges vous proposent en chine par exemple des prix différents en fonction de votre pouvoir d'achat » Les négociants cherchent les produits aux prix bas, ceci se répercute sur le consommateur très souvent déçus par la qualité de la pièce qu'il achète. (Tableau 3).

    Tableau 3. État des pièces utilisées par les consommateurs de la ville

    Etat des pièces Utilisées

    Neuves

    Occasions

    Neuves et occasions

    Total

    Fréquence (Personnes)

    50

    6

    44

    100

    Source. Enquêtes de terrain (Juin 2011)

    Ce tableau 3, nous montre que sur en effectif de 100 personnes de notre échantillon représentatif de la population des consommateurs, seul 50 personnes achètent des pièces neuves pour leurs engins. 44 personnes ont recours aux pièces en même temps d'occasions et neuves pour réparer leurs engins quant ils sont en pannes. Dans notre effectif, 6 personnes seulement utilisent des pièces d'occasions pour leur dépannage.

    De même que pour les motos, les pièces détachées de voitures neuves sont très souvent sollicitées à cause de la multitude des nouvelles marques de voiture qu'on rencontre dans la ville. Pour les voitures qui ont une durée comprise entre 10 et 20ans, leurs pièces de rechange sont retrouvées facilement. Par contre, les pièces détachées des anciennes marques sont majoritairement de mauvaise qualité, quand bien même elles existent sur le marché ; ceci explique la désolation des mécaniciens. L'exemple de Sadjo« les clients nous ramènent souvent des pièces que nous n'arrivons pas à monter sur leur automobile. Ce sont des pièces de mauvaise qualité qui ne correspondent pas aux véhicules « anciennes marques ». Ceci est dû aux anomalies de conception de la pièce. Il y a des pièces que j'arrive à placer » poursuit-il, ceci explique les doutes qu'ont les consommateurs lors de l'achat d'une pièce, ils sont confrontés à ce qu'ils appellent, « avoir de la chance ». Ainsi, les consommateurs ne comprennent pas que ce n'est pas la faute du mécanicien si la pièce est défectueuse. Toutefois, les pièces neuves sont appréciées car il y a au moins une chance sur deux de tomber sur une bonne qualité surtout si on l'achète un peu chère.

    Aussi, faudrait-il compter sur l'aide du commerçant fidèle à ses clients pour montrer la bonne qualité. Les clients tentent de ne pas vendre de mauvais produits à n'importe quel prix ; mais ils ne prennent pas la peine de chercher les pièces d'origines à cause de leur cherté probablement. Les pièces neuves sont garanties pour les 30% et ceci malgré leur prix d'achat. Les différentes qualités sont difficilement détectables pour un simple propriétaire de véhicule ; c'est la raison pour laquelle les engins sont souvent confiés aux garagistes qui à leur tour achètent eux-mêmes la pièce manquante ou envoient le propriétaire de véhicule avec un modèle pour s'en procurer. Comme le mentionne M. Dong propriétaire d'un véhicule de marque TOYOTA RAV 4 « je confie ma voiture au mécanicien ou alors moi-même j'achète la pièce manquante sous l'indication du mécanicien même ». Les pièces neuves sont sollicitées malgré la contrefaçon remarquable. Ce sont les pièces fabriquées dans les pays asiatiques. La deuxième qualité est considérée comme la 1ère qualité au marché central et coûtent plus chère que les deux dernières qualités. L'utilisation des pièces neuves dépendent de leur prix, de leur qualité et au choix du client et aussi, surtout de la bonne foi du commerçant. La non existence d'une pièce peut conduire à l'utilisation de celle d'occasion.

    2. Les pièces détachées d'occasion

    La recherche du plus bas prix par le consommateur entraine celui-ci à se tourner vers ces types de pièces. Le 20 décembre 2010 par exemple à Yaoundé une chasse aux vendeurs informels de pièces pour véhicules d'occasion a été effectuée. C'est un secteur d'activité qui prend de l'ampleur, les vendeurs poussent comme des champignons (Mutation du 27 avril 2011). L'hebdomadaire Camerounais « Le patriote » parle plutôt de « prolifération inquiétante ». Contrairement à Maroua, les pièces détachées d'occasion sont plutôt rares. Elles sont issues des voitures et des motos qui sont victime d'accidents et ne sont plus en état de circulation.

    2.1. Les pièces détachées d'occasion de moto

    En ce qui concerne les motos, les pièces d'occasion (Photo 1) sont presque inexistantes. Ceci s'explique par le fait que les pièces neuves coûtent moins chères par rapport aux pièces de voitures d'une part et d'autre part la venue des nouvelles marques de motos, dont les pièces détachées d'occasion ne sont pas encore sur le marché. Comme le dit Goda « les pièces neuves sont trop moins chère à Maroua pas la peine d'acheter celles d'occasions. C'est en cas de manque de pièces neuves que je cherche celles d'occasions». En cas d'accident, on peut encore récupérer la carcasse pour en faire des pièces détachées. Même si l'on se base sur la qualité ou la durabilité des pièces détachées pour s'en procurer, ils sont plus ou moins de même valeur que celles neuves. D'ailleurs il n'existe presque pas sur le marché sauf dans les garages. Mais la marque de moto détermine le choix de la pièce « surtout lorsqu'il s'agit des anciennes marques » explique Adam mécanicien de moto. En effet, les pièces d'occasion de moto sont celles vendues dans les garages, celles retirées dans des motos qui ne sont plus en circulation. Les mécaniciens à cet effet sont considérés comme des vendeurs, ils prennent ces pièces moyennant une somme de 25 à 100 Fcfa et ce en fonction de la pièce, une petite somme pour les vendeurs aux propriétaires de moto et 100 à 200 Fcfa . La somme dépend de la nécessité de la pièce en question. D'autre part, les pièces détachées sont trouvées dans les casses de moto. Elles sont vendues en entier ou en pièces. Le prix est souvent 3 à 5 fois inférieur au prix d'achat de la moto ; ceci dépend encore de l'état de la moto lors de l'accident et du choc de l'accident. Les pièces détachées de moto sont trouvées dans les garages et à ville prix. Ce sont les grosses pièces qui sont les plus sollicitées.

    Cliché Doumsia Daga B. 22-06-2011 Maroua

    Photo 1 : pièces détachées de moto d'occasions au marché forêt.

    La photo 1 représente des pièces détachées de moto qui ont déjà été utilisées au par avant. Elles sont donc des pièces d'occasion qui sont revendues sur le marché et même dans certaines boutiques dans les quartiers de la vile. La vente des pièces détachées d'occasion est le plus souvent rencontrée au marché forêt, situé au carrefour MOBIL.

    2.2. Les pièces détachées d'occasion de voitures

    Concernant les pièces d'occasion de voiture (Photo 2), elles sont présentes dans le marché, les quartiers et même les garages. Les commerçants dans le marché vendent aussi les pièces détachées de « seconde main ». Ce sont des pièces qui proviennent des voitures accidentées, des anciennes marques de voitures, les voitures gravement en panne qui nécessitent une grande somme pour la remettre en circulation. Les commerçants ne sont pas en fait les acheteurs des véhicules défectueux. Les livreurs des pièces de voiture sont ceux qui récupèrent les pièces des voitures qui ne circulent plus pour les vendre aux détaillants. Ces derniers revendent en ajoutant 10% à 15% du prix d'achat et sont généralement satisfaits.

    Cliché Danzabé Ngaba 22-06-201.1 Maroua

    Photo 2 : pièces détachées d'occasion de voiture dans une boutique.

    Sur cette photo 2, prise dans une boutique de vente de pièces de rechange de voiture, nous constatons que des pièces d'occasion sont également dans les comptoirs à l'attente des éventuels acheteurs de pièces d'occasions pour leurs engins.

    Les pièces détachées sont achetées en fonction de l'existence de la pièce sur le marché. Sur 100 personnes enquêtées, 6 sont fidèles aux pièces d'occasion ceci explique la rareté des points de vente d'occasion à Maroua et une ruée vers les pièces neuves. Les anciennes marques trouvent ainsi leurs comptes dans ce type de pièces d'occasion pour la satisfaction des différents propriétaires de ce genre de voitures.

    III. LES MARQUES DE VOITURES ET MOTOS RENCONTREES DANS LA VILLE DE MAROUA.

    Avant 1990, le commerce des pièces détachées était plus axé sur la vente des pièces d'origines françaises. Ceci s'explique tout simplement par le fait que sous l'emprise du colonisateur, le commerce concernant les engins s'effectuait avec la France et par conséquent des motos et véhicules étaient de marques françaises. Avec le temps, les marques asiatiques se sont rependues. Cependant, parler des marques dans cette, c'est énumérer les marques et les pièces de rechange qu'on rencontre sur le marché de Maroua.

    1. Les marques les plus rencontrées

    Les engins à Maroua sont de diverses marques. Il est difficile de les énumérer fidèlement vu la présence des nouvelles marques dans la ville. Toutefois il est nécessaire de mentionner l'existence et la disparition de certaines marques sur les marchés. La présence d'un grand effectif de motos à Maroua ne date pas de plus de 30 années. Les personnes possédant des motos étaient très peu. Mais depuis bientôt vingt ans, le nombre a augmenté, pire encore cette dernière décennie.

    1.1. Une diversité des nouvelles marques de moto dans la ville

    Avant les années 1980 les motos de marques Suzuki, Yamaha, Honda, Kawasaki.... étaient les plus répandues à Maroua. On y retrouvait des marques de moto  qui de nos jours tendent à disparaitre, laissant place aux marques Oklinq, Klinq Skygo, Haojue, Jincheng, Royal. Ces marques asiatiques étaient les plus rencontrées dans la ville vers les années 1990. Depuis plus de dix ans déjà les motos de marques asiatiques semblent de plus en plus envahir la ville, particulièrement celles des Chinois. Deux principales raisons l'expliquent :

    -La libéralisation du commerce qui à entrainer l'accès des différents produit dans les coins les plus reculés. Par conséquent l'habitant de Maroua et de ses environs peut s'en procurer.

    -La concurrence entre pays concessionnaires et l'entrée de la Chine dans ce secteur à entrainer la chute des prix des motos. Par conséquents beaucoup des personnes s'en procure pour vaquer à leurs occupations quotidiennes.

    On ne peut pas énumérer de manière précise les nouvelles marques de motos rencontrées dans la ville de Maroua. Les nouveautés sont tellement nombreuses qu'on constate que ces deux dernières années, les nouvelles marques de motos sont entrées dans le transport quotidien de la population. Celles utilisées avant étaient des motos de marque SUZUKI « kotonou »5(*). Aujourd'hui les marques de motos les plus répandues sont : Kimco, Qlink, Timomotor, Haojue, Jincheng, Boxeur, Skygo, Oqlink, et même de marques Bien. Avec ces nouvelles marques il devient difficile de trouver les pièces détachées de celles-ci sur le marché. Ainsi les pièces utilisées ne sont que adaptées comme nous l'explique Saidou, propriétaire d'une moto « je ne sais même pas combien des pièces de marque différente contient ma moto », poursuit-il «  avec la pluralité des nouvelles marques sur le marché, ce n'est pas évident, toutefois on s'en procure chez certains garagistes qui vendent les pièces d'occasion si on cherche absolument la même marque ». Quand bien même les pièces détachées de certaines moto existent elles coûtent chères «  les pièces de la marque Qlink sont plus chères que Kimco » affirme Ibrahim vendeur de pièces détachées.

    1.2. La ruée vers les nouvelles marques de voitures

    Avant l'indépendance, il existait plus des voitures de marque européennes (Peugeot,Wolks wagen, Mercedes, Renault, Dina, Opel, Bugarri, Citroën, Mazda, Jaguar, Bentley,...), les marques Américaines (Chevrolet, Jeep, Ford...) et les marques japonaises et coréennes (Nissan, Lexus, Toyota, Mitsubishi, Suzuki, Pajero...). Depuis déjà 20 ans des nouvelles marques des voitures sont apparues, pire encore cette dernière décennie. Contrairement aux motos, les pièces détachées des nouvelles marques de voiture sont les plus répandues. Les commerçants des pièces détachées sont spécialisés dans la vente des pièces des marques précises, que ce soit des nouvelles ou des anciennes marques. Pour certains, ce sont essentiellement les pièces des anciennes marques comme Toyota, Nissan, Mercedes et d'autres de nouvelles marques. Cependant les anciennes marques tendent à disparaitre et leurs pièces coûtent de plus en plus chères (les marques européennes pour la plupart)6(*) sur le marché par rapport aux nouvelles marques de voiture. Ainsi les vendeurs de pièces d'occasion sont les plus sollicités.

    CONCLUSION

    L'ouverture du marché extérieure a permis, d'avoir accès aux produits de différentes origines dans le monde. L'augmentation des engins dans la ville de Maroua justice d'une part la prolifération des boutiques des pièces détachées. Les pièces vendues sont différentes les unes des autres de part leurs tailles, leurs origines et leurs efficacités. Ainsi en fonction des prix de la fiabilité et de la durabilité, les consommateurs ont le choix pour l'achat de leurs pièces de rechange. Encore faut-il connaitre l'origine de la pièce détermine afin de déduire son efficacité. Malheureusement peu des commerçants et consommateurs distinguent l'original de la contrefaçon. Bien que ces pièces sont conçues par le constructeurs, celles des pays asiatiques sont indexées par la contrefaçon qui grâce à elle des nombreuses personnes trouvent la mort chaque année.

    CHAPITRE II.

    LES ACTEURS DE LA FILIERE PIECES DETACHEES DE MOTOS ET DE VOITURES DANS LA VILLE DE MAROUA

    INTRODUCTION

    La ville de Maroua est en effet l'une des villes camerounaises dont la plus grande diversité d'activités est offerte. Les commerçants se distinguent par la nature du produit qu'ils proposent, la façon de la mettre en vente et les quantités commercialisées (Seignobos et al, 2000). Depuis l'indépendance, les commerçants se sont intéressés aux activités qui étaient l'apanage des occidentaux. Les commerçants se sont investis dans toutes sortes de commerce (vivier, électroménager, vestimentaire...). L'activité d'automobiles et motocyclettes quant à elle a fait naitre d'autres métiers et activités commerciales (la mécanique, la laverie, la vente de l'essence prohibée, des ventes des pièces détachées...). Ainsi les acteurs indépendamment de leurs volontés se sont vu prospérer dans ces différentes activités. Organisés en syndicats, le nombre des acteurs s'est accru au fil des années pour les unes et a régressé pour les autres. La commercialisation des pièces détachées date de très longtemps, mais depuis le départ des occidentaux, les peuls ont pris le relais, (Enquêtes de terrain Juin 2011). Pour palier à la demande qui s'avérait importante, ils se sont organisés en filière de telle sorte à éviter l'oisiveté. Les acteurs sont des personnes physiques et morales qui peuvent influencer l'espace géographique d'une manière ou d'une autre (Nsoshiyi, 2009). Ce sont les personnes physique ou morale qui de part leurs rôles dans l'essor de l'activité pièce détachée ont influencé ce secteur. Les acteurs jouent chacun en ce qui le concerne un rôle précis ; ce qui donne un sens à la filière. La filière est une chaine bien organisée ou chaque acteur trouve son compte. Alors les acteurs impliqués dans la filière pièces détachées de moto et de voiture à Maroua sont nombreux, les commerçants, les consommateurs et les agents de commission ou les commissionnaires. Telles serons les principales articulations de ce chapitre.

    I.DES COMMERÇANTS DIVERSIFIERS.

    Après l'indépendance, les activités commerciales ont connu un essor dans la ville de Maroua. Cette ville enregistre un grand nombre d'activités commerciales. Avec un accroissement du nombre d'automobile et celui des motos, de nouveaux commerçants ont pris place, et c'est ainsi que des métiers se sont développés tout autour (mécanique, laverie, chauffeur, vente des pièces détachées...). On rencontre souvent les activités jumelées comme celles logiquement associées à l'exemple de celle de chauffeur et mécanicien parallèlement. Depuis près de 15 ans, la filière pièce détachée de motos et de voitures prend une croissance considérable dans la ville de Maroua (Figure 2). Selon l'article 4 de la Loi n° 90/031 du 10 Août 1990 régissant l'activité commerciale au Cameroun, Toute personne physique ou morale, camerounaise ou étrangère, est libre d'entreprendre une activité commerciale au Cameroun, sous réserve du respect des lois et règlements en vigueur.

    Sources. Enquêtes de terrain. Juin 2011.

    Figure 2. Evolution de la commercialisation des pièces détachées à Maroua.

    La figure 2 ci-dessus nous montre l'évolution de la commercialisation des pièces détachées dans la ville de Maroua. Nous remarquons qu'elle prend de l'ampleur de puis une quinzaine d'années. 11% des commerçants de notre échantillon ont commencé cette activité ces 15 et 20 dernières années. Par contre, il y a de cela 25 ans cette commercialisation n'était pas si rependue. Nous constatons que ces dix dernières années, l'activité à considérablement pris de l'envol avec pratiquement 30% de commerçants sur les 100% et elle ne cesse d'évoluer.

    Les commerçants sont des personnes ayant un lieu de vente leur permettant de mener à bien leurs activités de vente de pièces détachées. Ils déploient des stratégies pour promouvoir l'expansion des activités afin de répondre aux besoins des consommateurs. Cependant, il existe plusieurs niveaux de commerce, avec des activités de repli réclamant moins d'investissement. Ils commencent généralement par le petit commerce, comme la vente des bonbons sur des tables (maii taable)7(*), avant de passer à la vente des pièces détachées de vélo. Si les affaires prospèrent, ils commercialisent par la suite des pièces détachées de moto puis de voiture ou même les deux à la fois. Ils deviennent alors commerçants, transitaires, ou se convertissent encore dans d'autres domaines. A Maroua, les commerçants à leurs début, n'ont pas de commerce précis, car cherchant à se spécialiser à un domaine. On en distingue trois catégories : les grossistes, considérés comme les plus hauts gradés de la chaine, les semi-grossistes, les détaillants qui sont les plus petits commerçants de la chaîne.

    1. Les grossistes

    A Maroua, les commerçants sont en majorité musulmans, ce sont des fulbés 8(*)(peuls) et des fulbeisés9(*), Camerounais (Figure 3). Ceux qui tiennent le haut du pavé des grands commerçants de Maroua sont des « Alhaji »10(*) . Ceux-ci possèdent des camions, des chauffeurs, des convoyeurs, des séries de boutiques et opèrent souvent à partir de Douala et du Nigeria pour la plupart.

    Source. Enquête de terrain

    Figure 3. Nationalité des commerçants.

    Nous pouvons constater sur cette figure 3, que la majorité des commerçants sont des Camerounais. Contrairement à ce qu'on pense, les Nigérians ne sont que trois, moins que les Camerounais. Cela traduit donc que les commerçants de pièces détachées à Maroua sont des nationaux.

    Les grossistes sont généralement spécialisés dans une gamme de produit. Ils font généralement dans les pièces détachées de tout genre (des appareils électroniques, des téléviseurs, des machines à coudre, des moulins, des motocyclettes, des motos, voitures, ainsi que des accessoires). Cependant dans la ville de Maroua on retrouve une minorité d'Alhaji, qui s'occupe spécialement des pièces détachées de motos et de voitures. Ces grossistes envoient des agents de commission, qui sont leurs « hommes de confiance ». Ils donnent de l'argent aux transitaires pour acheter la marchandise y compris les frais de dédouanement, de transport et d'hébergement. Le grossiste attend la marchandise sans toutefois se déplacer. Ces grossistes appelés « patrons » ont pour rôle de ravitailler permanemment les revendeurs en pièces de rechange. Ils ont leurs magasins dans le marché et souvent au quartier, et font leurs ventes sur commande. C'est l'exemple de M. Ahmadou un vendeur de gros « mon magasin est chez moi c'est-à-dire dans ma concession familiale, et je livre la marchandise aux vendeurs en gros sur commande » ceci prouve l'informalité de ce secteur d'activité. Par contre, M. Messeré, grossiste et revendeurs au carrefour MOBILE, (Photo 3) trouve qu'il y a plus de sécurité quand la marchandise est à la maison. Il dit : « J'ai mon magasin à la maison pour la sécurité, pour éviter les incendies et les tracasseries des impôts». Ceci explique la rareté des grossistes lors des enquêtes pour faute de localisation.

    Cliché Doumsia D. B. 22-06-2011

    Photo 3 : Commerçant grossiste dans sa boutique au carrefour MOBIL à Maroua

    La photo 3 nous présente un commerçant grossiste dans sa boutique. Nous pouvons donc voir derrière eux des pièces détachées en vente. Il est accompagné dans sa tâche par son fils, qui s'imprègne aussi de cette activité.

    Sur les 100 commerçants enquêtés, on en dénombre quinze (15) dont seulement trois (03) font dans le gros des pièces de voitures et les douze (12) autres qui font dans les pièces de motos .Les grossistes (Tableau 4) sont concurrencés par les semi-grossistes qui partent directement prendre la marchandise au Nigeria ou de Douala. Les grossistes sont des camerounais et s'approvisionnent à Douala et au Nigeria.

    Tableau 4. Nombre des grossistes enquêtés à Maroua

    Engins

    Moto

    Voiture

    Total

    Nombre

    12

    03

    15

    Sources. Enquête de terrain juin 2011

    2. Les semi-grossistes

    Les activités économiques se développent dans la ville de Maroua. En dépit du regroupement, le grand marché cristallise toujours la principale majorité (Seignobos et al 2000)11(*). Sauf cas échéant, les semi-grossistes ou revendeurs (Tableau 5) sont situés au marché et à l'ancien stationnement de kousséri « ta'assa  kouss-ri », au marché de Founnangué « loumou forèil ». Ce sont ceux qui possèdent au moins une boutique, et qui paient leur taxe. Les semi-grossistes ont un point de vente précis, ceci avec pour but de tisser une parfaite collaboration avec la clientèle constituée d'une minorité de détaillant et des consommateurs. Ils ont pour principal rôle de ravitailler les détaillants de la ville parallèlement. Cette catégorie d'acteurs vend des pièces détachées de moto ou de voiture mais rarement des deux. Toutefois ils sont soit vendeurs de pièces neuves soit vendeurs des pièces d'occasion. Ces commerçants sont soit spécialisés dans la vente des pièces des tracteurs, soit de petites voitures, ou encore des camions uniquement, en ce qui concerne les voitures. Par ailleurs les vendeurs se distinguent par leurs marchandises. Les semi-grossistes sont aussi spécialisés dans la vente dans les accessoires. Autrefois fois, ils menaient des activités similaires, ils se sont convertis à cette activité qui prolifère.

    Tableau 5. Effectifs des semi-grossistes dans la ville de Maroua

    Engins

    Moto

    Voiture

    Total

    Nombre

    14

    09

    23

    Sources. Enquête de terrain juin 2011

    Le tableau 5, nous montre le nombre de semi-grossistes sur les 100 commerçants des pièces de moto et de voiture enquêtés dans la ville de Maroua. En effet les semi grossistes de pièces de motos sont plus nombreux que ceux des voitures. Pour vingt trois (23) semi-grossistes, neuf (9) font dans le domaine des voitures, soit six (06) pour les pièces neuves et trois (03) des pièces d'occasion. En ce qui concerne les motos, nous avons quatorze (14) semi-grossistes ; dont neuf (09) vendent essentiellement des pièces détachées neuves et cinq (5) personnes vendent les pièces d'occasion.

    3. Les détaillants

    Les détaillants sont les plus petits commerçants de la chaine. Ce sont des personnes qui revendent les pièces détachées de moto ou/et de voiture en détail au marché, au quartier, et dans des garages. Ces revendeurs ont des boutiques dans le marché, au quartier certains vendeurs étalent leurs marchandise sur des tables (Photo 4), d'autres sur des nattes à même le sol (photo 5). Certains n'ont même pas de localisation fixe. On retrouve dans cette catégorie les vendeurs des accessoires, des pièces détachées neuves ainsi que celles d'occasion

    Clichés Doumsia Daga 22-06-2011

    Photos 4 et 5: Commerçants détaillants sur table et au sol dans le marché forêt.

    Les photos 4 et 5 représentent des commerçants de pièces détachées au « marché forêt » de Maroua. La photo 4, est celle d'un commerçant qui vent ses pièces sur une table. La photo 5, est celle d'un vendeur qui étale sa marchandise sur les nattes à même le sol.

    Ce groupe d'acteurs est constitué des musulmans et une minorité de chrétiens. D'après les enquêtes menées sur 100 commerçants, il ressort que les Camerounais sont majoritaires (97), les Nigérians sont au nombre de (02) et seulement (01) Béninois. Ils représentent presque toutes les ethnies de l'Extrême-Nord (Peuls, Mandara, Moundang, Mousgoum, Mafa, Arabe Choa, Guisiga, Mada, Toupouri, Massa...). Ce sont majoritairement des jeunes de 20 à 30 ans (Enquêtes de terrain) et ils exercent depuis une décennie seulement ; ce qui explique un essor considérable de l'activité.

    Les détaillants sont les plus nombreux (Tableau 6) et exercent permanemment. Ils s'approvisionnent chez les grossistes, les semi-grossistes ou directement au Nigeria et très rarement aussi à Douala. Ils passent par les commissionnaires ou jouent eux même ce rôle comme. M. Abdoul, commerçant détaillant, nous explique qu'il préfère aller chercher sa marchandise au Nigeria personnellement car il maîtrise la route et le prix des pièces de rechange.

    Les détaillants revendent au marché central, sur les axes mobile, Domayo double voies, Kakatare et dans des quartiers et des garages de toute la ville (Figure carte de des points de vente). Ils font dans les pièces de moto, de voiture et les deux comme le montre le tableau ci-dessous le nombre de détaillants en fonction de l'engin utilisé et la qualité des pièces à vendre.

    Tableau 6. Nombre des détaillants enquêtés

    Engins

    Etat des pièces

    Moto

    Voiture

    Moto et voiture

    Total

    Neuves

    21

    29

    01

    51

    Occasion

    02

    07

    02

    11

    Total

    23

    36

    03

    62

    Enquête de terrain de juin2011

    Le tableau 6, nous présente l'effectif des détaillants enquêtés. Ce nombre est élevé par rapport aux grossistes et semi-grossistes dans la ville. En effet, la ville de Maroua compte plus de 300 détaillants de pièces détachées de moto et de voiture. Cependant, il ressort que 62 commerçants sont des détaillants sur un échantillon de 100 commerçants. Parmi ces 62 détaillants, 23 vendent des pièces de motos, 36 pour les voitures et seulement 3 personnes pour les deux types de pièces.

    I.LES COMMISSIONNAIRES INTERVENANTS DANS LA FILIERE

    Les commissionnaires appelés encore agents de commission sont des personnes qui sont envoyés et ont pour rôle d'acheminer la marchandise au propriétaire. Ils constituent une catégorie proche de celle des collecteurs. Toutefois lorsque le commerçant est uniquement commissionnaire, il n'intervient qu'à la collecte et n'a donc qu'un faible rôle sur le marché. Il n'est pas rare qu'un commissionnaire travaille pour plusieurs commerçants (Kossoumna, 2001). Ce sont des personnes morales ou physiques chargées de mener la marchandise à destination. Ce sont en fait ceux qui constituent le deuxième maillon de la chaine. Car ils achètent et acheminent les marchandises demandées par les commerçants. Les agents de commission impliqués dans l'activité de commercialisation de pièces détachées sont des transitaires, les transporteurs et des livreurs.

    1. Les transitaires dans la filière pièces détachées

    Les transitaires des pièces détachées sont moins nombreux à Maroua. Le transit c'est le transport des marchandises d'un point à un autre. C'est le déplacement des marchandises jusqu'à leurs destinations. Alors les transitaires sont des personnes physiques ou morales qui s'occupent des formalités du point de départ de la marchandise jusqu'à son point de chute. On les appelle vulgairement « les démarcheurs ». A Maroua on ne saura parler de transitaire si on s'en tient aux critères. Les transitaires jouent le rôle d'interface entre l'administration douanière ou toute autre administration et le client, c'est-à-dire le propriétaire des marchandises. On dénombre deux agences légales de transit à Maroua, situées à Frolina12(*): TRADEX, BFCT. Ces agences sont concurrencées par des « démarcheurs » et c'est la raison pour laquelle l'accent est plus mis sur eux. Ce sont majoritairement des jeunes dont l'âge est compris entre 20 ans et 40 ans. Ils sont commissionnés par des commerçants et vont jusqu'a Douala, Banki, la RCA, le Gabon etc. Il faut savoir qu'à Maroua, rares sont les camions qui viennent ayant a leur bord des pièces détachées essentiellement, que ce soit en provenance du Nigéria ou de Douala. En effet, le chargement est constitué d'autres marchandises.

    Par ailleurs, les transitaires à Maroua sont parfois des transporteurs qui jouent plusieurs rôles à la fois. Ils sont à la fois des acheteurs, des négociants. Toutefois les transitaires sont payés par commission. Ils sont souvent taxés de fraudeur puisqu'ils empruntent des voies très ambiguës, certains parmi eux font le trafic avec la complicité des chauffeurs.

    2. Les transporteurs.

    Généralement, les transporteurs exercent d'abord le métier de convoyeur et deviennent dans la plupart des cas des chauffeurs. Ils commencent par être des laveurs des voitures ou aides mécaniciens. Les transporteurs sont des employés des Alhaji, qui leur confient des camions et les paient mensuellement ou par voyage. Cependant les transporteurs ont souvent des marchandises de tout genre dans leurs voitures à savoir des pagnes, des biscuits, des appareils électroménagers, des pièces détachées de moto et de voiture... Toutefois ils ont un rôle principal à jouer, c'est celui d'acheminer les marchandises à destination. Cependant les transporteurs des pièces détachées à Maroua font une exception, car ils sont à la fois des acheteurs au marché Nigérian. Ils paient des taxes au niveau de la frontière et acheminent les marchandises à Maroua, puis les livrent aux grossistes. Le plus souvent, ces transporteurs profitent et achètent d'autres produits qu'ils viennent aussi vendent, ainsi ils développent un commerce et peuvent devenir à leurs tour, des grossistes avec pour avantages la connaissant du milieu.

    Les transporteurs des pièces détachées qui vont à Douala font généralement le trajet jusqu'à Kousseri, Maroua n'est qu'un point de passage. Les marchandises qu'ils transportent proviennent de la Chine, du Japon, de Dubaï, de France, d'Italie etc... Ce sont généralement des agences de transit qui sont concernés par ce transport.

    2.1. Les contrebandiers dans la filière pièces détachées.

    Les dénominations employées pour designer le commerce transfrontalier mettent en avant le côté informel, le non-enregistrement, et la contrebande dans les échanges. C'est un commerce organisé à une vaste échelle par les réseaux ethniques fortement hiérarchisés, qui opèrent selon un code très strict. La contrebande est basée essentiellement sur la confiance. Aerts et al (2000), montre que la parole donnée et la confiance mutuelle constituent en effet les fondements des relations entre les contrebandiers et les commerçants impliqués dans le commerce. La notion de contrebande recouvre certaines réalités permanentes liées à l'environnement socio économique, aux variations du marché et surtout aux mérites du moment, (Herrera et al, 1995). Elle s'effectue de jour comme de nuit en toute impunité en raison de son inaccessibilité. C'est un phénomène qui se vit dans la région de l'Extrême- Nord et dans tous ses départements. Pour cause, la proximité avec le Tchad et le Nigeria. La contrebande porte sur des produits importés ou exportés, acheminés en violation des procédures douanières et fiscales, des produits dont le commerce est prohibé ou réservés à certains exploitants.

    Parler de contrebandier revient à évoquer l'illégalité auxquelles se livre une catégorie des personnes afin d'acheminer la marchandise aux clients. Les échanges se font par des voies non officielles : c'est le commerce parallèle (l'échange des marchandises légales par des voies non officielles). La contrebande est caractéristique de la perméabilité des frontières camerounaises. Les transactions commerciales épousent deux formes: d'un côté, les flux règlementaires réalisés par des acteurs déclarés et enregistrés auprès des organismes légaux et de l'autre côté les flux parallèles, dits de contrebandes, réalisés en violation des normes règlementaires en vigueur, (Mfege, 2004). Les jeunes de Maroua mènent cette activité, et sont appelés « fraudeurs ». Ils font les trajets de Banki, Maidougouri, Mobi, Limani... Cependant les fraudeurs sont divisés en deux catégories : les négociants et les transporteurs.

    2.2. Les négociants

    Le métier de fraudeur demande une capacité de négociation et une maîtrise des enjeux qui vont avec. Raison pour laquelle les négociants sont les plus anciens du métier, ils sont en collaboration directe avec les commerçants et les grossistes nigérians. Ils sont envoyés par les commerçants de Maroua. Le négociant peu être commissionné par le commerçant, qui lui donne de l'argent au préalable pour l'achat de la marchandise en question avec tous les frais compris (hébergement, nutrition, transport, etc). Dans ce cas la marchandise lui revient moins chère. Dans une autre mesure, le commerçant passe tout simplement la commande de la marchandise et le négociant se charge de la ramener à bon port. Dans ce, cas la marchandise lui revient un peu chère ; puisque le négociant ajoute une part de bénéfice. Ce type de personne est appelé dans leur jargon « livreur ». Dans ce métier, le critère religion est important, ils sont d'ailleurs en majorité musulmans. Ceci s'explique par le fait que les commerçants sont majoritairement des musulmans, et font appels aux négociants musulmans comme eux pour des raisons de confiance, comme nous l'a confirmé M. Ahmadou négociant à Mobi. Contrairement aux non musulmans qui s'aventurent dans ce métier, ils sont très souvent marginalisés. Allant dans le même sens, un fraudeur anonyme déplore cette marginalisation qui stigmatise ceux. Il affirme alors que: lorsqu'ils sont traqués par la douane, les non musulmans sont les premiers à être livrés, ce qui les amènent à payer des montants exorbitants qui seront retirés directement de leurs salaires, parce qu'ils sont tout simplement victimes de la solidarité religieuse qui règne dans ce milieu.

    Les négociants pour s'acquérir de la marchandise, doivent mettre deux jours à deux semaines au Nigeria. Cette durée est en fonction de la variation de la valeur du Naira, les négociants connaissant les périodes de cette variation de la valeur de la monnaie et mettent le temps qu'il faut pour attendre sa baisse et acheter la marchandise. Les transporteurs par moto quant à eux attendent aux frontières pour ramener la marchandise à Maroua.

    2.3. Les fraudeurs.

    La fraude est l'action de soustraire des marchandises aux droits de douane. Le fraudeur est alors une personne qui se soustrait des droits douanes. On appelle fraudeur à Maroua toute personne qui fait le commerce transfrontalier en passant par des voies illicites, transportant les marchandises avec un engin précis (moto, vélo, voiture). Selon les enquêtes de terrain, sur les fraudeurs interrogés, 70% sont des personnes donc l'âge est compris entre 18 et 40 ans. Les musulmans sont les plus nombreux dans ce métier, se référant à nos données, ils sont 90%, 3% sont des chrétiens et 7% des païens. La première condition pour être fraudeurs c'est de maitriser de la conduite, afin de pouvoir échapper aux mailles des services douaniers en cas de besoin. C'est la raison pour laquelle ont les appellent les «cascadeurs ». Ainsi les motos de marque Honda sont les plus prisées à cause de leur adaptation à la topographie du milieu. Néanmoins certains chauffeurs s'aventurent dans ce domaine avec des voitures telles que des pick up, des camions.

    La distance parcourue à cet effet varie est de 120km à Banki et 180km à Mobi avec pour destination Maroua. Alors les fraudeurs transportent près de 400kg sur leur moto au cours d'un voyage ; et font seize à vingt voyages mensuellement. Ces voyages se font par convois de 30 à 50 motos, et essentiellement en soirée, profitant de l'obscurité pour contourner les services mobiles13(*) de douane. Ils arrivent avant 7 heures dans la ville de Maroua. Le passage des convois dans les postes fixe14(*) des douanes est payé par un taux forfaitaire de 2000 Fcfa fixé de manière officieuse. Lorsqu'ils sont traqués par mégarde, les fraudeurs et douaniers entreprennent une négociation qui se solde très souvent par l'attribution d'une somme forfaitaire fixé en tenant compte de la valeur de la marchandise. Cependant il faut noter que les douaniers risquent souvent leurs vies face aux agressions des convois des fraudeurs. Le cas d'agression grave des agents de douane à Kaélé le 12 Avril 2011 par un groupe de fraudeurs est un exemple palpable nous l'a confié M. Abba Zigla douanier à Maroua. Cette détermination des fraudeurs est due au fait que lorsque la marchandise est recalée, c'est une grande perte pour le propriétaire de la marchandise à cause des tarifs des taxes qui seront affligées. Ces tarifs sont formés par les tarifs de dédouanement qui est égale au double de la valeur de la marchandise et les taxes de section qui sont compris entre 12000 à 75000 Fcfa, ce qui concourt très souvent à l'abandon de la marchandise aux postes douaniers.

    Comme les négociants, il existe deux types de fraudeurs. Ceux qui sont directement envoyés par les commerçants de Maroua. Et ceux qui sont recrutés par les négociants. A cet effet, ils attendent la marchandise aux frontières et les acheminent jusqu'à Maroua sans toutefois être en contacts avec les commerçants. Une fois à Maroua les marchandises sont stockées dans les magasins dans les quartiers indiqués par leurs négociants.

    II.LES CONSOMMATEURS AUX PROFILS DIVERSIFIES.

    La ville de Maroua représente la majorité des services de l'Etat. Cette ville a un grand nombre de consommateurs des pièces détachées on y trouve des engins privés, des engins de transport publics et des engins de sociétés. (photo 6).

    Cliché Danzabé Ngaba, 12-06-2011

    Photo 6. Une voiture de la société AES-Sonel au CTM pour dépannage.

    Cette photo 6, représente un véhicule d'une société Camerounaise (AES Sonel) dans une grande structure de mécanique de la ville de Maroua (CTM). Ceci pour monter que toutes les couches de la société. Elles ont par conséquent recours aux pièces détachées pour l'entretien de leurs engins.

    Selon l'Article 19 de la loi n° 90/031 du 10 Août 1990 régissant l'activité commerciale au Cameroun, un consommateur est celui qui utilise les biens pour satisfaire ses propres besoins et ceux des personnes à sa charge et non pour les revendre, les transformer ou les utiliser dans le cadre de sa profession.

    La proximité avec le Nigeria a entrainé la facilité d'accès aux produits de tout genre. Le commerce des engins a connu un Boom, en même temps que celui des pièces détachées. Ainsi les consommateurs des pièces détachés sont ceux qui possèdent au moins une moto, une voiture. Cependant ont peut les classer en trois catégories : les consommateurs des pièces détachées des engins privés et des sociétés, les consommateurs des engins des transports, les garagistes. (Figure 4)

    Source. Enquêtes de terrain Juin 2011

    Figure 4. Différentes catégories de consommateurs de pièces détachées.

    Cette figure 4, nous montre en fait les différentes catégories de consommateurs dans la ville de Maroua. Sur ce diagramme, nous constatons que 44% de consommateurs de notre échantillon sont des particuliers. Il y a 31% qui représentent le nombre de transporteurs constitué pour la plus part des motos-taxis. Ces deux catégories à elles seules occupent la plus grande partie des consommateurs de pièces détachées. Les autres catégories sont constituées de: mécaniciens (12%), de 8% de consommateurs administratifs et 5% des sociétés de la place.

    1. Les consommateurs des pièces détachées des motos.

    Les consommateurs des pièces détachées des motos sont les plus nombreux dans la ville de Maroua. Ce sont les particuliers, les « clandomen »15(*), les entreprises, les sociétés privées (Mtn, Orange, Camtel, etc.) et les garagistes. Selon les enquêtes de terrain, depuis 30 ans que l'utilisation des pièces détachées a pris de l'ampleur, on constate ces 10 dernières années une nette augmentation de consommation (Figure 5), qui s'explique par.

    -La baisse du prix de moto qui a favorisé son accessibilité à presque toutes les couches sociales. Par exemple, une moto de Honda neuve qui coûtait 700000 Fcfa il a 10 ans, coûte environ 350000 Fcfa de nos jours16(*)

    -La création des sociétés et entreprises dans la ville qui à permis de créer les emplois, et permet aux agents de se procurer des motos pour faciliter leurs activités.

    - L'avènement de l'Université de Maroua, principalement de l'ENS et de l'ISS qui a motivé les opérateurs économiques dans le domaine de transport public.

    Cependant, la présence des garages de moto à tout bout de chemin expliquent l'utilisation accentuée des pièces détachées.

    Source. Enquête de terrain Juin 2011

    Figure 5. Personnes utilisant des pièces détachées depuis 28 ans

    Cette figure 5 nous montre l'ampleur de l'utilisation des pièces détachées depuis près de 30 ans, on constate que l'utilisation s'est accentuée depuis ses 5 dernières années. Par ailleurs on remarque que l'élan s'est déclenché depuis 1995. Avant cette année, l'utilisation des pièces était moins fréquence ceci à cause de l'inaccessibilité des motos. Mais aussi à cause du nombre du prix de celle-ci. En plus de cela on peut ajouter l'utilisation stricte des pièces d'occasion.

    Les statistiques montrent que 90% des consommateurs des pièces détachées de motos utilisent les pièces neuves et sont cependant satisfait de la durabilité du produit. Contrairement au 10% des consommateurs des pièces d'occasion qui se basent sur l'existence de la pièce sur le marché et sont néanmoins satisfait de la qualité du produit.

    Il faut savoir que, les consommateurs ne se ravitaillent pas toujours dans la ville. Pour des raisons de rareté, de cherté du produit sur le marché, ils les envoient en acheter au Nigeria ou à Douala. Les fraudeurs sont cependant sollicités lorsqu'il s'agit d'acheter les motos en pièces détachées ; comme nous le confirme M. Mahama propriétaire d'une moto achetée un mois avant notre entretien « j'ai donné de l'argent à un fraudeur du quartier qui m'a amené une moto qu'on a montée ici à Maroua ».

    2. Les consommateurs des pièces détachées des voitures.

    Les nouvelles marques et modèles de voiture se font remarquer dans la ville de Maroua ces dernières années. Les utilisateurs des pièces détachées des voitures sont des particuliers (les salariés, militaires etc.), les commerçants, les transporteurs, les entreprises et bien d'autres. En effet, étant donné que la ville de Maroua à elle seule a enregistré 3314 véhicules en 2008 (archive de la délégation régionale de transport de l'Extrême-Nord). Pour vaquer à leurs différentes occupations les propriétaires de voiture sont confrontés aux différents problèmes et font appels à la réparation de leurs voitures. Pour cette raison ils utilisent les pièces détachées qu'ils achètent au marché, au quartier ou confient leurs véhicules aux garages. Ces derniers consomment d'une manière ou d'une autre les pièces détachées puisqu'ils leurs sont souvent confiés les engins qu'ils devront réparer, pour cela ils s'approvisionnent en pièces des pièces. Par contre ils sont considérés comme des commerçants puisqu'ils en vendent dans leurs garages c'est l'exemple du centre technique de Maroua qui stock les pièces des voiture pour répondre à la demande.

    Les transporteurs quant à eux sont les consommateurs réguliers des pièces détachées, ils s'en procurent au marché et dans les garages. Il en est d même pour les entreprises et les sociétés qui s'approvisionnent sur le marché, au quartier. Les propriétaires d'engins privés sont des personnes ayant une moto ou une voiture. Et ceux du privé sont généralement des sociétés privées telles que mtn, orange, camtel, hysacam etc. Ce sont des motos et des voitures qui ont besoins d'entretien, et de réparation.

    Les propriétaires sont généralement les fonctionnaires, les commerçants, et bien d'autres qui s'approvisionnent en pièces détachées au marché, au quartier et dans les garages.

    CONCLUSION

    L'activité des pièces détachées s'est développé depuis l'indépendance. Elle s'est accentuée ces deux dernières décennies. Les commerçants de Maroua étant majoritairement musulmans, peuls et autres autochtone de la région. Dans la filière pièce détachées nous distingues plusieurs types d'acteurs qui permettent l'essor de la filière. Toutefois, bien que cette filière soit organisée, certains acteurs empruntent des voies illicites pour y parvenir à leurs fins.

    CHAPITRE III.

    ORGANISATION FONCTIONNELLE DE LA FILIERE PIECES DETACHEES DE MOTO ET DE V

    .

    I. .OITURE DANS LA VILLE DE MAROUA

    INTRODUCTION

    La ville de Maroua connaît une évolution économique qui varie au fil des ans, ceci due à une multitude d'éléments. Une filière commerciale telle que celle qui fait l'objet de notre étude ne saurait se faire si elle n'est pas soumise à une certaine organisation, celle là même qui régie son fonctionnement et pouvant nécessairement contribuer à son évolution. Les principaux facteurs de succès sont multiples ; méthodes industrielles fondées sur la qualité et l'innovation, une faculté à anticiper la demande des consommateurs, un réseau dynamique de distribution. La compétition entre les constructeurs n'a exclu ni certaines coopérations ni des stratégies complémentaires (Gradin, 2006). Mais quelle que soit la définition, la réalité qu'on veut décrire dans ce travail revêt des contours insaisissables, que ce soit du coté des acteurs directement ou indirectement concernés par ladite filière que des autorités administratives qui sont en principe des garants de cette activité commerciale dans la cité capitale de l'Extrême-Nord, Maroua. Dans ce chapitre, nous porterons notre attention sur le fonctionnement de la filière pièces détachées de moto et de voiture à Maroua. Nous verrons à cet effet les relations qu'entretiennent les différents acteurs de cette chaîne de distribution.

    1. LES RELATIONS ENTRE LES DIFERENTS ACTEURS DE LA COMMERCIALISATION DES PIECES DETACHEES.

    Ce secteur de commercialisation de pièces détachées est une représentation d'activités économiques difficile à définir. Nous devons savoir pour l'essentiel qu'il s'agit d'un secteur diffus, de micro-activités économiques que les spécialistes qualifient, pour les uns d'informel, par opposition au secteur structuré (fiscalisé), pour les autres de traditionnel, par opposition au secteur moderne de l'économie (Kaffo et al, 2007). De ce fait, il existe une certaine relation entre les acteurs de cette filière de commercialisation. Des relations qui regroupent, les équipementiers, qui jouent un rôle essentiel au sein de la filière (Gardin 2006). Les agents de commission, en tenant compte des choix d'achat de prestation de transport. Les catégories de commerçants et les différentes fourchettes de consommateurs dans la ville de Maroua.

    1.1. La nécessité des agents de commissions dans les échanges.

    Les agents de commission occupent une place sans égale dans la chaîne de commercialisation des pièces détachées de moto et de voiture. Désormais chargés de l'interface entre les constructeurs et l'aval de la filière, l'évolution de leur positionnement est une donnée majeure pour ces constructeurs qui doivent s'adapter à des exigences nouvelles en matière d'innovation, d'internationalisation.

    1.1.1. Les services du chargeur

    Des contraintes sont imposées au chargeur en fonction de l'organisation interne de ses expéditions ou de sa politique commerciale (délai et services à la livraison). De façon générale, les contraintes pour l'expéditeur de la marchandise sont susceptibles d'exister au niveau du point de livraison. Ainsi, dans la grande distribution, des horaires de livraison s'imposent à tous les fournisseurs et dans certains cas, des contraintes de remplissage total des camions.

    Certaines contraintes se poseront au transporteur indépendamment des conditions imposées au chargeur comme les arrêtés réglementaires prises par les maires des villes concernant le type de matériel, les horaires ou les durées d'occupation de la voirie urbaine.

    Globalement, les services doivent se trouver dans le cahier des charges que les responsables du transport vont imposer à leurs fournisseurs. Le cahier des charges comportera les informations nécessaires au transport de la marchandise depuis son enlèvement jusqu'à la livraison ainsi que les procédures à suivre. Il comprendra normalement une description de la marchandise, de son conditionnement, de ses conditions de livraison. Le chargeur a un rôle très important dans la chaîne de transport. Il ne faut pas le réduire au choix du mode mais au contraire être conscient que les choix de transports peuvent être stratégiques pour les commerçants de pièces détachées et que celle-ci à a sa disposition des stratégies nombreuses et variées.

    1.1.2. L'offre du transporteur ou du logisticien

    Tous les transporteurs cherchent à répondre au mieux aux attentes de leurs clients tout en optimisant l'utilisation de leurs moyens de production que sont les chauffeurs et les camions. En fonction des spécificités demandées par le chargeur au niveau du matériel, de leur disponibilité, le transporteur peut mettre à disposition des moyens dédiés à un chargeur. Au-delà de l'organisation de la production, le transporteur peut proposer aux chargeurs des services annexes comme le stockage, la gestion des flux, l'installation. En fonction de la prestation mise en place, il y aura un mode de facturation spécifique : à la journée, à la prestation, à la distance, etc.

    Par ailleurs, en ce qui concerne la gestion des moyens de production, les transporteurs doivent faire face à certaines rencontrent des difficultés de recrutement des chauffeurs poids lourds. C'est le cas par exemple pour le transport de bois qui demande des chauffeurs outre de savoir conduire des camions chargés et de grandes dimensions sur des routes forestières, de réaliser les chargements avec des grues17(*).

    Il ne faut pas oublier que, comme le chargeur, le transporteur a en général le choix entre réaliser la prestation avec ses propres moyens ou sous-traiter. Il peut donc faire appel à la sous-traitance au cas par cas pour faire face à un pic d'activité ou dans le cadre d'une stratégie sur certains marchés ou d'une manière plus vaste encore, en travaillant comme organisateur de transport. Il faut donc prendre en compte le fait que les possibilités d'organisation pour un transporteur sont relativement nombreuses et diverses.

    Une pièce de rechange doit être disponible, instantanément, surtout s'il s'agit dune pièce d'usure dont la durée de vie est limitée. En quelques heures s'il s'agit de pièces dont les pannes sont relativement fréquentes. En 48 ou 72 heures au grand maximum s'il s'agit de pièces coûteuses ou dont les pannes sont très exceptionnelles, et par ailleurs si cette pièce défaillante ne provoque pas un arrêt total des engins. Ces modalités de mise à disposition des pièces impliquent des organisations logistiques18(*) à plusieurs niveaux et des modalités spécifiques de gestion de stock à chacun de ces niveaux. L'organisation logistique doit être en fait le meilleur compromis entre le taux de service, le coût financier de stockage des pièces et les coûts de transport pour dépanner le plus rapidement le client et pallier à l'installation défectueuse. Les transporteurs sont contraints de s'adapter aux évolutions de la demande, caractérisées notamment par l'internationalisation, la demande de zéro stock des réparateurs et la recherche d'une amélioration des taux de service à forte valeur ajoutée.

    Les principales contraintes auxquelles doivent faire face les transporteurs de ce domaine pièces détachées sont les suivantes:

    Ø gérer la multiplication des flux et les coûts de transport,

    Ø prendre en compte des taux de rotation très variables d'une pièce à une autre,

    Ø s'adapter à l'évolution des attentes  des réparateurs qui s'expriment en termes de taux de service, de minimisation des stocks, de délais courts de livraison, de tenue des délais  et de respect des lignes et quantités des bons de commande.

    1.1.3. L'intervention des transitaires frontalière, entre ruses et complicités 

    Entre le Cameroun et le Nigeria, l'importation des marchandises frauduleuses ou taxées est allée prospère, nonobstant les difficultés et les risques permanents. Les stratégies de transgression frontalière s'adaptent à l'indulgence ou à l'intransigeance des douaniers. Pour assurer leur passage, les transitaires constituent avec les chauffeurs de camion et de moto, un front commun de fraude au cours d'une expédition commerciale.

    En effet, chacun des transitaires qui s'engagent dans une importation frauduleuse, contribue à la mobilisation d'une certaine somme d'argent qui servira de négociations tout au long du trajet. En cas de repérage, c'est-à-dire lorsque la douane intercepte l'engin de transport, c'est alors au transitaire qu'il revient de négocier pour dissuader le préposé de douane de faire une déclaration de saisie. Le plus souvent, c'est avec les motos que les prix à payer semblent plus excessifs. Deux raisons expliquent ce fait. D'une part, leur méthode de contournement de la douane par des voies secondaires et sinueuses présente des risques réels que les commerçantes qui attendent sur place n'ignorent point. D'autre part, leurs employeurs ont conscience de leur versatilité. Si le silence de ces transitaires n'est pas acheté à leur satisfaction, ils sont susceptibles de se reconvertir en indics au profit des douaniers.19(*)

    Dans la même logique, plusieurs autres stratagèmes sont connus; tentatives de détournement des agents de douane qui se manifestent par la délicatesse des gestes et des paroles, recours aux liens amicaux, familiaux. Ce dernier cas de figure consiste à faire part des « tracasseries douanières » à une connaissance, qui est alors soit autorité administrative, soit opérateur économique légalement connu dans la région, soit autorité traditionnelle, pour qu'il fasse envoyer une recommandation, aux services de douane.

    L'ensemble de toutes ces méthodes constitue les moyens de payer, le moins possible, les frais de dédouanement (Roitman, 2005).20(*) Seulement, la douane s'avère renseignée sur un certain nombre d'astuces échappatoires. Aussi dispose-t-elle non seulement d'un bureau et d'une section mobile, mais aussi d'une cellule de patrouille. Cette organisation fait d'elle un contrôle routier redouté par les commerçants transfrontaliers. Cependant, le rapport douane-transitaires a progressivement évolué vers une relation de « complicité ». Ainsi, les transporteurs légaux comme les contrebandiers ont de moins en moins tendance à cacher leurs marchandises, avec l'espoir de trouver un arrangement avec les différents agents. Cet arrangement, qu'il est préférable de faire avant la déclaration de saisie, implique ce qu'on appelle communément la « négociation ». Il s'agit d'une forme de marchandage entre transporteurs légaux, contrebandiers et douaniers, dans lequel le prix à payer finalement n'est connu qu'après un négoce de 05 à 15 minutes.

    Au regard de ce qui précède, c'est à juste titre que Bennafla (2002) souligne combien « le risque majeur encouru par les passeurs, fraudeurs et contrebandiers est celui d'une rencontre directe avec les douaniers » Mais, il n'en demeure pas moins que les pesanteurs socioculturelles, les conditions de vie, le banditisme et la disparité des zones monétaires constituent d'autres formes d'entraves.

    En général, les transitaires mentionnent avoir payé les frais « outrageusement chers » de la douane, pour ne pas manquer au rendez-vous promis au commerçants. Cette affirmation, qui ne se vérifie pas toujours lorsqu'on enquête aux côtés de la douane, n'est en réalité qu'une astuce commerciale. Elle leur permet de justifier le prix de vente délibérément taxé, d'argumenter au cours du marchandage et d'arrondir les marges bénéficiaires de la transaction. Cela dit, les frais des douanes camerounaises sont plus lourds que la somme des dépenses que les commerçantes effectuent dans l'ensemble du processus de la transgression frontalière. Deux faits expliquent cette situation. D'une part, la fiscalité douanière vise à décourager les importations afin que les populations se résolvent à consommer les produits nationaux.

    D'autre part, ces prélèvements de la douane sont non seulement inflexibles selon la loi, mais aussi renouvelables à chaque importation. Or, pour des commerçantes de métier qui font au moins deux importations le mois, il est plus facile avec les partenariats qui s'instaurent entre eux et les transitaires « passeurs », de faire des importations sans déclarations « à bon prix », plutôt que de faire des versements récurrents à la douane.

    Les stratégies commerciales ainsi définies permettent de faire deux constats. D'abord au départ de la marchandise, la douane est contournée avec soins et ingéniosité. Ainsi, même si la clientèle connaît que la marchandise a été soustraite des taxes et fiscalités diverses, elle en reste dubitative au regard des contrôles douaniers permanents sur le seul tronçon d'environ 70 kilomètres de route qui relie Banki à Maroua.

    1.2. Les stratégies adoptées au sein des commerçants.

    Ces relations relèvent d'un stade spécifique de la filière, les commerçants de pièces détachées de moto et de voiture. Toutefois, les nouvelles demandes et les nouveaux services de mobilité urbaine de ces engins l'ont rendu indispensable dans les villes et même jusque dans les campagnes les plus reculées de la région. Outre le simple phénomène de transport ci-dessus décrit, plusieurs facteurs ont contribué à l'émergence de la filière. Nous pouvons évoquer entre autre, l'exercice de la commercialisation des pièces, la concurrence entre les commerçants, le soutien entre les différents acteurs.

    1.2.1. La commercialisation de pièces détachées dans la ville.

    Les personnes physiques ou morales, camerounaises ou étrangères, sont libres d'entreprendre une activité de commercialisation de pièces détachées au Cameroun, sous réserve du respect des lois et règlements21(*). Les commerçants régulièrement établies à Maroua déterminent librement leurs stratégies de commercialisation. Ils peuvent commercialiser eux-mêmes leurs produits tant en gros qu'au détail. La commercialisation de ces pièces de rechange au marché et dans la ville de Maroua par les étrangers se fait également ressentir sur le terrain, bien que le nombre de commerçants étrangers soit infime contrairement à ce que pense la population. Toutefois, tout étranger qui veut exercer une activité commerciale au Cameroun jouit des mêmes droits que ceux qui sont accordés aux nationaux. Nonobstant les dispositions de la Loi en vigueur, l'activité commerciale est exercée sans agrément préalable par toute personne ayant la nationalité d'un pays avec lequel le Cameroun a conclu une convention assimilant les nationaux de chacun des pays aux nationaux de l'autre, en ce qui concerne l'exercice d'une activité commerciale. Tout commerçant étranger qui veut s'établir au Cameroun pour y exercer cette activité commerciale peut soit constituer une société dont le siège est situé au Cameroun, soit ouvrir une représentation commerciale, tout en respectant les règles de concurrence entre les commerçants de pièce de rechange.

    1.2.2. La concurrence entre les commerçants

    Les prix des pièces détachées des engins sont librement déterminés par le jeu de la concurrence sur le marché sous réserve des interdictions frappant certaines pratiques anticoncurrentielles. Il est interdit par la Loi relative à l'activité commerciale, pour tout commerçant, la pratiquer à l'encontre d'un autre commerçant de prix ou de conditions de vente discriminatoires et non justifiées. Tout commerçant, détaillant grossiste ou semi-grossiste est tenu de communiquer à tout revendeur qui en fait la demande son barème des prix et ses conditions de vente. Il est également interdit toute revente des pièces en bon l'état à un prix inférieur à son prix d'achat effectif. Ce dernier s'entendant des prix portés sur la facture d'achat, majoré des frais d'approche jusqu'à rendu magasin plus les taxes.

    Toute les ventes faites par un commerçant doivent en principe donner lieu à délivrance d'une facture, (ce qui n'est pas toujours le cas avec les commerçants rencontrés dans la ville, surtout les détaillants qui ne savent souvent pas s'exprimer en français encore moins l'écrire), sauf cas d'exception ou en cas de réclamation de certains consommateurs pour des raisons de sécurités et personnelles. Toute facture doit mentionner le non commercial ou la dénomination sociale, le numéro d'immatriculation au registre du commerce et l'adresse du vendeur ainsi que la désignation, la quantité, le prix unitaire et le prix total des marchandises vendues.

    1.2.3. Des commerçants soucieux de leur cohésion professionnelle

    Comme tous les autres commerçants qui sont bien organisés, un syndicat de vendeurs de pièce détachée existe dans la ville de Maroua. Le syndicat assure la défense des intérêts des commerçants. Il assure un rôle de communication important aux membres en leur transmettant des informations qu'ils auront obtenues lors des séminaires tels que celui du 26 Mars 2011, en collaboration avec le GIZ/PADDL22(*).

    Le syndicat regroupe uniquement les vendeurs de pièces détachées et est enregistré à la Préfecture de la ville. Il est dirigé par un bureau exécutif et une assemblée générale ayant à sa tête un vendeur de la place en la personne d'El-adj. MESSERE23(*). L'assemblée générale est composée de quelques vendeurs de pièces détachées car on remarque un phénomène de naissance spontané de points de vente quotidien dans les quartiers. Cette spontanéité contribue ainsi à la non adhésion des concernés (Figure 6) et par conséquent au non paiement de certains frais exigibles. Chaque membre de ce syndicat doit verser une somme allant de 1500F à 5000F chaque mois, (le montant est en principe de 1% du revenu de chaque commerçant inscrit). Nous avons aussi les membres permanents et ceux non permanents. Ces ressources modestes comme nous pouvons le constater ne permettent pas de couvrir tous les besoins du syndicat. C'est dire que le syndicalisme de ces commerçants connaît beaucoup de difficultés dont voici les plus importantes.

    Source. Enquêtes de terrain Juin 2011

    Figure 6. Adhésion des commerçants au syndicat des vendeurs de pièces détachées.

    Au vu de ce diagramme, nous constatons que sur notre échantillon de 100 personnes, seulement 53% reconnaissent être des adhérents du syndicat des vendeurs de pièces détachées de la ville de Maroua. Les 47% qui restent nous ont avoué qu'ils ne faisaient pas partir de ce syndicat. Ceci explique que les commerçants de la ville de Maroua bien qu'exerçant dans ce domaine de pièces de rechange n'attachent pas tous de l'importance à l'adhésion à leur syndicat.

    Sans entrer dans les détails, nous nous contentons ici de recenser les plus saillantes.

    Ø Nous avons donc en premier lieu l'insuffisance du travail de communication sur le rôle et l'importance du syndicat. Car nous constatons que beaucoup de commerçants sont méfiants vis-à-vis des syndicats parce que mal informés ou simplement sous informés sur la chose syndicale.

    Ø Il y a aussi le chantage de certains vendeurs qui empêchent ou interdisent a leurs employés d'adhérer au syndicat quel qu'il soit ; qui ne veulent même pas entendre parler de syndicat dans leur installation.

    Ø On notera également l'absence de formation de beaucoup de leaders syndicaux qui maîtrisent mal ou peu les missions du syndicat et qui sont des lors inaptes à défendre les intérêts de leurs adhérents.

    Ø De même, le manque d'esprit syndical constitue un réel problème, Le rôle trouble du pouvoir politique qui continue à voir les syndicats d'un très mauvais oeil n'est pas négligeable.

    Il faut aussi relever l'existence d'une association nommée; Amicale des Commerçants du Marché central et annexes Maroua (ACMA)24(*). Cette amicale est apolitique, laïque, avec son siège à Maroua. Les objectifs de l'ACMA sont, le renforcement de la solidarité et de l'entente entre ses membres. Elle oeuvre pour la paix dans le Marché centrale et annexes, afin de mieux assurer la relance des activités commerciales et industrielles. Elle assure la promotion de la sécurité et le confort des commerçants, des clients et des biens. Elle assure également une bonne collaboration entre les commerçants et les services publics. L'ACMA assure la coopération avec les associations ou les ONG dont les objectifs ont trait au développement des activités économiques.

    1.3. Des commerçants au service de leurs consommateurs.

    Ces deux catégories d'acteurs de la filière de commercialisation entretiennent une relation d'interdépendance, car on le sait sans doute, un commerçant vit au dépend de ses consommateurs et il en est de même des consommateurs qui sont ravitaillés grâce au commerçants de la ville. Il existe plusieurs types de commerçant, des vendeurs de pièces de moto pour des propriétaires de moto et des vendeurs de pièces de voiture pour des consommateurs de cette trame. Parmi ces vendeurs, il faut mentionner la présence remarquable de commerçants de pièces détachées d'occasion ou de seconde main. (Photo 7)

    Cliché Danzabé Ngaba E. 02-07-2011. Marché forêt de Maroua.

    Photo 7. Un consommateur de pièces détachées d'occasion de moto.

    Sur cette photo 7, nous remarquons un étalage de pièces d'occasions et un consommateur qui achète des pièces de moto chez un vendeur détaillant. Ceci nous montre que sur le marché il existe nécessairement des liens entre les consommateurs et les commerçants.

    Les consommateurs occupent le dernier maillon de la chaîne de commercialisation des pièces détachées. La ville de Maroua concentre une grande partie des consommateurs des pièces. Le marché constitue leur principal lieu d'approvisionnement. Il y a aussi des boutiques dans les quartiers de la ville, tout au long des rues les plus empruntées par les usagers. Les garages ne se font pas rares et les consommateurs s'y ravitaillent également (Figure 7). Les échanges de pièces entre zone urbaine et zone rural ne sont toutefois pas négligeables.

    Source. Enquête de terrain Juin 2011

    Figure 7. Lieux d'approvisionnement des consommateurs en pièces détachées.

    Au regard de cette figure 7, nous pouvons constater que le marché est le lieu d'approvisionnement le plus sollicité par les consommateurs car sur les 100 consommateurs enquêtés, la majorité, c'est-à-dire 63% préfère acheter leurs pièces de rechange au marché. 36% de ces consommateurs se ravitaillent dans les quartiers, dans les petits comptoirs qui poussent de part et d'autre. Seulement 1% de notre échantillon se ravitaillent à la fois au marché et dans les quartiers.

    La commercialisation des pièces détachées de moto et de voiture à Maroua donne lieu à une variété de consommateurs. Des enquêtes de terrain nous ont permis d'avoir cinq catégories de consommateurs ; des particuliers, des transporteurs, des sociétés, des administratifs et des mécaniciens. Les lieux d'approvisionnement de ces consommateurs ainsi que leur choix s'opèrent selon les prix, la qualité, la durabilité et la proximité avec un lieu de ravitaillement. Ce dernier peut être le marché comme pour la plupart des consommateurs rencontrés, les quartiers, ou encore les garages (figure 8). En plus de ces critères, on peut ajouter le critère tel que l'état de pièces (pièces neuves ou d'occasion) qui est aussi une autre dimension que le consommateur examine quant il est à la recherche d'un produit. Les consommateurs sont très exigeants et ils attendent un service après vente performant et sans faille, ils ne veulent qu'une chose, que le temps d'immobilisation de leurs motos ou véhicules soit le plus réduit possible. La vitesse de mise à disposition ou la disponibilité des pièces nécessaires à l'entretien et à la réparation d'un véhicule sont donc majeures. Ce taux de service a un impact sur la satisfaction du consommateur et sur sa fidélité dans le temps. Certains consommateurs vont chez leur livreur à la recherche d'un produit de qualité et leur satisfaction ressort souvent dans l'achat des pièces d'occasion.

    Producteurs de pièces détachées

    Centrales d'achat

    Agents de commission

    (Chargeurs -Transporteurs -Transitaires)

    Automobilistes consommateurs de pièces détachées

    (Particuliers - Transporteurs - Sociétés - Administrateurs - Garagistes)

    Commerçants de pièces détachées

    (Grossistes - Semi-grossistes - Détaillants)

    Source. sétra, Déc. 2007

    Figures 8. Schéma du fonctionnement d'une filière pièces détachées

    La figure 8 ci-dessus représente le fonctionnement de la filière pièce détachées dont il est question dans ce travail. Nous constatons ici que la filière commence par les producteurs des pièces. Elle est suivie par les centres d'achats qui achètent chez les fabricants pour revendre aux commerçants, en passant par les agents de commission qui se chargent de la livraison des pièces aux commerçants sur les différents marchés de consommation. Les consommateurs sont les derniers de la chaîne de fonctionnement.

    Les contraintes de toutes les opérations commerciales retombent sur les consommateurs (Kossoumna, 2001). Tel que nous venons de voir, nous pouvons noter que les relations qui lient les commerçants aux consommateurs dépendent de plusieurs critères. Un commerçant en cherchant à gagner ses intérêts est également soucieux de la qualité du service qu'il rend à un consommateur. Il est très important de disposer de la bonne pièce de rechange au bon moment25(*). Il s'agit là d'une des conditions essentielles pour maintenir sa part de marché par la réduction des temps d'immobilisation clients.

    L'interrelation qui existe dans cette filière, va le plus souvent au delà de celle qui existe entre des commerçants et des agents de commissions ou des consommateurs. Le fonctionnement de la filière ne saurait donc se faire sans une réglementation des services Etatiques ou des institutions officielles en place.

    2. LES COMMERÇANTS FACE A LA REGLEMENTATION DES SERVICES OFFICIELS

    Une règlementation où qu'elle soit, se présente toujours comme une entrave à une activité qui se frotte un temps soit peu à la contrebande ou au secteur informel. Pour qu'une activité commerciale comme celle qui fait l'objet de cette étude soit dans les normes, un certain nombre de contraintes institutionnelles s'impose et cela à un impact sur le fonctionnement de l'activité. De ce fait, nous constatons que la vente des pièces détachées ou l'activité de commercialisation des pièces de rechanges est contrôlée par un certain nombre de dispositions, qui vont des taxes au respect des normes de l'activité commerciale.

    2.1. Des taxes pour une réglementation effective.

    Parler des taxes ici revient à faire une analyse des droits que les acteurs de cette filière rencontrent dans leur activité. Il s'agit des taxes Douanières, des taxes communales, de l'impôt et patentes.

    2.1.1. L'administration des douanes à Maroua.

    Dans le fonctionnement quotidien de l'Etat, la douane assure essentiellement une mission fiscale, une mission économique et une mission de police des frontières. Ainsi, dans le cadre de sa mission fiscale concernant les pièces détachées de moto et de voiture, elle collecte des taxes douanières ainsi que les autres impositions dites fiscales et parafiscales qui relève de son champ de compétence (TVA sur importations).

    Dans le cadre de sa mission économique en ce qui est de cette filière, la douane veille non seulement au respect de la réglementation des échanges, mais aussi et surtout, elle veille à la promotion du développement du tissu économique local dans la ville de Maroua. Le Commissionnaire en Douane Agrée26(*) joue le rôle d'interface entre l'Administration des douanes et les importateurs des pièces détachées. De ce fait, il est un des acteurs majeurs de l'activité de réglementation de cette filière. Il prend une part active à la gestion des opérations d'importation des pièces détachées et, il joue un rôle de conseiller auprès des opérateurs dans la gestion des contentieux. 

    Ø Contrôles douaniers

    Le contrôle douanier est souvent considéré comme l'étape agaçante pour les importateurs des pièces à commercialiser. Il peut être défini comme un ensemble d'investigations menées par l'administration des douanes auprès des opérateurs commerciaux ou de leurs représentants, en vue de s'assurer du respect de la législation et de la réglementation douanière dans la conduite des opérations. Ainsi, en fonction du moment du contrôle et des unités compétentes, on peut distinguer trois niveaux de contrôles douaniers :

    -Le contrôle immédiat

    -Le contrôle différé

    -Le contrôle à posteriori  

      S'il s'avère qu'un seul aspect du contrôle qui vous est imposé est illégal, vous êtes fondé à écrire au Directeur Général des douanes ou même au Ministre des finances pour demander la pure et simple annulation dudit contrôle.

    Ø Formalités à la douane

    -Déclaration en douane ; 
    - Présentation par l'importateur de la fiche d'identification SGS et des autres documents de dédouanement ; 
    - Émission du bulletin de liquidation par l'inspecteur des douanes ; 
    - Paiement des droits et taxes de douane ; 
    - Émission du Bon à Enlever (BAE) ; 
    - Signature de l'attestation de dédouanement sécurisée par le chef de bureau compétent;

    Ø La valeur en douane

    D'une manière simplifiée, elle englobe le prix de vente des pièces détachées à bord du véhicule de transport au pays du vendeur à laquelle, il faut ajouter, l'assurance et autre frais jusqu'à l'entrée de la marchandise dans le pays de l'acheteur. Dans la réalité, la détermination de cette valeur n'est pas aussi simple. Il existe une grille tarifaire de dédouanement, tarifs qui ne sont pas toujours respecté par les différents protagonistes de l'activité commerciale (Tableau 7).

    Tableau 7. Grille tarifaire de dédouanement des marchandises

    Valeur de la marchandise

    Tarifs en FCFA

    Moins de 1 000 000

    50 000

    De 1 000 001 à 2 000 000

    80 000

    De 2 000 001 à 6 000 000

    163 000

    De 6 000 001 à 10 000 000

    240 000

    Au dessus de 10 000 001

    245 000

    Remise maximum possible : 15%

      Source. Direction des douanes

    Ce tableau 7, présente les différents prix de dédouanement des marchandises en douane. Nous constatons que pour une marchandise de moins de1.000.000 F, la somme à verser auprès de autorités de dédouanement est de 50.000 F. pour une marchandise comprise entre 2.000.001 F et 6.000.000 F, il faut débourser une somme de 163.000 F. sur toute les marchandises à dédouaner, une remise maximale de 15% peut être faite.

    2.1.2. L'intervention de la fiscalité locale

    La fiscalité locale s'entend comme un système de prélèvement des impôts et taxes autorisés par la loi au profit des Collectivités Territoriales Décentralisées. Elle relève de la loi à travers les textes suivants :

    -La constitution du 18 Janvier 1996 (art 55-2, art 56-6) ;

    -Le Code Général des Impôts (Titre III, art14 à 228) ;

    Il faut aussi noter le prélèvement des patentes dans l'activité commerciale.

    Ø Les taxes communales

    L'institution des taxes communales directes est laissée à la faculté des communes qui en délibèrent à l'intérieur de la fourchette fixée par la loi en fonction du service public fourni. Les taxes communales sont assises sur le salaire brut et déterminées suivant un barème. Les commerçants qui exercent dans la vente des pièces détachées à Maroua font à cet effet des versements à la commune en ce qui concerne :


    ·Location des boutiques ;


    ·Les droits de places.

    Le droit de place est payé à raison de 100F par jour donc un versement de 3.000F chaque fin de mois. Les vendeurs qui payent le droit de place, versent également à la commune mais pour le compte des impôts une somme de 4.000F chaque année.

    Ø Impôts assis sur l'activité

    Cette classification regroupe les impôts et taxes qui se réfèrent à des faits générateurs liés à l'autorisation ou à l'exercice des activités lucratives par les redevables. Nous pouvons citer :


    ·Impôt libératoire.


    ·Patentes ; qui sont payé par des commerçants ayant un chiffre d'affaire de plus de 15.000.000F (Figure 9)

    Sources. Enquêtes de terrain Juin 2011

    Figure 9. Fiscalités des commerçants

    La figure 9 ci-dessus nous présente la fiscalité des commerçants enquêtés lors de notre descente sur le terrain. Nous pouvons donc constater que les commerçants de la ville de Maroua payent des taxes, les impôts, d'autres la patente. Sur un échantillon de 100 personnes, 71% dont la plus grande partie payent les taxes communales. 26% reversent des impôts à la commune. Et le reste dont les 3 % payent des patentes. Cette différence s'explique par le chiffre d'affaire des commerçants qui varie d'un commerçant à un autre.

    2.2. Le contrôle des marchés de consommation

    Toute activité commerciale est soumise à un contrôle de la Délégation Régionale du commerce. Les commerçants ne sont pas les seules qui sont dans les missions de cette Délégation car elle veille également à la protection des consommateurs dans la cité Capitale de l'Extrême-Nord.

    2.2.1. La délégation du commerce

    Cette structure a pour objet de préciser les conditions dans lesquelles s'exerce l'activité commerciale au Cameroun en général et dans la ville de Maroua en particulier. Elle a également pour objet de favoriser le développement d'une concurrence saine et loyale entre les commerçants et de protéger le consommateur. Pour l'application de ces conditions le Ministère du commerce et par conséquent la Délégation régionale du commerce de Maroua entendent par activité commerciale toute activité de production et/ou d'échange des biens et services exercée par toute personne physique ou morale ayant la qualité de commerçant conformément aux dispositions du Code de Commerce. L'activité commerciale des pièces détachées de moto et de voiture dont il est question ici doit s'orienter notamment vers la satisfaction des besoins des consommateurs tant au niveau des prix que de la qualité, la rationalisation et l'assainissement des circuits de distribution

    2.2.2. La protection des consommateurs

    La première question à se poser est : "qui consomme et où ?" Tout vendeur de pièces détachées doit, par voie de marquage, d'étiquetage, d'affichage ou par tout autre moyen approprié, informer le consommateur sur le prix. Tout commerçant de pièces à l'état neuf, qu'elles soient à usage professionnel ou non, est tenue de délivrer, lors de chaque vente, une notice rédigée en français ou en anglais. Elle doit rappeler les caractéristiques essentielles des pièces en cause et précisant l'étendue et la durée de la garantie accordée au client et rappelant en outre les dispositions relatives à la garantie légale des vices cachés. La publicité de certains produits peut être réglementée par des textes particuliers. Il est interdit de refuser, sauf motif légitime, à un consommateur la vente d'un produit dès lors que la demande du consommateur ne présente aucun caractère anormal. Toute vente de produits faite à un consommateur donne lieu, à la demande de ce dernier, à délivrance d'une facture. Une copie du contrat sera remise à l'acheteur après avoir été datée et signée par les deux parties.

    2.3. Une constatation des infractions et sanctions institutionnelles

    Les infractions sont constatées par procès-verbal établi par les agents des services du commerce, de contrôle des prix et de la concurrence, spécifiquement et dûment habilités par l'Autorité de tutelle. L'officier de police judiciaire peut intervenir dans la constatation des infractions. Dans ce cas, il est tenu d'en aviser immédiatement l'agent assermenté du service du commerce, des prix ou de la concurrence. Les dispositions de l'article 16 de l'ordonnance n° 72/18 du 17 octobre 197227(*) sont applicables aux dits procès-verbaux, lesquels doivent être établis, à peine de nullité, dans les quinze jours suivant la date des constatations qu'ils relatent. En cas de besoin, l'agent verbalisateur, à l'exception de l'officier de police judiciaire, peut procéder à la saisie des produits objet de l'infraction. En ce qui concerne les cas spécifiquement, des mesures particulières peuvent être prises par l'Autorité de tutelle qui peut notamment décider d'office la fermeture de la boutique ou mettre le contre- venant en demeure de régulariser sa situation dans un délai maximum de trente jours.

    Toute opposition, toutes injures ou voies de fait à l'égard des agents sont punies des peines prévues aux articles 156 et 157 du Code Pénal. L'action civile en réparation du dommage causé par l'une des infractions aux dispositions de la loi est exercée dans les conditions de droit commu

    CONCLUSION

    La description de l'organisation fonctionnelle de la filière pièces détachées de moto et de voiture nous a donc permit de comprendre le fonctionnement du marché dans la province de l'Extrême-Nord en général et dans son chef lieu Maroua en particulier. Les interdépendances conduisent à considérer la filière comme un véritable «système». Les agents de commissions, détenteurs du pouvoir lié à la marque dans l'imaginaire du consommateur, continuent d'être placés au coeur de ce système. Cette présentation préalable nous aidera sans doute à comprendre l'importance de chaque facteur sur le marché de Maroua que nous allons étudier dans le chapitre suivant consacré aux circuits d'approvisionnement de notre étude.

    CHAPITRE IV.

    RAVITAILLEMENT EN PIECES DETACEES DE MOTO ET DE VOITURE DANS LA VILLE DE MAROUA

    INTRODUCTION

    «Les systèmes de commercialisation se caractérisent par les fonctions d'offre des producteurs, suivi de la collecte, du transport et de la distribution des produits. De même, il constitue un moyen de répartition des revenus entre les producteurs et les consommateurs en passant par une foule d'acteurs constituée des grossistes, des détaillants, des intermédiaires, des transporteurs, des transformateurs. Il est de plus un vecteur d'échange entre la ville et la campagne». Silvestre A., (1994). Entre le Cameroun et ses voisins, l'importation des marchandises frauduleuses ou taxées est allée prospère, nonobstant les difficultés et les risques permanents. En ce qui concerne les échanges informels, notons aussi l'existence d'un grand flux d'échanges frontaliers très souvent non déclaré de marchandises illicites entre le Cameroun et les différents pays limitrophes. Ces échanges sont particulièrement marqués avec le Nigéria. Ils sont favorisés par le fait des similitudes culturelles et linguistiques des populations frontalières. Le tour de la question ainsi envisagé ici, nous interpelle à voir dans ce chapitre, la présentation des circuits de la commercialisation légale et la transgression des frontières. Mais nous verrons tout d'abord l'origine des pièces vendues à Maroua, en ce qui concerne leurs lieux production.

    1. L'ORIGINE DE PIECES DETACHEES VENDUES A MAROUA

    La question de l'origine des pièces détachées dans la ville de Maroua fera l'objet de cette partie. Il sera question de faire une étude des lieux de productions de ces pièces qu'on retrouve sur le marché et nous étudierons le caractère transfrontalier de cette commercialisation.

    1.1. Des pièces détachées : une diversité de production

    Les pièces détachées ont plusieurs origines. Dubaï, la capitale des Emirats arabes unis, est une plaque tournante de ce trafic en partie légal. Le port du Golfe persique accueille surtout des pièces japonaises, le plus souvent d'occasion, que des grossistes africains achètent ensuite en grandes quantités pour les détailler dans leurs pays d'origine. Dans d'autres cas, semble-t-il fréquents au Cameroun, des garagistes se procurent des pièces sur des véhicules vendus comme épaves par les compagnies d'assurance, ou bien acquis à des enchères organisées par la police (Kongou, 2011). Les pièces sont le plus souvent en bon état. Les pièces d'occasion, les pièces issues des véhicules qui ont fait l'accident, les pièces d'origine asiatiques (chinoises et Japonaise) et celles d'origine européenne (Italie, Belgique, Allemagne, France)28(*). La Chine populaire, qui est un très petit pays de construction automobile, est en revanche un grand pourvoyeur de pièces détachées adaptables à toutes les marques et à très bas prix. . Un pot de phare qui coûtent par exemple 100.000 FCfa chez les représentations des concessionnaires agréés de véhicules européens et asiatiques est vendu à Maroua sur le marché à 15.000 voire 10.000 FCfa, apprend-on

    Comme l'explique M. Leroy, directeur-adjoint pour l'Afrique du constructeur automobile français Peugeot, «  il n'y a rien à dire tant que ces pièces ne modifient pas les caractéristiques des véhicules. Mais il arrive parfois que l'on ait affaire à de véritables contrefaçons, qui peuvent se révéler dangereuses». Il y a une dizaine d'années, Peugeot a ainsi été confronté au cas de faux systèmes de direction pour son modèle pick-up, l'un des plus populaires en Afrique. Fort heureusement, les pièces contrefaites cassaient en général dès la sortie du garage.

    1.2. Commerce transfrontalier des pièces détachées.

    Le commerce des pièces détachées dans la ville de Maroua se caractérise par la multiplicité des circuits de ravitaillement, dont la rentabilité diffère, notamment en fonction du caractère officiel ou non du franchissement d'une frontière (Photos 8et 9). Le commerce de pièces détachées avec le Nigeria est plus qu'ailleurs soumis à une imposition importante. Autant dire que la plupart des pièces est importé de manière informelle. Sur les circuits d'approvisionnement de ces pièces détachées, M. Sunday29(*) explique : «On se ravitaille régulièrement à Lagos et à Anambra State au Nigeria. C'est là où tout le monde se ravitaille pour venir garnir les marchés de Maroua et autres villes du Cameroun», indique-t-il.

    Clichés Danzabé Ngaba. Le 14-06-2011

    Photos 8 et 9. Point d'entrée à Limani Banki, (frontière Nigéria Maroua) ; traversée et chargement pour Maroua.

    Les photos 8 et 9, présentées ci-dessus nous montrent le point d'entrée entre le Nigéria et le Cameroun. Nous voyons sur ces deux photos un car de transport de marchandise qui traverse le pont Limani Banki. Ensuite le chargement est refait après la traversée du pont avec pour destination la ville de Maroua où les marchandises seront vendues aux consommateurs sur le marché et dans la ville.

    Les produits d'origine chinoise et en provenance du Nigéria voisin sont les plus visibles à l'exception de quelques marchandises qui viennent de Douala au Cameroun. Les commerçants ne disposent pas de grands stocks dans les marchés, mais entretiennent des réseaux très fiables pour satisfaire les demandes de ceux qui souhaiteraient acheter en gros. La solidarité existant entre eux ne permet pas de glaner une information sur leurs fournisseurs, les importateurs et l'emplacement des magasins.

    2. DES CIRCUITS DE RAVITAILLEMENT EN PIECES DETACHEES.

    La commercialisation de pièces détachées est comme toutes les autres activités commerciales que l'on rencontre le plus souvent sur nos marchés. Avant de se trouver sur le marché pour la satisfaction des consommateurs, les pièces suivent des itinéraires assez difficiles à cartographier. Cette difficulté réside dans le fait que les circuits d'approvisionnement ne sont pas les mêmes et dépendent le plus souvent du caractère formel et informel du produit.

    2.1. Des circuits formels de moins en moins utilisés

    Le milieu naturel de la région de l'Extrême Nord offre des possibilités multiples aux contrebandiers de contourner les contrôles de la douane et les forces de l'ordre camerounais. Le relief plat et la végétation de steppe permettent de créer de nombreux chemins dans la brousse tels que Pétté et Méri. Les livreurs à moto s'organisent en groupe de dix voire même plus pour faire face aux douaniers. A l'égard de ces derniers, ils affichent un comportement peu recommandable. Ils arrivent généralement à deux heures du matin à Maroua en rangs dispersés pour ne pas être remarqués.

    De même, ils bénéficient de la complicité de la population. Pour ce cas de figure, il y'a lieu de rappeler que la majorité des peuples qu'on retrouve de part et d'autre des frontières camerounaise et nigériane partagent les mêmes langues et religions. Ce sont les conséquences de notre héritage colonial au cours duquel les frontières des Etats se sont faites de manière arbitraire. Vu le sentiment d'appartenance culturel, ces derniers n'hésitent pas à aider leurs « proches » d'une manière ou d'une autre. Les fraudeurs sont informés de la position des contrôles de la douane mobile grâce au téléphone portable afin de contourner et échapper à la douane.

    Dans la ville de Maroua, nous observons une occupation anarchique des trottoirs de la voie publique. Sur toutes les artères de la ville, on y trouve des petits comptoirs de vendeurs de pièces détachées (Photo 10). Ceux-ci créent un désordre urbain en occupant le passage des piétons.

    Cliché. Danzabé N. E 28-06-2011 Maroua

    Photo 10. Un petit comptoir de vendeurs de pièces détachées en bordure d'une route.

    Nous pouvons constater sur la photo 10, des pièces détachées qui sont vendues sur une petite table en bordure de route. Ceci montre le non respect de réglementation de commercialisation. Ce genre de vente expose non seulement les vendeurs de pièces de rechange mais également les consommateurs qui se trouvent ainsi exposés aux dangers d'accidents.

    2.2. Des circuits informels très ambigus

    Après les émeutes de février, il est apparu une sorte d'impunité dans les rangs des contrebandiers qui opèrent au vu et au su de tout le monde, la préservation de la paix sociale étant la raison évoquée pour empêcher toute action vigoureuse sur le terrain (Kuate, 2008). Les contrebandiers (cascadeurs) qui, autre fois, passaient beaucoup plus par des pistes de brousse et par hordes entières, opèrent de plus en plus sur les axes connus sans être inquiétés. La question de la pauvreté est évoquée pour tenter de justifier le phénomène qui est l'activité principale de certains jeunes désoeuvrés qui se livrent à la vente des pièces détachées dans tous les coins de rues de la ville de Maroua. De ce point de vue, s'il est établi que ces jeunes qui parcourent près de 90km avec chacun, des kilogrammes de pièces de rechange sur des motos ne sont pas inquiétés aux différents points de contrôles sur les routes, on pourrait s'interroger sur l'origine des camions d'origine étrangère au niveau de la route LIMANI BANKI-MAROUA (voir photo 11)

    Cliché. Danzabé Ngaba. 12-06-2011

    Photo 11. Chargement des marchandises en vrac après la traversée de la frontière avec le Nigéria, à Banki

    Sur cette photo 11, nous remarquons un chargement de marchandises de toutes sortes. A l'extrémité de ce camion nous pouvons voir des pneus neufs à destination de Maroua pour la commercialisation. Dans ces conditions, le contrôle de douane ne peut pas faire correctement son travail. En cas de contrôle, ces derniers sont obligés de donner une note aléatoire en ce qui concerne le dédouanement d' où le non respect des normes des règles de dédouanement en vigueur.

    La longue frontière avec le Nigéria (figure 10) est aussi considérée comme un facteur aggravant le phénomène de fraude. Car en saison sèche, les pistes se multiplient à travers la savane et les marchandises entrent au Cameroun sur des vélos, des motos et même à dos d'âne. Ces marchandises qui traversent la frontière du Nigéria, par pirogue, par camions et par porteurs, empruntent les pistes de nuit comme de jour. Une infime partie étant contrôlée par les douaniers. En plus d'une carence en infrastructures routières, le relief est particulièrement favorable à la multiplicité des pistes.

    Source. DJANABOU (2008)

    Figure 10. Frontière entre le Cameroun - Nigeria

    La figure 10, nous montre par ses traits interrompus rouges qui matérialisent la longue frontière entre les deux pays que sont le Cameroun et son voisin le Nigéria. Cette longue frontière est en effet une grande porte que les fraudeurs peuvent emprunter à leur guise et selon les saisons de pluies ou les saisons sèches.

    Il n'existe aucun suivi des magasins de vente car toute tentative de contrôle dans les marchés suscite une levée de bouclier des commerçants et une menace à la paix sociale, notion très chère aux autorités. Cette situation ne permet par à l'administration douanière de maitriser les procédés de dédouanement, encore moins au MINCOM d'entretenir un fichier de commerçants.

    Du coté de l'administration des douanes, on dénonce le non respect des textes régissant le processus de dédouanement. L'inexistence des procédures de dédouanement, de suivi des magasins de vente, du transit, des importations et des exportations, de la mise en consommation et l'absence de statistiques fiables se fait ressentir et se manifeste à plusieurs niveaux : Non respect des corridors de transit, non maîtrise des textes par les commerçants, réticence de ceux-ci quant à l'acquittement des droits de douane. Certains commerçants préfèrent passer par plusieurs intermédiaires. La conséquence étant que les caisses de l'Etat sont spoliées au profit de ces intermédiaires.

    Malgré la volonté affichée par la douane, on assiste à une complicité active des populations du fait de leurs conditions de vie précaire et parfois de certains chefs traditionnels qui sont à l'origine de certaines opérations illicites telles l'importation frauduleuse des motos et des pièces de rechange. Ce qui cause un préjudice aux recettes douanières.

    Le phénomène de contrebande va avec celui des coupeurs de route et demeure une préoccupation majeure des autorités locales. Toutefois, il n'y a pas eu d'opérations spécifiques de descente sur le terrain pour des actions contre la contrebande car, les forces de l'ordre agissent sur réquisition quand il s'agit des délits relevant de la compétence d'une autre administration.

    En plus des rencontres avec les différentes autorités, nous avons effectué des descentes sur le terrain. Nous avons ainsi visité certains marchés à l'instar de Pitoa, Garoua, Kousseri, Guider et Mora afin de faire une comparaison avec notre zone d'étude qui est Maroua.

    Outre ces différents marchés, nous nous sommes également intéressés à certains points frontaliers, Banki (frontière avec le Nigéria) Gashiga, Kousséri, Fotokol, Demsa. A ces différents endroits considérés comme les principaux points contrôlables des flux de marchandises, les flux s'effectuent dans les deux sens. Des produits non déclarés sont souvent dissimulés et ne sont pas contrôlés par la douane. La plus grande partie de la contrebande transite par les nombreuses pistes, une fois la frontière traversée. Pour les flux qui empruntent les routes connues, le dédouanement est forfaitaire (en fonction du moyen de transport) ; il existe par conséquent une forte probabilité de dissimulation des marchandises non déclarées et parfois prohibées, car la pratique veut que la fouille ne soit pas envisageable.

    Comparé aux pièces détachées, le carburant se situe en bonne place des produits de contrebande car il traverse la frontière dans des fûts qui sont immédiatement déviés vers des zones de transvasement pour ensuite entrer dans les villes dans des bidons, sur des vélos et des motos.

    Il est à noter que ces trafiquants parcourent de très longues distances pour alimenter les différentes villes en pièces détachées du Nigéria. Limani-Banki (frontière Nigéria) constitue donc le passage le plus important pour la ville de Maroua.

    CONCLUSION

    La question des circuits de ravitaillement est en général la plus attendue dans une étude filière telle que celle-ci et l'une des plus difficile à obtenir. Ceci au vu du caractère frauduleux des acteurs de cette commercialisation. Les circuits de commercialisations sont animés à tous les niveaux de l'organisation de la filière par des acteurs ayant des fonctions bien définies, mais aussi des contraintes. Après cette présentation des circuits de ravitaillement entre le Cameroun et ses partenaires commerciaux, nous allons entreprendre dans le chapitre suivant, ce conformément à notre méthodologie, l'étude des potentiels socio-économiques de la commercialisation des pièces détachées de moto et de voiture à Maroua.

    CHAPITRE V.

    IMPACTS SOCIO ECONOMIQUES DE LA COMMERCIALISATION DES PIECES DETACHEES A MAROUA

    INTRODUCTION

    Le développement des métiers liés à l'automobile, la vente des motos et voitures, les garages, montre l'interdépendance entre ces différentes activités et par conséquent l'utilisation des pièces détachées de moto et de voiture. En effet, la filière pièces  détachées prend de l'ampleur depuis près de 20 ans. La présence des garages à tout bout de chemin est un indice qui amène à affirmer que les pièces détachées sont fréquemment consommées. Cependant la filière étant bien organisée, les retombées influencent la vie des acteurs que ce soit sur le plan social qu'économique. Analyser cet impact social et économique fera l'objet de ce chapitre

    I.UNE FILIERE ATTRACTIVE

    Les acteurs de la filière pièces détachées mettent des moyens et des énergies pour arriver à une situation satisfaisante. Le statut des acteurs leurs permet de bénéficier des avantages de ce secteur d'activité. Ainsi la ruée vers ce secteur d'activité permet à cette filière d'occuper une place importante dans le classement du commerce dans la région.

    1. Un secteur en plein essor.

    La proximité avec le Nigéria est favorable pour les habitants de Maroua et plus particulière ceux qui possèdent des engins. Cette proximité diminue le cout de transport, élève le prix de revient, ce qui fait prospérer la contrebande. Les demandes augmentant, les commerçants multiplient, les voies d'approvisionnement, de la marchandise. Raison pour laquelle les points de ventes prolifèrent dans les rues. L'axe double voies, Domayo, l'avenue kakataré, rond point artisanat, pont vert, Founangué sont les principaux lieux de vente. L'implication des jeunes montre que c'est un secteur dynamique qui permet à chaque acteur de trouver son compte. (Figure 11)

    Source. Enquête de terrain Juin 2011

    Figure 11. Ages de commerçants de pièces détachées à Maroua.

    Sur la figure 11, il est représenté les âges des commerçants de notre échantillon. Il en ressort qu'il ya plus de jeunes qui exercent dans ce domaine, ce qui n'est pas le cas chez les vieux. L'effectif le plus élevé est celui des personnes comprises entre 20ans et 40 ans. Tandis que les plus âgés n'exercent plus en grand nombre, ils passent généralement le relais à leurs enfants qui à leur tour continuent à gérer l'activité.

    2. Une activité pourvoyeuse d'emplois

    La majorité des acteurs commerçants et commissionnaires étant jeunes, ce secteur permet d'éviter à cet effet l'oisiveté. Certes les activités rémunératrices des revenues sont nombreuses, cependant la commercialisation des pièces détachées est héritée de père en fils. Après un niveau scolaire bas, généralement moins de la classe de 6em, ces jeunes se livrent ce secteur d'activité pour plusieurs saisons. Certains pour continuer l'activité des parents, d'autres par pure contrainte sociale. Souleymane avoue ceci « je suis l'ainé d'une famille polygamique, j'ai perdu mon papa étant très jeune et je n'avais plus d'autre choix que de faire le commerce, alors j'ai vendu d'autre produits tels que les biscuits, les bonbons les habits avant de me lancer dans les pièces détachées de moto il ya de cela 7 ans, et je suis aujourd'hui satisfait ». La curiosité est souvent le motif des certains acteurs qui prétendent être fascinés par les affaires comme nous l'avoue Hawé, contrebandier ;  c'est juste pour suivre ses amis et voire comment ça se passe au Nigéria qu'il a laissé l'école et il dit qu'il est satisfait de cet métier. Les métiers liés à la filière telle que la mécanique, emploi les jeunes et ont une paie journalière assez satisfaisante. (Figure 12)

    Sources. Enquêtes de terrain Juin

    Figure 12. Représentation de la satisfaction des commençants

    Cette figure représente la satisfaction des commerçants de pièces détachées à Maroua sur 100 commerçants. Il en ressort que 68% s'estiment heureux de leur activité. Les 32% restent ne trouvent pas de satisfaction à cette activité mais l'exercent juste pour éviter l'oisiveté, le banditisme. Au vu de ces résultat, nous pouvons affirmer que cette activité nourri son homme.

    II. ACTIVITE GENERATRICE DES REVENUS

    Au regard de tout ce qui précède nous pouvons dire que le commerce des pièces détachées constitue une source de revenue pour tous les acteurs de cette activité. L'Etat participe dans le fonctionnement de cette filière, toutefois il a une part à gagner.

    1. Une autonomisation financière pour les commerçants.

    En effet, la filière est bien organisée et nourrit son homme. L'activité permet à celui-ci de gagner dignement son revenu et de subvenir à ses besoins, se loger, se vêtir. Bien au-delà, elle permet aux commerçants de s'épanouir et d'augmenter progressivement leur chiffre d'affaire c'est l'exemple de M. Messéré qui affirme avoir commencé étant simple « aide vendeur » et qui aujourd'hui a un chiffre d'affaire de 15.000.000 de Fcfa. La majorité des commerçants détaillants dont les revenus son compris entre 0 et 100.000fcfa mensuellement ne s'en plaignent pas. Cependant, les contrebandiers sont les grands bénéficières dans cette activité. Avec un revenu aussi important, le transport des pièces détachées sur moto est de 10.000 fcfa par moto dépiécées. Soit 40.000Fcfa pour chaque moto transportée, en plus des frais de mission qui s'élève souvent à presque 20.000Fcfa par voyage. Faisant entre seize à vingt voyages par mois, d'autres achètent des marchandises à leurs compte et livrent aux commerçants. C'est ainsi que commence les affaires, ils deviennent alors des grands négociants.

    Les acteurs de la filière en général sont autonome financièrement. Le fait qu'ils soient satisfaits, explique largement l'engouement vers les pièces détachées. La diversité des points de ventes permet d'inciter la concurrence qui conduit à la baisse du prix et par conséquent attire le client. La filière pièce détachée est fructueuse, les acteurs des pièces ne s'en plaignent pas (Tableau 8). L'Etat intervient également dans la réglementation de cette filière à plusieurs niveaux.

    Tableau 8. Gain des commerçants par mois

    Gain par mois fois 100 milliers de francs

    Fréquence (personnes)

    [1-100]

    47

    [100-200]

    33

    [200-300]

    10

    [300-400]

    6

    [400-500]

    3

    [500-600]

    1

    Total

    100


    Sources. Enquêtes de terrain Juin 2011

    Ce tableau 8, représente une estimation de ce que les commerçants enquêtés gagnent après un mois de vente. La majorité, c'est-à-dire au moins 80 personnes prétendent gagner en moyenne 200.000 fcfa par mois. 16 personnes de notre échantillons nous ont également confié gagner en moyenne 400.000fcfa le mois ce qui n'est pas négligeable. Parmi ces personnes, on rencontre ceux qui gagnent vraiment gros ce sont généralement des grossistes qui prétendent gagner à leur tour en moyenne 600.000fcfa par mois.

    2. Retombées économiques pour les institutions camerounaises

    La proximité de l'Extrême-Nord au le Nigéria lui permet de recourir à des avantages importants. En effet la ville de Maroua est alimentée par les produits Nigérians en majorité. Comme toute activité commerciale l'Etat à une responsabilité dans le fonctionnement de celle-ci. Ainsi les services administratifs déploient des efforts pour que l'Etat en tire avantages de la chose. C'est pour cette raison d'ailleurs que la commune et les impôts à travers les taxes en tirent profil.

    La délégation du commerce à travers le contrôle des prix, sanctionne les irrégularités des commerçants. Les syndicats des vendeurs de pièces détachées permettent à ceux-ci d'être reconnu à la préfecture ; ainsi ils ont occupé la 10e place au classement régionale dans l'activité commerciale sur plusieurs autres activités menées. C'est dire que l'activité fait prospérer l'économie de la région. Le service des douanes sont les plus concernés dans cette affaire. A travers le dédouanement des marchandises, mais aussi à travers des différents paiements qu'ils récoltent lors des traques de fraudeurs. Les fraudeurs paient une somme de 2 milles Fcfa par moto lors de leur passage. Cependant, la corruption mine ce secteur d'activités, les agents de l'Etat profitent de l'ignorance et de la non régularité des acteurs pour leur extorquer de l'argent. Toutefois, l'économie de la région prospère grâce à ses ressources et font de la région un grand marché des pièces détachées de moto et de voiture.

    3. LES DIFFICULTES LIEES A LA FILIERE.

    La commercialisation du produit faisant appel à l'extérieur, les difficultés par conséquent naissent, que ce soit du coté des commerçants que celui des autorités administratives.

    3.1. Les limites des acteurs.

    Les acteurs font face aux problèmes qui freinent l'activité. Les commerçants sont exposés aux problèmes avec les agents de l'Etat. Avec la commune, les petits détaillants se retrouvent parfois à payer doublement les taxes. Et n'ont même pas une recette journalière consistante. L'analphabétisme est un handicape pour les commerçant qui se font extorquer de l'argent par les contrôles inopinés de certains agents de l'Etat véreux.

    Pour les transporteurs, l'état des routes n'encourage pas du tout. Les plaintes vont surtout en l'encontre des services des transports où les péages sont nombreux et les routes restent impraticables, comme nous l'explique Dairou transporteur « lorsque nous prenons l'axe Banki-Mora, Mora-Maroua, c'est la merde, les routes sont mauvaises, elles gâtent non seulement nos véhicules mais nous payons des taxes et en plus de cela, les contrôles de polices et de douanes naissent presque tout les jours ». Contrairement aux contrebandiers qui n'ont pas à se plaindre des tracasseries des routes mais de la discrimination qui frustres certains des leurs, nous l'explique Paul fraudeur sur l'axe Moubi-Maroua. « le véritable problème, c'est celui des religions, lorsqu'on n'est pas musulman il n'est pas facile de s'intégrer, même quand on est en face des problèmes avec la douane». Par ailleurs, pour les consommateurs, la cherté et la rareté de certaines pièces de marques d'engin tels que celles des Mercédès, les BMW, les motos de marque Suzuki AS 100, Super-Zaki...etc. La malhonnêteté de certains vendeurs face à la contrefaçon, où certains double le prix de la mauvaise pièce et vendent au prix du vrai.

    Les acteurs ont chacun un problème mais les vendeurs sont les plus exposés grâce au différentes taxes instituer à tort et à travers. Ce qui leur fait perdre assez d'argent, c'est un manque à gagner pour ceux-ci.

    Toutefois l'Etat malgré les qu'il consent pour freiner certaines pratiques est limité pour plusieurs raisons. Efforts

    3.2. La commercialisation des pièces détachées défavorables pour l'Etat Camerounais

    Les échanges entre les pays permettent d'en bénéficier des deux coté. Les importations du Nigeria sont loin d'être négligeables, en 1987, ils représentaient environ 25% des importations officielles totales et près de 5% du PIB Camerounais. Les régions du Nord, de l'Extrême-Nord et de l'Adamaoua sont particulièrement exposées au commerce transfrontalier avec le Nigeria ; environ 15% de la consommation des ménages est assurées par les produits en provenance du Nigeria. (Herrera 1995). Il en est de même en ce qui concerne l'importation des pièces de motos et de voitures à Maroua. La contrebande est considérable, à cause de la porosité des frontières et du manque des effectifs douaniers pour contrecarrer ou freiner ce phénomène.

    La porosité des frontières par contre est un handicap pour les camerounais. 40% du total des produits sont importés en fraude du Nigeria. La vastitude de la région, la complicité des populations, le développement technologique, le nombre important des trafiquants favorise la fraude. L'administration des douanes dénonce le non respect des textes régissant le processus de dédouanement. L'inexistence de la procédure de suivi des magasins de vente, du transit, des importations et des exportations, de la mise en consommation et l'absence des statistiques fiables se manifestant à plusieurs niveaux dans le non respect des corridors de transit. La non maîtrise par les commerçants, la réticence de ceux-ci quant à l'acquittement des droits de douane.

    La douane est limitée par les matériels et le personnel susceptible de freiner la contrebande. Elle se trouve aussi souvent confrontée à la réticence des commerçants. Leur refus se manifeste par la fuite des contrôles de la douane, c'est ainsi que les caisses de l'Etat perdent. Le refus de s'enregistrer entraine également une perte considérable pour la chambre de commerce.

    CONCLUSION

    La commercialisation des pièces détachées est d'un apport considérable à la région entière. Maroua, devient un pôle des pièces détachées de motos et de voitures qui ravitaille toute la région de l'Extrême-Nord. Cette activité est génératrice de revenus pour les acteurs concernés et pour les caisses de l'Etat Toutefois, les difficultés entravent la filière et limites l'activité économiques. Les agents de l'Etat ont une part de responsabilité dans l'essor de cette filière. La contrebande en fait plus.

    BIBLIOGRAPHIE

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    ANNEXES

    Annexe 1. Liste de Codes, Décrets, Lois, Ordonnances.

    · Acte n° 31/CD-1220 du 14 décembre 1981 régissant la profession de Commissionnaire en Douane Agrée dans la CEMAC.

    · Code des impôts du Cameroun - 2006

    · Constitution du 18 Janvier 1996

    · Décret N°2004/0133/PM du 09 janvier 2004 fixant le cadre d'élaboration des statistiques du commerce extérieur au Cameroun

    · Loi n° 90/031 du 10 Août 1990 régissant l'activité commerciale au Cameroun

    · Ordonnance n° 72/18 du 17 octobre 1972 portant régime général des prix

    Annexe 2. Liste des données utilisées pour la confection des statistiques du commerce extérieur :
    1. Numéro de la déclaration
    2.  Date de la déclaration
    3.  Type de la déclaration
    4.  Numéro de l'article
    5.  Numéro de la déclaration antérieure
    6. Type de la déclaration antérieure
    7.  Bureau de douane
    8.  Identifiant du déclarant
    9.  Identifiant du destinataire (import) ou de l'expéditeur réels (export)
    10. Pays de provenance (import)
    11. Port de provenance (import)
    12. Pays d'origine (import) ou de destination (export)
    13. Port d'origine (import) ou de destination (export)
    14. Position tarifaire
    15. Poids brut
    16. Poids net
    17. Unités complémentaires
    18. Régime statistique
    19. Valeur facture
    20. Valeur assurance
    21. Valeur fret
    22. Valeur imposable
    23. Valeur statistique
    24. Régime douanier
    25. Mode de transport
    26. Liquidation (par type de taxes)

    27. Manque à gagner.

    Annexe 3

    QUESTIONNAIRE DES AGENTS DE COMMISSION

    THEME : Etude de la filière pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua

    NOM DE L'ENQUETEUR..........................................................

    N°des enquêtés

    Statuts

    Nationalité

    Age

    Lieux approvision

    Voies empruntées

    Adhésion au syndicat

    Engins de transport

    Nombre d'années

    paiements

    gains × 1000

    satisfaction

     

    1-transporteur

    2-transitaire

    3-autre

    1-Cameroun

    2-Nigeria

    3-Tchad

    4-Autres

    1-[10-15[

    2-[15-20[

    3-[20-25[

    4-[25-30[

    5-[30-35[

    6-[35-40[

    7-[40-45[

    8-autres

    1-Douala

    2-Chine

    3-Dubaï

    4-Banki

    5-Autres

    1-Routes

    2-Pistes

    1-Oui

    2-Non

    1-Voiture

    2-Moto

    3-Autre

    1-[0-5[

    2-[5-10[

    3-[10-15[

    4-[15-20[

    5-[20-25[

    6-[25-30[

    7-Autre

    1-Par commission

    2-Par mois

    1-[0-100[

    2-[100-200[

    3-[200-300[

    4-[300-400[

    5-[400-500[

    6-[500-600[

    7-[600-700[

    8- >1000

    1-Oui

    2-Non

    (1)

    (2)

    (3)

    (4)

    (5)

    (6)

    (7)

    (8)

    (9)

    (10)

    (11)

    (12)

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    QUESTIONNAIRE DES COMMERCANTS

    THEME : Etude de la filière pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua

    NOM DE L'ENQUETEUR..........................................................

    N° des Enquêtés

    Statuts

    Nationalités

    Age

    Pièces vendues

    Nombre d'années

    Lieux de stockage

    Lieux de vente

    Adhésion au syndicat

    Règles

    gains × 1000

    satisfaction

     

    1-Grossiste

    2-Semi-grossiste

    3-Détaillant

    1-Cameroun

    2-Nigeria

    3-Tchad

    4-Autres

    1-[10-15[

    2-[15-20[

    3-[20-25[

    4-[25-30[

    5-[30-35[

    6-[35-40[

    7-[40-45

    [8-autres

    1-Motos

    2 Voitures

    1-[0-5[

    2-[5-10[

    3-[10-15[

    4-[15-20[

    5-[20-25[

    6-[25-30[

    7-Autre

    1-Marché

    2-Quartier

    1-Marché

    2-Quartier

    1-Oui

    2-Non

    1-Taxes

    2-Impôt

    3-Patentes

    4-Autres

    1-[0-100[

    2-[100-200[

    3-[200-300[

    4-[300-400[

    5-[400-500[

    6-[500-600[

    7-[600-700[

    8- >1000

    1-Oui

    2-Non

    (1)

    (2)

    (3)

    (4)

    (5)

    (6)

    (7)

    (8)

    (9)

    (10)

    (11)

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    QUESTIONNAIRE DES CONSOMMATEURS

    THEME : Etude de la filière pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua

    NOM DE L'ENQUETEUR..........................................................

    N° des enquêtés

    Engin

    Catégorie

    Lieus d'approvisionnement

    Nombre d'années

    Etat des pièces

    Choix des pièces

    Satisfaction

     

    1-Motos

    2 Voitures

    1-Particulier

    2-Transporteur

    3-Société

    4-Administratif

    1-Marché

    2-Quartier

    3-Garage

    1-[0-5[

    2-[5-10[

    3-[10-15[

    4-[15-20[

    5-[20-25[

    6-[25-30[

    7-Autre

    1-Neuve

    2-Occasion

    1-Prix

    2-Qualité

    3-Durabilité

    4Autre

    1-Oui

    2-Non

    (1)

    (2)

    (3)

    (4)

    (5)

    (6)

    (7)

    (8)

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    * 1Statistical Package for Social Sciences.

    * 2 Clando : appellation de moto taximen dans le grand nord.

    * 3 Enquêtes de terrain, et Délégation Régionale du commerce Juin 2011

    * 4 Bonne facture : ce sont des pièces d'origines faite par le concessionnaires afin d'assurer la fidélité des clients ce sont généralement des marques européennes

    * 5 « kotonou » c'est l'appellation des motos servant de taxi dans la ville de Maroua. Il indique le lieu d'approvisionnement. Les motos en effet provenaient du Benin vu son ouverture à la mer.

    * 6 Selon les enquêtes de terrain, les pièces de marque européenne sont celles qui coutent chère par rapport aux pièces d'origines asiatiques, qui sont cependant plus fiables.

    * 7 Maii taable : nom désignant les vendeurs sur des tables que ce soit au marché ou au quartier.

    * 8 Fulbés : considérés comme étant autochtones dans le Diamaré.

    * 9 Fulbeisés : ce sont les Mafa, Guiziga, kanouri, Mandara qui ont vécus longtemps à Maroua et sous l'influence des musulmans se disent peuls.

    * 10 Alhadji : ce nom désigne des grands commerçants grossistes au grand Nord en général.

    * 11 Seignobos et al (2000), atlas de l'extrême nord Cameroun.

    * 12 Frolina : péage situé à la sortie au nord ouest de la ville de Maroua.

    * 13 Services mobiles : c'est un détachement des agents des douanes pour sillonner et traquer les fraudeurs.

    * 14 Poste fixe: c'est un lieu ou les douaniers savent qu'il est incontournable par les fraudeurs et les attendent.

    * 15 Clandomen : personnes qui utilisent les motos pour des transports publics et en font de ça un métier.

    * 16 Entretien du 09 Mai 2011 avec le président du syndicat des ventes des pièces détachées.

    * 17 Travail d'étude. Centres d'Etudes Techniques de l'Equipement (CETE).Sud-ouest, 2007.

    * 18 Ensemble des principes et moyens techniques de ravitaillement et de soutien organisés pour le succès d'une opération économique

    * 19 Les cas de traîtrise sont assez rares chez les passeurs pour la principale et unique raison qu'ils sont mieux payés par les commerçantes que par les douaniers.

    * 20 La « désobéissance fiscale» est quelquefois délibérée. (Roitman, 2005) p.184.

    * 21 Loi n° 90/031 du 10 Août 1990 régissant l'activité commerciale au Cameroun

    * 22 Programme d'Appui à la Décentralisation et au Développement Local

    * 23El-adj. MESSERE, commerçant de pièces détachées de voiture, propriétaire d'une boutique située au carrefour MOBILE, marchée centrale de Maroua

    * 24 Régit par la disposition de la Loi N° 90/ 059 du 19-12-1990 portant liberté d'association au Cameroun.

    * 25 Entretien avec M. Joël, chef d'atelier mécanique au Centre Technique de Maroua, (CTM), le 26-06-2011

    * 26 De l'Acte n° 31/CD-1220 du 14 décembre 1981 régissant la profession de Commissionnaire en Douane Agrée dans la CEMAC.

    * 27 L'ordonnance n° 72/18 du 17 octobre 1972 portant régime général des prix

    * 28 Entretien avec Ikeyeri Samsom vendeur Nigérian propriétaire d'une boutique sur l'axe Kakatare (Maroua) le 24-06-2011.

    * 29 Transporteur de marchandise par camion entre le Cameroun et le Nigéria.






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand